Gabon

GabonOpinionPrésidentielles2025

Vote contre billets ou vote pour ta vie ?

Vous soutenez un candidat, vous le suivez, vous scandez son nom, vous relayez ses slogans… jusqu’au jour où il n’y a plus d’argent, plus de gadgets, plus de kits alimentaires. Là, comme par magie, l’engagement s’effondre. La conviction s’évapore. Et vous menacez de donner vos voix à « quelqu’un d’autre ». N’importe qui. Pourvu qu’il paie.

Quel pays, oui. Mais surtout : quels électeurs !

Quand avez-vous décidé que votre avenir valait un tee-shirt et un paquet de riz ? À quel moment avez-vous accepté d’être réduits à des bœufs qu’on mène à l’abattoir électoral à coups de billets sales et de dons intéressés ? Les élections sont une arme, un levier, un outil de transformation. Un rendez-vous crucial où l’on ne joue pas seulement à la politique : on décide de son pain quotidien, de l’école de ses enfants, de la route qu’on empruntera demain, ou du courant qu’on n’aura toujours pas dans deux ans.

Et vous ? Vous attendez des goodies.

Chaque période électorale, c’est la même scène grotesque. Des foules prêtes à vendre leur voix à celui qui donne le plus. Pas celui qui promet des réformes crédibles. Pas celui qui propose un projet pour la nation. Non. Celui qui arrose le mieux. Et demain, quand le prix du pain grimpe, quand l’hôpital vous ferme ses portes, quand les promesses s’envolent, vous criez au scandale ? Soyez sérieux.

Il est temps de vous réveiller. De voter en conscience. De lire, d’écouter, de comparer. Pas d’applaudir celui qui distribue des sacs de riz mais celui qui vous parle comme à des citoyens. Le vote, ce n’est pas un troc. C’est un engagement. Ce n’est pas une aumône. C’est un pouvoir.

À force de voter pour ceux qui vous achètent, ne vous étonnez plus d’être gouvernés par ceux qui vous méprisent.

Je te dis tout

GabonOpinionPrésidentielles2025

L’heure est à la décision. Encore une fois.

On nous demande de voter. De « faire notre part ».
Comme si cette part n’avait pas déjà été mille fois trahie par ceux-là mêmes qui la réclament aujourd’hui.

Mais toi…
Toi, pour quoi tu votes ?

On parle beaucoup des kounabelistes.
Ceux qui ont renoncé. Ceux qui ne se battent plus pour les idées, mais pour la survie.
Ils échangent leur dignité contre une enveloppe. Leur bulletin contre un plat de riz. Ils appellent ça du réalisme. Et rient de ceux qui rêvent encore.

Mais on parle moins de ces familles bien installées dans le système.
Celles pour qui le vote n’est pas un choix politique, mais une dette familiale.
On ne vote pas pour un projet.
On vote pour ne pas être celui qui a trahi, celui qui a tourné le dos quand « la famille avait besoin ». Peu importe que l’élu soit un voleur. Au moins, il pense à nous. Il partage les miettes de ses milliards.

On parle encore moins de ces jeunes sans repères, qui n’ont plus que des exemples corrompus à imiter.
Ils savent que ces gens volent. Ils le disent. Mais ils veulent faire pareil.
Parce qu’ils ont compris que dans ce pays, c’est souvent le vice qui gagne. Et que le mérite ne paie plus.

Et puis il y a ceux dont on ne parle jamais.
Ceux qui voient leurs libertés grignotées, jour après jour.
Ceux qui ont des convictions, mais aucune option.
Pris en étau entre des candidats qui ne leur ressemblent pas.
Ils ne veulent pas choisir entre la peste et le choléra. Mais on leur dit qu’ils doivent choisir. Pour la paix. Pour la stabilité. Pour la forme.

Et maintenant, il y a cette nouvelle diversion :
La guerre des diplômes.
Une guerre de classes déguisée, où l’on méprise celui qui a étudié.
On entend : « Les intellectuels ont fait quoi ? », comme si comprendre le système rendait complice.

Et s’il faut reconnaître que des générations de hauts cadres diplômés ont failli,
mettre leur échec sur le dos du diplôme reste une stupidité sans nom.

La vérité, c’est que là où on parle de diplôme, ce sont toujours les mêmes qui se partagent le gâteau.
Les riches veulent rester riches, et ils sont prêts à tout pour le rester.
Mais croyez-moi : le moins nanti qui rêve d’avoir sa place… rêve aussi d’y rester à vie.

Ce n’est donc ni une question de diplôme,
ni même une question de classe.
Le vrai combat, c’est celui de la probité.
De cette valeur que beaucoup revendiquent mais que très peu incarnent.

On se bat pas contre des noms.
On se bat contre un imaginaire rongé.
Contre des générations d’arrangements, de renoncements, d’habitudes et de silences qui nous étouffent.

Et quand on essaie de rappeler les faits, de remettre un peu de clarté dans le brouillard,
on nous oppose des slogans, des postures, des réflexes conditionnés.
Mais non :
ce n’est pas parce qu’un homme parle bien qu’il ment.
Et ce n’est pas parce qu’un autre parle mal qu’on doit lui donner le bon Dieu sans confession.

Alors une dernière fois :
Toi… pour quoi tu votes ?

Je te dis tout

GabonOpinionSociété

Polygamie, ton nom est débauche

Il y a quelques jours, j’ai échangé avec une personnalité médiatique et un podcasteur de renom sur les réseaux sociaux.
Au cours de notre conversation, la question de la polygamie et de l’inceste a surgi. Je déplorais que les femmes gabonaises contemporaines n’en parlent pas et que ce fléau endémique soit responsable de la « souffrance silencieuse » d’une grande partie des femmes gabonaises.

J’ai été stupéfaite d’apprendre qu’un podcasteur de renom avait qualifié la polygamie de « spirituelle » et s’en était tiré en affirmant que l’inceste était un sujet « sensible », alors inutile d’y réfléchir. J’ai été choquée, et je lui ai demandé : « En tant que femme, ne connaissez-vous pas le calvaire d’une autre femme victime de polygamie et d’inceste ? » Elle n’a pas répondu par la suite.

Le 24 mars 2025, le portail médiatique info241.com, via un article de Flacia Ibiatsi, a rapporté le viol odieux d’une jeune fille de 13 ans par un homme de 44 ans, vivant chez sa belle-famille. J’ai partagé l’article avec une figure médiatique influente et sollicité les réactions d’internautes actifs sur les réseaux sociaux. Personne n’a réagi. Personne n’était prêt à prendre conscience de ce crime abominable. Personne n’y a prêté attention. Comme si de rien n’était.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux comptes font la promotion de la nudité, parfois déguisée, et du twerk, sous couvert de promotion de la culture africaine. Je leur demande : avez-vous vu des contenus similaires venant d’Asiatiques ou d’Occidentaux ? Pourquoi la femme africaine est-elle perçue comme un produit de consommation ? Car, désolée de le dire, la femme africaine est bel et bien considérée comme un produit par une grande partie des Africains. Le résultat est sous nos yeux.

Voilà la situation au Gabon. Un pays qui prétend vouloir prospérer, bien sûr grâce à l’argent emprunté et à l’aide de quelques capitalistes indiens et chinois.

Aucune société n’a jamais prospéré sans respecter ses femmes.

Le problème est profondément enraciné, car ces fléaux sont normalisés. Les hommes, sans distinction d’âge, se livrent à un adultère généralisé. Certains flirtent ouvertement avec des femmes de l’âge de leur fille. La débauche, parmi les hommes gabonais, est aussi naturelle que le sang dans les veines. La fidélité semble absente de leur code moral, s’il en existe un. Ce phénomène est généralisé, mais personne n’en parle, et encore moins ne le dénonce.

J’ai observé un autre phénomène : le nombre croissant de jeunes mères célibataires. Pourquoi ces mères sont-elles seules ? Où sont les pères de ces enfants ? Pourquoi les hommes gabonais ne prennent-ils pas leurs responsabilités ? Pourquoi abandonnent-ils la femme après l’avoir mise enceinte ? Après tout, il y a une différence entre les humains et les bêtes : nous ne vivons pas dans une jungle.

Ces questions sont simples, mais la société civile les ignore. Car les poser reviendrait à renoncer au privilège d’une vie de débauche, ce que peu sont prêts à faire.

Ces maux sociétaux s’épanouissent grâce à l’acceptation silencieuse. L’éthique sociale a sa part de responsabilité. Mais je n’en parlerai pas ici.

Pour comprendre ces dérives, il faut s’interroger : comment une société se construit-elle ? Comment a-t-elle évolué ? Je ne suis pas spécialiste de l’évolution sociétale au Gabon, mais mon expérience personnelle me pousse à m’exprimer. Je sais que ce sujet est tabou, et que peu y adhéreront, mais j’ose aborder l’inabordable.

En anglais, on dit : « Fools rush in where angels fear to tread. »
Je l’avoue. Je l’accepte.

La société gabonaise est figée, monolithique, fermé aux nouvelles idées. Les anciennes traditions persistent, sans ouverture au monde extérieur. La langue française, en dépit de la mondialisation, n’a pas suffi à ouvrir les esprits. Ainsi, même après la mondialisation, rien n’a changé. Durant la colonisation, les maîtres blancs exploitaient les Gabonais. Après l’indépendance, les élites locales ont continué sur le même schéma. À ceci près qu’on vote.

Dans les sociétés de consommation, la femme est aussi traitée comme un produit – mais dans un objectif de profit économique. En Afrique, cela détruit les fondations sociales. Ailleurs, les femmes sont protégées par la loi. En Afrique, non.

Le Gabon n’a pas encore atteint le niveau de maturité démocratique nécessaire pour voir émerger de vrais mouvements sociaux. Or, ce sont ces mouvements qui permettent de lutter contre les fléaux sociaux. Ce sont eux qui mobilisent l’opinion publique, sensibilisent, informent. Ce sont eux qui permettent l’adoption de lois protectrices. Et surtout, ce sont eux qui veillent à leur application. Les tribunaux doivent jouer leur rôle. La justice doit être dissuasive.

Mais tout cela suppose un consensus, même au sein de la société civile. Et c’est là le plus gros frein : tout le monde résiste au changement. Le statu quo arrange trop de gens. Pire encore, certains continueront à défendre l’inceste comme un droit, et la polygamie comme une expérience spirituelle.

Les esprits raisonnables doivent mener cette lutte difficile, abolir les inégalités, et faire naître une nouvelle société. Une société dans laquelle les femmes vivent en sécurité, où elles n’ont plus à se défendre seules face aux prédateurs humains.

Mais ce sera long. Très long. Et rien n’avancera si l’administration n’applique pas les lois, si les tribunaux ne punissent pas avec fermeté. Le changement durable nécessite volonté, rigueur et courage.

Je te dis tout

GabonPolitiquePrésidentielles2025

Projet Oligui Nguéma : Des promesses, en veux-tu ? En voilà !

Alors que le Gabon s’apprête à vivre une élection présidentielle historique, le projet de société du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, porté par la transition post-coup d’État, se veut celui d’une renaissance nationale. Entre volonté de rupture avec l’ancien régime, réformes ambitieuses et réaffirmation de la souveraineté, que peut-on retenir de ce programme ?

Une volonté de refondation politique assumée

Les atouts d’un projet de rupture

Le projet s’inscrit dans une dynamique de refonte institutionnelle profonde. S’appuyant sur une transition militaire présentée comme un « coup de la libération », le candidat mise sur une refondation politique complète. Parmi les propositions phares figurent :

  • Une nouvelle Constitution, soumise à référendum, pour garantir des institutions renouvelées.
  • Un Code électoral repensé afin d’assurer la transparence des scrutins.
  • L’organisation d’un Dialogue national inclusif (DNI) pour reconstruire le contrat social et restaurer la confiance citoyenne.
  • Une décentralisation affirmée, avec un transfert de compétences vers les collectivités locales et un renforcement de la gouvernance territoriale.

Les limites d’un pouvoir toujours centralisé

Cependant, derrière cette volonté de réforme, le programme maintient une centralisation forte autour de l’exécutif. La conduite des réformes et les grands chantiers restent dans les mains de l’État central, soulevant des inquiétudes sur une possible dérive autoritaire, accentuée par le passé militaire du candidat. Par ailleurs, l’indépendance de la justice, bien que mentionnée, reste peu détaillée dans sa concrétisation institutionnelle.

Un projet économique ambitieux, mais à clarifier

Des initiatives fortes pour la souveraineté économique

Sur le plan financier, le projet affiche une volonté de maîtriser la dette publique, avec notamment le remboursement anticipé d’un eurobond. Il prévoit également le rachat d’actifs stratégiques, comme Assala Energy et la SNBG, pour renforcer la souveraineté sur les ressources naturelles. Parmi les mesures marquantes :

  • Création d’une Banque publique pour l’entrepreneuriat (BCEG) dotée d’un fonds de 20 milliards FCFA à destination des jeunes.
  • Recours accru aux Partenariats Public-Privé (PPP) pour financer les infrastructures (ports, routes, hôpitaux…).

Des flous budgétaires persistants

Malgré ces orientations, le coût global du programme n’est pas chiffré de manière détaillée. Les investissements annoncés – dans les infrastructures, l’agriculture, la digitalisation ou la défense – sont ambitieux, mais aucune projection pluriannuelle n’est fournie. Le risque d’une dépendance persistante aux recettes extractives (pétrole, mines) reste également élevé, malgré les intentions affichées de diversification économique.

Une vision sociale inclusive mais perfectible

Une ambition d’inclusion à large spectre

Sur le plan social, le projet affirme une orientation fortement inclusive, ciblant la jeunesse, les femmes, les personnes en situation de handicap, les retraités ou encore les populations marginalisées. Il prévoit :

  • Des investissements dans l’éducation et la santé (pôles hospitaliers, réhabilitation des écoles, retour des bourses).
  • Un soutien renforcé à l’emploi des jeunes (formation, alternance, soutien aux startups).
  • Une réforme des systèmes de protection sociale (CNSS, CNAMGS, CPPF).

Des objectifs sociaux encore flous

Cependant, plusieurs mesures phares manquent de précisions techniques : la promesse « Un Gabonais, un titre foncier » ou la réforme du logement social souffrent d’un manque de cadrage opérationnel. En outre, aucun indicateur d’impact social chiffré n’est présenté pour mesurer les progrès en matière de pauvreté, chômage ou inégalités. Enfin, le rôle très central de l’État dans tous les domaines laisse peu de place aux initiatives citoyennes ou privées.

Le projet d’Oligui Nguema se présente comme celui d’un changement en profondeur, porté par une transition exceptionnelle. Si les ambitions sont grandes et les chantiers multiples, la réussite dépendra de la capacité à concrétiser, chiffrer et équilibrer les pouvoirs, tout en impliquant durablement la société civile et les acteurs non étatiques.

Cependant, cette vision soulève aussi une interrogation de fond : le respect effectif des engagements. Depuis sa prise de pouvoir, plusieurs promesses formulées par le Général – notamment en matière de transparence, de réformes urgentes ou de calendrier de transition – ont été partiellement tenues ou repoussées. Cette tendance à l’ajustement en cours de route appelle à la vigilance et au suivi rigoureux de l’exécution de son programme. Au-delà des intentions affichées, c’est la cohérence entre le discours et l’action qui permettra de juger de la portée réelle de ce projet de société.

Je te dis tout

GabonPolitiquePrésidentielles2025

Dr Iloko : un projet plein de rêves…

Faute de mécanismes concrets, de chiffrages précis et de stratégies réalistes, ce projet ressemble davantage à un rêve inspirant qu’à un véritable plan d’action gouvernemental.

1. Une ambition infrastructurelle impressionnante, mais irréaliste ?

Le projet du Dr Iloko prévoit la construction de 2000 salles de classes par an à l’échelle nationale. Cette ambition, bien qu’indéniablement louable dans l’optique de désengorger les établissements scolaires, soulève d’importantes interrogations quant à sa faisabilité. À titre de comparaison, le Complexe Scolaire d’Alibandeng, avec ses 45 classes pour 2000 élèves, servirait d’unité de mesure. Répliquer 45 fois ce modèle chaque année équivaudrait à une capacité annuelle supplémentaire de 90 000 places.
Cela représente une charge financière colossale. En prenant en compte qu’un établissement complet (pré-primaire, primaire, secondaire) peut coûter entre 2,5 et 5 milliards FCFA, le budget annuel pour atteindre cet objectif serait compris entre 112,5 et 225 milliards FCFA. À cela s’ajoutent les coûts de fonctionnement, de maintenance, de recrutement du personnel et de fourniture de matériel pédagogique. Peu d’éléments concrets dans le projet permettent de savoir comment ce financement serait sécurisé et soutenable dans la durée.

2. « Redonner la dignité aux enseignants » : un slogan vide de mesures concrètes

La promesse de « redonner la dignité aux enseignants » est répétée à plusieurs reprises dans le projet du Dr Iloko. Pourtant, aucune mesure précise n’est proposée pour traduire cette déclaration d’intention en actions concrètes. Le projet n’évoque ni revalorisation salariale, ni plan de formation continue, ni amélioration des conditions de travail, ni perspectives de développement professionnel.
Il en résulte une lacune flagrante dans la compréhension des défis que rencontrent les enseignants gabonais. Restaurer leur dignité ne peut se résumer à une proclamation : cela nécessite un engagement fort, structuré et mesurable, tant sur le plan matériel (traitement, équipements, sécurité) que symbolique (statut, reconnaissance sociale, perspectives d’évolution).

3. L’enseignement supérieur : entre grands chantiers et précipitation

La construction annoncée de 9 universités et 9 bibliothèques universitaires modernes, ainsi que de 2000 logements universitaires, montre une volonté claire d’expansion. Cependant, cette vision ne prend pas en compte les ressources humaines qualifiées nécessaires, la planification urbaine, ou encore les besoins logistiques d’un tel programme.
De plus, le système d’échanges internationaux soutenu par des allocations de 150 000 à 200 000 FCFA est séduisant, mais peu détaillé : Quels critères ? Quelle durée ? Quelle prise en charge réelle ? Ce volet semble davantage refléter une volonté d’attractivité qu’une stratégie pérenne pour améliorer la qualité globale de l’enseignement supérieur gabonais.

4. Un projet éducatif globalement déséquilibré

En somme, le volet éducatif du programme du Dr Iloko met l’accent sur la quantité plutôt que sur la qualité. Il propose un bond en avant en matière d’infrastructures, mais sans vision cohérente sur les moyens humains, pédagogiques et budgétaires nécessaires à leur mise en œuvre et à leur fonctionnement.


L’absence de priorisation, de phasage des projets, et de budget détaillé laisse planer le doute sur la viabilité de ces engagements. Or, un système éducatif performant repose avant tout sur la qualité de son encadrement, la formation des enseignants, la stabilité des ressources et la pertinence des programmes.

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CommunicationGabonPolitique

Journaliste ou animateur ? Une profession prise en otage au Gabon

Il est temps de regarder en face la crise profonde que traverse le journalisme gabonais. Alors que l’on croyait tourner une page après ce que certains ont appelé le « coup de libération », la réalité du paysage médiatique semble nous ramener aux pires travers d’avant.

Une profession instrumentalisée

Loin d’être un contre-pouvoir, le journalisme gabonais semble aujourd’hui instrumentalisé au service d’un narratif unique. Les médias ne sont plus que des relais d’informations officielles : ils publient ce que les institutions leur transmettent, sans analyse, sans explication, sans vérification. Le travail journalistique est réduit à une simple reproduction mécanique de communiqués.

Pire encore, on assiste à une diffusion à sens unique. Certains médias, avec la bienveillance silencieuse de la HAC, accordent une visibilité quasi exclusive à un seul candidat, à un seul discours. Le reste est mis sous silence, ou attaqué avec une virulence qu’on ne retrouve jamais lorsqu’il s’agit de commenter les actions du pouvoir.

Les soi-disant débats politiques deviennent alors de véritables mises en scène : plusieurs intervenants d’un même bord politique face à un seul contradicteur, souvent isolé, parfois même piégé. Peut-on encore parler d’équité de temps ou de pluralité d’opinion dans ces conditions ?

Cette complaisance envers le pouvoir, cette agressivité parfois gratuite envers l’opposition, décrédibilisent le métier. Le journalisme devient un outil, un prolongement des luttes politiques, et non un espace de compréhension, de nuance, d’investigation.

Quand le manque de compétence rencontre l’absence de volonté

À ce déséquilibre s’ajoute un problème tout aussi fondamental : le manque de préparation des journalistes. Face à des interlocuteurs rompus aux codes de la communication politique, les journalistes semblent souvent démunis. Ils ne maîtrisent pas les sujets, n’identifient pas les angles, n’imposent aucune rigueur dans les échanges.

L’interview récente de Billie Bi Nze en est l’exemple criant. Il a contrôlé l’entretien de bout en bout, répondant à sa guise, évitant sans difficulté les rares questions embarrassantes. Non pas grâce à un talent hors norme, mais surtout parce qu’en face, il n’y avait tout simplement pas de contradiction sérieuse.

Pour progresser, il faudra avoir l’honnêteté de reconnaître une forme d’incompétence, structurelle et installée. Ce n’est pas une attaque personnelle : c’est un constat nécessaire. Car ce n’est qu’en acceptant ses lacunes qu’on peut espérer les combler.

Mais là encore, la responsabilité ne repose pas uniquement sur les individus. Quel est le niveau de formation réel des journalistes ? Quels moyens leur donne-t-on pour enquêter, se documenter, se former ? Quel modèle économique leur permettrait d’être indépendants, au lieu d’être soumis aux logiques partisanes ?

Je te dis tout

GabonOpinion

Fake it till you make it !

Nous observons actuellement une mobilisation croissante des agents des Forces l’ordre pour démanteler des réseaux de revente de drogues, de stupéfiants, etc. D’un autre côté, les adeptes des placements, ces femmes/filles dont les secrets étaient cachés autrefois, sont désormais connues. On sait, on voit, mais on ne parle pas seulement, chacun porte son gaz !

Tout ceci est louable, mais y’a un petit souci. Pourquoi personne ne se demande pourquoi beaucoup de jeunes trempent dans ces choses-là ? Ou on aime juste dire qu’on aime l’argent facile ?

Parce que beaucoup cherchent, beaucoup veulent travailler, mais où ?

Étant une femme, dans beaucoup de familles, quand tu as déjà le bac, et même souvent avant, tes parents estiment qu’ils ont assez fait, tu es livrée à toi-même !

Nous ne sommes pas en Europe. Il n’y a pas d’alternances, pas de job étudiant, pas de job saisonnier connu de tous. Partout c’est le piston !

Fake it till you make it.

C’est très souvent un mauvais conseil, mais je vais vous le donner aujourd’hui car ça marche pour moi. Je ne vous demande pas non plus d’être des Anna Delvey, mais sachez jouer vos cartes !

« Offre d’emploi : recherche assistante de direction sachant manier l’outil informatique. »
Postule !!! Si tu es retenue, tu vas dormir devant les tutos YouTube et tu apprendras !

« Tu sais saisir un document ? » Oui !!! Ensuite tu vas te documenter et essayer d’apprendre.

Y’a pas de boulot, donc on va tous mentir et apprendre sur le tas !

Il m’arrive que des clients me demandent d’élaborer un planning éditorial. Je suis community manager et non social media manager. Mais lorsqu’on me demande si je sais le faire, je dis oui, et toute la nuit je vais apprendre, poser des questions aux autres du domaine.
On ne peut plus se permettre de juste rester assis et attendre que la chance nous sourit, ça n’arrivera pas !

Tout le monde se bat pour avoir une place au soleil, tu n’es le Messi de personne pour que le soleil vienne à toi !

Néanmoins, une fois que vous avez trouvé une source de revenus, formez-vous ! C’est très bien d’apprendre sur le tas, mais se former, c’est toujours important. En plus, lorsque la formation est certifiante, ça vous donne plus de poids devant votre employeur.

Oser, se former et se bouger, c’est ce que nous devrions tous faire parce que personne ne le fera à notre place.

Je te dis tout

GabonOpinionPrésidentielles2025Société

Et tout à coup, ils devinrent apolitiques

Il fut un temps, pas si lointain, où certains d’entre vous étaient des références en matière d’analyse politique. Rien n’échappait à votre œil aguerri : les décisions du gouvernement, les dérapages des membres du PDG, les comportements douteux des uns et des autres. Vous exigiez un pays nouveau, un pays juste, un pays où la morale guiderait enfin l’action publique. Vous étiez l’arme ultime contre l’hypocrisie et la compromission. Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, vous êtes devenus amnésiques. Pire, vous êtes devenus apolitiques. Ce qui était une abomination hier est une « réalité complexe » aujourd’hui. Ce que vous combattiez avec ferveur est maintenant une « nuance » que vous expliquez avec des pirouettes linguistiques. Tout ça pourquoi ? Parce que, subitement, ce n’est plus l’ennemi qui agit ainsi, c’est votre ami, votre cousin, votre voisin, votre mentor.

Hier encore, vous étiez les hérauts de la transparence, de l’équité et de la déontologie. Vous scrutiez les moindres faits et gestes des politiques comme un professeur vérifiant une copie truffée de fautes. Mais aujourd’hui, quand les mêmes erreurs sont commises par vos proches, vous avez soudainement perdu la vue. Vous ne voyez plus rien, vous n’entendez plus rien, vous ne dites plus rien, vous ne tweetez plus rien.

Lorsque les partisans du PDG adoptaient une telle attitude envers leur leader, on les accusait de cultiver des comportements archaïques. Mais désormais, la complaisance a changé de camp, et les justifications pleuvent comme des feuilles mortes en saison sèche. Au final, respectons les choix politiques de chacun et ne cultivons pas la dictature de la pensée unique. Ils doivent bien rire de vous, ceux que vous critiquez autrefois.

Votre indignation était-elle sincère ou juste une posture ? Vos combats d’hier étaient-ils un engagement ou un prétexte pour mieux occuper le terrain politique jusqu’à ce que les vôtres soient en place ? Le changement que vous prêchiez, était-il un vrai projet ou juste un slogan de campagne ?

Le problème, ce n’est pas seulement que vous avez changé d’avis. C’est que vous devenez ce que vous dénonciez. À force de fermer les yeux sur les travers de votre camp, vous cautionnez ce que vous condamn(i)ez. À force de justifier l’injustifiable, vous transformez votre combat en comédie.

La vérité, c’est que si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, vous savez que vous avez trahi vos propres convictions. Mais il n’est jamais trop tard pour revenir à l’essentiel : ce n’était pas une question de personnes, mais de principes. Ce n’était pas une lutte contre un parti, mais contre un système. Ce n’était pas une question de qui est au pouvoir, mais de comment on l’exerce.

Alors, réveillez-vous. Rappelez-vous pourquoi vous vous êtes levés un matin avec la conviction qu’il fallait du changement. Ne laissez pas l’amitié, la parenté ou l’opportunisme détourner votre boussole morale. Parce que sinon, vous aurez juste été un de plus dans cette longue liste de militants saisonniers, ceux qui s’indignent un jour et se taisent le lendemain. Et franchement, le pays a déjà assez de girouettes comme ça, on devrait songer à investir dans l’énergie éolienne.

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La Révolte des Antilopes

Dans la vaste savane où régnait depuis des générations le vieux Lion Bongoloss, les antilopes vivaient sous le joug d’un règne sans pitié. Traquées, affamées, elles espéraient un jour voir tomber ce trône où seuls les fauves du clan Bongoloss avaient droit de régner.

Un jour, parmi elles, se levèrent de jeunes antilopes, fougueuses et pleines d’espoir. Elles parlèrent haut et fort, dénoncèrent les injustices et promirent qu’une fois le Lion chassé, la savane ne serait plus un lieu de peur mais un royaume de justice.

Les autres antilopes crurent en elles. Elles leur donnèrent leur confiance, leur courage et même leur voix, les poussant au sommet du rocher des chefs.

Et le vieux Lion tomba.

Mais à peine installées sur les hauteurs, ces jeunes antilopes changèrent. Leurs regards devinrent fuyants, leurs discours plus distants. Elles qui hier encore marchaient parmi leurs sœurs, ne daignaient même plus les voir.

Pire encore, elles s’entourèrent des hyènes qui hier les effrayaient tant. Elles festoyaient à leurs côtés, riaient avec elles, partageaient leur gibier.

Et lorsqu’une antilope osa leur rappeler leurs promesses, on l’accusa d’être naïve, de ne rien comprendre aux lois de la savane. On la tourna en dérision.

Regardez ces folles, ricanaient-elles depuis leur trône. Elles croient encore à la loyauté en politique !

Mais dans l’ombre des hautes herbes, les antilopes observaient. Elles n’étaient ni folles ni aveugles.

Elles voyaient bien que celles qu’elles avaient portées au sommet n’étaient plus des leurs. Elles n’étaient plus que des roitelets assis sur un pouvoir prêt à dévorer les leurs au moindre mot de travers.

Alors, les antilopes murmurèrent entre elles :

Nous les combattrons, tout comme nous avons combattu le vieux Lion.

Mais à une différence près : nous ne nous laisserons pas corrompre. Nous ne nous perdrons pas comme elles l’ont fait. Nous ne trahirons pas notre combat.

Et tandis que les hyènes et les nouvelles reines de la savane festoyaient sous la lueur de la lune, dans l’ombre, les antilopes se préparaient déjà.

Car une chose était sûre : rien ne dure éternellement dans la savane.

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Le Gabon et la culture du contentement : quand le « moindre mal » devient la norme

Il y a quelque chose qui m’agace profondément dans la société gabonaise : cette manie de se contenter du minimum. On a une si faible estime de nous-même que nous nous enthousiasmons pour la moindre avancée, le moindre geste, la moindre attention. Ok il faut célébrer les petites victoires, mais quand allons nous nous dépasser pour atteindre de vrais objectifs challengeants ?

Cette tendance est dans tous les domaines. Dans la politique, dans l’art, dans le sport, dans la gestion de l’Etat… On ne prend jamais exemple sur les meilleurs pour définir nos aspirations. On regarde nos pires échecs et on s’en sert comme baromètre pour mesurer nos succès qui ne le sont pas au final.

L’art de se satisfaire du peu : une habitude bien ancrée

Dans la politique, dans l’art, dans le sport, dans la vie professionnelle, et même dans les relations interpersonnelles, le contentement passif semble être devenu une valeur dominante. On ne cherche plus à s’inspirer des meilleurs, mais à s’éloigner juste assez de nos pires échecs pour s’auto-congratuler. Cette dynamique crée une société figée, qui confond stagnation et progrès véritable.

On doit élire un nouveau président ? Tant pis s’ il perpétue certaines pratiques douteuses du régime déchu, tant pis si il était le premier ministre hautain d’un ancien système malhonnête et corrompu… Au moins il a quand même fait çi ou ça, il a raison sur çi ou ça… On ne sait pas dire “non”. Parce que c’est quand même mieux qu’avant.

Et cette résignation ne touche pas que le domaine politique. Hein mesdames ? “Tous les hommes sont infidèles”, c’est rassurant de se le dire. C’est tellement plus facile d’être “au moins” la titulaire, que de chercher à viser haut en épousant un homme fidèle. Encore faudrait-il être conscient qu’on peut avoir mieux. On est fier d’un père pourvoyeur sans attache émotionnelle avec ses enfants. “Au moins il n’a pas nié la grossesse”, dit la jeune mère satisfaite d’être “au moins” féconde.

Le conformisme et la résignation, moteurs invisibles de la médiocrité

Entre conformisme, résignation, culture de la médiocrité, les concepts se choquent et s’entrechoquent pour donner le résultat médiocre auquel on a droit. On se satisfait et s’autocongratule en tant qu’intellectuel de donner une dimension de groove national à ce qui aurait pu faire de nous un exemple régional. Nous vivons dans un environnement où la médiocrité est non seulement tolérée, mais parfois valorisée comme preuve d’humilité ou de réalisme.

Quand tout le monde se contente de peu, personne ne vise haut. Ni nos dirigeants, ni nos institutions, ni même les citoyens. Pourquoi se dépasser quand le public ne le réclame pas ? La médiocrité ambiante a engendré un cercle vicieux : à force de n’attendre que le minimum, on décourage toute émulation vers le haut. L’initiative et le mérite sont trop peu valorisés. On voit des responsables accumuler honneurs et postes sans résultats tangibles, capitalisant sur un capital symbolique de titres ronflants plutôt que sur l’efficacité réelle. Un ministre d’une incompétence notoire est nommé à la présidence pour ne pas citer que ça.

Pas de principes forts : une société sans colonne vertébrale
Un autre symptôme de cette “culture” nauséabonde, c’est l’édulcoration progressive des principes. Les valeurs fondamentales ne tiennent plus lieu de repères. Le respect de la parole donnée, l’intégrité, la justice, la vérité — toutes ces notions sont devenues relatives, soumises aux circonstances, aux intérêts, ou au buzz du moment. On excuse tout, parce que « tout le monde le fait ». On tolère parce que « c’est comme ça ».

On admire l’opportunisme camouflé en pragmatisme. Il n’y a plus de socle moral solide. Et c’est peut-être là que le bât blesse le plus : sans principes clairs, on ne peut pas bâtir une société d’excellence. Et une société sans colonne vertébrale morale est une société qui s’effondre au moindre vent. C’est pourquoi la restauration des mentalités demeure une urgence.

Et si on osait l’excellence ?

“Au moins”, “quand même” sont devenus les slogans nationaux à la place du légendaire “on va encore faire comment?”. Ça nous aura pris plus de 60 ans pour faire ce pas de tortue. “Quand même”.

Je disais à un ami hier que je suis peut-être trop idéaliste. Cet environnement est un red flag géant pour nous autres qui rêvons grand, qui rêvons juste et qui rêvons d’excellence. A défaut de pouvoir transformer ce pays, j’espère semer la graine d’idéal chez vous mes dear lovers.

Et si vous êtes comme moi, peut-être qu’on contaminera un peu plus de monde. Ce serait le plus beau virus qui soit.

Allez, tchuss.
La P’tite Dame

Je te dis tout