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Réforme des partis politiques : pluralisme ou verrouillage ?

Le gouvernement récemment élu au Gabon a adopté une réforme qui redéfinit en profondeur les conditions d’existence des partis politiques. Désormais, pour être reconnu légalement, un parti devra réunir 18 000 adhérents, 5 parlementaires, 30 élus locaux, posséder un siège officiel et un compte bancaire. Présentées comme des mesures d’assainissement de la vie politique, ces exigences soulèvent de nombreuses inquiétudes sur l’avenir du pluralisme démocratique dans le pays.

Un seuil d’adhésion excluant

Dans un pays de moins de trois millions d’habitants, le seuil de 18 000 adhérents constitue une barrière d’entrée massive. Il favorise de fait les grandes formations déjà installées et écarte les mouvements citoyens émergents, les partis d’opposition naissants ou les initiatives indépendantes qui n’ont ni les moyens financiers ni l’appareil logistique nécessaire pour atteindre une telle mobilisation.

Des élus pour exister, un paradoxe démocratique

Exiger de disposer de 5 parlementaires et 30 élus locaux avant d’exister légalement revient à imposer une condition impossible à remplir pour un parti qui ne peut pas encore se présenter aux élections. Ce mécanisme crée un cercle fermé, où seuls les partis déjà représentés peuvent continuer à exister — retardant voire verrouillant ainsi l’accès à la scène politique.

Une politique réservée aux puissants

L’obligation de disposer d’un siège et d’un compte bancaire, bien qu’elle puisse sembler administrative, renforce encore cette logique d’exclusion. Elle transforme l’engagement politique en un luxe réservé à ceux qui ont les ressources matérielles et l’accès aux institutions bancaires et immobilières.
Pour beaucoup de formations, notamment issues de la société civile, ces critères sont dissuadifs, voire inaccessibles.

Un risque de monopole politique

Si l’objectif officiel est de rationaliser un paysage politique fragmenté, cette réforme pourrait, en pratique, aboutir à une concentration du pouvoir entre les mains de quelques partis “autorisés”.
Le danger est clair :

  • affaiblissement du débat démocratique,
  • disparition de la diversité idéologique,
  • renforcement du contrôle étatique sur la vie politique.

Conclusion : un recul masqué ?

La démocratie gabonaise a besoin d’ouverture, pas de restrictions. Toute réforme visant à améliorer le fonctionnement des institutions doit se faire dans un esprit d’inclusion et de participation.
En l’état, ces nouvelles conditions risquent d’étouffer l’expression politique et de transformer le pluralisme en illusion.

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GabonOpinionSanté

Tu es ce que tu consommes !

Regarde autour de toi, dépose ton téléphone, contemple, respire l’air frais 2 min, sans clash de genre, sans drama, sans faits divers, sans “pressing”… Comment ça va ? Mieux, non ?

Internet te rend amère !

À une période, j’avais commencé à développer de la misandrie. Plus les jours passaient, plus j’étais en colère, plus je méprisais les XY. Je me disais que, de toute façon, « La misandrie blesse, la misogynie tue. ». Mais ce que je n’avais pas remarqué, c’est que ça me rongeait intérieurement. J’étais devenue irritable, méchante, vulgaire et dure envers les hommes !
Mais à quoi c’était dû ?

Chaque jour, chaque semaine, on a droit à une nouvelle victime des hommes. Un viol, une agression, un meurtre… C’est déjà assez difficile de lire tout ça, mais quand tu regardes les commentaires, c’est encore pire ! Des gens qui essaient de justifier l’acte, qui en rigolent, qui font même des promesses de faire pareil. La colère monte en toi petit à petit, tu scrolles, et tu tombes sur le post d’un gars qui dit : « Les femmes aiment se victimiser, on subit les mêmes choses. » ! Et là, tu pètes un câble parce que tu sais que c’est faux, tu as envie qu’il comprenne que c’est faux, donc tu mets un commentaire pour lui expliquer, mais il s’en fout, il veut juste faire réagir et avoir plein de partages de femmes en colère !

Il m’est arrivé de pleurer, parce qu’un homme avait dit qu’on ne vivait rien de ouf. J’avais fait une rechute dépressive de 1 mois à cause d’un post sur Facebook.

Revenons à l’idée de base, reste avec moi !

Éloigne-toi des choses que tu pourrais voir, entendre ou lire, qui pourraient troubler ou bouleverser ton cerveau !
Les faits divers, les posts problématiques, les clashs, déconnecte-toi, sinon tu deviendras comme moi à cette période : amère !
On vit tellement de choses en tant que femmes, et voir ça à répétition dans ton fil d’actualité peut te détruire. Une info, puis deux, puis trois, ta journée est gâchée et tu deviens aigrie

Ça semble incohérent ce que je raconte, mais c’est réel.
J’ai recommencé à regarder plein de trucs différents sur TikTok pour refaire mon algorithme, des choses drôles. Sur Facebook, je supprime les gens problématiques, je zappe les histoires tristes et les faits divers horribles, je diminue mon implication dans les débats… Bref, je me protège.

C’est ta responsabilité de te protéger. Tu es ce que tu consommes. Sinon, disons, tu deviens ce que tu consommes. Donc c’est à toi de faire un choix, car au final, ça te détruira toi !

Je te dis tout

DiasporaGabon

Représentants de la Diaspora ? Qui ? Pourquoi ? Par rapport à quoi ? Dans quoi ?

Ce sont exactement les questions que je me suis posées en tombant ce matin sur une publication du compte Facebook de la Présidence du Gabon :
« Le Président de la République a échangé avec les représentants de la Diaspora. »
Pause.

En plue de 15 ans, je n’ai jamais été convié à une élection d’un quelconque représentant de la diaspora. Et pourtant, je suis de près l’actualité gabonaise, y compris celle des Gabonais à l’étranger. Jamais — au grand jamais — je n’ai entendu parler d’un tel événement.

Je vous vois déjà sourire : « Il est vexé, il voulait sûrement le poste ! »
Loin de moi cette ambition.
Je suis déjà bien assez occupé pour endosser cette charge, si noble soit-elle.

Mais soyons sérieux : en tant que membre de la diaspora, je suis forcément concerné quand quelqu’un parle en mon nom. Et à ce titre, je ne comprends pas comment certaines personnes peuvent se retrouver à me représenter sans que je leur aie jamais donné quitus.
Quid de la démocratie ?
On parle souvent de représentativité, mais qui représente vraiment qui, et sur quelle base ?

Si la diaspora ne s’est pas concertée pour élire cette fameuse représentation, quel est le lien réel entre nous et ces personnes ?
En quoi leurs paroles, leurs revendications, leurs silences même, nous engagent-ils ?
Est-ce que nos voix — ou plutôt nos “voix fictives” — ne seraient pas, au fond, de simples accessoires de légitimation ?
Une foule invisible qu’on invoque pour donner du poids à des échanges précisément conçus sans elle ?

Car c’est peut-être ça, le vrai problème : on ne parle pas avec la diaspora, on parle à sa place.
Et dans le fond, ceux qui devraient être nos porte-voix deviennent souvent les porte-paroles d’un système qui ne nous consulte jamais, mais qui se félicite de nous avoir “écoutés”.

Alors, non, je ne me reconnais pas dans cette représentation “auto-proclamée”, sans légitimité, sans consultation, sans l’aval de la diaspora elle-même.
Et d’ailleurs, rappelons-le une bonne fois pour toutes : la diaspora gabonaise ne se limite pas à la France.
Elle est plurielle, éclatée, diverse dans ses réalités, ses parcours, ses combats.
On ne peut pas la résumer à quelques visages sortis d’on ne sait quel chapeau au gré d’une visite officielle ou d’un agenda politique.

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CommunicationGabonPolitique

Chut… On communique

« Les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. »
Dans un pays où les discours s’éloignent trop souvent des actes, il est plus que jamais impératif que chaque acteur politique et chaque décideur procède à un véritable examen de conscience.

« Les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. »

Dans un pays où les discours s’éloignent trop souvent des actes, il est plus que jamais impératif que chaque acteur politique et chaque décideur procède à un véritable examen de conscience.

Il y a quelques mois déjà, l’affaire du visuel du Salon national de l’orientation avait soulevé une vive polémique : généré par intelligence artificielle, il avait suscité l’incompréhension, alors même que notre pays regorge de talents créatifs capables de produire des œuvres de qualité. Malheureusement, les mêmes erreurs se répètent. En empruntant la route des affaires étrangères vers le centre-ville, on découvre que le visuel annonçant la construction de la tour H est, lui aussi, issu de l’IA.

La communication, ce n’est pas seulement des textes joliment tournés ou un univers graphique flatteur. Elle repose sur des objectifs précis, un plan stratégique clair, et surtout une responsabilité partagée par chaque intervenant. Alors, que s’est-il passé au niveau de la communication visuelle de la cérémonie d’investiture ?

Entre les photos à la qualité inégale, les résolutions aléatoires, les prises de vue mal cadrées ou captées au mauvais moment, on s’interroge. Et ce constat devient encore plus amer lorsqu’on regarde du côté de la communication présidentielle des pays invités. Eux, ont su proposer des contenus riches, dynamiques, bien montés, capturant l’essence de l’événement avec justesse.

Essor vers la félicité ou envers des affinités ?
Que nous faut-il de plus pour comprendre que notre communication institutionnelle est en retard ?
Aujourd’hui, certaines entreprises privées communiquent cent fois mieux que des institutions dotées pourtant de cellules de communication officielles. Il est temps d’ouvrir les yeux.

S’il vous plaît : mettez les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.

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GabonPolitique

Le pouvoir sans la charge : à quoi rêvent-ils vraiment ?

Le pouvoir fascine. Il attire, il séduit. Mais ce n’est pas la mission de service public qui séduit le plus grand nombre — c’est le confort qu’on lui associe. Voitures de luxe, voyages internationaux, résidences secondaires… Le fantasme du pouvoir éclipse trop souvent la notion même de responsabilité. Et c’est ainsi que l’on en arrive à gouverner sans aimer son pays.

Ils veulent le prestige, les titres, les salamalecs. Qu’on les appelle “Excellence”, “Honorable”, “Monsieur le Ministre”. Mais dès qu’il s’agit de se salir les mains avec des réformes douloureuses, de rendre des comptes, de faire face à la colère légitime d’un peuple en souffrance, il n’y a plus personne. Le pouvoir est vu comme un privilège, pas comme une charge. Ils en veulent les avantages. Les responsabilités ? Très peu pour eux. Et soyons honnêtes : ils n’ont d’ailleurs ni les épaules ni la volonté pour les assumer.

C’est simple. Quand on aime, on en prend soin. Or, à voir l’état de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos routes, il est légitime de se demander si ceux qui nous dirigent aiment vraiment ce pays. Car on ne détruit pas ce que l’on chérit. Et dans les actes de ceux qui gouvernent — ou qui prétendent gouverner — on ne lit que mépris et désintérêt. Et ce désintérêt ne se limite pas au gouvernement. Que dire de l’Assemblée nationale et du Sénat ? Ces institutions qui devraient être des contre-pouvoirs ne sont devenues que des chambres d’enregistrement, plus préoccupées par leurs propres privilèges que par la défense de l’intérêt général.

Combien de députés ont véritablement proposé des lois utiles ? Combien de sénateurs ont élevé la voix face aux dérives, aux abus, à l’urgence sociale que vit une partie croissante de la population ? Trop peu. Ils sont là, souvent silencieux, parfois absents. Pour quoi faire ? Le rôle d’un parlement, ce n’est pas de faire de la figuration. C’est de défendre les citoyens. C’est de refuser l’inacceptable. C’est de dire non quand il le faut, pas de courir après des promotions et des décorations.

À force de confondre pouvoir et opportunité personnelle, on a oublié que diriger un pays est un engagement. Un vrai. Un sacerdoce. Le Gabon n’a pas besoin de nouveaux gestionnaires d’intérêts privés drapés dans des habits d’État. Il a besoin de gens sincères. De femmes et d’hommes qui aiment vraiment ce pays, et qui le prouvent dans leurs décisions, dans leurs renoncements, dans leurs sacrifices. Car le vrai prestige, c’est de servir.

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CommunicationDroitsGabon

Quand la dignité ne suffit pas

Lorsque le CTRI a pris le pouvoir, une promesse a traversé les discours, les interviews, les espoirs : rendre leur dignité aux Gabonais. Pas de grandes utopies, pas de phrases creuses — un mot, un engagement. Dignité.

Et il faut être honnête : des choses bougent. Les routes s’améliorent, les bâtiments sortent de terre, les administrations semblent parfois mieux fonctionner. Il y a du mouvement, des efforts visibles. Et il serait malhonnête de faire comme si rien n’avait changé.

Mais la dignité ne s’évalue pas qu’au niveau de l’asphalte. Elle se mesure aussi au respect que l’on porte à ceux qu’on a blessés. À ceux que le pouvoir, même transitoire, a oubliés. Elle se jauge dans la capacité à reconnaître ses erreurs, à regarder les fautes en face, à ne pas les balayer d’un revers de phrase.

Alors lorsque la ministre déléguée à la Défense salue la « conduite irréprochable » des Forces de Défense et de Sécurité pendant la transition, il y a un malaise. Un malaise sourd, tenace. Une gêne partagée par tous ceux qui n’ont pas oublié.

Karl Stecy Akué Angoué, 30 ans, battu à mort pour une violation présumée du couvre-feu.
Les syndicalistes de la SEEG, arrêtés, humiliés, le crâne rasé à la lame.
Les journalistes de Gabon Media Time, placés en garde à vue, déshabillés, pour un article jugé dérangeant.
Johan Bounda, second maître, torturé à mort, brûlé au fer, dans les locaux du B2.

Des faits. Documentés. Connus. Reconnaissables. Et pourtant, effacés d’un revers de discours.

Les forces de sécurité ont un devoir. Celui de protéger. Pas d’opprimer. Celui de servir, pas de punir. Et ce devoir ne se mesure pas à l’instant présent seulement, mais à ce que l’on fait de son propre passé.

Saluer leur discipline, pourquoi pas. Mais l’appeler “irréprochable”, c’est insulter la mémoire de ceux qui ont payé de leur corps les dérives de la transition.

La dignité, la vraie, commence quand l’État a le courage de dire : là, nous avons failli. Et qu’il en tire des conséquences.

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GabonPatrimoine

Le laxisme se paie toujours au prix fort.

C’est par cette vérité que j’ouvre mon propos.
Depuis plus de 30 ans, ces personnes aujourd’hui sommées de déguerpir vivent dans les immeubles des 3 quartiers. Des familles — que dis-je — des générations entières ont grandi entre ces murs de briques et de béton, aujourd’hui réduits à l’ombre de ce qu’ils furent.

Malgré quelques coups de pinceau ici et là — un seul vrai rafraîchissement en 20 ans — ce vestige de la période faste du Gabon est laissé à l’abandon. Et enfin, l’État s’en émeut. Merci, PR Oligui. Il semblerait que l’état du pays n’ait jamais été la priorité de son prédécesseur. La gestion du patrimoine gabonais, à elle seule, mérite un dossier entier.

Après avoir fermé les yeux pendant des décennies, voilà que l’on réveille brutalement ceux qui, faute de mieux, avaient fait de ces lieux leur foyer. Dans cet élan de “restauration”, Les Bâtisseurs semblent une fois de plus oublier de restaurer ce qui compte vraiment : la dignité des Gabonais.

Car oui, ces occupants sont en tort de refuser de partir. Mais l’État, lui, a un devoir : celui d’accompagner.
Où iront-ils ? Ce ne sont pas quelques locataires isolés en conflit avec leur propriétaire. Non. Il s’agit ici de centaines de personnes que l’État s’apprête à mettre à la rue. Des familles entières, qui au-delà de la quête d’un logement, doivent continuer à vivre : aller au travail, à l’école, garder une forme de stabilité. Vivre, tout simplement.

« Le Gabonais aime le ngori », dit-on. Oui, peut-être. Mais soyons sérieux : qui n’aime pas le ngori ?
Connaissez-vous, vous, une personne « normale » à qui on offrirait un logement à moindre coût — ou même gratuitement — pendant 30 ans, et qui, du jour au lendemain, alors que les prix du loyer explosent et deviennent inaccessibles, sauterait de joie à l’idée de déguerpir ? Allons. Ne soyons pas hypocrites.

Ce n’est pas un réflexe gabonais. C’est un réflexe humain. Et c’est là que l’État doit se montrer plus intelligent que l’émotion. Car on ne répare pas l’injustice passée par une violence présente. On ne construit pas un avenir stable sur des expulsions sèches.

Bref. J’ai encore trop parlé aujourd’hui.
On me demandera encore : « Mais toi, tu proposes quoi ? »
Et je répondrai, une fois encore : Il y a des gens, assis dans des bureaux, grassement payés pour avoir ces réflexions.
Qu’attendent-ils pour réfléchir ?

Je te dis tout

EmploiGabon

Bonne fête du travail (fais ton travail)

Esclavagisés. Oui, c’est bien le mot. Dans bien des entreprises au Gabon, les travailleurs ne sont pas employés : ils sont tenus en laisse par des patrons qui ont « le bras long » à l’Inspection du travail. Le Code du travail ? Bafoué sans honte. Les droits des salariés ? Ignorés ou piétinés.

Et pendant ce temps, les travailleurs – souvent mal informés, souvent apeurés – acceptent les miettes qu’on leur tend. Pourquoi ? Parce que la peur est devenue une norme. Et que dans ce pays, la lâcheté s’exprime en une phrase devenue presque proverbiale : « On va encore faire comment ? »

Les employeurs, eux, s’en donnent à cœur joie. Faux bulletins de paie, manipulation d’horaires, magouilles administratives, intimidations en coulisses. Certains vont jusqu’à falsifier les fiches de salaires, font du trafic d’influence leur sport favori, mentent, trompent, et se croient au-dessus des lois. Intouchables. Inatteignables. Et toujours confortablement enrichis, pendant que leurs employés – ou devrions-nous dire leurs “employés-esclaves” – s’enfoncent dans la précarité.

Ce qu’on observe dans beaucoup d’entreprises au Gabon, c’est un enrichissement illicite masqué sous des titres ronflants de “direction”, “management”, ou “performance”. Une dynamique toxique qui empêche les Gabonais de vivre dignement, de s’occuper de leurs familles, de faire face à leurs responsabilités. Travailler, oui. Mais à quel prix ?

Alors il faut poser la question qui fâche : les travailleurs se sont-ils habitués à leurs chaînes ? Ont-ils fini par accepter l’inacceptable comme un destin ? Car tant que les autorités compétentes ne se pencheront pas, sincèrement et rigoureusement, sur cette réalité ; tant que les inspections du travail ne joueront pas leur rôle ; tant que les syndicalistes ne chercheront pas à entendre les deux versions – celle des employeurs et celle des employés – pour faire la lumière sur les abus, rien ne changera. On continuera à se souhaiter « bonne fête du travail » dans l’hypocrisie.

Alors oui : bonne fête du travail.
Mais surtout, fais ton travail.

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GabonOpinion

Le bal des prétendants aux nominations 

Depuis l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle du 12 avril 2025, on croyait la campagne terminée. Erreur. C’était juste la pause pub. Car en réalité, la vraie compétition vient tout juste de commencer : celle du grand bal des ambitions, des réseaux, des articles achetés à la sauvette et des posts Facebook aux relents de CV déguisé. Au Gabon, on ne vote plus, on postule.

Brice Clotaire Oligui Nguema a certes été élu avec 94,85 % des voix, mais ce qui occupe désormais certains esprits, ce n’est plus le taux de participation… c’est leur taux de visibilité. On assiste à une télé-réalité politique grandeur nature.Qui veut être nommé ?” serait un bon titre. Les candidats ? Ils sont partout. Ils s’aiment beaucoup. Et ils ont tous soudainement redécouvert leur passion brûlante pour le Gabon. Une passion qui, coïncidence incroyable, est née pile entre les résultats provisoires et la future annonce du nouveau gouvernement.

Au programme : selfies patriotiques en boubou bien repassé, montage vidéo façon documentaire Netflix, articles complaisants publiés à la chaîne (“selon plusieurs sources, il serait pressenti…”), directs Facebook pleins de sous-entendus, attaques passives-agressives entre personnes de même camp… Sans oublier les citations profondes de Mandela ou Che Guevara, balancées entre deux publicités sponsorisées sur Instagram. Car oui, l’amour du pays passe désormais par le bouton “promouvoir le post”.

Soyons clairs : ambition n’est pas un péché. Mais quand elle devient l’alpha et l’oméga de l’engagement, on frôle le ridicule. Vouloir servir, c’est noble. Supplier pour être vu, c’est pathétique. On confond visibilité et utilité, et surtout, on oublie une chose essentielle : on ne bâtit pas une nation comme on monte un plan de carrière.  

Le plus triste ? Certains finiront frustrés, oubliés, non nommés. Et au lieu de se retrousser les manches là où ils sont, ils tourneront casaque, crieront à l’injustice, à l’ingratitude. Parce que dans ce jeu, ce n’est jamais eux le problème, c’est toujours “le système”. Un système dont ils rêvaient pourtant d’être les rouages dorés.

Alors, petit rappel pour tout le monde : on peut aimer le Gabon sans occuper une fonction. On peut être une force de proposition sans micro, sans badge, sans chauffeur. Et surtout, on peut se taire, bosser, proposer, construire – loin des caméras, mais près du réel. Le vrai service ne demande pas toujours une nomination, mais toujours une implication.

En résumé : le pays n’est pas un podium. Ce n’est pas non plus un buffet à volonté où chacun vient prendre sa part. Le Gabon est un projet commun, pas une récompense individuelle. Alors à tous les “aspirants-nommés”, prenez une grande inspiration. Servez d’abord, on verra ensuite.

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EmploiGabonOpinion

On ne se fait pas tout seul

Je sais combien la légende du self Made man est tenace mais voici une vérité : on ne se fait pas seul.

Une carrière professionnelle, comme une vie, est faite de rencontres et de circonstances.
Un expert, dans un podcast, le disait très justement : « Un talent qui n’est pas exploité, ou qu’on n’aide pas à éclore, reste à jamais un simple potentiel. »

Les rencontres dessinent notre histoire. Elles changent une trajectoire, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Mais seuls, vraiment seuls, on se fait rarement.

Une idée, sans quelqu’un pour y croire et s’y investir, ne va jamais bien loin.
Un potentiel, sans la main tendue pour le révéler, s’endort et se dissipe.

Les carrières se construisent au fil de ces rencontres, surtout de celles qui créent des opportunités.
Ces personnes qui nous accordent leur confiance, partagent leur savoir, leur réseau, leur expérience, et nous permettent, nous aussi, d’évoluer.

On n’obtient pas une promotion parce qu’on l’a décidé.
Même avec toute la volonté du monde, cela reste souvent un vote de confiance.
Quelqu’un, quelque part, a cru en nous.
Quelqu’un nous a encouragé, conseillé, parfois recadré.

Finalement, on se construit en saisissant les mains qu’on nous tend.
Et c’est cela qui est beau.

Je vois la réussite comme une courte échelle que d’autres nous tendent pour nous hisser plus haut.

Aujourd’hui, je dédie ce texte à ma première tutrice de stage.
Un jour de juillet 2015, alors que je songeais à abandonner mes études de Droit, elle m’a tendu la main et m’a dit :
« Viens faire un stage. Tu verras, la Banque c’est intéressant. Tu réussiras là-dedans. »

Merci d’avoir cru en moi.
Qu’elle repose en paix.

Et merci aussi à tous les managers croisés sur mon chemin,
à ceux qui m’ont fait confiance,
qui m’ont permis d’apprendre,
d’avancer,
et de grandir.

Je te dis tout