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La ponctualité au Gabon : une option, jamais une obligation ?

Au Gabon, arriver en retard est souvent perçu comme un simple détail, un trait culturel presque attachant. “On est Gabonais” devient l’excuse passe-partout qui transforme un manque de respect en une norme sociale. Mais soyons sérieux : depuis quand la nationalité est une justification pour ne pas honorer la parole donnée ?

Le retard systématique n’est pas une fatalité, encore moins une fierté. C’est un poison insidieux qui gangrène aussi bien le monde du travail que la vie sociale et politique. Pourtant, ce fléau persiste, toléré par une société qui, au lieu d’exiger le respect des horaires, préfère s’adapter à l’indiscipline.

Un retard n’est pas qu’un simple retard. Chaque retard a des conséquences. Ce n’est pas juste “quelques minutes de perdues”, mais un effet domino qui impacte tout un système.

Quand un médecin arrive une heure après son premier rendez-vous, c’est une salle d’attente bondée, des patients frustrés, une chaîne de retard qui s’accumule et un service de santé qui perd en efficacité.

Quand une réunion censée commencer à 9h débute à 11h parce que le “VIP” n’est pas encore arrivé, c’est du temps volé aux employés, un manque à gagner pour l’entreprise et une habitude qui s’ancre, légitimant le non-respect des engagements.

Quand un événement officiel commence deux heures après l’heure prévue sous prétexte que l’autorité attendue “se fait désirer”, c’est un message clair : dans ce pays, le respect du temps est une faveur accordée selon le statut social.

Le manque d’excuses : arrogance ou insouciance ?

L’un des aspects les plus frustrants du retard chronique, c’est l’absence totale de reconnaissance du tort causé. Que ce soit un simple employé, un cadre ou même un ministre, arriver en retard ne devrait jamais être normalisé ni excusé par le “on est au Gabon”. Le minimum, c’est de reconnaître son erreur et de s’excuser. Mais combien le font sincèrement ? Combien comprennent que leur retard a dérangé, désorganisé, voire saboté le planning des autres ?

Et si un chef d’État peut attendre un autre chef d’État pour un sommet international, pourquoi un Gabonais lambda ne pourrait-il pas attendre une heure que son supérieur daigne arriver à une réunion interne ? La réponse est simple : parce que l’exemple vient d’en haut.

Il est temps d’arrêter de glorifier le retard et d’en faire un véritable problème de société. Les entreprises devraient sanctionner les retards répétés. Les institutions publiques devraient donner l’exemple. Et surtout, chaque Gabonais devrait comprendre que respecter l’heure, ce n’est pas être “trop sérieux” ou “trop européen”, c’est juste faire preuve de considération pour les autres.

La vraie question, c’est donc : combien de temps encore allons-nous tolérer l’intolérable ?

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GabonLa Fière TrentenaireSociété

Le Gabon, notre pis-aller.

Il n’y a pas à dire, le Gabonais aime son pays. D’un amour sincère et plein d’entrain. Il a beau s’en plaindre à longueur de journées, mais le patriotisme, au fond de lui, ne lui permettra jamais de s’en détourner trop longtemps.

Je me suis toujours dit ça parce que la plupart des gens que je connais reviennent offrir au pays le meilleur de ce qu’ils ont trouvé ou appris après s’être exilés à l’étranger. Il n’y a qu’à voir comment beaucoup d’anciens de la diaspora, de retour au pays, tentent de participer activement à la vie politique et économique du pays. Pas toujours avec beaucoup de sagesse, mais la plupart créent des business, lancent des initiatives novatrices au bénéfice des Gabonais restés au pays, « à ne rien faire d’autre que sortir tard le soir et dormir toute la journée ».

Parce que oui, c’est comme ça que beaucoup de gens de la diaspora nous voient souvent. Pour eux, on ne sait que groover, se chercher des sugar daddies et s’afficher avec les perruques les plus chères du marché, en gros entretenir une vie de paraître dépourvue de but réel. De la même façon, beaucoup d’entre nous, résidents, les voient comme des arrivistes que le rang social des parents propulse presque toujours au-devant des opportunités, facilitant ainsi leur accès au rêve américain gabonais. Il faut les voir les premiers mois, pleins d’idées, pleins de ressources, mais surtout pleins de hargne. Ils sont partout, partagés entre plusieurs business : locations meublées, restos, salles de pilates, instituts de beauté, e-médias, magazines de bons plans, et j’en passe… Ils ont à peine le temps pour leurs proches qu’ils jugent parfois dangereux pour leur « réussite »… « Au pays, on empoisonne », donc on fait attention… Et plus le temps passe, moins ils sont hargneux. L’envie de réussir n’a pas disparu, mais, au vu des difficultés, le rêve gabonais devient de plus en plus abstrait… Comme beaucoup de rêves, il est souvent de courte durée.

Après avoir connu la discrimination, la solitude, le manque de repères culturels, et parfois même le sentiment d’échec à l’étranger, ils se refusent à le revivre chez eux. Après avoir tenté et réessayé sans que ça marche comme ils l’imaginaient. Après avoir tenté de revendre à 100 000 FCFA un sac de citrons acheté à 100 000 FCFA, pour un bénéfice de 100 %, ils s’ouvrent aux réalités actuelles, à ce qu’ils considéraient comme des facilités à l’époque. Leur enthousiasme initial se transforme en déception. Certains finissent par quitter à nouveau le Gabon, déçus et frustrés. Mais d’autres restent, résignés comme nous tous, parce que de toute façon, le Gabon est un pis-aller, le nôtre.

Vous savez que j’aime bien vous faire découvrir des trucs, non ? Eh bien, pour enrichir votre vocabulaire aujourd’hui, sachez que « pis-aller » est un terme que l’on utilise pour définir ce à quoi l’on se résout, faute de mieux. C’est le haut niveau de la résignation, plus connu au pays comme « on va encore faire comment ? ». On est là, autant rester. On ne va pas retourner à l’étranger et de nouveau subir le racisme ou l’exclusion, payer les impôts… Donc on se laisse aller à ce qu’il y a : corruption, retournement de veste, enchaînement de « petites », grooves, plus de Régab que d’eau, délestages, chômage… On garde un sourire apparent. Mais derrière le sourire et la bonne humeur, on ressent souvent une frustration profonde face aux promesses non tenues, aux opportunités manquées, à la corruption endémique qui ralentit le développement du pays. Puisqu’on ne peut porter haut nos voix (en dehors des périodes électorales), on devient décrypteur d’actualité. On critique tout par tous les moyens dont on dispose : Facebook, Twitter, un Gabonais normal… En attendant de voir le soleil et de finir comme ceux qu’on critiquait jadis, parce que c’est quoi le rêve gabonais, sinon une place à l’ombre des billets ? On attend, on se résigne.

Pourtant, malgré cette résignation apparente, il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont les Gabonais continuent de croire en leur pays (n’en déplaise à la Chronique d’un Pessimiste). Peut-être est-ce cette espérance tenace, cette croyance que demain sera meilleur. Ou peut-être est-ce simplement la force de l’habitude, cette routine qui fait que l’on finit par accepter les choses telles qu’elles sont. Survivre plus que vivre.

Les Gabonais sont des survivants. Ils ont appris à tirer le meilleur de ce qui leur est offert, à faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour surmonter les obstacles, même si ça revient à vendre de la friperie, devenir vineur/tiktokeur, « dealer du mbaki », retourner chez les darons ou se poser en tchiza. Les marchés animés, les lives plus drôles les uns que les autres, les petits commerces familiaux, les initiatives communautaires sont autant de preuves de cette résilience.

Le Gabon possède pourtant tous les atouts pour briller : des ressources naturelles abondantes, une situation géographique stratégique, un peuple talentueux et passionné. Pourtant, malgré ces atouts, le pays peine à décoller véritablement, à sortir de cette spirale de la médiocrité dans laquelle il semble coincé. Pourquoi donc ?

À mon avis (et c’est bien le mien, celui d’une Gabonaise résidente qui se sert de ce dont elle dispose pour dénoncer), c’est parce que ces « richesses » sont gérées en petits groupes, toujours les mêmes noms… Mais on nous jure que le pays change, qu’il évolue, qu’il vit une « transition »… Alors, le Gabonais Normal continue de rêver d’un pays meilleur

Et peut-être, un jour, ce rêve se réalisera.

La Fière Trentenaire 😘

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GabonLa Fière TrentenaireOpinion

La culture gabonaise (du viol).

Vous saviez qu’une fois sur trois (1/3) le « méta » vous obligera à supprimer votre post si vous employez dedans le mot VIOL sans caractère spécial du genre « * », « 0 », un espace ou l’épellation à l’oral ? Si vous n’étiez pas au courant, maintenant vous savez. Le mot « viol » (à force de le répéter aussi souvent, c’est moi qu’on va censurer au final) est quasi interdit sur les réseaux sociaux et d’autres plateformes d’internet.

Selon leurs promoteurs, « le mot “viol” est parfois censuré sur Internet en raison de plusieurs raisons liées à la sensibilité du sujet et aux politiques de modération des plateformes numériques. » Sachant que le viol est un sujet extrêmement sensible et traumatisant, les plateformes en ligne (en particulier les réseaux sociaux) censurent certains termes ou les modèrent de manière stricte pour protéger les utilisateurs, notamment les victimes de violences sexuelles, et éviter de provoquer des réactions négatives ou de la souffrance inutile.

Vu qu’internet en général et les réseaux sociaux en particulier, sont désormais les canaux d’information les plus utilisés chez les moins de 16 ans, il ne faudra pas qu’on s’étonne si d’ici quelques années, plus aucun adulte n’est apte à définir ce terme ou même à nommer l’acte qu’il définit. Cette censure excessive risque de banaliser le problème en le rendant presque invisible dans le discours public, tout en privant les jeunes d’une compréhension adéquate et nécessaire de ce fléau social.

Mais là n’est pas le sujet du jour, même si je pense qu’il était important de rappeler ce fait, aujourd’hui j’ai envie de parler des réactions des familles gabonaises face à ce que j’appellerai « viols internes » tout au long de mon article.

Les « viols internes » désignent ici les cas de violences sexuelles commises au sein même des familles, souvent par des proches tels que des pères, des oncles ou des frères. Ces situations sont particulièrement complexes et délicates à aborder, tant sur le plan émotionnel que social.

Dans de nombreuses familles gabonaises, la culture de la honte et du silence entoure encore trop souvent ce type de violences. Les victimes, souvent des femmes ou des enfants, peuvent se sentir isolées et craintives à l’idée de dénoncer les agresseurs, redoutant les répercussions sur leur réputation et sur celle de leur famille. Cette omerta renforce l’impunité des auteurs et empêche les victimes d’accéder à l’aide et au soutien dont elles ont besoin.

Les réactions des familles face aux viols internes varient considérablement, généralement selon l’importance du membre victime ou même de son bourreau. Selon qu’il s’agisse d’une cousine éloignée ou d’un riche oncle, certaines tentent de minimiser les faits, de les justifier ou de les ignorer, blâmer la victime ou la forcer à se taire espérant que le problème disparaîtra de lui-même.

Combien de fois a-t-on entendu des « vous voulez accuser quelqu’un de viol, or ils ont sans doute juste fait l’amour ensemble » ou des « n’est-ce pas mieux qu’il fasse le désordre dans sa famille plutôt qu’il aille le faire ailleurs où on va l’envoyer en prison ? Vous savez ce que la prison peut faire à un homme ? » sortir de la bouche des chefs de familles censés résoudre des problèmes du genre ?

Récemment, on a tous entendu parler de l’histoire que beaucoup soupçonnaient déjà d’exister dans la famille d’un célèbre homme d’affaires et politique déchu. En regardant l’interview de son ex-femme, j’ai eu froid dans le dos. J’étais partagée entre l’empathie que j’éprouvais pour elle quant aux menaces qu’elle recevait de lui et le dégout que j’avais de l’entendre dire qu’elle a tenté de raisonner sa fille de 13ans en lui disant qu’elle devait arrêter de faire ce qu’elle faisait avec son père.

Comme si l’enfant était selon elle partie prenante volontaire des abus qu’elle subissait de son mari. Je ne vous raconte pas comment ça a été dur d’entendre qu’elle a pris la fuite à l’étranger en laissant sa fille seule à la merci d’un homme aussi violent que puissant… Bref !

Quand certains choisissent la fuite ou le silence, d’autres au contraire, prennent conscience de lagravité de la situation et s’efforcent de soutenir la victime, en l’encourageant à porter plainte et à chercher de l’aide professionnelle. Ceux qui ont le courage de dénoncer sont accusés de vouloir diviser ou jeter l’opprobre sur la famille. Mais, même dans les cas où les familles sont prêtes à agir, elles peuvent se heurter à de nombreux obstacles. La « culture gabonaise » (du viol) en est un.

Cette même culture qui veut que « le linge sale se lave en famille », plus celui qui l’a sali est puissant et plus le linge est sale, moins on doit l’exposer au voisinage. Les traditions et les croyances peuvent perpétuer des attitudes protectrices envers les agresseurs, en invoquant des notions de devoir familial ou de réconciliation… « On est chrétien, on doit pardonner. »
Celui donc, qui se risquera quand-même à dénoncer se frottera souvent à un autre obstacle, le système judiciaire gabonais. Bien que progressant, la justice gabonaise reste encore confrontée à des défis en matière de traitement des affaires de violences sexuelles. On est peu préparés, peu empathiques, les délais de procédure peuvent être longs, les preuves difficiles à rassembler, les pot-de-vin, et les risques de stigmatisation pour les victimes persistent.

On connait tous d’avance les répliques des forces de police « elle était habillée comment aussi ? elle faisait quoi si tard dehors ? » quand une femme tente de déposer une plainte, ou les phrases du style « la faute aux parents, comment on peut laisser un enfant de 2 ans se balader en slip dans la maison sachant qu’il y a un homme adulte là ? » quand il s’agit d’un enfant qu’un malade est venu agressé chez lui…

A force de normaliser le fait qu’un vêtement peut justifier un viol, le silence et les dissimulations, on se rend tous coupables. La génération que nous sommes doit comprendre que la culture du viol passe aussi par le silence à cause de la peur… C’est sans doute dur de le dire ainsi, mais c’est vrai. Je me souviens encore de la vague de haine et toutes les menaces de mort (et de viol, tiens) que j’ai reçues via twitter parce qu’un jour j’ai osé dire qu’une personne adulte qui a été victime d’un pédophile dans son enfance et n’ose pas aujourd’hui dénoncer (même anonymement) cette personne, la laissant poursuivre son travail quotidien avec d’autres enfants se rendait d’une certaine façon coupable de complicité.

C’est aujourd’hui encore mon point de vue. Si plus jeune un oncle avait abusé de moi par exemple, que j’apprenais qu’un jeune membre de ma famille venait à l’accuser et qu’il ne pouvait pas porter sa voix assez haut, pourquoi, maintenant que je suis devenue adulte et que je sais qu’il ne pourra plus me toucher, choisirais-je de garder le silence sur ce que j’ai vécu ? Surtout si je sais que ça peut l’empêcher de le refaire ? Parce que, la culture du viol, c’est bien simple. Bref…

Comme sur le méta, les viols internes sont un sujet tabou dans les familles gabonaises. Ils ont lieu, beaucoup le savent mais très peu osent en parler, très peu osent mettre un nom sur ce que sont les oncles qui dépucellent les enfants de leurs proches, de peur d’être la risée des membres de sa famille. Le bourreau bien connu de beaucoup d’entre nous est souvent malheureusement plus protégé que ses victimes. On ne le punit même pas par une mise à l’écart, obligeant les victimes de violences sexuelles à le côtoyer, pendant les rassemblements familiaux ou d’autres.

Il est bon de noter que les victimes de viols internes peuvent souffrir de traumatismes psychologiques et mêmes physiques à long terme, ce qui nécessite un soutien psychologique et émotionnel adéquat. Si elles ne peuvent trouver ce soutient au sein de leurs familles, vers qui vont-elles se tourner ? Parce qu’on est incapable de répondre correctement à cette question, beaucoup se retrouvent à répéter le schéma. Et ainsi se perpétue la culture gabonaise du viol.

La Fière Trentenaire 😘

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ÉducationEmploiGabonOpinionSociété

La jalousie professionnelle : quand l’excellence devient une menace

Dans un monde idéal, être compétent, rigoureux et efficace devrait être une source d’inspiration pour les autres. Malheureusement, dans bien des environnements professionnels, exceller attire autant l’admiration que l’animosité.

Vous êtes ce collègue qui arrive à l’heure, qui respecte les délais, qui anticipe les problèmes et propose des solutions. Celui ou celle qui, sans fanfaronnade, fait son travail avec sérieux et constance. Et pourtant, au lieu d’être perçu comme un atout, vous devenez une cible. On vous soupçonne de vouloir “briller”, de chercher à “vous faire voir“, voire de menacer un équilibre invisible où la médiocrité est un refuge confortable.

Et derrière ces regards en biais, ces remarques faussement anodines, ces silences qui en disent long, il y a une injonction silencieuse mais oppressante : “Fais-toi plus discret. Moins visible. Que ta compétence ne nous rappelle pas nos propres limites.”

C’est à chaque fois une invitation à essayer d’être plus silencieux, histoire que la prétendue intelligence se voit moins et cesse donc d’intimider les éventuels vis-à-vis. Ou alors un avertissement à peine voilé : “Ne sois pas surpris si on ne veut plus ou pas du tout de toi.”

Ce conditionnement est insidieux. Il pousse à s’effacer pour ne pas déranger, jusqu’à faire croire que le problème vient de soi alors qu’il est dans le regard des autres. On apprend, souvent trop tôt, que briller dérange. Que trop d’assurance fait peur. Que trop de compétences mettent mal à l’aise. Alors, pour éviter les conflits, on rogne, on lisse, on édulcore. On devient une version atténuée de soi-même, persuadé que c’est la seule façon d’être accepté.

Mais à quel prix ?

Parce qu’à force de plier, on se casse. À force de taire ce qui fait notre force, on finit par ne plus savoir qui on est sans ce filtre d’auto-censure. Et c’est là que le piège se referme : en croyant éviter le rejet, on s’enferme dans des relations, des environnements où l’on doit sans cesse se justifier d’exister pleinement.

De la frustration à la malveillance : quand la jalousie se transforme en danger

Il faut être lucide : certains ne se contenteront pas de murmurer dans votre dos. Ils vont nourrir une frustration silencieuse qui peut se transformer en haine pure. Ils vont ruminer, vous observer, s’empoisonner eux-mêmes de jalousie jusqu’à tenter de vous empoisonner pour de vrai.

On parle ici de malveillance active. De ces collègues ou supérieurs qui ne reculeront devant rien pour vous nuire. D’abord en douce, par des rumeurs, des sabotages, des blocages de promotion. Puis parfois, par des moyens plus sombres : intimidation, accidents “arrangés”, attaques spirituelles, voire violences physiques.

Et le plus ironique ? Vous ne faites pas tout cela pour de l’argent. Vous ne travaillez pas plus dur parce que vous espérez une augmentation chaque matin. Vous le faites par conscience professionnelle. Parce que vous aimez bien faire les choses. Parce que le travail bien fait est une récompense en soi. Mais certains ne comprendront jamais ça.

Dans leur logique, si vous êtes autant impliqué, c’est que vous avez un plan caché. Ils ne peuvent pas concevoir qu’on puisse simplement aimer bien faire son travail, même sans contrepartie immédiate. Alors, ils chercheront à vous briser, juste parce que vous êtes une personne consciencieuse.

NE SOYEZ PAS NAÏF : TRAVAILLEZ, MAIS PROTÉGEZ-VOUS AUSSI

Il y a des endroits où croire en soi ne suffit pas. L’effort, l’intelligence, la rigueur sont indispensables, mais ils ne font pas tout. Dans certains environnements, il faut ajouter Dieu ou les ancêtres à l’équation.

Il faut prier. Il faut se protéger. Il faut écouter son instinct et ne négliger aucun signe, aucun conseil. Un malaise en présence de quelqu’un, un avertissement venu d’une personne bienveillante, une sensation étrange devant une boisson qu’on vous offre… rien n’est anodin.

Soyez méfiant. Travaillez bien, mais sachez que tout le monde ne veut pas vous voir réussir. Certains veulent vous voir tomber. Ne leur en donnez pas l’occasion.

Ne changez pas, mais soyez prêts

Il serait tentant de ralentir, d’en faire moins, de se fondre dans la masse pour éviter les tensions. Mais une question se pose : que vaut une acceptation qui repose sur un effacement de soi ? Quelle est la valeur d’une place qu’on ne peut garder qu’à condition de ne pas être entièrement soi-même ?

Ceux qui vous envient ne vous donneront jamais la validation que vous cherchez. Même si vous baissiez votre niveau, ils trouveraient autre chose à critiquer.

La meilleure réponse ? CONTINUER. Travailler avec la même rigueur, ne pas s’excuser d’être performant, et surtout, ne pas chercher à plaire à ceux qui ont choisi de voir en vous un problème plutôt qu’une inspiration.

Mais tout en avançant, priez. Protégez-vous. Restez vigilants. Ceux qui doivent reconnaître votre mérite le feront, tôt ou tard. Quant aux autres… eh bien, qu’ils essayent seulement.

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Les heures supplémentaires au Gabon : un esclavage moderne déguisé ?

Au Gabon, travailler au-delà des horaires officiels est rarement une exception. C’est une habitude, une norme tacite, une attente déguisée en “engagement professionnel”. Pire encore, ces heures supplémentaires ne sont ni payées ni reconnues. Mais elles sont exigées, imposées et parfois même brandies comme un critère de loyauté envers l’entreprise.

Si vous osez rappeler vos horaires contractuels, on vous qualifiera d’individualiste, de fainéant, voire de mauvais élément. Pourtant, travailler gratuitement en dehors de ses heures n’est pas un acte de bravoure, mais une exploitation subtilement maquillée. C’est le paradoxe de la ponctualité à géométrie variable.

Il y a une ironie cruelle dans cette culture du travail extensible à l’infini. Ceux qui vous appellent à pas d’heure pour exiger un rapport, un fichier ou une intervention d’urgence sont les mêmes qui exigeront de vous une ponctualité militaire à l’arrivée au bureau.

Votre manager peut vous solliciter à 22h, un dimanche, pour “un petit truc rapide” qui prendra finalement deux heures. Mais si vous arrivez cinq minutes en retard le lundi matin, il vous fera un sermon sur la rigueur et la discipline. Où est la logique ?

La réalité, c’est que le respect des horaires ne fonctionne que dans un seul sens : en faveur de l’employeur. Le salarié, lui, est censé être disponible à toute heure, mais doit éviter à tout prix d’être en retard ou de quitter le bureau à l’heure pile.

Un climat de stress permanent

Ce genre de pratiques crée un environnement anxiogène, où le salarié n’a jamais vraiment de temps pour lui. Impossible de se détendre après le travail, car son téléphone peut sonner à tout moment avec une “petite urgence”. Ce harcèlement déguisé en exigence professionnelle a des conséquences graves :

  • Fatigue mentale et physique
  • Manque de sommeil dû aux sollicitations nocturnes
  • Anxiété chronique liée à la pression permanente
  • Perte de motivation et burn-out

Et pourtant, personne ne voit ça comme un problème. On préfère se convaincre que c’est “normal” ou “partie du jeu”. Mais quel jeu ? Celui où seul l’employeur gagne, pendant que l’employé perd en qualité de vie et en santé mentale ?

ET C’EST PIRE DANS LES STARTUPS ET ENTREPRISES TOXIQUES où l’abus devient un modèle économique

Certaines entreprises et startups, notamment dans le digital, la communication et les médias, sont les pires dans ce domaine. Elles vendent une image “cool” avec des bureaux modernes et une ambiance “start-up nation”, mais leurs pratiques sont dignes du servage.

Les horaires flous : “On commence à 8h, mais on ne sait jamais à quelle heure on termine.”

Les obligations déguisées : “C’est pas obligatoire, mais si tu refuses, on va le noter.”

Les week-ends sacrifiés : “On a un événement samedi, donc tout le monde est mobilisé.”

Les WhatsApp nocturnes : “On va faire un point rapide, il est juste 23h.”

Dans ces structures, le droit à la déconnexion n’existe pas, et revendiquer une limite est vu comme un manque d’implication. Pourtant, ailleurs dans le monde, ces pratiques sont sanctionnées.

Il est temps de dire non

Travailler, oui. Se faire exploiter, non. Il est grand temps que les employés gabonais prennent conscience de leurs droits et arrêtent de normaliser ces abus. APPRENEZ VOS DROITS.

Les employeurs doivent comprendre que le respect du temps de travail est une obligation légale et morale. Et si les salariés continuent de subir en silence, alors rien ne changera.

La question est simple : jusqu’à quand allons-nous accepter d’être des employés corvéables à merci surtout quand le salaire ne suit pas ?

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ConteGabonSociété

Le corbeau et la mangeoire

Le vieux roi Hyène, dont le rire résonnait autrefois dans toute la savane, fut chassé du trône par un corbeau rusé et ambitieux. Ce dernier, juché sur une branche au-dessus de la mangeoire royale, proclamait à qui voulait l’entendre : « Finie l’époque des carnassiers voraces ! Désormais, seul celui qui saura honorer ma grandeur goûtera aux délices du royaume. »

Les animaux, médusés, observaient ce drôle de souverain, mais la faim étant un tyran plus redoutable encore, ils s’avancèrent un à un, le bec et le museau pleins d’allégeance.

Le premier fut le Chacal, qui, avec une révérence exagérée, lécha les serres du Corbeau en gloussant : « Ô Majesté, votre plumage surpasse l’ébène, votre bec est plus affûté que l’esprit du Lièvre ! » Séduit par tant de flagornerie, le Corbeau lui offrit une maigre pitance. Aussitôt, tous les autres bêtes s’essayèrent à l’exercice, redoublant d’éloges grotesques. L’Éléphant parla de « plumes divines », la Tortue vanta « l’élégance aérienne » du souverain, et même le Crocodile, pourtant réputé pour son franc-parler, se fendit d’un compliment sur « la noblesse du croassement royal ».

Mais le Singe, moqueur et malin, ne put s’empêcher de ricaner. « Alors c’est ça, la nouvelle loi ? Un festin pour les lèche-plumes et la disette pour les honnêtes ? » Le Corbeau, piqué au vif, lui rétorqua : « Qu’importe la sincérité, seul le respect compte ! » Et pour punir l’effronté, il ordonna qu’on lui retire sa part. Voyant cela, les animaux redoublèrent d’ardeur, s’agenouillant si bas qu’ils en mangeaient la poussière, et le Corbeau, ivre de vanité, en oublia même de manger lui-même.

C’est ainsi que, repu d’adulation mais affamé de bon sens, le Corbeau finit par s’effondrer d’inanition. Le vent, témoin de la scène, siffla doucement dans les branches : « Mieux vaut un roi qui rit qu’un roi qu’on flatte. » Et au loin, la Hyène, éclatant de son rire rauque, savourait son retour inévitable.

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DigitalÉconomieGabon

La Digitalisation au Cœur des Enjeux du Financement du Développement Post-Transition

Du 17 au 18 Mars 2025, j’ai eu l’honneur de participer aux Assises Nationales sur le Financement du Développement Post-Transition au Gabon, organisées par le Ministère de l’Économie et des Participations en partenariat avec le PNUD.

Durant ces deux jours d’échanges intenses, ministres, agences des Nations Unies, hauts cadres de l’administration et chefs d’entreprises ont unanimement souligné l’importance cruciale de la digitalisation dans ce processus de transformation économique.

Le numérique représente un levier stratégique pour le développement, d’autant plus que le Gabon dispose déjà d’atouts majeurs : une infrastructure numérique en place, une forte pénétration du digital parmi la population et un réseau de fibre optique déployé sur l’ensemble du territoire. Toutefois, des défis subsistent, notamment la nécessité de construire un datacenter national pour assurer le stockage et la sécurisation des données.

Une Politique Digitale Aggressive pour un Nouveau Modèle Économique

Le Ministre Mark Doumba l’a bien résumé : “Nous n’avons pas d’autre choix que de faire d’autres choix.” Dans cette optique, il est impératif que le gouvernement adopte une politique digitale ambitieuse afin de développer une industrie des services performante, à l’image du modèle rwandais avec Irembo. Cette dynamique a déjà été amorcée à travers le programme Gabon Digital soutenu par la Banque Mondiale. Un projet structurant est en cours : la mise en place d’un identifiant unique pour chaque citoyen et résident étranger. Cet identifiant constituera la pierre angulaire d’un écosystème interconnecté entre les administrations, facilitant la gestion des données liées à l’état civil, l’éducation, l’emploi, les cotisations sociales, les crédits, les assurances et les pensions.

Au-delà de la modernisation administrative, la digitalisation est un catalyseur essentiel pour la transition d’une économie de rente vers une économie de production. L’adoption généralisée des paiements électroniques offrirait une traçabilité des transactions, et l’État doit l’imposer à tous les commerces, renforçant ainsi la capacité des banques à évaluer les risques et à financer les PME. Toutefois, l’absence de structuration financière représente un obstacle pour ces entreprises. La création d’un Centre de Gestion Agréé au sein de la Chambre de Commerce, comme proposé par le Directeur Général de l’ANPI, serait une solution efficace pour accompagner les PME dans leur gestion comptable et financière.

Optimisation des Recettes Fiscales et Réduction de la Corruption

Le financement du développement repose d’abord sur l’optimisation des recettes avant le recours à l’endettement. La digitalisation permettrait une meilleure gestion des ressources fiscales et une transparence accrue, limitant ainsi les risques de corruption. De même, pour les petites entreprises et les ménages, des mécanismes de financement adaptés doivent être mis en place afin de favoriser leur inclusion économique.

Dans cette perspective, l’État doit créer un environnement propice aux affaires en levant les contraintes administratives, en remboursant la dette domestique et en encourageant une politique pro-business axée sur l’entrepreneuriat. L’exemple du Nigeria montre que le développement de champions nationaux est possible avec une approche stratégique, comme l’illustrent des figures emblématiques telles qu’Aliko Dangote, qui a bâti un empire industriel avec sa cimenterie et aujourd’hui sa raffinerie, ou encore Tony Elumelu, PDG de UBA, qui incarne l’entrepreneuriat africain moderne. Malheureusement, au Gabon, nous n’avons pas encore assez mis en avant ces success stories et pourtant nous avons des exemples. Des figures telles que M. Bikalou (Petrogabon), M. Kouakoua (Mika Services) et Henri Claude Oyima (BGFI) ont démontré qu’avec une bonne structuration, il est possible de mobiliser des financements à travers le système bancaire.

Un Financement Inclusif pour les Petites Entreprises

Enfin, il est essentiel de penser aux plus petites entreprises en leur offrant des mécanismes de financement adaptés. Des fonds d’amorçage doivent être mis en place par des institutions telles que la CDC, le FGIS, Okoume Capital et la SGG (pour la garantie), et former ces entrepreneurs sur la gestion à travers des incubateurs. L’expérience pilote menée par COMILOG avec les microfinances a prouvé l’efficacité d’un tel dispositif : sur un fonds de 2 milliards FCFA, une centaine de projets ont été financés et il reste encore 700 millions FCFA disponibles.

Le Gabon a l’opportunité de se transformer en un véritable hub digital en Afrique centrale. Pour cela, nous devons faire de la digitalisation une priorité absolue, en soutenant l’innovation, en simplifiant les procédures administratives et en développant un cadre financier inclusif pour tous les acteurs économiques. Ce n’est qu’à travers cette synergie entre technologie, gouvernance et entrepreneuriat que nous pourrons bâtir une économie durable et compétitive.

Le défi est grand, mais l’opportunité est immense. Ensemble, accélérons la transformation digitale du Gabon !

Mouhamed SANNI, Chef d’entreprise

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GabonSociété

Le relationnel au Gabon : quand les vrais deals se font au bar et pas en réunion

Au Gabon, et plus largement en Afrique, le relationnel est un art. Mais contrairement aux schémas classiques où l’on imagine des costumes-cravates serrés autour d’une table de conférence en train de négocier des contrats avec des PowerPoint bien chiadés, ici, c’est souvent une toute autre dynamique.

Le vrai réseautage ne se fait pas dans les salons feutrés des hôtels ou dans les bureaux climatisés des tours administratives. Non. Il se passe dans des bars, des “chills”, des afterworks improvisés et même dans des maquis où la seule carte de visite qui compte, c’est la capacité à tenir un verre sans vaciller.

Les deals à la fraîche : bienvenue dans l’économie du chill

Dans beaucoup de pays africains, et le Gabon ne fait pas exception, l’informel est roi. Que ce soit dans les affaires, la politique ou même les opportunités de carrière, c’est souvent une question de “qui connaît qui”. Mais contrairement aux idées reçues, les connexions ne se tissent pas forcément dans des cadres conventionnels.

Prenons un scénario typique. Un jeune ambitieux veut décrocher un marché ou un job. Il envoie son CV par mail, attend une réponse qui ne viendra probablement jamais. Parce qu’il ne sait pas encore que son CV aurait eu plus d’impact s’il l’avait déposé verbalement au bon moment, au bon endroit.

Le bon moment ? Un vendredi soir.

Le bon endroit ? Un bar fréquenté par des décideurs.

Le bon timing ? Entre le deuxième et le troisième verre, quand l’ambiance est légère, que tout le monde se tutoie et que les barrières hiérarchiques s’effacent comme par magie.

Les catégories de relationnel “made in Gabon”

1. Le réseautage alcoolisé

C’est la base. Au Gabon, on ne compte plus le nombre de contrats et d’embauches qui se sont décidés autour d’un bon whisky, d’une bière ou d’une bouteille de rosé bien glacée. Il n’est pas rare qu’un cadre ou un entrepreneur balance un “Passe-moi ton numéro, on va voir ce qu’on peut faire” entre deux gorgées. Et si le contact est bien entretenu (traduction : ne pas oublier de relancer une semaine après avec subtilité), ça peut déboucher sur quelque chose de concret.

2. Le réseautage gastronomique

Ici, tout commence par un plat de cotis braisés ou de la viande de brousse. Il suffit de bien choisir sa table dans un restaurant populaire et de se faire remarquer (positivement, bien sûr) par un big boss de passage. Une invitation à s’asseoir, quelques échanges cordiaux sur l’état du pays, et hop, un partenariat peut voir le jour entre deux bouchées de paquet de concombre.

3. Le réseautage familial

On parle souvent de “l’Afrique des réseaux”, mais le plus puissant de tous reste la famille. Il suffit d’avoir un oncle, une tante ou un cousin bien placé pour voir des portes s’ouvrir comme par enchantement. Bien sûr, cela ne garantit pas le poste ou le contrat, mais ça donne une longueur d’avance face à ceux qui doivent tout faire par la voie classique. Faut pas suivre, le piston c’est important.

4. Le réseautage événementiel

Mariages, anniversaires, funérailles… chaque occasion est une opportunité. Ce n’est pas un hasard si certains Gabonais prennent un soin particulier à s’habiller élégamment même pour des cérémonies où ils ne connaissent personne. L’idée est simple : se fondre dans le décor, identifier les personnes influentes et entamer des conversations anodines qui peuvent déboucher sur de belles opportunités.

Pourquoi ça marche (et pourquoi ce n’est pas une voie unique)

Ce modèle de réseautage fonctionne parce qu’il repose sur la proximité, la confiance et l’instantanéité. Les décisions se prennent vite, dans un cadre détendu, et souvent sur la base d’un bon “feeling”.

Mais ce n’est pas une science exacte.

D’abord, il favorise les initiés et laisse de côté ceux qui ne maîtrisent pas les codes de ce relationnel “off the record”. Ensuite, il peut encourager une forme de favoritisme où la compétence passe parfois après la convivialité.

Enfin, il crée une situation où les opportunités professionnelles et économiques dépendent plus des rencontres hasardeuses que d’un système transparent et méritocratique. Ce qui peut être frustrant pour ceux qui jouent le jeu à l’occidentale, avec CV bien ficelé et lettres de motivation en bonne et due forme.

Réseautage informel vs. voies classiques : pourquoi choisir ?

Faut-il tout miser sur ces cercles d’influence décontractés ? Pas forcément. Beaucoup de personnes réussissent grâce à leur mérite, en passant par les voies classiques : candidatures bien préparées, formations solides, efforts constants.

Mais il serait naïf d’ignorer la réalité du terrain. Beaucoup de choses se jouent en dehors des cadres conventionnels.

La meilleure approche ? Ne pas se limiter.

Envoyer son CV par mail, mais aussi accepter cette invitation à un chill. Se préparer aux entretiens, mais aussi savoir engager la conversation avec les bonnes personnes au bon moment.

Parce que dans un pays où le relationnel ouvre beaucoup de portes, mieux vaut avoir toutes les clés en main.

Je te dis tout

GabonOpinion

Agressions sexuelles : voix brisées, silences imposés

Les agressions sexuelles sont une réalité brutale qui touche toutes les catégories de personnes : femmes, hommes, enfants. Pourtant, la parole des victimes est souvent étouffée, minimisée ou tournée en dérision.

Derrière chaque témoignage, il y a une douleur silencieuse, un traumatisme profond, une peur omniprésente. Être une femme dans une société patriarcale, c’est vivre avec l’angoisse permanente d’être une cible. Être un homme agressé, c’est affronter la honte et le scepticisme. Être un enfant victime, c’est parfois ne même pas comprendre ce qui se passe.

Je suis une femme

Je suis une femme et j’ai peur. Peur de marcher seule la nuit, peur de rentrer tard, peur des regards qui s’attardent trop longtemps, peur des mots qui dégoulinent d’intentions malsaines.

Je suis une femme et je vis dans un monde où mon corps est un champ de bataille. Dans les statistiques, je ne suis qu’un chiffre de plus. Une femme violée toutes les X minutes, une femme tuée par son compagnon, une femme harcelée au travail. Mais dans la vraie vie, je suis bien plus que cela : je suis une personne qui se crispe en entendant un pas derrière elle, qui baisse la tête quand un groupe d’hommes rit trop fort, qui garde ses clés entre les doigts comme des griffes en cas d’attaque.

Et que dire des oncles qui me connaissent depuis que je suis enfant et qui, aujourd’hui, m’invitent dans leur lit comme si c’était naturel ? Que dire des collègues qui glissent des allusions en plein open-space, des clients qui se croient tout permis, des supérieurs qui abusent de leur pouvoir ?

Et puis il y a le marché, le bus, la rue, où l’on me siffle comme un chien, où l’on me touche parfois comme si mon corps n’était qu’un objet en libre-service. Si je m’énerve, c’est moi la “mal-baisée”. Si je ne réagis pas, on pense que j’aime ça. Quoi que je fasse, c’est toujours moi le problème.

Je suis un homme

Je suis un homme et j’ai été agressé. Mais si je le dis, on rira. On me demandera pourquoi je n’ai pas aimé ça. On me dira que j’exagère, que ce n’est pas possible, qu’un homme ne peut pas être victime.

Je suis un homme et je sens la peur dans les regards des femmes lorsque je marche trop près derrière elles dans la rue. Alors je ralentis, je traverse, je fais semblant de ne pas exister. Parce qu’elles ne me connaissent pas, elles ne savent pas que je ne suis pas un danger. Elles ont juste peur, comme d’habitude.

Mais moi aussi, j’ai peur. Peur d’être considéré comme un violeur en puissance alors que je n’ai jamais levé la main sur une femme. Peur de me confier sur ce qui m’est arrivé et qu’on me tourne en ridicule. Peur de dire que, oui, un homme aussi peut être forcé, humilié, brisé.

Je suis un enfant

Je suis un enfant et je ne comprends pas ce qui m’arrive. Pourquoi tonton met sa main là ? Pourquoi cousine insiste pour qu’on “joue aux grands” ? Pourquoi tout le monde me dit d’embrasser cet adulte que je n’aime pas ?

On me dit de ne pas parler aux inconnus, mais c’est un proche qui me touche. On me dit que c’est normal, que je fabule, que je dois rester sage. Et moi, je me tais, je me referme, je me perds.

Et maintenant ?

Les agressions sexuelles ne sont pas qu’un “problème de femmes”, ni une honte à porter en silence. C’est une plaie qui gangrène nos sociétés, un fléau qui touche femmes, hommes et enfants.

Les chiffres sont terrifiants : des milliers de victimes chaque année, un nombre incalculable de cas qui ne seront jamais signalés. Pourquoi ? Parce que la honte écrase. Parce que la société minimise. Parce que les agresseurs sont rarement inquiétés.

Que faut-il faire ? Éduquer dès le plus jeune âge, briser les silences, écouter et croire les victimes. Former les forces de l’ordre à recueillir la parole sans jugement. Lutter contre la culture du viol, cette idée sournoise qui cherche toujours à excuser l’agresseur et culpabiliser la victime.

Il faut parler, dénoncer, protéger. Il faut surtout comprendre que les agressions sexuelles ne sont pas une fatalité, mais un combat que nous devons mener ensemble.

Je te dis tout

CommunicationGabonOpinion

Être qui on veut être !

L’individualisme, la singularité sont sincèrement en train de disparaître, et c’est dommage ! On a comme l’impression que le besoin d’appartenance a tellement grandi que plus personne ne veut se sentir différent des autres.

Le concept du Glow up, par exemple. En Afrique, je ne sais pas comment les gens ont compris ça.Tu vois des gens qui estiment que mettre des perruques et coller des faux ongles, c’est Glow up.

On a beaucoup de femmes qui pensent que toutes les femmes doivent obligatoirement le faire, parce que c’est ça être “propre” et être une femme. Pourtant, il y a des gens comme moi.

La majeure partie du temps, je me balade avec mon afro, je n’ai mis des faux ongles qu’une fois, pourtant je suis tout autant clean. Et toutes ces “règles” que les femmes s’imposent pour entrer dans les cases de “chics” femmes font que la singularité est en train de mourir.

Les mêmes robes, les mêmes visages parfois retouchés, les mêmes styles…On a besoin de créativité pour vivre. Nous. Et donc, on ne sera jamais complètement clean.Il y a une semaine ou deux, je suis sortie de chez moi avec un maquillage peul. En Afrique noire, au Gabon, on m’a regardée tout le long comme si j’étais nue. Un monsieur m’a même demandé pourquoi sortir avec. J’étais choquée.

Tout ce qui touche à l’art ou même juste à la singularité est vu de manière bizarre. Pourtant, c’est ainsi qu’on nous a créés : on est TOUS DIFFÉRENTS.

Au final, nous, les personnes avec des styles et des lifestyles différents, recevons des commentaires différents. Moi, par exemple, on ne me dit pas toujours que je suis jolie dans la rue. On me dit : « Tu es particulière », « Ton style est intéressant ». C’est tout. Parce que c’est curieux, mais ils ne savent pas comment l’apprécier.

C’est dommage, parce que la vie est trop belle pour se mettre dans des cases. Vivez singulièrement !

Je te dis tout