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‎Analyse critique du discours présidentiel relatif à la suspension des bourses d’études

La récente décision du chef de l’État de suspendre l’attribution des bourses d’études, justifiée officiellement par le poids financier que cela représente et par le phénomène de fuite des cerveaux, soulève un certain nombre d’interrogations qui méritent une analyse approfondie.

En effet, cette décision semble partielle dans la mesure où elle cible exclusivement les étudiants bénéficiaires, sans rétablir une lecture équilibrée des responsabilités respectives de l’État et des étudiants dans la problématique soulevée.

La fuite des cerveaux : une dynamique aux causes structurelles

Le phénomène de fuite des cerveaux est légitimement invoqué comme un argument majeur, mais il traduit en réalité une défaillance systémique. L’insuffisance d’opportunités d’emploi, le non-respect des engagements étatiques, ainsi que le climat socio-économique délétère, participent à la désaffection des diplômés vis-à-vis de leur pays d’origine. Cette réalité se manifeste par un environnement professionnel qui étouffe les ambitions et fragilise la relation compétence-mérite. Le diplômé, jadis porteur d’espoir pour sa famille, est désormais marginalisé, voire moqué. Dans ces conditions, il semble rationnel, voire inévitable, que ces talents choisissent de ne pas revenir.

Les motifs étatiques : une justification partielle et contestable

Sur le plan de l’État, les pertes invoquées concernent à la fois l’investissement financier et le capital humain formé à l’étranger. Toutefois, dans la pratique, la perte réelle se limite souvent aux seuls coûts financiers, dans la mesure où l’État peine à intégrer effectivement ce capital humain sur le marché du travail national. Le paradoxe est que les diplômés, pourtant formés selon des orientations définies par l’État, se retrouvent fréquemment au chômage, la principale cause étant l’inadéquation entre leur formation et les besoins réels du marché local. Par conséquent, plutôt que de cibler les conséquences, il serait pertinent que l’État assume pleinement ses responsabilités en s’attaquant aux causes profondes du dysfonctionnement.

La fuite des cerveaux : un mal nécessaire ?

Loin d’être uniquement préjudiciable, la fuite des cerveaux peut également être perçue comme un mécanisme d’ajustement social et économique. Elle contribue à atténuer les tensions liées au chômage, participe à la stabilité politique, et peut favoriser la création de réseaux de coopération internationale entre la diaspora et le pays d’origine. Dès lors, la fuite des cerveaux pourrait constituer un levier stratégique plutôt qu’un simple mal à éradiquer.

Perspectives et propositions pour une gestion efficiente du capital humain

Pour remédier à cette problématique complexe, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Amélioration des conditions d’accès à l’emploi et création d’opportunités stables pour tous les diplômés.
  • Garantie d’une insertion professionnelle sécurisée dans des secteurs économiques stratégiques, notamment pour les boursiers formés à l’étranger.
  • Acceptation, à court terme, d’une certaine perte des compétences formées dans des domaines non encore développés localement, tout en anticipant une future demande liée à l’évolution socio-économique.
  • Identification et mobilisation des profils diplômés à l’étranger dans le cadre de projets nationaux de développement.
  • Valorisation accrue de la diaspora en tant qu’acteur clé du développement, assortie de mesures incitatives ou contraignantes (telles qu’une contribution financière au développement national).

Réformes institutionnelles pour une meilleure efficience

Enfin, pour optimiser la gestion des bourses et des compétences associées, il serait opportun d’adopter des réformes structurantes telles que :

  • La limitation des bourses à l’étranger aux seuls secteurs stratégiques non disponibles localement.
  • L’octroi des bourses à l’étranger, pour les filières existantes sur le territoire, uniquement après validation du premier cycle universitaire, afin de mieux anticiper les profils et rationaliser les coûts.
  • La mise en place d’un suivi rigoureux des formations financées, en veillant à ce qu’elles correspondent aux besoins spécifiques identifiés par l’État.
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Médaille pour rien : bienvenue en République du piston

À force de distribuer des médailles comme des bonbons à la kermesse, on
finit par croire que l’excellence est une question de proximité, pas de mérite.
Et voilà qu’on épingle du ruban sur des vestes repassées pour l’occasion, sans
que le moindre pli de sueur n’y ait jamais laissé sa trace.

Avant tout, il faut respecter nos intelligences. Nous ne sommes pas vos enfants maboules qui acceptent tout.

À force de distribuer des médailles comme des bonbons à la kermesse, on
finit par croire que l’excellence est une question de proximité, pas de mérite.
Et voilà qu’on épingle du ruban sur des vestes repassées pour l’occasion, sans
que le moindre pli de sueur n’y ait jamais laissé sa trace.

Comment expliquer qu’en moins d’un an de service, certains ministres –
fraîchement sortis de l’œuf administratif – se retrouvent déjà décorés comme
s’ils avaient sauvé la République d’une guerre civile, redressé l’économie et
alphabétisé trois générations ? Ce n’est plus une République, c’est un jeu
concours.

Des médailles pour services… rendus à qui ?

On ne décore plus ceux qui transforment, réparent, bâtissent. Non. On
décore ceux qui plaisent, qui savent dire “oui monsieur”, “oui madame”, et
surtout “oui excellence” avec la juste intonation. L’efficacité n’est plus un
critère. La loyauté aveugle, si.

Le peuple, lui, regarde ça, médusé. Les vraies décorations, celles qui
devraient être données aux enseignants des zones enclavées, aux médecins
des dispensaires sans électricité, aux agriculteurs qui nourrissent le pays avec
rien… celles-là attendront. Elles ne sont pas dans le bon carnet d’adresses.

La République des copains et des coquins

On récompense l’inertie bien habillée. Le silence complice. L’incompétence
bien entourée. Le mérite est devenu ringard, l’engagement un gros mot, et le
peuple, un décor de fond qu’on ne consulte qu’en période électorale – ou
pour les photos.

Mais la médaille, en théorie, symbolise l’honneur. Dans notre cas, elle est en
train de devenir le marqueur du ridicule. Une insulte silencieuse au bon sens
et au vrai travail.

Alors non, nous ne sommes pas dupes.

Ce n’est pas parce que vous avez collé une épingle sur le revers d’un
costume que vous avez décoré une conscience. Ce n’est pas parce qu’on
vous a applaudi dans une salle climatisée que vous avez le respect de ceux
qui crèvent dehors. Et ce n’est certainement pas parce que vous avez votre
portrait dans un bureau que vous méritez d’être appelé serviteur de l’État.
Il serait peut-être temps de revoir les critères. Ou au moins d’assumer que
cette République aime ses enfants dociles, pas ses enfants brillants.

En attendant, pour beaucoup, la seule médaille qu’ils méritent vraiment…
c’est celle du silence.

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De Libreville à Washington [2]– langage corporel, complexe d’infériorité et le miroir américain

Avec l’arrivée du président gabonais Brice-Clotaire Oligui Nguema, venu des États-Unis, le Gabon semble plongé dans une ambiance de gaieté traditionnelle.

Le langage corporel du président gabonais était cohérent depuis le début, mais il préférait regarder l’interprète plutôt que son hôte, ce qui le mettait dans une posture inconfortable, la main sur le dossier de sa chaise et le regard perdu dans ses pensées. Il ne pouvait donc pas maintenir le contact visuel avec son hôte, pourtant nécessaire pour lui faire comprendre sa détermination. L’absence de contact visuel et l’absence de sourire ont été les plus grands défauts du président gabonais depuis son entrée en fonction.
Le fait est qu’il n’a pas appris ces bases au cours de ses deux dernières années de mandat.

Une autre erreur du président gabonais a été de conclure son discours en déclarant : « Vous êtes les bienvenus pour investir, sinon d’autres pays viendront à votre place. » Cette phrase est intimidante : le président aspire aux investissements américains et prétend que si vous n’investissez pas, d’autres investiront.
Aurait-il fallu prononcer cette phrase ? Les Russes, les Français et les Chinois ont investi ; leurs investissements ont-ils été fructueux pour le Gabon ? C’est ce qu’on appelle une piètre monnaie d’échange avec un fusil à la main. Trump en aurait gardé un goût amer. C’est pourquoi il a tenté de clore les discussions sans ménagement.

Enfin, tout en invitant les États-Unis à investir au Gabon, le président gabonais a, à tort, insisté sur le fait que « nous sommes riches ».
Cette affirmation répétée fera l’objet d’un autre article, je n’y reviendrai donc pas pour l’instant.
Mais que les lecteurs se demandent : quand affirmons-nous que nous sommes riches ? La prospérité est-elle un argument de poids devant le président américain ? Cela semblait puéril, et Trump n’aurait certainement pas été très impressionné par ce « nous sommes riches ».

La réalité est bien plus dure, notamment dans le contexte des pays d’Afrique de l’Ouest, où l’éducation primaire et les soins de santé primaires ne sont pas accessibles aux Africains à des prix abordables.
Les cinq économies de ces cinq pays sont lourdement endettées, et pourtant il a affirmé « nous sommes riches ».
Les Gabonais devraient se débarrasser au plus vite de leur obsession d’être riches. Vous n’êtes pas « riche », vous disposez d’une abondance de minéraux qui doivent être monétisés pour l’être.
Les Gabonais doivent accepter une dure réalité le plus tôt possible et œuvrer à s’émanciper de cette dure réalité.

Tout le monde sait que l’économie gabonaise est basée sur les importations ; même les boîtes d’allumettes sont importées, et pourtant il a prétendu être « riche ».
Le Gabon est riche alors que l’Union européenne s’est offert le luxe rare d’un taux de change fixe pour sa monnaie, soit 656 FCFA pour 1 euro.
L’économie entière repose sur des béquilles européennes et vous prétendez être « riche ».
Ce n’est rien d’autre qu’un manque d’appréciation de votre stature par rapport aux États-Unis.

La mauvaise gouvernance, l’absence de démocratie constitutionnelle et l’absence d’État de droit ne suffiront pas à convaincre le président américain de considérer ces pays comme « RICHES », même si leurs présidents recourent à cette litanie.

Votre hôte n’est pas censé diriger votre conduite. Vous devez vous comporter de manière naturelle, ce qui a plus de chances de l’impressionner que de copier votre hôte.

Cette démonstration effrontée de masculinité, associée à une image machiste, n’est ni obligatoire ni impressionnante pour le président américain.
Oui, chez lui, ces gestes peuvent plaire à quelques personnes en raison de leur complexe d’infériorité, mais un chef d’État devrait s’abstenir d’afficher un complexe d’infériorité en se présentant comme un machiste.

Le président Trump a toujours été très tiède, dépourvu de toute information préalable de ses conseillers.
De plus, il semble très méprisant envers tous ses invités, représentant leur souveraineté, alors que le président gabonais se promène dans sa capitale avec une casquette MAGA en compagnie de tous ses collègues du cabinet.
Tous ces gestes dénigrent le président gabonais, qui semble ravi de rencontrer un grand patron, alors qu’il est aussi président.

Mais… Henry Kissinger avait conseillé :
L’hostilité envers l’Amérique est dangereuse, mais l’amitié américaine est fatale.
Le président gabonais, qui se réjouit de sa visite aux États-Unis, devrait être mis au courant par ses conseillers de ce conseil plus sensé de Henry Kissinger.

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De Libreville à Washington [1]– l’emballement médiatique et les faux-semblants diplomatiques

Avec l’arrivée du président gabonais Brice-Clotaire Oligui Nguema, venu des États-Unis, le Gabon semble plongé dans une ambiance de gaieté traditionnelle.

Le président gabonais lui-même semble savourer l’euphorie de sa rencontre avec le président américain, arborant sa casquette MAGA dans les rues de Libreville. Cette impression est créée par les médias gabonais et par quelques flagorneurs de la présidence.

Cette affaire illustre parfaitement la naïveté des Gabonais, la facilité avec laquelle ils se laissent berner par leurs dirigeants. Ils ne prennent pas la peine de réfléchir, se contentant d’obéir, y compris les membres de la société civile et les médias censés tenir les dirigeants en haleine. Or, les médias sont les premiers à faire l’éloge, et de manière disproportionnée, des dirigeants politiques.

Dans cette série, Info241.com a également publié un article rédigé par un universitaire. La dichotomie de cet article réside dans le fait que, dans la première partie, il a survolé les généralités, tandis que dans la seconde, l’auteur s’est prosterné docilement devant son président, à travers ses écrits. Le point le plus critiquable est que le titre de l’article est tiré de la seconde partie, ce qui ressemble à un éloge funèbre. En réalité, une évaluation critique de la performance du président gabonais aurait dû être proposée au lecteur afin de l’éclairer et de le maintenir vigilant, afin qu’il soit toujours attentif aux « intérêts gabonais ».

J’en viens maintenant à l’évaluation de la performance du président gabonais à la Maison Blanche. Il a été ferme dans ses propos, ce qui est assez évident puisqu’il ne s’agissait pas d’une réunion bilatérale. En fait, il s’agissait d’une réunion collective avec le chef d’État de cinq pays d’Afrique de l’Ouest. Il n’y avait donc pas d’ordre du jour préétabli.
Lors de cette réunion, le président Brice-Clotaire Oligui Nguema semble copier Trump, ce qui n’était pas nécessaire. Trump étant connu dans le monde entier pour ses excentricités, il était inutile de se comporter comme lui, car il n’apprécierait pas une telle conduite. Lors des réunions diplomatiques, il existe des procédures établies, notamment en matière de politesse et de protocole. Si Trump ne les respecte pas, cela ne signifie pas que tous les autres doivent également les ignorer.

Le président gabonais a commencé par faire l’éloge du président Trump en le recommandant verbalement pour le prix Nobel de la paix. Le prix Nobel de la paix est une obsession pour le président Trump, ces derniers temps. Il a ensuite félicité Trump pour l’accord de paix, prétendument négocié par lui-même entre la RDC et le Rwanda. Ce propos était également redondant, car aucun pays africain n’a pu réaliser cet exploit malgré toute la solidarité régionale et continentale prônée par les nations africaines. En fait, c’était une insulte aux nations africaines que deux voisins débarquent à Washington pour conclure un accord entre eux.

D’un côté, le président gabonais recherchait un « partenariat solide » avec les États-Unis pour enrayer la piraterie dans le golfe de Guinée. De l’autre, il informait le président Trump de la résiliation d’un traité avec l’Union européenne sur la pêche en eaux profondes dans les frontières maritimes gabonaises.

Quant à savoir dans quelle mesure cela était approprié, je laisse à la sagesse du lecteur le soin de le déterminer, mais à mon avis, c’était offensant. Il s’agissait d’une bravade éhontée de la part du président gabonais, qui n’avait que des conséquences négatives, et aucun avantage n’aurait pu être obtenu en offensant son hôte.

A suivre…

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Boutcho, des braises à l’impasse : quand la réinsertion se heurte aux interdits

Connu de tous dans le quartier pour un passé tumultueux, Boutcho a longtemps arpenté les rues, un couteau à la main, menaçant les passants. Son casier judiciaire, aussi long que les jambes de Wemby, témoignait d’une vie rythmée par la délinquance. Pourtant, Boutcho a choisi de se repentir. Loin des agressions, il a troqué son couteau de bandit contre un ustensile de boucher, se lançant avec fierté dans la vente de “pain au poulet” et de brochettes de cotis braisés.

Ce commerce de rue, florissant depuis plusieurs mois, n’était pas seulement une source de revenu digne pour Boutcho ; il était aussi devenu un symbole de sécurité dans le quartier, sa présence apaisant les passants et refroidissait les “petits brigands” de la zone sur lesquels il conservait une certaine influence.

La décision subite du Super délégué de Libreville d’interdire la streetFood à partir du 4 juillet 2025, pour des raisons d’hygiène et de salubrité publique, jette une ombre d’incertitude sur l’avenir de nombreux Gabonais dont Boutcho.

L’annonce de l’interdiction de son commerce est un véritable coup de massue. Sans préavis, cette mesure drastique, motivée par une pseudo nécessité d’améliorer l’hygiène et la salubrité publique, menace directement le gagne-pain de dizaines, voire de centaines de personnes vivant à Libreville. Pour Boutcho, dont le niveau scolaire ne permet pas une réorientation facile et dont la fierté lui interdit un retour sur les bancs de l’école, cette décision sonne comme une impasse.

La situation de Boutcho n’est malheureusement pas isolée. Au Gabon, nombreux sont ceux qui, en attente d’un “miracle” de la fonction publique ou d’un appel d’une entreprise privée, se sont tournés vers la street food comme unique moyen de subsistance. Que vont devenir ces travailleurs informels ?

Le désespoir pourrait-il le pousser à renoncer à sa réinsertion et à retourner dans la rue pour agresser les gens, annulant des années d’efforts ?
L’État a-t-il prévu des mesures d’accompagnement pour ces personnes qui se retrouvent du jour au lendemain sans revenu ? L’absence apparente de solutions de reconversion, d’aides ou de cadres légaux pour formaliser et assainir ces commerces laisse un vide inquiétant.

Si l’hygiène et la salubrité sont des préoccupations légitimes, la brutalité de cette décision sans préavis interroge sur les motivations profondes. S’agit-il d’une volonté de moderniser l’image de la capitale, d’une réponse à des pressions foncières, d’un acte purement xénophobe (une bonne partie de ce business est pratiquée par des ressortissants étrangers) ou simplement d’un manque de moyens pour encadrer plutôt qu’interdire ? Une chose est certaine : en coupant ainsi les ponts avec l’économie informelle sans proposer de voie de sortie, les autorités risquent de créer une crise sociale majeure, allant à l’encontre des objectifs de développement et de cohésion sociale.

La situation de Boutcho et de ses pairs met en lumière l’urgence d’une approche plus nuancée, où la régulation et l’accompagnement remplacent l’interdiction pure et simple, garantissant ainsi la dignité et la survie de ceux qui, malgré les obstacles, tentent de gagner honnêtement leur vie.

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Nomba : un nouveau souffle pour les soldats du feu

Parmi les récentes réalisations du Chef de l’État, Chef du gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema, la cité résidentielle dédiée aux sapeurs-pompiers est à saluer.

C’est une belle nouvelle, porteuse d’espoir. Dans un pays où la question du logement reste complexe pour une large partie de la population, voir un projet aller jusqu’au bout, se matérialiser, sortir de terre et être remis à ses bénéficiaires est déjà, en soi, un pas important. Trop souvent, les promesses faites en matière d’habitat n’ont pas abouti. Parfois à cause de la mauvaise gestion, parfois simplement par manque de suivi. Cette fois, le résultat est là, concret, utile, visible.

Et cela donne envie d’y croire. De croire qu’il est possible de construire autrement. De croire que ceux qui servent le pays, comme nos pompiers, peuvent vivre dans la dignité, dans un environnement sain et sécurisé.

Mais au-delà de la construction, vient la question de la préservation. L’histoire de plusieurs cités au Gabon nous a appris que sans suivi, même les plus beaux projets peuvent perdre leur éclat. On pense à certains camps, à certains immeubles, qui n’étaient pas voués à devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Et cela ne tient pas uniquement à l’État : l’entretien est une responsabilité partagée.

C’est pourquoi il serait judicieux, dès maintenant, d’accompagner les bénéficiaires dans une démarche collective. Pourquoi ne pas envisager des contrats d’engagement mutuel, ou même une association de résidents chargée de veiller au cadre de vie, à la propreté, à la sécurité des lieux ? Ce serait un moyen d’impliquer chacun, de favoriser la cohésion, et surtout, d’assurer aux enfants qui y grandiront un environnement digne et durable.

Construire, c’est une chose. Faire vivre le lieu, le respecter, le transmettre propre et debout, c’est tout aussi essentiel.

Et si cette cité de Nomba devenait un exemple, un modèle de ce qu’on peut réussir ensemble — l’État, les citoyens, les communautés ?

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Mays Mouissi, la déception de trop

On n’a plus besoin de tourner autour du pot. La vidéo — floue mais claire — a été vue, commentée, disséquée. On y voit Mays Mouissi, aujourd’hui cadre politique et ex-ministre de l’Économie, inviter le Peuple à accueillir le Président élu à l’aéroport, “comme il se doit”, à son retour des États-Unis.

Un appel qui aurait pu passer inaperçu… s’il n’était pas venu de l’un des visages les plus emblématiques de l’opposition numérique gabonaise.
Oui, lui. L’ancien activiste. Celui qui nous représentait.

On ne se fait pas seul.

(suite…)
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Les ministres caméléons : un jour ici, demain là-bas… mais jamais à leur place

Chez nous, au Gabon, y’a un phénomène qu’on connaît trop bien. C’est le “ministre multi-usage”. Un jour tu le vois ministre de l’Énergie, deux semaines après il est ministre de la Justice, et le mois suivant il atterrit à la Culture comme s’il avait fait théâtre au lycée. C’est comme s’il jouait à “pioche une carte, t’as gagné un ministère”. Sans diplôme adapté, sans formation, même sans boussole, il est là… ministre que douah.

Ces gens-là, c’est pas parce qu’ils sont experts dans quoi que ce soit qu’on les nomme. Non. C’est parce qu’ils sont fidèles, utiles politiquement ou juste disponibles, comme une chaise vide qu’on peut déplacer où on veut. Ils signent des décrets qu’ils ne comprennent même pas, posent la première pierre d’un projet qu’ils ne reverront jamais, et lancent des programmes qu’ils ne maîtrisent pas. Bref, ils sont là pour meubler.

Parfois même lors des interviews on pose une question à gauche, il répond à droite tu te demandes juste ce que la personne fout là en fait. Et nous on regarde ça depuis des années comme si c’était normal. Mais franchement, vous trouvez ça sérieux de faire passer quelqu’un de l’Économie à l’Éducation nationale sans même une petite formation accélérée ? Ou quelqu’un qui sort de nul part et BOUM direct ministre de l’industrie. Il comprend même d’abord quoi à ça ? Genre il découvre le secteur en même temps que nous. Il apprend sur le tas, pendant qu’il prend des décisions pour des millions de personnes. C’est grave !

Être ministre, c’est pas juste mettre la cravate et parler à la télé (encore que même les prises de parole sont souvent aval ezing). C’est prendre des décisions qui changent la vie des gens. C’est porter une vision, impulser des réformes. Mais comment tu réformes un truc que tu ne connais même pas ? On en arrive à des situations bizarres où ce sont les fonctionnaires du ministère qui doivent former le ministre fraîchement nommé. C’est eux qui expliquent, qui répètent, qui mâchent le travail pendant que monsieur ou madame apprend à faire la différence entre un budget d’investissement et un budget de fonctionnement. On dirait un stage d’intégration.

Résultat : les projets prennent du retard, les vraies priorités passent à la trappe, les réformes patinent. On dit que l’administration est continu hein mais il ya des dossiers qui doivent à chaque fois faire l’objet d’étude parce que la personne à la tête du ministère, NE CONNAÎT RIEN. Et pendant ce temps, les techniciens, les vrais, ceux qui connaissent le terrain, sont mis de côté. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas les bons contacts, ou qu’ils ne disent pas “oui chef” à tout.

En fait, tout ça montre un truc : ici, le pouvoir, c’est d’abord des calculs, des équilibres, des promesses entre amis. La compétence ? Elle arrive en dernier, quand il reste de la place. Et pourtant, gérer un pays, ce n’est pas comme organiser un anniversaire. Tu ne peux pas improviser avec la justice, la santé ou l’école des enfants. Ces trucs-là demandent des gens solides, qui savent ce qu’ils font. Pas des touristes institutionnels qui viennent faire coucou le temps d’un remaniement et qui plus tard mettront ça dans leur CV.

On doit vraiment changer cette manière de faire. Personne ne dit qu’il faut enlever toute la politique. Mais au moins, un peu de sérieux. Un pays qui veut avancer ne peut pas continuer à nommer des gens au hasard comme s’il tirait au sort. Les décisions prises impactent quand même tout le pays. Parce qu’à force de jouer avec les nominations, c’est nous, le peuple, qui payons l’addition. On en a marre de subir l’improvisation au sommet.

Maintenant, il faut choisir : soit on gère ce pays avec des gens compétents, soit on continue de le survoler comme un drone en panne.

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Bongo, libération surprise : pourquoi les Gabonais doivent-ils l’apprendre par l’Angola ?

Il aura donc fallu attendre… une page Facebook étrangère. Oui, c’est par le canal officiel de la présidence angolaise que les Gabonais ont appris ce vendredi matin que Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo Ondimba et leur fils Noureddin Valentin se trouvent désormais en Angola. Pas par un communiqué de notre gouvernement. Pas par une allocution du ministre de la Justice ou du porte-parole. Mais par un post étranger, en portugais, à 9h du matin.

Avant cela, il y a quelques jours à peine, Gabonreview annonçait que Sylvia et Noureddin avaient quitté la prison pour une résidence surveillée. Une information qui a enflammé les réseaux, créé la polémique, et suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique. Le quotidien L’Union, rarement aussi prompt à réagir, s’était même fendu d’un démenti officiel. Mais aujourd’hui ? Silence radio. Pourtant, les faits sont là, et les images aussi.

Pendant que le monde découvre avec surprise cette triple “libération”, nos autorités regardent ailleurs. Aucune confirmation. Aucune explication. Aucun mot sur ce qu’il s’est passé. On aurait pourtant cru qu’un départ aussi sensible, concernant des figures centrales d’un dossier emblématique de la lutte contre la corruption, méritait un minimum de clarté. Mais non.

Doit-on comprendre que l’affaire est close ? Qu’ils ne seront plus jugés ? Et qu’en est-il des autres détenus, eux aussi interpellés dans la même affaire, qui croupissent encore en prison ? Pourquoi ce traitement différencié ? Pourquoi ce mutisme organisé ? Pourquoi cette impression d’un deal passé dans le dos des citoyens ?

L’indignation est totale. Non seulement parce que des personnes accusées de détournement massif de fonds publics ont été discrètement “réinsérées”, mais surtout parce que les Gabonais l’ont appris par une source étrangère. Il n’y a pas pire mépris, pas plus grand affront pour un peuple qui aspire à la vérité, à la justice, et à un peu de considération.

Ce silence est une faute. Une faute politique. Une faute morale. Une insulte à la transparence que cette transition prétendait incarner.

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GabonOpinionPolitiquePrésidentielles2025

Mais tu voulais le changement ou un poste ?

Avouons-le une bonne fois pour toutes : au Gabon, on ne milite pas. On n’est pas engagés, on est positionnés. On ne vote même pas, en réalité. On investit. Oui, comme à la Bourse. Sauf qu’ici, le CAC 40, ce sont les fauteuils ministériels, les DG, les PCA, les postes bien juteux ou bien décoratifs, mais toujours valorisants pour l’égo.

La carte de membre, c’est un ticket de loterie. Le slogan de campagne, un CV déguisé. Le militantisme, chez nous, c’est souvent une stratégie de placement. J’ai dit “souvent”, parce que oui, il y a une minorité de gens sincères. Très minoritaire. Infime. Une espèce en voie de disparition qu’on appelle “les convaincus”. Eux, ils y croient. Et pour être honnête, ce sont ceux qu’on entend le moins.

Mais la grande majorité, c’est autre chose. Toi par exemple. Tu t’es levé, tu as crié ton amour pour le changement, fait des lives, porté des t-shirts, harcelé ta famille pour voter. Mais dès que ton candidat a gagné, tu as commencé à faire des calculs comme un commerçant de PK8 : “Bon, il me doit quoi ?” Parce qu’en vrai, ton combat, ce n’était pas pour la justice, l’éducation, l’eau ou l’électricité. C’était pour avoir ton badge, ton chauffeur, ta photo avec le ministre et ton petit contrat. Tu t’es battu pour l’amour du pays… jusqu’à ce que tu réalises qu’on ne t’a pas mis dans la liste des bâtisseurs. Et là, d’un coup, ce n’est plus la patrie ou la République, c’est devenu “on a oublié les vrais soldats”. Tu faisais ça pour quoi, frère ? Pour la nation ou pour ta nomination ?

Et puis parlons franchement de ce complexe national : attendre que le favori gagne avant de s’afficher. Ce réflexe de supporter de foot qui change de club en fonction des scores. Chez nous, on ne vote pas par conviction, on vote par calcul. Tu entends : “Pourquoi tu votes pour lui ?” Réponse classique : “Parce qu’il va gagner.” Tu votes comme tu paries au PMUG. Ton bulletin, ce n’est pas une voix, c’est une mise. Et toi, tu veux juste être du bon côté quand le champagne coule.

C’est comme ça qu’on se retrouve avec des gens qui, après avoir voté, ne savent même pas ce qu’ils ont validé. Au référendum ? “On m’a dit que c’était bon, que c’est notre camp.” Voilà. Tu votes comme tu prends un taxi : tu montes sans demander la destination. Tu regardes les autres passagers, tu souris, tu descends, et ensuite tu dis que tu ne savais pas. Franchement, comment tu veux qu’un pays avance si son propre peuple ne prend même pas le temps de comprendre ce qu’il signe ?

Et maintenant ? Tu boudes. Tu grattes ton nom sur les listes, tu espionnes les nominations, tu comptes les “nous” et les “eux”. Tu croyais que le pays, c’était une tontine ? Tu pensais que “soutenir le changement”, ça allait te payer ton loyer et t’envoyer en mission à Kigali ou à Abu Dhabi ? Résultat : tu es aigri. Tu vois les autres nommés, tu dis “ils ne méritent pas”. Et pourtant, ce Président-là, il a choisi les gens qu’il estime compétents. Il ne t’a pas vu. Et tu le vis mal. Mais si le pays est entre de bonnes mains, ça ne devrait pas te réjouir ? Ah non, toi tu voulais “la victoire de ton camp”… pas celle de ta nation.

Tu voulais vraiment le changement ? Tu aurais dû commencer par changer ta mentalité. Parce qu’un pays ne se reconstruit pas avec des gens qui veulent juste se faire recruter.

Mais bon, je sais déjà ce que tu vas répondre : “Toi-même tu veux le poste.”

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