Présidentielles2025

GabonOpinionPrésidentielles2025

Vote contre billets ou vote pour ta vie ?

Vous soutenez un candidat, vous le suivez, vous scandez son nom, vous relayez ses slogans… jusqu’au jour où il n’y a plus d’argent, plus de gadgets, plus de kits alimentaires. Là, comme par magie, l’engagement s’effondre. La conviction s’évapore. Et vous menacez de donner vos voix à « quelqu’un d’autre ». N’importe qui. Pourvu qu’il paie.

Quel pays, oui. Mais surtout : quels électeurs !

Quand avez-vous décidé que votre avenir valait un tee-shirt et un paquet de riz ? À quel moment avez-vous accepté d’être réduits à des bœufs qu’on mène à l’abattoir électoral à coups de billets sales et de dons intéressés ? Les élections sont une arme, un levier, un outil de transformation. Un rendez-vous crucial où l’on ne joue pas seulement à la politique : on décide de son pain quotidien, de l’école de ses enfants, de la route qu’on empruntera demain, ou du courant qu’on n’aura toujours pas dans deux ans.

Et vous ? Vous attendez des goodies.

Chaque période électorale, c’est la même scène grotesque. Des foules prêtes à vendre leur voix à celui qui donne le plus. Pas celui qui promet des réformes crédibles. Pas celui qui propose un projet pour la nation. Non. Celui qui arrose le mieux. Et demain, quand le prix du pain grimpe, quand l’hôpital vous ferme ses portes, quand les promesses s’envolent, vous criez au scandale ? Soyez sérieux.

Il est temps de vous réveiller. De voter en conscience. De lire, d’écouter, de comparer. Pas d’applaudir celui qui distribue des sacs de riz mais celui qui vous parle comme à des citoyens. Le vote, ce n’est pas un troc. C’est un engagement. Ce n’est pas une aumône. C’est un pouvoir.

À force de voter pour ceux qui vous achètent, ne vous étonnez plus d’être gouvernés par ceux qui vous méprisent.

Je te dis tout

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L’heure est à la décision. Encore une fois.

On nous demande de voter. De « faire notre part ».
Comme si cette part n’avait pas déjà été mille fois trahie par ceux-là mêmes qui la réclament aujourd’hui.

Mais toi…
Toi, pour quoi tu votes ?

On parle beaucoup des kounabelistes.
Ceux qui ont renoncé. Ceux qui ne se battent plus pour les idées, mais pour la survie.
Ils échangent leur dignité contre une enveloppe. Leur bulletin contre un plat de riz. Ils appellent ça du réalisme. Et rient de ceux qui rêvent encore.

Mais on parle moins de ces familles bien installées dans le système.
Celles pour qui le vote n’est pas un choix politique, mais une dette familiale.
On ne vote pas pour un projet.
On vote pour ne pas être celui qui a trahi, celui qui a tourné le dos quand « la famille avait besoin ». Peu importe que l’élu soit un voleur. Au moins, il pense à nous. Il partage les miettes de ses milliards.

On parle encore moins de ces jeunes sans repères, qui n’ont plus que des exemples corrompus à imiter.
Ils savent que ces gens volent. Ils le disent. Mais ils veulent faire pareil.
Parce qu’ils ont compris que dans ce pays, c’est souvent le vice qui gagne. Et que le mérite ne paie plus.

Et puis il y a ceux dont on ne parle jamais.
Ceux qui voient leurs libertés grignotées, jour après jour.
Ceux qui ont des convictions, mais aucune option.
Pris en étau entre des candidats qui ne leur ressemblent pas.
Ils ne veulent pas choisir entre la peste et le choléra. Mais on leur dit qu’ils doivent choisir. Pour la paix. Pour la stabilité. Pour la forme.

Et maintenant, il y a cette nouvelle diversion :
La guerre des diplômes.
Une guerre de classes déguisée, où l’on méprise celui qui a étudié.
On entend : « Les intellectuels ont fait quoi ? », comme si comprendre le système rendait complice.

Et s’il faut reconnaître que des générations de hauts cadres diplômés ont failli,
mettre leur échec sur le dos du diplôme reste une stupidité sans nom.

La vérité, c’est que là où on parle de diplôme, ce sont toujours les mêmes qui se partagent le gâteau.
Les riches veulent rester riches, et ils sont prêts à tout pour le rester.
Mais croyez-moi : le moins nanti qui rêve d’avoir sa place… rêve aussi d’y rester à vie.

Ce n’est donc ni une question de diplôme,
ni même une question de classe.
Le vrai combat, c’est celui de la probité.
De cette valeur que beaucoup revendiquent mais que très peu incarnent.

On se bat pas contre des noms.
On se bat contre un imaginaire rongé.
Contre des générations d’arrangements, de renoncements, d’habitudes et de silences qui nous étouffent.

Et quand on essaie de rappeler les faits, de remettre un peu de clarté dans le brouillard,
on nous oppose des slogans, des postures, des réflexes conditionnés.
Mais non :
ce n’est pas parce qu’un homme parle bien qu’il ment.
Et ce n’est pas parce qu’un autre parle mal qu’on doit lui donner le bon Dieu sans confession.

Alors une dernière fois :
Toi… pour quoi tu votes ?

Je te dis tout

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Projet Oligui Nguéma : Des promesses, en veux-tu ? En voilà !

Alors que le Gabon s’apprête à vivre une élection présidentielle historique, le projet de société du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, porté par la transition post-coup d’État, se veut celui d’une renaissance nationale. Entre volonté de rupture avec l’ancien régime, réformes ambitieuses et réaffirmation de la souveraineté, que peut-on retenir de ce programme ?

Une volonté de refondation politique assumée

Les atouts d’un projet de rupture

Le projet s’inscrit dans une dynamique de refonte institutionnelle profonde. S’appuyant sur une transition militaire présentée comme un « coup de la libération », le candidat mise sur une refondation politique complète. Parmi les propositions phares figurent :

  • Une nouvelle Constitution, soumise à référendum, pour garantir des institutions renouvelées.
  • Un Code électoral repensé afin d’assurer la transparence des scrutins.
  • L’organisation d’un Dialogue national inclusif (DNI) pour reconstruire le contrat social et restaurer la confiance citoyenne.
  • Une décentralisation affirmée, avec un transfert de compétences vers les collectivités locales et un renforcement de la gouvernance territoriale.

Les limites d’un pouvoir toujours centralisé

Cependant, derrière cette volonté de réforme, le programme maintient une centralisation forte autour de l’exécutif. La conduite des réformes et les grands chantiers restent dans les mains de l’État central, soulevant des inquiétudes sur une possible dérive autoritaire, accentuée par le passé militaire du candidat. Par ailleurs, l’indépendance de la justice, bien que mentionnée, reste peu détaillée dans sa concrétisation institutionnelle.

Un projet économique ambitieux, mais à clarifier

Des initiatives fortes pour la souveraineté économique

Sur le plan financier, le projet affiche une volonté de maîtriser la dette publique, avec notamment le remboursement anticipé d’un eurobond. Il prévoit également le rachat d’actifs stratégiques, comme Assala Energy et la SNBG, pour renforcer la souveraineté sur les ressources naturelles. Parmi les mesures marquantes :

  • Création d’une Banque publique pour l’entrepreneuriat (BCEG) dotée d’un fonds de 20 milliards FCFA à destination des jeunes.
  • Recours accru aux Partenariats Public-Privé (PPP) pour financer les infrastructures (ports, routes, hôpitaux…).

Des flous budgétaires persistants

Malgré ces orientations, le coût global du programme n’est pas chiffré de manière détaillée. Les investissements annoncés – dans les infrastructures, l’agriculture, la digitalisation ou la défense – sont ambitieux, mais aucune projection pluriannuelle n’est fournie. Le risque d’une dépendance persistante aux recettes extractives (pétrole, mines) reste également élevé, malgré les intentions affichées de diversification économique.

Une vision sociale inclusive mais perfectible

Une ambition d’inclusion à large spectre

Sur le plan social, le projet affirme une orientation fortement inclusive, ciblant la jeunesse, les femmes, les personnes en situation de handicap, les retraités ou encore les populations marginalisées. Il prévoit :

  • Des investissements dans l’éducation et la santé (pôles hospitaliers, réhabilitation des écoles, retour des bourses).
  • Un soutien renforcé à l’emploi des jeunes (formation, alternance, soutien aux startups).
  • Une réforme des systèmes de protection sociale (CNSS, CNAMGS, CPPF).

Des objectifs sociaux encore flous

Cependant, plusieurs mesures phares manquent de précisions techniques : la promesse « Un Gabonais, un titre foncier » ou la réforme du logement social souffrent d’un manque de cadrage opérationnel. En outre, aucun indicateur d’impact social chiffré n’est présenté pour mesurer les progrès en matière de pauvreté, chômage ou inégalités. Enfin, le rôle très central de l’État dans tous les domaines laisse peu de place aux initiatives citoyennes ou privées.

Le projet d’Oligui Nguema se présente comme celui d’un changement en profondeur, porté par une transition exceptionnelle. Si les ambitions sont grandes et les chantiers multiples, la réussite dépendra de la capacité à concrétiser, chiffrer et équilibrer les pouvoirs, tout en impliquant durablement la société civile et les acteurs non étatiques.

Cependant, cette vision soulève aussi une interrogation de fond : le respect effectif des engagements. Depuis sa prise de pouvoir, plusieurs promesses formulées par le Général – notamment en matière de transparence, de réformes urgentes ou de calendrier de transition – ont été partiellement tenues ou repoussées. Cette tendance à l’ajustement en cours de route appelle à la vigilance et au suivi rigoureux de l’exécution de son programme. Au-delà des intentions affichées, c’est la cohérence entre le discours et l’action qui permettra de juger de la portée réelle de ce projet de société.

Je te dis tout

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Dr Iloko : un projet plein de rêves…

Faute de mécanismes concrets, de chiffrages précis et de stratégies réalistes, ce projet ressemble davantage à un rêve inspirant qu’à un véritable plan d’action gouvernemental.

1. Une ambition infrastructurelle impressionnante, mais irréaliste ?

Le projet du Dr Iloko prévoit la construction de 2000 salles de classes par an à l’échelle nationale. Cette ambition, bien qu’indéniablement louable dans l’optique de désengorger les établissements scolaires, soulève d’importantes interrogations quant à sa faisabilité. À titre de comparaison, le Complexe Scolaire d’Alibandeng, avec ses 45 classes pour 2000 élèves, servirait d’unité de mesure. Répliquer 45 fois ce modèle chaque année équivaudrait à une capacité annuelle supplémentaire de 90 000 places.
Cela représente une charge financière colossale. En prenant en compte qu’un établissement complet (pré-primaire, primaire, secondaire) peut coûter entre 2,5 et 5 milliards FCFA, le budget annuel pour atteindre cet objectif serait compris entre 112,5 et 225 milliards FCFA. À cela s’ajoutent les coûts de fonctionnement, de maintenance, de recrutement du personnel et de fourniture de matériel pédagogique. Peu d’éléments concrets dans le projet permettent de savoir comment ce financement serait sécurisé et soutenable dans la durée.

2. « Redonner la dignité aux enseignants » : un slogan vide de mesures concrètes

La promesse de « redonner la dignité aux enseignants » est répétée à plusieurs reprises dans le projet du Dr Iloko. Pourtant, aucune mesure précise n’est proposée pour traduire cette déclaration d’intention en actions concrètes. Le projet n’évoque ni revalorisation salariale, ni plan de formation continue, ni amélioration des conditions de travail, ni perspectives de développement professionnel.
Il en résulte une lacune flagrante dans la compréhension des défis que rencontrent les enseignants gabonais. Restaurer leur dignité ne peut se résumer à une proclamation : cela nécessite un engagement fort, structuré et mesurable, tant sur le plan matériel (traitement, équipements, sécurité) que symbolique (statut, reconnaissance sociale, perspectives d’évolution).

3. L’enseignement supérieur : entre grands chantiers et précipitation

La construction annoncée de 9 universités et 9 bibliothèques universitaires modernes, ainsi que de 2000 logements universitaires, montre une volonté claire d’expansion. Cependant, cette vision ne prend pas en compte les ressources humaines qualifiées nécessaires, la planification urbaine, ou encore les besoins logistiques d’un tel programme.
De plus, le système d’échanges internationaux soutenu par des allocations de 150 000 à 200 000 FCFA est séduisant, mais peu détaillé : Quels critères ? Quelle durée ? Quelle prise en charge réelle ? Ce volet semble davantage refléter une volonté d’attractivité qu’une stratégie pérenne pour améliorer la qualité globale de l’enseignement supérieur gabonais.

4. Un projet éducatif globalement déséquilibré

En somme, le volet éducatif du programme du Dr Iloko met l’accent sur la quantité plutôt que sur la qualité. Il propose un bond en avant en matière d’infrastructures, mais sans vision cohérente sur les moyens humains, pédagogiques et budgétaires nécessaires à leur mise en œuvre et à leur fonctionnement.


L’absence de priorisation, de phasage des projets, et de budget détaillé laisse planer le doute sur la viabilité de ces engagements. Or, un système éducatif performant repose avant tout sur la qualité de son encadrement, la formation des enseignants, la stabilité des ressources et la pertinence des programmes.

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GabonOpinionPrésidentielles2025Société

Et tout à coup, ils devinrent apolitiques

Il fut un temps, pas si lointain, où certains d’entre vous étaient des références en matière d’analyse politique. Rien n’échappait à votre œil aguerri : les décisions du gouvernement, les dérapages des membres du PDG, les comportements douteux des uns et des autres. Vous exigiez un pays nouveau, un pays juste, un pays où la morale guiderait enfin l’action publique. Vous étiez l’arme ultime contre l’hypocrisie et la compromission. Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, vous êtes devenus amnésiques. Pire, vous êtes devenus apolitiques. Ce qui était une abomination hier est une « réalité complexe » aujourd’hui. Ce que vous combattiez avec ferveur est maintenant une « nuance » que vous expliquez avec des pirouettes linguistiques. Tout ça pourquoi ? Parce que, subitement, ce n’est plus l’ennemi qui agit ainsi, c’est votre ami, votre cousin, votre voisin, votre mentor.

Hier encore, vous étiez les hérauts de la transparence, de l’équité et de la déontologie. Vous scrutiez les moindres faits et gestes des politiques comme un professeur vérifiant une copie truffée de fautes. Mais aujourd’hui, quand les mêmes erreurs sont commises par vos proches, vous avez soudainement perdu la vue. Vous ne voyez plus rien, vous n’entendez plus rien, vous ne dites plus rien, vous ne tweetez plus rien.

Lorsque les partisans du PDG adoptaient une telle attitude envers leur leader, on les accusait de cultiver des comportements archaïques. Mais désormais, la complaisance a changé de camp, et les justifications pleuvent comme des feuilles mortes en saison sèche. Au final, respectons les choix politiques de chacun et ne cultivons pas la dictature de la pensée unique. Ils doivent bien rire de vous, ceux que vous critiquez autrefois.

Votre indignation était-elle sincère ou juste une posture ? Vos combats d’hier étaient-ils un engagement ou un prétexte pour mieux occuper le terrain politique jusqu’à ce que les vôtres soient en place ? Le changement que vous prêchiez, était-il un vrai projet ou juste un slogan de campagne ?

Le problème, ce n’est pas seulement que vous avez changé d’avis. C’est que vous devenez ce que vous dénonciez. À force de fermer les yeux sur les travers de votre camp, vous cautionnez ce que vous condamn(i)ez. À force de justifier l’injustifiable, vous transformez votre combat en comédie.

La vérité, c’est que si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, vous savez que vous avez trahi vos propres convictions. Mais il n’est jamais trop tard pour revenir à l’essentiel : ce n’était pas une question de personnes, mais de principes. Ce n’était pas une lutte contre un parti, mais contre un système. Ce n’était pas une question de qui est au pouvoir, mais de comment on l’exerce.

Alors, réveillez-vous. Rappelez-vous pourquoi vous vous êtes levés un matin avec la conviction qu’il fallait du changement. Ne laissez pas l’amitié, la parenté ou l’opportunisme détourner votre boussole morale. Parce que sinon, vous aurez juste été un de plus dans cette longue liste de militants saisonniers, ceux qui s’indignent un jour et se taisent le lendemain. Et franchement, le pays a déjà assez de girouettes comme ça, on devrait songer à investir dans l’énergie éolienne.

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Êtes-vous sûrs que les choses vont changer au Gabon?

Moi, je n’y crois plus.

Il y a 20 ans, j’assistais à ma première campagne. Je n’avais pas encore l’âge de voter, mais j’observais curieusement l’effervescence autour de ces élections présidentielles de 2005, les « associations » qui se formaient pour réserver un « accueil chaleureux », des hymnes à la gloire des valeureux candidats et ce en toutes les langues  du Gabon, les médias qui relayaient les meetings de chacun tout en valorisant grandement le principal candidat – OBO à l’époque.

4 ans plus tard alors qu’OBO nous quittait en 2009 et que l’intérim de Mme Rogombe se terminait, un scrutin électoral imprévu s’est organisé. A cette époque, j’étais en pleine adolescence. Je ne votais toujours pas mais la campagne était un vrai moment de “groove”.  Il y avait des rassemblements partout dans les quartiers pour “s’inscrire” dans des associations de circonstance. La course aux gadgets, aux tee-shirts et aux  billets de “2.000 frs” était lancée! 

En 2016, c’était une atmosphère différente. Je voyais comment les gens venaient frapper aux portes pour supplier de rejoindre leur associations ou mouvements pour en gros “faire le nombre”.  J’avais atteint l’âge légale de vote mais je ne votais pas (soucis administratifs). Avec des personnalités de la majorité devenues désormais opposantes et un nombre important de candidats le choix aurait été difficiles. Mais de toutes façons je ne pense pas que mon vote aurait été pris en compte vu la tournure après résultats.

2023 on a eu droit à la totale ! Des votants qui se déportaient, des promesses toujours plus grandes, mais aussi et surtout les réseaux sociaux qui étaient la source d’informations par excellence. En vérité on pouvait voir à quel point les gabonais avaient hâte de changements.  J’ai assisté à 2ou 3 discours de campagne via les réseaux sociaux (flemme!) J’ai voté pour la première fois et ma voix m’a été volée. La suite on l’a connait tous.

2 ans après on est encore là à devoir faire un choix sur qui sera notre président. Les candidats sont connus.  J’aurai aimé dire qu’après le régime Bongo c’est la seule élection durant laquelle je pourrai voter et être entendu mais … non. Je suis confuse et réticente. Les candidats en liste ne m’inspirent aucune confiance. Le candidat dit favori a décidé de pendre comme héritage la façon de faire de ses prédécesseurs. Payer les futurs votants, faire danser les foules, organiser des situations gênantes (grève de la faim, remise de dons financier d’étudiants au candidat, discours parsemé de louanges, etc.), c’est le même procédé qui se répète, la même formule magique pour “gagner”.

Au fil des années, les candidats changent mais à notre plus grand désarroi, le constat reste le même à chaque fois.

Les foules habillés à l’effigie des candidats remplissent les stades et autres endroits populaires, les baffles pestent de partout diffusant les sons de campagnes,  les foules écoutent religieusement le message du candidat présent. Un discours ponctué d’interjections du public comme pour valider les dires de l’homme politique. Après chaque meeting terminé et après le candidat parti, des files se forment automatiquement pour la distribution des billets.

Globalement, le processus en période de campagne électorale est resté le même. Au vu de ce constat, peut-on espérer que notre pays connaîtra un véritable changement un jour ?

Dans ce cas, ai-je vraiment l’obligation de voter ?

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Le cercle du pouvoir : les chuchoteurs, les pions et les revenants

La politique gabonaise est un théâtre où se jouent des drames bien connus, mais souvent mal compris. Si l’on se focalise sur le chef, on oublie qu’il n’est pas seul à la barre. Autour de lui, il y a ceux qui murmurent, ceux qui exécutent et ceux qui, après avoir été mis de côté, reviennent avec un discours révolutionnaire.

Les chuchoteurs : maîtres du jeu dans l’ombre

Derrière chaque décision présidentielle, il y a un cercle restreint d’individus qui influencent les orientations du pouvoir. Ce ne sont pas forcément des ministres ou des figures publiques, mais ce sont eux qui, en coulisses, tirent les ficelles. Ce sont eux qui soufflent des idées à l’oreille du chef, qui orientent ses choix, qui déterminent qui reste et qui saute.

Et personne ne les aime !

Pourquoi ? Parce qu’ils ne se battent pas pour le bien du pays, mais pour la préservation de leur propre influence. Leur devise : la fin justifie les moyens. Ils n’ont pas d’idéologie propre, si ce n’est celle qui leur permet de rester au sommet. Ce sont eux qui dressent le chef contre certains de ses alliés, qui manipulent les conflits internes pour garder la main. Et souvent, le chef finit par préférer leurs chuchotements aux cris du peuple.

Les pions jetables : loyaux, mais remplaçables

Ceux qui sont en première ligne du pouvoir, les ministres, les directeurs, les cadres du parti, ne sont en réalité que des pions. Ils reçoivent des ordres qu’ils ne contestent pas toujours, mais ils savent qu’ils ne sont pas intouchables. Leur destin dépend de l’humeur du chef et, surtout, des intérêts des chuchoteurs.

Dans l’histoire politique récente du Gabon, on a vu ces jeux d’influence mener à des tensions internes. Des figures qui pensaient être solidement ancrées dans le système ont été écartées sans ménagement. Certains, piqués dans leur orgueil, se sont alors transformés en opposants acharnés.

Les revenants : la revanche des frustrés

Le phénomène est récurrent. Ceux qui ont longtemps profité du système, mais qui ont fini par en être exclus, découvrent soudainement les vertus de la démocratie, de la transparence et du bien-être du peuple. Avant, ils étaient muets sur les abus du régime. Mais dès qu’ils perdent leurs privilèges, ils dénoncent l’injustice, l’autoritarisme et le clientélisme.

Beaucoup d’opposants ces dernières années ne sont en réalité que des exilés du pouvoir, frustrés d’avoir été mis de côté. Leur combat n’est pas toujours idéologique, mais souvent personnel : ils veulent récupérer leur place. C’est à ce moment-là qu’ils deviennent de fervents défenseurs du peuple et qu’ils veulent rompre avec l’ancien régime… auquel ils ont pourtant appartenu.

La responsabilité du chef : entre populisme et argent

Il serait injuste de ne blâmer que l’entourage. Le chef, lui aussi, a sa part de responsabilité.Ce qui a affaibli les dirigeants gabonais, ce n’est pas leur manque d’idées. Certains avaient même des ambitions réelles pour le pays. Mais à force d’écouter les mauvaises personnes, à force d’aimer les chuchotements plus que la vérité, ils ont perdu pied.

Ensuite, il y a l’attrait du populisme et de l’argent. Gouverner, ce n’est pas seulement plaire à la population en lançant des promesses grandiloquentes. C’est aussi prendre des décisions impopulaires, mais nécessaires. Beaucoup de chefs ont préféré les discours flatteurs aux réformes courageuses. Et c’est ainsi qu’ils se sont enfermés dans un cercle vicieux où l’argent et le pouvoir ont pris le pas sur le bien commun.

Un cycle sans fin ?

La politique gabonaise fonctionne comme une boucle. Les mêmes dynamiques se répètent : un chef s’entoure de chuchoteurs, écarte certains pions, voit des frustrés rejoindre l’opposition, puis finit par tomber à son tour.

Ce qui devait être un combat d’idées se transforme alors en une lutte d’influences, où l’objectif principal n’est pas d’améliorer le quotidien des citoyens, mais de contrôler les leviers du pouvoir. Pendant ce temps, le peuple, lui, reste spectateur d’un jeu qui ne change jamais vraiment les règles.

Mais est-ce une fatalité ? Faut-il accepter que la politique gabonaise soit condamnée à ce schéma immuable ? Rien n’est écrit d’avance. Si un jour l’intérêt collectif prend réellement le dessus sur les jeux d’ego et de pouvoir, alors peut-être que cette boucle pourra enfin être brisée. Mais pour cela, encore faut-il que ceux qui dirigent, comme ceux qui aspirent à diriger, aient le courage de choisir le peuple plutôt que leur propre survie politique.

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Les « bœufs votants » reprennent du service !

La campagne présidentielle est lancée, et avec elle, une tradition aussi vieille que les promesses non tenues : le retour triomphal des « bœufs votants ». Ces électeurs professionnels, capables d’acclamer un candidat le matin et son adversaire l’après-midi, sont de nouveau sur le terrain, prêts à jouer leur rôle dans le grand cirque électoral.

Le scénario est bien huilé. Des bus réquisitionnés, des minibus bondés, des foules déversées sur les lieux de meetings où elles feignent une ferveur débordante. On applaudit, on danse, on scande des slogans à s’en casser la voix. Et demain ? Même scénario, autre candidat. Parce qu’au fond, peu importe qui parle, du moment que les billets tombent et que les sandwiches sont bien garnis.

Cette mascarade donne lieu à des situations cocasses. Certains « militants » zélés enchaînent les meetings jusqu’à l’épuisement, oubliant parfois pour qui ils étaient censés manifester la veille. D’autres, moins discrets, n’hésitent pas à arborer des t-shirts de différents partis, parfois en superposition, prêts à les retourner au gré des besoins.

Et bien sûr, les organisateurs de meetings rivalisent d’ingéniosité pour attirer ces soldats de la figuration. Billets de banque glissés à la va-vite, sacs de riz promis pour les plus fidèles, voire, pour les « VIP » de la manipulation électorale, un petit poste de conseiller décoratif après la victoire.

Le problème, c’est que cette agitation cache un vide abyssal. Quand on gratte un peu, on se rend compte que ces rassemblements ne sont pas le reflet d’un engouement populaire, mais plutôt d’une industrie de la mobilisation financée à coup de billets et de promesses en carton. La démocratie ? Elle attend sagement son tour, coincée entre deux meetings et un chargement de tee-shirts flambant neufs.

Alors, que restera-t-il après la fête ? Une montagne de casquettes abandonnées, des affiches arrachées et une population qui, elle, continuera de subir les conséquences des choix qu’elle n’aura pas réellement faits. Mais d’ici là, que le spectacle continue ! Et surtout, n’oubliez pas : aujourd’hui, on crie pour un tel, demain pour un autre. L’important, c’est que le bus soit à l’heure.

L’objectif c’est c’est d’avoir le “gombo” de la campagne. On doit manger à toutes les tables, on en oublie même que c’est l’avenir de notre pays et le nôtre qui sont en jeu. POUR VOUS QUOI ? MAKAYA !!!

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Oligui, le bâtisseur ! Mais pas que…

Si vous vous attendez ici à un article qui encense le Président de la Transition, vous lisez le mauvais texte. Loin des médias nationaux qui donnent dans la propagande, il serait de bon ton aussi de rappeler que le Général n’a pas toujours tenu sa parole…

Pour ceux qui n’iront pas beaucoup plus loin dans cet article, je tiens à rappeler que je ne cite que des faits vérifiables à travers les déclarations faites ici et là. Ça ne sert à rien de me tenir la jambe. Je n’ai rien inventé.

Ceci dit, pour ceux qui ont un peu fait attention, on a tous constaté une gymnastique particulière des différentes institutions, qui auraient dû être restaurées, pour répondre aux besoins du Président de la Transition. De la première version de la Charte qui l’empêchait de se présenter à la nouvelle version de la Constitution, tout est mis en place pour paver le chemin du Général de Brigade.

Autour de lui, d’anciens opposants et des PDGistes mis de côté par l’ancien régime : une cour de partisans uniquement là pour atteindre ses desseins. Rappelons-le, BCON a lu Machiavel… qui défend dans Le Prince l’idée qu’un dirigeant peut utiliser la ruse et la perception pour maintenir son pouvoir, affirmant même que l’apparence de la vertu peut être plus importante que la vertu elle-même et que les dirigeants doivent parfois user de tromperie. Dès lors, on peut clairement se dire qu’il n’a jamais été question de partir après la transition.

Modification de la Charte de la Transition
Initialement, la Charte de la Transition stipulait clairement que le Président de la Transition ne pouvait pas se présenter aux futures élections. Un gage de bonne foi censé rassurer les populations sur la sincérité du coup de libération. Mais comme par enchantement, la révision de cette charte a progressivement ouvert la porte à une candidature du Général. Une stratégie bien ficelée où l’on change les règles du jeu au fil du temps pour s’assurer un avenir politique.

Loi pour la polygamie
En pleine période de transition, une loi est adoptée permettant aux membres de l’armée d’être polygames. Coïncidence ? Pas vraiment. Cette loi semble taillée sur mesure pour le Président, dont la situation matrimoniale était déjà connue de tous. Par exemple, il était de notoriété publique qu’il entretenait plusieurs relations avant même cette loi, ce qui rend cette réforme pour le moins suspecte. Pendant ce temps, d’autres réformes essentielles attendent encore, comme la modernisation du système judiciaire ou l’amélioration des services publics.

Main tremblante devant les actions de certains
D’un côté, Oligui prône une politique de tolérance zéro contre la corruption et les abus de l’ancien régime. De l’autre, il ferme les yeux sur les dérives de son entourage. Son propre frère, surnommé l’enfant, a été épinglé pour des faits de malversation, mais cela n’a en rien affecté son influence politique. On pourrait aussi citer des figures du PDG aujourd’hui en poste, malgré leur implication passée dans la mauvaise gestion des affaires publiques. Cette indulgence sélective interroge sur la sincérité de la lutte contre les abus.

Responsable de rien
« Tu me les enlèves », disait-il en parlant des incompétents. Mais qui, au Gabon, donne réellement les directives concernant l’utilisation du budget ? La gestion des priorités budgétaires semble erratique : certains projets purement populistes reçoivent des financements immédiats, pendant que des secteurs clés comme la santé et l’éducation restent sous-financés. L’augmentation de la dette devient inévitable pour répondre à ces choix discutables, qui ne servent souvent qu’à soigner l’image du pouvoir en place.

Retour du tribalisme et de la xénophobie
Lorsqu’un gouvernement manque de propositions concrètes, il lui faut un bouc émissaire. Ces derniers mois, les discours tribalistes et xénophobes sont utilisés comme un outil de diversion politique. Des figures publiques, y compris certains ministres, ont tenu des propos ouvertement discriminatoires sans jamais être rappelés à l’ordre. Ce climat contribue à diviser les Gabonais et détourne l’attention des véritables problèmes économiques et sociaux du pays.

Oligui, le bâtisseur ? Peut-être. Mais gouverner, ce n’est pas que construire des routes et poser des premières pierres. C’est aussi assumer ses engagements, faire preuve de cohérence et ne pas instrumentaliser les institutions à des fins personnelles.

On est encore loin du compte. Mais bon… on va y arriver, « un peu un peu ».

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Présidentielle 2025 au Gabon : Festival d’amateurisme et course à la célébrité éphémère

À quelques semaines seulement de l’élection présidentielle gabonaise, le pays vient d’assister à un spectacle haut en couleur : un concours inédit de plaisantins, venus plus pour décrocher leur quart d’heure de célébrité que pour gouverner sérieusement.

Parmi les raisons invraisemblables ayant entraîné le rejet des dossiers figurent, pour plusieurs d’entre eux, l’absence d’actes de naissance légalisés (faut-il rappeler qu’il s’agit d’une candidature présidentielle et que même pour une inscription au collège, on demande un acte de naissance légalisé ?), l’incapacité à justifier la caution de 30 millions de FCFA (finalement, les internautes gabonais avaient peut-être raison de demander à chaque nouvelle déclaration de candidature si la personne avait 30 millions), ou encore l’oubli risible de la lettre officielle de candidature (peut-être une stratégie révolutionnaire pour manifester leur « différence » ?). On a même eu une candidate qui n’a pas pu fournir des photos en noir et blanc. Seigneur, sommes-nous revenus à l’époque où seul le studio photo Troisième Œil était habilité à fournir des photos officielles et était fermé chaque fois qu’elle y passait ?

Parmi tous ces farceurs, la palme revient à deux candidats. Le premier, Pierre Claver Maganga Moussavou, parfaitement conscient d’avoir dépassé la limite d’âge, mais qui, visiblement nostalgique de ses multiples tentatives précédentes à la présidentielle, a décidé de tenter encore une fois sa chance. Il semble déterminé à se présenter tant qu’il sera en vie, histoire d’ajouter un peu d’humour dans une compétition qui manquait clairement de piquant.

Bruno Ben Moumbamba, quant à lui, remporte haut la main le prix spécial du dossier le plus vide jamais vu dans une candidature présidentielle : ni déclaration de candidature manuscrite, ni acte de mariage, ni certificat médical, ni photo d’identité, ni certificat de résidence, et bien sûr, encore moins la déclaration des biens. Que cherchait-il donc exactement ? Probablement assouvir un besoin quasi-pathologique d’être au cœur de l’attention publique, symptôme évident d’une recherche compulsive et désespérée de reconnaissance.

Enfin, le cas de Jean-Rémy Yama est particulièrement frustrant pour de nombreux Gabonais qui voyaient en lui le candidat capable de challenger sérieusement le Général-Président-Chef de tout. Oui, c’était plus difficile pour lui d’obtenir un acte de naissance de son père né en 1920, mais les règles n’ont pas été connues la semaine dernière. Si tu veux participer, tu fais le nécessaire, et si le temps d’obtention de la pièce est trop long, libère le spot et place-toi derrière quelqu’un qui aura un dossier en règle dans les temps.

Cependant, au-delà de l’aspect ridicule de ces candidatures farfelues, il serait injuste de ne pas souligner que le montant exorbitant de la caution et le délai particulièrement court pour constituer les dossiers ont probablement privé le Gabon de candidatures plus sérieuses. Si ces conditions avaient été plus raisonnables, qui sait, peut-être aurions-nous assisté à une élection présidentielle digne de ce nom, plutôt qu’à cette parade de prétendants en quête d’un instant fugace de célébrité.

Je te dis tout