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Être qui on veut être !

L’individualisme, la singularité sont sincèrement en train de disparaître, et c’est dommage ! On a comme l’impression que le besoin d’appartenance a tellement grandi que plus personne ne veut se sentir différent des autres.

Le concept du Glow up, par exemple. En Afrique, je ne sais pas comment les gens ont compris ça.Tu vois des gens qui estiment que mettre des perruques et coller des faux ongles, c’est Glow up.

On a beaucoup de femmes qui pensent que toutes les femmes doivent obligatoirement le faire, parce que c’est ça être “propre” et être une femme. Pourtant, il y a des gens comme moi.

La majeure partie du temps, je me balade avec mon afro, je n’ai mis des faux ongles qu’une fois, pourtant je suis tout autant clean. Et toutes ces “règles” que les femmes s’imposent pour entrer dans les cases de “chics” femmes font que la singularité est en train de mourir.

Les mêmes robes, les mêmes visages parfois retouchés, les mêmes styles…On a besoin de créativité pour vivre. Nous. Et donc, on ne sera jamais complètement clean.Il y a une semaine ou deux, je suis sortie de chez moi avec un maquillage peul. En Afrique noire, au Gabon, on m’a regardée tout le long comme si j’étais nue. Un monsieur m’a même demandé pourquoi sortir avec. J’étais choquée.

Tout ce qui touche à l’art ou même juste à la singularité est vu de manière bizarre. Pourtant, c’est ainsi qu’on nous a créés : on est TOUS DIFFÉRENTS.

Au final, nous, les personnes avec des styles et des lifestyles différents, recevons des commentaires différents. Moi, par exemple, on ne me dit pas toujours que je suis jolie dans la rue. On me dit : « Tu es particulière », « Ton style est intéressant ». C’est tout. Parce que c’est curieux, mais ils ne savent pas comment l’apprécier.

C’est dommage, parce que la vie est trop belle pour se mettre dans des cases. Vivez singulièrement !

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Chroniques d’un optimiste en voie d’extinction

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai essayé pourtant. Je me suis installé, carnet en main, prêt à chanter les louanges de mon beau pays. J’ai commencé par l’électricité, mais au moment où j’écrivais “nous avançons vers une stabilité énergétique“, le courant a sauté. Silence total. J’ai attendu, le ventilo s’est arrêté, la chaleur s’est installée. Trois heures plus tard, toujours rien. Un voisin a crié “Mettez nous même les groupes, allumez !” et j’ai compris qu’il fallait abandonner l’idée d’un pays électrifié en continu. J’ai griffonné dans mon carnet : Nous sommes passés de l’énergie renouvelable à l’énergie intermittente. C’est une transition écologique… forcée.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des opportunités pour les jeunes. À la télé, on nous dit que le chômage baisse, que l’économie se porte mieux, que les entreprises recrutent. Puis, j’ai croisé mon cousin, master en poche, qui fait des livraisons à moto. “Faut bien manger, hein !” m’a-t-il lancé avant de repartir sous la pluie, casque à moitié cassé. J’ai aussi pensé à mon ami qui a envoyé 100 CV et n’a reçu que des refus polis, ou pire, un silence radio. Alors j’ai noté : Les jeunes ont des diplômes, des compétences et de l’ambition. Il ne leur manque plus qu’une chose : un pays qui leur donne leur chance.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la santé. Je suis allé à l’hôpital. À l’entrée, des files d’attente interminables. J’ai vu une femme enceinte attendre des heures, un vieil homme allongé sur un banc, faute de lit disponible. La pharmacie n’avait plus les médicaments nécessaires, mais “on peut vous aider si vous avez quelqu’un en ville pour les acheter en pharmacie privée“. Et si t’es fauché, que tu crèves en silence ? J’ai noté : On dit que la santé n’a pas de prix… Mais ici, elle a un coût, et tout le monde ne peut pas se l’offrir.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de l’amour. Mais le goumin m’a rattrapé. Elle est partie. Pourquoi ? “Tu n’as pas de projet”, “Les temps sont durs”, “Un homme doit être stable“. J’ai repensé aux loyers exorbitants des faux agents immobiliers qui réclament leur fameux “100% de commission” avant même que tu signes un bail. J’ai aussi pensé à l’inflation, au prix du poisson qui a triplé, aux légumes qui coûtent une fortune, et aux “commérages financiers” dans les couples. J’ai écrit : L’amour, c’est beau. Mais sans argent, c’est juste une relation d’amitié avec des obligations.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des routes. Puis j’ai pris un taxi et me suis retrouvé coincé dans un embouteillage monstre. Pourquoi ? Parce qu’une autorité a décidé de bloquer une route pour son passage. On voit arriver des motards sifflant comme des policiers en plein marathon, des agents de sécurité nerveux, et une file de voitures climatisées roulant à toute vitesse pendant que nous, pauvres mortels, transpirons sous un soleil impitoyable. J’ai noté : Ici, les routes sont à tout le monde. Mais certains sont plus “tout le monde” que d’autres.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la liberté d’expression. Puis j’ai vu un gars critiquer une situation sur Facebook. Deux jours plus tard, il était porté disparu. On apprend plus tard qu’il “collabore avec la justice“. En clair, il est au ngata. J’ai effacé ce que je voulais écrire et noté : Ici, la liberté d’expression est un mythe. Si tu veux parler, assure-toi d’avoir un bon avocat.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

Alors, peut-être qu’un jour, je pourrai enfin écrire un article joyeux. Peut-être qu’un jour, mon stylo tracera des lignes où l’espoir ne sera pas une blague. Peut-être qu’un jour, je cesserai d’avoir l’impression d’écrire un recueil de plaintes.

Mais pour l’instant, la lumière vient de s’éteindre. Le réservoir d’eau est vide. Mon cousin cherche un autre boulot. Une femme a encore été tuée.

Et moi, je me demande si l’optimisme n’est pas un sport extrême réservé aux inconscients.

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Oligui, le bâtisseur ! Mais pas que…

Si vous vous attendez ici à un article qui encense le Président de la Transition, vous lisez le mauvais texte. Loin des médias nationaux qui donnent dans la propagande, il serait de bon ton aussi de rappeler que le Général n’a pas toujours tenu sa parole…

Pour ceux qui n’iront pas beaucoup plus loin dans cet article, je tiens à rappeler que je ne cite que des faits vérifiables à travers les déclarations faites ici et là. Ça ne sert à rien de me tenir la jambe. Je n’ai rien inventé.

Ceci dit, pour ceux qui ont un peu fait attention, on a tous constaté une gymnastique particulière des différentes institutions, qui auraient dû être restaurées, pour répondre aux besoins du Président de la Transition. De la première version de la Charte qui l’empêchait de se présenter à la nouvelle version de la Constitution, tout est mis en place pour paver le chemin du Général de Brigade.

Autour de lui, d’anciens opposants et des PDGistes mis de côté par l’ancien régime : une cour de partisans uniquement là pour atteindre ses desseins. Rappelons-le, BCON a lu Machiavel… qui défend dans Le Prince l’idée qu’un dirigeant peut utiliser la ruse et la perception pour maintenir son pouvoir, affirmant même que l’apparence de la vertu peut être plus importante que la vertu elle-même et que les dirigeants doivent parfois user de tromperie. Dès lors, on peut clairement se dire qu’il n’a jamais été question de partir après la transition.

Modification de la Charte de la Transition
Initialement, la Charte de la Transition stipulait clairement que le Président de la Transition ne pouvait pas se présenter aux futures élections. Un gage de bonne foi censé rassurer les populations sur la sincérité du coup de libération. Mais comme par enchantement, la révision de cette charte a progressivement ouvert la porte à une candidature du Général. Une stratégie bien ficelée où l’on change les règles du jeu au fil du temps pour s’assurer un avenir politique.

Loi pour la polygamie
En pleine période de transition, une loi est adoptée permettant aux membres de l’armée d’être polygames. Coïncidence ? Pas vraiment. Cette loi semble taillée sur mesure pour le Président, dont la situation matrimoniale était déjà connue de tous. Par exemple, il était de notoriété publique qu’il entretenait plusieurs relations avant même cette loi, ce qui rend cette réforme pour le moins suspecte. Pendant ce temps, d’autres réformes essentielles attendent encore, comme la modernisation du système judiciaire ou l’amélioration des services publics.

Main tremblante devant les actions de certains
D’un côté, Oligui prône une politique de tolérance zéro contre la corruption et les abus de l’ancien régime. De l’autre, il ferme les yeux sur les dérives de son entourage. Son propre frère, surnommé l’enfant, a été épinglé pour des faits de malversation, mais cela n’a en rien affecté son influence politique. On pourrait aussi citer des figures du PDG aujourd’hui en poste, malgré leur implication passée dans la mauvaise gestion des affaires publiques. Cette indulgence sélective interroge sur la sincérité de la lutte contre les abus.

Responsable de rien
« Tu me les enlèves », disait-il en parlant des incompétents. Mais qui, au Gabon, donne réellement les directives concernant l’utilisation du budget ? La gestion des priorités budgétaires semble erratique : certains projets purement populistes reçoivent des financements immédiats, pendant que des secteurs clés comme la santé et l’éducation restent sous-financés. L’augmentation de la dette devient inévitable pour répondre à ces choix discutables, qui ne servent souvent qu’à soigner l’image du pouvoir en place.

Retour du tribalisme et de la xénophobie
Lorsqu’un gouvernement manque de propositions concrètes, il lui faut un bouc émissaire. Ces derniers mois, les discours tribalistes et xénophobes sont utilisés comme un outil de diversion politique. Des figures publiques, y compris certains ministres, ont tenu des propos ouvertement discriminatoires sans jamais être rappelés à l’ordre. Ce climat contribue à diviser les Gabonais et détourne l’attention des véritables problèmes économiques et sociaux du pays.

Oligui, le bâtisseur ? Peut-être. Mais gouverner, ce n’est pas que construire des routes et poser des premières pierres. C’est aussi assumer ses engagements, faire preuve de cohérence et ne pas instrumentaliser les institutions à des fins personnelles.

On est encore loin du compte. Mais bon… on va y arriver, « un peu un peu ».

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Présidentielle 2025 au Gabon : Festival d’amateurisme et course à la célébrité éphémère

À quelques semaines seulement de l’élection présidentielle gabonaise, le pays vient d’assister à un spectacle haut en couleur : un concours inédit de plaisantins, venus plus pour décrocher leur quart d’heure de célébrité que pour gouverner sérieusement.

Parmi les raisons invraisemblables ayant entraîné le rejet des dossiers figurent, pour plusieurs d’entre eux, l’absence d’actes de naissance légalisés (faut-il rappeler qu’il s’agit d’une candidature présidentielle et que même pour une inscription au collège, on demande un acte de naissance légalisé ?), l’incapacité à justifier la caution de 30 millions de FCFA (finalement, les internautes gabonais avaient peut-être raison de demander à chaque nouvelle déclaration de candidature si la personne avait 30 millions), ou encore l’oubli risible de la lettre officielle de candidature (peut-être une stratégie révolutionnaire pour manifester leur « différence » ?). On a même eu une candidate qui n’a pas pu fournir des photos en noir et blanc. Seigneur, sommes-nous revenus à l’époque où seul le studio photo Troisième Œil était habilité à fournir des photos officielles et était fermé chaque fois qu’elle y passait ?

Parmi tous ces farceurs, la palme revient à deux candidats. Le premier, Pierre Claver Maganga Moussavou, parfaitement conscient d’avoir dépassé la limite d’âge, mais qui, visiblement nostalgique de ses multiples tentatives précédentes à la présidentielle, a décidé de tenter encore une fois sa chance. Il semble déterminé à se présenter tant qu’il sera en vie, histoire d’ajouter un peu d’humour dans une compétition qui manquait clairement de piquant.

Bruno Ben Moumbamba, quant à lui, remporte haut la main le prix spécial du dossier le plus vide jamais vu dans une candidature présidentielle : ni déclaration de candidature manuscrite, ni acte de mariage, ni certificat médical, ni photo d’identité, ni certificat de résidence, et bien sûr, encore moins la déclaration des biens. Que cherchait-il donc exactement ? Probablement assouvir un besoin quasi-pathologique d’être au cœur de l’attention publique, symptôme évident d’une recherche compulsive et désespérée de reconnaissance.

Enfin, le cas de Jean-Rémy Yama est particulièrement frustrant pour de nombreux Gabonais qui voyaient en lui le candidat capable de challenger sérieusement le Général-Président-Chef de tout. Oui, c’était plus difficile pour lui d’obtenir un acte de naissance de son père né en 1920, mais les règles n’ont pas été connues la semaine dernière. Si tu veux participer, tu fais le nécessaire, et si le temps d’obtention de la pièce est trop long, libère le spot et place-toi derrière quelqu’un qui aura un dossier en règle dans les temps.

Cependant, au-delà de l’aspect ridicule de ces candidatures farfelues, il serait injuste de ne pas souligner que le montant exorbitant de la caution et le délai particulièrement court pour constituer les dossiers ont probablement privé le Gabon de candidatures plus sérieuses. Si ces conditions avaient été plus raisonnables, qui sait, peut-être aurions-nous assisté à une élection présidentielle digne de ce nom, plutôt qu’à cette parade de prétendants en quête d’un instant fugace de célébrité.

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C’est le 8 mars, offrez nous des fleurs

Je crois qu’il est grand temps d’aller au-delà de la sacro-sainte phrase « ce n’est pas la fête des mères mais la journée internationale des DROITS des femmes » .

Le 8 mars, Journée internationale des droits de la femme, comme d’habitude, a été le temps pour celles qui travaillent de se faire un restaurant entre femmes de l’entreprise, écouter d’autres femmes parler de leurs problèmes de couple, des challenges qu’elles rencontrent en tant que femmes actives, remercier les dames (1ères et ex æquo ?) et autres femmes qui gravitent dans la sphère politique pour leur digne représentation de la femme gabonaise.

On a dit qu’on ne critique pas, alors, oui, ce n’est déjà pas mal. Il faut reconnaître que la femme gabonaise s’exprime, « elle a la bouche » comme on dit chez nous. Il faut reconnaître qu’il existe des textes, des textes qui depuis peu condamnent le harcèlement sexuel au travail (Messieurs, oui, nous savons que les chacalas existent aussi, mais ce n’est pas le sujet), des textes qui favorisent l’inclusion de la femme en société, des textes, décriés de toutes et tous, qui donnent à la femme, le statut de chef de famille au même titre que son conjoint.

Les textes existent, les marches et autres types de soutien aussi. Mais après, quel en est le bilan ?

J’ai envie de m’étendre sur le sujet, mais je ne suis même pas sûre que cela intéresse qui que ce soit. Je vais donc me contenter de jeter un pavé dans la mare et poser quelques questions :
Est-ce qu’on sait si les femmes, lorsqu’elles sont victimes d’agression sexuelle, connaissent leur droit et se sentent libres de porter plainte ? Lorsqu’elles le font, est-ce qu’on parle de la manière dont ces plaintes sont accueillies et de leur issue ?
Est-ce qu’on sait si les femmes souhaitent que l’on retouche, de manière plus approfondie (parce que cela a déjà été fait) le texte sur l’avortement ? Ne devrait-on pas lancer un débat de société quand on connaît la pratique récurrente du sac poubelle où l’on balance neuf mois de souffrance ? Est-ce qu’on évoque le jeu hypocrite des autorités qui savent bien qu’on pratique des avortements clandestins, à tout coin de rue et même dans les cliniques les plus honorables de la capitale ?
Est-ce qu’on se demande comment une femme salariée du privé vit durant ses trois mois de congé maternité, privée de son salaire parce que la CNSS doit prendre le relais ? Cette même CNSS dont le remboursement pourrait contribuer aux frais d’université de l’enfant, tant il arrive tard.
Est-ce qu’on se demande si la tradition du père qui fait épouser ses enfants et les enterre n’est pas un peu déplacée (le mot est doux) dans un monde où la femme battante (qui se débrouille seule face à son ex-amant démissionnaire) a été érigée en norme ?
Enfin, de manière générale, est-ce qu’il ne serait pas judicieux de se dire que notre société matriarcale sur fond d’empreinte coloniale est souffrante, en perte de repères, et que peut-être, en écoutant les maux de Vénus, nous parviendrons à créer une meilleure Terre gabonaise pour tous ?

Le 8 mars n’est pas une journée de fête, c’est un jour qui, dans un pays en construction, doit faire mal, doit réveiller les souffrances endormies, bousculer les hypocrisies entendues et chercher des solutions réelles.

Pensons-y en offrant et en acceptant les fleurs.

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Faire autrement c’est d’abord un choix

« Faire du neuf avec du vieux », modifier les apparences sans rénover. C’est un peu ça au final la transition au Gabon. En reprenant les mêmes joueurs, on obtient les mêmes résultats car la volonté n’est pas de changer les règles du jeu mais bien de s’enrichir.

La sortie du Ministre des Mines m’a littéralement bondir. Koh « enlevez vos enfants du tertiaire »… M’enfin ! C’est exactement la raison pour laquelle on en est là. Là oú ? À 1 Gabonais, 1 Taxi. Dès le départ, on a expliqué au Gabonais, qui n’avait alors pas de problème pour se baisser et planter, qu’il n’aurait plus à le faire : le sol est riche en ressources pourquoi developper une economie autour d’autre chose ? Plus d’un demi-siècle plus tard, on voit les résultats. Aujourd’hui alors qu’on court après un élargissement du marché du travail et une diversification de l’offre, une Autorité vient nous expliquer qu’il faudrait reculer. Non, Monsieur !

Et même si tout cela part d’une bonne intention, je suppose la formation puis le recrutement de spécialistes du domaine, la forme du message est problématique. Sous d’autres cieux, pour marquer une préférence vers une formation, on n’essaie pas de déshabiller Paul. On propose des incitatifs :

  • Des bourses
  • Des contrats courts
  • Des formations courtes
  • Des salaires attractifs
  • Des emplois.
    Le dernier point est assez interessant car un Gabonais normal a répondu au Ministre qui prétendait que les ressources humaines locales n’existaient pas. Documents à l’appui, il a montré toute la difficulté de l’intégration au Gabon dans la fonction publique dont PERSONNE ne connait les besoins réels. Ou peut-être qu’ils connaissent mais ils ne veulent pas les dire au public… Notre pays n’est pas réputé pour la transparence de ses institutions.

Et là, vous vous demandez pourquoi je parlais de faire du neuf avec du vieux… Parce que cette sortie du Ministre, aussi maladroite soit-elle, n’est que le reflet d’un mode de gouvernance bien connu au Gabon : on ne règle pas les problèmes, on les déplace. Plutôt que de bâtir une stratégie cohérente et durable, on lance des déclarations à l’emporte-pièce, sans fond ni vision. C’est le règne du coup de com’, du symbole creux, du « faire semblant ». Et surtout, du recyclage permanent des mêmes pratiques et des mêmes discours.

Or, si nous voulons réellement avancer, il faut arrêter de bricoler et poser les bases d’un modèle économique qui fonctionne pour nous. Ce n’est pas en pointant du doigt un secteur ou un autre que nous trouverons des solutions. C’est en nous demandant : comment créer un environnement où chaque Gabonais peut s’épanouir et contribuer au développement du pays ?

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Bienvenue en Larbinie, le paradis des ambitieux !

Dans ce pays béni des dieux, les opportunités de réussite sont à la portée de tous. Il n’y a qu’une seule règle, un secret bien gardé que nous allons te révéler : si tu veux avancer, sois un larbin !

Envie d’un poste bien placé ? Sois un larbin.

Tu veux que tes compétences soient reconnues ? Sois un larbin.

Tu rêves de pouvoir ? D’influence ? De prestige ? Lèche plus, et encore plus.

C’est devenu un sport national et une religion

Autrefois, certains osaient encore parler de mérite, d’effort et de compétence. Aujourd’hui, ces dinosaures ont disparu, terrassés par les champions de la flagornerie. Le larbinisme est devenu un art, une discipline olympique, une religion d’État.

Tout bon citoyen sait qu’il faut honorer, glorifier et aduler le Chef. Le matin, on se réveille en chantant ses louanges. À midi, on rédige des hommages dithyrambiques. Le soir, on rêve de lui, en espérant qu’il nous remarque dans la foule de serviteurs prosternés.

Comment devient-on larbin certifié ?

C’est très simple. Il suffit d’observer et d’imiter certains modèles de réussite. Ceux qui, par une flexion bien placée de l’échine et une maîtrise impeccable du cirage de pompes, sont passés du statut d’anonyme à celui d’intouchable.

Quelques règles de base :

1. Ne jamais contredire le pouvoir en place – même quand il se contredit lui-même.

2. Applaudir tout et n’importe quoi – un discours vide ? Ovation ! Une décision absurde ? Standing ovation !

3. Dénoncer ceux qui doutent – un collègue trouve que le Chef exagère ? Signalement immédiat !

4. Faire preuve de créativité dans l’adulation – si tout le monde dit que le Chef est un visionnaire, sois celui qui affirme qu’il est un prophète descendu sur terre.

Derrière le décor festif de la Larbinie, il y a quelques effets secondaires mineurs.

Les vrais talents s’exilent ou dépérissent dans l’ombre. Les décisions absurdes deviennent monnaie courante, car personne n’ose dire “Chef, c’est peut-être une mauvaise idée…”.

Le pays s’enfonce, mais qu’importe ! Tant que les élites ont leur cour de flatteurs, tout va bien. Jusqu’au jour où le Chef tombe… et où tous ses larbins se cherchent un nouveau maître à servir.

Pourquoi ça continue ? Parce que les puissants adorent ça. Le culte de la personnalité, c’est leur carburant.

Ils aiment voir des foules chanter leur nom, lire des articles dithyrambiques, voir des statues érigées en leur honneur. Ils veulent être adorés, vénérés, et entourés de gens qui les confirment dans leur illusion de grandeur.

Et tant qu’il y aura des gens prêts à tout pour plaire au sommet, la Larbinie prospérera. Alors, tu veux réussir ? Tu connais la recette. Mais si un jour, la Larbinie décide de se libérer, elle devra apprendre un mot magique : dignité.

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L’hypocrisie des femmes : Le corps, le physique, la morphologie

Avant de commencer cet article, je tiens à remercier un rédacteur pour la réponse à mon précédent article. Il a apporté des éclaircissements sur des éléments que j’avais omis de toucher et, d’un autre côté, que j’avais peur d’aborder.

Maintenant, on peut attaquer notre sujet.
Avant, je vais vous raconter une anecdote.

Un jour, alors que je me promenais dans un quartier de Libreville, je me suis retrouvée au milieu de plusieurs “conseils” mal placés venant de femmes beaucoup plus âgées. Elles me rappelaient que mon corps flétrira, que ça ne sert à rien de “faire le malin” parce que tout ça, c’est rien. L’une d’entre elles a même rétorqué : « Moi aussi, j’avais un corps comme ça avant, mais j’ai donné la vie, tu verras, là y’a rien. »

Je me suis demandé si je devais me sentir coupable d’avoir un beau corps, une belle taille ou une poitrine encore “debout”. Cette situation, je l’ai vécue plusieurs fois. Et je ne suis pas la seule à l’avoir vécue.

Je me demande du coup : c’est de la jalousie ? De l’envie ? De la bienveillance ?
Je pense que la poule ne devrait pas en vouloir au paon d’être magnifique.

Parmi les paroles que ces femmes âgées sortent très souvent, il y a le poids de la vie et l’enfantement, mais selon moi, c’est trop facile.

Le poids de la vie ? La vie ne détruit pas, la vie ne dégrade pas, la mauvaise hygiène de vie le fait. Beaucoup de personnes pensent que coucher avec plusieurs hommes “fane” une femme, mais c’est faux, c’est coucher avec n’importe qui qui fait faner. Tout comme la vie ne détruit pas, c’est vivre une mauvaise vie qui détruit.

Vous ne pouvez pas passer votre jeunesse à consommer de l’alcool à outrance, à fumer, à mal vous nourrir, à vous dépigmenter, etc., et espérer être de belles femmes âgées. Tout acte a des conséquences.

Tout comme l’argument sur le poids de la vie, le fait de sortir la carte de l’enfantement à tout bout de champ rend les femmes africaines paresseuses. Oui, je n’ai pas d’enfants, donc je ne sais pas à quel point c’est difficile. Mais je sais aussi que nous avons des techniques traditionnelles pour retrouver un corps de rêve après avoir enfanté.

Il y a des techniques pour avoir un ventre plat, etc., mais comme beaucoup ne veulent pas le faire, elles se retrouvent avec de gros ventres. De plus, on n’a pas la culture du sport. C’est important de faire du sport, ça rebooste la confiance en soi, surtout dans ces périodes-là.

Par contre, je comprends parfaitement le fait que ces femmes soient des personnes souvent délaissées. Elles doivent s’occuper du ménage, des enfants, de leurs maris. Elles doivent parfois également chercher de l’argent pour aider leurs hommes, ce qui fait qu’elles n’ont vraiment plus de temps pour elles et qu’elles se dégradent avec le temps.
Comment trouver du temps pour la salle ou les repas sains avec tout ça ?

En conclusion, il y a plein de raisons qui pourraient vous permettre de garder un corps agréable à la vue et en bonne santé. Laissez les jeunes filles tranquilles, elles ne sont pas la cause de la façon dont vous vous percevez aujourd’hui ou de la manière dont votre corps a évolué. Prenez soin de vous et aimez-vous !

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Quand l’armée devient un parti politique

Le spectacle aurait pu être une scène coupée d’une dystopie mal ficelée. Mais non, c’était bien réel : un meeting politique organisé par des militaires, au vu et au su de tous, sans le moindre scrupule.

D’ordinaire, l’armée est censée être une institution républicaine, neutre, au service de la nation et non d’un camp. Mais au Gabon, l’histoire récente nous apprend qu’elle a toujours été à la solde de celui qui détient le pouvoir. La différence, c’est que jadis, on faisait semblant. Aujourd’hui, même le vernis de la neutralité a disparu.

Désormais, l’armée ne se cache plus. Elle organise des meetings, tient des discours qui ressemblent davantage à des prêches de campagne qu’à des paroles de défenseurs de la souveraineté nationale. Et ceux qui s’offusquaient hier du poids de l’armée dans la vie politique gabonaise ? Ils sont curieusement muets.

Où sont passés les intellectuels d’hier ?

Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, des figures respectables faisaient le tour des plateaux de TV5 et RFI, la mine grave, dénonçant un régime aux méthodes douteuses. Ils nous expliquaient doctement que l’armée ne devait pas être impliquée dans les jeux politiques, que le Gabon devait évoluer vers une démocratie exemplaire.

Où sont-ils aujourd’hui ? Perdus dans les couloirs feutrés du pouvoir, ils découvrent soudainement que le silence est d’or. Ils n’ont plus rien à dire, plus rien à analyser. Mieux, certains applaudissent ! Hier pourfendeurs de la militarisation du politique, ils trouvent aujourd’hui des justifications quand des hommes en treillis se transforment en militants de parti.

La propagande à ciel ouvert

Pendant que l’armée fait sa tournée de meetings, une autre campagne, plus insidieuse, bat son plein à l’intérieur du pays. Officiellement, il s’agit de “sensibilisation“, de “prise de contact avec les populations”. Officieusement, c’est une machine de propagande bien huilée.

On déploie des convois, on mobilise des foules, on promet des lendemains meilleurs. La recette est vieille comme le monde : marteler un discours jusqu’à ce qu’il devienne une vérité aux oreilles de ceux qui n’ont d’autre choix que d’y croire. On leur explique que la rupture est en marche, que l’espoir est permis, que cette fois-ci, tout est différent.

Mais le décor est familier, les méthodes aussi. Et derrière ces rassemblements aux allures de croisade, c’est bien la même logique qui prévaut : celle d’un pouvoir qui cherche à verrouiller les esprits plutôt qu’à convaincre par l’exemple.

Attention à l’effet boomerang

L’histoire regorge de régimes qui ont voulu s’assurer un soutien total en instrumentalisant les institutions censées rester neutres. L’armée, la presse, l’administration : toutes ont été tour à tour mises au service de la propagande, jusqu’à ce que le système s’effondre sous son propre poids.

Ce qui est en train de se passer au Gabon est dangereux. Car une fois qu’on a mis en marche ce genre de machine, il est difficile de l’arrêter. Un pouvoir qui commence à militariser son discours finit souvent par militariser son action. Et quand l’uniforme remplace le débat, c’est que la démocratie a déjà reculé.

Chaque système porte en lui le germe de sa propre destruction. L’erreur serait de croire que celui-ci fait exception.

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Polygamie : Une question de rivalité ou de choix de société ?

A la rédactrice de l’article intitulé « L’hypocrisie des Femmes : La polygamie. ». Je trouve ton analyse intéressante dans la mesure où elle met en lumière un point souvent soulevé : l’importance du statut social dans les relations amoureuses et la manière dont certaines femmes perçoivent leur place dans un couple. Toutefois, plusieurs aspects de ton raisonnement méritent d’être nuancés, car la question de la polygamie et de l’infidélité dépasse largement la simple rivalité entre femmes.  

Tout d’abord, je pense qu’il est essentiel de préciser que le fait d’être une femme ou un homme ne confère pas une compréhension absolue des problématiques liées à son genre. Nos expériences personnelles, nos observations et même notre ressenti peuvent influencer notre vision des choses, mais ils ne constituent pas une vérité universelle

Par exemple, toutes les femmes ne vivent pas leur relation amoureuse de la même manière, et toutes ne placent pas la même importance sur des éléments comme l’exclusivité ou la fidélité. C’est pourquoi un regard plus large, qui intègre différents points de vue et contextes, est toujours nécessaire avant de tirer une conclusion généralisée.  

Ensuite, tu sembles attribuer le rejet de la polygamie à une sorte de compétition mal assumée entre les femmes. Pourtant, ce rejet ne repose pas uniquement sur une question d’ego ou de rivalité, mais sur des valeurs, des émotions et des choix de vie bien plus profonds. L’exclusivité dans un couple, qu’elle soit choisie ou imposée par une norme sociale, repose sur un besoin d’engagement mutuel qui n’a rien à voir avec une simple peur de la concurrence. La jalousie et l’exclusivité affective ne sont pas des caprices ou des preuves d’insécurité, mais des réalités humaines qui existent autant chez les hommes que chez les femmes.  

Tu évoques aussi la fameuse phrase « C’est toi qui as la bague », souvent utilisée pour consoler une femme trompée. Certes, ce type de raisonnement existe, et il reflète une manière biaisée de percevoir la valeur d’un engagement. Mais faut-il pour autant en conclure que le problème vient uniquement du fait qu’une femme veut être « au-dessus » de l’autre ? Ce serait oublier que, dans beaucoup de cultures, le mariage est une institution qui apporte une forme de sécurité et de reconnaissance sociale, en particulier pour les femmes. 

Dans certaines sociétés, être mariée signifie avoir une certaine stabilité économique, des droits juridiques, et une place reconnue au sein de la famille. C’est peut-être moins une question de domination qu’un besoin de préserver un statut social qui, historiquement, a longtemps été essentiel à la survie des femmes dans des structures patriarcales.  

Par ailleurs, il me semble important de différencier infidélité et polygamie. L’infidélité repose sur la tromperie, la dissimulation, la rupture d’un accord implicite ou explicite entre deux partenaires. La polygamie, en revanche, lorsqu’elle est consentie par toutes les parties, repose sur un cadre établi et assumé. Ces deux réalités ne sont pas comparables. 

Dire que les femmes acceptent l’infidélité tant qu’elles ont « la bague » revient à réduire un phénomène complexe à un simple enjeu de fierté. En réalité, les réactions des femmes face à l’infidélité varient énormément : certaines quittent leur conjoint, d’autres pardonnent par amour, par dépendance affective ou financière, d’autres encore l’acceptent mais le vivent douloureusement. On ne peut donc pas en faire une généralité.  

Enfin, si l’on parle d’hypocrisie, on pourrait aussi évoquer celle des hommes qui prônent la polygamie lorsqu’elle les avantage, mais qui supportent difficilement l’idée d’une femme ayant plusieurs partenaires. Ce double standard est omniprésent dans beaucoup de sociétés où la polygamie est acceptée pour les hommes mais interdite pour les femmes. Il est donc légitime de se demander si l’argument du « rejet de la concurrence » ne serait pas, en réalité, un discours entretenu pour justifier une inégalité de traitement entre hommes et femmes.  

En conclusion, je pense que le rejet de la polygamie ne repose pas uniquement sur une peur de la concurrence, mais sur une multitude de facteurs : des normes culturelles, des croyances personnelles, des émotions profondes et une certaine vision de l’engagement. Ce n’est pas un simple jeu de domination entre femmes, mais une question plus large qui touche à la liberté de choix et à la conception que chacun se fait de l’amour et du couple.  

Je te dis tout