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« Expulsez-les d’abord, on verra après »

Entre urgence et mépris de classe, le gouvernement gabonais n’a jamais pris le temps de faire les choses correctement. L’opération « Retour de la dignité » ? Un échec, mon Général.

S’il y a bien une constante au Gabon, ce sont les méthodes. Gouverner en brutalisant, mépriser les plus précaires, les frapper sans prévenir… On connaît. Et après le PDG, rien n’a changé : les hommes sont restés les mêmes, seule la chorégraphie est différente.

Depuis quelques jours, c’est un spectacle accablant qui se joue dans certains quartiers de Libreville. Des centaines de familles, leurs affaires entassées dehors, attendent de pouvoir rejoindre un parent compatissant — pour les plus chanceux. Les autres ? Rien. Pas d’aide. Pas de solution. Parce qu’une fois de plus, l’État a agi dans l’urgence, en niant les besoins les plus élémentaires de ses citoyens. Se loger, c’est quand même la base.

Ce déguerpissement, censé « assainir » la capitale, aurait pu être défendable si les méthodes ne rappelaient pas celles d’un État profondément irrespectueux du bien-être de ses propres administrés. On aurait pu commencer par indemniser, reloger, dialoguer. Ça a été fait pour certains. Mais pour d’autres, rien. Le néant.

Soyons justes : il y a eu des tentatives de respecter les procédures. Des courriers, des réunions, des délais. Mais la réalité, c’est que de nombreux bailleurs — qui devraient être poursuivis — n’ont pas pris la peine d’en informer leurs locataires. Pourtant, en tant que propriétaires, ils ont l’obligation d’annoncer ce genre de contrainte. Quand on vit dans un État de droit…

Entre ces bailleurs indélicats et les oubliés du Ministère, on compte aujourd’hui plusieurs vies littéralement en danger. Disons les termes : c’est de la précarisation programmée à ce stade. Où iront donc toutes ces familles ? Même celles qui ont été indemnisées doivent aujourd’hui se reloger dans un Libreville où les prix de location explosent. Où sont les logements sociaux tant attendus ? N’aurait-on pas pu, justement, attendre encore un peu que ces infrastructures voient le jour avant de vider des quartiers entiers ?

Cette stratégie qui consiste à faire sans réfléchir, sans prévoir, doit cesser. Le mandat du président actuel est de sept ans. Sept ans, c’est peu. Mais c’est assez pour changer de méthode. C’est assez pour prendre le temps. Pour mener des études sérieuses. Pour anticiper les besoins. Et parfois, ces études sont déjà des actions, car elles posent les bases concrètes d’un développement durable. L’épanouissement du Gabonais passe aussi par là : par la planification, la rigueur, et le respect.

Mais voilà : on préfère faire semblant. Expulser d’abord. Voir après. Et tant pis si, entre deux camions de déménagement, des familles s’effondrent.

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Le premier rôle de l’État est de protéger les citoyens.

Il serait peut-être temps que notre gouvernement revienne à cette évidence. On ne peut pas maltraiter le peuple en exerçant le pouvoir « pour son bien ». Diriger, ce n’est pas improviser dans l’urgence. C’est prévoir, anticiper, organiser. C’est surtout éviter que des milliers de citoyens se retrouvent, du jour au lendemain, dans la précarité la plus totale.

Le sujet brûlant du moment, c’est le déguerpissement de certaines zones urbaines. On parle de plus de 1 000 familles qui se retrouvent sans toit.

Bien sûr, on peut rester sur le terrain administratif et discuter des modalités : ont-elles été prévenues ? Ont-elles été indemnisées ? Mais cette focalisation, en réalité, en arrange beaucoup. Elle permet de gagner du temps. De détourner l’attention de ce qui devient une urgence humanitaire vers une querelle bureaucratique sur des documents que personne ne retrouvera jamais.

Et on le sait : même si des erreurs sont reconnues, aucun fonctionnaire ne sera sanctionné. Le vrai problème — celui du relogement, celui de la planification, celui de la dignité humaine — restera sans réponse.

Pire : il est même susceptible de créer de nouveaux désastres. En l’absence d’une politique claire et ambitieuse en matière de logement social, ce genre d’opérations ne fait que repousser le problème ailleurs. On détruit d’un côté, et de l’autre, des bidonvilles se reforment. En silence. À la hâte. Par nécessité. Parce que depuis des années, la demande explose, et l’offre, elle, ne suit pas.

Alors, quelle est la réponse du gouvernement face à cette détresse humanitaire ?

Si vous l’avez entendue, n’hésitez pas à la partager. Pour ma part, je ne vois rien de bon pour ces personnes désormais en errance, poussées à la rue pour des raisons plus esthétiques qu’humaines.

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Femme au foyer ou pas, il faut travailler !

Travailler ce n’est pas seulement aller dans un bureau ou être directrice quelque part. Travailler c’est vendre, entreprendre, se débrouiller pour pouvoir s’en sortir.

Pourquoi le Féminisme encourage les femmes à travailler ? Ou même pourquoi moi je recommanderai toujours à mes sœurs, amies de travailler ?

1/ Un être humain a besoin de vie sociale, d’accomplir des choses, de mettre son énergie et sa passion dans quelque chose de rentable. Je ne doute pas du fait que pour certaines, être femme au foyer c’est un accomplissement pour elles, mais je dis juste que avoir une vie sociale, des collègues, des amis, prendre un verre avec des potes le soir, tout ça contribue à l’épanouissement d’un être humain.
Sauf que beaucoup de femmes en couple ou mariées ne sont plus des humains à part entière mais juste des épouses et mères.

2/ C’est dangereux de dépendre financièrement de quelqu’un. On a vu, on a entendu et même vécu ces histoires dans lesquelles les femmes ont choisi d’être femmes au foyer et, à la mort du mari, se sont retrouvées à pleurer car au final il fallait assumer toutes les charges seules sans travail.
Le travail sécurise la femme, il permet de lui garantir une porte de sortie également en cas de mariage abusif.
Si tu as 0f et que la personne qui te traumatise est aussi ta source de revenu, c’est très dur de sortir de là.

Bref, je vous vois venir avec vos « Arrêtez d’imposer, chacun fait ce qu’il veut. »
Je n’impose pas, je donne mon avis : cherchez l’argent, laissez d’abord les hommes, construisez-vous, soyez des femmes accomplies.
Vous passez votre temps à mettre votre énergie sur vos enfants, et quand ils grandissent vous attendez d’eux qu’ils mettent la même énergie sur vous.
Au final vous êtes déçues et les traitez d’égoïstes. Non, ils veulent juste faire le choix que vous n’avez pas su faire.

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Le patriarcat flingue tout le monde. Point final.

On croit souvent que le patriarcat ne nuit qu’aux femmes. Que ses chaînes ne ligotent que celles qu’il relègue à des rôles d’appoint, de silence ou de dévouement. Mais détrompez-vous : ce système pourri jusqu’à l’os est l’ennemi de tous. Et quand je dis “tous”, j’inclus les hommes.

Qui peut sincèrement être heureux à l’idée de porter toute une vie sur ses épaules simplement parce qu’il est né avec un pénis ? Qui peut se réjouir de devoir se montrer fort, stable, riche, protecteur, performant, sans avoir le droit à l’erreur ni à la faiblesse ? Qui a décrété qu’un homme sans argent n’est rien, qu’il n’a pas voix au chapitre, pas de valeur, pas même le droit à l’amour ou à l’écoute ?

Le patriarcat, ce n’est pas juste un système de domination : c’est aussi une prison émotionnelle et sociale.

Regardez les chiffres. On parle souvent des violences que subissent les femmes (et à raison), mais on oublie de dire que les hommes aussi souffrent. Et souvent en silence. Le taux de suicide des hommes dans la quarantaine est terrifiant. Pourquoi ? Parce qu’à cet âge, on est censé avoir “réussi”, être “installé”, avoir “construit quelque chose”. Et quand ce n’est pas le cas ? On est moqué, jugé, ignoré. Même par soi-même.

Le patriarcat pousse à la performance constante, à la virilité toxique, à l’effacement des émotions. Il étouffe. Il tue.

Et le pire, c’est que beaucoup d’hommes n’ont jamais voulu de ce système. Il a été bâti par d’autres, bien avant nous. Et les générations actuelles ? Elles subissent. Elles tentent de se débattre, parfois maladroitement, parfois courageusement, mais elles n’ont pas inventé la machine infernale.

Le patriarcat n’est pas une règle naturelle. C’est une construction sociale. Alors arrêtons de perpétuer ces injonctions absurdes. Être un homme ne devrait pas être synonyme de sacrifice silencieux. Être une femme ne devrait pas rimer avec soumission ou suradaptation. Chacun doit pouvoir choisir son chemin, sans être enfermé dans des rôles assignés à la naissance.

Ce n’est pas une guerre des sexes. C’est une lutte contre un système d’oppression qui se cache derrière des traditions, des proverbes, des “c’est comme ça”, et qui ne profite à personne.

Ce que nous avons entre les jambes ne devrait jamais définir ce que nous avons dans le cœur, ni ce que nous faisons de nos vies.

Il est temps de vivre autrement.

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Entrepreneuriat au Gabon : cette folie qu’on appelle rêve

Depuis des années, on nous vend l’entrepreneuriat comme la solution miracle. L’outil d’autonomie ultime. Le raccourci vers la liberté, la clé du développement. Et on ne va pas se mentir, certains sont effectivement devenus “CEO” du jour au lendemain, dès qu’ils ont commencé à vendre des babouches, des crèmes éclaircissantes ou des jus detox sur Instagram.

Mais au-delà de cette vitrine marketing, il y a une vérité moins glamour qu’on cache trop souvent : l’entrepreneuriat demande du cardio. Du vrai. Du lourd. Et parfois, ça te rend fou.

Parce qu’entreprendre au Gabon, ce n’est pas juste avoir une idée et foncer. C’est jongler entre mille obstacles pendant que tout le monde s’attend à ce que tu réussisses vite, bien, sans faillir.

Pendant que dans d’autres pays on accorde des exonérations, des aides, du répit pour te laisser le temps de comprendre ton marché, de stabiliser ta trésorerie et de construire quelque chose de viable, ici, dès que l’ANPI t’a remis ta fiche circuit, tu deviens une vache à traire. Et tout le monde veut son seau de lait.

La mairie te taxe, la DGCCRF te visite comme si tu cachais des armes, les impôts t’alignent comme si tu gérais une multinationale. Même si tu n’as encore rien vendu, on t’explique que “c’est la procédure”. Et comme beaucoup ne connaissent pas leurs droits, ou n’ont pas de piston pour se défendre, tu peux te retrouver à fermer boutique ou à encaisser des amendes qui dépassent ton chiffre d’affaires.

Mais l’administration, ce n’est que le premier boss du jeu.
Viennent ensuite les clients.
Certains impolis, d’autres condescendants. Beaucoup pensent que consommer chez toi, c’est te faire une faveur. Que tu leur es redevable, et que tu dois presque t’excuser d’oser leur vendre un service. Parce que oui, ici, on a mal interprété l’expression “le client est roi”. On pense qu’elle donne droit au mépris, à la familiarité, au rabais systématique. Sauf que non. Un entrepreneur n’est pas ton larbin. Beaucoup sont diplômés, formés, passionnés. Ils ont fait un choix de cœur ou de raison. Ils méritent le respect, pas la condescendance.

Et puis il y a les saboteurs.
Ceux qui te mettent des bâtons dans les roues non pas parce que tu fais mal, mais parce que tu fais bien. Parce que tu proposes une solution simple, accessible, innovante. Et comme eux ont prospéré en embrouillant les gens, ta clarté les dérange. Alors on cherche un vice de forme, un manquement administratif, une faille dans ton parcours pour te faire tomber. Ici, réussir proprement, c’est presque suspect.

Tu proposes une application pour faciliter un service ? Tu deviens l’ennemi. Tu rends un processus transparent ? On crie au scandale. Parce que si tout devient fluide, les “mange-mille” ne peuvent plus mystifier les autres. Et plutôt que de s’adapter, ils préfèrent t’éliminer.

Et si tu as le malheur d’avoir du succès, prépare-toi à l’autre poison de notre époque : les rumeurs.
Il suffit qu’un inconnu sur Internet ne t’aime pas pour que ton nom devienne une cible. Faux avis, insinuations, calomnies… Et si ton entreprise en prend un coup ? Tant pis. Quand tu fermeras, ce seront les premiers à te dire : “Force à toi 🙏”. Hypocrisie 2.0.

Dans tout ça, tu continues.
Tu tiens ton salon de prothésie ongulaire, où tu sculptes des ongles pendant dix heures d’affilée. Tu tiens ton petit resto, où tu cuisines à feu doux tout en gérant les livraisons, les commandes, les pannes d’électricité et les clients qui veulent le menu à crédit. Tu vends tes habits, tu gères ton spa, tu proposes des services digitaux, tu formes d’autres jeunes. Bref, tu tiens la baraque. Même quand elle brûle.

Et oui, tout n’est pas parfait du côté des entrepreneurs non plus.
Certains ne sont pas professionnels. Certains livrent mal. D’autres ne respectent pas les horaires, ou confondent leadership et tyrannie. Il y a des managers toxiques, des abus internes, des caisses mal gérées. Mais ça, c’est un autre sujet. Et surtout, ce n’est pas une excuse pour écraser ceux qui, chaque jour, essaient de construire quelque chose à la sueur de leur front.

Entreprendre au Gabon, c’est un choix courageux.
C’est poser une brique là où tout le monde te dit que le mur va tomber.
C’est croire en ton rêve même quand tout pousse à l’abandon.
C’est créer de l’emploi, résoudre des problèmes, participer à l’économie locale avec les moyens du bord.
Et parfois, juste survivre, c’est déjà un exploit.

Alors, si on veut que les choses changent vraiment :
L’État doit accompagner au lieu d’étrangler.
Les clients doivent respecter au lieu de mépriser.
Les proches doivent soutenir au lieu de décourager.
Et nous tous, devons comprendre une chose simple :
Derrière chaque petite entreprise, il y a un rêve, un combat, un gagne-pain.

Et si on n’a rien de constructif à dire, qu’on apprenne simplement à se taire.

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Des plateformes utiles mais invisibles : et si on croyait vraiment à la dématérialisation ?

Aujourd’hui, deux plateformes publiques méritent qu’on s’y attarde : cnamgs.ga et cnss.ga. La première permet aux assurés de consulter leurs droits, de s’inscrire et de suivre leur situation en ligne. La seconde facilite la vie des retraités et futurs retraités, avec un accès numérique à leurs relevés et à leurs démarches. Deux outils concrets, utiles, bien faits. Deux exemples de ce que pourrait devenir l’administration : un service.


Il faut le dire clairement : certaines choses avancent. Et parfois, dans le silence le plus total.

Mais voilà, ces plateformes existent dans un quasi-silence institutionnel. Pas de campagne de sensibilisation, pas de pédagogie, pas de mise en valeur. Comme si, une fois le chantier numérique lancé, il fallait surtout éviter que trop de gens l’utilisent. Et ce paradoxe, on le connaît : on parle de transformation digitale, mais on ne fait rien pour l’incarner.

La vérité, c’est que le numérique n’est pas une vitrine, c’est un outil. Et un outil, ça s’emploie. Dans un pays où les files d’attente sont encore la norme pour le moindre papier, dématérialiser, ce n’est pas faire moderne : c’est désengorger, simplifier, dignifier. C’est permettre à une veuve de province d’avoir accès à son dossier sans prendre le bus à 4 h du matin pour Libreville. C’est offrir à un jeune développeur la possibilité d’intégrer un service sans piston, juste avec son talent et un formulaire en ligne.

Et puis, il y a cette plateforme qu’on attend toujours : un portail national pour les examens et concours. Parce que soyons honnêtes, ceux qui ont déjà tenté de déposer un dossier savent ce que ça signifie : remplir un formulaire à la main, faire des photocopies en cascade, chercher des timbres fiscaux, puis faire la queue pendant des heures, parfois après avoir quitté une province entière pour venir à Libreville, avec l’espoir que le dossier ne sera pas refusé pour un détail.

Chaque année, ce sont des milliers de jeunes qui vivent ce parcours absurde, simplement pour déposer un dossier. On parle d’un pays où l’on prétend moderniser l’administration, mais où postuler à un concours relève encore d’un véritable parcours du combattant.

Une plateforme dédiée permettrait pourtant de :
 • centraliser les annonces de concours,
 • permettre le dépôt de dossier en ligne,
 • suivre l’évolution de son dossier ou la publication des résultats,
 • et surtout, rendre l’accès aux opportunités plus équitable, peu importe qu’on vive à Libreville ou à Makokou.

Et derrière cette absurdité, il ne faut pas oublier les fonctionnaires eux-mêmes. Ceux à qui l’on confie, bien souvent sans préparation ni moyens, la tâche de réceptionner, trier à la main des centaines voire des milliers de dossiers papier. En 2025. Pendant qu’ailleurs on parle d’intelligence artificielle, ici, un agent administratif doit passer ses journées à classer des photocopies, vérifier des dossiers incomplets, courir après des signatures.

Ce n’est plus seulement un manque d’efficacité. C’est une forme de maltraitance institutionnelle. On oublie que les premiers à souffrir de l’absence de numérisation, ce sont aussi les agents de l’État, coincés dans des tâches répétitives, chronophages, frustrantes – là où des outils simples pourraient les soulager, leur faire gagner du temps, et leur permettre de se concentrer sur des missions à plus forte valeur.

Automatiser le dépôt, le tri et la présélection des candidatures, ce n’est pas une utopie. C’est un standard ailleurs. Et ce n’est même pas une question d’argent. C’est une question de volonté.


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93,5 % de gré à gré : et si le vrai problème, c’était le mépris des talents locaux ?

Quand j’ai vu le chiffre, je n’ai pas été surpris. Juste un peu plus triste que d’habitude : 93,5 % des marchés publics passés de gré à gré. Autrement dit, sans appel d’offres, sans mise en concurrence, sans transparence. Pour bien comprendre, revenons à la définition.


Un marché passé de gré à gré, c’est un contrat attribué directement à une entreprise, sans compétition. En théorie, cela peut se justifier par l’urgence, la spécificité d’un savoir-faire ou une situation exceptionnelle. Mais en pratique, c’est souvent la porte ouverte à la corruption, au népotisme et à l’enrichissement illicite. Rien de nouveau.

Ce qui me choque le plus, ce n’est même plus ça. C’est qu’on n’a toujours pas tiré les leçons. Je parle ici en tant que développeur, entrepreneur du numérique, témoin régulier de cette économie de la débrouille qu’on maquille sous des mots comme « partenariat stratégique ». En vérité, le vrai problème aujourd’hui, c’est la communication – ou plutôt, son absence.

Où sont publiés les appels d’offres ? Sur quelles plateformes ? Qui les consulte ? Qui les comprend ? Trop souvent, les entreprises ne savent même pas qu’un marché existe avant qu’il soit attribué. L’information n’est pas centralisée, pas accessible, pas vulgarisée. Un premier pas vers plus de justice serait simplement de créer un portail public unique, à jour, où tous les marchés seraient listés – avec des critères clairs, des délais raisonnables et des résultats accessibles à tous.

Deuxième point, le choix des prestataires. Prenons l’exemple du BTP ou du numérique : on continue à faire venir des entreprises étrangères pour développer des sites web, poser des câbles ou bâtir des bâtiments, alors qu’on a les compétences ici, au Gabon. La préférence nationale ne devrait pas être un slogan. C’est un levier économique. C’est ce qui crée des emplois durables, ce qui donne un avenir à des entreprises locales qui peinent à remplir leur carnet de commandes.

Enfin, parlons du critère de l’expérience. Il est temps d’arrêter de juger une entreprise uniquement sur son nombre d’années d’existence. Dans un pays jeune comme le nôtre, avec une population active jeune, la majorité des structures ont moins de cinq ans. Et pourtant, elles sont portées par des professionnels qui, eux, ont dix, quinze, parfois vingt ans d’expérience dans leur domaine. Ces gens-là ne devraient pas être écartés des marchés publics sous prétexte que leur entreprise est « trop jeune ». Ils doivent pouvoir prouver leur talent, démontrer leur expertise, accéder à des opportunités. Sinon, on bloque l’initiative, on étouffe l’innovation, et on perpétue une élite fermée.

Alors oui, 93,5 %, c’est choquant. Mais ce n’est pas qu’un problème moral. C’est aussi un symptôme de ce qu’on refuse encore de construire : un système juste, transparent, ouvert. Un système qui croit en ses propres talents.

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Daddy Issues chez les hommes : le tabou dont personne ne veut parler

« Le père absent : une plaie invisible dans la construction des hommes ». L’absence d’un père dans la vie d’un enfant n’est jamais anodine. Elle laisse des traces profondes, et parfois silencieuses. Elle influence l’équilibre émotionnel, la capacité à aimer, à s’aimer, à se positionner dans le monde.

Pourtant, lorsqu’on parle des conséquences de cette absence, le débat semble souvent tourner autour de l’impact sur les filles.
Comme si les garçons, eux, en sortaient indemnes.

« L’absence physique… et l’absence émotionnelle »

Il y a les pères qui sont partis, volontairement ou non.
Et il y a ceux qui sont là sans être là.
Présents physiquement, mais absents émotionnellement.
Ces pères-là parlent peu, écoutent moins voire pas du tout.
Leur silence, souvent perçu comme la norme virile, est en réalité une forme d’éloignement affectif qui conditionne leurs fils à faire de même.

« Les hommes antipathiques : l’héritage silencieux »

Qui sont ces hommes incapables de dire “je t’aime” à leur compagne, à leurs enfants, ou même à eux-mêmes ?
Ceux qui ravalent leurs larmes dans la salle de bain ou qui se perdent dans des aventures sans lendemain ?
Ces hommes-là ne sortent pas de nulle part.
Beaucoup sont les fils d’un vide, d’un modèle masculin absent, instable et défaillant.

On les voit parfois comme des coureurs de jupons, accros au sexe, mais derrière cette façade se cache souvent une quête désespérée de connexion.
Parce que dans une société qui a fait du sexe le seul espace acceptable d’intimité masculine, beaucoup finissent par confondre affection et performance.

Certains hommes ne savent recevoir de l’affection qu’à travers un contact physique sexuel, parce qu’ils n’ont jamais reçu de tendresse autrement.
Une étreinte, un regard, un mot doux ?
Trop vulnérable.
Trop féminin.
Trop dangereux.

« Une masculinité sous pression »

« Un homme ne pleure pas. »
« Un homme doit être fort. »
« Un vrai garçon ne montre pas ses émotions. »

Ces phrases, nous les avons tous entendues.
Elles se transmettent de génération en génération, comme des malédictions collectives ayant pour conséquence, une armée d’hommes qui saignent en silence.
Qui s’effondrent intérieurement en gardant un masque de maîtrise.

« Et les femmes dans tout ça ? »

Paradoxalement, beaucoup de femmes, elles aussi conditionnées, ont du mal à accueillir la vulnérabilité masculine.
L’homme fort, protecteur, pilier, c’est encore un fantasme collectif.
Alors quand un homme pleure, doute, ou se montre fragile, il arrive que cela crée un malaise, voire un rejet.
La vulnérabilité d’un homme est encore trop souvent perçue comme une faiblesse.

« Briser le silence, c’est guérir »

Il est temps de briser le mythe de l’homme invulnérable.
Un homme invulnérable, ça n’existe pas.
C’est un fantasme qui gangrène nos relations, notre société, notre santé mentale collective.

Oui, l’absence du père affecte aussi les hommes.
Ils sont parfois les conjoints, les frères ou les pères que vous regardez avec sévérité et jugement sans jamais comprendre ce qu’ils ont traversé.

Parler de ces réalités n’est pas une excuse pour leurs comportements dysfonctionnels.
Voyons plutôt ceci comme une tentative de comprendre, de réparer et de ne plus transmettre ces traumas aux générations suivantes.

Aux pères, soyez là, vraiment là.
Pas parfaits, pas tout-puissants mais présents.

Aux mères, encouragez vos fils à ressentir, à parler, à pleurer.

Aux femmes, soyez un espace sûr pour la vulnérabilité de vos maris, tout comme vous souhaitez qu’il soit un refuge pour la vôtre.

Aux hommes, vous avez le droit d’avoir mal, le droit d’en parler et surtout le droit de guérir.

Solomoni

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Les ministres caméléons : un jour ici, demain là-bas… mais jamais à leur place

Chez nous, au Gabon, y’a un phénomène qu’on connaît trop bien. C’est le “ministre multi-usage”. Un jour tu le vois ministre de l’Énergie, deux semaines après il est ministre de la Justice, et le mois suivant il atterrit à la Culture comme s’il avait fait théâtre au lycée. C’est comme s’il jouait à “pioche une carte, t’as gagné un ministère”. Sans diplôme adapté, sans formation, même sans boussole, il est là… ministre que douah.

Ces gens-là, c’est pas parce qu’ils sont experts dans quoi que ce soit qu’on les nomme. Non. C’est parce qu’ils sont fidèles, utiles politiquement ou juste disponibles, comme une chaise vide qu’on peut déplacer où on veut. Ils signent des décrets qu’ils ne comprennent même pas, posent la première pierre d’un projet qu’ils ne reverront jamais, et lancent des programmes qu’ils ne maîtrisent pas. Bref, ils sont là pour meubler.

Parfois même lors des interviews on pose une question à gauche, il répond à droite tu te demandes juste ce que la personne fout là en fait. Et nous on regarde ça depuis des années comme si c’était normal. Mais franchement, vous trouvez ça sérieux de faire passer quelqu’un de l’Économie à l’Éducation nationale sans même une petite formation accélérée ? Ou quelqu’un qui sort de nul part et BOUM direct ministre de l’industrie. Il comprend même d’abord quoi à ça ? Genre il découvre le secteur en même temps que nous. Il apprend sur le tas, pendant qu’il prend des décisions pour des millions de personnes. C’est grave !

Être ministre, c’est pas juste mettre la cravate et parler à la télé (encore que même les prises de parole sont souvent aval ezing). C’est prendre des décisions qui changent la vie des gens. C’est porter une vision, impulser des réformes. Mais comment tu réformes un truc que tu ne connais même pas ? On en arrive à des situations bizarres où ce sont les fonctionnaires du ministère qui doivent former le ministre fraîchement nommé. C’est eux qui expliquent, qui répètent, qui mâchent le travail pendant que monsieur ou madame apprend à faire la différence entre un budget d’investissement et un budget de fonctionnement. On dirait un stage d’intégration.

Résultat : les projets prennent du retard, les vraies priorités passent à la trappe, les réformes patinent. On dit que l’administration est continu hein mais il ya des dossiers qui doivent à chaque fois faire l’objet d’étude parce que la personne à la tête du ministère, NE CONNAÎT RIEN. Et pendant ce temps, les techniciens, les vrais, ceux qui connaissent le terrain, sont mis de côté. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas les bons contacts, ou qu’ils ne disent pas “oui chef” à tout.

En fait, tout ça montre un truc : ici, le pouvoir, c’est d’abord des calculs, des équilibres, des promesses entre amis. La compétence ? Elle arrive en dernier, quand il reste de la place. Et pourtant, gérer un pays, ce n’est pas comme organiser un anniversaire. Tu ne peux pas improviser avec la justice, la santé ou l’école des enfants. Ces trucs-là demandent des gens solides, qui savent ce qu’ils font. Pas des touristes institutionnels qui viennent faire coucou le temps d’un remaniement et qui plus tard mettront ça dans leur CV.

On doit vraiment changer cette manière de faire. Personne ne dit qu’il faut enlever toute la politique. Mais au moins, un peu de sérieux. Un pays qui veut avancer ne peut pas continuer à nommer des gens au hasard comme s’il tirait au sort. Les décisions prises impactent quand même tout le pays. Parce qu’à force de jouer avec les nominations, c’est nous, le peuple, qui payons l’addition. On en a marre de subir l’improvisation au sommet.

Maintenant, il faut choisir : soit on gère ce pays avec des gens compétents, soit on continue de le survoler comme un drone en panne.

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Gabon : 93,25 % des marchés publics attribués en gré à gré…

Vendredi 30 mai 2025, en Conseil des ministres, le gouvernement s’est dit « vivement préoccupé » par une révélation qui aurait dû provoquer un audit général depuis au moins trois législatures : 93,25 % des marchés publics ont été attribués en gré à gré, sans appel d’offres. Oui, tu lis bien : 93,25 %. C’est plus qu’un chiffre, c’est un aveu.

Et le gouvernement s’étonne comme nous quand on a appris qu’Ali était en Angola

Mais en réalité, ce n’est pas un oubli. Ce n’est pas un bug. C’est un système. Rodé. Huilé. Et protégé.

Et là, dans une envolée bureaucratique, on nous annonce que cela viole l’article 71 du Code des marchés publics, qui limite cette procédure à… 15 %. Sincèrement ? Ils viennent de le découvrir ? Parce que nous, peuple, on pensait que les contrats étaient signés par le gouvernement lui-même, pas par une divinité invisible avec un tampon magique.

Derrière cette avalanche de gré à gré, il y a des PME locales de façade, souvent des sociétés-écrans montées à la va-vite par des proches de décideurs, des frères, des cousins, des épouses, parfois même le ministre lui-même. Résultat ? Des marchés attribués à soi-même, via des prête-noms, dans un jeu d’écriture aussi grossier qu’impuni.

Les conséquences sont visibles à l’œil nu : chantiers bâclés, routes en carton-pâte, écoles sans fenêtres, hôpitaux sans lits. Et pourtant, ces marchés ont tous reçu le feu vert… validé, paraphé, payé. Le miracle gabonais, c’est de réussir à transformer l’argent public en ruine certifiée.

Mais plus grave encore, c’est le silence complice des organes censés contrôler.

La Direction générale des marchés publics (DGMP) n’a-t-elle rien vu ? La Cour des comptes ? Muette. Et que dire du Contrôle budgétaire, dont l’un des logiciels censé bloquer automatiquement les dépassements de seuils en gré à gré a tout simplement été désactivé. Oui, désactivé. En interne. Par des instructions venues d’en haut. Comme ça, tout passe. Tout glisse.

Et maintenant, on nous parle de transparence, de sursaut, de moralisation ? Ces mots-là sont devenus des rideaux de fumée. Même les communicants doivent bailler en les écrivant.

Pendant ce temps, nous on slalome entre les nids-de-poule géants, on attend des infrastructures promises à coups de tambours et de caméras, on regarde nos impôts financer des pratiques qu’on aurait crues abolies. Et le plus fou ? C’est qu’on fait semblant d’être surpris.

Mais quand un gouvernement est surpris par les conséquences d’un système qu’il a lui-même mis en place, ce n’est pas une dérive. C’est une politique.

Alors il est temps de poser les vraies questions :

  • Qui sont les bénéficiaires réels de ces marchés ?
  • Combien de sociétés-écrans ont été montées entre 2020 et 2024?
  • Pourquoi a-t-on désactivé les garde-fous techniques censés prévenir ces abus ?
  • Et surtout : pourquoi rien ne bouge, même quand tout le monde sait ?

Parce qu’à ce rythme, le prochain Conseil des ministres nous annoncera avec consternation que “les caisses sont vides”, tout en jouant les étonnés. Comme nous, le jour où on a appris qu’Ali Bongo, Sylvia et Nourredin faisaient du tourisme médical à Luanda alors qu’on nous avait certifié quelques jours avant que les deux derniers cités étaient derrière les barreaux.

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