Ika Rosira

Ika RosiraOpinion

Bienvenue à Goumincity. – Ika Rosira

Bienvenue dans la métropole, que dis-je la megapole des blessés de guerre.
Ici dans cette ville longtemps restée sans nom, peuplées de soldats anonymes ou amnésiques finis, cette ville unique où chaque humain doit séjourner au moins une fois dans vie.

Bien qu’il faut se l’avouer, les séjours se multiplient pour certains. Y en a même qui ont pris perpète et qui finiront leurs jours là-bas.

Pour la trouver rien de plus simple: Prenez des risques non mesurés ou inconsidérés. La déception amoureuse n’a pas le monopole de la peine de cœur. Encore appelée le goumin en Afrique francophone. Une Afrique qui a la magnifique tendance à adopter, inventer et réinventer certains mots dont les différents peuples urbanisés partagent et repandent une définition commune.

Plusieurs facteurs peuvent cependant créer des goumins. La solitude, la déception sentimentale, professionnelle et même académique, Le deuil, la maladie, les conflits et les accidents peuvent créer des douleurs si profondes qu’elles partagent la même finalité: la peine de cœur.

On a des champions toutes catégories pour accumuler des frustrations. On a des médaillés d’or, des trophées par domaines et même des cérémonies de couronnement.

Deux syndicats officieux se sont formés dans le but de recenser, de célébrer et de partager leur avis sur les goumintiseurs, les goumintisés et bien entendu inconsciemment sur Goumincity.

Certains s’improvisent dans l’analyse anthropologique, sociologique et logique des témoignages vivants et décousus des victimes, des bourreaux et des survivants de cette contrée phénoménale.

Une contrée qui révèle chaque jour un peu plus l’étendue des dégâts causés par nos mentalités rétrogrades, dénuées ou privées d’intelligence émotionnelle ou même de connaissance relative à la gestion de nos émotions, des causes et des conséquences de nos séjours répétitifs dans cette infernale et étrange prison dorée et jalonnée de rivières et de fleuves de douleurs et d’atrocités.

Pour tous nouveaux séjours, il est important de souligner que tant que les leçons ne sont pas apprises par coeur, tant que les mêmes erreurs seront répétées inconsciemment ou consciemment, tant que nous seront incapables de discerner ce qu’on peut ou ne peut plus supporter, ce qu’on veut et qu’on ne veut surtout pas, ce qui nous constitue et ce qui est susceptible de nous détruire quand on ose vivre en mode carpe diem sans éviter les ronces et les pièges semés sur toutes les voies envisageables qu’on peut emprunter dans la vie… Goumincity sera heureuse d’accueillir des abonnés dans ces multiples bijoux architecturaux et dans ses bidonvilles.

Il faut néanmoins préciser qu’il est mieux d’y avoir séjourné au moins une fois dans sa vie et en être conscient que de nier l’existence de notre prison mentale commune.

Bienvenue en Octobre.
Ika Rosira

Je te dis tout

Ika RosiraPort-Gentil

On n’est pas de la Colombia. – Ika Rosira

Oui, on va encore dire, la craqueuse nationale veut se la jouer en décalage avec la nouvelle vibe. J’assume. Je n’ai même pas encore TikTok, j’arrive au ralenti…
Mais sincèrement, pensez-vous qu’on doit toujours importer nos pensées, notre alimentation, notre langage, nos religions, doctrines, croyances et renier tout ce qui fait de nous, des personnes exceptionnelles, originaires d’un pays ultra-béni, l’actuel poumon de toute une planète?

Il paraît que la Colombia fait référence à une zone ou plutôt un groupe d’humains zombifiés de notre capitale pseudo-économique : Port-Gentil… je n’ai même pas de certitudes, vous voyez non ?

Après les tueries perpétrées récemment par des voyous de bas étages là-bas… C’est quelle manière de réagir ? Si ce n’est de banaliser la terreur, la violence et le banditisme ?

Oui nous sommes créatifs, oui, il y a toujours une nouvelle doc chaque jour, une nouvelle mode, un nouveau buzz pour secouer notre toile. Même ceux qui sont sur place, au pays, se demandent de quoi il s’agit quand on parle de La Colombia qui se répand sur la toile.

Arrêtez ça!

À l’heure où, notre Eden pays, traverse sa plus jolie et historique crise économique, énergétique et semble nostalgique du monopartisme et bien entendu, des beaux jours du kounabelisme, on a décidé de magnifier notre appétence pour la distraction

Peuple bantu, allergique à la paix, réactif et friand de divertissements, ne me juge pas, ne me condamne pas. Surtout pas parce que je m’offusque car j’aurais mille fois préféré qu’on remplace “Gabon” par “Bantuland” ou encore “Bongoland” par “Bomawood”…

Si, rebaptiser le Gabon par l’un des pays les plus violents d’Amérique du sud peut vous consoler et apaiser votre cœur, faites.

D’ailleurs ce n’est pas parce que je m’offusque que ça va changer le monde. Au contraire, ce sera juste une manière égoïste de conserver mon rôle de mouton noir, entourée de brebis égarables.

Au contraire, ça me donne vraiment l’occasion de ne pas laisser pourrir en moi, des mots qui hurlent pour vous rappeler que nous sommes : Le Gabon.

Selon la Banque Mondiale et la BAD (Banque Africaine de Développement), le Gabon est l’un des pays, les plus riches d’Afrique noire (oups on dit Afrique subsaharienne), tant par notre niveau d’éducation (~90% de taux d’alphabétisation), que par la richesse de nos terres.

Nous avons dans nos veines, le sosie hématologique du pays de Canaan, je prend la référence biblique des hébreux, car avec un verset, ou en mentionnant un concept 100% hébraïque, judaïque ou plus ou moins issus du christianisme (dont on nous a imposé les croyances pour mieux nous dresser et mieux spolier nos richesses jadis), les bomas du Gabon, même de la Colombia et tous les bantu, comprendront naturellement où je veux en venir.

Gabon et ses 9 provinces magistrales dont 10% du territoire sont occupés par les contemporains.

C’est en mettant en place une politique de conservation et de préservation de la nature, en laissant 90% de notre territoire à la biodiversité de notre flore et de notre faune.

C’est en interdisant le braconnage et la surexploitation de plusieurs autres espèces particulières végétales, aériennes, aquatiques et terrestres, que nous avons pris le rôle de Seigneur dans un monde où les pays manquent de plus en plus de terres arables pour nourrir leurs populations, le rôle d’avant-gardiste dans un univers contemporain où l’environnement est devenu un cheval de bataille…

Je répète, l’Amazonie brûle. Il reste le Gabon. Soyez fiers un peu de votre wé gué! Durant toute ma jeunesse, enfance et adolescence confondues, les gens de ma génération et de la génération antérieure, se prenaient, soit pour des blancs, soit pour des ricains…

Qui n’a pas entendu des phrases comme: “ne nous ramène pas un homme noir ou femme noire”, “la peau de l’avenir”, qui d’ailleurs, n’a pas connu le rappeur brillant d’origine bantu du Bénin qui se surnommait Alkainry (Je ne sais même pas comment ça s’écrit, bref).

Qui n’a pas rêvé de se prendre en photo près de la Tour Eiffel ou de la Statue de la Liberté au lieu de le faire sur notre légendaire et mystérieux Pont de lianes

Je pourrais prendre encore quelques minutes de ta vie pour t’expliquer les origines et les conséquences de nos incapacités à reconnaître nos richesses culturelles, historiques et même économiques… flemme.

On nous a tellement mis dans la tête que le pays est en crise que la désillusion a fait du mal à beaucoup, qui en découvrant que nos ricains nationaux avaient des milliards de Fcfa craquants à domicile… ont senti comme si, on leur avait poignardé le cœur et le cerveau.

À quel moment, on redeviendra fiers d’être Africains, Bantu et Boma?… C’est dans 25 ans que les noirs aimeront à nouveau être chocolat, les blancs; crème et les métis: caramel?

Les Ekang ne m’emmenez pas dans vos faux débats du style: nous, on n’est pas Bantu… je suis Ayandji et Anova, ça ne m’empêche pas d’être Bantu!

Rendez-vous au prochain buzz-bête, donc après-demain.

Votre Ika

Je te dis tout

GabonIka Rosira

On n’aime pas la paix. – Ika Rosira

“Est-ce qu’on réalise” même que le Gabon (pays extrêmement béni des Dieux en Afrique centrale) d’où nous sommes originaires a bien plus que du Potentiel. Les richesses versées à l’intérieur n’ont d’égal que la pauvreté de nos mentalités rétrogrades.

On nous a menti durant des décennies que la paix était un levier de stabilité, que le Gabon était un exemple, que les gabonais étaient supérieurs aux autres bantu, aux autres africains et que nous étions même des êtres privilégiés et même si on ne nous l’a pas dit ouvertement, partout où nous avons traînés nos os, nous nous sommes illustrés positivement ou négativement avec comme dénominateur commun d’être des personnes enrichies de par leur origine culturelle, économique voire même spirituelle.

A quel moment, certains ont “réalisé” qu’ils ne mangeaient pas la paix qu’on leur vendait? À quel moment, on a compris que le peuple était maintenu dans une pauvreté sans nom? À quel moment, le reste du monde a compris que la disparité entre les gens du pays et ceux qui mangent les miettes qui tombent de leurs tables était inconcevable.

Août 2024, on s’attendait à dresser le bilan de réformes, de changement de paradigmes, à voir les plafonds de verre s’écrouler, à voir les cocos se fracasser au sol, à voir une génération sacrifiée faire naître une génération lucide et déterminée, à lire une nouvelle Constitution, une qui protège l’intérêt supérieur de la nation et du peuple agonisant sous le poids de la corruption légendaire et imperturbable du système colonial et néocolonial souvent amalgamé au simple Bongo-PDG.

Août 2024, l’heure est à la nostalgie, l’heure est à la commémoration des sentiments ineffables avoués et assumés par ceux qui ont vécu le 31 août 2023 et les changements espérés. Nous assistons à la campagne anticipée du CTRI, à l’ascension inebranlable du candidat Oligui, aux retournements de vestes, aux serments d’allégeance, à la liesse d’un peuple réduit à la mendicité, aux monopoles oligarques et à la l’édification d’une nouvelle génération d’escrocs professionnels dans toutes les sphères de notre vie sociale, politique, commerciale et culturelle sans compter les pseudo apôtres de la Transition.

On n’aime pas la paix, d’abord parce qu’on est bantu, même ceux qui prétendent ne pas l’être sont déjà condamnés du simple fait d’être né et de vivre en territoire bantu. On aime tenter le diable ou succomber à ses instincts primaires, on n’aime pas la vérité ou même l’idée qu’elle soit restituée, on n’aime pas être contredit, on n’aime pas regarder les évidences et s’ouvrir à de nouvelles perspectives ou perceptions, on nous dissimule tellement d’horreur que même Hollywood, Netflix, Paramount et Prime trouveraient des scénarios auxquels ils ne s’attendent même pas un peu.

On aime “notre” vérité, on aime les mensonges qu’on se fait à nous-mêmes et aux autres, on aime notre tendance bureaucratique, on aime le moindre effort, on aime justifier nos procrastinations, on aime qu’on nous mente et nous manipule, on aime qu’on nous vole (projets, idées, rêve, vies et espoirs). On aime se victimiser et laisser croire que nos bourreaux sont les seuls responsables de nos échecs lamentables.

On aime suivre les Dieux importés et diaboliser nos us et coutumes sans chercher à savoir quelles étaient nos valeurs, nos habitudes de vie et même à quand remonte réellement la civilisation bantu pour mieux comprendre à quel point et à quel instant, nous avons été corrompus jusqu’à la moelle au point de manger de cette paix édulcorée d’hypocrisies volontaires.

Bref, Août 2024, on ne peut qu’espérer puisque l’espoir fait vivre, que cette année électorale obligera nos marionnettistes chéris, à nous offrir un spectacle digne du Bomawood.

Bienvenue en septembre 2024.
Votre Ika

Je te dis tout