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Mais tu voulais le changement ou un poste ?

Avouons-le une bonne fois pour toutes : au Gabon, on ne milite pas. On n’est pas engagés, on est positionnés. On ne vote même pas, en réalité. On investit. Oui, comme à la Bourse. Sauf qu’ici, le CAC 40, ce sont les fauteuils ministériels, les DG, les PCA, les postes bien juteux ou bien décoratifs, mais toujours valorisants pour l’égo.

La carte de membre, c’est un ticket de loterie. Le slogan de campagne, un CV déguisé. Le militantisme, chez nous, c’est souvent une stratégie de placement. J’ai dit “souvent”, parce que oui, il y a une minorité de gens sincères. Très minoritaire. Infime. Une espèce en voie de disparition qu’on appelle “les convaincus”. Eux, ils y croient. Et pour être honnête, ce sont ceux qu’on entend le moins.

Mais la grande majorité, c’est autre chose. Toi par exemple. Tu t’es levé, tu as crié ton amour pour le changement, fait des lives, porté des t-shirts, harcelé ta famille pour voter. Mais dès que ton candidat a gagné, tu as commencé à faire des calculs comme un commerçant de PK8 : “Bon, il me doit quoi ?” Parce qu’en vrai, ton combat, ce n’était pas pour la justice, l’éducation, l’eau ou l’électricité. C’était pour avoir ton badge, ton chauffeur, ta photo avec le ministre et ton petit contrat. Tu t’es battu pour l’amour du pays… jusqu’à ce que tu réalises qu’on ne t’a pas mis dans la liste des bâtisseurs. Et là, d’un coup, ce n’est plus la patrie ou la République, c’est devenu “on a oublié les vrais soldats”. Tu faisais ça pour quoi, frère ? Pour la nation ou pour ta nomination ?

Et puis parlons franchement de ce complexe national : attendre que le favori gagne avant de s’afficher. Ce réflexe de supporter de foot qui change de club en fonction des scores. Chez nous, on ne vote pas par conviction, on vote par calcul. Tu entends : “Pourquoi tu votes pour lui ?” Réponse classique : “Parce qu’il va gagner.” Tu votes comme tu paries au PMUG. Ton bulletin, ce n’est pas une voix, c’est une mise. Et toi, tu veux juste être du bon côté quand le champagne coule.

C’est comme ça qu’on se retrouve avec des gens qui, après avoir voté, ne savent même pas ce qu’ils ont validé. Au référendum ? “On m’a dit que c’était bon, que c’est notre camp.” Voilà. Tu votes comme tu prends un taxi : tu montes sans demander la destination. Tu regardes les autres passagers, tu souris, tu descends, et ensuite tu dis que tu ne savais pas. Franchement, comment tu veux qu’un pays avance si son propre peuple ne prend même pas le temps de comprendre ce qu’il signe ?

Et maintenant ? Tu boudes. Tu grattes ton nom sur les listes, tu espionnes les nominations, tu comptes les “nous” et les “eux”. Tu croyais que le pays, c’était une tontine ? Tu pensais que “soutenir le changement”, ça allait te payer ton loyer et t’envoyer en mission à Kigali ou à Abu Dhabi ? Résultat : tu es aigri. Tu vois les autres nommés, tu dis “ils ne méritent pas”. Et pourtant, ce Président-là, il a choisi les gens qu’il estime compétents. Il ne t’a pas vu. Et tu le vis mal. Mais si le pays est entre de bonnes mains, ça ne devrait pas te réjouir ? Ah non, toi tu voulais “la victoire de ton camp”… pas celle de ta nation.

Tu voulais vraiment le changement ? Tu aurais dû commencer par changer ta mentalité. Parce qu’un pays ne se reconstruit pas avec des gens qui veulent juste se faire recruter.

Mais bon, je sais déjà ce que tu vas répondre : “Toi-même tu veux le poste.”

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Le président de tous. Vraiment ?

Les élections sont désormais derrière nous. Le candidat Oligui est devenu Président de la République Gabonaise, élu avec un score écrasant. Un chiffre qui peut faire sourciller, mais qui, à bien regarder l’évolution de notre scène politique ces derniers mois, semble suivre une certaine logique.

Alors que sa famille politique célèbre — disons les choses comme elles sont —, certains citoyens se permettent de narguer ceux qui n’ont pas voté pour lui. Petite mise au point nécessaire : nous ne sommes pas dans une cour de récréation. Le choix d’un président nous engage tous, qu’on ait voté pour lui ou non. Le président est celui de tous les Gabonais.

Cela signifie que si son mandat est réussi, c’est nous tous qui en profiterons. Et s’il échoue, c’est nous tous qui en paierons le prix. Il est donc temps de dépasser les moqueries stériles et de rappeler une vérité démocratique fondamentale : être dans l’opposition ne fait pas de quelqu’un un ennemi du pays. L’opposition est une voix alternative, une contre-proposition, un garde-fou. Dans toute démocratie qui se respecte, elle est respectée — pas systématiquement dénigrée.

Mais au-delà des postures politiques, je n’ai qu’une seule crainte en ce début de mandat : que les droits et les libertés des Gabonais restent une fois de plus les grands oubliés.

On peut bien applaudir le surnom flamboyant de “Oligui le Bâtisseur”, destiné à marquer les esprits comme “Louis XIV, le Roi Soleil”, mais… qu’en est-il de la dignité humaine ? La vraie.
Celle qui permet un procès équitable.
Celle qui écarte réellement les corrompus.
Celle qui protège nos enfants des prédateurs.
Celle qui donne à chaque citoyen une place, une voix, une sécurité.

Oui, construire est nécessaire. Mais que valent des routes et des bâtiments si la justice reste silencieuse ? Si la peur persiste ? Si les blessures sociales s’élargissent ?

Le visible ne doit pas masquer l’essentiel.

Et ces questions que je me pose aujourd’hui, je les posais déjà il y a deux ans.
Elles sont restées, comme trop souvent dans notre histoire politique, sans réponse.

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#Présidentielles2025 c’est fini !

J’écris ce message frustrée.
Je ne suis pas mauvaise perdante, mais après une campagne acharnée de 3 semaines, tout le monde connaissait clairement le favori de la course, ce n’est ni un secret ni une surprise qu’il ait remporté haut la main cette élection présidentielle.

Je ne suis pas mauvaise perdante, personnellement cette élection est le fruit d’une profonde manipulation du peuple gabonais et ce depuis le 30 Août. Durant ce coup d’État transformé plus tard en coup de libération, le Gabonais lambda avait gagné l’espoir que les choses changeraient. Mais hélas, le fait que notre héros se transforme en bourreau et rejoigne le parti dirigeant nous avait bien fait comprendre qu’il n’en était rien, que le Gabon n’était pas passé à une nouvelle ère, mais qu’il passait de main en main afin d’assurer une certaine continuité.

Je ne suis pas mauvaise perdante, je respecte le choix du plus grand nombre et j’admire le fait que cette élection se soit bien passée. C’est en effet, la toute première élection que je vis sous nos cieux sans connexion coupée, sans provisions à faire, etc.

Cependant, je me rends compte que mon pays ne changera jamais. Que les mentalités de mes concitoyens ne changeront pas. Que le kounabelisme a été à son apogée cette année et demeurera peu importe le chef à la tête. Je n’en veux pas à mes concitoyens, ces personnes qui hier étaient contre cette façon de penser, contre ce système et qui aujourd’hui font partie de ce mouvement-parti (RDB/PDG) et qui aujourd’hui crient victoire ; bien au contraire je leur adresse mes vives félicitations pour leur victoire.

Je ne leur en veux pas car je comprends qu’après des années de lutte contre un système corrompu, il y ait une envie de se reposer, de goûter au pain, au bonheur et aux plaisirs qu’il offre. D’appartenir enfin au camp des gagnants. Peut-être qu’un jour moi aussi je voudrais goûter à ce confort également… peut-être pas… je n’en sais rien.

Je ne veux pas être considérée comme une aigrie de l’opposition car ce n’est pas ce que je suis. Je sais juste ce que je ne veux pas pour mon pays, ni pour ma famille, ni pour moi. Je sais aussi qu’on est reparti dans une boucle de 7 années d’un système qui m’insupporte mais qu’on sera obligé de subir.

Comme je l’ai très souvent entendu et je pense qu’on est tous d’accord avec ça : “On a que les dirigeants que l’on mérite” et peut-être qu’on mérite tous notre nouveau président démocratiquement élu à ce jour.

La campagne électorale #Présidentielles2025 #ElectionsGabon2025 est finie. J’ai apprécié les discussions que j’ai eues avec mes proches ou avec mes concitoyens sur les réseaux sociaux. J’ai admiré découvrir de nouvelles figures politiques. Et bien évidemment je suis soulagée que cette campagne se termine enfin, qu’on puisse revenir à la vie normale et reprendre nos engagements là où on les avait laissés.

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Hier, j’ai voté.

Hier, c’était le jour J. Ce jour tant attendu après une Transition mi-figue mi-raisin, où l’on pouvait enfin choisir notre président dans une ambiance presque « normale ».

Je suis arrivé au bureau de vote, accueilli par des Gabonais de tout âge, souriants, nous indiquant la marche à suivre. Le retrait de ma carte d’électeur s’est fait sans encombre, sur simple présentation de mon passeport. Les assesseurs étaient clairs, précis, et l’atmosphère détendue. Et ça, franchement, ça n’a pas de prix.

Il y a encore quelques années, l’attente des résultats était synonyme d’angoisse. Il fallait s’organiser, surveiller le dépouillement, vérifier les PV, collecter les preuves… Pour démontrer une défaite que tout le monde constatait, mais que le système refusait de reconnaître. Cette fois-ci, quelque chose a changé. Un certain climat de confiance règne. Peut-être parce qu’on sait. Tu sais, je sais : le favori gagnera.

Je sais aussi que le candidat pour lequel j’ai voté n’a, objectivement, aucune chance de l’emporter. Mais j’espère que son score sera suffisamment significatif pour qu’il ose se représenter. Qu’il comprenne qu’il compte. Parfois, il ne s’agit pas de gagner. Il s’agit juste d’exister dans le débat. De s’imposer comme un challenger crédible. Et ça, c’est déjà beaucoup.

En ce jour, nous allons avoir un nouveau président légitime. Un chef d’État élu, qui nous gouvernera pendant au moins les sept années à venir. Comme à chaque élection, un nouvel espoir naît. Une attente collective, presque mystique : et si cette fois, c’était la bonne ?

Les Gabonais, en quête depuis si longtemps d’un homme providentiel, pensent-ils l’avoir trouvé en la personne du PR Brice Clotaire Oligui Nguema — au risque d’oublier que cette attente de surhomme elle-même mérite d’être interrogée ?

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Trois semaines pour exister…

Vous déplorez — non sans raison — une scène devenue tristement banale : celle de citoyens agitant leur carte d’électeur comme une menace, au Trésor Public, dans l’espoir d’un rappel, d’un dû. Vous y voyez du chantage politique. Soit. Mais permettez-moi de poser la question autrement : que leur reste-t-il d’autre ?

Dans ce pays où les promesses sont recyclées à chaque échéance, où les routes sont construites au rythme des meetings, où les rappels tombent en cascade à la veille des urnes, qui peut encore croire que le pouvoir s’intéresse aux citoyens hors période électorale ? Pour nombre d’entre eux, le bulletin de vote est le dernier levier, le seul moment où ils peuvent espérer être entendus — ou redoutés.

Ces hommes et femmes n’ont pas choisi de politiser leur misère. C’est la politique elle-même qui a organisé leur précarité, qui a conditionné leurs espoirs à un cycle électoral. On ne troque pas sa voix contre un rappel par plaisir, on le fait parce que c’est souvent la seule monnaie de négociation dont on dispose dans un système verrouillé par ceux qui refusent de céder le pouvoir, même quand les urnes les désavouent.

Alors oui, le vote est un acte civique, une responsabilité. Mais dans une démocratie abîmée, ce même vote devient aussi, parfois, un cri. Un coup de poing sur la table. Une tentative — même maladroite — de reprendre un peu de pouvoir sur un quotidien qui échappe.

Ce n’est pas le peuple qu’il faut blâmer pour ses choix stratégiques, c’est le système qui rend ces stratégies nécessaires. Et parmi ces citoyens stratèges malgré eux, il y a un groupe en particulier dont on parle trop peu, sinon pour s’en moquer ou les réduire à des rôles folkloriques. Ce sont elles.

“Elles ne dansent pas pour le plaisir.”

À vous qui voyez dans certains comportements électoraux du chantage politique, avez-vous seulement regardé qui tient ces cartes d’électeur tendues comme des ultimatums ? Avez-vous écouté les voix derrière ces cris ? Ce ne sont pas des acteurs cyniques de la démocratie. Ce sont, bien souvent, des femmes. Des mères. Des survivantes.

Celles qu’on applaudit quand elles chantent et dansent au passage d’un cortège politique, mais qu’on oublie sitôt la sono éteinte.

Elles ont quitté l’école bien trop tôt. Grossesses précoces, manque de moyens, devoir de “faire leur part” imposé dès l’adolescence. Certaines subissent des violences financières silencieuses dans leur foyer. D’autres, mères célibataires, vivent de la vente de manioc, de piment ou d’aubergines sur les étals poussiéreux, sous un soleil qui ne fait crédit à personne.

Elles n’ont pas de syndicats. Pas de réseau. Pas de porte-voix. Elles n’ont que ce moment : la période électorale. Trois semaines pour se rappeler au bon souvenir d’un système qui les a reléguées aux marges. Trois semaines pour tenter de négocier, pas un avenir, mais un répit.

Et vous voudriez leur faire la morale ?

Non. Elles ne brandissent pas leur carte pour le plaisir. Elles ne chantent pas pour la gloire. Elles ne dansent pas parce qu’elles y croient encore. Elles dansent parce qu’il faut bien vivre. Parce que, dans cette mise en scène politique où elles ne sont jamais que figurantes, elles ont compris qu’un rôle de plus valait parfois un repas de plus.

Le véritable chantage, ce n’est pas celui qu’elles exerceraient sur les puissants. C’est celui que les puissants exercent sur elles depuis des décennies :
“Danse, soutiens, acclame… peut-être qu’on pensera à toi.”

Alors, à ceux qui dénoncent le “cancer démocratique” du vote intéressé, commencez par regarder la tumeur sociale qu’on laisse proliférer.
Et demandez-vous : qui sont les vrais marchands d’influence ?

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Quand le chantage électoral devient un sport national

À l’approche de l’élection présidentielle, un étrange virus semble se propager à vitesse grand V dans le pays : le chantage électoral. Non, ce n’est pas une épidémie importée ni une mutation génétique. C’est du 100 % made in Gabon.

Une espèce de fièvre qui pousse certains citoyens, entre deux files d’attente à la caisse du Trésor Public, à brandir leur carte d’électeur comme une grenade dégoupillée : « Si tu ne me donnes pas ce que je veux, je vote contre toi. ».

Le dernier épisode de cette tragi-comédie nationale a eu pour décor le Trésor Public. Des agents publics, apparemment fatigués de faire la cour à leur propre rappel salarial, ont décidé de hausser le ton. Mais pas en invoquant la justice sociale ou la responsabilité de l’État. Non, ça c’est trop ringard. Eux, ils sont passés à l’étape supérieure : le chantage politique. « Rendez-nous nos sous sinon on vote Billie-By-Nze ! » Une déclaration plus percutante qu’un slogan de campagne.

L’ironie, c’est que dans cette République en pleine refondation, où l’on aspire à « un nouveau départ », certains citoyens pensent encore que leur bulletin de vote est un jeton de casino qu’ils peuvent troquer contre des faveurs immédiates. Une prime, une route, un poste, ou un rappel impayé, tout est bon pour transformer l’élection en marché de dupes.

Soyons clairs : le vote n’est pas une faveur que l’on accorde à celui qui a le chéquier le plus fourni. C’est un acte civique. Un engagement pour l’avenir. Une responsabilité. Voter en échange d’un avantage personnel, c’est comme construire une maison sur du sable en espérant qu’elle tienne pendant la saison des pluies.

Le chantage électoral est un cancer démocratique. Et comme tout cancer, il commence petit : un murmure dans une file d’attente, une menace entre collègues, un soupir devant un écran de télé. Puis il se propage. Il gangrène les consciences. Il normalise l’idée qu’on peut troquer le destin collectif contre un intérêt personnel.

Ce comportement est d’autant plus inquiétant que l’élection présidentielle ne concerne pas uniquement ceux qui ont des rappels à percevoir ou des factures à éponger. Elle concerne les retraités sans pension, les jeunes en quête d’avenir, les agriculteurs oubliés de la politique, les enfants qui n’ont pas encore l’âge de voter mais qui en subiront les conséquences pendant les sept prochaines années. En résumé : tout le pays.

Alors, chers compatriotes, à tous ceux qui s’improvisent vendeurs de bulletins ou marchands d’influence, un petit rappel et pas celui du Trésor : votre voix n’a pas de prix. Elle a une valeur. Et cette valeur, c’est celle du pays que vous voulez léguer. Si vous votez pour le plus offrant, ne vous étonnez pas que demain, ce même “offrant” transforme vos droits en options payantes.

Oui, la frustration est légitime. Oui, réclamer ce qui vous est dû est une exigence normale. Mais non, on ne règle pas ses comptes dans les urnes en menaçant de voter pour « l’autre camp » comme on choisit un plat au restaurant parce que le serveur a tardé à vous répondre.

Le Gabon mérite mieux. Il mérite des citoyens exigeants, pas des électeurs en solde.

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Vote contre billets ou vote pour ta vie ?

Vous soutenez un candidat, vous le suivez, vous scandez son nom, vous relayez ses slogans… jusqu’au jour où il n’y a plus d’argent, plus de gadgets, plus de kits alimentaires. Là, comme par magie, l’engagement s’effondre. La conviction s’évapore. Et vous menacez de donner vos voix à « quelqu’un d’autre ». N’importe qui. Pourvu qu’il paie.

Quel pays, oui. Mais surtout : quels électeurs !

Quand avez-vous décidé que votre avenir valait un tee-shirt et un paquet de riz ? À quel moment avez-vous accepté d’être réduits à des bœufs qu’on mène à l’abattoir électoral à coups de billets sales et de dons intéressés ? Les élections sont une arme, un levier, un outil de transformation. Un rendez-vous crucial où l’on ne joue pas seulement à la politique : on décide de son pain quotidien, de l’école de ses enfants, de la route qu’on empruntera demain, ou du courant qu’on n’aura toujours pas dans deux ans.

Et vous ? Vous attendez des goodies.

Chaque période électorale, c’est la même scène grotesque. Des foules prêtes à vendre leur voix à celui qui donne le plus. Pas celui qui promet des réformes crédibles. Pas celui qui propose un projet pour la nation. Non. Celui qui arrose le mieux. Et demain, quand le prix du pain grimpe, quand l’hôpital vous ferme ses portes, quand les promesses s’envolent, vous criez au scandale ? Soyez sérieux.

Il est temps de vous réveiller. De voter en conscience. De lire, d’écouter, de comparer. Pas d’applaudir celui qui distribue des sacs de riz mais celui qui vous parle comme à des citoyens. Le vote, ce n’est pas un troc. C’est un engagement. Ce n’est pas une aumône. C’est un pouvoir.

À force de voter pour ceux qui vous achètent, ne vous étonnez plus d’être gouvernés par ceux qui vous méprisent.

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L’heure est à la décision. Encore une fois.

On nous demande de voter. De “faire notre part”.
Comme si cette part n’avait pas déjà été mille fois trahie par ceux-là mêmes qui la réclament aujourd’hui.

Mais toi…
Toi, pour quoi tu votes ?

On parle beaucoup des kounabelistes.
Ceux qui ont renoncé. Ceux qui ne se battent plus pour les idées, mais pour la survie.
Ils échangent leur dignité contre une enveloppe. Leur bulletin contre un plat de riz. Ils appellent ça du réalisme. Et rient de ceux qui rêvent encore.

Mais on parle moins de ces familles bien installées dans le système.
Celles pour qui le vote n’est pas un choix politique, mais une dette familiale.
On ne vote pas pour un projet.
On vote pour ne pas être celui qui a trahi, celui qui a tourné le dos quand “la famille avait besoin”. Peu importe que l’élu soit un voleur. Au moins, il pense à nous. Il partage les miettes de ses milliards.

On parle encore moins de ces jeunes sans repères, qui n’ont plus que des exemples corrompus à imiter.
Ils savent que ces gens volent. Ils le disent. Mais ils veulent faire pareil.
Parce qu’ils ont compris que dans ce pays, c’est souvent le vice qui gagne. Et que le mérite ne paie plus.

Et puis il y a ceux dont on ne parle jamais.
Ceux qui voient leurs libertés grignotées, jour après jour.
Ceux qui ont des convictions, mais aucune option.
Pris en étau entre des candidats qui ne leur ressemblent pas.
Ils ne veulent pas choisir entre la peste et le choléra. Mais on leur dit qu’ils doivent choisir. Pour la paix. Pour la stabilité. Pour la forme.

Et maintenant, il y a cette nouvelle diversion :
La guerre des diplômes.
Une guerre de classes déguisée, où l’on méprise celui qui a étudié.
On entend : “Les intellectuels ont fait quoi ?”, comme si comprendre le système rendait complice.

Et s’il faut reconnaître que des générations de hauts cadres diplômés ont failli,
mettre leur échec sur le dos du diplôme reste une stupidité sans nom.

La vérité, c’est que là où on parle de diplôme, ce sont toujours les mêmes qui se partagent le gâteau.
Les riches veulent rester riches, et ils sont prêts à tout pour le rester.
Mais croyez-moi : le moins nanti qui rêve d’avoir sa place… rêve aussi d’y rester à vie.

Ce n’est donc ni une question de diplôme,
ni même une question de classe.
Le vrai combat, c’est celui de la probité.
De cette valeur que beaucoup revendiquent mais que très peu incarnent.

On se bat pas contre des noms.
On se bat contre un imaginaire rongé.
Contre des générations d’arrangements, de renoncements, d’habitudes et de silences qui nous étouffent.

Et quand on essaie de rappeler les faits, de remettre un peu de clarté dans le brouillard,
on nous oppose des slogans, des postures, des réflexes conditionnés.
Mais non :
ce n’est pas parce qu’un homme parle bien qu’il ment.
Et ce n’est pas parce qu’un autre parle mal qu’on doit lui donner le bon Dieu sans confession.

Alors une dernière fois :
Toi… pour quoi tu votes ?

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Projet Oligui Nguéma : Des promesses, en veux-tu ? En voilà !

Alors que le Gabon s’apprête à vivre une élection présidentielle historique, le projet de société du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, porté par la transition post-coup d’État, se veut celui d’une renaissance nationale. Entre volonté de rupture avec l’ancien régime, réformes ambitieuses et réaffirmation de la souveraineté, que peut-on retenir de ce programme ?

Une volonté de refondation politique assumée

Les atouts d’un projet de rupture

Le projet s’inscrit dans une dynamique de refonte institutionnelle profonde. S’appuyant sur une transition militaire présentée comme un « coup de la libération », le candidat mise sur une refondation politique complète. Parmi les propositions phares figurent :

  • Une nouvelle Constitution, soumise à référendum, pour garantir des institutions renouvelées.
  • Un Code électoral repensé afin d’assurer la transparence des scrutins.
  • L’organisation d’un Dialogue national inclusif (DNI) pour reconstruire le contrat social et restaurer la confiance citoyenne.
  • Une décentralisation affirmée, avec un transfert de compétences vers les collectivités locales et un renforcement de la gouvernance territoriale.

Les limites d’un pouvoir toujours centralisé

Cependant, derrière cette volonté de réforme, le programme maintient une centralisation forte autour de l’exécutif. La conduite des réformes et les grands chantiers restent dans les mains de l’État central, soulevant des inquiétudes sur une possible dérive autoritaire, accentuée par le passé militaire du candidat. Par ailleurs, l’indépendance de la justice, bien que mentionnée, reste peu détaillée dans sa concrétisation institutionnelle.

Un projet économique ambitieux, mais à clarifier

Des initiatives fortes pour la souveraineté économique

Sur le plan financier, le projet affiche une volonté de maîtriser la dette publique, avec notamment le remboursement anticipé d’un eurobond. Il prévoit également le rachat d’actifs stratégiques, comme Assala Energy et la SNBG, pour renforcer la souveraineté sur les ressources naturelles. Parmi les mesures marquantes :

  • Création d’une Banque publique pour l’entrepreneuriat (BCEG) dotée d’un fonds de 20 milliards FCFA à destination des jeunes.
  • Recours accru aux Partenariats Public-Privé (PPP) pour financer les infrastructures (ports, routes, hôpitaux…).

Des flous budgétaires persistants

Malgré ces orientations, le coût global du programme n’est pas chiffré de manière détaillée. Les investissements annoncés – dans les infrastructures, l’agriculture, la digitalisation ou la défense – sont ambitieux, mais aucune projection pluriannuelle n’est fournie. Le risque d’une dépendance persistante aux recettes extractives (pétrole, mines) reste également élevé, malgré les intentions affichées de diversification économique.

Une vision sociale inclusive mais perfectible

Une ambition d’inclusion à large spectre

Sur le plan social, le projet affirme une orientation fortement inclusive, ciblant la jeunesse, les femmes, les personnes en situation de handicap, les retraités ou encore les populations marginalisées. Il prévoit :

  • Des investissements dans l’éducation et la santé (pôles hospitaliers, réhabilitation des écoles, retour des bourses).
  • Un soutien renforcé à l’emploi des jeunes (formation, alternance, soutien aux startups).
  • Une réforme des systèmes de protection sociale (CNSS, CNAMGS, CPPF).

Des objectifs sociaux encore flous

Cependant, plusieurs mesures phares manquent de précisions techniques : la promesse « Un Gabonais, un titre foncier » ou la réforme du logement social souffrent d’un manque de cadrage opérationnel. En outre, aucun indicateur d’impact social chiffré n’est présenté pour mesurer les progrès en matière de pauvreté, chômage ou inégalités. Enfin, le rôle très central de l’État dans tous les domaines laisse peu de place aux initiatives citoyennes ou privées.

Le projet d’Oligui Nguema se présente comme celui d’un changement en profondeur, porté par une transition exceptionnelle. Si les ambitions sont grandes et les chantiers multiples, la réussite dépendra de la capacité à concrétiser, chiffrer et équilibrer les pouvoirs, tout en impliquant durablement la société civile et les acteurs non étatiques.

Cependant, cette vision soulève aussi une interrogation de fond : le respect effectif des engagements. Depuis sa prise de pouvoir, plusieurs promesses formulées par le Général – notamment en matière de transparence, de réformes urgentes ou de calendrier de transition – ont été partiellement tenues ou repoussées. Cette tendance à l’ajustement en cours de route appelle à la vigilance et au suivi rigoureux de l’exécution de son programme. Au-delà des intentions affichées, c’est la cohérence entre le discours et l’action qui permettra de juger de la portée réelle de ce projet de société.

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Dr Iloko : un projet plein de rêves…

Faute de mécanismes concrets, de chiffrages précis et de stratégies réalistes, ce projet ressemble davantage à un rêve inspirant qu’à un véritable plan d’action gouvernemental.

1. Une ambition infrastructurelle impressionnante, mais irréaliste ?

Le projet du Dr Iloko prévoit la construction de 2000 salles de classes par an à l’échelle nationale. Cette ambition, bien qu’indéniablement louable dans l’optique de désengorger les établissements scolaires, soulève d’importantes interrogations quant à sa faisabilité. À titre de comparaison, le Complexe Scolaire d’Alibandeng, avec ses 45 classes pour 2000 élèves, servirait d’unité de mesure. Répliquer 45 fois ce modèle chaque année équivaudrait à une capacité annuelle supplémentaire de 90 000 places.
Cela représente une charge financière colossale. En prenant en compte qu’un établissement complet (pré-primaire, primaire, secondaire) peut coûter entre 2,5 et 5 milliards FCFA, le budget annuel pour atteindre cet objectif serait compris entre 112,5 et 225 milliards FCFA. À cela s’ajoutent les coûts de fonctionnement, de maintenance, de recrutement du personnel et de fourniture de matériel pédagogique. Peu d’éléments concrets dans le projet permettent de savoir comment ce financement serait sécurisé et soutenable dans la durée.

2. “Redonner la dignité aux enseignants” : un slogan vide de mesures concrètes

La promesse de « redonner la dignité aux enseignants » est répétée à plusieurs reprises dans le projet du Dr Iloko. Pourtant, aucune mesure précise n’est proposée pour traduire cette déclaration d’intention en actions concrètes. Le projet n’évoque ni revalorisation salariale, ni plan de formation continue, ni amélioration des conditions de travail, ni perspectives de développement professionnel.
Il en résulte une lacune flagrante dans la compréhension des défis que rencontrent les enseignants gabonais. Restaurer leur dignité ne peut se résumer à une proclamation : cela nécessite un engagement fort, structuré et mesurable, tant sur le plan matériel (traitement, équipements, sécurité) que symbolique (statut, reconnaissance sociale, perspectives d’évolution).

3. L’enseignement supérieur : entre grands chantiers et précipitation

La construction annoncée de 9 universités et 9 bibliothèques universitaires modernes, ainsi que de 2000 logements universitaires, montre une volonté claire d’expansion. Cependant, cette vision ne prend pas en compte les ressources humaines qualifiées nécessaires, la planification urbaine, ou encore les besoins logistiques d’un tel programme.
De plus, le système d’échanges internationaux soutenu par des allocations de 150 000 à 200 000 FCFA est séduisant, mais peu détaillé : Quels critères ? Quelle durée ? Quelle prise en charge réelle ? Ce volet semble davantage refléter une volonté d’attractivité qu’une stratégie pérenne pour améliorer la qualité globale de l’enseignement supérieur gabonais.

4. Un projet éducatif globalement déséquilibré

En somme, le volet éducatif du programme du Dr Iloko met l’accent sur la quantité plutôt que sur la qualité. Il propose un bond en avant en matière d’infrastructures, mais sans vision cohérente sur les moyens humains, pédagogiques et budgétaires nécessaires à leur mise en œuvre et à leur fonctionnement.


L’absence de priorisation, de phasage des projets, et de budget détaillé laisse planer le doute sur la viabilité de ces engagements. Or, un système éducatif performant repose avant tout sur la qualité de son encadrement, la formation des enseignants, la stabilité des ressources et la pertinence des programmes.

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