Gabon

ÉducationGabonOpinion

La charge mentale des femmes africaines : une réalité encore taboue !

Je vois beaucoup d’informations sur l’accouchement, le mariage, et sur comment tenir une maison en tant que femme. Depuis que je suis petite, ma mère me répète : « Quand tu auras ton foyer, il ne faudra pas faire X, il faudra faire Y. » Mais pas une seule fois on n’a dit ce genre de choses à mes frères.

Je vois beaucoup d’informations sur l’accouchement, le mariage, et sur comment tenir une maison en tant que femme. Depuis que je suis petite, ma mère me répète : « Quand tu auras ton foyer, il ne faudra pas faire X, il faudra faire Y. » Mais pas une seule fois on n’a dit ce genre de choses à mes frères.

On nous prépare comme à l’usine ! Je suis une femme, donc, malheureusement, j’ai une charge mentale “naturelle” due à mon éducation. Depuis que j’ai entre 23 et 25 ans, chaque fois que je me lève, mon premier questionnement se porte sur : « Qui range la maison ? Qu’est-ce qu’on va manger aujourd’hui ? » etc.

Ce qui n’est pas forcément le cas de mes frères. Je ne veux pas me marier. Si, en étant dans la maison de ma mère, cette charge mentale et cette injustice me causent littéralement des maux de tête et m’épuisent, imaginez ces mères qui doivent s’occuper de plusieurs enfants, de leurs maris (qui, finalement, deviennent très souvent un enfant de plus), de leur travail, et d’elles-mêmes. Et après tout cela, leurs époux veulent quand même qu’elles soient toujours apprêtées, belles, et qu’elles leur offrent une belle énergie pendant le sexe.

Ce ne sont pas les années qui éloignent les conjoints, c’est l’égoïsme et la charge mentale.Ce sont les femmes qui éduquent. Voilà pourquoi il faut faire comprendre à cette nouvelle génération de femmes que souffrir ce n’est pas normal ! Supporter la crasse, ce n’est pas une fierté. Porter quelqu’un, le materner, alors qu’il refuse de te paterner, ce n’est pas normal !

Je te dis tout

GabonJusticeOpinion

Mort d’un militaire et abus en série : une enquête ouverte pour rétablir l’ordre ?

Ah Gabon, notre cher pays des paradoxes ! Toujours dans les histoires qu’on pourrait titrer “Là-bas, tout est possible”. Cette fois-ci, c’est le Procureur qui monte au créneau.

Il a sorti un communiqué bien carré pour dire qu’il est hors de question que des représentants de l’ordre se prennent pour des justiciers de quartier. Et franchement, ON VALIDE !

L’affaire Bounda Johan : encore un drame qui choque. Samedi 21 décembre 2024, le corps du 2nd maître Bounda Johan, un militaire, a été découvert à l’hôpital des armées Omar Bongo Ondimba. Signes de torture. Violence gratuite. Motif ? Une sombre accusation de vol chez son supérieur. Oui, vous avez bien lu.

On parle d’un gars qui aurait été livré à une justice parallèle par ceux-là même censés protéger la nation. Et le Procureur ne mâche pas ses mots : « violation flagrante des droits fondamentaux », qu’il dit. Oui, chef, on te croit. Mais là, nous, on attend les résultats. Parce que des communiqués, on en a déjà lus des tonnes, et après, plus rien.

D’ailleurs, peut-on avoir un update de l’affaire des frères Siadous qui étaient déjà en France en train de danser la Ntcham ?

Depuis que le CTRI (Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions) a pris les rênes, on nous dit : « plus jamais ça ». Plus jamais d’abus, plus jamais de passe-droits, plus jamais d’impunité. Mais cette affaire, c’est le crash-test ultime pour montrer que la machine fonctionne vraiment.

Parce que soyons sérieux, si même dans l’armée on peut s’entre-tuer pour une histoire de vol présumé, où va-t-on ? Ces histoires de brutalité dans les forces de l’ordre, on en a marre. Vous avez rasé des gars en pleine rue pour couvre-feu, maintenant c’est un militaire qui passe à la casserole ? Donc nous les civils nous sommes foutus en fait.

Pour une fois, on dirait que la justice veut aller jusqu’au bout. Ouverture d’enquête, promesse de sévérité, zéro tolérance pour les tentatives d’étouffement. C’est beau, tout ça. Mais on veut voir du concret. Ce serait dommage que ce communiqué soit juste une façade, comme on a l’habitude.

On le sait tous : la loi, c’est pour tout le monde. Que tu sois gradé ou civil, puissant ou simple citoyen, les crimes doivent être punis. Si le CTRI et le Procureur tiennent parole, cette affaire sera un tournant pour prouver que les choses ont vraiment changé. Ce qu’on attend de la suite :

  • Une enquête claire et transparente.
  • Pas de petits arrangements entre collègues.
  • Des sanctions exemplaires, pour que plus jamais personne ne se croie au-dessus des lois.
  • Une réforme sérieuse dans les forces armées et l’administration pour mettre fin à ces abus d’un autre âge.

Alors oui, on est content que le Procureur parle fort et clair. Mais comme on dit ici : les paroles, c’est bien, mais les actes, c’est mieux. À vous de jouer, CTRI. Montrez-nous que ce Gabon nouveau dont vous parlez, existe vraiment. Parce qu’à ce stade, c’est la seule chose qu’on veut voir : la justice, et rien que la justice. Force doit rester à la loi !

Je te dis tout

CommunicationGabonOpinion

Joyeux Noël, ce sera mieux la prochaine fois !

Chaque fin d’année, la ville se revêt de ses plus belles couleurs : ce sont les fêtes.

Quand j’étais plus jeune, cette période était magique. On recevait des présents sans s’inquiéter de leur provenance, on profitait, on était content de raconter et de montrer à nos amis nos jouets, puis de jouer avec eux.À présent, étant adulte, je suis de plus en plus inquiète, mais pas pour moi.

Les orphelins, les mères, pères, parents qui n’ont pas assez épargné, les personnes démunies…Des enfants qui verront sans doute leurs semblables déballer leurs cadeaux et profiter, mais qui ne pourront pas jouer.

Ces fins d’année ont désormais un goût amer pour moi.Aujourd’hui, ce n’est pas un article pour dénoncer, mais pour réconforter. La pauvreté prend de plus en plus de place, les gens souffrent, les gens sont malheureux. C’est pourquoi j’aimerais vous dire que vous avez fait de votre mieux, vous avez bien travaillé et vous avez bien fait les choses !

S’il n’y a pas de bûches à table, ce n’est pas grave. De toutes façons, en janvier, ce sera 1 000 F déjà. S’il n’y a pas de cadeaux, ce n’est pas grave, Noël c’est toute l’année. S’il n’y a pas de fête, ce n’est pas grave, on peut juste regarder un film et partager un jus.

Les petites choses sont belles, ne les négligez pas !

Je te dis tout

CommunicationGabonOpinion

Faux documents officiels sur WhatsApp : un danger pour tous !

Franchement, aujourd’hui, on est tous connectés. WhatsApp, c’est notre moyen rapide pour recevoir des infos. Mais ce qui est bien pratique peut aussi être super dangereux. Les faux documents officiels ? C’est devenu une vraie plaie. On les reçoit, on y croit, et parfois, ça peut foutre le bordel.

Le cas du projet de Constitution qui avait “fuité”

Vous vous rappelez de cette fameuse Constitution qui avait soi-disant fuité ? Un gros pavé qui a circulé partout, et chacun y allait de son interprétation. Certains disaient que c’était une manière subtile de tester l’opinion publique, d’autres affirmaient que c’était un fake bien monté. Ce qui est sûr, c’est que ça a créé de la confusion. On débat, on s’énerve, et au final, personne ne sait ce qui est vrai. Ça montre bien à quel point ces faux documents peuvent manipuler nos opinions.

Les fausses notes d’allocations présidentielles

Un autre classique : les soi-disant notes officielles qui promettent des allocations par le Président. Combien de fois on a vu ça passer sur WhatsApp ? « Déposez vos dossiers à tel ministère, vous recevrez X millions de francs CFA. » Des gens désespérés, fatigués de galérer, y croient. Ils perdent du temps, parfois de l’argent, à courir derrière une chimère. En fait, ces fausses infos jouent sur nos attentes, sur nos rêves d’une solution miracle pour sortir des difficultés.

Quand les médias s’en mêlent : l’amplification d’une crise

Lorsque les médias s’emparent de ces faux documents, le problème prend une nouvelle dimension. Parfois, dans leur quête de rapidité pour publier une “exclusivité“, certains médias partagent ces informations sans les vérifier. Cette approche irresponsable crédibilise les faux documents et multiplie leur impact. De nombreux citoyens, qui considèrent ces médias comme des sources fiables, se laissent berner.

Cependant, d’autres médias jouent un rôle crucial en alertant la population sur l’existence de ces faux documents. Ils mènent des enquêtes pour en révéler la fabrication, interviewent des experts pour démystifier leur contenu et responsabilisent les autorités en les appelant à agir. Ce rôle de “vigilant médiatique” est essentiel pour contrer la désinformation.

Pourquoi ça marche autant ?

Les Gabonais, comme beaucoup d’autres, ont toujours soif d’espoir. Quand on voit des documents qui semblent sérieux, avec des logos officiels et un jargon administratif, on se dit : « Ah, ça, c’est vrai. » Mais ce qu’on oublie souvent, c’est que n’importe qui avec un peu de maîtrise de Word ou Photoshop peut fabriquer ces faux documents. Et comme la vérification n’est pas toujours notre réflexe, on partage avant de réfléchir.

Et puis même si on veut vérifier, on va le faire auprès de qui ?  Quelqu’un avait dit sur un plateau qu’il « suffit de demander à 2 ou 3 personnes dans un forum WhatsApp pour avoir l’information » mais en vrai j’espère que c’était un troll et non pas un sérieux argument que d’obtenir des informations fiables dans des groupes où se trouvent une foison de perfides trompeurs. 

Les dangers des faux documents

Ces faux documents, ce n’est pas juste des blagues. Ils peuvent :

1. Créer de la confusion : On ne sait plus quoi croire.

2. Diviser les gens : Chacun interprète à sa manière, et les discussions peuvent dégénérer.

3. Exploiter les plus vulnérables : Des personnes déjà dans le besoin tombent dans le piège, perdent du temps et de l’énergie. Des gens vont quitter l’intérieur du pays pour Libreville en croyant à une fausse annonce de recrutement. 

Comment se protéger ?

Vérifiez toujours vos sources : Si vous recevez un document « officiel », posez-vous des questions. Est-ce qu’un média sérieux en parle ? Est-ce confirmé par une autorité crédible ?

Ne partagez pas sans réfléchir : Si vous avez un doute, abstenez-vous de transmettre l’information. Vous avez souvent un truc que vous faites là c’est de partager des liens disant que vous allez recevoir des forfaits de Moov ou Airtel en partageant ça. Sincèrement ? Soyez quand même futés aussi. C’est une arnaque qui revient chaque année, ne soyez pas bêtes chaque année. 

Alertez les autres : Si vous découvrez qu’un document est faux, informez vos proches. Prévenir vaut mieux que guérir.

Les faux documents officiels sont un vrai fléau, surtout dans un pays comme le nôtre où beaucoup de gens espèrent un changement ou une aide rapide. La meilleure arme contre cette manipulation, c’est l’esprit critique. Soyons vigilants et apprenons à dire : « Non, je ne vais pas me laisser avoir. » Parce qu’en fin de compte, la vérité, même si elle est parfois dure à avaler, reste toujours la meilleure voie.

Restons prudents et protégeons-nous !

Et sinon, joyeux noel à tous !!!

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GabonTransport

Décembre Orange : pour que la route ne devienne pas un cimetière

2 morts sur le champ, 3 ayant succombé des suites de leurs blessures et plusieurs blessés graves. Ce bilan glaçant résume le dernier accident tragique survenu à M’Fang, à l’entrée de Sogacel, à 8 km de Kango.

Trois véhicules impliqués, des circonstances encore floues, mais une certitude : l’incivisme routier a encore frappé. Ce drame s’inscrit sur la longue liste des accidents meurtriers qui endeuillent chaque année les routes gabonaises, notamment en cette période des fêtes.

Constat fait sur les années précédentes, la majorité des accidents de la route sont recensés entre novembre et décembre. Une période où la fête se mêle trop souvent à l’imprudence : alcool au volant, excès de vitesse, routes dégradées, fatigue des chauffeurs de poids lourds… les causes sont multiples mais les conséquences, toujours tragiques.

Décembre : mois de fête ou mois maudit ?
Chaque année, le mois de décembre semble marqué par une répétition de drames. Faut-il y voir une malédiction ? Peut-être. Mais si malédiction il y a, elle peut être levée, et cela commence par chacun de nous.

C’est dans cet esprit que l’ONG Sens Unique a lancé l’initiative #DécembreOrange. Une campagne de sensibilisation pour alerter et mobiliser autour d’une idée simple mais cruciale : ralentir pour protéger. Pourquoi l’orange ? Parce que cette couleur symbolise l’alerte et le ralentissement.

Pendant tout le mois de décembre, l’ONG invite tous les usagers de la route à adopter des comportements responsables. Chaque geste compte pour éviter un drame de plus.

Un message d’espoir : devenez un héros de la route
Le véritable héros, ce n’est pas celui qui intervient après un accident, mais celui qui prévient qu’il ne se produise. Adoptons ensemble ce credo : “Pour que décembre n’ait pas la couleur du sang, devenez le héros qui sauvera votre vie et celle des autres.”

Alors, en cette fin d’année, choisissez de célébrer la vie. Suivez-nous sur les réseaux sociaux, partagez ce message et engagez-vous pour que Décembre Orange ne soit plus synonyme de tragédie, mais d’espoir.

Bonne fête à tous et roulons prudemment !

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GabonOpinionSanté

Les personnes handicapées physiques et cognitives, les rejetés de la société?

Il y a quelques mois, se faisait le recensement des personnes vivant avec un handicap.
J’y suis allée, après avoir consulté un professionnel de santé mentale pour me rassurer, car, sous d’autres cieux, je suis censée être prise en charge par l’État et recevoir des allocations. Ehhhh ! J’ai rêvé loin, oh !

J’y vais, je sens que, oh, on se moque même de moi, des professionnels qui sont censés me mettre en confiance.

Selon handicap.paris, une personne handicapée est une personne qui présente des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à sa pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.
Il y a plus de handicapés au Gabon qu’on le pense.

Parlons des handicapés physiques, eux qui ont normalement besoin d’assistance physique et morale, ne reçoivent que 75 000 F par an ! Dans un pays où tu ne peux vraiment vivre avec cette somme par mois. Que sont-ils censés faire avec cette somme ? C’est pour manger de l’alloco ?
Nous sommes décidément les rejetés de la société, les gens qu’on ne calcule pas, ceux qui ne méritent pas plus d’attention que ça !

Je vais dire une chose choquante, mais j’aurais aimé être handicapée physique pour qu’on me prenne au sérieux, qu’on m’écoute, qu’on comprenne mes difficultés, mais hélas…

Bref, j’espère sincèrement que les choses iront mieux petit à petit, sinon, on va se battre pour ça. On n’aura pas d’autre choix.

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GabonOpinion

Le mariage coutumier au Gabon : une tradition qui nous définit

« Mariez-vous à la coutume. Si bien évidemment, vous respectez les traditions. Chez nous, si tu n’as pas doté une femme, il y a beaucoup de conséquences. ». Cette phrase résonne profondément dans nos réalités africaines et, plus précisément, dans la culture gabonaise.

Elle nous rappelle que le mariage coutumier n’est pas qu’une simple formalité. C’est une cérémonie riche en symboles, un pont entre les familles, et une véritable affirmation de notre identité culturelle.

Qu’est-ce que le mariage coutumier ?

Au Gabon, comme dans de nombreux pays africains, le mariage coutumier est un acte profondément enraciné dans nos traditions. Ce n’est pas qu’une simple rencontre festive entre deux familles : c’est un rituel qui scelle des alliances et qui confère au couple une légitimité aux yeux de la société et des ancêtres. Il repose principalement sur la dot, qui symbolise l’engagement et le respect de l’homme envers la famille de sa future épouse.

La valeur symbolique de la dot

La dot est souvent mal comprise ou mal interprétée, surtout à l’ère de la modernité. Certains la perçoivent comme une transaction financière ou une vente de la femme. En réalité, dans la culture gabonaise, elle est tout sauf cela. La dot est un symbole d’honneur et de reconnaissance. Elle témoigne de la capacité de l’homme à assumer ses responsabilités et à prendre soin de sa famille.

Ne pas doter une femme peut être perçu comme un manque de respect envers ses parents et ses ancêtres. Cela peut aussi entraîner des conséquences : l’homme peut se voir refuser certains droits, comme la reconnaissance officielle de ses enfants par la belle-famille ou l’accès à certains rituels, notamment en cas de décès. Après, certains veulent en faire un business, alors que de base, la dot servait à garantir un équilibre dans les unions. Par exemple, la dot d’une femme permettait souvent à son frère ou à un autre membre de la famille de se marier à son tour.

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Un mariage qui transcende les individus

Contrairement au mariage civil ou religieux, le mariage coutumier ne concerne pas seulement les époux. Il unit deux familles, deux clans, et parfois deux villages. Les cérémonies varient selon les ethnies (Fang, Myènè, Kota, Punu, etc.), mais elles partagent toutes le même objectif : renforcer les liens sociaux et assurer la cohésion entre les familles.

Chez les Fang, par exemple, la dot est accompagnée de rituels qui impliquent les ancêtres, afin de bénir l’union. Chez les Myènè, le mariage est souvent marqué par des chants et des danses qui célèbrent l’arrivée d’un nouveau membre dans la communauté. Ces pratiques rappellent que le mariage coutumier est un moment sacré qui dépasse les simples considérations matérielles.

L’aspect légal : encadrer la tradition

Au Gabon, le gouvernement reconnaît l’importance du mariage coutumier. Mais pour qu’il soit légalement reconnu, il doit être enregistré auprès des autorités civiles. Cet enregistrement garantit que les droits des époux sont protégés, notamment en cas de succession ou de litige. Le mariage coutumier au Gabon est encadré par la loi n°045/2020 du 22 décembre 2020, qui reconnaît légalement cette pratique traditionnelle. Cette législation abroge la loi n°20/63 du 31 mai 1963, qui interdisait la dot.

Selon la nouvelle loi, le mariage coutumier concerne uniquement les unions entre deux personnes de sexes différents, dont la femme est nécessairement gabonaise. La dot, élément central de ce type d’union, ne doit pas faire l’objet de spéculation, et son montant est plafonné à 1,5 million de francs CFA. Toutefois, les familles peuvent, si elles le souhaitent, convenir d’un montant inférieur.

En outre, pour éviter les abus, des lois ont été instaurées pour plafonner le montant des dots. Ces lois visent à préserver l’esprit originel du mariage coutumier, qui repose sur l’honneur et la symbolique, et non sur des exigences financières démesurées. Parce qu’on connaît nos familles, hein, il y en a pour qui la dot est devenue un véritable business. Si l’application de ces lois devient stricte, je vous assure, certaines familles vont protester fort, en disant : « Koh ma fille a fait l’école, elle vaut plus que ça ». Au pire, donnez ce que vous voulez, tant que c’est dans vos moyens. Honorez vos bodes.

Le mariage coutumier : un reflet de notre identité africaine

En tant qu’Africains, et plus encore en tant que Gabonais, le mariage coutumier est une part essentielle de notre identité. Dans un monde où la modernité tend parfois à effacer nos traditions, le respect de ces rituels nous permet de rester connectés à nos racines.

Cela ne signifie pas rejeter le mariage civil ou religieux. Ces formes d’union ont aussi leur importance. Mais il est essentiel de ne pas oublier que, pour nous, Africains, le mariage coutumier est le premier acte qui donne du sens à l’union. Il n’est pas question de modernité ou de passéisme, mais de respect des valeurs qui font de nous ce que nous sommes.

Se marier à la coutume, c’est bien plus qu’un geste symbolique. C’est une manière d’affirmer notre appartenance à une culture riche et unique. C’est honorer nos ancêtres, respecter nos familles, et bâtir des alliances solides.

Alors oui, marions-nous à la coutume, respectons les traditions. Et, tant qu’à faire, respectons aussi les lois, pour que l’héritage culturel ne se transforme pas en commerce familial. Parce qu’au Gabon, comme ailleurs en Afrique, ce geste n’est pas juste une formalité. C’est un acte de foi en notre héritage culturel, un pilier qui nous unit et qui nous définit.

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GabonOpinion

Sortir après minuit pour chercher de l’eau : entre soif et coupe gratuite

Dans mon quartier, l’eau est un luxe réservé aux courageux de la nuit. La SEEG a décrété que c’est après minuit que les robinets daignent couler. Pour éviter que ma famille ne manque de cette ressource essentielle, je dois braver le couvre-feu, marcher dans des rues sombres et prier pour rentrer entier.

Je ne fais pas ça par plaisir. Ce n’est pas un choix, c’est une nécessité. Sans eau, il n’y a pas de douche pour commencer la journée, pas de linge propre, pas de repas cuisiné. Imaginez un élève qui doit affronter les cours avec des vêtements sales ou un visage non rincé, faute d’eau disponible. Ce n’est pas seulement humiliant, c’est révoltant.

Pourtant, le vrai cauchemar ne se limite pas au manque d’eau. Il commence quand je croise les agents en tenue. Leur rôle devrait être de nous protéger, mais ils préfèrent distribuer des “coupes gratuites” pour “discipliner” les retardataires de la nuit. Une lame pour tout un groupe, sans aucune mesure d’hygiène. Résultat : des blessures, des infections potentielles et un profond sentiment d’humiliation.

Ces agents, formés pour défendre l’ordre, se transforment en bourreaux. Ce ne sont pas juste des actes d’abus, c’est un système qui écrase ceux qu’il est censé protéger. Et le pire ? Leur impunité. Que ce soit avant ou après la Transition, rien ne change. Ils agissent en toute liberté, comme si nos vies ne valaient rien.

Ce qui rend la situation encore plus absurde, c’est que ces coupures d’eau, comme celles d’électricité, étaient censées appartenir au passé. En octobre, on nous avait promis la fin de ces privations. Pourtant, dans nos foyers, l’eau et le courant jouent toujours à cache-cache. Parfois, on reste dans le noir, se demandant si la coupure durera des minutes, des heures ou des jours.

Et que dire des risques sanitaires liés à ce chaos ? Entre la rareté de l’eau propre et les infections provoquées par ces “coupes gratuites”, c’est toute une population exposée. Les hôpitaux, déjà saturés, n’ont pas besoin de ces nouveaux “patients” fabriqués par des pratiques barbares.

Comment accepter qu’en 2024, dans un pays qui parle d’émergence, nous soyons encore réduits à de telles conditions ? Nos dirigeants promettent des changements, mais sur le terrain, la réalité est tout autre. L’eau, le courant et la dignité des citoyens sont systématiquement coupés, sans explication ni solution durable.

Ce qui choque encore plus, c’est le silence face à ces abus. Où sont les sanctions pour ces agents ? Où sont les politiques publiques pour améliorer la distribution de l’eau ? Pourquoi cette impunité continue-t-elle de régner ?

Certains habitants s’organisent malgré tout : groupes de veille, réservoirs collectifs, plaintes adressées aux autorités locales. Mais ces initiatives ne suffisent pas sans un réel soutien de l’État. Des solutions simples existent pourtant :

1- Réorganiser les horaires de distribution d’eau pour éviter les sorties nocturnes.

1- Installer des citernes communautaires accessibles en permanence.

3- Renforcer les mécanismes de contrôle pour mettre fin aux abus des forces de l’ordre.

Il est temps de cesser de normaliser l’inacceptable. Ces pratiques doivent cesser, et pour cela, il faut que les habitants s’unissent, témoignent et réclament leurs droits. Parce qu’en fin de compte, ce ne sont pas seulement les coupures d’eau et de courant qui nous touchent. Ce sont nos vies, nos rêves et notre dignité qui sont en jeu.

Dans ce chaos, je vais encore sortir ce soir, comme tant d’autres. Peut-être que cette fois, je reviendrai avec de l’eau. Peut-être même avec mes cheveux. Mais jusqu’à quand devrons-nous vivre ainsi ?

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GabonOpinionSociété

Refuser de faire l’apologie de la bêtise : est-ce imposer une pensée unique ?

Avant tout, ce que je vais dire n’engage que moi. Ce que je considère comme de la bêtise peut très bien être vu différemment par d’autres. Néanmoins, comme c’est moi qui écris cet article, je me réserve le droit de partager mon point de vue. Si quelqu’un n’est pas d’accord, il peut très bien prendre son téléphone, écrire à son tour et défendre sa position.

Cela dit, est-ce vraiment imposer une pensée unique que de refuser de cautionner ce qui semble absurde ou nuisible ? Je pense que non, et voici pourquoi.

Refuser la bêtise, ce n’est pas attaquer la liberté

Nous vivons dans un monde où chacun est libre de s’exprimer, mais cette liberté n’est pas un permis pour dire ou faire n’importe quoi. Par exemple, si quelqu’un affirme que sauter d’un pont sans parachute est sans risque, je dirais que cette idée est dangereuse, voire stupide. Mais cela ne veut pas dire que j’empêche cette personne de s’exprimer. Je dis simplement que, dans l’intérêt commun, nous ne devons pas valoriser ce genre de discours.

L’argumentation, un exercice exigeant

Pour qu’une idée soit prise au sérieux, il faut qu’elle repose sur une argumentation solide. Et l’argumentation, attention, roulement de tambours, demande de la logique et des arguments. Ces arguments doivent être basés sur des faits ou des hypothèses résultant d’analyses sérieuses, et non sur des émotions ou des croyances non vérifiées. Refuser de débattre avec des idées dépourvues de ce socle, ce n’est pas imposer une pensée unique, c’est simplement élever le niveau du dialogue.

Limiter la propagation des idées nuisibles

Un exemple concret de cette logique est le « cordon sanitaire médiatique » en Belgique francophone. Ce principe consiste à limiter la couverture médiatique des partis d’extrême droite afin de ne pas leur offrir une plateforme pour propager des idées jugées nuisibles, telles que la haine, la discrimination ou le racisme. Ce n’est pas une atteinte à leur liberté d’expression : ils ont le droit de parler, mais la société a aussi le droit de choisir de ne pas amplifier leur message.

Grâce à ce genre de décision, certaines idées extrêmes n’atteignent pas le grand public, réduisant ainsi leur capacité à diviser ou à nuire. Ce n’est pas imposer une pensée unique, c’est protéger les valeurs de respect et de vivre ensemble qui permettent à une société de prospérer.

Accepter les débats, mais sur des bases solides

Refuser de soutenir des idées absurdes ou nuisibles, ce n’est pas fermer le débat. Au contraire, c’est poser des bases saines pour discuter. La bêtise, c’est souvent le refus de réfléchir, de vérifier les faits ou d’écouter les avis des autres. En disant « non » à cela, on n’impose pas une pensée unique. On demande juste un minimum de rigueur et de bon sens.

Protéger le collectif contre les dérives

Certaines idées peuvent avoir des conséquences graves pour tout le monde. Dire que de telles idées n’ont pas leur place dans les médias ou les débats publics, ce n’est pas imposer une dictature de la pensée. C’est protéger le bien-être collectif. Refuser la bêtise, c’est aussi éviter qu’elle devienne la norme.

La fermeté n’est pas synonyme de dictature

Être ferme face à certaines idées, ce n’est pas étouffer la liberté d’expression. Une dictature impose le silence ; un débat sain encourage les échanges d’idées. Mais ces idées doivent être réfléchies et constructives, pas des provocations gratuites ou des absurdités.

Refuser de faire l’apologie de la bêtise, ce n’est pas imposer une pensée unique. C’est plutôt un acte de responsabilité. C’est dire : « Oui, tu as le droit de t’exprimer, mais moi aussi j’ai le droit de dire que ton idée est mauvaise. » En fin de compte, chacun est libre de penser, d’écrire et de débattre, mais la bêtise n’a pas à être célébrée ni glorifiée.

Et si tu n’es pas d’accord, tu sais quoi faire : prends ton téléphone, écris, et surtout… n’oublie pas les faits et les analyses sérieuses. Le débat mérite d’être intelligent.

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GabonOpinion

Quand la justice abandonne ses filles et ses fils : le cri de douleur d’un Gabonais

Aujourd’hui encore, une nouvelle déchirante est tombée, réveillant la colère et l’impuissance que tant de Gabonais ressentent face à l’injustice. Le tribunal de Karabük, en Turquie, a acquitté l’unique accusé du meurtre de Jeannah « Dina » Danys Dinabongho Ibouanga, cette jeune étudiante de 17 ans. Pour nous, Gabonais, c’est une blessure de plus, une preuve supplémentaire que nos vies semblent peser bien peu.

Dina, Michaela, Kech… Ce sont des noms qui nous hantent. Des noms que la justice semble vouloir effacer. Dina était partie chercher un avenir meilleur, Michaela voulait juste vivre, Kech était là, comme nous, espérant simplement exister. Mais tous ont été brisés, et nous restons, démunis, face à un mur de silence.

Dina, une jeunesse volée

Dina avait 17 ans. Elle était pleine de vie et de rêves. Mais une nuit de mars 2023, tout s’est arrêté. Retrouvée sans vie dans une rivière, après avoir été vue courant pieds nus dans les rues, probablement terrorisée. Et malgré les éléments troublants – des vidéos de surveillance, des messages de harcèlement –, rien n’a été fait pour lui rendre justice. Le tribunal a acquitté le seul accusé. Pourquoi ? Comment peut-on expliquer cela à sa famille, à ses proches, à nous tous ?

Michaela Dorothée Ngoua, une autre vie arrachée

En août 2023, c’était Michaela. 18 ans. Retrouvée morte près de l’échangeur de l’ancienne RTG, dénudée, abandonnée comme un vulgaire objet. Elle n’était qu’une jeune fille. Mais dans un Gabon où les disparitions non élucidées se multiplient, sa mort a été engloutie par le silence. Michaela, comme Dina, nous rappelle que nos filles sont abandonnées, que leurs cris restent sans écho.

Kech Eboro, un homme oublié

Puis il y a Kech. Un homme. Un fils, un frère, un ami. Retrouvé mort, lui aussi, dans des circonstances troubles. Et comme pour les autres, aucune réponse. Combien d’autres Kech, Michaela, Dina faudra-t-il avant que nous disions assez ?

Les Gabonais de l’étranger, des vies en sursis

Pour nous qui vivons à l’étranger, le combat est double. Nous quittons notre terre pour étudier, pour travailler, pour réver. Mais souvent, nous devenons des cibles. Dina était une jeune fille noire dans un pays étranger. Elle a été victime de harcèlement, de racisme, de violences. Combien d’autres Gabonais subissent des injustices sans que personne n’en parle ?

Le silence est complice. Ce silence qui entoure Dina, Michaela, Kech, et tant d’autres, est insupportable. Mais nous refusons de nous taire. Nous refusons d’oublier. Car oublier, ce serait leur faire violence une deuxième fois.

Pour Dina. Pour Michaela. Pour Kech. Et pour tous ceux que nous avons perdus. Nous ne vous oublierons jamais.

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