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Je me sens doublement volé

J’aurais pu écrire cet article plus tôt mais il aurait fallu alors que j’ai une boule de cristal pour voir ce que je ne voulais pas. J’ai été optimiste le 30 août 2023 et je n’ai aucun regret de l’avoir été. Aujourd’hui pourtant, un peu plus d’un an plus tard, c’est le coeur lourd que je me réveille en pensant à ce pays.

Je ne sais pas si vous vous rappelez de la campagne pour les élections présidentielles 2023. Les plaies qui n’avaient jamais été refermées plus béantes que jamais. Le PDG tout puissant et ses alliés qui narguaient un peuple en colère. Des menaces, des injures et parfois même des emprisonnements… Pas de mort cette fois-ci grâce au « coup de Libération » du CTRI. Voilà l’issue heureuse de décennies de gabegies financières, mauvaise gestion (appelée plus couramment détournements) et injustices dont souffraient les Gabonais. Nous étions libérés… DU PDG !!! Du moins c’est ce que nous pensions…

Seulement, l’Histoire ne s’arrête pas là et c’est là tout le problème. Si on remercie le CTRI d’avoir empêché l’accession au pouvoir par la tricherie, bain de sang en supplément, du PDG, comment et surtout pourquoi nous impose-t-il la survie de ce parti ?! Les voir m’a profondément bouleversé. Comme l’impression de voir son violeur dans la rue en train de draguer quelqu’un… Un profond dégoût. Un sentiment d’injustice… de trahison même. Comment peut-on imaginer que ceux qui, pendant tant d’années, ont profité des ressources du pays, des vies brisées et des rêves réduits en poussière, continuent de rôder autour de la scène politique, comme si de rien n’était ? La « Libération » qui nous avait été promise semble n’être qu’une illusion, un leurre bien ficelé pour apaiser temporairement notre colère.

Je me sens piégé dans une boucle sans fin. Une même poignée de personnes revient sans cesse, changeant de visages, de discours, mais portant en eux les mêmes germes d’arrogance et de mépris pour ce peuple qui aspire à vivre dignement. Le masque du « changement » est tombé, et ce que nous voyons aujourd’hui n’est autre qu’une perpétuation du système, maquillé de belles paroles et de promesses en l’air.

Et nous, que faisons-nous ? Nous continuons à espérer, à attendre un vrai changement qui n’arrive pas. Peut-être parce qu’au fond, nous n’avons jamais réellement brisé nos chaînes. Peut-être que le vrai combat, celui qui nous permettrait de nous libérer de cette emprise, reste encore à mener.

Alors oui, je me sens doublement volé. Volé de mon espoir, de ma foi en un avenir meilleur, mais aussi de cette promesse non tenue de voir enfin émerger un Gabon libéré, purgé de ses démons, ses perfides trompeurs.

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L’alcool est à notre pays ce que la religion est au monde : l’opium du Peuple

Récemment, une discussion a émergé autour de la consommation d’alcool, et certains ont même dit que l’alcool est à notre pays ce que la religion est au monde : l’opium du peuple. Dans cette vision des choses, la bouteille devient le symbole d’une apathie généralisée, celle d’un peuple qui ne cherche ni à investir, ni à entreprendre, ni même à rêver plus grand. À travers les échanges que j’ai suivis, j’ai ressenti une sorte de malaise et j’ai eu envie de partager mes pensées.

Sous ces critiques sur l’hyperconsommation d’alcool par les Gabonais se cache très souvent un mépris déguisé, surtout envers les classes les plus défavorisés. On a-doooo-re peindre le portrait d’un « pauvre » paresseux, inconscient, qui, malgré ses difficultés financières, trouverait toujours le moyen d’enchaîner les bouteilles de bière dans les bars du coin.

Mais je pose la question : à quel point comprenons-nous réellement ces réalités quand on les regarde de loin, depuis un point de privilège que beaucoup ne s’avouent même pas ?

J’ai grandi à IAI, un quartier qu’on pourrait qualifier de « ghetto » à Libreville, la capitale gabonaise. Mon quotidien était partagé avec les fallaman, ces gens qui cumulent les petits boulots précaires, des Gabonais, mais aussi des Camerounais, des Togolais, Béninois, Nigérians, etc. J’ai vécu au milieu d’un bordel, des bars, des friperies tenues par des gens qui se cherchent. Il y avait aussi des grands qui ne faisaient rien de fixe, trainaient dans le quartier en attendant qu’un-e grand-e cherche des bras pour faire la peinture ou débroussailler quelque part. En ayant grandi autour de tous ces gens, je peux vous affirmer une chose : je n’ai jamais rencontré plus travailleurs, plus acharnés que ces personnes-là. Dire que l’alcool serait la racine de leur stagnation sociale, c’est non seulement faux, mais c’est terriblement condescendant.

Ce à quoi on ne pense et ne dit jamais, vous vous demanderez pourquoi, c’est que ces mêmes personnes, qui peinent à boucler les fins de mois, à trouver du travail, à nourrir correctement leurs familles, n’ont peut-être tout simplement pas les moyens de « vider des casiers de bière ». Alors, pourquoi dans nos discours, toujours insinuer que ce sont eux qui seraient responsables de ce prétendu fléau de l’alcoolisme ? Pourquoi ne remet-on pas en question l’idée que ceux qui enchaînent les tournées de bière, consomment à outrance pourraient bien être les plus privilégiés, ceux-là mêmes qui vivent dans un certain confort, qui investissent et entreprennent déjà ? Est-ce qu’il y a des données fiables sur les couches sociales qui boivent le plus d’alcool ? Quel rapport direct fait-on entre entreprendre et la consommation d’alcool ? 

De plus, questionner les choses d’une telle manière, c’est à mon avis prendre le problème du mauvais pied : on confond la conséquence avec la cause. Ce que l’on refuse d’admettre, c’est que ce prétendu « alcoolisme national » est avant tout une conséquence d’un environnement politique délétère qui a créé un terreau fertile pour le chômage de masse, notamment parmi les jeunes et les femmes. Ce n’est pas pour prendre ce pays en exemple, mais la France, c’est 11 L par habitant contre 9 L pour le Gabon. Les vraies causes du malaise sont politiques : l’absence d’opportunités, le manque de soutien aux initiatives locales, des richesses non redistribuées, des politiques publiques insuffisantes pour lutter contre le chômage, etc. Mais au lieu d’affronter ces réalités, il est plus facile de stigmatiser ceux qui souffrent déjà. Ce n’est pas en blâmant ceux qui subissent de plein fouet les conséquences de la pauvreté qu’on résoudra les problèmes de fond. 

Ce que ces discours condescendants oublient même trop souvent, c’est que l’épargne, l’investissement, l’entrepreneuriat, tous ces concepts qu’on nous vend comme des solutions miracles, sont eux-mêmes des privilèges. Dans un contexte dans lequel beaucoup peinent déjà à satisfaire leurs besoins les plus basiques, comment peut-on sérieusement attendre qu’ils aient de quoi mettre de l’argent de côté pour « investir dans l’avenir » alors que leur quotidien est déjà une bataille ? Puis, c’est comme si la vie des couches sociales les plus défavorisées devait se réduire à une lutte sans fin, sans espace pour le plaisir, sans moment de répit. On leur dicte quoi faire, comment vivre. L’injonction à l’abstinence pour ne pas avoir d’enfants parce que pas d’argent, ne pas boire ceci ou de telle façon, comme si leur existence devait se limiter à la survie, à une rigueur implacable. Mais qu’en est-il des loisirs ? Qu’en est-il de ces petits instants de détente qui permettent de supporter une vie rude, parfois cruelle ? Pourquoi la morale semble-t-elle toujours se diriger vers ceux qui en ont déjà le moins ? 

J’écris ce texte comme une invitation, à vous, à moi, à nous tous. Une invitation à réfléchir, à prendre du recul, et à ne pas laisser nos privilèges nous faire perdre la tête. Que notre tour d’ivoire, d’où nous regardons le monde, ne devienne pas un obstacle à la considération des autres. Il est facile de prêcher du développement personnel à des gens qui peinent à s’offrir un avenir, parce que les seuls objectifs qu’ils peuvent se permettre sont ceux du quotidien : avoir de quoi manger, payer les factures, envoyer leurs enfants à l’école, avec ou sans un verre à la main.

Au-delà des jugements simplistes, il est essentiel de se poser la question de ce que notre propre position sociale nous empêche de voir. Comme l’explique le philosophe Charles W. Mills avec son concept d’ignorance blanche, il existe une méconnaissance, souvent volontaire, des réalités vécues par les plus marginalisés. Dans notre contexte, il ne s’agit pas de blanchité, mais d’un privilège plus large qui semble nous aveugler sur les réalités des autres, tout en nous donnant le confort d’émettre des analyses biaisées et des jugements distants. Abandonner ces conclusions faciles et interroger nos privilèges pourraient nous permettre de saisir enfin la véritable complexité des problèmes qui nous entourent.

– Madame la Présidente

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Liberté d’expression au Gabon : chimère ou réalité ?

La liberté d’expression au Gabon, un rêve éveillé que nous entretenons depuis des décennies, se pare de jolis atours. Sur le papier, nous sommes dans une République où chacun a le droit de dire ce qu’il pense. Oui, vous avez bien entendu, le droit. Mais entre avoir un droit et l’exercer sans craindre pour sa vie, il y a un fossé aussi large que l’application des politiques publiques Libreville et dans l’intérieur du pays. 

Le vrai visage de la liberté d’expression au Gabon se dessine dans les couloirs sombres des administrations et les coins discrets des quartiers. Ici, les gens parlent, mais à voix basse, et surtout pas en public. Pourquoi cette discrétion ? Parce qu’on a tous vu des choses. On a entendu des histoires de ceux qui, à force de dire trop de vérités, ont fini par rencontrer la grande faucheuse plus tôt que prévu. Oui, au Gabon, la vérité a ce talent unique de précipiter des fins tragiques. On me disait même qu’à l’époque d’Omar, tu pouvais parler dans le taxi et le lendemain, on te récupérait. Paraît qu’un jour un gars a dit « La paix c’est quoi ? On mange la paix ? » et s’en était fini pour lui. Dans ces conditions, qui va parler ?

La République du silence imposé

Nous sommes censés être dans une République, un endroit où chacun peut s’exprimer librement. Pourtant, pendant des années, on nous a montré que ceux qui parlaient un peu trop haut finissaient par disparaître ou devaient s’exiler. Des opposants politiques retrouvés morts, des activistes contraints de fuir leur propre pays pour éviter la répression, et même de simples internautes qui s’inquiètent qu’un post de trop sur Facebook leur vaudra peut-être une arrestation surprise à l’aéroport.

En 2024, après plus d’un an de Transition politique au Gabon, on aimerait pouvoir croire que tout cela appartient désormais au passé. Que l’époque où un simple tweet, une publication Facebook, ou même un TikTok pouvait vous conduire tout droit derrière les barreaux n’est plus qu’un lointain souvenir. Après tout, les nouvelles autorités promettent une ère de transparence, de réformes, et d’ouverture. Mais si l’on gratte un peu la surface, les fantômes des années sombres continuent de rôder, omniprésents dans les esprits.

Les cicatrices laissées par le silence imposé, les intimidations, et la répression sont encore profondes. Et si aujourd’hui, les Gabonais sont plus nombreux à s’exprimer sur des plateformes comme Twitter, TikTok, ou YouTube, ce n’est pas sans une certaine appréhension. Car même si le cadre politique a changé, la mémoire collective est encore marquée par ces années où trop parler pouvait vous coûter cher. On se souvient des journalistes réduits au silence, des blogueurs contraints à l’exil, ou encore des citoyens ordinaires arrêtés simplement pour avoir partagé un post qui dénonçait des injustices.

Les réseaux sociaux, pourtant, sont devenus un espace vital pour la parole au Gabon. Ils ont permis, à plusieurs reprises, de briser l’omerta imposée par les médias traditionnels. C’est grâce à internet que le monde a pu voir ce qui se passait au Gabon le 30 août 2023, lors de la prise de pouvoir militaire, mais aussi en 2016, au plus fort de la crise post-électorale. Des vidéos montrant la réalité des événements, des tweets relayant les témoignages des citoyens pris dans la tourmente… Internet a été la fenêtre par laquelle le monde entier a découvert les vérités que certains auraient préféré cacher.

Et pourtant, même dans cette nouvelle Constitution que l’on nous promet, l’accès à internet n’est pas garanti de manière absolue. Il est sous conditions, ce qui laisse une grande zone d’incertitude. Ces conditions, d’ailleurs, posent question : qui décide de ce qui est acceptable ou non ? Qui garantit que demain, les coupures d’internet ne seront pas de retour pour faire taire les voix dissidentes, comme ce fut le cas lors de la crise de 2016 et en 2023 ? 

Le paradoxe est frappant : d’un côté, on parle de restaurer les libertés et de garantir l’accès à internet, mais de l’autre, on limite cet accès sous prétexte de préserver l’ordre. Pourtant, c’est précisément grâce à internet que les Gabonais ont pu se faire entendre et que le monde a pu voir ce qui se passait derrière les rideaux opaques de nos institutions. Sans ce formidable outil, beaucoup de vérités seraient restées dans l’ombre.

Alors, peut-on vraiment parler de liberté d’expression quand celle-ci dépend d’une connexion internet conditionnée ? Peut-on vraiment croire que la parole est libre quand chaque internaute craint que son prochain post Facebook , sa vidéo TikTok ou son tweet ne devienne l’élément déclencheur d’une convocation au B2 ou à la DGR ou pire, d’une interdiction de quitter le territoire ? Si nous voulons que le Gabon avance, il est impératif de garantir un accès sans condition à internet, et de protéger ceux qui osent s’exprimer, que ce soit en ligne ou hors ligne. (On n’a pas aussi dit d’être sauvage et d’insulter les gens). 

La peur, cet ennemi silencieux

Cette peur, elle est omniprésente. Elle s’infiltre dans les conversations, elle conditionne les mots choisis et la manière de s’exprimer. Certes, nous avons le droit de parler, mais à quoi bon si la peur de représailles est plus forte que ce droit ?

Pour lutter contre cette terreur invisible, il nous faut une véritable restauration. Restaurer la confiance des citoyens envers les institutions, garantir qu’un post sur les réseaux sociaux ne devienne pas un motif de traque, et surtout, protéger ceux qui osent s’exprimer (après on n’a pas aussi dit d’insulter les gens sous couvert de la liberté d’expression). L’exemple doit venir d’en haut, avec des dirigeants qui valorisent la critique constructive, et non la répression. 

L’espoir d’une nouvelle ère

Les pistes de solutions ? Elles existent. D’abord, il faut renforcer les lois sur la protection des lanceurs d’alerte, des journalistes et surtout le Gabonais lambda. Le droit de s’exprimer ne devrait pas être un luxe, mais un pilier fondamental de notre société. Ensuite, il est essentiel de réhabiliter la justice, pour que plus personne ne craigne d’être arrêté à l’aéroport pour avoir écrit ce que tout le monde pense tout bas. Enfin, il nous faut promouvoir un dialogue national inclusif (pas ce que vous avez fait là pardon, ça c’était quand même le foufou), où chacun, sans crainte, pourrait exprimer ses idées, même les plus dérangeantes.

Il est grand temps que la liberté d’expression au Gabon cesse d’être une chimère et devienne une réalité tangible. Parce que le silence, c’est bien pratique pour maintenir l’ordre… mais il tue la démocratie.

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C’est enfin notre essor vers le kounabelisme : Les journaleux gabonais

Il y’a un peu plus d’un an jour pour jour, des militaires prenaient le pouvoir à la suite des élections « tronquées ». Ces derniers disaient-ils lors des premiers communiqués, que le Gabon et les gabonais iraient à un « Essor vers la félicité » et vers une « Transition et Restauration des Institutions ». Ici je vais me pencher sur le cas de certains journalistes et médias gabonais.

Hélas, certains journalistes et médias vont vers l’essor kounabeliste et de la médiocrité.

Ce qui est malheureux et alarmant. C’est que certains journalistes ne connaissent pas réellement leurs fonctions et le pouvoir qu’ils ont dans ce pays. Entre ceux qui font du « lèchebotisme », d’autres baignant dans la médiocrité, dans la désinformation, dans l’incitation à haine, aux discours discriminatoires et à la xénophobie. De nombreux plateaux télévisés et reportages ont été les théâtres de ces comportements kounabelistes et irrespectueux.

Ce matin encore, j’ai visionné une vidéo de la directrice générale de Gabon24. Où, cette dernière fit une interview en toute impolitesse et avec du mépris face à l’invité. Mais où est passé le code déontologie de cette dame, qui n’en est pas à son premier coup ? Samedi écoulé, sur le plateau d’une émission de chaîne publique d’information de l’État, des propos xénophobes sortaient de la bouche du directeur général adjoint de ce media. Ce média ayant même, filmé et humilié un adolescent à son insu dans une procédure judiciaire. Des exemples il y’en a tellement…

Mais que fait donc la HAC ? Que font les autorités compétentes ? Comment des journalistes ne sont pas édifiés et outillés avant de faire des débats ou reportages sur certains sujets ? Mais que font-ils avant de les préparer ? Peut-être, faire des textes élogieux sur le chef de la transition. Ou faire des reportages sur le code vestimentaire des jeunes filles est le plus important pour eux.

Mais où sommes-nous Seigneur ? Où est passé le professionnalisme dans ce métier au Gabon ? Pourquoi certains journalistes gabonais ne font que, le culte de la personnalité comme cheval de bataille ? Rien ne va et ça pourrait même empirer à cette allure. Vous journaleux gabonais, vous êtes des ennemis aux changements de mentalités.

J’ai l’impression que la Transition chez certains journalistes, ce résume juste à un changement de dirigeants. C’est à dire que l’on est passé de l’adulation de l’ex-président et Co. au chef de la transition actuelle et son cortège. Les mêmes comportements d’hier, aujourd’hui et demain ? Pas plus tard qu’au premier jour de la Transition, ces comportements étaient déjà observés chez certains journalistes et dans certains médias. Tellement de questions sur ces journaleux qui ne savent pas prendre position sur certains sujets, de peur d’être offensant envers le pouvoir exécutif ou d’être mis au placard par le chef.

Une colère noire m’anime, lorsque je regarde une émission télévisée gabonaise en voyant des journalistes aduler ou vénérer un être humain. De voir des journalistes sortir des propos mensongers, sans sources ou citations, d’avoir des opinions discriminatoires et haineuses à l’encontre de certains individus. De voir des journalistes hautains et irrespectueux envers x ou y. De regarder des journalistes imbus de leurs personnalités. C’est donc ça votre essor à vous journaleux gabonais ? Un échauffement pour l’an 2025 ?

Vous journaleux, parlez des problèmes dont les gabonais subissent au quotidien. Des discriminations faites aux femmes, aux enfants, aux handicapés, aux gabonais lambdas. Des injustices que subissent certaines familles. Apprenez à informer, éduquer, édifier, et sensibiliser les gabonais. Parlez du droit dont les gabonais possèdent. Montrez-nous et au monde entiers les richesses et les talents humains du terroir gabonais. Faites des débats constructifs avec respect et sans restriction. Arrêtez des émissions du kounabeliste et de politique à non plus finir. Apportez-nous plus de critiques sur la gestion publique et sur les maux qui terrorisent notre société. Apprenez aussi pour finir, à vous former correctement et vous cultiver sur certains sujets !

N’oubliez pas, vous êtes le quatrième pouvoir de ce pays. À bon entendeur salut !

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Quand la transparence fait défaut : Le Gabon et la culture du mystère

Peut-être que le petit nom du Gabon, c’est « Martin Mystère », mais on ne sait pas hein. Ici, tout semble être entouré de secret et de non-dits, comme si révéler des informations allait provoquer le chaos.

Cette culture du mystère, qu’on retrouve dans plusieurs secteurs, fait plus de mal que de bien, surtout dans des domaines aussi sensibles que la justice. Tout commence souvent en grande pompe avec des annonces d’enquêtes, mais ensuite, silence radio.

Au Gabon, il y a une tendance à mystifier les choses, à les cacher sous couvert de secret ou d’exclusivité. On entend souvent des phrases comme “ça c’est réservé à…” ou “ça doit être connu de…“. Cette culture du mystère et du silence, censée préserver la confidentialité, crée en réalité plus de confusion que de clarté. Ce manque de transparence finit par compliquer les processus et créer des situations d’injustice ou d’incompréhension, particulièrement dans des secteurs cruciaux comme la justice.

Prenons l’exemple de la justice. Lorsqu’une enquête débute, elle est souvent médiatisée, mais une fois les premières mesures annoncées, plus rien. Le cas de Michaela, par exemple, a suscité un tollé public et des mesures ont été prises, mais depuis, plus de nouvelles sur l’évolution du dossier. Une magistrate a récemment déclaré : « On ne fait pas du sensationnel », pour justifier cette absence de communication. Mais est-ce vraiment une raison valable ? Cette attitude contribue au flou et au manque de confiance envers le système judiciaire, car les citoyens restent dans l’ignorance.

Comparons cela avec l’affaire Diddy à New York. Malgré son statut de milliardaire, son affaire est traitée avec une transparence totale : les éléments sont disponibles sur le site de la police, et le procureur a même donné une conférence de presse. Si dans une ville de plus de 8 millions d’habitants, des détails aussi sensibles peuvent être partagés publiquement, pourquoi au Gabon, où la population est bien moindre, est-ce vu comme un danger de communiquer sur l’avancement des enquêtes ? Au lieu d’éviter le “sensationnel“, ce silence laisse la place à des spéculations et renforce les frustrations.

En dehors de la justice, le secteur de l’administration publique est un autre exemple où la culture du mystère règne. Prenons par exemple les nominations ou les changements dans les postes-clés. Souvent, on entend parler de réformes, de réorganisations ou de remaniements ministériels, mais les critères de sélection ou les raisons réelles de certains départs restent flous. Parfois, des hauts fonctionnaires disparaissent de la scène publique sans aucune explication, et les citoyens n’ont aucune idée de ce qui motive ces décisions. Cela nourrit la frustration et l’impression que tout est décidé dans l’ombre, sans rendre de comptes à ceux qui sont directement concernés : le peuple.

Un autre exemple concerne les projets d’infrastructures. Lorsqu’on annonce la construction de nouvelles routes ou de bâtiments publics, il y a souvent un grand battage médiatique lors du lancement. Mais après cela, le suivi devient opaque. Des projets se retrouvent abandonnés, les délais ne sont pas respectés, et aucune communication claire n’est faite sur les raisons des retards ou des blocages financiers. Cela laisse les citoyens dans le flou, se demandant pourquoi les choses n’avancent pas alors que des milliards sont dépensés.

Cette culture du secret se retrouve dans tous les domaines. L’Assemblée nationale en est un autre exemple frappant. Tout semble se dérouler entre une poignée de collaborateurs, d’anciens fidèles du régime PDG, des opposants à ABO qui sont maintenant devenus pro-OLIGUI, tout en essayant de ramener les mêmes pratiques qu’ils dénonçaient autrefois. Cela crée un climat où le manque de transparence entraîne des aberrations, comme ces “éléphants blancs“, ces projets ou décisions qui n’aboutissent jamais. 

Le cas d’Alexis Ndouna, retrouvé à la frontière après avoir échappé à des sanctions, illustre bien ce mélange d’opacité et de réticence à communiquer, qui finit par brouiller les cartes et discréditer des institutions qui devraient pourtant incarner la transparence et l’intégrité. Je vais même loin, vous avez tous entendu l’histoire selon laquelle Sylvia et Nourredine étaient dans une villa et non à la Prison ? C’est tout ça qui fait en sorte qu’on ne croit plus au pays la.

Mystifier les procédures ne fait que retarder les choses, ajouter à la confusion, et parfois, condamner les innocents ou laisser les coupables échapper à la justice. C’est un modèle de gouvernance qui étouffe la confiance et la vérité, non seulement dans la justice, mais dans d’autres secteurs vitaux du pays.

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De la révolte aux conforts du pouvoir

Il fut un temps, pas si lointain, où ils étaient là, ces vaillants opposants, levant la voix, brandissant le poing et clamant haut et fort leur amour pour le peuple. Ils dénonçaient tout, du clientélisme à la mauvaise gestion des ressources publiques, en passant par la sacralisation d’un système qu’ils qualifiaient de “corrompu jusqu’à la moelle”.

Aujourd’hui ? Eh bien, il semblerait que ces anciens révolutionnaires, à l’âme enflammée, se soient transformés en ce qu’ils critiquaient le plus : les nouveaux kounabélistes. Oui, mes amis, bienvenue dans l’ère des pro-CTRI/OLIGUI. Un peu comme si leurs rêves de changement s’étaient dissipés dès qu’ils ont franchi la porte d’un bureau climatisé.

Vous vous souvenez de leurs discours d’antan ? Ces longues diatribes sur la transparence, la justice sociale, la nécessité de remettre le peuple au centre des décisions ? On dirait bien que tout ça a disparu sous la pile de dossiers qui traînent sur leurs bureaux de Ministres, Sénateurs, Députés ou des Directeurs de Cabinet. À croire qu’ils n’étaient pas vraiment là pour le peuple, mais plutôt pour voir ce que ça faisait, être khalife à la place du khalife. Eh oui, quand on regarde de plus près, on réalise que leurs véritables ambitions n’étaient pas de changer le système pour le mieux, mais de s’y installer confortablement.

Mais parlons franchement : ces gens-là n’enviaient pas tant la fin des privilèges que la chance de les vivre eux-mêmes. En fait, tout porte à croire que lorsqu’ils dénonçaient la “gabegie financière” et le “népotisme“, c’était plus une frustration de ne pas être dans le cercle des bénéficiaires qu’une réelle volonté de changer les choses. Parce qu’aujourd’hui, ils n’ont pas honte de s’asseoir à la même table que ceux qu’ils fustigeaient hier, et de savourer ces mêmes privilèges. Peut-être qu’à l’époque, la colère de ne pas avoir de véhicule de fonction ou de voyage en première classe les rendait plus bruyants que vraiment engagés, hein.

Alors, maintenant qu’ils ont changé de camp, ils défendent bec et ongles ce qu’ils attaquaient autrefois. Et si on les critique ? Là, ils ressortent un vieux discours, celui qu’on a entendu mille fois sous le règne d’Ali Bongo : “Il faut laisser le temps au gouvernement de travailler, vous ne voyez pas que les choses changent ?” Ah, d’accord. Mais, à l’époque, eux, ils n’avaient pas ce genre de patience, hein. Non, ils étaient dans les rues, en train de crier “On veut des résultats maintenant ! Ibubu Dégage“. Aujourd’hui, les rôles sont inversés, et ce sont eux qui demandent du temps. Comme quoi, la roue tourne… mais pas toujours dans le sens qu’on espérait.

Et on ne peut pas parler de cette transformation sans aborder la nouvelle mode : être pro-CTRI/OLIGUI. Hier, ils dénonçaient la mainmise d’un seul homme sur le pouvoir, aujourd’hui, ils défendent corps et âme un autre homme, parce que, tu sais, cette fois, “c’est différent“. Ce n’est plus la dictature, non, non, c’est la restauration de l’État. Vous n’aidez même pas le pauvre monsieur sincèrement. On aurait aimé croire à ce changement d’idéologie, mais à voir comment ils se sont si rapidement adaptés aux fauteuils en cuiiiiiiir, il y a de quoi se poser des questions.

Ce qui est encore plus fascinant dans toute cette histoire, c’est à quel point ils sont devenus sourds à la critique. Autrefois, ils disaient que la critique était nécessaire, qu’elle permettait d’améliorer les choses. Aujourd’hui, on ne peut plus dire un mot sur eux sans être accusé de “travailler contre la transition“. Ah, vraiment ? Parce que lorsque c’était eux qui étaient dans l’opposition, toutes les critiques étaient bonnes à prendre ? On dirait qu’on a droit à deux poids, deux mesures dans ce nouveau Gabon, hein.

La réalité est simple : pour beaucoup, la lutte n’a jamais été une question de principes ou de valeurs. C’était juste une envie d’être celui qui tient le bâton du commandement. Il n’y avait pas de réelle vision pour le changement, juste un désir de remplacer l’ancien occupant du trône. Ils voulaient être khalife à la place du khalife, et maintenant qu’ils le sont, ne vous attendez pas à des miracles. Ce qui les motivait, ce n’était pas le désir de réformer le système, mais plutôt celui d’en être les nouveaux bénéficiaires.

En fin de compte, que reste-t-il de ces fameux idéaux qu’ils prônaient si fièrement hier ? Pas grand-chose, semble-t-il. Mais attention, ne dites pas ça trop fort. Parce que si vous osez les critiquer aujourd’hui, vous risquez de finir avec une étiquette d’ennemi de la transition“, de “saboteur“, ou même de “nostalgique du régime précédent”. Ironie du sort, ces mêmes étiquettes qu’ils dénonçaient hier, ils les utilisent maintenant pour se protéger.

Alors oui, les combats d’hier semblent bien loin. Tout ce qu’il reste, c’est un groupe de gens bien installés, qui profitent des avantages qu’ils ont tant critiqués. Mais au fond, peut-être que ce n’était jamais vraiment une question de combats. Peut-être que, depuis le début, ils ne voulaient qu’une chose : être là où ils sont aujourd’hui. Et pour le peuple ? Eh bien… on verra ça plus tard, hein.

Et puis, on ne peut pas trop leur en vouloir, après tout. Peut-être qu’à leur place, on aurait fait pareil. Ou peut-être pas. Mais c’est quand même un peu décevant de voir le cerveau migrer lentement mais sûrement vers l’estomac, là où les idéaux ont été remplacés par des privilèges et des plats bien garnis. On espérait des réformes, et on se retrouve avec des ventres pleins. Triste histoire, non ?

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Esdras Épiphanie : Une plume brillante, un cœur passionné, et… des goûts culinaires douteux 😒

Esdras Épiphanie aurait pu être journaliste. D’ailleurs, elle l’a été, et avec brio ! Ses articles étaient applaudis, sa plume inimitable, et ses mots ont la douceur d’un baume sur des vérités parfois amères. Mais voilà, ce n’était pas sa mission. Éducation

Son cœur appartenait à une salle de classe, à des élèves avides de connaissances et de découvertes. Quitter la France pour s’installer au Gabon, suivre cette vocation d’enseigner, c’était pour elle plus qu’un simple choix professionnel : c’était un appel.

On peut dire que la salle de classe est son royaume, un endroit où l’histoire prend vie, et où les élèves découvrent que le passé a bien plus de saveur que certains plats qu’elle a encore du mal à apprécier ! Mais ne lui demandez surtout pas de danser, car même le plus patient des instructeurs de danse renoncerait face à son “mal du rythme” légendaire. Vous la verrez se déhancher comme une feuille au vent un soir de tempête… mais ce qu’elle manque en coordination, elle le compense largement avec son enthousiasme.

Passons aux choses sérieuses. Derrière son sourire jovial et son accent français légèrement arrondi par le soleil gabonais, se cache une profonde tristesse face à l’état de l’éducation dans ce pays qu’elle aime tant. Depuis qu’elle enseigne ici, Esdras a constaté ce que beaucoup d’entre nous savent, mais ne disent pas assez fort : l’éducation nationale est dans un état de délabrement qui fait froid dans le dos.

Cela fait plus de 30 ans que l’État fait semblant de s’en soucier. Certes, on nous sert bien des inaugurations pompeuses de temps en temps, où les ministres coupent des rubans avec le sourire, mais la réalité est tout autre. Les classes sont surpeuplées. Des enfants entassés à trois ou quatre sur un banc, dans des salles où l’air manque et où les bulletins d’évaluation affichent des trous béants – deux ou trois matières parfois simplement “oubliées”. Ce sont des générations entières qu’on laisse dériver, tandis que nos dirigeants, eux, placent leurs enfants dans des écoles privées bien loin de ces réalités.

Esdras pourrait se contenter d’enseigner dans ces écoles privées. Mais non, elle reste fidèle à son rêve : former, éveiller, éduquer dans les conditions les plus difficiles, là où l’impact est le plus nécessaire. Ce n’est pas facile. Entre le manque de matériel, l’absence de soutien institutionnel, et les classes bondées, il y a de quoi perdre patience. Mais Esdras persévère, car elle croit que, malgré tout, un avenir meilleur est possible. Elle a choisi de se battre pour l’éducation de nos enfants, et pour cela, on ne peut que la saluer.

Alors, oui, elle ne sait pas danser, et non, elle ne valide pas toujours de bons artistes” comme il se doit. Mais qu’importe ! Ce qui compte, c’est son dévouement sans faille à l’enseignement et à l’avenir de nos enfants. Si seulement nos gouvernants pouvaient en dire autant…

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Quand défendre la famille au pouvoir devient une mission sacrée : les nouveaux kounabélistes ?

Sur internet ces derniers temps, on a une nouvelle catégorie de militants (sous l’ère CTRI hein) : les défenseurs de proches au pouvoir. Les gens refusent qu’on critique leurs tontons, tantines, cousins, ou amis parce qu’ils occupent des postes de responsabilité. Mais soyons sérieux, quand tu choisis de gérer la chose publique, tu signes aussi pour la critique. Ministre, sénateur, député ou conseiller, ce n’est plus une affaire de “c’est mon oncle, il est gentil”, c’est une affaire de résultats pour le pays.

Vous gérez les affaires publiques, donc oui, on va parler de vous. On ne va pas s’attaquer à vos physiques (sauf si vous y tenez hein), mais quand c’est mal fait, on va le dire. C’est ça la démocratie. Bien sûr, on comprend que ça pique un peu quand on critique quelqu’un de proche, surtout si c’est sur des sujets personnels. Si quelqu’un se met à commenter le tour de taille de votre parent ou ses cheveux, là, on peut comprendre que ça chauffe. Mais quand il s’agit de sa gestion, ses décisions ou ses manquements publics, il faut bien accepter que les gens aient leur mot à dire. Reprocher aux gens de critiquer un ministre parce que vous étiez voisins à Mindoubé ou qu’il vous a payé un verre au maquis du pivot, ce n’est pas un argument. On ne va pas arrêter de parler parce que c’est votre oncle ! ON S’EN FOUT DE ÇA.

Vous êtes libres de défendre vos proches hein, on ne va pas se battre pour ça. Mais à un moment donné, regardez-vous dans le miroir et demandez-vous si vous ne devenez pas une photocopie de ces mêmes PDGistes que vous insultiez il y a quelques années. Vous les traitiez de “KOUNABÉLISTES” parce qu’ils étaient prêts à tout avaler sans broncher, pourvu qu’Ali reste au pouvoir. 

Aujourd’hui, vous faites pareil, mais c’est pour vos propres proches. Vous défendez bec et ongles des gens qui ont une obligation de résultats envers le peuple. Vous vous souvenez quand vous disiez “y’a les routes qui manquent, l’eau et l’électricité qui sautent” ? Eh bien, maintenant que c’est votre cousin qui est responsable, c’est maintenant la faute du peuple, c’est ça ?!

Soyons clairs : si vos proches sont critiqués pour leur gestion, vous ne pouvez pas demander aux gens de se taire. Ce n’est pas une affaire personnelle, c’est une affaire publique. Ils ont pris des engagements en entrant dans ces postes, et les citoyens ont le droit de demander des comptes. Alors non, on ne va pas empêcher votre défense de famille, mais à force de tout justifier, vous devenez exactement ce que vous détestiez. Même si vous refusez de le reconnaître, sachez que vous êtes des KOUNABÉLISTES 2.0 ! Oui, c’est ça votre nouveau statut. Vous avez échangé la vérité contre l’allégeance aveugle, et maintenant vous passez vos journées à défendre l’indéfendable.

Mais bon, continuez à être les gardiens du temple familial, à défendre bec et ongles vos proches au pouvoir, comme si leur succès ou leur échec étaient vos affaires personnelles. Ce qui est sûr, c’est que nous, on ne va pas se fatiguer. Le Gabon ne peut pas devenir la propriété privée d’une poignée de familles ou d’amis bien placés. Ce pays appartient à tous les Gabonais, pas juste à ceux qui ont un parent dans un bureau climatisé.

Nous, on va continuer à critiquer quand ça ne va pas, à poser les vraies (ou fausses) questions, à exiger des comptes. Parce qu’au final, les ministres, députés, conseillers, tous ces gestionnaires des affaires publiques, ne travaillent pas pour leur cercle d’amis ou de proches, mais pour la nation. Et si vous ne comprenez pas cela, si vous continuez à les défendre aveuglément en ignorant leurs manquements, vous contribuez à maintenir ce système dysfonctionnel qui nous bloque tous.

Alors oui, défendez vos parents, c’est votre droit. Mais sachez qu’à chaque excuse que vous trouvez, à chaque critique que vous balayez d’un revers de main, vous ne faites que renforcer ce que vous détestiez il y a quelques années : un système fermé, opaque, où ceux qui critiquent deviennent des ennemis, et où ceux qui posent des questions gênent. 

Mais nous, on ne se taira pas. Parce que le Gabon, c’est notre affaire à tous. Et si vous refusez d’accepter la critique, peut-être que le problème n’est pas tant dans la critique elle-même, mais dans la façon dont vous défendez un système qui, au fond, ne fait pas beaucoup mieux que celui que vous prétendiez vouloir changer.

Je te dis tout

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Binationaux : Sommes-nous vraiment les ennemis de notre pays ?

Aujourd’hui, un sentiment de rejet grandit au Gabon. Je le ressens dans les discussions quotidiennes, sur les réseaux sociaux, dans les murmures de conversations. Ce sentiment cible une partie bien précise de la population : les binationaux.  Chaque fois que j’entends ce terme, une question me traverse l’esprit : « Suis-je vraiment l’ennemi de mon propre pays ? » 

Je suis né ici, dans les années 80, et j’ai grandi à Nzeng Ayong, un quartier qui m’a façonné et appris l’importance des valeurs humaines. J’ai passé mes journées à courir dans les rues, à jouer au foot avec mes amis, à partager des fous rires. Ces souvenirs sont gravés dans ma mémoire, tout comme ceux des merveilleuses années passées au Lycée Technique Omar Bongo. Chaque matin, je me levais avec l’excitation de retrouver mes camarades, de kongosser, des matchs de football, et des rêves qui nous animaient. Ces moments de camaraderie et de partage, je ne les échangerais pour rien au monde.

Je n’ai jamais connu d’autre foyer que le Gabon. Ce pays est mon seul et unique repère, présent dans chaque souvenir de mon enfance et chaque étape de ma vie. Mon père est Gabonais, ma mère ne l’est pas, mais ma double nationalité n’a jamais défini qui je suis. Ce qui me définit, c’est mon amour pour ce pays et ma participation à sa construction. Pourtant, il semble que certains perçoivent en moi une menace. Pourquoi ? Parce que je suis binational ?

Le régime déchu a laissé des cicatrices profondes. Il est vrai que certains des responsables des abus qui ont marqué ce régime étaient des binationaux. Des proches du pouvoir ont joué un rôle central dans ce système de corruption. Mais est-il juste de condamner tous les binationaux pour les actes de quelques-uns ? Est-ce équitable de diriger la colère populaire vers ceux qui, comme moi, n’ont connu d’autre pays que le Gabon ?

Réfléchissez-y. Où voulez-vous vraiment diriger cette colère ? Est-ce vers nous, les binationaux qui avons grandi ici et partagé les mêmes épreuves que vous ? Ou est-ce vers un système corrompu qui a permis à quelques individus, binationaux ou non, de piller les ressources de notre nation ?

Nous, binationaux, sommes souvent placés sous un regard suspicieux, constamment obligés de prouver notre appartenance à cette terre. Obtenir un simple document administratif devient un véritable parcours du combattant. Il ne suffit plus d’être né ici ou d’avoir un parent gabonais. On nous demande de prouver notre loyauté, comme si nous devions justifier notre droit d’exister pleinement en tant que Gabonais.

Mais quelle est notre faute ? Sommes-nous responsables d’un crime ? Non, notre seul « péché » est d’être issu de l’amour sincère entre un Gabonais et une étrangère. Cet amour, souvent né au cours de leurs études à l’étranger, a donné naissance à une génération d’enfants qui n’ont connu que le Gabon comme foyer. Nos parents, partis pour se former et contribuer à l’essor de leur pays, ont formé des familles profondément enracinées ici. Nous sommes le fruit de ces histoires et de ces espoirs partagés.

Cependant, cette méfiance grandissante crée une forme de discrimination systémique. Un apartheid silencieux s’installe, où certains citoyens se voient privés de leur pleine appartenance à la nation. On nous fait comprendre, subtilement ou non, que notre lien avec le Gabon est moins légitime. Mais comment peut-on remettre en question l’attachement de ceux qui n’ont jamais connu d’autre foyer ? Devrions-nous passer notre vie à prouver que nous sommes “vraiment” Gabonais ? N’est-ce pas une injustice qui menace l’unité nationale ?

Prenons des exemples inspirants comme Halle Berry, actrice acclamée et première femme de couleur à remporter un Oscar, qui a brillamment représenté la diversité tout en mettant en avant ses racines. Pensez également à Zinedine Zidane, né en France d’un père algérien et d’une mère française, qui a marqué l’histoire du football tout en restant attaché à ses origines. N’oublions pas Pierre-Emerick Aubameyang, qui a brillé sur les terrains tout en restant fier de son héritage. Ces figures montrent à quel point les binationaux peuvent enrichir nos sociétés par leurs talents et leurs contributions. Pourtant, même eux pourraient un jour être confrontés à des doutes sur leur identité, car pour certains, leur double appartenance les rend suspects.

Il est crucial de se poser cette question : voulons-nous vraiment aller dans cette direction ? Celle d’un pays où certains citoyens doivent sans cesse justifier leur nationalité, prouver leur amour pour leur terre ? Où les binationaux deviennent des citoyens de seconde zone, soupçonnés d’être des traîtres ? Ne devrions-nous pas plutôt concentrer notre énergie à unir nos forces contre les véritables responsables des abus du passé ?

Je ne suis pas l’ennemi. Aucun des binationaux qui ont grandi ici ne l’est. La vraie trahison vient de ceux qui ont choisi de mettre leurs intérêts personnels au-dessus de ceux de la nation. Mais au lieu de reconnaître cette réalité, nous nous enfonçons dans un cycle de méfiance et de division, transformant cette méfiance en discrimination institutionnalisée.

Le Gabon traverse une phase cruciale de son histoire. Nous avons l’occasion de reconstruire sur des bases justes et équitables. Mais cette reconstruction ne doit pas se faire au prix de divisions internes inutiles. Ne laissons pas la douleur des années passées nous pousser à diviser une société déjà meurtrie.

Alors, à vous qui lisez ceci, je pose la question : nous, binationaux, sommes-nous vraiment les ennemis de ce pays ? Ou sommes-nous, comme vous, des Gabonais cherchant à construire un avenir meilleur pour notre patrie commune ? 

Les binationaux, et moi en particulier, sommes des “Gabonais Normaux”. L’avenir de notre nation dépend de notre capacité à reconnaître nos véritables ennemis et à ne pas nous tromper de combat.

Je te dis tout

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La santé mentale au Gabon : Quand est-ce qu’on va commencer à prendre ça au sérieux ?

Au Gabon, la santé mentale est souvent négligée, comme une blessure que l’on préfère ignorer plutôt que de soigner. Pourtant, les signes sont là. Entre le stress, l’anxiété, la dépression, et autres troubles, nombreux sont ceux qui souffrent en silence.

Mais, étrangement, ce sujet reste souvent négligé. Comme si c’était un « truc de blancs » et que chez nous les noirs, il suffisait de “tenir bon“. Résultat : beaucoup passent à côté d’une aide précieuse.

On met tout sur le dos des “sorciers”

Pour beaucoup d’entre nous, les problèmes de santé mentale sont souvent ignorés ou mis sur le compte des grand-parents ou du mauvais œil. On te dira : « Hein, c’est quoi ces histoires de dépression ? Va prier, ça ira mieux ». Certes, la spiritualité peut avoir un impact positif, mais il y a un moment où il faut comprendre que la dépression ou l’anxiété ne se soignent pas uniquement par des prières, une tisane ou encore une formule de 33. 

Un manque flagrant de structures adaptées

S’il y a un sujet qui pique un peu, c’est bien le manque de structures adaptées pour gérer la santé mentale. Combien de cliniques ou d’hôpitaux au Gabon sont vraiment équipés pour diagnostiquer et traiter les troubles mentaux ? Sans parler des professionnels qualifiés. DANS TOUT LE PAYS ON A QUE MELEN, POUR PLUS DE 2 MILLIONS D’HABITANTS. Il y a un vrai déficit de psychologues et de psychiatres, et même quand on les trouve, consulter coûte souvent trop cher. Du coup, on se dit : « Bah, j’irai quand ça ira vraiment mal ». Mais à ce moment-là, c’est souvent trop tard.

La pression sociale et familiale

L’autre gros problème, c’est la pression sociale. Au Gabon, on a une culture où il faut toujours paraître fort. « Un homme ne pleure pas », « Une femme doit toujours gérer »… Du coup, personne ne veut montrer qu’il va mal mentalement. Les gens ont même peur qu’on utilise leurs soucis contre eux… Le mal est profond, faut pas suivre. Dans nos familles, tu as plus de chance d’être écouté si tu dis que tu as mal à la tête que si tu dis que tu te sens triste ou angoissé. Résultat : beaucoup de jeunes préfèrent souffrir en silence plutôt que d’être jugés comme faibles. 

Les jeunes, premiers touchés

Les jeunes Gabonais, en particulier, sont exposés à cette négligence. Entre la pression pour trouver un boulot, le goumin, le ngué, la difficulté à se projeter dans l’avenir, et les nombreux changements sociaux et économiques, beaucoup sont en détresse mentale. Mais qui les écoute vraiment ? PERSONNENOBODY !!! Les associations qui travaillent sur ces questions sont souvent sous-financées et n’ont pas suffisamment de visibilité. Souvent c’est même sur fonds propres. Quand certaines associations sont reconnues d’utilité publique en même pas 1 an d’existence, d’autres sont délaissées à leur triste sort. Pitié, vraiment pitié hein. 

Changer les mentalités : une priorité

Il est temps qu’on prenne conscience de l’importance de la santé mentale au Gabon. Il faut sensibiliser les populations, former plus de professionnels, et surtout, mettre en place des structures accessibles pour ceux qui en ont besoin. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité.Et soyons honnêtes : tout le monde est concerné, parce que la santé mentale, c’est aussi important que la santé physique. Vous vous soignez le corps mais vous êtes malades dans la tête. On vous voit marcher là, on croit que tout va bien alors que c’est juste la coque, la coque. A l’intérieur, vous êtes morts

Alors, Gabonais, Gabonaises, mes chers compatriotes, il est temps de commencer à parler de ce qui se passe dans nos têtes, et de comprendre que demander de l’aide, ce n’est pas un signe de faiblesse, mais de force.

Je te dis tout