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Hier, j’étais heureux.

Hier, c’était une journée plutôt normale, plutôt routinière. Je n’ai rien fait d’extraordinaire. Je me suis réveillé comme d’habitude. J’ai préparé mon petit café, comme toujours, puis je me suis installé devant mon ordinateur pour travailler. Évidemment, j’ai pris une douche entre les deux.

Et j’ai travaillé toute la journée. Entre deux tâches, j’ai échangé quelques messages avec la famille sur WhatsApp. Rien de plus.

Je ne suis pas allé sur les réseaux sociaux. Et cela a fait toute la différence.

À aucun moment de la journée, je n’ai eu l’occasion de m’indigner. À aucun moment, je n’ai vu passer une information déplaisante. À aucun moment, l’actualité ne m’a irrité. Aucun contact ne m’a interpellé sur un sujet susceptible de me fâcher ou de me troubler. Je suis resté dans mon coin, et j’ai savouré cette solitude choisie.

Ce que j’ai fait hier, c’est ce que j’aime faire : travailler.

Parce que lorsque je travaille, je réfléchis. Je conçois. Et dans cet exercice, je touche à ce que je considère comme un attribut divin : la créativité. C’est là que je m’épanouis.

Hier, j’étais heureux de pouvoir avancer à mon rythme. Pas pour remplir une obligation. Pas nécessairement pour gagner de l’argent. Je ne parle pas ici de mon emploi, mais d’un travail plus personnel, plus intime — celui qui me stimule. Celui dans lequel j’ai un objectif à atteindre. Et en progressant, palier après palier, j’accumulais de petites réussites.

Et cela m’a rendu heureux.

C’est ça, pour moi, la définition du bonheur : ces instants simples, suspendus, où l’on se retrouve face à soi-même, occupé à pratiquer ce qu’on aime — sans penser au reste.

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« Désolé les mecs…vos mères ne vous ont pas dit la vérité. »

Vous êtes nombreux à vous plaindre des femmes d’aujourd’hui. Trop indépendantes, difficiles à satisfaire, pas comme nos mères…
Et si justement, vos mères ne vous avaient pas tout dit ?

Et si ce modèle de femme silencieuse, dévouée, toujours présente et jamais conflictuelle que vous avez observé chez elles n’était pas tout à fait le reflet de la réalité ?

« Ce que vous avez vu VS ce que vous n’avez pas vu »

Peut-être avez-vous grandi dans une maison où votre père était le pilier visible, celui qui travaillait, qui décidait.
Votre mère, elle, s’occupait de la maison, des enfants, elle ne se plaignait pas du moins, pas devant vous.
Elle semblait tenir la maison sans jamais se plaindre.

Mais ce que vous n’avez pas vu, c’est que beaucoup de ces femmes souffraient en silence.
Elles n’avaient ni les moyens de partir ni l’espace pour exprimer leurs frustrations.
Elles enduraient des relations déséquilibrées parce qu’elles n’avaient pas d’autre choix.
Le divorce était stigmatisé et la dépendance financière à l’homme était totale.

Elles ne vous ont pas dit ce qu’elles vivaient vraiment. Pas parce qu’elles voulaient vous mentir, mais parce qu’elles vous aimaient et parce que dans leur esprit, protéger les enfants signifiait taire sa douleur.

Ce qu’elles ont dit à vos sœurs…

En revanche, à vos sœurs, vos mères ont parlé.
Elles leur ont dit d’étudier et de ne pas dépendre d’un homme.
Pourquoi ? Parce qu’elles savaient.
Parce qu’elles voulaient éviter à leurs filles de revivre ce qu’elles avaient traversé.

Elles ont transmis un héritage de prudence et d’autonomie à leurs filles.
Pas contre les hommes, mais contre un système qui avait fragilisé leur position.
Ce que vous interprétez aujourd’hui comme de l’insoumission ou de l’orgueil chez les femmes modernes est une armure transmise dans la majorité des cas par vos propres mères.
Ces filles dont vous vous plaignez sont les enfants de vos mères.
Ce changement de mindset généralisé chez les femmes ne peut donc pas être le fruit du hasard.

« Ce qu’on ne vous a pas appris »

Le problème, c’est que vous n’avez pas reçu la même éducation. On vous a laissé croire que l’amour d’une femme devait être inconditionnel, que l’homme est le chef de la maison, que fournir de l’argent suffisait.
On ne vous a pas appris à dialoguer, à partager le pouvoir, à accueillir une partenaire qui n’est pas là par nécessité, mais par choix.

Les conséquences sont claires, vous entrez dans des relations où vos attentes sont figées dans le passé.
Pendant ce temps, les femmes ont évolué.
Le choc est donc inévitable.

« Le vrai modèle, ce n’est pas la longévité du mariage, c’est sa qualité »

Dire que les mariages d’avant duraient plus longtemps ne veut rien dire si on ne parle pas des conditions dans lesquelles ils duraient.
Beaucoup de femmes restaient pour les enfants, par peur du jugement, par manque de ressources.
Ce n’était ni de l’amour ni le résultat d’une supposée meilleure éducation des femmes.
C’était souvent de la survie.

Aujourd’hui, les femmes peuvent partir si elles ne sont pas respectées. Et cela ne veut pas dire qu’elles sont capricieuses. Cela signifie qu’elles ont le choix que beaucoup de vos mères n’avaient pas.

« On fait quoi maintenant ?

Il ne s’agit pas de se culpabiliser ou de se sentir attaqué. Il s’agit de comprendre.
Comprendre que vous avez été élevés avec une version édulcorée de l’histoire.
Comprendre que si vous voulez vivre des relations épanouissantes dans le monde actuel, il faut désapprendre certaines choses et en apprendre de nouvelles, le respect mutuel, la remise en question, la gestion des émotions…

Vos mères vous ont aimés, mais elles ne vous ont pas toujours tout dit.
Ce n’est pas votre fautes mais aujourd’hui, c’est votre responsabilité de faire bouger les choses.

Solomoni.

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Le Gabonais n’est pas paresseux, il manque d’initiative

« Le Gabonais est paresseux, le Gabonais est paresseux. »
C’est une phrase qu’on entend souvent, surtout de la bouche de nos pères. Comme si le Gabonais avait un poil dans la main, comme s’il était allergique à l’effort.

Je ne suis pas d’accord. Le Gabonais, de ce que j’ai vu, n’est pas paresseux. Il manque d’initiative, et ça fait toute la différence.

Je travaille dans le domaine de l’entrepreneuriat depuis un moment maintenant. Et j’en ai vu, des Gabonais motivés. Très volontaires. Pas toujours rigoureux, certes, mais prêts à bosser dur, à faire des horaires de malade, juste pour s’en sortir par eux-mêmes. Alors non, ce n’est pas de la paresse.

Le vrai problème, c’est qu’on n’est pas assez orientés solution.

Beaucoup de ceux avec qui j’ai collaboré attendent qu’on leur dise exactement quoi faire à chaque étape. Dès qu’un problème survient, ils s’arrêtent. Ils ne le contournent pas, ne cherchent pas, n’osent pas. Ils attendent que toi, celui qui a donné la mission, vienne avec une réponse.

Et quand tu reviens aux nouvelles, ils te disent : « Je n’ai pas pu avancer. » Pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient pas d’ordinateur.
Mais pourquoi accepter une mission si tu sais que tu n’as pas les moyens ? Et surtout : pourquoi ne pas chercher une solution ? Utiliser ton téléphone. Emprunter un ordi. Trouver un moyen.

Ce n’est pas un manque de volonté. C’est un désapprentissage.

Et pourtant, dans notre culture, cette logique du contournement, de la débrouillardise, est ancestrale.

Je parle ici de l’adzap.
Pas d’une cosmogonie élitiste, pas d’un mythe réservé aux initiés. Non.
L’adzap, dans la tradition Fang
, c’est cet arbre immense que nos ancêtres ont rencontré lors de leur migration. Un obstacle colossal, trop large pour être contourné.
Alors ils ont creusé.

Pas pour fuir, mais pour avancer.
C’est ça, l’esprit de l’adzap : transformer la difficulté en passage.

Ce n’est donc pas dans notre essence d’attendre que les choses tombent du ciel. Cette passivité, ce réflexe d’abandon, c’est quelque chose qu’on a appris. Ou plutôt, qu’on a fini par intégrer, peut-être avec la colonisation, sûrement avec le capitalisme, qui pousse plus à consommer qu’à créer.

Et pourtant, loin de la vie du ngori — la gratuité, pour ceux qui parlent bilangum — il existe des possibilités. Plein. Pour ceux qui veulent bien s’en emparer.

Parce que le Gabonais n’est pas paresseux, justement.
Et lorsqu’il est compétent, il brille.
Ça, je peux vous l’assurer. Ça se voit.
On est peu nombreux, mais on est connus. Et on est reconnus.
Pour ceux qui arrivent à s’affranchir des apprentissages limitants, à se libérer de la posture d’attente, il y a de la lumière.

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Une génération inculte ?

J’ai compris que notre génération avait un problème, depuis le jour où on a attaqué Tayc en l’accusant d’avoir écrit une chanson pour les gays… alors qu’il a simplement repris « Comme ils disent » de Charles Aznavour.

On n’a presque plus de culture musicale. Ni même sociale.

Allez faire un tour sur TikTok. Les jeunes filles et les jeunes hommes noirs parlent de quoi ?
« Est-ce que les femmes noires doivent porter des perruques ? »
« Les mères célibataires. »
« Comment prendre soin d’un homme. »

INAFFF !

Et là, on parle des Flammes, et tout le monde est choqué parce que les gens interrogés s’expriment mal ?
Mais oui. OUI.
Les gens ne se cultivent plus !

Souvenez-vous du dernier Guinzshow. Des adultes qui, en big 2025, ne savent même pas ce que signifie le mot misogynie !

Aujourd’hui, ça devient presque un miracle de croiser quelqu’un de notre génération qui est cultivé, et qui veut s’impliquer dans autre chose que des “chill”.
Limite, tu finis par croire que c’est toi le problème.

Le pire ? C’est que si on ouvre une bibliothèque, beaucoup viendront au début… oui, pour faire des photos aesthetic et des vlogs TikTok.
Et après ?
Plus rien.

Peut-être que j’abuse. Peut-être.
Mais franchement, il y a trop de lacunes dans notre génération.

Ma solution ?
Je n’en ai pas.
Je ne suis ni Light, ni Eren.

La seule vraie solution, ce serait que les gens recommencent à se cultiver.
Parce que le niveau est tellement bas actuellement… c’est abusé.

Et si ça continue comme ça, la génération d’après sera encore pire.
Et ce sera une catastrophe.

On veut bien faire bouger les choses, oui.
Mais le changement, c’est ça aussi.

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Une fois encore, le pangolin dans la sauce !Ou quand la naïveté collective devient un business modèle.

C’est devenu un phénomène récurrent ces dernières années. Profitant de la crédulité, de l’appât du gain et – soyons honnêtes – de la faim qui ronge nombre de nos concitoyens, les escrocs redoublent d’ingéniosité pour arriver à leurs fins.

Cette fois-ci ? Une affaire d’agriculture virtuelle.

Après BR Sarl et son coffre-fort virtuel, voilà qu’on nous sert un remix improbable entre Tamagotchi et culture de maïs. La plateforme Safety proposait aux gens d’acheter… des animaux virtuels. Oui, des poules, vaches et autres bestioles numériques censées rapporter de l’argent.

La première question que je me suis posée c’est : comment ?
bruit de criquets

Une question toute simple, basique. Et pourtant, selon les chiffres avancés par la plateforme, près de 150 000 personnes ne se la seraient pas posée. Bon, soyons francs : ce chiffre laisse sceptique. Mais en termes de stratégie marketing, il a parfaitement rempli sa mission — attirer les curieux, et faire croire que “tout le monde y gagne”.

Mais il faut bien le reconnaître : les arnaqueurs d’aujourd’hui ne font plus les choses à moitié.
Fini le temps des mails de princes nigérians mal traduits — place au packaging professionnel.
Ils dégainent désormais des documents pseudo-officiels, des PDF bien léchés, et surtout… des partenariats juteux avec des entreprises de la place.

Des entreprises qui, comme par magie, n’ont jamais entendu parler du projet.
Tiens donc !
bruit de gorge qui se racle dans les bureaux de communication

Désolé… mais je ne peux pas m’empêcher de rire en les voyant, encore une fois, défiler devant les caméras.
Cette bretelle de naïfs, l’air accablé, dénonçant haut et fort une arnaque “inattendue”.

Au début, promis, j’étais triste. J’avais même de l’empathie.
Mais au bout de la troisième arnaque, sérieusement… faut arrêter.

Je veux dire :
si ça a l’odeur du poulet, le goût du poulet, et que ça caquette comme un poulet… c’est peut-être du poulet, non ?

À un moment donné, comme pour tout le reste, ne soyons pas nos propres ennemis.
Utilisons nos cerveaux.

Sur ce… passez une bonne journée.

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Le paraître à Libreville – Norme pour une ascension certaine ou moyen d’échapper à son quotidien précaire

Je parle de Libreville car c’est ici où j’ai vu ce phénomène naitre, croitre et surtout persister. Le paraitre est le fait pour une personne de se montrer d’une certaine manière, parfois en contradiction avec sa véritable nature ou son être profond, dans le but de correspondre à une image sociale, à des attentes ou à un idéal.

Si dans certains cas, parader d’une certaine manière est l’attitude à avoir pour atteindre un objectif bien défini, il peut être un poison dans d’autres cas.

Le paraitre nécessaire

On est tous d’accord qu’atteindre une certaine position sociale nous impose de répondre à certaines attentes que ce soit au niveau physique – donc de l’apparence- et psychique – notamment en développant la confiance en soi, le charisme, la sérénité, etc. Le tout afin de correspondre à un idéal selon le groupe que l’on veut intégrer.  D’où le fameux “Fake it till you make it.” En français  “Fais semblant jusqu’à ce que tu y arrives.”

Dans ce sens, conjuguer les verbes “avoir l’air de” / “faire comme si” sont nécessaires voire urgents. Même si elles devraient avoir des limites…

Le paraitre toxique

“Sembler”, “passer pour” quelqu’un qui n’est pas soi jusqu’à ce que cette nouvelle attitude nous consume totalement (ou nous impose à nous endetter)… C’est la limite à ne clairement pas franchir !

Mais à Libreville, cette limite elle est franchie chaque jour et c’est terrible de voir comment les gens n’ont plus peur pour leur image, ni pour leur réputation. Comment il sont prêts à faire face à la justice au nom de l’apparence. Pire il a mis a mal au Gabon des notions sensées être importantes ou/et sacrées. Le concept de CEO/ entreprenariat est presque galvaudé aujourd’hui, la notion de couple et de bonheur ne se vivent pas forcément mais doivent se montrer et les réseaux sociaux sont devenus un endroit où règne mensonge et malhonnêteté.

Ce qui est dommage (ou pas) c’est que Libreville est une ville où presque tout le monde se connait, où quelqu’un connait forcément quelqu’un qui connait quelqu’un… et est prêt à partager la réalité de la vie de l’autre. Bref tout est mélangé.

Cependant, malgré ma position tranchée sur le sujet, je n’incrimine pas “les gens du paraitre” (qui suis-je pour le faire d’ailleurs?). Je peux comprendre que le paraitre peut être une façon de vivre (pour un court instant) des moments que l’on voudrait avoir au quotidien ou de montrer aux gens autour de nous que l’on vit bien… Mais à quel prix ? Est-ce que ça vaut vraiment le coût ? Peut-on empêcher de franchir la limite?

MissKa

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Le Gabon des Services : Trois piliers qui vacillent

Au Gabon, l’expérience des services est souvent une épreuve, une véritable odyssée où le client, loin d’être roi, se retrouve relégué au rang de simple figurant. Contraint de subir les caprices et les dysfonctionnements des prestataires, le gabonais normal ne sait jamais vraiment à qui rapporter les manquements qu’il subit.

Qu’il s’agisse d’entreprises privées, parapubliques ou d’entités étatiques, le constat est unanime : le non-respect de la clientèle est monnaie courante, et l’impunité semble régner en maître. Cette indifférence envers les usagers se manifeste à travers une panoplie de désagréments, allant de l’absence de ponctualité, à la négligence des consignes de sécurité les plus élémentaires, en passant par l’inexistence des « Services après-vente » ou « service client » et le comportement désagréable des opérateurs.

Pilier I : Le Client, l’éternel subissant.

On parle souvent du comportement des gens dans les Administrations (Ministères et Directions Générales), les Restaurants et les Compagnies Aériennes, mais je pense qu’on oublie trop souvent les « sauvageons » (si vous me le permettez) qui sont au Port-môle.

Je suis récemment partie en voyage professionnel à Port-Gentil. Mon assistante s’étant chargée de l’achat de mon billet de bateau, lorsque je l’ai reçu, j’ai remarqué l’heure de la convocation surlignée en jaune, 05h45. Soucieuse de ponctualité, parce que c’est une forme de respect envers moi-même et autrui, et surtout parce que j’espérais un enregistrement rapide et le choix d’une place stratégique, je me présente au port à 05h30, un dimanche matin. Je précise le jour de la semaine pour que vous mesuriez la rareté des moyens de transport à pareille heure.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le départ n’était en réalité planifié que pour 11h40. En gros, le billet avait été mal renseigné, bien qu’il comportait toutes les informations du trajet Libreville – Port-Gentil, il tenait compte des horaires du trajet Port-Gentil – Libreville. J’ai tenté de le faire constater aux agents présents de la compagnie qui m’ont répondu sur un ton bien « qu’en a-t-on à foutre ??? » bien « tu gaz !!! » qu’en fait « vous auriez dû savoir qu’aucun bateau ne part de Libreville à l’heure-là. »… J’ai ravalé ma colère en attendant de pouvoir embarquer.

Mais l’absurdité ne s’arrête pas là. Non seulement l’heure du billet était erronée, mais le navire n’est arrivé au Port de Libreville qu’à 14h47. L’embarquement s’est fait une quinzaine de minutes plus tard. Ce sont donc des heures d’attente vaines, une journée sans rien manger pour éviter le mal de mer et une matinée entière sacrifiée pour un bateau qui, après un premier voyage, n’a visiblement subi aucun contrôle avant d’entamer le second.

Cette anecdote est un exemple criant du mépris pour le temps et le confort du client, transformant un simple déplacement facturé au prix d’une âme, en une épreuve de patience et d’incertitude.

En parlant du prix d’une âme, je veux comprendre… A l’époque on pouvait aller à Port-Gentil avec des billets allant de 17000 à 25000 FCFA, puis la COVID-19 a frappé et les prix ont flambé jusqu’à 40-50000 FCFA parce que les places étaient limitées, on a accepté. Mais depuis que le phénomène COVID-19 est fini là, les prix ne reviennent plus à 25000 ??? Sachant que les navires vieillissent, que les contrôles sont zappés et qu’on ne peut pour la plupart du temps jamais demander de remboursement ??? Bref !

Pilier II : L’Etat, le policier endormi.

Au-delà de la frustration engendrée par ces retards et ces informations erronées, mon expérience met en lumière une problématique bien plus grave : le survol des consignes de sécurité.

Je vous rassure, aucun incident n’a été répertorié, mon voyage a été long mais s’est bien achevé. Mais la « déformation professionnelle » m’oblige à m’interroger… Comment un bateau voué au transport de personnes peut-il effectuer un deuxième voyage sans subir de réels contrôles après le premier ? Le contrôle d’un navire consiste-t-il simplement à cocher les cases d’une checklist monotone ou peut-il être effectué correctement en moins d’une quinzaine de minutes ? Ou est-ce que ce contrôle n’est pas nécessaire vu qu’il n’est effectué qu’en interne et qu’aucune structure externe n’a de droit de regard dessus ? Mais, bon il fallait rattraper le retard, donc, on peut survoler la feuille de contrôle, mba ???

Cette négligence flagrante soulève de sérieuses interrogations quant à la maintenance des équipements, la vérification des normes de sécurité et la qualification du personnel, mais encore et surtout l’inactivité, l’impuissance ou le manque d’implication d’entités telles que l’OPRAG ou la Marine Marchande. Dans un contexte où les activités économiques priment souvent sur la sécurité des personnes, les conséquences peuvent être dramatiques.

Le scandale d’Esther Miracle résonne encore douloureusement dans les mémoires gabonaises. Ce drame, qui a coûté la vie à de nombreux passagers, est une illustration tragique des dangers inhérents à ce laxisme ambiant. Il a révélé au grand jour les défaillances systémiques en matière de sécurité maritime, de l’état des embarcations à la surcharge, en passant par l’absence de gilets de sauvetage ou leur obsolescence. L’indignation publique qui a suivi n’a malheureusement pas toujours suffi à instaurer des changements durables et radicaux dans les pratiques. L’Etat dort !

Pilier III : Le Fournisseur de Services, l’arrogant intouchable.

Les fournisseurs de Services jouent souvent sur l’état de somnolence des entités étatiques censées les superviser. Cette impunité encourage la médiocrité des services et perpétue un cycle de frustration et de mécontentement.

Les prestataires de tous bords, toutes activités confondues, semblent opérer dans une zone de non-droit où la responsabilité est diluée et les recours, quasi inexistants. Mais un facteur aggravant majeur dans le contexte gabonais est l’omniprésence du monopole, ou du quasi-monopole, dans des secteurs vitaux.

Cette absence de concurrence anesthésie toute incitation à l’amélioration de la qualité. Pourquoi s’efforcer d’offrir un service irréprochable quand le client n’a pas d’autre choix ? Prenons des exemples concrets qui parlent à tous les Gabonais :

  • Les coupures d’électricité et d’eau sont monnaie courante, parfois sans préavis ni explication. Les factures, elles, continuent d’arriver, souvent salées, même en cas de service défaillant. Le client, captif, ne peut pas se tourner vers un autre fournisseur, et les réclamations se heurtent souvent à un mur d’indifférence ou des procédures judiciaires longues et trop chères pour Un Gabonais Normal.
  • L’accès aux soins de qualité est un défi, Il n’y a qu’à se rendre dans les structures hospitalières publiques pour constater que quelque chose (si ce n’est plus) ne va pas. Manque de matériel, personnel insuffisant ou démotivé, délais d’attente interminables… La confiance du public est érodée, poussant ceux qui en ont les moyens vers les cliniques privées, tandis que d’autres subissent une offre de santé précaire.
  • Le transport ferroviaire, souvent le seul moyen de transport pour relier certaines régions le train (on pourrait dire l’avion aussi) est également sujet à des retards chroniques, des pannes inopinées, des déraillements et une qualité de service qui laisse à désirer. Là encore, l’absence d’alternative crédible confère une position de force au prestataire, sans que cela ne se traduise par un engagement envers l’usager.

Ce monopole crée une arrogance chez les fournisseurs de services. Ils savent que les clients dépendent d’eux, et cette certitude se traduit par une légèreté inacceptable quant à la qualité offerte.

Les services publics et privés du Gabon semblent fonctionner selon leur propre logique, sans véritable prise en compte des besoins et des attentes des usagers. Il est temps que les autorités gabonaises prennent des mesures concrètes pour améliorer la qualité des services et garantir la sécurité des usagers. Les citoyens méritent mieux que d’être traités comme des secondes catégories, subissant les caprices et les négligences de leurs prestataires.

Cela passe par une redéfinition des cahiers des charges, des mécanismes de contrôle efficaces et, si possible, l’encouragement d’une saine concurrence là où c’est envisageable. Une véritable révolution dans la gestion des services est nécessaire pour que le Gabon puisse enfin offrir à ses habitants et à ses visiteurs un niveau de service digne de ce nom.

A l’heure de « l’essor vers la félicité » il est temps pour le Gabon des services de passer d’un modèle où le client subit à un modèle où ses droits sont respectés et sa sécurité assurée.

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Quand la justice gabonaise joue au protocole : Sylvia et Nourredine, libres comme l’air pendant que le peuple respire la poussière

Il y a quelques semaines encore, Brice Clotaire Oligui Nguema répondait sèchement sur RFI aux journalistes de France 24 : « Je ne songe à rien faire. Il y a une justice qui fera son travail. Le procès aura lieu et il sera équitable je pense. » Et d’ajouter, sans cligner des yeux : « Laissez la justice faire son travail. »

Mais ce vendredi 16 mai 2025, c’est la gifle. Non, ce n’est pas la justice qui a frappé, mais le bon vieux système. Celui-là même qu’on croyait enterrer le 30 août 2023. Sylvia Bongo Ondimba et son fils Nourredine Bongo Valentin, accusés entre autres de détournement de fonds publics, blanchiment, usurpation de titres, faux et usage de faux, trouble aux opérations du collège électoral, association de malfaiteurs (la liste est si longue qu’on pourrait en faire un feuilleton Netflix), viennent d’être libérés provisoirement pour raisons médicales.

La nouvelle n’a pas été annoncée par la justice, ni par un communiqué transparent lu dans un français clair pour le peuple gabonais. Non. Elle est tombée… en portugais sur la page Facebook de la Présidence de la République ! Voilà donc comment on apprend que des accusés d’une des affaires politico-financières les plus lourdes de l’histoire du Gabon peuvent tranquillement quitter leur lieu de détention. Et, entre nous, leur lieu de détention ressemblait déjà plus à une résidence surveillée de luxe qu’à une cellule.

Ce n’est qu’après le scandale sur les réseaux sociaux que le procureur Eddy Minang est sorti du bois. Et encore… Il a tenté de sauver la mise avec une déclaration balancée en urgence à la presse, comme pour dire : « Euh… oui bon… c’est la procédure. » Mais personne n’est dupe. La vérité, c’est qu’on a vu Sylvia et Nourredine dehors avant qu’on nous dise qu’ils étaient libres. Et là, on nous parle de détention provisoire levée pour raisons médicales… Très bien. On compatit. Mais pourquoi est-ce qu’ils sont désormais libres de quitter le territoire ? Depuis quand la liberté provisoire inclut un visa diplomatique ?

Et surtout : où est passé ce procès qu’on nous promettait équitable ? Où sont les preuves dont parlait le Président lui-même ? Où est la séparation des pouvoirs si c’est l’Exécutif qui annonce (en portugais) ce que la justice aurait dû faire savoir, en toute indépendance, aux Gabonais ?

Soyons francs : cette affaire, c’est un scandale d’État. Et pire encore, un mépris envers le peuple. Parce que pendant que des étudiants, des fonctionnaires, des paysans se battent chaque jour pour survivre, ceux qui sont accusés d’avoir pillé le pays retrouvent leur liberté. Pendant que des jeunes croupissent à Sans-Famille pour une bousculade en boîte ou une publication Facebook, d’autres, couverts de soupçons graves, s’envolent peut-être vers des soins à l’étranger soins que le Gabonais lambda n’a même pas pour une rage de dents.

Et puisqu’on parle de justice, rappelons-le : le jeune Herwann Siadous, condamné au Gabon pour agression sexuelle et meurtre, devait être extradé pour purger sa peine au Gabon. Mais cela traîne depuis des mois. Pourquoi ? Parce que l’État gabonais n’arrive pas à le faire revenir. Donc, on ne peut pas faire revenir un condamné, un simple gabonais et c’est la famille présidentielle qu’on va ramener au moment voulu ? LOL. Cherchez l’erreur.

Alors non, on ne peut pas rester silencieux. Ce pays a besoin d’une justice forte, libre, équitable, pas d’un système judiciaire qui s’adapte au statut social ou aux liens familiaux des accusés. Pas d’une justice en mode « On sait ce qu’on fait, restez à votre place ».

Le 30 août 2023, on nous a promis la rupture. Aujourd’hui, on voit juste une continuité dans le mépris du peuple. Et ça, ça ne passera pas. Bilan : une inauguration de marché et une libération de prisonniers qui ont commis le plus grand hold-up du pays. Mieux vous libérez déjà Kelly hein.

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Bongo, libération surprise : pourquoi les Gabonais doivent-ils l’apprendre par l’Angola ?

Il aura donc fallu attendre… une page Facebook étrangère. Oui, c’est par le canal officiel de la présidence angolaise que les Gabonais ont appris ce vendredi matin que Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo Ondimba et leur fils Noureddin Valentin se trouvent désormais en Angola. Pas par un communiqué de notre gouvernement. Pas par une allocution du ministre de la Justice ou du porte-parole. Mais par un post étranger, en portugais, à 9h du matin.

Avant cela, il y a quelques jours à peine, Gabonreview annonçait que Sylvia et Noureddin avaient quitté la prison pour une résidence surveillée. Une information qui a enflammé les réseaux, créé la polémique, et suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique. Le quotidien L’Union, rarement aussi prompt à réagir, s’était même fendu d’un démenti officiel. Mais aujourd’hui ? Silence radio. Pourtant, les faits sont là, et les images aussi.

Pendant que le monde découvre avec surprise cette triple “libération”, nos autorités regardent ailleurs. Aucune confirmation. Aucune explication. Aucun mot sur ce qu’il s’est passé. On aurait pourtant cru qu’un départ aussi sensible, concernant des figures centrales d’un dossier emblématique de la lutte contre la corruption, méritait un minimum de clarté. Mais non.

Doit-on comprendre que l’affaire est close ? Qu’ils ne seront plus jugés ? Et qu’en est-il des autres détenus, eux aussi interpellés dans la même affaire, qui croupissent encore en prison ? Pourquoi ce traitement différencié ? Pourquoi ce mutisme organisé ? Pourquoi cette impression d’un deal passé dans le dos des citoyens ?

L’indignation est totale. Non seulement parce que des personnes accusées de détournement massif de fonds publics ont été discrètement “réinsérées”, mais surtout parce que les Gabonais l’ont appris par une source étrangère. Il n’y a pas pire mépris, pas plus grand affront pour un peuple qui aspire à la vérité, à la justice, et à un peu de considération.

Ce silence est une faute. Une faute politique. Une faute morale. Une insulte à la transparence que cette transition prétendait incarner.

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Mais tu voulais le changement ou un poste ?

Avouons-le une bonne fois pour toutes : au Gabon, on ne milite pas. On n’est pas engagés, on est positionnés. On ne vote même pas, en réalité. On investit. Oui, comme à la Bourse. Sauf qu’ici, le CAC 40, ce sont les fauteuils ministériels, les DG, les PCA, les postes bien juteux ou bien décoratifs, mais toujours valorisants pour l’égo.

La carte de membre, c’est un ticket de loterie. Le slogan de campagne, un CV déguisé. Le militantisme, chez nous, c’est souvent une stratégie de placement. J’ai dit “souvent”, parce que oui, il y a une minorité de gens sincères. Très minoritaire. Infime. Une espèce en voie de disparition qu’on appelle “les convaincus”. Eux, ils y croient. Et pour être honnête, ce sont ceux qu’on entend le moins.

Mais la grande majorité, c’est autre chose. Toi par exemple. Tu t’es levé, tu as crié ton amour pour le changement, fait des lives, porté des t-shirts, harcelé ta famille pour voter. Mais dès que ton candidat a gagné, tu as commencé à faire des calculs comme un commerçant de PK8 : “Bon, il me doit quoi ?” Parce qu’en vrai, ton combat, ce n’était pas pour la justice, l’éducation, l’eau ou l’électricité. C’était pour avoir ton badge, ton chauffeur, ta photo avec le ministre et ton petit contrat. Tu t’es battu pour l’amour du pays… jusqu’à ce que tu réalises qu’on ne t’a pas mis dans la liste des bâtisseurs. Et là, d’un coup, ce n’est plus la patrie ou la République, c’est devenu “on a oublié les vrais soldats”. Tu faisais ça pour quoi, frère ? Pour la nation ou pour ta nomination ?

Et puis parlons franchement de ce complexe national : attendre que le favori gagne avant de s’afficher. Ce réflexe de supporter de foot qui change de club en fonction des scores. Chez nous, on ne vote pas par conviction, on vote par calcul. Tu entends : “Pourquoi tu votes pour lui ?” Réponse classique : “Parce qu’il va gagner.” Tu votes comme tu paries au PMUG. Ton bulletin, ce n’est pas une voix, c’est une mise. Et toi, tu veux juste être du bon côté quand le champagne coule.

C’est comme ça qu’on se retrouve avec des gens qui, après avoir voté, ne savent même pas ce qu’ils ont validé. Au référendum ? “On m’a dit que c’était bon, que c’est notre camp.” Voilà. Tu votes comme tu prends un taxi : tu montes sans demander la destination. Tu regardes les autres passagers, tu souris, tu descends, et ensuite tu dis que tu ne savais pas. Franchement, comment tu veux qu’un pays avance si son propre peuple ne prend même pas le temps de comprendre ce qu’il signe ?

Et maintenant ? Tu boudes. Tu grattes ton nom sur les listes, tu espionnes les nominations, tu comptes les “nous” et les “eux”. Tu croyais que le pays, c’était une tontine ? Tu pensais que “soutenir le changement”, ça allait te payer ton loyer et t’envoyer en mission à Kigali ou à Abu Dhabi ? Résultat : tu es aigri. Tu vois les autres nommés, tu dis “ils ne méritent pas”. Et pourtant, ce Président-là, il a choisi les gens qu’il estime compétents. Il ne t’a pas vu. Et tu le vis mal. Mais si le pays est entre de bonnes mains, ça ne devrait pas te réjouir ? Ah non, toi tu voulais “la victoire de ton camp”… pas celle de ta nation.

Tu voulais vraiment le changement ? Tu aurais dû commencer par changer ta mentalité. Parce qu’un pays ne se reconstruit pas avec des gens qui veulent juste se faire recruter.

Mais bon, je sais déjà ce que tu vas répondre : “Toi-même tu veux le poste.”

Je te dis tout