Opinion

FemmesGabonOpinionSociété

Loi anti-IVG au Gabon : pro‑vie… ou anti‑femmes ?

Article 377 du Code pénal gabonais : Sera punie d’un emprisonnement de deux ans au plus et d’une amende de 1 000 000 F CFA au plus, ou de l’une de ces peines seulement, la femme qui s’est procuré un avortement, a tenté de le faire ou a consenti à l’usage des moyens indiqués ou administrés à cet effet.

Depuis juillet 2019, une nuance légale permet l’interruption thérapeutique de grossesse (ITG) — mais seulement dans ces cas limités, et jusqu’à 10 semaines de grossesse :

– malformations physiques graves ou incurables du fœtus ;

– danger grave pour la vie de la mère ;

– grossesse résultant de viol, d’inceste, ou si la mineure est en état de détresse grave.

Des limites médicalement absurdes

Dix semaines d’aménorrhée (soit 3 mois après les dernières règles) est une limite trop courte pour diagnostiquer les anomalies fœtales.

À ce stade, la première échographie n’a souvent pas encore eu lieu — ou ne sert qu’à dater la grossesse, pas à détecter les malformations.

Les tests spécifiques comme l’amniocentèse ne sont possibles qu’à partir de 15–18 semaines. Résultat : la majorité des cas ne seraient ni détectés ni pris en charge dans les temps.

Et pour les victimes de viol ?

Les séquelles psychologiques d’un viol sont souvent profondes, parfois déniées ou découvertes tardivement. Se limiter à 10 semaines, c’est ignorer la réalité traumatique : les législateurs n’ont jamais été en contact réel avec ces victimes, et ça se sent dans la loi.

Politique nataliste vs réalité sociale

Le Gabon affiche un attachement fort à une politique nataliste : repeupler un pays de 2 millions d’habitants. Pourtant :

– 1 femme sur 2 entre 15 et 19 ans est concernée par une grossesse précoce.

– 28,8 % des décès maternels en 2001 étaient liés à des avortements clandestins.

– 40 % des filles de moins de 25 ans rapportent avoir déjà eu recours à un avortement clandestin.

Statistiquement, cela montre qu’une loi restrictive n’empêche pas l’avortement – elle le rend dangereux.

Parallèlement, la gratuité de l’accouchement est limitée (jeunes femmes assurées de plus de 18 ans). En matière d’éducation, les infrastructures sont saturées, les enseignants absents, et la violence scolaire fréquente. Pour les enfants abandonnés ou handicapés, les structures d’accueil sont rares ou inadaptées.

Une loi inégalitaire

Les femmes aisées pourront contourner la loi (cliniques privées, déplacements).

Les plus pauvres seront exposées aux pilules de rue, à des méthodes artisanales dangereuses, voire mortelles – infections, infertilité, hémorragies, décès.

Conclusion : cette loi ne protège personne vraiment.

Elle punit, exclut et expose les femmes vulnérables — ce qui est contraire à tout principe de justice sociale.

Pourquoi légaliser ?

– Santé publique : réduire les décès maternels.

Égalité sociale : garantir un droit pour toutes, non seulement les riches.

Justice de genre : permettre aux femmes de disposer de leur corps comme les hommes.

Dignité psychologique : accompagner les victimes de viol ou détresse dans la durée, sans contrainte abusive.

Prochaines étapes possibles

Dépénaliser l’avortement jusqu’à 12–14 semaines, avec exceptions pour les cas graves tout au long de la grossesse.

– Renforcer l’accès aux contraceptifs et à l’éducation sexuelle.

Garantir un suivi médical et psychologique adapté pour les mineures, les victimes de viol et les jeunes mères.

Améliorer les services sociaux : orphelinats, écoles adaptées, accès aux soins, structures pour enfants handicapés.

En résumé, cette loi n’est pas neutre : elle est punitive, sexiste, inégalitaire.

Je te dis tout

DigitalGabonOpinionSociété

Gabon : Pourquoi nos administrations doivent passer à l’ère numérique (pour de vrai)

Un clic. Un dossier. Un suivi clair.
Ce n’est pas un rêve futuriste, c’est juste… normal, ailleurs.

Quand je travaillais à Dakar dans un centre d’appel pour une entreprise française, je n’avais jamais mis les pieds en France. Pourtant, je pouvais dire à n’importe quel client où en était son dossier, sa commande ou sa réclamation. Pourquoi ? Parce qu’il y avait une procédure numérique.
Un système clair, centralisé, consultable. Avec des étapes précises, des délais définis et surtout, un suivi transparent.

Et ça rassurait. Le client savait que sa plainte était entre de bonnes mains. Il pouvait voir l’évolution. Et de notre côté, on était formés, outillés, et efficaces.
Bref : tout le monde gagnait du temps… et de la confiance.

Maintenant, remettons les pieds à Libreville.
On te dit : « Vous serez contactés dans 3 jours ouvrés ».
Résultat ? Trois mois plus tard, toujours rien. Et parfois, on te dit, avec une sérénité olympique : « Ah, on a perdu votre dossier. Revenez déposer ça en physique ».

EN PHYSIQUE ?

En 2025. À l’ère des applications, des QR codes, du télétravail, du cloud et de l’intelligence artificielle.
Comme si la modernité était un privilège pour ceux qui vivent “ailleurs”. Comme si digitaliser les services publics, c’était encore considéré ici comme un “bonus” et non une nécessité de base.

Et le plus grave ? Ce ne sont pas juste des retards.
Ce sont des vies entières qu’on suspend :

  • Un remboursement attendu,
  • Une bourse qui n’arrive jamais,
  • Une aide sociale évaporée,
  • Une pension oubliée quelque part dans un tiroir fermé à clé.

ET AILLEURS ?

Mon grand frère vit au Canada. Il m’a raconté que quand il y a une coupure d’eau ou d’électricité, il peut suivre l’évolution en ligne :

  • Zone impactée,
  • Cause de la panne,
  • Temps estimé de retour à la normale.

Pas besoin d’appeler cinq numéros.
Pas besoin de supplier une standardiste.
Pas besoin de deviner si le problème vient de chez toi ou si c’est tout le quartier, pas besoin d’attendre le communiqué de la SEEG qui te dira quel animal a rongé le câble ou qu’une nouvelle enquête pour sabotage a été ouverte.
L’info est là, accessible, mise à jour.

Ici ? Même un simple communiqué de la SEEG, c’est devenu une épreuve.
Et quand il finit par sortir, c’est souvent un fichier PDF sec comme une coupure de 72h, sans véritables détails, avec des excuses toutes faites.

Ce n’est pas qu’un problème technique. C’est une question de mentalité.

Mais au fond, a-t-on seulement le souci de fournir un bon service dans certaines administrations ?
Le souci de voir un administré sortir satisfait, content d’avoir suivi une procédure fluide, sans stress, sans piston, sans avoir glissé un “petit quelque chose” à un agent pour “faire avancer le dossier” ?

Ici, on remercie rarement l’administration pour son efficacité.
On remercie plutôt “tonton au ministère” ou “la dame qui a accepté le Coca”.
Et comment veut-on améliorer ce qu’on ne mesure même pas ?
Sans indicateurs, sans suivi, sans envie de savoir si les gens sont bien servis ?
La vérité, c’est que dans bien des cas, les agents eux-mêmes ne connaissent pas les processus, ou bien chaque agent a “sa méthode maison”, transmise oralement comme une vieille recette de famille.
Résultat : tout repose sur l’humeur du jour… et la chance.

Tant qu’on continuera à improviser au lieu de formaliser, on restera bloqués dans des logiques d’un autre siècle.
Tant qu’on pensera que “digitaliser” c’est juste “ouvrir une page Facebook” ou faire un site qu’on ne met jamais à jour, on passera à côté de l’essentiel.

Alors qu’en vrai, pour commencer à faire mieux, il ne faut même pas des budgets gigantesques (je ne dis pas aussi que c’est 10.000 FCFA, la qualité a un prix).
Juste du sérieux et un peu de bon sens.

Cinq choses simples, faisables demain matin :

1. Un numéro de dossier unique
Donné automatiquement à chaque démarche, pour un suivi traçable.

2. Une plateforme ou un tableau de bord minimal
Même une page web ou une appli basique suffit pour informer les citoyens de l’état d’avancement de leurs demandes.

3. Des délais clairs, visibles et respectés
Si tu dis “7 jours ouvrés”, alors c’est 7. Pas 73.

4. Des notifications automatiques
SMS, e-mail, WhatsApp : peu importe.
Mais qu’on t’informe à chaque étape du traitement.
Parce que “pas de nouvelles” ne doit plus être une méthode.
(Ici c’est quand il y a les grands meetings que tu reçois des messages de numéros inconnus et tu te demandes comment ils ont eu ton numéro.)

5. Un manuel de procédures standardisé dans chaque service
Fini les “venez lundi voir Madame”, “revenez mercredi voir Monsieur”.
Ce n’est pas une chasse au trésor et en vrai on n’a pas que ça à foutre à courir derrière les gens. On a aussi des boulots.

Ce n’est pas une affaire de numérique. C’est une affaire de respect.

Digitaliser, c’est permettre à quelqu’un d’avoir des réponses sans supplier.
C’est prouver que son temps, son argent, ses efforts, ont de la valeur.
C’est envoyer le message que l’État est organisé, qu’il suit, qu’il écoute.

Parce qu’à force de maltraiter les citoyens par des procédures brumeuses, on crée du rejet, de la frustration, du désengagement.
Et pire : de la résignation.

Et si on veut vraiment parler d’émergence, de performance, d’innovation, de restauration des institutions et de redonner la dignité aux Gabonais…
Alors il faut commencer par ne plus perdre les dossiers.

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GabonOpinionSociété

12 avril, 22 juin. Et honnêtement, on souffle déjà fort.

Il aura suffi de deux dates. Deux. Le 12 avril, on votait pour notre futur. Le 22 juin, on regardait la composition de l’Assemblée. Et entre les deux, le doute s’est invité. La colère parfois. Et surtout, une fatigue.

La Cinquième République devait marquer une rupture. Elle en marque une, c’est vrai — mais pas forcément celle qu’on espérait.

On a voté à 95 % pour le président de la Transition, dans un élan massif, presque irréel. Et pourtant, à peine les résultats proclamés, l’énergie s’est dissipée. Les chantiers promis sont au ralenti, lorsqu’ils ne sont pas à l’arrêt. Les décisions structurantes, elles, ne tardent pas forcément, mais leur exécution est pénible, chaotique. L’urgence de plaire nuit à la bonne organisation. Les déguerpissements continuent. La justice à deux vitesses choque. La représentation de la diaspora questionne. Et les législatives, censées équilibrer les pouvoirs, donnent déjà le goût amer d’un Parlement acquis.

C’est comme si la 5e République était entrée par effraction. Brutalement. Sans prendre le temps.
Pas de débat public. Peu de pédagogie. Une gestion verticale, très verticale.
Deux années de transition… pour nous ramener tout droit dans les années 90.
Même logique de concentration du pouvoir. Même méfiance envers la parole citoyenne. Même culte de la stabilité, au détriment de la justice.

Et quand on ose interroger, critiquer, pointer du doigt… on nous dit « laissez-nous travailler », comme si notre rôle s’arrêtait au vote. Comme si demander des comptes était un manque de respect. Comme si le devoir de vigilance citoyenne devenait une nuisance.
Pourtant, les premières décisions frappent toujours plus fort ceux qui ont le moins. Les plus précaires, les plus fragiles financièrement. Ceux qui n’ont ni voix, ni relais. C’est vers plus d’inégalités qu’on se dirige, pas moins.

« Laissez-nous travailler » deviendra peut-être bientôt « On mange la paix ».
On se rappelle des PDGistes condescendants, marchant en blanc dans les rues pour demander « la paix ». Mais en réalité, ils demandaient le silence.
Le silence de l’opposition. Le silence des indignés. Et ce silence a tué : des tirs ont pris des vies en 2016.
La paix au prix du sang. Le calme pour mieux abuser. C’est ce que le PDG nous a montré. Et on ne veut pas retomber aussi bas.

On veut de la justice, pas juste du calme.
On veut de la construction, pas des incantations.
On veut une République qui n’étouffe pas ceux qu’elle prétend servir.

Alors oui, 12 avril – 22 juin, c’est court. Mais parfois, il ne faut pas beaucoup de temps pour sentir que les fondations craquent déjà.

Et si on n’apprend pas à écouter, à expliquer, à construire avec, pas contre… alors ce sera long. Très long. Trop long.

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Ce n’est pas parce que vous n’auriez pas fait comme ça que l’autre fait mal

Il existe une violence douce, sourde, quotidienne, qu’on ne reconnaît pas toujours : celle des jugements déguisés en conseils, des critiques masquées en « bienveillance », des regards qui pèsent sur les choix des autres,

Il existe une violence douce, sourde, quotidienne, qu’on ne reconnaît pas toujours : celle des jugements déguisés en conseils, des critiques masquées en « bienveillance », des regards qui pèsent sur les choix des autres, simplement parce qu’ils ne ressemblent pas aux vôtres.

Cette violence, on l’inflige au nom de la norme, du bon sens, de la « logique ». Mais en réalité, ce n’est souvent que de l’intolérance molle, de l’orgueil moral, et parfois même, de la jalousie mal camouflée.

Parce que oui, parfois, c’est juste votre ego qui parle

Quand vous critiquez un homme qui ne veut pas dépenser pour une femme, est-ce vraiment de la morale… ou une frustration de ne pas être l’objet de sa dépense ?
Quand vous regardez une femme vivre seule, libre, sans enfants, sans compromis, ce qui vous dérange… c’est son choix ? Ou votre incapacité à vous l’autoriser ?

Dans bien des cas, vous ne défendez pas une valeur, vous défendez votre inconfort personnel. Vous appelez ça « bon sens », mais c’est de la projection.

Non, la différence n’est pas une faute

Une femme décide d’être soumise. Un homme fait passer sa copine avant tout. Ce sont des adultes, consentants, engagés. Mais non : certains se croient légitimes pour venir les « réveiller », comme s’ils dormaient dans l’erreur.
Pourquoi ? Parce que dans votre monde, aimer, c’est se protéger, se méfier, se contrôler. Et donc, vous jugez ceux qui aiment autrement.

Mais ce que vous oubliez, c’est que la différence de choix n’est pas une erreur à corriger. C’est une liberté à respecter.

Ce que vous appelez « donner trop » ou « faire la victime », c’est souvent juste de l’humanité

Ces hommes qui aiment fort, que vous traitez de « maboule », de « chien fidèle »…
Ces femmes qui pleurent encore un proche perdu il y a cinq ans, que vous accusez de se complaire dans le drame…

Et si c’était vous qui étiez émotionnellement limités ?
Et si c’était votre incapacité à supporter la vulnérabilité de l’autre qui posait problème, pas leur manière d’aimer ou de souffrir ?

Afficher son couple, c’est encore interdit ?

C’est fascinant comme l’amour assumé dérange.
Un couple affiche son bonheur ? Il est forcément faux. Il se sépare ? Vous exultez.
Vous appelez ça du réalisme, mais c’est de l’aigreur pure, une jouissance malsaine devant la chute présumée des autres.

C’est de la sorcellerie émotionnelle. De l’envie déguisée en scepticisme.

Ce n’est pas votre vie. Ce n’est pas votre cadre. Ce n’est pas votre combat.

Tant que ces choix n’enfreignent aucune loi, ne vous privent d’aucun droit, ne vous coûtent rien
Pourquoi voulez-vous à tout prix corriger, redresser, convertir ?

Ce besoin de commenter les choix des autres, c’est une forme de colonisation mentale.
Vous vous érigez en référence. Vous vous placez en hauteur, convaincus que votre manière de vivre est supérieure.
Mais vous n’êtes pas un modèle. Vous êtes juste un produit de votre culture, de vos peurs, de vos limites.

Et si vous vous occupiez de vous ?

Et si, au lieu de vous indigner de voir quelqu’un vivre différemment, vous vous demandiez pourquoi ça vous dérange autant ?
Et si, au lieu de traquer la « mauvaise décision » chez l’autre, vous faisiez le ménage dans vos propres contradictions ?
Et si, au lieu de juger la liberté des autres, vous essayiez d’élargir la vôtre ?

Conclusion : Le respect, ce n’est pas de tolérer ce qui vous ressemble. C’est d’accepter ce qui vous échappe.

La maturité ne consiste pas à corriger les autres, mais à comprendre que le monde n’est pas fait à votre image.

Vous n’auriez pas fait comme lui ? Comme elle ? Très bien. Mais cela ne veut pas dire qu’il ou elle a tort.

Le vrai progrès, ce n’est pas l’uniformité.
C’est la coexistence paisible des choix différents.

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GabonOpinionSociété

Refuser la capote et fuir la paternité : le combo gagnant des hommes irresponsables.

Il y a encore beaucoup trop d’adultes qui fuient leurs responsabilités. Beaucoup trop d’hommes qui affirment ne pas vouloir d’enfant, mais qui laissent à d’autres le soin de penser, d’agir et même de gérer les conséquences de leurs actes à leur place.

Prenons un exemple tristement banal : un homme va engrosser une jeune dame et refuser de s’occuper de la grossesse et de l’enfant.
Lorsqu’on va lui demander pourquoi, il va répondre qu’il a été « piégé ».
Demandez-lui maintenant s’il a utilisé un préservatif, il dira NON.
Dès lors, en quoi c’était un piège ?

« Ce n’est pas un cas isolé. »

Ils sont nombreux à affirmer ne pas encore vouloir d’enfant, tout en refusant de se protéger, rejetant la vasectomie qu’ils jugent « trop extrême », ignorant les méthodes contraceptives masculines, et, en cas de grossesse, suggérant à leur partenaire d’avorter comme si c’était une solution automatique.

« Un double standard profondément ancré »

C’est à croire que la contraception est une responsabilité unilatéralement féminine.
Comme si la femme seule devait penser à éviter une grossesse.
Comme si elle seule devait porter le poids physique, mental et financier d’un « accident » que les deux ont pourtant causé.

Ce double standard est non seulement injuste mais symptomatique de l’irresponsabilité de beaucoup d’hommes.
Celui qui ne veut pas d’enfant doit faire en sorte de ne pas en avoir.
C’est aussi simple que cela.

On ne peut pas dire « je ne suis pas prêt à être père » tout en refusant les moyens de contraception disponibles.
On ne peut pas clamer « je ne veux pas de responsabilité » tout en prenant le risque d’une grossesse, et ensuite accuser l’autre de n’avoir pas « fait le nécessaire ».

« La contraception est une responsabilité partagée »

Il est temps de faire évoluer les mentalités.
La contraception ne peut plus reposer uniquement sur les épaules des femmes.
Il existe aujourd’hui des moyens pour tous :

  • préservatifs,
  • vasectomie (réversible dans de nombreux cas),
  • pilules pour hommes en phase de développement avancé…

L’absence de choix n’est plus une excuse.

Un préservatif coûte 100 FCFA.
Et pour ceux qui n’ont même pas cela, il est possible d’en obtenir gratuitement dans les centres de santé publique.
Encore une fois : Zéro excuse.

« Choisir, c’est aussi assumer »

Ce débat dépasse la simple question des moyens de contraception.
Il s’agit aussi de cohérence et de maturité.
On ne peut pas vouloir une chose et son contraire.
On ne peut pas dire « je ne veux pas d’enfant » et agir comme si cela ne dépendait pas de nous.

Choisir, c’est prendre position.
C’est être clair avec soi-même et avec les autres.
Choisir de ne pas avoir d’enfant, c’est prendre les mesures pour que cela ne se produise pas.
Et si, malgré tout, une grossesse survient, il faut avoir le courage d’en assumer les conséquences, quelles qu’elles soient, sans rejeter la faute sur l’autre.

En matière de contraception, il est temps que les hommes prennent leur part.
Il est temps d’arrêter de déléguer leur propre responsabilité reproductive.
Il est temps de choisir et surtout, de s’y tenir.

Pick a choice & stick to it.
— Solomoni

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GabonOpinionSociété

L’offre éducative au Gabon : un pays, plusieurs vitesses

Les chiffres datent de 2021, mais ils parlent encore très fort aujourd’hui. Ils dessinent une carte déséquilibrée, où l’accès à l’éducation varie selon la province. Et dans cette répartition inégale, un constat s’impose : le Grand Libreville concentre l’essentiel.

De la crèche au lycée, tout est centralisé

  • Sur les 320 crèches/garderies recensées au Gabon, 193 sont situées dans le Grand Libreville (G1). Soit plus de 60 %.
  • Même déséquilibre au pré-primaire : sur 1488 établissements, 726 sont à G1.
  • Au primaire, même logique : sur 1915 écoles, 745 sont encore dans G1.

Et ce n’est pas mieux au secondaire :

  • Sur les 349 établissements d’enseignement général, 158 sont concentrés à G1.
  • À lui seul, ce chiffre dépasse la somme des établissements du Haut-Ogooué (44), de l’Ogooué-Maritime (38) et du Woleu-Ntem (33) réunis.

En secondaire technique, même tableau :

  • 9 sur les 25 établissements sont dans G1,
  • 6 autres dans G2.
    Ce qui laisse les autres provinces dans une quasi-absence d’offre technique publique.

Et ailleurs ?

Certaines provinces accusent un retard flagrant :

  • Ogooué-Ivindo : 10 lycées d’enseignement général
  • Ogooué-Lolo et Nyanga : 12 chacun

Cela signifie que dans certaines zones du pays, un enfant a plus de chances de ne pas pouvoir poursuivre une scolarité normale, faute d’infrastructures.
Moins d’écoles = plus de distances à parcourir, plus de découragements, plus d’abandons.

Un déséquilibre qui se creuse dès le départ

Autre observation importante : l’essentiel des établissements est privé. Exemple :

  • Sur les 320 crèches, seules 33 sont publiques
  • Au pré-primaire, à peine 30 % des établissements sont publics
  • Au secondaire général, 106 sur 349 sont publics, soit moins d’un tiers

Ce qui pose une vraie question d’équité : que devient un enfant dont la famille ne peut pas payer une école privée ?

Conclusion ?

Parler d’égalité des chances au Gabon sans parler de répartition de l’offre éducative, c’est de la poudre aux yeux.
Tant que l’on concentrera les infrastructures dans une seule zone géographique, tant que certaines provinces resteront les oubliées de la République, les inégalités resteront structurelles, profondes, durables.

Je te dis tout

GabonOpinionSociété

Grossesses précoces au Gabon : ce que les chiffres nous disent, et ce que nous ne voulons pas voir

En milieu scolaire, le constat est glaçant. Les grossesses précoces, loin d’être un fait isolé, traduisent une réalité sociale, éducative et économique complexe. Les chiffres, issus d’observations rigoureuses, ne laissent pas place au doute : nous faisons face à une urgence silencieuse.

Qui sont les auteurs ?
66 % des grossesses précoces en milieu scolaire impliquent des personnes issues du cadre scolaire lui-même : d’autres élèves, des enseignants, ou du personnel encadrant. Autrement dit, l’école, censée être un espace sûr, est aussi un lieu de vulnérabilité.

Qui sont les filles concernées ?
Certaines sont âgées de moins de 10 ans.
3 % d’entre elles n’ont même pas encore terminé le premier cycle du secondaire (jusqu’en classe de 3e).
Et ce n’est pas un phénomène isolé dans une seule région.

Provinces les plus touchées (taux de grossesses précoces avant 20 ans) :

  • Woleu-Ntem : 97 %
  • Nyanga : 93 %
  • Ogooué-Ivindo : 80 %
  • Estuaire : 79 %
  • Ngounié et Moyen-Ogooué : 77 %

Toutes les provinces sont concernées, mais certaines sont dans des situations critiques.

Pourquoi cela arrive ?

Les causes sont multiples, mais s’entrecroisent autour de plusieurs axes :

  • Un déficit criant d’éducation sexuelle : 42 % des filles ne connaissent pas ou utilisent mal les méthodes contraceptives.
  • Un encadrement familial fragilisé : à peine 24 % vivent avec leurs deux parents biologiques.
  • Des relations sexuelles dites “de compensation” (logement, transport, cadeaux…) touchent 30 % des filles.
  • Une influence croissante de l’environnement numérique et des NTIC, mal encadrée, qui banalise certaines pratiques dès le collège.
  • La pauvreté : 83 % des filles concernées vivent dans des quartiers populaires. 69 % dans des familles nombreuses (plus de 5 personnes).

Trois chiffres qui devraient suffire à sonner l’alarme :

  • 2 % des filles disent avoir eu leur premier rapport sexuel au primaire.
  • 12 % affirment que ce premier rapport était un viol.
  • 3 ans : c’est le délai moyen entre le premier rapport sexuel et la première grossesse.

Ce ne sont pas des chiffres à brandir pour créer la panique. Ce sont des faits à lire, à comprendre, à discuter. Car tant que le débat sur l’éducation sexuelle restera un tabou, tant que les mécanismes de signalement et de protection dans les établissements resteront défaillants, tant que la misère offrira son lot de rapports déséquilibrés, le phénomène continuera de croître.

Parler de sexualité à l’école n’est pas une provocation, c’est une nécessité.
Protéger les enfants, ce n’est pas les enfermer dans l’ignorance. C’est leur donner les outils pour comprendre, choisir, se défendre.

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ÉducationGabonOpinion

Pourquoi tant de redoublements en 6e ?

Esdras est prof. Et pas de ceux qui survolent. Elle voit, elle vit, elle constate. Et elle a fini par dresser un constat simple, froid, mais lucide : en 6e, beaucoup redoublent. Beaucoup trop. Et les raisons sont souvent les mêmes. Pas les notes, pas le bulletin. Non, des causes plus profondes. Plus structurelles.

1. Parce qu’ils sont trop jeunes.
Dans ce pays, on confond précocité et performance. Il faut sauter des classes pour briller. Résultat : des enfants de 9, parfois 8 ans, atterrissent en 6e. Une classe censée être celle du passage, du changement, de l’entrée dans un autre monde scolaire. Mais ils n’ont ni l’âge, ni la maturité pour ce saut.

2. Parce qu’ils ne s’adaptent pas.
Le passage du primaire au secondaire, c’est brutal. Fini le maître ou la maîtresse unique qui guide et accompagne. Bonjour les dix profs différents, chacun avec sa méthode, ses exigences, ses évaluations. Bonjour la prise de notes, les cahiers à tenir à jour, les devoirs à noter soi-même, les stylos perdus toutes les deux heures. C’est trop. Trop pour des gamins de 10 ans balancés dans une jungle scolaire sans boussole.

3. Parce que les conditions sont déplorables.
Des salles bondées, des effectifs ingérables. Comment espérer une attention individualisée quand on parque 100 enfants dans une même classe ? Même un enseignant motivé ne peut pas faire de miracles avec une telle surcharge.

4. Parce que les parents lâchent trop vite.
Déposer l’enfant le matin à l’école ne suffit pas. Il faut vérifier les devoirs, relire les leçons, écouter ses doutes, l’aider à s’organiser. Le collège, surtout en 6e, demande un accompagnement rapproché. Beaucoup trop d’enfants sont livrés à eux-mêmes dans ce saut périlleux.

5. Parce qu’ils n’ont pas le niveau.
Triste à dire, mais certains n’ont pas les bases. Ils arrivent avec un “bon dossier”, sautent les classes au primaire, mais une fois en face des exigences du secondaire, tout s’effondre. Esdras raconte que certains ne savent même pas écrire leur nom en entier. Ce n’est plus un problème de pédagogie. C’est un mensonge institutionnalisé.

Alors oui, ils redoublent.
Mais ils ne redoublent pas parce qu’ils sont “nuls”.
Ils redoublent parce qu’on a failli. Collectivement. Famille, système, politiques publiques.
Et eux, ils paient.

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GabonOpinion

« Je sais que tu es fauché mais fais un effort »

Tu connais, hein. Ce genre de phrase qui sonne comme un piège émotionnel déguisé en compassion. En vrai, ce n’est pas une demande. C’est un ordre social déguisé, une pression subtile mais bien huilée pour te faire sentir coupable de ne pas voler au secours des autres, alors que toi-même, tu vis avec ton overdraft comme colocataire.

Au Gabon, dire qu’on n’a pas d’argent, c’est comme avouer qu’on a trahi la patrie. On te regarde comme si tu venais de dire “je suis contre les piments dans les bouillons”. L’impensable. Et dans ce climat de suspicion financière permanente, certaines personnes ont développé un sixième sens de ton portefeuille.

Les urgentistes émotionnels

Ceux-là ont des urgences… dans ton argent. Oui, oui. Pas dans le leur. Leur mère doit se faire opérer. Leur cousin a raté le bus. Le chien du voisin a mangé leur dernier billet de 5.000. Tout est possible. Et TOI, tu deviens leur SAMU personnel. Et si jamais tu dis non, attention : ils basculent dans le mélodrame.
“Tu as changé, hein. Avant tu étais simple.”
Traduction : tu n’es plus rentable. Donc tu n’as plus d’utilité.

Et là, on te sort la phrase assassine :
“Je sais que tu es fauché mais fais un effort.”
Traduction libre : menteur, je sais que tu caches quelque chose.
Ils parlent comme si tu avais un compte secret dans une banque suisse, et qu’on était dans un épisode de “Inspecteur Mabounda.”

LES JAMAIS-LÀ

Tu les aides une fois, deux fois, quinze fois. Tu es là quand ils tombent. Tu es là quand ils pleurent. Tu es même là quand ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Mais le jour où toi-même tu tousses, silence radio. Le réseau coupe bizarrement. Ils deviennent invisibles, muets, occupés, en prière ou “en mode avion.”

Ce sont eux aussi qui envoient des statuts genre :
“La vraie amitié, c’est dans les moments difficiles.”
Sauf que dans leur film, les moments difficiles, c’est uniquement pour les autres. Eux, ils ont juste signé pour encaisser, jamais pour donner.

Les analystes de ta galère

Toi-même tu fais des calculs, tu bouffes sans jus, tu annules des sorties, tu compresses le budget à mort. Mais eux, au lieu de te demander “tu tiens comment ?”, ils demandent :
“Mais tu fais quoi de ton argent ?”
“Tu n’économises pas un peu aussi ?”
“Tu bois trop les sucreries là.”
Merci pour le conseil, coach financier, mais là je n’ai même pas de quoi acheter une banane.

Et attention, ces gens-là ne t’aident pas. Non non. Mais ils te jugent quand même.

Les ingrats à mémoire sélective

Là, on touche un point sensible. Ce sont les plus dangereux. Tu les aides quand ils sont dans la misère. Tu fais des efforts même quand tu n’as presque rien. Tu grattes pour eux, tu fais des sacrifices, tu fais des avances sur ton malheur. Mais le SEUL jour où tu dis non – pas parce que tu ne veux pas, mais parce que tu ne peux pas – c’est fini.

Tu deviens l’égoïste, le cœur sec, le faux gars.
Et comme si ça ne suffisait pas, ils disent même aux autres que tu n’aides jamais. Comme si tu étais une illusion.
Et là, tu restes là à te demander :
“Donc tout ce que j’ai fait là, c’était des rêves ?”

VOUS FATIGUEZ LES GENS !!!

La vérité, c’est que dans ce pays, beaucoup confondent générosité et obligation. Ils croient que parce que tu as donné une fois, tu as signé un contrat à vie. Or même les ONG ont des limites.

Alors oui, tu peux dire non.
Oui, tu as le droit d’être fauché.
Et non, tu n’es pas obligé de t’endetter pour entretenir des gens qui, de toutes façons, ne seront même pas là pour t’acheter un Doliprane si tu tombes malade.

Et la prochaine fois qu’on te dit :

« Je sais que tu es fauché, mais fais un effort…»
Réponds doucement :
“Je fais déjà un effort monumental en souriant avec 432 francs dans mon compte. On va s’en tenir là.”

Je te dis tout

GabonOpinion

My Unpopular Opinion

Parce qu’aujourd’hui je n’ai pas envie de vous taper fortement sur les doigts, car actuellement il y a quelqu’un d’autre qui le fait très bien en articles (merci Solomoni), je vais juste donner mon avis sur deux ou trois choses.

La monogamie

Pour moi, la monogamie existe et tous les hommes ne trompent pas ! Mais je pense que ce n’est pas la seule forme d’union qui mérite le respect.
Nous sommes des êtres différents : certains ont besoin d’attaches, d’autres non ; certains veulent être exclusifs, d’autres pas.
Le truc, c’est qu’il faut juste être vrai avec la personne en face et vous dévoiler tel que vous êtes réellement.
Mais comme vous aimez jouer…

La skincare chère

À moins d’avoir un vrai problème de peau (acné sévère, dermatite, etc.), je pense qu’il n’est pas nécessaire de s’endetter pour remplir une étagère de produits skincare.
Vous êtes tellement influençables que vous ne vous rendez même pas compte que vous n’avez pas besoin de tout ça.
Mais c’est pas votre faute, c’est le besoin d’appartenance.

La surconsommation

Dans le même esprit que le point précédent, vous n’avez pas besoin d’avoir un million de vêtements.
Je ne sais pas si vous vivez dans un autre monde, mais la Terre va mal.
Acheter tout le temps, en quantité, alimente la fast fashion, donc la pollution et la destruction de notre planète.
Contentez-vous de ce dont vous avez réellement besoin et investissez ailleurs.

Le bodycount

C’est l’obsession numéro un chez certains hommes, surtout les hommes noirs et arabes, et bizarrement ce sont souvent les mêmes qui veulent déflorer des filles dès la 6e.
Pour moi, la virginité est une construction sociale qui sert à contrôler le corps des femmes et à limiter leur liberté de jouir comme elles l’entendent, sans l’accord des hommes.

Les relations amoureuses

Pour moi, notre génération est obsédée par les relations amoureuses.
On parle rarement d’amitié saine ou toxique, toujours du sexe, de l’amour…
On est fatigués.

Princess treatment

À mes yeux, c’est plus une manière de rendre les femmes encore plus dépendantes des hommes.
Oui, c’est important qu’un homme prenne soin de sa chérie, mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est toujours une histoire d’argent.
Rarement on parle de soutien émotionnel, de gestion des traumas.
Toujours acheter, offrir, payer…
Et après, ils pensent que c’est suffisant.
Puis vous vous plaignez. Parce que ce n’est pas ce qui compte vraiment.

Bon, on va s’arrêter là pour aujourd’hui !
J’aime bien ce concept, j’espère avoir de quoi continuer MDR.

Je te dis tout