Le Oui, côté de la majorité et bien sûr du pouvoir, est partout. T-shirts, casquettes, concerts, bus, il ne leur manque que les feux d’artifice. Un festival d’unité et de slogans. En face ? Le camp du Non semble chercher son micro, son porte-voix, son T-shirt. Pire, on se demande même s’ils ont reçu un centime pour leur permettre d’aligner trois mots et faire valoir leurs idées. Peut-être que le Non, c’est bien pratique justement parce qu’il ne fait pas de bruit ?
Mais, sérieusement, où est passé l’argent pour le camp du Non ? Car c’est ça, la démocratie. Un débat, avec des armes égales pour chaque camp. Un jeu de questions et de réponses, sans silence imposé. Si le Oui a des bus, le Non devrait avoir le droit de louer quelques scooters, au moins ! S’ils n’ont rien, alors on nous vend la démocratie comme une loterie truquée : à la fin, toujours le même ticket gagnant.
Au Sénégal, il y a quelques années, un référendum n’a coûté « que » 2 milliards pour une population de 13 millions d’habitants. Mais ici, pour un pays d’à peine 2 millions, la note est de 27 milliards. Il va falloir nous expliquer comment un référendum peut valoir si cher et à quoi sert réellement tout cet argent.
Et si on avait imaginé autrement ces 27 milliards ? On parle d’un pays où des agents attendent toujours leurs soldes, où des fonctionnaires s’accrochent à des promesses de salaires, où les routes urbaines se transforment en casse-tête quotidien entre nids-de-poule et chaussées dégradées. Sans parler de nos bâtiments administratifs, usés par le temps, qui tiennent plus de la ruine que de l’institution. Combien de ces problèmes aurait-on pu résoudre avec cette enveloppe ?
Mais non, la priorité est ailleurs, nous dit-on, et cet argent doit servir le référendum. Si encore il servait à assurer un débat équitable, où chaque camp aurait les mêmes moyens pour s’exprimer… Mais ce qu’on voit est une démocratie qui penche dangereusement d’un côté.
Alors, ce n’est plus seulement un enjeu de référendum mais bien de transparence et d’égalité. Comment, après tant d’années à dénoncer ces pratiques, on en est toujours là ? Peut-être que c’est une question de nostalgie pour certains, une envie de retrouver les bonnes vieilles méthodes qui garantissent un certain confort, un silence complice.
Si on veut être franc, cet argent aurait dû servir à garantir un espace de débat où chacun pourrait s’exprimer avec des moyens équitables. Un référendum, c’est deux camps qui s’affrontent, avec des arguments, pas une mascarade où l’un danse et l’autre se tait. Parce que dans une vraie démocratie, 27 milliards ne sont pas faits pour embellir le Oui et étouffer le Non.
Au final, à ceux qui gèrent cette somme et décident de son partage, la question n’est plus : « Où est l’argent pour le Non ? ». Elle devient plutôt : « Voulez-vous vraiment que ce soit un référendum ou juste un spectacle de propagande déguisé ? »
Alors oui, 27 milliards, c’est beaucoup d’argent. Mais visiblement, ce n’est pas suffisant pour garantir un semblant d’équité. Et ça, ça ne coûte rien de le dire.