Gabon

GabonOpinion

Féminicides : le Gabon face à une violence qui ne dit pas son nom

Si vous êtes sur les réseaux sociaux, vous avez certainement vu passer l’histoire de Béatrice Nzang. Son ex-compagnon, Rodrigue Mintsa Menie, n’aurait pas accepté leur rupture et l’aurait traquée avant de lui infliger un supplice d’une barbarie extrême. Un énième féminicide, qui suscite une vive émotion et relance le débat sur les violences faites aux femmes au Gabon, ainsi que sur la nécessité d’une justice plus ferme.

Il y a des silences qui pèsent plus lourd que des cris. Celui qui entoure les féminicides au Gabon en fait partie. Chaque meurtre d’une femme par son conjoint, un proche ou un inconnu ne devrait pas être un fait divers, encore moins un accident tragique. Pourtant, la société continue de détourner le regard, comme si cette violence extrême était inévitable.

Le féminicide n’est pas un acte isolé, c’est l’aboutissement d’un long processus de violences banalisées, tolérées et parfois même justifiées. Certains pensent encore qu’exercer sa force sur une femme, « parfois », est normal. Ce conditionnement commence tôt : aucune éducation ne sensibilise réellement à ce qu’est une agression. Le respect du consentement, la détection des comportements violents, le droit des femmes à l’intégrité physique et morale sont des sujets qui restent largement sous-explorés dans les écoles, les foyers et même dans l’espace public.

Quand une société accepte l’idée qu’un homme puisse corriger sa femme, contrôler ses allées et venues ou la priver de liberté, elle pave la voie aux pires dérives. La violence commence par une insulte, un coup qui ne laisse pas de trace, une menace chuchotée à l’oreille. Puis viennent les coups visibles, les excuses forcées, les justifications absurdes – « elle l’a cherché, elle m’a énervé », « c’est une affaire de couple », « il était sous l’effet de la colère ». Et un jour, il n’y a plus d’excuses possibles, seulement un corps sans vie et un coupable qui, trop souvent, s’en sort avec peu ou pas de conséquences.

C’est là que la complaisance des autorités devient un problème de société. Quand une plainte pour violence conjugale est balayée d’un revers de main, quand un agresseur est libéré faute de « preuves suffisantes », quand les victimes sont renvoyées à leur sort, c’est un message qui est envoyé : ici, frapper ou tuer une femme n’est pas un crime qui mérite d’être pris au sérieux.

Et au cœur de tout cela, la misogynie. Ce poison insidieux qui fait croire que la femme est inférieure, qu’elle doit obéissance et soumission, qu’elle doit endurer en silence. Une société qui tolère l’humiliation des femmes, qui les réduit à des objets ou qui banalise leur souffrance ne peut que produire des bourreaux.

Mais ce qui tue encore plus sûrement que les coups, c’est le silence. Celui des proches qui détournent les yeux. Celui des voisins qui n’interviennent pas. Celui des témoins qui choisissent de ne pas dénoncer. Celui des institutions qui, en ignorant le problème, le rendent encore plus mortel.

Au Gabon, briser ce silence est une urgence. Parce qu’aucune femme ne devrait mourir pour avoir simplement été une femme.

Je te dis tout

GabonOpinion

Le Phénomène des “présidents de quartier” : quand la loi du plus fort remplace l’autorité

Dans les ruelles sombres de Libreville et de plusieurs autres villes du Gabon, une réalité inquiétante prend de l’ampleur : celle des “présidents de quartier”. Ces figures respectées, souvent issues de groupes influents ou de

Dans les ruelles sombres de Libreville et de plusieurs autres villes du Gabon, une réalité inquiétante prend de l’ampleur : celle des “présidents de quartier”. Ces figures respectées, souvent issues de groupes influents ou de bandes organisées, s’imposent comme des intermédiaires incontournables entre la population et les autorités locales.

Mais derrière cette posture d’aide communautaire se cache une mécanique bien plus complexe et dangereuse, où règnent intimidation, racket et impunité.

À l’origine, les “présidents de quartier” étaient perçus comme des grands frères, censés jouer un rôle de médiateur social. Dans un pays où les services publics peinent à répondre aux besoins des populations, ils ont su s’imposer comme des solutions alternatives, prenant en charge des litiges, organisant des aides d’urgence ou même assurant une certaine sécurité. Parfois, c’était simplement un braqueur connu de tous qui savait tenir les plus maudits et qui est devenu leur chef. On raconte que c’est ainsi que Fantômas aurait fini par travailler pour le pouvoir à son époque.

Mais avec le temps, ces rôles se sont transformés en instruments de contrôle. Dans certains quartiers, mieux vaut organiser un événement avec leur aval. Et cet “aval” a un prix : des taxes illégales, des “frais de protection” ou encore des faveurs en échange d’un simple laissez-passer. On se souvient qu’un homme politique avait organisé en 2023 un meeting au stade de Nzeng Ayong. À la fin, il aurait été bloqué par les ndoss, qui réclamaient leur argent. Aujourd’hui, il est en cavale.

Silence et complicité : pourquoi personne ne bouge ?

Le phénomène est bien connu, mais il est rarement abordé dans les discours officiels. Pourquoi ? Parce que ces “présidents” jouissent d’une immunité liée à leur proximité avec certaines autorités. Dans certains cas, ils servent d’intermédiaires officieux pour le contrôle des populations, voire d’outils de mobilisation politique lors des périodes électorales. Bref, le mapane a ses hauts-parleurs.

De plus, la peur joue un rôle clé. Beaucoup d’habitants, conscients des représailles possibles, préfèrent se plier aux exigences plutôt que de dénoncer ces abus. Le système judiciaire, souvent décrié pour sa lenteur et son manque d’indépendance, ne semble pas offrir de recours efficace contre ces dérives. Et puis, on sait comment ça se passe : vous voyez ces gens qu’on attrape le lundi, qui sont libres le vendredi et reviennent même vous braquer le dimanche ?

Si rien n’est fait, ces “présidents de quartier” risquent de s’ancrer encore plus profondément dans le paysage social gabonais, au point de devenir une véritable institution officieuse. Leur influence croissante pose une question essentielle : Sommes-nous en train de laisser s’installer un pouvoir de l’ombre, qui remplace progressivement les autorités légitimes ?

Pourtant, des solutions existent. Il suffirait d’un renforcement des structures locales officielles, d’un encadrement plus strict des chefs de quartier et d’une sensibilisation des populations pour rétablir un cadre légal et transparent. Mais tant que ce phénomène sera traité avec indifférence ou opportunisme par ceux qui pourraient le contrer, il continuera de prospérer dans l’ombre.

Le Gabon a souvent été marqué par des dérives où l’informel finit par s’imposer sur l’État. Ce qui se passe aujourd’hui avec les “présidents de quartier” pourrait bien être un nouveau chapitre de cette histoire, à moins que la société ne décide enfin d’affronter cette réalité en face.

Je te dis tout

GabonOpinion

Le problème avec le concept “Girl maintenance”.

Il y a énormément de vidéos sur TikTok et autres plateformes où l’on voit de jeunes filles, pour multiples raisons, chaque mois, faire des vlogs de “girl maintenance”.S’il fallait expliquer le concept, c’est une journée

Il y a énormément de vidéos sur TikTok et autres plateformes où l’on voit de jeunes filles, pour multiples raisons, chaque mois, faire des vlogs de “girl maintenance”.S’il fallait expliquer le concept, c’est une journée ou une période pendant laquelle ces jeunes filles, ces femmes, se font bichonner.


Faux cils, manucure, pédicure, perruque, tresses, elles se refont une beauté pour le nouveau mois. Au-delà du fait que c’est beau de pouvoir commencer le mois toute nickel, il y a une dimension thérapeutique dans ce genre de procédure.

Où se situe alors le problème ?

Le problème, c’est que l’on voit très souvent de jeunes filles vouloir suivre un certain rythme de vie qui ne correspond pas à leurs revenus.
Disons que pour une manucure + pédicure, on peut prévoir entre 5 000 F et 15 000 F.
Coiffure ? 7 000 F et au-delà.
Les cils ? 3 000 F et plus.

Et là encore, ce n’est même pas dans des instituts à proprement parler. Ça a l’air minime pour beaucoup, mais parfois, c’est un rythme que de nombreuses femmes s’imposent pour se sentir moins “sales” que les autres, alors que ces personnes ont du mal à s’en sortir financièrement.

Ce serait intéressant qu’on apprenne le contentement aux jeunes filles dès le bas âge. Apprendre à se contenter, apprendre à trouver des alternatives. Okay, tu n’as pas les moyens de te faire une manucure chez une prothésiste ? Achète un paquet d’ongles et commence à apprendre en attendant de pouvoir t’offrir autre chose. Les tresses ? Demande à une amie. Tu n’es pas non plus obligée de coller des cils, vas-y à ton rythme.

Il faut vraiment qu’on se répète, entre nous, femmes, que porter une perruque et avoir une manucure hyper chère ne sont ni des signes de glow up, ni des signes d’ascension.

Apprenez le contentement.

Je te dis tout

GabonOpinion

#JusticePourMichaëla : quand l’injustice au Gabon porte un visage

Il y a plus d’un an, Michaëla Dorothée Ngoua, une jeune Gabonaise de 18 ans, pleine de rêves et d’avenir, voyait sa vie fauchée de la manière la plus atroce. Depuis, sa mère pleure chaque jour devant un vide que rien ne peut combler, tandis que le pays observe, impuissant, une justice qui ne mérite même plus ce nom. 

Parce que oui, ce n’est pas de la justice, c’est une farce macabre qu’on nous sert. Et pendant ce temps, les coupables dansent littéralement sur nos douleurs. Est-ce cela, le Gabon ? Un pays où mourir est une fatalité et où la justice n’est qu’un rêve inaccessible pour les familles des victimes ?

Une justice en charpie, une mère en larmes

Les suspects dans l’affaire Michaëla, Chris Anderson Nounamou et Herwann Siadous, avaient avoué leur crime. Deux jeunes, à peine sortis de l’adolescence, ont brisé une vie et détruit une famille. Un finalement libéré et l’autre condamné à 10 ans de prison après un tollé sur la toile qui a poussé les autorités à faire un procès. Mais au lieu de rester derrière les barreaux, le condamné se pavane. Monsieur Siadous, le père, depuis la France, se permet de poster des vidéos sur les réseaux sociaux, comme si tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Il défie ouvertement la justice gabonaise, nargue un pays entier, et on le laisse faire.

Comment expliquer qu’un individu reconnu coupable d’homicide involontaire et condamné à 10 ans de réclusion criminelle puisse tranquillement ignorer un verdict et décide de comment il va purger sa peine ? Comment un père, en toute impunité, peut-il organiser la fuite de son fils pour échapper à la justice ? Et le plus choquant : ce même père, Stephane Siadous, a l’audace de publier des vidéos TikTok pour défier les autorités gabonaises. C’est une insulte à Michaëla, à sa famille, et à nous tous.

Le Gabon, royaume de l’impunité

Ne nous voilons pas la face : le Gabon est devenu un territoire où la justice est un luxe que seuls les puissants peuvent se permettre. Tu peux plus facilement aller en prison pour avoir fait le pitre avec le t-shirt du président que celui qui a commis un meurtre, détourné des milliards… ? En fait ici on aime ériger les bandits et malfaiteurs en bon exemple. Jurisprudence : La source, Bilie, Omar…

La corruption gangrène chaque niveau du système, transformant nos tribunaux en marchés où tout se négocie. Ici, les riches et leurs alliés rient des lois, tandis que les familles comme celle de Michaëla doivent se battre simplement pour que leur douleur soit reconnue.

C’est à vomir. 

Aristote disait : « Quel fléau plus terrible que l’injustice qui a les armes à la main ? » Au Gabon, cette injustice est armée de silence, de complicité et d’arrogance. Elle tue deux fois : une fois en arrachant des vies innocentes, et une deuxième fois en privant les victimes et leurs familles du droit à la vérité et à la justice.

Dina en Turquie, Michaëla au Gabon : le même cri de douleur

Le drame de Michaëla rappelle celui de Dina, cette jeune Gabonaise assassinée en Turquie. Mais à la différence de Dina, Michaëla est morte sur sa propre terre. Si la-bas on peut tenter de justifier la mort de cette pauvre innocente jeune fille par le racisme ambiant, quelle est l’excuse pour des faits qui se sont passés sur le territoire Gabonais ?

Pourtant, la justice est tout aussi absente. Alors, soyons honnêtes : si même entre Gabonais, on ne peut pas compter sur notre justice, comment peut-on espérer que d’autres nations prennent au sérieux nos douleurs ? Dina a attendu des mois pour que ses bourreaux soient jugés. Michaëla attend toujours, et chaque jour qui passe aggrave l’insulte faite à sa mémoire.

Dans cette mer d’indignité, ce sont les jeunes qui montent au front. Des voix comme celle de Yann Ndong, alias “Badecon en Chef”, résonnent avec force sur les réseaux sociaux pour exiger des comptes. Mais pourquoi est-ce à eux de porter ce combat ? Pourquoi faut-il que des citoyens ordinaires prennent la place d’institutions censées faire leur travail ? C’est épuisant, c’est révoltant, mais c’est notre réalité.

C’est tout ça qui a transformé les réseaux sociaux en tribunal, c’est à cause de ça que quand les citoyens ont un souci, ils préfèrent ‘’afficher’’ leur bourreau plutôt que de porter plainte. Les gens ont beaucoup plus peur d’être exposés sur facebook que de se retrouver devant un tribunal. D’autant plus que si tu joues bien tes cartes, tu crains seulement de finir sur Tik Tok en trend pour avoir dansé sur le son de Petit Mandela.

Justice pour Michaëla, une exigence nationale

Le combat pour Michaëla est celui de tous les Gabonais. Parce que tant que des familles continueront à pleurer leurs morts sans justice, personne n’est en sécurité. Aujourd’hui, c’est Michaëla. Demain, ce sera qui ? Ta sœur ? Ton fils ? Toi ?

Le Gabon doit se relever. Nous devons exiger des réponses, des sanctions, et un changement profond. Parce que pour l’instant, la justice gabonaise n’est qu’un mépris affiché envers ses propres citoyens. Michaëla aurait pu être notre fille, notre amie, notre sœur.

Sa vie comptait. Sa mort doit compter. Et si nous laissons passer cela, alors nous sommes complices. On nous avait promis la restauration des institutions, on en est à des années lumières. 

Justice pour Michaëla. Justice pour nous tous. Mais surtout, justice pour un pays qui ne peut plus se permettre d’abandonner les siens.

Je te dis tout

GabonOpinion

Les hommes mariés, sont-ils si heureux?

On lit ,ici et là,beaucoup de retours d’expérience de femmes concernant leur enfer vécu dans le mariage. On a d’ailleurs tendance à parler de charge mentale des femmes à longueur de journées.Mais qu’en est-il de celle des hommes ?

J’ai demandé un jour à un de mes amis, pourquoi en Afrique, c’était normal pour les hommes mariés d’avoir « Une ou deux petites dehors ». Pourquoi on banalise ces raisons souvent données qui sont « Il a besoin de souffler quand madame crit à la maison .», « Il a besoin d’attention. » « Il a besoin de fraîcheur .»

Comment arrive t’on au point où un homme, vivant avec une femme, serait en recherche d’affection? Ils ont beau faire les macho et les durs, les hommes ont tout aussi besoin d’attention,de cadeaux, d’oreilles attentives, de compréhension que les femmes. Les hommes qui osent souvent l’exprimer très ouvertement sont souvent taxés de “Garçons princesses “, pourtant c’est humain d’exprimer ce que l’on ressent.

Beaucoup de femmes, une fois mariées, cessent de se faire belles, pourtant, je pense qu’on sait tous que la majorité des hommes sont stimulés par ce qu’ils voient. On a l’impression qu’une fois la bague au doigt passée, plus personne ne veut réellement faire d’efforts car on est acquis. Je pense que la société a fait de l’homme un pourvoyeur sans émotions. Celui que les enfants fuient quand il rentre, celui qui n’a ni besoin de cadeaux ni de câlins…

Le problème ? Ces hommes retrouvent ces petites choses dehors avec leurs *Tchizas* . Les cadeaux, les attentions, une oreille attentive… Ces choses attendrissantes qui, très souvent s’estompent également quand la tchiza devient titulaire et sent la situation acquise et ceci est un cycle sans fin. L’homme doit charbonner deux fois plus que les femmes, Parceque c’est lui qui portera sa famille, il n’a pas droit à l’échec, il doit savoir faire de l’argent et savoir en donner ,être un homme c’est savoir assumer son rôle de pourvoyeur.

Mais personne ne leur demande s’ils vont bien, car un homme ne pleure pas! Beaucoup d’hommes sont mariés par reconnaissance, car quitter sa femme de galère c’est mal vue. D’autres pour prouver qu’ils sont assez matures et responsables. D’autres encore se sont mariés par amour et également par rapport au chemin parcouru. Mais dans tous les cas, ils se rejoignent presque toujours au même point, avoir besoin de quelqu’un dehors pour souffler.

Je ne peux sûrement traiter ce sujet avec profondeur car, étant une femme,célibataire,je n’ai qu’un aperçu de ce qui pourrait réellement rendre l’atmosphère matrimoniale si pesante au point de faire fuir les hommes,mais j’ai énormément de questions. Pourquoi ne pas lâcher prise si on n’est pas heureux? Pourquoi porter cette charge mentale sans en parler ouvertement à son épouse ? Pourquoi avoir dit oui ? Est ce que ça vaut le coup de subir ça pour le restant de vos jours?

Je tiens à préciser qu’il existe bel et bien des hommes juste infidèles, et d’autres juste insatisfaits qui optent pour la polygamie. Je ne parle pas forcément de ceux-là,bien traités ou pas,ils iront dehors.

Je te dis tout

GabonOpinion

Pères absents, vies brisées : qui paie le prix de la fuite ?

Aujourd’hui, parlons d’un sujet qui brise des familles et marque des enfants à vie : les pères absents. Ces hommes qui, pour diverses raisons, fuient leur responsabilité, laissant derrière eux des enfants en quête de réponses et des mères épuisées. Pourquoi fuient-ils ? Et surtout, qui paie réellement le prix de leur absence ?  

Combien de fois avons-nous entendu :  « Je n’étais pas prêt. », « La mère de l’enfant est compliquée. » ou encore « Ce n’était pas prévu. ». Ces phrases, bien que fréquentes, ne justifient pas de tourner le dos à son propre enfant. La réalité, c’est qu’un enfant n’a rien demandé. Il vient au monde avec un besoin simple : l’amour et la présence de ses parents. Quand l’un des deux fait défaut, il laisse un vide immense, difficile à combler.  

Un enfant abandonné par son père se pose inévitablement des questions déchirantes : « Pourquoi il ne m’aime pas ? Qu’ai-je fait de mal ? Pourquoi il ne veut pas de moi ? » Ces interrogations deviennent des cicatrices invisibles, mais bien réelles. Elles peuvent entraîner une colère sourde ou une tristesse enfouie, façonnant des adultes qui luttent avec un sentiment d’abandon.  

Le rôle d’un père dépasse le simple soutien financier. Il incarne un repère, un guide, et souvent un modèle. Lorsqu’il est absent, l’enfant peut chercher cet amour manquant ailleurs, parfois dans les pires endroits. Combien de jeunes tombent dans de mauvaises influences, dans la rue, ou adoptent des comportements destructeurs parce qu’ils n’ont pas eu quelqu’un pour leur montrer le bon chemin ? Un père absent, c’est une boussole cassée dans la vie d’un enfant. 

Prenons un exemple. Pierre, 16 ans, est brillant mais turbulent. Sa mère fait de son mieux pour l’encadrer, mais elle est seule et débordée. Pierre trouve du réconfort auprès de personnes qui l’encouragent à prendre des risques inutiles. Avec un père présent, attentif et impliqué, son histoire aurait peut-être été différente.  

Les mamans monoparentales : héroïnes oubliées 

Quand un homme fuit, la mère de l’enfant devient une guerrière malgré elle. Elle se retrouve à jongler entre son rôle de maman et celui de papa, tout en essayant de subvenir aux besoins de la famille. Elle sacrifie souvent ses propres rêves pour offrir une meilleure vie à ses enfants.

Ces femmes, bien qu’incroyables, ne devraient pas porter seules cette responsabilité. Parce qu’au final, un enfant a besoin de deux parents. L’amour maternel est immense, mais il ne peut compenser l’absence d’un père.  

Pourquoi fuient-ils ? 

Certaines raisons reviennent souvent, mais aucune n’est valable :  

– « Je ne suis pas prêt. » Mais si tu es prêt à concevoir un enfant, tu dois être prêt à l’élever.
– « Je ne m’entends plus avec la mère. » Être père, ce n’est pas être mari. Tes différends avec la mère ne devraient pas affecter ton engagement envers ton enfant.  
– « Je ne voulais pas d’enfants. » Alors pourquoi ne pas avoir pris de précautions ? Comme on dit : Si vous ne voulez pas d’enfants, vous avez AU MOINS deux options : l’abstinence ou les préservatifs.

L’immaturité et la peur de l’engagement sont des excuses qui causent des dommages irréversibles. Il est temps de comprendre que faire un enfant, c’est assumer une responsabilité qui ne disparaît pas à la première difficulté. 

Quelques solutions pour un changement durable

1. Éducation et sensibilisation  
Apprenons à nos garçons que devenir père, c’est bien plus qu’un simple titre : c’est une mission, un engagement à vie. Apprenons aussi à nos filles à reconnaître les signes d’un partenaire qui pourrait fuir ses responsabilités.  

2. Lois plus strictes
La société doit cesser de fermer les yeux sur ces comportements. Un homme qui abandonne son enfant devrait répondre de ses actes devant la loi. Un enfant ne peut pas être laissé à la merci des caprices d’un adulte.  

3. Soutien aux mamans seules 
Encourageons des politiques et des initiatives locales pour alléger la charge des mères monoparentales. Des aides financières, psychologiques ou communautaires peuvent faire une énorme différence.  

4. Valorisation du rôle paternel  
Mettons en avant des exemples positifs de pères présents et engagés. Montrons que la paternité est une richesse, pas un fardeau.  

Au final, les pères absents brisent bien plus qu’un lien familial : ils brisent des vies. L’enfant souffre, la mère se bat, et la société en paie le prix. Si nous voulons un avenir meilleur pour nos enfants, il est essentiel que chaque homme comprenne une vérité simple : être père n’est pas un rôle optionnel.  

Et si tu n’es pas prêt à t’investir, alors protège-toi ou abstiens-toi. Parce qu’un enfant, lui, n’a pas le choix de naître ou non. Mais il a le droit de grandir avec l’amour et le soutien de ses deux parents. C’est une question de justice, d’humanité, et de respect.

Je te dis tout

GabonOpinion

Mais qui veut la tête de Mays MOUISSI ?

Le 15 janvier 2025, le Gabon a eu un nouveau gouvernement. Plusieurs changements sont à noter, notamment le passage à 35 ministres. Mais celui qui a fait le plus couler d’encre est la nomination de Mays Mouissi au ministère de l’Environnement et du climat. Ce n’était
cependant que le début d’une semaine pleine de péripéties.

Si le changement de poste de l’ancien banquier a tant défrayé la chronique, c’est parce qu’il comportait une certaine part d’incompréhension. Malgré sa transparence et son efficacité dans la collecte des recettes de l’État, il y a ici ce qui semble être une rétrogradation.

On pourrait penser que la cause est le non-paiement d’une part de dette arrivée à échéance en novembre 2024. C’est peut-être ce qu’on a voulu faire croire. Seulement, c’est là que les choses se compliquent car les prérogatives entre le ministère des Comptes publics et celui de l’Économie prêtaient alors à confusion.

Ce dernier était seulement chargé d’émettre des ordonnancements afin que le premier rembourse la dette. Force est de constater que malgré les ordres de paiements émis en novembre par l’Économie, le Trésor n’a pas payé les créanciers. Plus tard, le ministère des Comptes publics a d’ailleurs reconnu que l’argent a été utilisé pour des dépenses sociales et stratégiques, tout en souhaitant qu’il y ait encore plus d’argent à disposition.

À ce moment et malgré cette précision, aucun média n’est revenu sur le fait de faire porter l’entière responsabilité au désormais ancien ministre de l’Économie. Sur plusieurs articles, le ministère des Comptes publics n’était pas mentionné, comme s’il n’avait rien à voir avec cette histoire et ce même après avoir reconnu que le paiement de la dette lui incombait.

Il est vrai que nous pouvons contrebalancer le bilan de Mays Mouissi en mettant en opposition les recettes records et l’efficacité des mesures pour lutter contre la vie chère. Néanmoins, il est invraisemblable que la cause de ce chamboulement soit liée à la prétendue incompétence de celui qui, quelques semaines avant, avait publié un bilan convaincant de ses 365 jours à l’immeuble Arambo.

Quelques heures plus tard, nouveau coup de tonnerre : Mays Mouissi est appelé pour être entendu à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) pour une audition. Selon certains, elle souhaitait l’interroger pour des soupçons d’enrichissement et de perception de retrocommission sur le contrat faramineux avec la société turque Karpoweship. D’autres en revanche ont parlé d’une simple procédure routinière. En effet, le ministre des Transports s’étant livré au même exercice de déclaration de biens, trois jours avant.

C’est alors que Radio France International (RFI) et Gabonreview indiquent qu’il s’agit d’une procédure spéciale. Le deuxième média aurait contacté le bureau du procureur de Libreville qui a tenu à rappeler qu’il n’était pas accusé et qu’il aurait pu bien être entendu en tant que témoin. RFI a précisé qu’il n’était pas le seul à être convoqué, plusieurs autres personnalités l’étaient également. Étonnamment, certains médias n’ont fait leur une et leurs reportages que sur la convocation de Mays Mouissi. D’ailleurs, Gabonactu a ensuite contredit RFI en affirmant que Charles Mba n’y était que pour la procédure d’usage et non pour des soupçons d’enrichissement illicite.

À ce stade, il est assurément difficile de démêler le vrai du faux et tout ceci suscite un certain nombre d’interrogations.

  • Tous les autres ministres y étaient pour une procédure de routine excepté Mays Mouissi ?
  • Pourquoi de nombreux médias ont fait une fixette sur celui-ci alors même que d’autres étaient appelés à être entendus ?
  • Pourquoi ces médias si prompts à relayer la convocation à l’audition de l’ancien responsable éthique du groupe Carrefour, se font si discrets sur le compte-rendu des échanges. N’était-ce donc qu’un pétard mouillé visant à nourrir une campagne de dénigrement ?

La quasi concentration de la couverture médiatique sur le nouveau ministre de l’Environnement, la multiplicité des articles et reportages sur l’audition dénote cruellement du silence qui s’ensuit. Peut-être aurons-nous encore de nombreux articles au conditionnel, qui n’ont aucune valeur factuelle et sont un festival de “aurait”, “devrait”, “pourrait”, dont le résultat n’est rien d’autre que de la suspicion. Beaucoup veulent savoir pourquoi il y a désormais une opacité sur la teneur des échanges entre Mays Mouissi et la CNLCEI.

Je te dis tout

CultureGabon

INA ou Le NOM chez les Myènè, 3ème partie [Liste des prénoms]

Nous restons toujours dans la thématique du nom en abordant cette fois-ci la question du « prénom » chez nous.

Aujourd’hui, il serait difficile, voire impossible, de revenir en arrière et annuler l’existence du prénom. Surtout que sa suppression n’aurait rien de pertinent. L’objectif désormais, c’est l’appropriation de cette notion qui entre intégralement dans notre identité profonde. Le nom, étant chargé d’histoire et empreint d’une énergie spirituelle, peut aujourd’hui être intégré à notre patrimoine par le fait de donner à nos enfants des prénoms de chez nous.

Au-delà de la simple consonance ou de la traduction première, nous pouvons conférer au prénom choisi une signification ou une représentation plus profonde, plus personnelle. En fait, un prénom en langue pourrait concentrer trois choses fondamentales : la traduction littérale, la signification (car parfois signification et traduction ne veulent pas dire la même chose) ou la représentation.

Pour bien illustrer mon propos, prenons deux exemples concrets. Imaginons un parent qui donnerait à sa fille « Nyôni » (ou Gnôni) qui se traduit en myènè par oiseau. Ce parent dit alors : « Nyoni, comme l’oiseau, qui ne connaît ni frontières ni bornes, afin que nul ni personne ne t’arrête dans la vie. Nyoni, comme l’oiseau, symbole de liberté, afin que cette quête de liberté soit toujours ton partage. Nyoni, comme l’oiseau, afin que tu portes haut ton nom et qu’il atteigne des contrées inconnues par tes ancêtres… »

Un autre donnera « Eremi », qui se traduit par la hache :
« Eremi, afin que tu abattes toujours tous les obstacles qui se présentent devant toi. Car, comme une hache minuscule vient à bout de féroces troncs d’arbres de plusieurs pieds, tu sois toujours le symbole de la détermination et du courage. Qu’à l’image de la hache, alliant le dur et tranchant du fer au souple et doux du bois, tu saches gérer la famille en étant à la fois ferme et tendre quand cela l’exige. »

Voici donc comment, par ces mots, un nom avec une traduction bénigne peut représenter quelque chose de plus grand, au vu de la symbolique qu’on lui confère. Chez les Galwa, il existe plusieurs noms qui sont en réalité la contraction de phrases, ou qui disent peu mais sous-entendent beaucoup plus.

Une observation simple des prénoms dans le monde arabe, au Nigeria ou au Ghana fait ressortir un fait assez intéressant, à savoir la qualité des prénoms. Les prénoms qui y sont donnés sont propres à ces régions et souvent porteurs de belles significations (parfois pas du tout aussi). L’objectif derrière est plus une question d’authenticité que de beauté selon le référentiel occidental. Chez eux, les Odjuku, Bola, Idjéoma, Ziadath et autres n’ont pas à pâlir de honte devant un Jason ou un Michael. Pareil chez nous, pourquoi « Omwèï » sonnerait-il moins beau que « Ibékélia » ? Et pourtant, le premier veut dire « soleil » et donc revêt une signification assez intéressante.

C’est aussi là un travail à faire pour ceux qui recherchent l’authenticité dans les prénoms africains : déconstruire l’influence de l’appréciation à l’occidentale. Créer notre propre repère dans l’appréciation des noms/prénoms qui sont nôtres. Comme les Bambaras, les Zulu, les Ashantis, les populations de l’ancien Dahomey, et autres, osons et portons fièrement nos prénoms.

Enfin, nous ne pouvons pas terminer ce propos sans faire cette remarque : le fait de donner à ses enfants des prénoms africains ne nous rend pas plus africains, ou plus concernés par l’Afrique et son devenir que ceux qui ne le font pas. Nous évoluons dans une ère où la conscience populaire africaine s’éveille, et l’Afrique, terre où beaucoup sont nés, commence à naître elle aussi en eux. Beaucoup d’actions contribuent à nous rapprocher un peu plus de ce patrimoine qui nous est dû. Chacun est libre d’avancer et de poser des actions qui vont dans ce sens, à sa guise. Parmi les grandes figures de l’histoire de l’Africain ou des Afro-descendants en général, tu as des Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Marcus Garvey… Leurs prénoms ne les ont pas empêchés de porter haut l’étendard africain.

Par contre, ce que nous vous déconseillons, c’est la fantaisie derrière les prénoms. Un prénom est une identité que nous donnons à une autre âme, une conscience, une partie de nous certes, mais qui est appelée à suivre sa propre voie. Ne donnons pas à nos enfants des prénoms juste parce qu’ils font beau. Mais aussi pour leur impact et leur signification. Nommez-les, baptisez-les, en préférant toujours des noms qui vous parlent et qui représentent quelque chose pour vous. Donnez à vos enfants Anatole si ce prénom vous inspire quelqu’un à qui vous voulez que votre enfant ressemble, plutôt que Jayce, uniquement parce que ça passe sur MTV. Donnez-leur des prénoms qui ont un sens.


Nous remercions tous ceux qui ont participé à l’élaboration de ce document de près ou de loin  en citant particulièrement Sarah Yenault et Reteno Ndiaye Auguste. Et À la rédaction  Silver Agondjo.

Akéwani

Adya : claie
Aïya : jamais, garde – toi 
Aka : sève 
Akanda : nom propre donné à l’enfant d’une féticheuse 
Akè : rire 
Akewa : merci, remerciement 
Akowa : arqué 
Alirya : nœud, boucle 
Ambya : cadeaux 
Amenjè : la paix 
Amya : combien ?
Anaï : quatre
Anka : seul | unique 
Anto : femmes 
Arima : variété de palmier
Asaï : confusion 
Aseï : au loin 
Asya : bien fait pour toi !
Atani | Otani | Otané : cinq 
Avila : à partir de 
Awa (contraction d’Awana) : les enfants 
Awani : tous les deux 
Awya : Bon | beau 
Ayilé : ne doit pas mourir | Ne doit pas périr 
Azeva : les jeux, réjouissances 
Baki : chasse au filet 
Bale : éveillé 
Bekelya : espérer 
Bela : vouloir 
Bena : planter 
Berya : panser 
Biliya : mettre en réserve 
Bya : venir 
Byanga : dorade 
Dalya : traverser 
Danda : passer au milieu | traverser 
Dasi : cadeaux 
Dava : longueur 
Dendya :
Dewana | lewana : oublier 
Dirya : attacher
Dirye : Variété de grosse canne à sucre 
Diwa : Devenir complet 
Dyana | Idyana : enfanter 
Dyandja : travailler 
Dyao : hier 
Dyena : voir 
Dyina : danser
Dyngo : caractère 
Dyola : s’affermir | devenir fort 
Dyolya : pouvoir 
Edi : grand panier à pêche 
Edingo : pleurs 
Eka : le trône
Ekalé : l’orgueil 
Eliwa : le lac 
Elumi : la gloire 
Enami : homme riche 
Enima : la civette d’afrique 
Enomo : la saison sèche 
Eremi : la hache 
Erya : la crainte 
Eva : flacon 
Evanda : du même âge 
Evila : bénitier 
Evouandé : gentillesse | la beauté 
Ewilo : travail 
Ewya : beau | bon 
Ezila : régime de noix de palme 
Gore : debout 
Iba : la mangue 
Ibagino : la chance | la ferveur 
Ibanga : le matin 
Ibekelya : espérance 
Ibya : l’arrière | la venue 
Ido : la pierre 
Idyoma : sécher 
Idyomba : beau-frère | le mariage 
Iga : la forêt 
Igewa : joie | allégresse 
Igumu : l’espoir 
Ika : étoile filante 
Ike : l’œuf 
Ikoko : la canne à sucre 
Imepa : la beauté 
Imya : la connaissance | le savoir 
Ina : le nom
Inina | Anina : l’âme | les âmes 
Iniva : trésor 
Inya : la nourriture 
Iréza : la peur 
Itanda : la prudence 
Itonda : l’Amour
Itya : la crainte 
Iwya : fleur | floraison 
Iya : maman 
Izali : jeune fille non mariée 
Izuwa : l’Ambiance 
Kalya : s’enorgueillir
Kana : défendre | prendre le parti 
Kanda : clairement 
Kanya : comprendre une langue 
Karya : parler s’agissant d’un perroquet 
Kora : lier 
Korya : examiner 
Mbela : appel 
Nanda : durée 
Ndjègo : panthère 
Ndyèni : luisant 
Ndyoni : la valeur 
Ningo : la pluie
Nkélé : la stérilité 
Nkombe : le soleil 
Ntchale : le patron 
Nyino : le rêve 
Nyiôni : l’oiseau 
Odyo : torche indigène 
Oga : le roi 
Ogègèni : étoile 
Ogéï : fontaine 
Ogoni : le feu 
Ogowa : jaune 
Ogu : l’intelligence 
Ogweli : la lune 
Oka : ailleurs 
Okili : la route | la voie 
Okita : le commerce 
Okossa : canne sauvage 
Oliwa : cage des poules 
Oliwo : nasillard
Olumi : grand arbre 
Olwani : autochtone | habitant d’un village
Ombya : la bonté 
Omweï : le soleil
Orema : le cœur
Orowa : le ciel 
Orwemi tranchant 
Osaï : temps immémoriale 
Oyani/oyane : les adieux / au revoir 
Oyeni témoin oculaire 
Oyila : palmier 
Oyino : danse 
Ralye : rempli 
Renye : attentif 
Rweni : tranchant 
Savina : bénir 
Saya : avoir honte 
Sayina : redouter 
Sika : or | argent | monnaie de l’époque 
Sila : rare 
Sonya : descendre 
Surya : scruter 
Talya : poser 
Tara : épargner | garder 
Tya : craindre 
Walena | Alena : ne pleure pas 
Wami : de moi 
Wani : deux 
Waya : fil de fer 
Wourya : débrouille-toi 
Yina : danse 
Yoliza : sois fort 
Zalya | Salya : être comme 

Chez les punu (N’hésitez pas à corriger ou enrichir) 

Dhiel : malice
Divine : richesse inestimable 
Dicknan : C’est ainsi 
Diboty : merci 
Diely : malin, intelligent 
Duniému : Quelque chose qu’on aime avec admiration 
Dilonguy : conseils
Ilambu : Un Festin
Iromi : beauté
Kédi : le matin 
Kemi : le doute 
Keri : peur
Kori : l’écureuil 
Kaki : l’éclair
Kélisse : Garde 
Kelisi : attendre 
Kini : harmonie | paix 
Kuéli : Quelqu’un d’exempté
Lyntse : Faire vite 
Lybina : Oublier
Madiba : sourd 
Makièli : l’aurore 
Makemi : les doutes 
Mathass : la pensé 
Mbile : écho 
Muboti | Muetse : clair de lune 
Murima : le cœur 
Muyissi : sirène
Mwéni : visiteur | étranger 
Murel : chasseur 
Mbire : l’aigle royal 
Mwètsa : clair de lune
Ndossi : le rêv
Ndemula : Chaleur
Passi : la Peine | la Souffrance
Sabi : clef 
Simba : saluer
Sutu : surprise
Tsoli : oiseau 
Tsomi : ainé
Umarel : le premier
Tsony : la Honte
Wali : étendre 
Wamy : à moi 
Warisse : courage 
Wissi : le temps
Wissy : jour
Yitu : espoir
Yess : la chance
Yessa : chance
Yessie : grâce | bonheur | chance
Yori : préférence | convoitise

Chez les Obamba (N’hésitez pas à corriger ou enrichir) 

Akanawa : la fin des efforts 
Ambawa | Ampassi (pluriel) | Mpassi (singulier) : souffrance 
Ampieme : les raisons 
Amvula (Mvula = singulier (généralement utilisé comme nom de famille)): les pluies
Andja : l’eau 
Angomo : les tam-tams 
Antaba (ntaba = singulier) : les moutons 
Antsiene : les épines 
Dith : ami fidèle 
Djia (Adia, Dia = amour #Dja (o dja) = manger) : l’Amour 
Djiala : les mains 
Dya : l’Amour 
Ekemi : le doute 
Entsele : les épines 
Kandja : la cuisine 
Kani : l’effort
Kanny : la force 
Lengouri : le brouillard 
Lewaga : le malin 
Lwa : la discipline
Mbari : la parole 
Mbori : feuille ou la pourriture 
Mpana : le choc
Mvou : le pont
Mvoula : la pluie
Nayi | Nganyi : acide 
Ndjia : l’étranger 
Ngomo : le tam-tam
Ngondô : lune (utilisé aussi pour désigner une jeune fille)
Ngori : cadeau
Ngouloumbi : mauvais coté 
Ngouma : le porc épique 
Nkala : la colère | crabe | douleur
Nkani : notable 
Nkusu : le perroquet 
Ntsala : les plumes 
Ntsiè : la terre
Ntsimi | Oyéri : l’intelligence 
Obouni (o bouna = pouvoir (arriver à faire quelque chose)) : celui qui réussit
Ojemy : assurance 
Okassa (okassi = femme, okari = femme mariée) : femme
Okassotou : femme simple
Olima (o lima = oublier) : l’oublie 
Oloumi : le mari 
Ompigui : le manguier sauvage 
Ondjoumowa : la sorcellerie est terminée
Ongouma : stérilité 
Onkani : la notabilité 
Ovè (ovè = bien) : c’est bien 
Piébi : le vent 
Tsoueleyaga : prenons
Wally : beauté (beau, belle)
Yala : la poubelle 
Yougui : la fumée

Je te dis tout

GabonSociété

Quand tenter de gagner sa vie nous fait la perdre…

Notre pays souffre et quand je dis « notre pays », je parle de ses habitants… Ceux qui n’ont ni eau, ni électricité, ni voirie, ni même du travail pour s’offrir une éducation décente, une alimentation variée, des loisirs ou le droit de rêver.

Ces dernières années, le Gabonais est longtemps resté en détention à domicile pour « préserver sa sécurité », tantôt contre des maladies meurtrières, tantôt contre d’éventuelles ripostes au coup de la « liberté » qui parce qu’ayant été « non sanglant » a pourtant été bien accueilli par ceux-ci. Les récents événements dans le monde de la politique me donnent plus l’impression que c’était pour que les plus rusés d’entre nos décisionnaires se remplissent davantage le ventre pendant que toi, moi et nos proches, nous battions pour trouver à manger, réaménager nos horaires de travail et autres. Quoi qu’il en soit, maintenant que nous sommes libres de nous mouvoir dans le pays et en dehors qu’importe l’heure et la raison, rien ne permet réellement que ce soit possible… Enfin, sauf les moyens de transport qui se multiplient en ville ; En plus des bus climatisés, taxis climatisés, taxis lambda, taxis bus, taxis clandestins (clando), on a désormais aussi des tuk tuk (ou touk touk je ne sais pas je suis Ghisir), bien urgents pour l’économie du pays… Bref, ce n’est pas le sujet aujourd’hui. On en parlera sans doute une autre fois.

Donc… Le Gabonais est un pacifiste qui ne demande pas grand-chose. Lorsqu’il quitte le « confort » de sa maison pour se mettre dans la rue c’est qu’un bouchon a été poussé trop profond dans sa gorge et qu’il s’en étouffe. Lorsqu’il réclame quelque chose à coup de manifestation, c’est que celle-ci lui est réellement due, qu’il s’agisse de bourse ou d’emploi, le gabonais a trop peur de la répression pour se risquer quand il a tort. Résultant, tout ce que le gabonais, bien qu’issu d’un pays aux richesses visibles variées, a pour lui ce sont les délestages, les embouteillages, les nids de poules, la privation et la rationalisation des denrées alimentaires et les métiers ingrats ou le chômage, à quoi s’ajoute désormais la probabilité de mourir sur son lieu de travail.

Je ne veux pas être censurée, mais j’ai envie de dire « M*rde, quelle m*rde et p*tain de m*rde, quel pays de m*rde… ». Voilà une fille, une mère de famille, une tante, une sœur, une amie qui sort de chez elle le matin, va faire un métier ingrat et ne rentre jamais parce que les conditions de travail IMPOSÉES par le Code du Travail (pourtant applicable à TOUTES les entreprises intervenant au Gabon) via le Décret N°01494 définissant les Règles Générales d’HSE Sur Les Lieux de Travail au Gabon, ne sont respectées que par les entreprises qui le choisissent et personne ne va tomber ?

[Si c’est long, relisez lentement, s’il vous plait… Il faut bien comprendre la partie là, c’est important pour la suite.]

Je ne sais pas combien d’entre vous se sont déjà rendus sur les chantiers et sites gérés par les entreprises asiatiques au Gabon, les chinoises en particulier. Je disais récemment qu’en majorité, ce sont des mouroirs connus de nos autorités. Pour y avoir fait plusieurs visites, on y voit l’inimaginable. Des latrines en guise de WC, des dortoirs surchargés, des postes à souder fixés près de cuves de stockage d’hydrocarbures, des cubitainers troués et sans bacs de rétention servant de récipients de stockage de produits chimiques, des employés travaillant sans équipements (de protection et autres outils de travail) adéquats, et j’en passe. Un enfer pour les âmes d’HSE.

En pareilles circonstances, comment espérer rentrer chez soi sans dommage immédiat ou une maladie professionnelle si non par la foi ?

Un employé ne devrait pas perdre la vie en tentant de la gagner ; Mais la faute à l’Etat !!! C’est lui qui se remplit les poches, du moins celles de ses dirigeants, sur la misère des gabonais normaux. Je suis révoltée qu’on se soucie plus de politique et de l’image du pays aux yeux du monde, que de la vie et du bien-être de ses citoyens. Que fait l’Inspection du Travail ? Quelles sont les missions de la Direction Générale de la Santé et Sécurité au Travail ? Pourquoi les entreprises dont la non-conformité aux textes de loi est palpable au quotidien continuent d’obtenir des permis d’exploiter dans notre bananeraie, Seigneur Jonas !!!??

Je suis choquée par l’égoïsme des gens à qui on a fait confiance par les urnes ou par un quelconque soutien jusqu’ici.

Toutes les vidéos et photos de la défunte qui tournent, la montrent dépourvue d’équipements de protection individuels. Excepté le masque anti-poussière et le gilet de haute visibilité (que je suis fatiguée, en tant qu’HSE de répéter aux gens qu’ils ne servent pas à protéger, mais à rendre davantage visible), Madame IBRAHIME (paix à son âme) n’a rien pour se protéger ; pas de chaussures de sécurité, pas de vêtements de travail, pas de casque, pas de lunettes de protection… RIEN de ce qui est OBLIGATOIRE par la loi (ni même les procédures internes quand on est une structure qui se respecte exerçant dans un pays qui se respecte) pour réaliser ses activités de manutention. Et dites-vous que ces images ont été prises lors d’un reportage pour un web média (mené par un créateur de contenu célèbre). Donc, alors que les entreprises, lorsqu’elles sont informées de l’arrivée des caméras dans leurs locaux, font en sorte de se rendre présentable devant elles, le HSE de cette structure s’est (sans doute) dit que ça ne serait pas trop insultant pour nos intelligences de ne rien changer de d’habitude.

Je parle du HSE même, entre temps, je connais ses réalités. Souvent muselés par les chefs d’entreprises, nos profils ne sont jugés utiles que lorsqu’il y a des audits et des contrôles. C’est pour ça que je le redis, LA FAUTE A L’ETAT, et aux entités qu’il crée pour défendre les droits des salariés et veiller à l’effectivité des devoirs des employeurs, qui ne vont sur les chantiers que pour se prendre leur enveloppe annuelle. Ceux-là même qui deviennent aveugles devant les risques et les non-conformités dès qu’on a porté des billets jusqu’à leurs yeux… QUEL PAYS DE M*RDE !

En vrai, on espère quoi ? Qu’est-ce qu’on n’a pas vu avec FOBERT ???? Les employés ont lancé une alerte dont la structure en charge du risque sanitaire et phytosanitaire s’est saisie, que s’est-il passé ensuite ? Licenciement de son Directeur Général ? « Pourquoi ? Mais pourquoi pas ? Je suis là, je ne comprends rien… ». De toutes façons, et je vais finir là, quand eux-mêmes vont pour les visites des sites, que portent-ils d’autre que leurs treillis, leurs deux pompons et leurs ensembles ABACOST ? Rien.

On n’est visiblement pas sorti de l’auberge. L’année dernière, un accident se produisait on shore et endeuillait des familles gabonaises, enquêtes demandées, grands discours, promesses, on est là, on va encore faire comment ? Cette fois encore, je suis désolée pour la famille, mais il semble qu’on va de nouveau se poser la question, ON VA ENCORE FAIRE COMMENT ?

La Fière Trentenaire :*

Je te dis tout

CultureGabon

INA ou Le NOM chez les Myènè, 2ème partie

Nous restons toujours dans la thématique du nom, en abordant cette fois-ci la question du « prénom » chez nous.

De manière générale, les prénoms obéissent aux règles du temps et d’une certaine mode. Les prénoms comme Jean-Pierre, Marie Augustine, Philomène vous renverront directement, pour les gens de notre génération, aux années 30 à 70. Tandis que Lucas, David, Jessica, Grâce, sont assez commodes entre les années 80 et 90.

Aujourd’hui, entre les années 2010 et 2020, la tendance tangue vers quatre catégories de prénoms : à savoir, les beaux prénoms anglicisés, les prénoms français composés, les prénoms bibliques et leurs dérivés, et plus récemment les prénoms d’origine africaine. C’est ce dernier groupe qui nous intéresse. Si, pour certains parents, donner à leur enfant un prénom africain n’obéit à aucune volonté particulière, à part que le prénom choisi est joli, pour d’autres, donner à son enfant un prénom africain revêt une certaine signification. Par ce geste, ils revendiquent leur origine culturelle et la volonté de reconnecter leur progéniture à cette racine traditionnelle, qui tend aujourd’hui à disparaître.

C’est donc pour faire écho à cette volonté et cette demande de plus en plus croissante que nous avons recueilli ces quelques prénoms dans différents forums ethniques et linguistiques gabonais, afin d’offrir aux parents gabonais une ébauche de prénoms typiquement gabonais et leur traduction/signification.

Cependant, avant de livrer ladite liste des « prénoms » proprement dite, nous avons jugé opportun de revenir un tant soit peu sur ce qu’est le prénom chez nous et sa portée. Ce baragouin passera sûrement inaperçu, tant nombreux s’attèleront plus sur les prénoms que sur le charabia qui précède. Mais ceux qui s’y attarderont pourront y trouver des éléments assez intéressants. Et pourquoi pas, y trouver l’inspiration par rapport au futur prénom de leur(s) enfant(s). Il est à noter que nous nous appuyons sur la culture myènè, qui est la nôtre. Cependant, pour les autres ethnies, le fond pourrait être le même avec quelques variantes.

Dans la culture profonde myènè, le prénom n’existe pas (c’est dit). D’ailleurs, le nom de famille non plus ! Comme nous l’expliquions il y a quelque temps dans un article précédent, autrefois (galonga), les myènè ne portaient ni nom de famille, ni prénom. Chaque individu avait un nom unique, un nom qui lui est propre (un peu à la manière des personnages bibliques). Ce nom pouvait être un legs d’un parent vivant ou décédé, dans le cas des homonymes, ou un nom usuel donné en fonction des circonstances de la naissance (noms des jumeaux, noms après guérisons, premiers-nés, etc.), ou un nom donné par inspiration à la suite d’un événement donné. D’ailleurs, beaucoup de noms devenus communs sont nés de cette manière et ont été ensuite transmis par le système des homonymes autrefois, puis celui des « noms de famille » récemment.

Ainsi, les noms uniques qui étaient donc portés faisaient simultanément office de noms et de prénoms. D’ailleurs, si on en croit la définition du dictionnaire Larousse, pour qui « le prénom est un nom qui sert à différencier les individus d’une même famille », on peut déduire que les noms uniques portés autrefois avaient aussi le rôle du prénom.

À côté de ces noms, il y avait aussi des « petits noms » et des « Kombo ». Les petits noms ou noms de la maison avaient de nombreuses origines. Il pouvait s’agir du diminutif du nom, ou d’un dérivé, d’une phrase ou d’un fait qui nous est rattaché, d’un prénom affectif, etc. Le petit nom pouvait servir à appeler un individu sans citer le nom du patriarche ou de la matriarche dont il avait hérité le nom. Nous rappelons qu’à cette époque, il était quasi impossible pour un homme ayant donné à son enfant le nom de son père ou de sa mère de l’appeler directement par ce nom. Par respect, il l’appellera toujours « tata », « mama », ou utilisera le petit nom.
Le Kombo, quant à lui, est un nom initiatique.

Les prénoms tels qu’on les conçoit aujourd’hui rentrent chez les myènè avec les campagnes d’évangélisation. Lorsque nos ancêtres sont baptisés, les missionnaires leur donnent de nouveaux « noms », qui seront d’ailleurs connus sous l’appellation de « noms de baptême ». D’après les commis de l’évangile, à cette époque, il faut obligatoirement porter un nom/prénom de saint (qui deviendra d’emblée ton saint patron) pour pouvoir accéder au sacrement de renaissance. Ce qui est assez drôle, c’est que ces soi-disant saints, de leur vivant, n’avaient pas eu à porter le nom d’un saint (ou même un nom juif) pour vivre dans la sainteté et accéder au baptême.

Bref, par ce mécanisme, nombreux sont nos ascendants qui adopteront des noms de baptême qui deviendront leurs prénoms. En parallèle, avec l’administration coloniale et l’alphabétisation des populations, les déclarations de naissance, les Africains colonisés doivent désormais se conformer à ce système de « dénomination » comme chez eux : Nom + prénom. Les prénoms choisis seront essentiellement des prénoms français contemporains. Pour les noms, beaucoup de familles adjoindront au nom propre de l’enfant celui de son père, comme il est d’usage en Occident. C’est la naissance des noms de famille chez beaucoup de peuples africains.

Je te dis tout