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De Libreville à Washington [2]– langage corporel, complexe d’infériorité et le miroir américain

Avec l’arrivée du président gabonais Brice-Clotaire Oligui Nguema, venu des États-Unis, le Gabon semble plongé dans une ambiance de gaieté traditionnelle.

Le langage corporel du président gabonais était cohérent depuis le début, mais il préférait regarder l’interprète plutôt que son hôte, ce qui le mettait dans une posture inconfortable, la main sur le dossier de sa chaise et le regard perdu dans ses pensées. Il ne pouvait donc pas maintenir le contact visuel avec son hôte, pourtant nécessaire pour lui faire comprendre sa détermination. L’absence de contact visuel et l’absence de sourire ont été les plus grands défauts du président gabonais depuis son entrée en fonction.
Le fait est qu’il n’a pas appris ces bases au cours de ses deux dernières années de mandat.

Une autre erreur du président gabonais a été de conclure son discours en déclarant : « Vous êtes les bienvenus pour investir, sinon d’autres pays viendront à votre place. » Cette phrase est intimidante : le président aspire aux investissements américains et prétend que si vous n’investissez pas, d’autres investiront.
Aurait-il fallu prononcer cette phrase ? Les Russes, les Français et les Chinois ont investi ; leurs investissements ont-ils été fructueux pour le Gabon ? C’est ce qu’on appelle une piètre monnaie d’échange avec un fusil à la main. Trump en aurait gardé un goût amer. C’est pourquoi il a tenté de clore les discussions sans ménagement.

Enfin, tout en invitant les États-Unis à investir au Gabon, le président gabonais a, à tort, insisté sur le fait que « nous sommes riches ».
Cette affirmation répétée fera l’objet d’un autre article, je n’y reviendrai donc pas pour l’instant.
Mais que les lecteurs se demandent : quand affirmons-nous que nous sommes riches ? La prospérité est-elle un argument de poids devant le président américain ? Cela semblait puéril, et Trump n’aurait certainement pas été très impressionné par ce « nous sommes riches ».

La réalité est bien plus dure, notamment dans le contexte des pays d’Afrique de l’Ouest, où l’éducation primaire et les soins de santé primaires ne sont pas accessibles aux Africains à des prix abordables.
Les cinq économies de ces cinq pays sont lourdement endettées, et pourtant il a affirmé « nous sommes riches ».
Les Gabonais devraient se débarrasser au plus vite de leur obsession d’être riches. Vous n’êtes pas « riche », vous disposez d’une abondance de minéraux qui doivent être monétisés pour l’être.
Les Gabonais doivent accepter une dure réalité le plus tôt possible et œuvrer à s’émanciper de cette dure réalité.

Tout le monde sait que l’économie gabonaise est basée sur les importations ; même les boîtes d’allumettes sont importées, et pourtant il a prétendu être « riche ».
Le Gabon est riche alors que l’Union européenne s’est offert le luxe rare d’un taux de change fixe pour sa monnaie, soit 656 FCFA pour 1 euro.
L’économie entière repose sur des béquilles européennes et vous prétendez être « riche ».
Ce n’est rien d’autre qu’un manque d’appréciation de votre stature par rapport aux États-Unis.

La mauvaise gouvernance, l’absence de démocratie constitutionnelle et l’absence d’État de droit ne suffiront pas à convaincre le président américain de considérer ces pays comme « RICHES », même si leurs présidents recourent à cette litanie.

Votre hôte n’est pas censé diriger votre conduite. Vous devez vous comporter de manière naturelle, ce qui a plus de chances de l’impressionner que de copier votre hôte.

Cette démonstration effrontée de masculinité, associée à une image machiste, n’est ni obligatoire ni impressionnante pour le président américain.
Oui, chez lui, ces gestes peuvent plaire à quelques personnes en raison de leur complexe d’infériorité, mais un chef d’État devrait s’abstenir d’afficher un complexe d’infériorité en se présentant comme un machiste.

Le président Trump a toujours été très tiède, dépourvu de toute information préalable de ses conseillers.
De plus, il semble très méprisant envers tous ses invités, représentant leur souveraineté, alors que le président gabonais se promène dans sa capitale avec une casquette MAGA en compagnie de tous ses collègues du cabinet.
Tous ces gestes dénigrent le président gabonais, qui semble ravi de rencontrer un grand patron, alors qu’il est aussi président.

Mais… Henry Kissinger avait conseillé :
L’hostilité envers l’Amérique est dangereuse, mais l’amitié américaine est fatale.
Le président gabonais, qui se réjouit de sa visite aux États-Unis, devrait être mis au courant par ses conseillers de ce conseil plus sensé de Henry Kissinger.

Je te dis tout

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De Libreville à Washington [1]– l’emballement médiatique et les faux-semblants diplomatiques

Avec l’arrivée du président gabonais Brice-Clotaire Oligui Nguema, venu des États-Unis, le Gabon semble plongé dans une ambiance de gaieté traditionnelle.

Le président gabonais lui-même semble savourer l’euphorie de sa rencontre avec le président américain, arborant sa casquette MAGA dans les rues de Libreville. Cette impression est créée par les médias gabonais et par quelques flagorneurs de la présidence.

Cette affaire illustre parfaitement la naïveté des Gabonais, la facilité avec laquelle ils se laissent berner par leurs dirigeants. Ils ne prennent pas la peine de réfléchir, se contentant d’obéir, y compris les membres de la société civile et les médias censés tenir les dirigeants en haleine. Or, les médias sont les premiers à faire l’éloge, et de manière disproportionnée, des dirigeants politiques.

Dans cette série, Info241.com a également publié un article rédigé par un universitaire. La dichotomie de cet article réside dans le fait que, dans la première partie, il a survolé les généralités, tandis que dans la seconde, l’auteur s’est prosterné docilement devant son président, à travers ses écrits. Le point le plus critiquable est que le titre de l’article est tiré de la seconde partie, ce qui ressemble à un éloge funèbre. En réalité, une évaluation critique de la performance du président gabonais aurait dû être proposée au lecteur afin de l’éclairer et de le maintenir vigilant, afin qu’il soit toujours attentif aux « intérêts gabonais ».

J’en viens maintenant à l’évaluation de la performance du président gabonais à la Maison Blanche. Il a été ferme dans ses propos, ce qui est assez évident puisqu’il ne s’agissait pas d’une réunion bilatérale. En fait, il s’agissait d’une réunion collective avec le chef d’État de cinq pays d’Afrique de l’Ouest. Il n’y avait donc pas d’ordre du jour préétabli.
Lors de cette réunion, le président Brice-Clotaire Oligui Nguema semble copier Trump, ce qui n’était pas nécessaire. Trump étant connu dans le monde entier pour ses excentricités, il était inutile de se comporter comme lui, car il n’apprécierait pas une telle conduite. Lors des réunions diplomatiques, il existe des procédures établies, notamment en matière de politesse et de protocole. Si Trump ne les respecte pas, cela ne signifie pas que tous les autres doivent également les ignorer.

Le président gabonais a commencé par faire l’éloge du président Trump en le recommandant verbalement pour le prix Nobel de la paix. Le prix Nobel de la paix est une obsession pour le président Trump, ces derniers temps. Il a ensuite félicité Trump pour l’accord de paix, prétendument négocié par lui-même entre la RDC et le Rwanda. Ce propos était également redondant, car aucun pays africain n’a pu réaliser cet exploit malgré toute la solidarité régionale et continentale prônée par les nations africaines. En fait, c’était une insulte aux nations africaines que deux voisins débarquent à Washington pour conclure un accord entre eux.

D’un côté, le président gabonais recherchait un « partenariat solide » avec les États-Unis pour enrayer la piraterie dans le golfe de Guinée. De l’autre, il informait le président Trump de la résiliation d’un traité avec l’Union européenne sur la pêche en eaux profondes dans les frontières maritimes gabonaises.

Quant à savoir dans quelle mesure cela était approprié, je laisse à la sagesse du lecteur le soin de le déterminer, mais à mon avis, c’était offensant. Il s’agissait d’une bravade éhontée de la part du président gabonais, qui n’avait que des conséquences négatives, et aucun avantage n’aurait pu être obtenu en offensant son hôte.

A suivre…

Je te dis tout

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Révision des listes électorales : les Gabonais de l’étranger en attente, et le temps file !

Au Gabon, la révision des listes électorales a officiellement démarré le 2 janvier et doit s’achever le 31 janvier 2025. Mais pour les Gabonais résidant en France, c’est une autre histoire. Cinq jours après le lancement, l’ambassade du Gabon en France annonce enfin sur X (anciennement Twitter) que l’opération n’a toujours pas commencé. Résultat : frustration, incertitude et surtout, un sérieux retard à rattraper.

Une organisation qui laisse à désirer

Comment expliquer que l’opération, déjà annoncée depuis plus d’une semaine par le ministère de l’Intérieur, prenne du retard à l’étranger ? L’ambassade assure collaborer avec les autorités compétentes pour « finaliser les dispositions », mais en attendant, c’est la diaspora qui trinque. Chaque jour de retard, c’est un jour de moins pour s’inscrire ou mettre à jour ses informations. Et dans une campagne censée durer 30 jours, chaque jour compte.

Ce manque de réactivité pose une vraie question : nos autorités prennent-elles vraiment en compte l’importance du vote pour les Gabonais de l’étranger ? Ou bien est-ce qu’on considère, une fois de plus, que ceux qui sont loin peuvent attendre ? Peut-être aussi qu’on considère que nous sommes trop boudeurs donc mieux on ne vote pas ?.

Un tel retard, c’est pas seulement embêtant, c’est une véritable entrave au devoir citoyen. Beaucoup de Gabonais vivant en France ont des emplois du temps chargés et parfois des distances importantes à parcourir pour accéder aux centres d’enrôlement. Si la période d’inscription est raccourcie, certains risquent tout simplement de ne pas pouvoir s’enregistrer.

Ce qui est en jeu, c’est notre capacité, en tant que citoyens, à participer aux élections. Si on veut que tout le monde ait une chance de s’exprimer, il faut que des mesures soient prises dès maintenant :

Prolonger la période d’enrôlement en France ;
Renforcer la communication auprès des compatriotes ;
Et surtout, ouvrir rapidement les centres pour limiter les dégâts.

Préparez-vous malgré tout

En attendant que les choses bougent, on peut quand même se préparer. Pour éviter les mauvaises surprises le jour J, voici les documents à prévoir selon votre situation :

Pour les Gabonais d’origine : acte de naissance, jugement supplétif ou pièce d’identité valide (CNI ou passeport).

Pour ceux ayant acquis la nationalité : décret de nationalité, certificat d’authentification ou jugement de nationalité, et une pièce d’identité valide.

Pour les Gabonais nés à l’étranger : un acte de naissance délivré par une ambassade ou un acte transcrit à Libreville.

Si vous êtes déjà inscrit avec un Numéro d’Identification Personnel (NIP), il suffit de confirmer votre centre de vote. Les primo-électeurs ou ceux qui ont changé de résidence, eux, devront obligatoirement s’inscrire.

En conclusion : bougez-vous et poussez les autorités à agir

La révision des listes électorales n’est pas un détail : c’est un pilier de notre démocratie. Que vous soyez à Libreville ou à Paris, tout le monde doit avoir la chance de s’inscrire et de voter. Alors, en attendant que l’ambassade se réveille et que les centres ouvrent, préparez vos documents et soyez prêts à foncer.

Et pour nos autorités : il est encore temps de se rattraper. Mais faites vite, parce que la montre tourne, et le droit de vote, lui, n’attend pas.

Je te dis tout