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Tu es ce que tu consommes !

Regarde autour de toi, dépose ton téléphone, contemple, respire l’air frais 2 min, sans clash de genre, sans drama, sans faits divers, sans “pressing”… Comment ça va ? Mieux, non ?

Internet te rend amère !

À une période, j’avais commencé à développer de la misandrie. Plus les jours passaient, plus j’étais en colère, plus je méprisais les XY. Je me disais que, de toute façon, « La misandrie blesse, la misogynie tue. ». Mais ce que je n’avais pas remarqué, c’est que ça me rongeait intérieurement. J’étais devenue irritable, méchante, vulgaire et dure envers les hommes !
Mais à quoi c’était dû ?

Chaque jour, chaque semaine, on a droit à une nouvelle victime des hommes. Un viol, une agression, un meurtre… C’est déjà assez difficile de lire tout ça, mais quand tu regardes les commentaires, c’est encore pire ! Des gens qui essaient de justifier l’acte, qui en rigolent, qui font même des promesses de faire pareil. La colère monte en toi petit à petit, tu scrolles, et tu tombes sur le post d’un gars qui dit : « Les femmes aiment se victimiser, on subit les mêmes choses. » ! Et là, tu pètes un câble parce que tu sais que c’est faux, tu as envie qu’il comprenne que c’est faux, donc tu mets un commentaire pour lui expliquer, mais il s’en fout, il veut juste faire réagir et avoir plein de partages de femmes en colère !

Il m’est arrivé de pleurer, parce qu’un homme avait dit qu’on ne vivait rien de ouf. J’avais fait une rechute dépressive de 1 mois à cause d’un post sur Facebook.

Revenons à l’idée de base, reste avec moi !

Éloigne-toi des choses que tu pourrais voir, entendre ou lire, qui pourraient troubler ou bouleverser ton cerveau !
Les faits divers, les posts problématiques, les clashs, déconnecte-toi, sinon tu deviendras comme moi à cette période : amère !
On vit tellement de choses en tant que femmes, et voir ça à répétition dans ton fil d’actualité peut te détruire. Une info, puis deux, puis trois, ta journée est gâchée et tu deviens aigrie

Ça semble incohérent ce que je raconte, mais c’est réel.
J’ai recommencé à regarder plein de trucs différents sur TikTok pour refaire mon algorithme, des choses drôles. Sur Facebook, je supprime les gens problématiques, je zappe les histoires tristes et les faits divers horribles, je diminue mon implication dans les débats… Bref, je me protège.

C’est ta responsabilité de te protéger. Tu es ce que tu consommes. Sinon, disons, tu deviens ce que tu consommes. Donc c’est à toi de faire un choix, car au final, ça te détruira toi !

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GabonOpinion

Le bal des prétendants aux nominations 

Depuis l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle du 12 avril 2025, on croyait la campagne terminée. Erreur. C’était juste la pause pub. Car en réalité, la vraie compétition vient tout juste de commencer : celle du grand bal des ambitions, des réseaux, des articles achetés à la sauvette et des posts Facebook aux relents de CV déguisé. Au Gabon, on ne vote plus, on postule.

Brice Clotaire Oligui Nguema a certes été élu avec 94,85 % des voix, mais ce qui occupe désormais certains esprits, ce n’est plus le taux de participation… c’est leur taux de visibilité. On assiste à une télé-réalité politique grandeur nature.Qui veut être nommé ?” serait un bon titre. Les candidats ? Ils sont partout. Ils s’aiment beaucoup. Et ils ont tous soudainement redécouvert leur passion brûlante pour le Gabon. Une passion qui, coïncidence incroyable, est née pile entre les résultats provisoires et la future annonce du nouveau gouvernement.

Au programme : selfies patriotiques en boubou bien repassé, montage vidéo façon documentaire Netflix, articles complaisants publiés à la chaîne (“selon plusieurs sources, il serait pressenti…”), directs Facebook pleins de sous-entendus, attaques passives-agressives entre personnes de même camp… Sans oublier les citations profondes de Mandela ou Che Guevara, balancées entre deux publicités sponsorisées sur Instagram. Car oui, l’amour du pays passe désormais par le bouton “promouvoir le post”.

Soyons clairs : ambition n’est pas un péché. Mais quand elle devient l’alpha et l’oméga de l’engagement, on frôle le ridicule. Vouloir servir, c’est noble. Supplier pour être vu, c’est pathétique. On confond visibilité et utilité, et surtout, on oublie une chose essentielle : on ne bâtit pas une nation comme on monte un plan de carrière.  

Le plus triste ? Certains finiront frustrés, oubliés, non nommés. Et au lieu de se retrousser les manches là où ils sont, ils tourneront casaque, crieront à l’injustice, à l’ingratitude. Parce que dans ce jeu, ce n’est jamais eux le problème, c’est toujours “le système”. Un système dont ils rêvaient pourtant d’être les rouages dorés.

Alors, petit rappel pour tout le monde : on peut aimer le Gabon sans occuper une fonction. On peut être une force de proposition sans micro, sans badge, sans chauffeur. Et surtout, on peut se taire, bosser, proposer, construire – loin des caméras, mais près du réel. Le vrai service ne demande pas toujours une nomination, mais toujours une implication.

En résumé : le pays n’est pas un podium. Ce n’est pas non plus un buffet à volonté où chacun vient prendre sa part. Le Gabon est un projet commun, pas une récompense individuelle. Alors à tous les “aspirants-nommés”, prenez une grande inspiration. Servez d’abord, on verra ensuite.

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EmploiGabonOpinion

On ne se fait pas tout seul

Je sais combien la légende du self Made man est tenace mais voici une vérité : on ne se fait pas seul.

Une carrière professionnelle, comme une vie, est faite de rencontres et de circonstances.
Un expert, dans un podcast, le disait très justement : « Un talent qui n’est pas exploité, ou qu’on n’aide pas à éclore, reste à jamais un simple potentiel. »

Les rencontres dessinent notre histoire. Elles changent une trajectoire, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Mais seuls, vraiment seuls, on se fait rarement.

Une idée, sans quelqu’un pour y croire et s’y investir, ne va jamais bien loin.
Un potentiel, sans la main tendue pour le révéler, s’endort et se dissipe.

Les carrières se construisent au fil de ces rencontres, surtout de celles qui créent des opportunités.
Ces personnes qui nous accordent leur confiance, partagent leur savoir, leur réseau, leur expérience, et nous permettent, nous aussi, d’évoluer.

On n’obtient pas une promotion parce qu’on l’a décidé.
Même avec toute la volonté du monde, cela reste souvent un vote de confiance.
Quelqu’un, quelque part, a cru en nous.
Quelqu’un nous a encouragé, conseillé, parfois recadré.

Finalement, on se construit en saisissant les mains qu’on nous tend.
Et c’est cela qui est beau.

Je vois la réussite comme une courte échelle que d’autres nous tendent pour nous hisser plus haut.

Aujourd’hui, je dédie ce texte à ma première tutrice de stage.
Un jour de juillet 2015, alors que je songeais à abandonner mes études de Droit, elle m’a tendu la main et m’a dit :
« Viens faire un stage. Tu verras, la Banque c’est intéressant. Tu réussiras là-dedans. »

Merci d’avoir cru en moi.
Qu’elle repose en paix.

Et merci aussi à tous les managers croisés sur mon chemin,
à ceux qui m’ont fait confiance,
qui m’ont permis d’apprendre,
d’avancer,
et de grandir.

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GabonOpinionSanté

Et si on regardait autrement ?

Ce matin, je suis tombée sur un message publié à propos d’Emma’a. Un message de soutien, sincère, écrit par quelqu’un qui l’a toujours défendue. Mais au milieu des encouragements, une remarque sur son nouveau style vestimentaire : “Tu peux rester l’ancienne Emma’a… tu n’as pas besoin de tout ça.”

C’était bienveillant, je n’en doute pas. Mais ça m’a fait réfléchir.

On parle souvent d’Emma’a comme de l’artiste. On observe ses choix, on commente son apparence, on analyse sa direction. Mais on oublie parfois qu’avant tout, Emma’a est une jeune femme. Une personne entière, sensible, qui vit aussi avec ses propres doutes, ses blessures, ses souvenirs. Et peut-être, ses complexes.

Changer, ce n’est pas toujours une stratégie. Ce n’est pas forcément pour “faire parler”. Parfois, c’est juste une façon de se sentir un peu mieux. D’alléger quelque chose qu’on porte depuis longtemps, en silence.

Je me souviens, par exemple, de mes parents qui m’avaient surnommée “la boule”. C’était affectueux, je le sais bien. Mais ce surnom, il ouvrait la porte à toutes sortes de moqueries. Quand la famille venait à la maison, c’était : “Oh la boule ! Toujours aussi ronde !”, “La boule, tu as encore planqué la nourriture ?”, “Arrête de faire ta relou, la boule !”

Je souriais, bien sûr. Pour faire bonne figure. Pour ne pas créer de malaise. Mais au fond, ça piquait. Et cette petite douleur, je l’ai gardée en moi pendant des années, sans rien dire. J’ai appris à vivre avec. À me construire autour.

Alors aujourd’hui, quand je vois une femme faire le choix de changer quelque chose en elle – son corps, son style, son attitude – je ne me demande pas si c’est “utile” ou “nécessaire”. Je me demande si ça lui fait du bien. Si ça l’aide à se sentir plus légère, plus libre. Si c’est sa manière à elle de se réconcilier avec une version d’elle qu’elle a longtemps dû cacher, supporter ou taire.

Je parle d’Emma’a, mais en vérité, je parle de beaucoup d’entre nous. De toutes celles qui ont grandi en apprenant à sourire quand ça faisait mal. De celles qui ont été définies par un surnom, une blague, un commentaire, et qui ont mis du temps à se retrouver.

Parfois, quand on en a enfin les moyens, on décide de faire un pas vers soi. Pour se sentir mieux. Pas pour les autres. Juste pour soi. Et ça n’a rien à voir avec une image ou une carrière. C’est quelque chose de profondément personnel. Un apaisement. Un exorcisme, doux et nécessaire.

Alors, la prochaine fois, avant de commenter, même avec tendresse, essayons simplement de regarder autrement. Avec plus de douceur. Parce que l’important, ce n’est pas ce que les autres voient. C’est comment on se sent, quand on se regarde.

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EntrepreneuriatGabonOpinion

Une mallette pleine de papiers

Je me suis récemment surpris à essayer de me souvenir des entrepreneurs que j’ai connus dans mon enfance. À vrai dire, il y en avait très peu. Très, très peu. Autour de moi, les modèles de réussite étaient clairs : obtenir un bon diplôme, intégrer la fonction publique ou une grande entreprise, et y faire carrière jusqu’à la retraite.

L’entrepreneuriat ? C’était un mot flou. Une idée un peu farfelue. Parfois même un synonyme d’échec.

Il faut comprendre le contexte. Le Gabon des années 80-90 baignait encore dans une relative opulence, soutenue par la manne pétrolière. Le pays offrait alors à une minorité des emplois stables, bien rémunérés, et surtout perçus comme des ascenseurs sociaux sûrs. Travailler à la SEEG, à la CNSS, ou au Trésor Public, c’était “réussir”. Dans l’imaginaire collectif, ce n’était pas seulement respectable, c’était rassurant. Quitter ces postes-là pour “se mettre à son compte”, c’était incompréhensible.

Je me souviens d’un ami de la famille. Il avait quitté un poste confortable à la SEEG – il était chef de service, ingénieur, cadre. Autant dire une valeur sûre. Il voulait “monter sa boîte”. Personne ne comprenait. À voix basse, certains le prenaient pour un fou, d’autres pour un flemmard qui ne voulait plus “se lever tôt pour aller bosser”.

Dans la famille, quelques oncles et tantes étaient “dans les affaires”. Mais on ne comprenait jamais vraiment ce qu’ils faisaient. Ils parlaient d’investissements, de “projets à venir”, de “rentrées d’argent” hypothétiques. Il y en avait un en particulier qui traînait toujours une mallette pleine de papiers. Il faisait le tour de la famille pour proposer d’investir dans son idée, sans que personne ne sache trop dans quoi il voulait vraiment se lancer. Pour les anciens, ce genre de profil n’était pas un entrepreneur, mais un rêveur, voire un parasite.

Et pourtant, derrière ces regards moqueurs ou méfiants, il y avait une autre réalité, beaucoup plus rude. Ces “entrepreneurs” tentaient d’exister dans un pays où le système ne leur laissait presque aucune chance. Il n’y avait ni structure d’accompagnement digne de ce nom, ni écosystème solide, encore moins de culture du risque ou de l’innovation. Il fallait se battre contre l’administration, la lenteur des processus, le manque de financements, et l’absence totale de reconnaissance sociale.

Aujourd’hui encore, malgré les discours sur “l’auto-emploi” et “la jeunesse entreprenante”, cette perception persiste. Être entrepreneur au Gabon, c’est souvent être regardé avec suspicion, comme si c’était un plan B pour ceux qui n’ont pas trouvé de “vrai travail”.

Mais peut-être que notre génération peut changer cette image. En racontant nos histoires. En valorisant nos parcours, nos réussites comme nos échecs. En montrant que ce qu’on appelle “l’entrepreneuriat” n’est pas une fuite, mais une construction – parfois chaotique, souvent solitaire, mais profondément nécessaire.

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Ce n’est pas toujours un shade — Biais cognitifs, identification et projection

Il y a quelques jours, j’ai publié un texte. Un parmi tant d’autres. Mais dans les minutes qui ont suivi, des réactions ont surgi : “C’est un shade, on sait de qui tu parles.” Peut-être. Peut-être pas. Et c’est justement cette certitude, souvent hâtive, qui mérite d’être interrogée.

Sur les réseaux sociaux — Twitter en tête — on a pris l’habitude de chercher qui est visé. Comme si chaque mot publié était une balle perdue. Pourtant, ce réflexe de traquer la cible cache autre chose : un biais d’identification.

Prenons un exemple simple. Je décris dans un texte une situation où une personne prend la parole publiquement mais agit à l’opposé en privé. Quelqu’un lit ça, pense immédiatement à une figure connue de son cercle ou de l’actualité, et s’écrie : “C’est elle, c’est lui, c’est forcément eux !”

Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que cette impression de reconnaissance vient souvent de soi. Ce n’est pas le texte qui parle d’une personne précise — c’est le lecteur qui projette une personne sur le texte.

Ce phénomène est connu en psychologie : on appelle ça un biais cognitif, notamment un mélange entre biais de confirmation et attribution erronée. On croit reconnaître une personne parce que l’on connaît quelqu’un qui agit à peu près comme ça. Et ça suffit à notre cerveau pour faire un raccourci : “Si ça ressemble, c’est que c’est.”

Mais non. Ce n’est pas si simple.

Ce qu’on prend pour un shade, c’est parfois juste une illustration d’un fait social global.
Quand on parle d’opportunisme, d’hypocrisie, de récupération politique, ce ne sont pas des concepts neufs. Ce sont des dynamiques bien connues, observables ici comme ailleurs.
Le texte ne vise pas forcément quelqu’un — il décrit un phénomène. Et si quelqu’un se sent visé, peut-être que le miroir social fonctionne. Mais ce n’est pas une preuve d’intention.

Il est donc essentiel, surtout dans cette période d’hyper-exposition et de suspicion, d’apprendre à faire la part des choses entre ressenti personnel et réalité objective.
Reconnaître un comportement n’est pas reconnaître une personne. Ce n’est pas parce que “ça lui ressemble” que “c’est lui”.
Et ce n’est pas parce qu’on se sent attaqué qu’on est attaqué.

En fin de compte, nous devons à nous-mêmes — et aux autres — un minimum d’honnêteté intellectuelle : celle d’admettre que parfois, ce que nous croyons lire dans les mots… vient surtout de ce que nous avons en tête.

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Et certains se lèchent les doigts…

Il y a des phrases qui me retournent l’estomac. « Le partage du gâteau » en fait partie. Tout comme ce fameux « si tu m’achètes ça, ça te fait quoi ? ». Ces expressions anodines en apparence cachent une vérité beaucoup plus crue : une vision pourrie du pouvoir, de la gestion publique, de notre vivre-ensemble.

Quand on parle de “partager le gâteau”, on ne parle pas de justice sociale, encore moins de développement collectif. Non. On parle de se partager un butin. Comme si l’État n’était qu’une prise de guerre, un coffre-fort qu’on ouvre après un braquage réussi. Comme si les nominations, les fonctions, les marchés publics, les budgets… n’étaient que des récompenses personnelles. Une affaire de clans. Une affaire de deals.

Mais il faut le dire clairement : le seul partage légitime, c’est celui qui se traduit en écoles ouvertes, en hôpitaux qui fonctionnent, en routes praticables, en services publics accessibles à tous. C’est ça, le vrai gâteau. Et celui-là, on ne le partage pas entre individus, on l’offre au peuple.

Or, dans ce fameux “partage”, 1 Gabonais sur 3 n’est même pas concerné. Oui, 1 sur 3 est pauvre. Et parmi les deux autres, il y en a au moins un qui vit chaque jour avec la corde au cou, tirant le diable par la queue, tout en ayant la tête sous l’eau. Ces gens-là, nos gens, savent-ils seulement qu’il y a un gâteau à partager ? Non. Ils ne sont pas à table. Ils sont trop occupés à se demander ce qu’ils vont manger ce soir.

Et c’est bien ça, le comble.

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Les rois de la sous table

Après le Banquet des Illusions, les rats quittèrent la grande table, repus, le ventre bombé comme s’ils avaient mangé les plats principaux alors qu’ils n’avaient fait que grignoter les miettes tombées par terre.

Mais qu’importe ! Dans leur tête, ils étaient désormais les rois du festin.
« Nous étions au banquet des puissants ! Nous avons mangé à la table du Lion ! » criaient-ils à qui voulait bien les écouter — et surtout à ceux qui n’avaient pas été invités.

Ils avaient tellement bien menti à eux-mêmes qu’ils en avaient oublié qu’ils n’étaient que des rats. Plus aucun ne rampait, non… désormais, ils paradaient ! Un reste de feuille de bananier sur le dos, un bout de ficelle autour du cou, et hop ! Les voilà transformés en chefs d’apparat.

Ils croisèrent un groupe de gazelles, fatiguées mais dignes, toujours en quête de liberté et de justice dans cette savane déséquilibrée.

Les rats, le museau en l’air, les toisaient du regard.
« Vos cornes ne sont pas assez affûtées pour diriger la savane, mesdemoiselles… » lâcha l’un d’eux avec un sourire narquois.
Un autre renchérit : « Le pouvoir se mange avec les dents, pas avec des rêves. »

Les gazelles, surprises, clignèrent des yeux. Elles, qui avaient toujours évité les rats pour éviter les puces, voyaient désormais ces mêmes créatures se donner des airs de rois.

L’une d’elles, plus vive que les autres, s’approcha et dit calmement :
« Mais vous… avez-vous seulement des cornes ? Ou même une colonne vertébrale ? »
Le silence fut long. Même le vent sembla retenir son souffle.

Un vieux caméléon, qui observait la scène depuis une branche, hocha la tête lentement et murmura :
« Il y a ceux qui mangent dans l’ombre, et ceux qui brillent de leur propre lumière. Les rats croient qu’en léchant la sauce, ils deviennent cuisiniers. »

Les gazelles s’éloignèrent, le cœur un peu plus lourd mais l’esprit clair.
Quant aux rats, ils se mirent à répéter cette phrase étrange :
« Nous étions au banquet, nous étions au banquet… »
Mais à force de le répéter, ils finirent par croire que c’était eux qui l’avaient organisé.

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Tisser l’équilibre : Mars, Vénus et l’avenir du Gabon

Quand je réfléchis à ce qui fait avancer les individus ou les nations, je vois deux forces distinctes, mais inséparables : une énergie d’action, de courage, de rupture, celle de Mars ; et une autre, plus douce, faite d’écoute, de lien et d’harmonie, celle de Vénus.

L’élan de la rupture

Ces deux dynamiques, loin de s’opposer, se nourrissent mutuellement. Leur équilibre, fragile et vivant, est au cœur de toute transformation durable, qu’il s’agisse de nos vies personnelles ou d’un pays comme le Gabon, où la victoire de Brice Oligui Nguema à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 avec 94.85 % des voix, incarne ce défi.

Mars : la force en action

La victoire d’Oligui Nguema est un symbole puissant de l’énergie martienne. Après avoir renversé la dynastie Bongo en 2023, il a promis de redonner espoir à un Gabon riche en pétrole, mais où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. À Libreville, les célébrations dans les rues, relayées sur les réseaux sociaux, montraient une ferveur presque tangible : des klaxons, des danses, une vague d’enthousiasme pour un homme perçu comme un bâtisseur, prêt à secouer un système entier. Cette force – celle de trancher, de réformer, de construire – est essentielle. Elle porte l’ambition de nouvelles infrastructures, d’une économie diversifiée, d’un pays qui ne repose plus seulement sur l’or noir. C’est l’élan d’un peuple qui veut tourner la page.

Vénus : le souffle de l’unité

Mais cette énergie, aussi puissante soit-elle, ne suffit pas seule. Les critiques de l’opposition, comme celles d’Alain Claude Bilie-By-Nze, qui a dénoncé un scrutin opaque, rappellent une vérité : aucun changement ne dure s’il ignore les voix discordantes. Vénus, c’est cette capacité à écouter, à fédérer, à soigner les fractures d’une société marquée par des décennies d’inégalités. Le Gabon a besoin de réformes audacieuses, mais aussi de gestes qui touchent le quotidien : des écoles équipées, des hôpitaux fonctionnels, des opportunités pour une jeunesse qui rêve grand. Je pense à des initiatives comme les centres numériques, évoquées récemment dans des discussions sur l’accès à l’éducation. Ces projets, modestes en apparence, peuvent tisser des liens, donner aux jeunes de Port-Gentil ou de Franceville les outils pour se connecter au monde. C’est Vénus qui transforme une vision en un projet partagé.

Une navigation permanente

Cette idée d’équilibre résonne aussi dans ma propre expérience. J’ai souvent été tenté de foncer tête baissée, porté par une idée ou une ambition, en oubliant parfois de m’arrêter pour écouter ceux autour de moi. Une fois, dans un projet collectif, j’ai poussé pour imposer une direction qui me semblait évidente, mais j’ai vite vu les limites : sans l’adhésion des autres, le résultat manquait de vie. J’ai appris à mieux naviguer entre l’élan de l’action et la patience du dialogue. Au Gabon, cet équilibre est tout aussi crucial. Oligui Nguema a une chance historique, mais son succès dépendra de sa capacité à marier la force des réformes à l’attention portée aux besoins de tous. Les richesses du pays doivent irriguer les écoles, les villages, les espoirs de la jeunesse, et non se perdre dans les circuits d’une élite.

Ce qui me marque, c’est que cet équilibre n’est jamais acquis. C’est un mouvement, une danse entre deux forces qui se répondent. Pour le Gabon, comme pour chacun de nous, il s’agit d’apprendre à avancer avec audace tout en restant ancré dans l’écoute, de bâtir avec force tout en prenant soin des liens qui nous unissent. C’est peut-être dans cette tension, dans cet art de l’ajustement, que se dessine un avenir qui ne sacrifie ni l’ambition ni l’humanité.

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L’humain a-t-il perdu son humanité ?

Il y a un jour ou deux, je suis tombée sur un post qui disait que l’une des voitures transportant des membres de l’équipe de campagne d’un des candidats à la présidentielle avait fait un accident. La voiture avait l’air tellement amochée…

Face à cela, je me suis rendue dans les commentaires pour en savoir plus, savoir si les personnes impliquées s’en étaient sorties.

À ma grande surprise, les gens en commentaires se réjouissaient de cette situation. Ils étaient contents, pour la plupart, tout simplement parce qu’ils comptent voter pour un autre candidat que celui à qui appartient cette équipe.

Je ne suis pas très politique — j’en parle d’ailleurs très peu — mais j’ai du mal à comprendre comment des humains peuvent se réjouir du malheur d’autres êtres humains par pure divergence d’opinion. C’est juste… incroyable !

Quand je croyais avoir tout vu, hier soir, je tombe sur un autre post. Celui-ci montrait un jeune artiste gabonais avec de graves brûlures provoquées par de l’eau bouillante. Je me suis demandé : « A-t-il braqué ? Tué ? Violé ? » — bien que, soyons clairs, aucune de ces raisons ne justifie qu’on fasse du mal à quelqu’un.

J’ai ensuite lu qu’il serait instable mentalement, et qu’il aurait simplement dormi sur la terrasse d’une voisine. Cette dame, en le voyant au réveil, a jugé bon de lui verser de l’eau bouillante… pour le “réveiller”.

Plus choquant encore : en partageant ce post, beaucoup de personnes se moquaient ou trouvaient que la dame avait bien fait.

Alors je pose cette question : à quel moment allons-nous retrouver un minimum d’empathie ?

J’ai l’impression que depuis l’arrivée des réseaux sociaux — et encore plus avec la génération Z — ce qui compte désormais, ce sont les likes, les partages, les commentaires. Peu importe ce que l’autre peut ressentir, peu importe les conséquences… tant que ça fait du buzz, ça passe.

On ne peut pas éduquer tout le monde à avoir de l’empathie ou à respecter la vie d’autrui, mais on peut continuer à jouer aux gendarmes. Recadrer quand c’est nécessaire, sensibiliser, et surtout, ne pas participer au cyberharcèlement.

Parce qu’au final, notre silence ou notre inaction peuvent nous rendre complices.

Je te dis tout