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Quand le pouvoir rabote l’expertise : compromis, économies et désastre pour les citoyens

L’expertise, lorsqu’elle est authentique, est censée garantir la qualité et la viabilité des décisions prises. Un ingénieur conçoit une route en intégrant des caniveaux pour éviter les inondations et l’érosion. Un économiste élabore un budget en tenant compte des réalités financières pour assurer la pérennité d’un projet.

Un expert en urbanisme propose des infrastructures adaptées aux besoins de la population. Mais dans un système où le pouvoir prime sur la compétence, ces considérations sont souvent sacrifiées sur l’autel des économies, des intérêts personnels et du désir de plaire.

Un phénomène récurrent dans la gestion publique est le rabotage des projets par les décideurs politiques. Un plan technique est validé, mais au moment de son exécution, des coupes budgétaires sont imposées sous prétexte de rationalisation des coûts. Là où l’expert aurait dû défendre l’intégrité de son travail, il se tait, ferme les yeux et accepte les compromis imposés par le sommet.

Le cas de la route sans caniveaux est un exemple parlant. L’ingénieur sait qu’en l’absence d’un système d’évacuation des eaux, les pluies finiront par endommager l’ouvrage. Mais le politique, soucieux d’économiser – et parfois d’empocher une part du budget –, décide que cette dépense est superflue. L’expert, au lieu d’expliquer que ce choix compromet la durabilité de l’infrastructure et mettra en danger les riverains, acquiesce. Il exécute, sachant pertinemment que quelques mois plus tard, les habitants subiront les conséquences de cette décision absurde.

Le même schéma se répète dans d’autres secteurs. Un économiste pourrait dénoncer une réforme budgétaire incohérente, mais il choisira de justifier l’impossible. Un expert en santé publique pourrait alerter sur des choix dangereux pour la population, mais il préfèrera éviter de contrarier le sommet. Le résultat est toujours le même : des décisions prises à l’aveugle, un travail bâclé, et un impact direct sur la vie des citoyens.

L’ironie de cette corruption de l’expertise, c’est que ceux qui acceptent ces compromissions en paient aussi le prix. L’ingénieur qui a validé une route mal conçue sera le premier pointé du doigt lorsque l’ouvrage s’effondrera. L’économiste qui a cautionné une mesure désastreuse sera jugé incompétent lorsque les caisses se videront. Il pourrait passer de génie économique à génie de la forêt.

Mais entre-temps, les décideurs, eux, auront déjà avancé à un autre poste, laissant derrière eux un champ de ruines et des experts devenus les boucs émissaires d’un système qu’ils n’ont pas osé affronter.

Cette soumission de l’expertise au pouvoir a un coût humain. Lorsqu’un pont s’écroule, ce sont des vies qui sont en jeu. Lorsqu’un budget est mal géré, c’est la population qui subit les conséquences économiques. Lorsqu’un hôpital est construit sans équipement adéquat, ce sont des malades qui meurent faute de soins adaptés. Derrière chaque compromis, chaque coupure budgétaire arbitraire, chaque renoncement à la rigueur, il y a des conséquences bien réelles pour le quotidien des citoyens.

Un expert qui accepte d’être une simple courroie de transmission du pouvoir ne trahit pas seulement sa profession, il trahit son propre rôle dans la société. Car au final, lui aussi vit dans ce pays, utilise ces infrastructures, dépend de ces services publics. Fermer les yeux aujourd’hui, c’est condamner tout un pays – et soi-même – à subir les erreurs de demain.

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Le cercle du pouvoir : les chuchoteurs, les pions et les revenants

La politique gabonaise est un théâtre où se jouent des drames bien connus, mais souvent mal compris. Si l’on se focalise sur le chef, on oublie qu’il n’est pas seul à la barre. Autour de lui, il y a ceux qui murmurent, ceux qui exécutent et ceux qui, après avoir été mis de côté, reviennent avec un discours révolutionnaire.

Les chuchoteurs : maîtres du jeu dans l’ombre

Derrière chaque décision présidentielle, il y a un cercle restreint d’individus qui influencent les orientations du pouvoir. Ce ne sont pas forcément des ministres ou des figures publiques, mais ce sont eux qui, en coulisses, tirent les ficelles. Ce sont eux qui soufflent des idées à l’oreille du chef, qui orientent ses choix, qui déterminent qui reste et qui saute.

Et personne ne les aime !

Pourquoi ? Parce qu’ils ne se battent pas pour le bien du pays, mais pour la préservation de leur propre influence. Leur devise : la fin justifie les moyens. Ils n’ont pas d’idéologie propre, si ce n’est celle qui leur permet de rester au sommet. Ce sont eux qui dressent le chef contre certains de ses alliés, qui manipulent les conflits internes pour garder la main. Et souvent, le chef finit par préférer leurs chuchotements aux cris du peuple.

Les pions jetables : loyaux, mais remplaçables

Ceux qui sont en première ligne du pouvoir, les ministres, les directeurs, les cadres du parti, ne sont en réalité que des pions. Ils reçoivent des ordres qu’ils ne contestent pas toujours, mais ils savent qu’ils ne sont pas intouchables. Leur destin dépend de l’humeur du chef et, surtout, des intérêts des chuchoteurs.

Dans l’histoire politique récente du Gabon, on a vu ces jeux d’influence mener à des tensions internes. Des figures qui pensaient être solidement ancrées dans le système ont été écartées sans ménagement. Certains, piqués dans leur orgueil, se sont alors transformés en opposants acharnés.

Les revenants : la revanche des frustrés

Le phénomène est récurrent. Ceux qui ont longtemps profité du système, mais qui ont fini par en être exclus, découvrent soudainement les vertus de la démocratie, de la transparence et du bien-être du peuple. Avant, ils étaient muets sur les abus du régime. Mais dès qu’ils perdent leurs privilèges, ils dénoncent l’injustice, l’autoritarisme et le clientélisme.

Beaucoup d’opposants ces dernières années ne sont en réalité que des exilés du pouvoir, frustrés d’avoir été mis de côté. Leur combat n’est pas toujours idéologique, mais souvent personnel : ils veulent récupérer leur place. C’est à ce moment-là qu’ils deviennent de fervents défenseurs du peuple et qu’ils veulent rompre avec l’ancien régime… auquel ils ont pourtant appartenu.

La responsabilité du chef : entre populisme et argent

Il serait injuste de ne blâmer que l’entourage. Le chef, lui aussi, a sa part de responsabilité.Ce qui a affaibli les dirigeants gabonais, ce n’est pas leur manque d’idées. Certains avaient même des ambitions réelles pour le pays. Mais à force d’écouter les mauvaises personnes, à force d’aimer les chuchotements plus que la vérité, ils ont perdu pied.

Ensuite, il y a l’attrait du populisme et de l’argent. Gouverner, ce n’est pas seulement plaire à la population en lançant des promesses grandiloquentes. C’est aussi prendre des décisions impopulaires, mais nécessaires. Beaucoup de chefs ont préféré les discours flatteurs aux réformes courageuses. Et c’est ainsi qu’ils se sont enfermés dans un cercle vicieux où l’argent et le pouvoir ont pris le pas sur le bien commun.

Un cycle sans fin ?

La politique gabonaise fonctionne comme une boucle. Les mêmes dynamiques se répètent : un chef s’entoure de chuchoteurs, écarte certains pions, voit des frustrés rejoindre l’opposition, puis finit par tomber à son tour.

Ce qui devait être un combat d’idées se transforme alors en une lutte d’influences, où l’objectif principal n’est pas d’améliorer le quotidien des citoyens, mais de contrôler les leviers du pouvoir. Pendant ce temps, le peuple, lui, reste spectateur d’un jeu qui ne change jamais vraiment les règles.

Mais est-ce une fatalité ? Faut-il accepter que la politique gabonaise soit condamnée à ce schéma immuable ? Rien n’est écrit d’avance. Si un jour l’intérêt collectif prend réellement le dessus sur les jeux d’ego et de pouvoir, alors peut-être que cette boucle pourra enfin être brisée. Mais pour cela, encore faut-il que ceux qui dirigent, comme ceux qui aspirent à diriger, aient le courage de choisir le peuple plutôt que leur propre survie politique.

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GabonOpinionPrésidentielles2025Société

Les “bœufs votants” reprennent du service !

La campagne présidentielle est lancée, et avec elle, une tradition aussi vieille que les promesses non tenues : le retour triomphal des “bœufs votants”. Ces électeurs professionnels, capables d’acclamer un candidat le matin et son adversaire l’après-midi, sont de nouveau sur le terrain, prêts à jouer leur rôle dans le grand cirque électoral.

Le scénario est bien huilé. Des bus réquisitionnés, des minibus bondés, des foules déversées sur les lieux de meetings où elles feignent une ferveur débordante. On applaudit, on danse, on scande des slogans à s’en casser la voix. Et demain ? Même scénario, autre candidat. Parce qu’au fond, peu importe qui parle, du moment que les billets tombent et que les sandwiches sont bien garnis.

Cette mascarade donne lieu à des situations cocasses. Certains “militants” zélés enchaînent les meetings jusqu’à l’épuisement, oubliant parfois pour qui ils étaient censés manifester la veille. D’autres, moins discrets, n’hésitent pas à arborer des t-shirts de différents partis, parfois en superposition, prêts à les retourner au gré des besoins.

Et bien sûr, les organisateurs de meetings rivalisent d’ingéniosité pour attirer ces soldats de la figuration. Billets de banque glissés à la va-vite, sacs de riz promis pour les plus fidèles, voire, pour les “VIP” de la manipulation électorale, un petit poste de conseiller décoratif après la victoire.

Le problème, c’est que cette agitation cache un vide abyssal. Quand on gratte un peu, on se rend compte que ces rassemblements ne sont pas le reflet d’un engouement populaire, mais plutôt d’une industrie de la mobilisation financée à coup de billets et de promesses en carton. La démocratie ? Elle attend sagement son tour, coincée entre deux meetings et un chargement de tee-shirts flambant neufs.

Alors, que restera-t-il après la fête ? Une montagne de casquettes abandonnées, des affiches arrachées et une population qui, elle, continuera de subir les conséquences des choix qu’elle n’aura pas réellement faits. Mais d’ici là, que le spectacle continue ! Et surtout, n’oubliez pas : aujourd’hui, on crie pour un tel, demain pour un autre. L’important, c’est que le bus soit à l’heure.

L’objectif c’est c’est d’avoir le “gombo” de la campagne. On doit manger à toutes les tables, on en oublie même que c’est l’avenir de notre pays et le nôtre qui sont en jeu. POUR VOUS QUOI ? MAKAYA !!!

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Les viols dans l’église : faut-il se taire ?

J’écris cet article, en essayant de mettre mes émotions de côté, ce n’est pas un simple article, c’est une lettre ouverte, c’est un témoignage, c’est un récit personnel, c’est un ensemble de conseils.

Pendant longtemps j’ai considéré l’église comme un lieu de repos. Je n’ai d’ailleurs cessé de le répéter à une certaine période de ma vie. L’église était mon échappatoire, ce lieu où je me sentais un peu en sécurité, enfin, ça c’était au début.

Pendant longtemps, j’ai considéré l’Église comme un lieu de repos. Je n’ai d’ailleurs cessé de le répéter à une certaine période de ma vie. L’Église était mon échappatoire, ce lieu où je me sentais un peu en sécurité. Enfin… ça, c’était au début.

Parce qu’il faut le dire, une fois que tu commences des activités, que tu fréquentes d’autres jeunes d’autres églises de la même congrégation, que tu te mets à faire des prestations, ta santé mentale risque de prendre un coup.

On était une famille. On nous répète cela à longueur de journée. On est le corps du Christ, on est la représentation de l’amour de Dieu sur terre… Mais pourquoi suis-je tombée encore plus malade à vos côtés ? Au total, j’ai subi trois viols et deux agressions sexuelles au sein de ma belle Église.

Je peux parler d’agressions commises par X ou Y pour sensibiliser, mais il est temps que je parle de moi. Que ce soit celui que j’appelais affectueusement “papa” ou celui à qui j’avais confié mes traumatismes mais qui n’a pas hésité à les répéter… Tout ceci s’est passé au sein du corps du Christ. Je ne vais pas entrer dans les détails, c’était une introduction, mdr.

longueur de journée. On est le corps du Christ, on est la représentation de l’amour de Dieu sur terre… Mais pourquoi suis-je tombée encore plus malade à vos côtés ? Au total, j’ai subi trois viols et deux agressions sexuelles au sein de ma belle Église.

Énormément de jeunes femmes et d’hommes sont abusés psychologiquement et sexuellement, jour après jour, dans les Églises. Mais ils ne savent pas comment le dire. Parce que soit on ne les croira pas, soit on les isolera. Par exemple, quand j’ai essayé de parler de ma situation, elle a appelé l’agresseur pour qu’il “donne sa version”. Alors qu’à cet instant, j’avais besoin qu’on m’écoute, qu’on m’aide, pas qu’on m’expose.

Bien sûr, le concerné est revenu m’écrire par la suite. Ça m’a énormément traumatisée. Beaucoup de personnes subissent ces choses. Mais dites-vous que c’est devenu tellement normal, tellement monnaie courante, que tout le monde essaie de faire comprendre aux victimes que ce n’est rien, qu’il n’y a rien de grave… Par exemple, quand j’ai raconté à mon ex-meilleur ami de l’époque ce que l’un de ses frères m’avait fait, il m’a simplement dit que “c’était la vie” et que c’était “un passage obligatoire pour toutes les femmes”.

Je tiens à rappeler qu’il ne s’agit que de chrétiens.Il y a des groupes WhatsApp où circulent des vidéos et des photos de jeunes sœurs en Christ en plein acte sexuel ou non. Il y a des “plans” qui se montent, des discussions dégradantes qui ont lieu…C’est ainsi que, en fouillant le téléphone de l’un d’eux, j’ai découvert un groupe WhatsApp où mes frères en Christ préméditaient de coucher avec moi à tour de rôle, de filmer, puis de se partager les vidéos. Dieu merci, j’ai vu ces messages à temps, car je ne sais pas comment ils auraient procédé pour arriver à leurs fins.

Les jeunes filles sont en danger dans les Églises, parce qu’on nous prêche l’obsession du mariage. Elles deviennent tellement matrixées par cette idée que, au final, il suffit qu’un frère en Christ leur dise qu’il va les épouser pour qu’elles se donnent facilement.

J’ai mis du temps à m’en remettre. Il m’a fallu des années pour recommencer à avoir une sexualité normale. Et je pense que, même si on n’a pas la force de citer des noms ou des congrégations, on devrait libérer la parole pour que les victimes s’expriment. Vous n’êtes pas seules. Je suis des vôtres.

Je n’ai rien précisé, ni cité, car aujourd’hui j’ai supprimé toutes les preuves et je ne suis pas capable de prouver ces choses.

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CommunicationGabonPolitique

Monsieur le Président, il va falloir conjuguer autrement…

Il y a des habitudes qu’on adopte sans trop y penser. Des tics de langage, des façons de s’exprimer qui, au fil du temps, finissent par dire plus sur nous que ce qu’on voudrait bien laisser transparaître. Vous, Monsieur le Président, avez un faible pour le “Je”. Un “Je” appuyé, omniprésent, indéboulonnable.

C’est “Je” qui a lancé ce projet. C’est “Je” qui a décidé d’augmenter les salaires. C’est “Je” qui a financé la réhabilitation de cet hôpital. C’est “Je” qui a offert cette enveloppe aux étudiants en difficulté.

Un “Je” qui s’infiltre partout, comme un refrain entêtant. Sauf qu’ici, ce n’est pas une chanson, c’est une gouvernance. Et il y a un problème.

L’État, ce n’est pas vous.

Que l’on s’entende bien : nul ne conteste votre rôle de chef d’orchestre de cette transition. Vous êtes celui qui donne le tempo, qui impulse les décisions. Mais derrière chaque mesure, chaque action, chaque avancée, il y a des ministres, des techniciens, des fonctionnaires, des forces vives qui œuvrent, qui exécutent, qui traduisent vos orientations en actes concrets.

Alors pourquoi les effacer ? Pourquoi donner cette impression que l’État se résume à votre personne ? Ce pays n’est pas une start-up où l’on glorifie le “self-made-man” aux décisions visionnaires. C’est une République, avec des institutions, une administration et des moyens qui appartiennent à tous.

Quand vous octroyez une aide financière, ce n’est pas une donation personnelle, c’est de l’argent public. Quand vous inaugurez un projet, ce n’est pas le fruit de votre seule générosité, c’est un processus collectif financé par l’impôt des citoyens.

Le “Je” confisque, le “Nous” rassemble.

Votre insistance à tout personnaliser finit par dessiner un portrait qui ne joue pas forcément en votre faveur.

Au sein de votre équipe, certains doivent commencer à ressentir un léger agacement. Travailler dans l’ombre, se démener, et voir, au final, toutes les réalisations estampillées d’un “Je” exclusif… Ça finit par créer du ressentiment. Et à long terme, cela peut miner la cohésion de votre entourage.

Quant aux citoyens, le message qu’ils reçoivent est biaisé. Ce culte du “Je” donne l’impression d’un chef solitaire, d’un pouvoir centralisé, d’une gouvernance où le collectif s’efface devant une seule figure.

À l’international aussi, l’image peut être mal perçue. Les partenaires étrangers, toujours attentifs aux signaux de personnalisation excessive du pouvoir, pourraient y voir un excès d’ego, une dérive vers un autoritarisme feutré. L’histoire africaine regorge de leaders qui, à force de tout ramener à eux, ont fini par confondre leur destin personnel avec celui de leur pays. Or, la transition a été portée sur la promesse d’un renouveau.

Médias training en urgence : insérer “Nous” dans le discours

Monsieur le Président, il est encore temps de corriger le tir. Vos collaborateurs doivent être mis en avant. Il faut valoriser le travail d’équipe, montrer que la transition est l’œuvre d’un ensemble et non d’un seul homme.

Un bon exercice serait de reprendre vos derniers discours et de remplacer chaque “Je” par un “Nous”. Vous verrez : c’est plus rassembleur, plus humble, plus efficace.

En politique, les mots ne sont pas anodins. Ils construisent une perception. Et si vous voulez que l’histoire retienne que cette transition a été une œuvre collective, il faut commencer dès maintenant à le dire.

Alors, Monsieur le Président, la prochaine fois que vous prendrez la parole, essayez : “Nous avons décidé”, “Nous avons fait”, “Nous avons œuvré”.

Vous verrez, ça sonne bien aussi.

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CommunicationGabonOpinion

La ponctualité au Gabon : une option, jamais une obligation ?

Au Gabon, arriver en retard est souvent perçu comme un simple détail, un trait culturel presque attachant. “On est Gabonais” devient l’excuse passe-partout qui transforme un manque de respect en une norme sociale. Mais soyons sérieux : depuis quand la nationalité est une justification pour ne pas honorer la parole donnée ?

Le retard systématique n’est pas une fatalité, encore moins une fierté. C’est un poison insidieux qui gangrène aussi bien le monde du travail que la vie sociale et politique. Pourtant, ce fléau persiste, toléré par une société qui, au lieu d’exiger le respect des horaires, préfère s’adapter à l’indiscipline.

Un retard n’est pas qu’un simple retard. Chaque retard a des conséquences. Ce n’est pas juste “quelques minutes de perdues”, mais un effet domino qui impacte tout un système.

Quand un médecin arrive une heure après son premier rendez-vous, c’est une salle d’attente bondée, des patients frustrés, une chaîne de retard qui s’accumule et un service de santé qui perd en efficacité.

Quand une réunion censée commencer à 9h débute à 11h parce que le “VIP” n’est pas encore arrivé, c’est du temps volé aux employés, un manque à gagner pour l’entreprise et une habitude qui s’ancre, légitimant le non-respect des engagements.

Quand un événement officiel commence deux heures après l’heure prévue sous prétexte que l’autorité attendue “se fait désirer”, c’est un message clair : dans ce pays, le respect du temps est une faveur accordée selon le statut social.

Le manque d’excuses : arrogance ou insouciance ?

L’un des aspects les plus frustrants du retard chronique, c’est l’absence totale de reconnaissance du tort causé. Que ce soit un simple employé, un cadre ou même un ministre, arriver en retard ne devrait jamais être normalisé ni excusé par le “on est au Gabon”. Le minimum, c’est de reconnaître son erreur et de s’excuser. Mais combien le font sincèrement ? Combien comprennent que leur retard a dérangé, désorganisé, voire saboté le planning des autres ?

Et si un chef d’État peut attendre un autre chef d’État pour un sommet international, pourquoi un Gabonais lambda ne pourrait-il pas attendre une heure que son supérieur daigne arriver à une réunion interne ? La réponse est simple : parce que l’exemple vient d’en haut.

Il est temps d’arrêter de glorifier le retard et d’en faire un véritable problème de société. Les entreprises devraient sanctionner les retards répétés. Les institutions publiques devraient donner l’exemple. Et surtout, chaque Gabonais devrait comprendre que respecter l’heure, ce n’est pas être “trop sérieux” ou “trop européen”, c’est juste faire preuve de considération pour les autres.

La vraie question, c’est donc : combien de temps encore allons-nous tolérer l’intolérable ?

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GabonLa Fière TrentenaireSociété

Le Gabon, notre pis-aller.

Il n’y a pas à dire, le Gabonais aime son pays. D’un amour sincère et plein d’entrain. Il a beau s’en plaindre à longueur de journées, mais le patriotisme, au fond de lui, ne lui permettra jamais de s’en détourner trop longtemps.

Je me suis toujours dit ça parce que la plupart des gens que je connais reviennent offrir au pays le meilleur de ce qu’ils ont trouvé ou appris après s’être exilés à l’étranger. Il n’y a qu’à voir comment beaucoup d’anciens de la diaspora, de retour au pays, tentent de participer activement à la vie politique et économique du pays. Pas toujours avec beaucoup de sagesse, mais la plupart créent des business, lancent des initiatives novatrices au bénéfice des Gabonais restés au pays, « à ne rien faire d’autre que sortir tard le soir et dormir toute la journée ».

Parce que oui, c’est comme ça que beaucoup de gens de la diaspora nous voient souvent. Pour eux, on ne sait que groover, se chercher des sugar daddies et s’afficher avec les perruques les plus chères du marché, en gros entretenir une vie de paraître dépourvue de but réel. De la même façon, beaucoup d’entre nous, résidents, les voient comme des arrivistes que le rang social des parents propulse presque toujours au-devant des opportunités, facilitant ainsi leur accès au rêve américain gabonais. Il faut les voir les premiers mois, pleins d’idées, pleins de ressources, mais surtout pleins de hargne. Ils sont partout, partagés entre plusieurs business : locations meublées, restos, salles de pilates, instituts de beauté, e-médias, magazines de bons plans, et j’en passe… Ils ont à peine le temps pour leurs proches qu’ils jugent parfois dangereux pour leur « réussite »… « Au pays, on empoisonne », donc on fait attention… Et plus le temps passe, moins ils sont hargneux. L’envie de réussir n’a pas disparu, mais, au vu des difficultés, le rêve gabonais devient de plus en plus abstrait… Comme beaucoup de rêves, il est souvent de courte durée.

Après avoir connu la discrimination, la solitude, le manque de repères culturels, et parfois même le sentiment d’échec à l’étranger, ils se refusent à le revivre chez eux. Après avoir tenté et réessayé sans que ça marche comme ils l’imaginaient. Après avoir tenté de revendre à 100 000 FCFA un sac de citrons acheté à 100 000 FCFA, pour un bénéfice de 100 %, ils s’ouvrent aux réalités actuelles, à ce qu’ils considéraient comme des facilités à l’époque. Leur enthousiasme initial se transforme en déception. Certains finissent par quitter à nouveau le Gabon, déçus et frustrés. Mais d’autres restent, résignés comme nous tous, parce que de toute façon, le Gabon est un pis-aller, le nôtre.

Vous savez que j’aime bien vous faire découvrir des trucs, non ? Eh bien, pour enrichir votre vocabulaire aujourd’hui, sachez que « pis-aller » est un terme que l’on utilise pour définir ce à quoi l’on se résout, faute de mieux. C’est le haut niveau de la résignation, plus connu au pays comme « on va encore faire comment ? ». On est là, autant rester. On ne va pas retourner à l’étranger et de nouveau subir le racisme ou l’exclusion, payer les impôts… Donc on se laisse aller à ce qu’il y a : corruption, retournement de veste, enchaînement de « petites », grooves, plus de Régab que d’eau, délestages, chômage… On garde un sourire apparent. Mais derrière le sourire et la bonne humeur, on ressent souvent une frustration profonde face aux promesses non tenues, aux opportunités manquées, à la corruption endémique qui ralentit le développement du pays. Puisqu’on ne peut porter haut nos voix (en dehors des périodes électorales), on devient décrypteur d’actualité. On critique tout par tous les moyens dont on dispose : Facebook, Twitter, un Gabonais normal… En attendant de voir le soleil et de finir comme ceux qu’on critiquait jadis, parce que c’est quoi le rêve gabonais, sinon une place à l’ombre des billets ? On attend, on se résigne.

Pourtant, malgré cette résignation apparente, il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont les Gabonais continuent de croire en leur pays (n’en déplaise à la Chronique d’un Pessimiste). Peut-être est-ce cette espérance tenace, cette croyance que demain sera meilleur. Ou peut-être est-ce simplement la force de l’habitude, cette routine qui fait que l’on finit par accepter les choses telles qu’elles sont. Survivre plus que vivre.

Les Gabonais sont des survivants. Ils ont appris à tirer le meilleur de ce qui leur est offert, à faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour surmonter les obstacles, même si ça revient à vendre de la friperie, devenir vineur/tiktokeur, « dealer du mbaki », retourner chez les darons ou se poser en tchiza. Les marchés animés, les lives plus drôles les uns que les autres, les petits commerces familiaux, les initiatives communautaires sont autant de preuves de cette résilience.

Le Gabon possède pourtant tous les atouts pour briller : des ressources naturelles abondantes, une situation géographique stratégique, un peuple talentueux et passionné. Pourtant, malgré ces atouts, le pays peine à décoller véritablement, à sortir de cette spirale de la médiocrité dans laquelle il semble coincé. Pourquoi donc ?

À mon avis (et c’est bien le mien, celui d’une Gabonaise résidente qui se sert de ce dont elle dispose pour dénoncer), c’est parce que ces « richesses » sont gérées en petits groupes, toujours les mêmes noms… Mais on nous jure que le pays change, qu’il évolue, qu’il vit une « transition »… Alors, le Gabonais Normal continue de rêver d’un pays meilleur

Et peut-être, un jour, ce rêve se réalisera.

La Fière Trentenaire 😘

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GabonLa Fière TrentenaireOpinion

La culture gabonaise (du viol).

Vous saviez qu’une fois sur trois (1/3) le « méta » vous obligera à supprimer votre post si vous employez dedans le mot VIOL sans caractère spécial du genre « * », « 0 », un espace ou l’épellation à l’oral ? Si vous n’étiez pas au courant, maintenant vous savez. Le mot « viol » (à force de le répéter aussi souvent, c’est moi qu’on va censurer au final) est quasi interdit sur les réseaux sociaux et d’autres plateformes d’internet.

Selon leurs promoteurs, « le mot “viol” est parfois censuré sur Internet en raison de plusieurs raisons liées à la sensibilité du sujet et aux politiques de modération des plateformes numériques. » Sachant que le viol est un sujet extrêmement sensible et traumatisant, les plateformes en ligne (en particulier les réseaux sociaux) censurent certains termes ou les modèrent de manière stricte pour protéger les utilisateurs, notamment les victimes de violences sexuelles, et éviter de provoquer des réactions négatives ou de la souffrance inutile.

Vu qu’internet en général et les réseaux sociaux en particulier, sont désormais les canaux d’information les plus utilisés chez les moins de 16 ans, il ne faudra pas qu’on s’étonne si d’ici quelques années, plus aucun adulte n’est apte à définir ce terme ou même à nommer l’acte qu’il définit. Cette censure excessive risque de banaliser le problème en le rendant presque invisible dans le discours public, tout en privant les jeunes d’une compréhension adéquate et nécessaire de ce fléau social.

Mais là n’est pas le sujet du jour, même si je pense qu’il était important de rappeler ce fait, aujourd’hui j’ai envie de parler des réactions des familles gabonaises face à ce que j’appellerai « viols internes » tout au long de mon article.

Les « viols internes » désignent ici les cas de violences sexuelles commises au sein même des familles, souvent par des proches tels que des pères, des oncles ou des frères. Ces situations sont particulièrement complexes et délicates à aborder, tant sur le plan émotionnel que social.

Dans de nombreuses familles gabonaises, la culture de la honte et du silence entoure encore trop souvent ce type de violences. Les victimes, souvent des femmes ou des enfants, peuvent se sentir isolées et craintives à l’idée de dénoncer les agresseurs, redoutant les répercussions sur leur réputation et sur celle de leur famille. Cette omerta renforce l’impunité des auteurs et empêche les victimes d’accéder à l’aide et au soutien dont elles ont besoin.

Les réactions des familles face aux viols internes varient considérablement, généralement selon l’importance du membre victime ou même de son bourreau. Selon qu’il s’agisse d’une cousine éloignée ou d’un riche oncle, certaines tentent de minimiser les faits, de les justifier ou de les ignorer, blâmer la victime ou la forcer à se taire espérant que le problème disparaîtra de lui-même.

Combien de fois a-t-on entendu des « vous voulez accuser quelqu’un de viol, or ils ont sans doute juste fait l’amour ensemble » ou des « n’est-ce pas mieux qu’il fasse le désordre dans sa famille plutôt qu’il aille le faire ailleurs où on va l’envoyer en prison ? Vous savez ce que la prison peut faire à un homme ? » sortir de la bouche des chefs de familles censés résoudre des problèmes du genre ?

Récemment, on a tous entendu parler de l’histoire que beaucoup soupçonnaient déjà d’exister dans la famille d’un célèbre homme d’affaires et politique déchu. En regardant l’interview de son ex-femme, j’ai eu froid dans le dos. J’étais partagée entre l’empathie que j’éprouvais pour elle quant aux menaces qu’elle recevait de lui et le dégout que j’avais de l’entendre dire qu’elle a tenté de raisonner sa fille de 13ans en lui disant qu’elle devait arrêter de faire ce qu’elle faisait avec son père.

Comme si l’enfant était selon elle partie prenante volontaire des abus qu’elle subissait de son mari. Je ne vous raconte pas comment ça a été dur d’entendre qu’elle a pris la fuite à l’étranger en laissant sa fille seule à la merci d’un homme aussi violent que puissant… Bref !

Quand certains choisissent la fuite ou le silence, d’autres au contraire, prennent conscience de lagravité de la situation et s’efforcent de soutenir la victime, en l’encourageant à porter plainte et à chercher de l’aide professionnelle. Ceux qui ont le courage de dénoncer sont accusés de vouloir diviser ou jeter l’opprobre sur la famille. Mais, même dans les cas où les familles sont prêtes à agir, elles peuvent se heurter à de nombreux obstacles. La « culture gabonaise » (du viol) en est un.

Cette même culture qui veut que « le linge sale se lave en famille », plus celui qui l’a sali est puissant et plus le linge est sale, moins on doit l’exposer au voisinage. Les traditions et les croyances peuvent perpétuer des attitudes protectrices envers les agresseurs, en invoquant des notions de devoir familial ou de réconciliation… « On est chrétien, on doit pardonner. »
Celui donc, qui se risquera quand-même à dénoncer se frottera souvent à un autre obstacle, le système judiciaire gabonais. Bien que progressant, la justice gabonaise reste encore confrontée à des défis en matière de traitement des affaires de violences sexuelles. On est peu préparés, peu empathiques, les délais de procédure peuvent être longs, les preuves difficiles à rassembler, les pot-de-vin, et les risques de stigmatisation pour les victimes persistent.

On connait tous d’avance les répliques des forces de police « elle était habillée comment aussi ? elle faisait quoi si tard dehors ? » quand une femme tente de déposer une plainte, ou les phrases du style « la faute aux parents, comment on peut laisser un enfant de 2 ans se balader en slip dans la maison sachant qu’il y a un homme adulte là ? » quand il s’agit d’un enfant qu’un malade est venu agressé chez lui…

A force de normaliser le fait qu’un vêtement peut justifier un viol, le silence et les dissimulations, on se rend tous coupables. La génération que nous sommes doit comprendre que la culture du viol passe aussi par le silence à cause de la peur… C’est sans doute dur de le dire ainsi, mais c’est vrai. Je me souviens encore de la vague de haine et toutes les menaces de mort (et de viol, tiens) que j’ai reçues via twitter parce qu’un jour j’ai osé dire qu’une personne adulte qui a été victime d’un pédophile dans son enfance et n’ose pas aujourd’hui dénoncer (même anonymement) cette personne, la laissant poursuivre son travail quotidien avec d’autres enfants se rendait d’une certaine façon coupable de complicité.

C’est aujourd’hui encore mon point de vue. Si plus jeune un oncle avait abusé de moi par exemple, que j’apprenais qu’un jeune membre de ma famille venait à l’accuser et qu’il ne pouvait pas porter sa voix assez haut, pourquoi, maintenant que je suis devenue adulte et que je sais qu’il ne pourra plus me toucher, choisirais-je de garder le silence sur ce que j’ai vécu ? Surtout si je sais que ça peut l’empêcher de le refaire ? Parce que, la culture du viol, c’est bien simple. Bref…

Comme sur le méta, les viols internes sont un sujet tabou dans les familles gabonaises. Ils ont lieu, beaucoup le savent mais très peu osent en parler, très peu osent mettre un nom sur ce que sont les oncles qui dépucellent les enfants de leurs proches, de peur d’être la risée des membres de sa famille. Le bourreau bien connu de beaucoup d’entre nous est souvent malheureusement plus protégé que ses victimes. On ne le punit même pas par une mise à l’écart, obligeant les victimes de violences sexuelles à le côtoyer, pendant les rassemblements familiaux ou d’autres.

Il est bon de noter que les victimes de viols internes peuvent souffrir de traumatismes psychologiques et mêmes physiques à long terme, ce qui nécessite un soutien psychologique et émotionnel adéquat. Si elles ne peuvent trouver ce soutient au sein de leurs familles, vers qui vont-elles se tourner ? Parce qu’on est incapable de répondre correctement à cette question, beaucoup se retrouvent à répéter le schéma. Et ainsi se perpétue la culture gabonaise du viol.

La Fière Trentenaire 😘

Je te dis tout

ÉducationEmploiGabonOpinionSociété

La jalousie professionnelle : quand l’excellence devient une menace

Dans un monde idéal, être compétent, rigoureux et efficace devrait être une source d’inspiration pour les autres. Malheureusement, dans bien des environnements professionnels, exceller attire autant l’admiration que l’animosité.

Vous êtes ce collègue qui arrive à l’heure, qui respecte les délais, qui anticipe les problèmes et propose des solutions. Celui ou celle qui, sans fanfaronnade, fait son travail avec sérieux et constance. Et pourtant, au lieu d’être perçu comme un atout, vous devenez une cible. On vous soupçonne de vouloir “briller”, de chercher à “vous faire voir“, voire de menacer un équilibre invisible où la médiocrité est un refuge confortable.

Et derrière ces regards en biais, ces remarques faussement anodines, ces silences qui en disent long, il y a une injonction silencieuse mais oppressante : “Fais-toi plus discret. Moins visible. Que ta compétence ne nous rappelle pas nos propres limites.”

C’est à chaque fois une invitation à essayer d’être plus silencieux, histoire que la prétendue intelligence se voit moins et cesse donc d’intimider les éventuels vis-à-vis. Ou alors un avertissement à peine voilé : “Ne sois pas surpris si on ne veut plus ou pas du tout de toi.”

Ce conditionnement est insidieux. Il pousse à s’effacer pour ne pas déranger, jusqu’à faire croire que le problème vient de soi alors qu’il est dans le regard des autres. On apprend, souvent trop tôt, que briller dérange. Que trop d’assurance fait peur. Que trop de compétences mettent mal à l’aise. Alors, pour éviter les conflits, on rogne, on lisse, on édulcore. On devient une version atténuée de soi-même, persuadé que c’est la seule façon d’être accepté.

Mais à quel prix ?

Parce qu’à force de plier, on se casse. À force de taire ce qui fait notre force, on finit par ne plus savoir qui on est sans ce filtre d’auto-censure. Et c’est là que le piège se referme : en croyant éviter le rejet, on s’enferme dans des relations, des environnements où l’on doit sans cesse se justifier d’exister pleinement.

De la frustration à la malveillance : quand la jalousie se transforme en danger

Il faut être lucide : certains ne se contenteront pas de murmurer dans votre dos. Ils vont nourrir une frustration silencieuse qui peut se transformer en haine pure. Ils vont ruminer, vous observer, s’empoisonner eux-mêmes de jalousie jusqu’à tenter de vous empoisonner pour de vrai.

On parle ici de malveillance active. De ces collègues ou supérieurs qui ne reculeront devant rien pour vous nuire. D’abord en douce, par des rumeurs, des sabotages, des blocages de promotion. Puis parfois, par des moyens plus sombres : intimidation, accidents “arrangés”, attaques spirituelles, voire violences physiques.

Et le plus ironique ? Vous ne faites pas tout cela pour de l’argent. Vous ne travaillez pas plus dur parce que vous espérez une augmentation chaque matin. Vous le faites par conscience professionnelle. Parce que vous aimez bien faire les choses. Parce que le travail bien fait est une récompense en soi. Mais certains ne comprendront jamais ça.

Dans leur logique, si vous êtes autant impliqué, c’est que vous avez un plan caché. Ils ne peuvent pas concevoir qu’on puisse simplement aimer bien faire son travail, même sans contrepartie immédiate. Alors, ils chercheront à vous briser, juste parce que vous êtes une personne consciencieuse.

NE SOYEZ PAS NAÏF : TRAVAILLEZ, MAIS PROTÉGEZ-VOUS AUSSI

Il y a des endroits où croire en soi ne suffit pas. L’effort, l’intelligence, la rigueur sont indispensables, mais ils ne font pas tout. Dans certains environnements, il faut ajouter Dieu ou les ancêtres à l’équation.

Il faut prier. Il faut se protéger. Il faut écouter son instinct et ne négliger aucun signe, aucun conseil. Un malaise en présence de quelqu’un, un avertissement venu d’une personne bienveillante, une sensation étrange devant une boisson qu’on vous offre… rien n’est anodin.

Soyez méfiant. Travaillez bien, mais sachez que tout le monde ne veut pas vous voir réussir. Certains veulent vous voir tomber. Ne leur en donnez pas l’occasion.

Ne changez pas, mais soyez prêts

Il serait tentant de ralentir, d’en faire moins, de se fondre dans la masse pour éviter les tensions. Mais une question se pose : que vaut une acceptation qui repose sur un effacement de soi ? Quelle est la valeur d’une place qu’on ne peut garder qu’à condition de ne pas être entièrement soi-même ?

Ceux qui vous envient ne vous donneront jamais la validation que vous cherchez. Même si vous baissiez votre niveau, ils trouveraient autre chose à critiquer.

La meilleure réponse ? CONTINUER. Travailler avec la même rigueur, ne pas s’excuser d’être performant, et surtout, ne pas chercher à plaire à ceux qui ont choisi de voir en vous un problème plutôt qu’une inspiration.

Mais tout en avançant, priez. Protégez-vous. Restez vigilants. Ceux qui doivent reconnaître votre mérite le feront, tôt ou tard. Quant aux autres… eh bien, qu’ils essayent seulement.

Je te dis tout

CommunicationEmploiGabonOpinionSociété

Les heures supplémentaires au Gabon : un esclavage moderne déguisé ?

Au Gabon, travailler au-delà des horaires officiels est rarement une exception. C’est une habitude, une norme tacite, une attente déguisée en “engagement professionnel”. Pire encore, ces heures supplémentaires ne sont ni payées ni reconnues. Mais elles sont exigées, imposées et parfois même brandies comme un critère de loyauté envers l’entreprise.

Si vous osez rappeler vos horaires contractuels, on vous qualifiera d’individualiste, de fainéant, voire de mauvais élément. Pourtant, travailler gratuitement en dehors de ses heures n’est pas un acte de bravoure, mais une exploitation subtilement maquillée. C’est le paradoxe de la ponctualité à géométrie variable.

Il y a une ironie cruelle dans cette culture du travail extensible à l’infini. Ceux qui vous appellent à pas d’heure pour exiger un rapport, un fichier ou une intervention d’urgence sont les mêmes qui exigeront de vous une ponctualité militaire à l’arrivée au bureau.

Votre manager peut vous solliciter à 22h, un dimanche, pour “un petit truc rapide” qui prendra finalement deux heures. Mais si vous arrivez cinq minutes en retard le lundi matin, il vous fera un sermon sur la rigueur et la discipline. Où est la logique ?

La réalité, c’est que le respect des horaires ne fonctionne que dans un seul sens : en faveur de l’employeur. Le salarié, lui, est censé être disponible à toute heure, mais doit éviter à tout prix d’être en retard ou de quitter le bureau à l’heure pile.

Un climat de stress permanent

Ce genre de pratiques crée un environnement anxiogène, où le salarié n’a jamais vraiment de temps pour lui. Impossible de se détendre après le travail, car son téléphone peut sonner à tout moment avec une “petite urgence”. Ce harcèlement déguisé en exigence professionnelle a des conséquences graves :

  • Fatigue mentale et physique
  • Manque de sommeil dû aux sollicitations nocturnes
  • Anxiété chronique liée à la pression permanente
  • Perte de motivation et burn-out

Et pourtant, personne ne voit ça comme un problème. On préfère se convaincre que c’est “normal” ou “partie du jeu”. Mais quel jeu ? Celui où seul l’employeur gagne, pendant que l’employé perd en qualité de vie et en santé mentale ?

ET C’EST PIRE DANS LES STARTUPS ET ENTREPRISES TOXIQUES où l’abus devient un modèle économique

Certaines entreprises et startups, notamment dans le digital, la communication et les médias, sont les pires dans ce domaine. Elles vendent une image “cool” avec des bureaux modernes et une ambiance “start-up nation”, mais leurs pratiques sont dignes du servage.

Les horaires flous : “On commence à 8h, mais on ne sait jamais à quelle heure on termine.”

Les obligations déguisées : “C’est pas obligatoire, mais si tu refuses, on va le noter.”

Les week-ends sacrifiés : “On a un événement samedi, donc tout le monde est mobilisé.”

Les WhatsApp nocturnes : “On va faire un point rapide, il est juste 23h.”

Dans ces structures, le droit à la déconnexion n’existe pas, et revendiquer une limite est vu comme un manque d’implication. Pourtant, ailleurs dans le monde, ces pratiques sont sanctionnées.

Il est temps de dire non

Travailler, oui. Se faire exploiter, non. Il est grand temps que les employés gabonais prennent conscience de leurs droits et arrêtent de normaliser ces abus. APPRENEZ VOS DROITS.

Les employeurs doivent comprendre que le respect du temps de travail est une obligation légale et morale. Et si les salariés continuent de subir en silence, alors rien ne changera.

La question est simple : jusqu’à quand allons-nous accepter d’être des employés corvéables à merci surtout quand le salaire ne suit pas ?

Je te dis tout