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L’opacité : une institution bien rodée ?

Le Gabon est-il devenu un terrain où les affaires, qu’elles soient économiques, judiciaires ou politiques, se dissolvent dans l’ombre ? Que ce soit des scandales financiers, des enquêtes sur des abus de pouvoir ou des dossiers de corruption, une chose est certaine : beaucoup de ces dossiers finissent par disparaître comme par magie. Les citoyens, quant à eux, se demandent où sont passés les milliards et, surtout, où est passée la justice.

Dans un pays où les scandales financiers et les détournements de fonds se chiffrent en milliards, on pourrait s’attendre à des enquêtes rigoureuses et des suivis réguliers. Pourtant, il semble qu’au Gabon, l’opacité soit devenue une institution à part entière, bien rodée et parfaitement huilée. Les affaires sont souvent annoncées avec grand bruit dans les médias, quelques arrestations ou perquisitions créent un spectacle ponctuel, puis plus rien. Silence radio. Les dossiers disparaissent, les enquêtes s’éternisent et l’on se retrouve, encore et toujours, sans réponses. 

Prenons l’exemple de certains scandales financiers. Des montants faramineux sont évoqués, des fonds publics détournés, des budgets évaporés… mais, une fois les projecteurs éteints, plus personne n’en parle. Qu’en est-il des personnes impliquées ? Ont-elles rendu des comptes ? Existe-t-il un mécanisme de restitution pour ces sommes ? À voir le manque de suivi, on pourrait croire que l’argent s’est littéralement volatilisé, et avec lui la responsabilité des acteurs concernés. Même son de cloche pour les affaires d’abus de pouvoir par des agents des Forces de police. Que deviennent les accusés ? Sont-ils condamnés ? Acquittés ? 

Le manque de transparence ne fait que renforcer la méfiance du public envers les institutions censées défendre l’intégrité et la justice dans le pays. Que penser d’un État qui ne publie jamais les conclusions de ses enquêtes, qui ne communique que rarement sur les mesures prises pour redresser les torts causés ? Qui fait durer les détentions préventives ?

Dans cette culture de l’opacité, il est légitime de se demander : qui protège-t-on vraiment ? Est-ce que l’omerta sert l’intérêt général ou bien n’est-elle qu’un moyen de dissimuler des réseaux d’influence et des jeux de pouvoir qui échappent à tout contrôle ? En effet, de nombreux cas qui concernent des personnalités influentes ou des fonds importants finissent dans un oubli institutionnalisé. Mais ce silence a un coût, et ce coût, c’est la crédibilité de l’État et la confiance des citoyens.

L’une des pierres angulaires d’un État démocratique, c’est la transparence. La justice ne peut être crédible si elle opère dans le noir, à l’abri des regards, sans rendre de comptes. Dans ce climat d’incertitude, il est normal que le peuple finisse par douter des institutions et de la justice, se demandant même si certains ont des passe-droits en raison de leur position ou de leurs relations. A force d’étouffer des dossiers et de dissimuler la vérité, les institutions ne font que creuser le fossé entre elles et la population. Laissant planer le doute et parfois la certitude d’une justice à double vitesse !

Il est peut-être temps de changer d’approche. L’opacité peut temporairement protéger des intérêts privés, mais elle nuit durablement à l’intérêt public. Si le Gabon veut renforcer la cohésion et la confiance de son peuple, il est impératif de rendre des comptes de façon régulière et transparente sur les dossiers en cours et ce dans tous les ministères et les administrations. La démocratie ne peut pas s’épanouir dans le secret. Il ne s’agit pas seulement de rendre justice, mais de le faire de manière visible, traçable et crédible pour que chacun ait confiance en l’équité de notre État.

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27 Milliards pour le Référendum : subvention ou subterfuge ?

C’est donc ça, 27 milliards, le prix de la démocratie pour un référendum qui nous fait rêver… ou pas. Ça coûte cher, très cher. On aurait pu imaginer qu’une telle somme s’accompagnerait d’une mise en scène où chaque camp, Oui comme Non, aurait ses moyens pour s’exprimer. Mais non, il semble qu’il n’y ait qu’un côté qui chante, danse et parade.

Le Oui, côté de la majorité et bien sûr du pouvoir, est partout. T-shirts, casquettes, concerts, bus, il ne leur manque que les feux d’artifice. Un festival d’unité et de slogans. En face ? Le camp du Non semble chercher son micro, son porte-voix, son T-shirt. Pire, on se demande même s’ils ont reçu un centime pour leur permettre d’aligner trois mots et faire valoir leurs idées. Peut-être que le Non, c’est bien pratique justement parce qu’il ne fait pas de bruit ?

Mais, sérieusement, où est passé l’argent pour le camp du Non ? Car c’est ça, la démocratie. Un débat, avec des armes égales pour chaque camp. Un jeu de questions et de réponses, sans silence imposé. Si le Oui a des bus, le Non devrait avoir le droit de louer quelques scooters, au moins ! S’ils n’ont rien, alors on nous vend la démocratie comme une loterie truquée : à la fin, toujours le même ticket gagnant.

Au Sénégal, il y a quelques années, un référendum n’a coûté « que » 2 milliards pour une population de 13 millions d’habitants. Mais ici, pour un pays d’à peine 2 millions, la note est de 27 milliards. Il va falloir nous expliquer comment un référendum peut valoir si cher et à quoi sert réellement tout cet argent.

Et si on avait imaginé autrement ces 27 milliards ? On parle d’un pays où des agents attendent toujours leurs soldes, où des fonctionnaires s’accrochent à des promesses de salaires, où les routes urbaines se transforment en casse-tête quotidien entre nids-de-poule et chaussées dégradées. Sans parler de nos bâtiments administratifs, usés par le temps, qui tiennent plus de la ruine que de l’institution. Combien de ces problèmes aurait-on pu résoudre avec cette enveloppe ?

Mais non, la priorité est ailleurs, nous dit-on, et cet argent doit servir le référendum. Si encore il servait à assurer un débat équitable, où chaque camp aurait les mêmes moyens pour s’exprimer… Mais ce qu’on voit est une démocratie qui penche dangereusement d’un côté.

Alors, ce n’est plus seulement un enjeu de référendum mais bien de transparence et d’égalité. Comment, après tant d’années à dénoncer ces pratiques, on en est toujours là ? Peut-être que c’est une question de nostalgie pour certains, une envie de retrouver les bonnes vieilles méthodes qui garantissent un certain confort, un silence complice.

Si on veut être franc, cet argent aurait dû servir à garantir un espace de débat où chacun pourrait s’exprimer avec des moyens équitables. Un référendum, c’est deux camps qui s’affrontent, avec des arguments, pas une mascarade où l’un danse et l’autre se tait. Parce que dans une vraie démocratie, 27 milliards ne sont pas faits pour embellir le Oui et étouffer le Non.

Au final, à ceux qui gèrent cette somme et décident de son partage, la question n’est plus : « Où est l’argent pour le Non ? ». Elle devient plutôt : « Voulez-vous vraiment que ce soit un référendum ou juste un spectacle de propagande déguisé ? »

Alors oui, 27 milliards, c’est beaucoup d’argent. Mais visiblement, ce n’est pas suffisant pour garantir un semblant d’équité. Et ça, ça ne coûte rien de le dire.

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Dysfonctionnements politiques en période de référendum au Gabon

« Qui côtoie les chiens, se lève avec des puces ». Alors que le Gabon s’apprête à franchir une nouvelle étape démocratique avec la campagne référendaire en cours, les jeux de pouvoir et les comportements douteux de certains acteurs politiques viennent jeter une ombre sur cette période décisive.

Une cohabitation imposée, fruit des héritages de l’ancien régime et du manque de renouvellement des pratiques, maintient le Parti Démocratique Gabonais (PDG) au cœur de plusieurs institutions publiques, suscitant une certaine frustration chez les Gabonais.

Depuis la prise de pouvoir par le CTRI (Comité de Transition pour la Restauration de l’Intégrité), nombreux étaient ceux qui espéraient un profond renouvellement des structures étatiques et une rupture avec les pratiques passées. Cependant, le choix de maintenir certains membres du PDG dans des postes stratégiques laisse perplexe. Cette situation ne résulte pas seulement d’un choix politique, mais semble davantage traduire une réticence à démanteler un réseau établi. Aujourd’hui, ce qui aurait pu être un tournant pour le pays s’apparente plus à une continuité teintée de familiarité pour les citoyens, qui observent une transition inachevée et une stagnation des institutions.

Une campagne référendaire au goût de déjà-vu

Avec le référendum en vue, la campagne du « Oui » orchestrée par le CTRI rappelle étrangement les anciennes méthodes. Les stratégies employées, telles que la distribution de t-shirts, les concerts de rue improvisés et la désinformation auprès des électeurs, semblent issues des livres de stratégie de l’ancien régime. L’esprit de manipulation, qui sous-entend que voter « Non » serait un acte d’opposition envers le CTRI ou qu’un vote favorable garantirait des projets d’infrastructures, alimente les doutes sur les intentions réelles des dirigeants. Plutôt qu’une campagne transparente, les citoyens sont confrontés à un jeu d’ombre et de confusion, où la politique de l’ambiguïté semble triompher.

Ces pratiques, que l’on croyait révolues, sont révélatrices d’un certain immobilisme politique. L’utilisation des ressources publiques pour mobiliser un soutien populaire au profit d’une campagne révèle une approche qui n’a que peu évolué. Cette scène politique opaque donne l’impression d’un retour en arrière, une résurgence d’un passé politique qui refuse de céder la place.

Un conflit d’intérêt au cœur du CTRI ?

Pourquoi le CTRI, censé être l’organe de transition, tolère-t-il ces pratiques de l’ancien régime ? Les décisions de laisser certains vétérans du PDG occuper des postes de coordination ne semblent pas être dues au hasard. Ces figures, bien connues des Gabonais, sont souvent associées à des réseaux financiers solides, un levier d’influence non négligeable en période électorale. Ce maintien, voire cette intégration de membres aux finances avantageuses, ouvre la voie à des soupçons : le CTRI serait-il réellement intéressé à promouvoir la transparence, ou joue-t-il lui aussi le jeu des alliances tacites ?

Cette période référendaire, au lieu d’unifier le pays vers un avenir démocratique, semble plutôt révéler un Gabon tiraillé entre des influences passées et une transition politique aux airs de continuité. Les Gabonais aspirent à une véritable rupture, une gouvernance intègre et une administration au service des citoyens, sans arrière-pensée électorale.

Un défi perdu pour la restauration de l’intégrité ?

Le CTRI a aujourd’hui l’opportunité de redresser la barre et de faire de ce référendum un modèle de probité et de transparence. Cela nécessiterait toutefois un abandon des comportements du passé, en écartant les pratiques de manipulation et en engageant une réelle réorganisation des structures politiques. Le Gabon a besoin d’un message clair : la période de transition ne doit pas être un simple remaniement de façade, mais un véritable tournant vers un renouveau politique.

Pourtant, certains alliés du 30 août 2023, qui devaient incarner ce changement, tiennent aujourd’hui plus du boulet que de l’envol libérateur, empêchant le pays de s’élever vers une vision partagée de prospérité et de stabilité. Cette transition, qui aurait pu être un envol vers une gouvernance exemplaire, semble davantage alourdie par les vestiges d’un système ancien.

Ce référendum aurait pu être l’occasion pour le CTRI de prouver son engagement en faveur de la transparence et de l’intégrité, en instaurant une campagne authentique, respectueuse de l’intelligence et de la liberté des électeurs. Mais, à ce stade, il est difficile de ne pas penser qu’il est déjà trop tard pour espérer un changement en profondeur.

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Critiques en ligne, opportunistes en scène : Quid de la responsabilité du peuple Gabonais

Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a pris le pouvoir à la fin du mois d’août 2023, avec pour objectif déclaré de restaurer les institutions gabonaises. Cependant, plus d’un an après cette prise de pouvoir, le bilan de cette transition reste mitigé.

La transition n’est pas une franche réussite, et selon moi, cela est en partie dû à un manque de prise de conscience de la population gabonaise quant à son rôle dans ce processus. Il aurait été essentiel que celle-ci participe activement et oriente la transition vers des objectifs plus concrets et une meilleure gouvernance.

Deux groupes majeurs se sont rapidement démarqués dans la population gabonaise durant cette transition : dʼune part, les partisans du « kounabélisme », et dʼautre part, les critiques exprimant une opposition non constructive, sans suggestions alternatives. Ces deux principaux pôles ont pour ma part réduit les chances de réussite pour cette transition politique cruciale.

En effet, Les kounabélistes, de par leur influence persistante sur la société et le système politique, représentent une force de résistance au changement. Cette faction, ancrée dans les habitudes sociales, continue de freiner lʼinstauration dʼune transition réellement constructive, bien que son influence ne soit pas nouvelle et soit largement intégrée aux réalités sociales du Gabon.

En revanche, les « experts de la critique non constructive » soulèvent un sentiment de déception plus marqué. Ce groupe, semblant plus éduqué et doté dʼune perspective souvent plus large que les kounabélistes, aurait pu contribuer à une meilleure orientation de la transition. Leur approche sʼest cependant concentrée sur des critiques sans propositions concrètes, même lorsque les 3, 4 mois après la prise de pouvoir des militaires lʼabsence dʼalternatives semblait manifeste.

Ce manque dʼengagement constructif est dʼautant plus regrettable que, pendant près de trois à quatre mois, il nʼy avait quasiment aucune voix dans les sphères sociales et politiques pour proposer une alternative au CTRI. En dépit de leur potentiel à apporter des idées novatrices, ces critiques ont finalement contribué à freiner le processus de transition en restant dans une posture de simple opposition inactive.

Ces personnes ont ainsi laissé un espace vide dans lequel dʼanciens membres de la majorité politique déchue ont pris position, se présentant comme une opposition au CTRI. Cette « opposition » a récupéré les failles et critiques relevées par les citoyens, les réorientant pour servir des intérêts personnels et politiques.

En refusant de sʼaffirmer pleinement et de soutenir leurs critiques par des actions concrètes, elles ont involontairement laissé le champ libre aux anciens serviteurs de la majorité déchue, qui se sont emparés de leurs constats pour se positionner comme une « opposition » au CTRI. Ce glissement a permis à ces opportunistes, ces profito-situanistes, de se présenter comme les porte-parole des failles de la transition, donnant ainsi une visibilité publique à leurs propres intérêts. Ce choix stratégique, bien que décevant, nous rappelle que, sans engagement clair et structuré, la transition reste vulnérable aux récupérations politiques.

Il est temps de tourner la page et de passer à une nouvelle ère dʼengagement politique au Gabon, portée par une génération consciente des enjeux et déterminée à agir pour le bien commun. Les jeunes leaders, animés par un désir de changement authentique, ont aujourdʼhui lʼopportunité de sʼorganiser, de créer des espaces de réflexion, et de mettre en œuvre des idées nouvelles qui répondent aux aspirations profondes de la population. En s’engageant dans un projet politique transparent et en misant sur la solidarité et lʼaction constructive, cette génération peut reconstruire la confiance et redonner espoir à un pays qui aspire à un véritable changement. Le Gabon a en lui les forces vives pour bâtir un avenir meilleur ; il suffit que chacun prenne sa part de responsabilité pour faire naître une société plus juste, durable, et prospère.

PS : En tant que citoyen Gabonais je me reconnais totalement dans ce texte. De plus le but de ce texte visait principalement à mettre en lumière la responsabilité du peuple gabonais face aux enjeux de la transition, tout en omettant délibérément la large part de responsabilité du CTRI dans le bilan mitigé de cette première année de transition.

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Enseignants, violences psychologiques : un mal silencieux dans l’éducation

Quand on parle de violence en milieu scolaire, l’image est souvent celle d’adolescents en uniformes débraillés, à mi-chemin entre apprentis voleurs et gangsters de bas étage, brandissant des couteaux avec l’air sérieux de ceux qui préparent leur entrée dans les arts martiaux façon freestyle. Oui, les récents affrontements entre le lycée de Bikélé et le complexe scolaire local ne sont pas là pour nous rassurer. 

Mais il y a une autre forme de violence, plus discrète et sournoise, dont on parle moins : celle exercée par des enseignants eux-mêmes. Oui, les gardiens du savoir, les faiseurs de futures générations, les indiscutables « adultes » de la salle de classe… qui, au lieu d’inspirer, se transforment en tyrans du mépris. Et ça, ce n’est pas très pédagogique, convenons-en.

L’histoire du jour ? La dernière en date ? Ah, elle vaut son pesant de tragi-comédie : une jeune fille qui, après des humiliations répétées par son enseignant, tente de mettre fin à ses jours. Oui, vous avez bien lu : cette figure d’autorité dont la mission est de transmettre, d’encourager, de rassurer… a préféré user de sarcasme cruel pour « former » son élève. Mais pourquoi diable un enseignant ferait-il ça ? Quel est le plaisir sadique qui pousserait un adulte, supposé exemplaire, à humilier un enfant ? Est-ce là le grand secret de « l’art de l’enseignement » ? Ou est-ce simplement que certains cherchent à compenser une carrière « passionnelle » qu’ils auraient embrassée faute de mieux ? Car, rappelons-le, l’enseignement est, pour beaucoup, l’équivalent d’un ticket d’entrée pour la fonction publique, avec la promesse d’un salaire qui tombe, peu importe si l’enseignement est là ou… absent.

Imaginez : vous envoyez votre enfant à l’école, en pensant bien naïvement qu’il y trouvera des modèles de sagesse et de bienveillance. Puis, un beau jour, vous découvrez que votre gosse se traîne en maths, somnole en physique, et semble plus perdue qu’un poisson rouge dans un désert. Qu’est-ce qu’on se dit ? « Ah, la paresse ! Les jeunes de nos jours ! Pas d’efforts, pas de rigueur ! » Mais dans ce lieu qui devrait être sacré – soyons francs, il en reste si peu, c’est peut-être un adulte, ce même adulte censé éclairer son chemin, qui prend plaisir à l’écraser sous un sarcasme aussi fin qu’une planche de bois. Oui, ce professeur qui aurait dû, au pire, se contenter de rester banal dans son coin, et au mieux, trouver un brin de vocation pour sa mission, voilà qu’il devient le bourreau.

Alors évidemment, les autres élèves, grands imitateurs devant l’Éternel, se joignent à l’adulte pour « aider » un peu. C’est ainsi que naît le joyeux cycle du harcèlement, comme une petite roue infernale où chacun pousse son voisin avec la certitude de ne jamais être celui qui tombera. Et le résultat, c’est quoi ? Une étincelle d’anxiété, de dépression, et, dans les cas les plus extrêmes, le désir d’en finir pour de bon. Des souvenirs d’école qui devraient être faits de crayons et de livres, pas de larmes et de blessures invisibles.

Mais soyons honnêtes : heureusement, ils ne sont pas tous comme ça. Oui, il existe des enseignants fabuleux, ceux qui prennent ce travail à cœur et le transforment en mission de vie. Ceux qui, chaque jour, arrivent en classe avec le sourire, la patience et un sac de pédagogie prêt à être ouvert pour guider leurs élèves. Des professeurs qui, au lieu de briser des rêves, en construisent. Ceux qui donnent de l’élan à leurs élèves, jusqu’à les inspirer à suivre le même chemin et devenir, eux aussi, enseignants. Ces passionnés-là sont ceux dont on se souvient toute une vie. Ils sont les lumières du système, ceux qui réhaussent le niveau, qui créent de vraies passions et qui font que, parfois, un jeune se dit : « Moi aussi, un jour, je veux inspirer comme ça. »

Et si, nous parents, on passait à l’action ? Et si, au lieu d’applaudir un diplôme, on exigeait des enseignants qu’ils montrent un brin de pédagogie humaine, de cette délicieuse qualité qu’on appelle aussi… l’humanité ? C’est peut-être là qu’on atteindrait le vrai Graal de l’éducation.

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« L’eau, l’énergie… pour la vie » vraiment… ?

On connait tous ce slogan, je crois que j’avais 10 ans quand je l’ai entendu la toute première fois. Aujourd’hui trentenaire, je fais le raccourci, ça fait plus de 20 ans que la société que nous aimons le plus détester nous promet « la vie ». Et bien que le gabonais soit disposé à y mettre le prix, la promesse de la Dame Nattée reste sans réalisation depuis.

Ces derniers jours, beaucoup d’encre et de salive ont coulé au sujet du prix et des conditions d’accès à l’eau dans notre pays. Même si je ne suis pas d’accord avec plusieurs arguments énoncés, les discussions que ça a soulevées m’ont rappelé que ça fait des mois années que je n’ai plus d’eau chez moi que parce qu’une entreprise basée non loin de ma maison veut bien laisser les populations se ravitailler dans ses locaux, mais aussi parce que j’achète mes dix (10) litres d’eau, selon la marque et le lieu, entre 1600 FCFA et 2100 FCFA.

Ce n’est un secret pour personne, l’accès à l’eau dans ce pays est un gros problème. En vrai, la gabonaise normale que je suis ne comprend ni pourquoi, ni comment. Quand on sait que le territoire gabonais est à près de 10% recouvert d’eau douce, il est difficile de comprendre que nous subissions des pénuries d’eau et même d’électricité, tiens ! Vu qu’on se sert aussi des cours d’eau pour générer de l’électricité…

Comment avec notre forte pluviométrie, la présence de fleuves aussi longs que l’Ogooué (+1000km), la Nyanga (+600km) ou l’Ivindo (près de 500km), et l’importance de leurs « courants » on ne parvient pas à générer suffisamment d’électricité ne serait-ce que pour les principales grandes villes ? Comment avec tout ça et les eaux souterraines, la société censée assurer la fourniture en eau potable ne parvient pas à assumer ses fonctions ? Quel est le réel problème ? Le délai de traitement d’eau ? la vétusté des installations et modes opératoires ?

L’inexpérience ? La mauvaise gouvernance ? La paresse ? L’abondance d’eau douce dans un pays n’a-t-elle pas de réel impact sur sa capacité d’approvisionnement en eau potable ? ou bien, comme il semble que les gabonais soient fans de surconsommation, chacun a certainement deux-trois compteurs chez lui, rendant ainsi la tâche de l’exploitant trop rude malgré la petite population. Toutes ces interrogations trottent constamment mon esprit. « QUI pour répondre ??? » Récemment ça a vraiment été l’un de mes principaux sujets de réflexion.

Les délestages sont le seul service gratuit que nous offre la SEEG, on ne leur demande rien et on ne paie pas non plus pour ça ; pourtant ils ont été leur meilleur produit ces derniers mois… Cette gratuité ne semble pas s’étendre aux pénuries d’eau chez les gens qui ont des compteurs privés. Dites-vous que je me suis rendue dans une agence de la Dame Nattée pour me renseigner sur l’éventualité de déplacer mon compteur d’eau. La réponse ne m’a pas plus étonnée que le fait que bien que ça fasse près de six ans que je n’ai pas eu d’eau (au robinet), des factures de consommation se sont accumulées.

Je devrais plusieurs centaines de milles à la société sans n’avoir pas consommé un seul centilitre de son précieux liquide (dont les propriétés, odeur, couleur, gout, varient selon son humeur) depuis longtemps. J’ai voulu m’indigner, mais heureusement la dame qui m’a reçue a eu le bon comportement et m’a orientée vers un gestionnaire… Bref, le souci est en traitement mais vu les délais d’attente qui m’ont été donnés, je comprends que je suis loin d’être la seule dans ce cas.

Au final, qui consomme l’eau que nous envoie cette entreprise si nous, à qui elle la facture, n’en avons pas dans nos foyers ? Le Gouvernement n’a-t-il pas de droit de regard sur ce qui s’y passe ? Si oui, qu’est-ce qu’il en dit à part « Tu me les enlèves » ? Le traitement qu’elle inflige aux populations ne semble inquiéter personne, elle-même encore moins… La preuve en est que plusieurs semaines après que le discours de mise en garde du Président de la Transition soit devenu une Trend dont on rit à chaque occasion, les délestages, qui aux dires de la société, n’étaient censés durer que « jusqu’au retour des pluies » sont toujours de mise. Les pluies aussi diluviennes que celles de la grande saison des pluies qui s’abattent tous les soirs sur le pays ne sont sans doute pas celles que la SEEG attendait. 

Au final, on prive encore et toujours les gabonais d’eau et d’électricité comme on veut, sans communication, sans avertissement. Et même quand ça nous permet dans une moindre mesure d’économiser, forcé, des « unités EDAN », c’est invivable. 

– La Fière Trentenaire :*

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Libreville, ce n’est pas le Gabon !

Ah, Libreville… cette terre promise où tout semble se réaliser. TaxiGab ? Libreville. Routes flambant neuves ? Libreville. Nouveaux bâtiments administratifs et services modernes ? Toujours à Libreville. Et pour le reste du pays ? On patiente, on rêve, on prend son mal en patience, comme si la modernité s’arrêtait aux portes de la capitale. Mais jusqu’à quand ? C’est la question qu’on se pose, nous, Gabonais de l’intérieur.

Les projets du CTRI, ou  même les initiatives d’Ali Bongo, on nous en parle, on nous les vante, on les voit à la télévision. Et oui, à Libreville, il y a du mouvement, ça bouge, les choses se font. Mais ici, dans nos villes et nos villages, c’est comme si on regardait la fête depuis la fenêtre, invités par la parole mais laissés à l’écart dans les faits. Pourtant, nous aussi, on a des besoins, des attentes, des ambitions.

Prenons l’exemple de TaxiGab. Une belle initiative pour donner aux Gabonais des taxis modernes, leur permettre de se déplacer dans de meilleures conditions, tout en créant des emplois pour nos jeunes. Mais soyons réalistes, quel Gabonais peut en profiter ? Celui de Libreville, bien entendu ! Chez nous, dans l’intérieur du pays, TaxiGab est un mythe, un mot qu’on a entendu à la radio, un projet dont on nous parle mais que nous ne verrons pas de sitôt. On continue avec nos taxis collectifs vieillissants, qui font des allers-retours entre les villages, souvent en mauvais état, en espérant qu’ils tiendront la route jusqu’au prochain arrêt.

Et puis, parlons des routes justement. À Libreville, on voit les chantiers fleurir, les avenues s’élargir, les passerelles se renforcer. Les habitants de la capitale profitent d’un réseau routier qui s’améliore, des routes bien entretenues et éclairées. Mais ici ? Ici, on roule sur des routes trouées, en terre, parfois même inachevées, comme si nos routes dataient d’une autre époque. Dès qu’il pleut, il devient difficile de circuler ; aller d’un village à l’autre devient une véritable expédition. On se demande même si nos autorités savent que nous existons et que nous aussi avons droit à des infrastructures dignes de ce nom. Après, ils vont aussi savoir ça comment ? Quand un voyage officiel doit se faire, on bouche vite les trous pour que le Président ne soit pas mis au courant qu’on vit un calvaire. 

Et puis, il y a les démarches administratives. Ah, ce sujet-là, il nous fait grincer des dents. Pour faire une carte d’identité, obtenir un extrait de naissance ou un simple document officiel, il faut parfois parcourir des centaines de kilomètres jusqu’à Libreville. Dans nos provinces, soit le service n’existe pas, soit il est trop éloigné, ou alors il fonctionne au ralenti, faute de moyens. On est des centaines, à chaque concours ou à chaque période de recrutement, à devoir monter à la capitale pour déposer nos dossiers. On va squatter chez des proches, on s’entasse dans de petits logements le temps de finir les démarches, avec l’espoir qu’un jour, on recevra ce fameux appel qui nous dira : « Venez, on vous attend pour travailler ! » Mais cet appel, on l’attend encore…

Et pourtant, quand vient la période des campagnes électorales, là, nos villes, nos villages, nos chemins perdus semblent soudain avoir un intérêt. Là, les candidats retrouvent la route de nos villages, ils savent nous trouver, ils se souviennent qu’ils sont eux aussi les “enfants de la province” ! Ils viennent nous voir, serrent des mains, promettent monts et merveilles. « Vous aussi, vous comptez ! Nous sommes ensemble ! » qu’ils disent, en promettant que la ruralité sera prise en charge, que chaque province aura droit à un morceau du gâteau. Mais une fois les élections passées, on est de nouveau oubliés. Notre existence, notre quotidien, ne semblent valoir que le temps d’une promesse.

Il est temps de le dire : le Gabon, ce n’est pas que Libreville. Nous aussi, nous voulons des projets qui comptent pour nous, des routes qui ne s’arrêtent pas aux limites de la capitale, des infrastructures qui changent notre quotidien et qui freinent cet exode rural. Libreville est une capitale, mais elle n’est pas le Gabon à elle seule. Notre pays est vaste, riche de sa diversité, de ses cultures, de ses territoires, et il a besoin que chaque région avance. Que chaque village sente que l’État est présent.

La concentration de tout à Libreville ne fait que creuser les inégalités, pousser les jeunes et les familles à quitter leurs terres pour espérer un peu plus de confort dans des quartiers déjà surchargés. Ce n’est pas une fatalité, c’est une conséquence directe de l’oubli. Pour un Gabon plus fort, plus uni, il est essentiel que les projets, les infrastructures, et les investissements soient répartis équitablement, que chacun puisse en profiter.

Parce qu’au fond, Libreville ne sera jamais tout le Gabon, et le Gabon ne se résumera jamais à une seule ville.

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Pasteurs 2.0 : la « Foi » business en plein essor (vers la félicité)

Il est l’heure de se pencher sur un phénomène qui prend de l’ampleur à une vitesse éclair : les pasteurs 2.0, qui s’improvisent guides spirituels pour jouer aux pompiers de l’âme… tout en vidant les poches de leurs fidèles. Évidemment, il y a les vrais, les sincères qui œuvrent pour la communauté. Mais à côté d’eux, combien de pasteurs savent transformer un « petit miracle » en grosse affaire ?

Imaginez : vous avez une grosse galère, les factures s’accumulent, le frigo sonne creux, et voilà qu’un « homme de Dieu » vous assure qu’une simple offrande peut changer votre vie. Leurs arguments ? Simples et convaincants : « Semer la graine aujourd’hui pour une récolte demain. » Mais attention, cette graine, elle est en CFA sonnant et trébuchant, s’il vous plaît ! Si ça, ce n’est pas un bon investissement pour eux, qui ne se gênent pas pour donner leurs « prédications » en costume trois-pièces et chaussures de créateur. 

Ces pasteurs-là ne manquent pas de style : en voiture flambant neuve, avec une montre à plusieurs chiffres, ils prêchent la prospérité (surtout la leur). Leur business modèle est digne des plus grands stratèges. Leur terrain de chasse préféré ? Les personnes en quête de changement et les populations des quartiers populaires, et si tu es riche ? C’est même top. Chaque prière devient une promesse de mieux-vivre. Et on comprend vite que de la foi et de la carte bancaire, c’est la derniere qui les intéresse le plus. De petites démonstrations de miracles savamment orchestrées, des paroles enflammées, et hop ! Une nouvelle recrue convaincue que le « Dieu de l’argent » n’attend que quelques billets de plus pour exaucer les vœux.

Et puis, il y a le fameux rituel du « séminaire de délivrance« , où tout le monde se retrouve au stade ou dans un immense hangar. On y promet la guérison des maux (sans ordonnance), la richesse (sans salaire), et même la protection contre les ennemis invisibles (surtout ceux de la maison voisine, qui d’ailleurs, n’avaient rien demandé ou les grands-parents). Le billet d’entrée ? Payant, bien sûr ! Car qui veut recevoir doit savoir donner, selon leurs propres versets revisités. Et si c’est gratuit, sachez que c’est vous le produit. D’une façon ou d’une autre, vous allez payer.

À force de jouer les illusionnistes, certains faux pasteurs finissent par y croire eux-mêmes. Ils offrent des « kits de bénédiction« , des bracelets magiques, et même des « parfums d’onction » pour éloigner le mauvais sort. Mais gare à ceux qui auraient la mauvaise idée de ne pas y croire ou de poser trop de questions : « Vous doutez du Saint-Esprit ? », vous diront-ils d’un air outré.

Et puis, il y a ceux qui veulent être rémunérés pour leurs « services spirituels » comme un employé normal. Oui, vous avez bien lu ! Les pasteurs de cette génération n’ont plus peur de déclarer que leur vocation mérite un salaire de la part de leurs fidèles. Certains vont jusqu’à établir des tarifs pour leurs prières de délivrance et autres bénédictions, car après tout, « un ouvrier mérite son salaire », non ? C’est la nouvelle théologie de la finance divine, où « ce que vous donnez » détermine « ce que vous recevrez ».

Pendant ce temps, les fidèles qui peinent à joindre les deux bouts reçoivent souvent en retour des « prières de prospérité » et des sermons sur la patience. On leur dit d’attendre « la bénédiction qui vient », mais étrangement, celle-ci semble toujours s’arrêter du côté du pasteur, qui enchaîne les acquisitions matérielles et voyages luxueux. Et bien sûr, pour eux, hors de question d’aider financièrement leurs fidèles ; les bénédictions divines sont censées arriver directement du ciel, sans intermédiaire. Quant aux fidèles, on leur demande de redoubler de foi… et de générosité.

Mais il faut aussi parler des chrétiens qui espèrent tout d’une prière sans lever le petit doigt. Vous savez, ceux qui pensent qu’un jeûne intense ou une prière toute la nuit leur rapportera une promotion ou une grosse somme d’argent, sans jamais fournir le moindre effort. Ils ignorent ce bon vieil adage qui dit : « Aide-toi et le ciel t’aidera. » Dans leurs pensées, cela signifie prier très fort et attendre que l’argent tombe du ciel, sans CV, sans diplôme, et sans expérience. Et quand la bénédiction ne vient pas, ils accusent le « mauvais œil » ou encore les « sorciers du village » de bloquer leur percée.

On ne peut pas oublier les fameux pasteurs qui se posent en véritables pères de substitution. Ils vous diront quoi faire, comment gérer votre argent, et même quelles relations fréquenter. Dans certaines églises, les membres de la congrégation sont encouragés à rompre les liens avec leur famille, leurs amis, et toute personne qui pourrait voir leur pasteur d’un mauvais œil. « Daddy sait ce qui est bon pour vous« , répète-t-on, jusqu’à ce que la dépendance au pasteur soit totale. C’est ainsi qu’il peut introduire des règles, des contributions supplémentaires, et même des projets « spéciaux » où chaque membre doit se surpasser financièrement, même au prix de s’endetter.

Le plus drôle – si on peut en rire – c’est que ces pasteurs-là savent bien jouer sur les émotions, rendant la foi plus rentable qu’un business bien rodé. Mais au final, leur meilleur miracle reste la transformation de la naïveté en chèque… signé par les fidèles.

Suivez bien les signes. Si la bénédiction vous demande votre code PIN, méfiez-vous. Dieu ne passe pas par Mobile Money pour accomplir Ses miracles ! La foi, c’est bien. Mais si elle vous coûte toujours plus sans jamais rien vous rapporter (et surtout pas les valeurs qu’elle devrait), méfiez-vous. Un vrai « Daddy » vous aidera à grandir, pas à lui faire les poches. En bref, rappelez-vous : Dieu ne demande pas de ticket de caisse pour bénir ses enfants.

Je te dis tout

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Référendum au Gabon : Votons en toute conscience pour l’avenir du pays

Le 06 novembre 2024 a marqué le lancement de la campagne référendaire au Gabon, une campagne qui devrait, en principe, offrir aux citoyens l’occasion de mieux comprendre le projet de nouvelle Constitution. Mais en pratique, il semble que le débat ait rapidement pris une autre tournure.

Au lieu de se concentrer sur l’explication des textes et des réformes proposées, les échanges se sont orientés vers une opposition presque stérile entre camps, avec de plus en plus de tensions. Le problème ? Cette campagne référendaire ressemble moins à une présentation de projet qu’à un appel à se positionner pour ou contre Oligui. On entend des discours qui résument le choix à un « Oui » ou un « Non » envers sa personne, comme s’il s’agissait avant tout d’un plébiscite pour le président plutôt que d’un vote sur l’avenir de la Constitution. Le message implicite qui circule ? « Voter Non, c’est barrer la route à Oligui, c’est freiner le changement. » Mais une telle vision, binaire et personnalisée, risque de détourner l’attention de ce qui est réellement en jeu dans ce référendum : l’avenir de notre nation, les règles de notre vie politique, et le cadre dans lequel les futures générations évolueront.

Car, il ne faut pas se méprendre, le vote du 16 novembre aura des conséquences profondes. Ce texte de nouvelle Constitution n’est pas un simple document à approuver ou rejeter sans y réfléchir ; il s’agit des fondations sur lesquelles le Gabon pourrait se reconstruire. Pour chaque citoyen, ce référendum représente l’occasion de prendre part directement aux décisions qui modeleront notre avenir politique, économique, et social.

Face à cela, il est donc primordial que nous, citoyens, nous engagions à comprendre les articles, les changements, et les implications de ce projet constitutionnel. Ne nous laissons pas guider uniquement par les discours de tel ou tel leader politique, mais par une compréhension personnelle des textes et de ce qu’ils signifient réellement. Voter en conscience, c’est prendre le temps de s’informer, de réfléchir, de discuter. C’est faire le choix de se projeter dans l’avenir avec lucidité, et non sous l’influence de passions éphémères ou de querelles partisanes.

Rappelons-nous que le référendum n’est pas un acte pour plaire ou déplaire à quelqu’un ; c’est une responsabilité individuelle et collective qui nous engage en tant que citoyens gabonais. Les résultats du vote ne concernent pas uniquement le présent, mais la façon dont nous souhaitons voir le Gabon évoluer et prospérer à l’avenir. Au lieu de céder aux appels de chaque camp, cherchons avant tout à comprendre ce que ce projet de Constitution apporte de neuf, ce qu’il change, et ce qu’il pourrait signifier pour notre quotidien.

Alors, dans les jours qui viennent, informons-nous. Écoutons les explications (lorsqu’il y en a), lisons les textes, partageons des discussions constructives avec nos proches. Le 16 novembre prochain, votons en connaissance de cause, pour des valeurs et pour un projet, et non pour des personnes.

Je te dis tout

GabonOpinion

Un compliment, pas une déclaration : quand la courtoisie passe à la trappe

Il est temps qu’on en parle. Oui, les interactions entre hommes et femmes peuvent parfois être plus compliquées qu’il n’y paraît. On ne niera pas que certaines expériences déplaisantes ou insistances maladroites ont de quoi rendre méfiant. Mais un phénomène commence à prendre de l’ampleur, un réflexe qui s’installe : celui de réagir avec froideur, voire avec une impolitesse à peine voilée, face à de simples compliments ou marques de courtoisie.

La question se pose : comment en sommes-nous arrivés là, au point où un « bravo » professionnel ou une remarque bienveillante sont souvent accueillis par un mur d’hostilité ?

Soyons clairs : ce n’est pas parce qu’on complimente quelqu’un ou qu’on exprime un intérêt sincère pour ce qu’il ou elle fait que l’on cherche à établir un jeu de séduction. Parfois, il s’agit simplement de reconnaître un travail bien fait, de manifester de l’admiration ou de construire une relation professionnelle saine, fondée sur le respect et l’appréciation mutuelle. Mais il est vrai qu’une frange de « dragueurs en série » complique la donne. Ces personnes, qui semblent incapables de distinguer un environnement professionnel d’un terrain de jeu amoureux, finissent par brouiller les cartes pour tous ceux qui ne cherchent rien d’autre qu’un échange respectueux. Oui, les gars, il est temps de se contenir. En adoptant ce comportement, vous donnez aux autres l’impression qu’un simple compliment cache toujours une intention. Vous ne faites pas qu’aggraver le problème, vous rendez tout compliment suspicieux.

D’un autre côté, on comprend aussi que certaines femmes aient fini par développer un réflexe de méfiance. On ne compte plus les anecdotes de collègues qui ne distinguent plus la frontière entre le professionnel et le personnel. La courtoisie s’efface trop souvent derrière des avances insistantes. Si l’expérience professionnelle s’accompagne de regards déplacés ou de sous-entendus lourds, il est logique qu’une réaction de méfiance devienne naturelle. Personne ne blâmera quelqu’un d’avoir les nerfs à fleur de peau si ses journées sont entachées de drague non sollicitée ou d’inconfort. 

Mais il y a aussi des moments où un simple sourire, un « merci » ou même une parole courtoise pourraient tout changer. On ne demande pas d’effacer les cicatrices d’un regard, ni d’oublier le poids des mauvaises expériences, mais d’apprendre à les gérer en gardant à l’esprit que tout échange n’est pas une déclaration. Quand un échange est clairement respectueux et professionnel, sortir les griffes n’est ni nécessaire ni justifié. Ce n’est pas parce qu’on vous félicite ou qu’on engage la conversation que l’on souhaite « autre chose ». 

Que ce soit d’un côté ceux qui multiplient les avances maladroites ou de l’autre ceux qui se murent dans la méfiance, nous avons tous notre part à jouer pour rétablir un équilibre. Parce qu’en fin de compte, la courtoisie ne coûte rien, elle nourrit les relations humaines et peut même ouvrir des portes, créer des opportunités et instaurer une atmosphère de travail sereine et respectueuse. Il serait peut-être temps pour les dragueurs de comprendre que l’espace professionnel n’est pas un terrain de chasse, et qu’une approche plus retenue ne ferait que mieux les servir. Pour ceux et celles qui se méfient à juste titre, sachez qu’il existe encore des gens capables de voir en vous autre chose que des intentions cachées.

Au fond, la courtoisie est ce qui nous relie les uns aux autres, elle est ce lien simple et naturel qui nous rappelle notre humanité. Cultivons-la avec bienveillance, et peut-être que les regards changeront, que les murs tomberont, et qu’un compliment restera juste cela : un compliment.

Je te dis tout