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Et si les contraires coexistaient ?

Je suis en plein chantier intérieur. Je ne sais pas si on peut appeler ça une déconstruction, un réalignement ou juste une crise existentielle à peine déguisée — mais voilà, j’ai remarqué que j’ai cette fâcheuse tendance à opposer les choses. Comme si certaines notions ne pouvaient pas cohabiter. Comme si le monde entier était une série de cases bien séparées, et qu’il fallait choisir son camp.

C’est en parlant avec ma psy que la première faille est apparue. Elle m’a posé une question toute bête :
“Pourquoi tu mets toujours émotion et raison en opposition ? Pourquoi tu vois la raison comme une force et l’émotion comme une faiblesse ?”

Je n’ai pas su répondre. J’ai rigolé, j’ai botté en touche, comme souvent quand on touche trop juste.
Et pourtant, cette question m’a poursuivie bien après nos séances — qui, soyons honnêtes, devenaient de moins en moins productives parce que j’avais remis mon masque, mon armure, ce truc que je porte dès que je sens qu’on s’approche trop.

Mais le plus fou, c’est que ce schéma ne s’arrête pas là. En fait, je fais pareil dans plein d’aspects de ma vie.

Prenons un exemple que beaucoup trouveront superficiel mais qui ne l’est pas du tout pour moi : mes vêtements.
J’ai toujours eu l’impression qu’il fallait choisir entre être “giga fraîche” ou être confortable. Comme si être élégante, féminine, stylée… devait automatiquement rimer avec souffrance. Talons, tissus rigides, corsets invisibles pour l’ego.

Du coup, je disais toujours : “moi, je choisis le confort.”
Mais récemment, j’ai compris que c’était encore une opposition que j’avais créée de toutes pièces. Un mensonge que je me racontais.
Pourquoi je ne pourrais pas être les deux ? Pourquoi je ne pourrais pas être fraîche, élégante, féminine et confortable ?

Pourquoi l’équilibre ne pourrait pas être fluide ? Sans qu’un pôle prenne le dessus. Sans qu’il y ait un dominant, un dominé.

C’est peut-être ça, grandir : arrêter de faire des guerres inutiles à l’intérieur de soi.

Allez. Je retourne à la réunion dans mon casque (oui, je n’écoutais plus vraiment). Mais j’y retourne avec mes deux pieds bien posés, dans des baskets confortables. Et le vernis bien posé aussi.

Je te dis tout

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Tu es ce que tu consommes !

Regarde autour de toi, dépose ton téléphone, contemple, respire l’air frais 2 min, sans clash de genre, sans drama, sans faits divers, sans “pressing”… Comment ça va ? Mieux, non ?

Internet te rend amère !

À une période, j’avais commencé à développer de la misandrie. Plus les jours passaient, plus j’étais en colère, plus je méprisais les XY. Je me disais que, de toute façon, « La misandrie blesse, la misogynie tue. ». Mais ce que je n’avais pas remarqué, c’est que ça me rongeait intérieurement. J’étais devenue irritable, méchante, vulgaire et dure envers les hommes !
Mais à quoi c’était dû ?

Chaque jour, chaque semaine, on a droit à une nouvelle victime des hommes. Un viol, une agression, un meurtre… C’est déjà assez difficile de lire tout ça, mais quand tu regardes les commentaires, c’est encore pire ! Des gens qui essaient de justifier l’acte, qui en rigolent, qui font même des promesses de faire pareil. La colère monte en toi petit à petit, tu scrolles, et tu tombes sur le post d’un gars qui dit : « Les femmes aiment se victimiser, on subit les mêmes choses. » ! Et là, tu pètes un câble parce que tu sais que c’est faux, tu as envie qu’il comprenne que c’est faux, donc tu mets un commentaire pour lui expliquer, mais il s’en fout, il veut juste faire réagir et avoir plein de partages de femmes en colère !

Il m’est arrivé de pleurer, parce qu’un homme avait dit qu’on ne vivait rien de ouf. J’avais fait une rechute dépressive de 1 mois à cause d’un post sur Facebook.

Revenons à l’idée de base, reste avec moi !

Éloigne-toi des choses que tu pourrais voir, entendre ou lire, qui pourraient troubler ou bouleverser ton cerveau !
Les faits divers, les posts problématiques, les clashs, déconnecte-toi, sinon tu deviendras comme moi à cette période : amère !
On vit tellement de choses en tant que femmes, et voir ça à répétition dans ton fil d’actualité peut te détruire. Une info, puis deux, puis trois, ta journée est gâchée et tu deviens aigrie

Ça semble incohérent ce que je raconte, mais c’est réel.
J’ai recommencé à regarder plein de trucs différents sur TikTok pour refaire mon algorithme, des choses drôles. Sur Facebook, je supprime les gens problématiques, je zappe les histoires tristes et les faits divers horribles, je diminue mon implication dans les débats… Bref, je me protège.

C’est ta responsabilité de te protéger. Tu es ce que tu consommes. Sinon, disons, tu deviens ce que tu consommes. Donc c’est à toi de faire un choix, car au final, ça te détruira toi !

Je te dis tout

GabonOpinionSanté

Et si on regardait autrement ?

Ce matin, je suis tombée sur un message publié à propos d’Emma’a. Un message de soutien, sincère, écrit par quelqu’un qui l’a toujours défendue. Mais au milieu des encouragements, une remarque sur son nouveau style vestimentaire : “Tu peux rester l’ancienne Emma’a… tu n’as pas besoin de tout ça.”

C’était bienveillant, je n’en doute pas. Mais ça m’a fait réfléchir.

On parle souvent d’Emma’a comme de l’artiste. On observe ses choix, on commente son apparence, on analyse sa direction. Mais on oublie parfois qu’avant tout, Emma’a est une jeune femme. Une personne entière, sensible, qui vit aussi avec ses propres doutes, ses blessures, ses souvenirs. Et peut-être, ses complexes.

Changer, ce n’est pas toujours une stratégie. Ce n’est pas forcément pour “faire parler”. Parfois, c’est juste une façon de se sentir un peu mieux. D’alléger quelque chose qu’on porte depuis longtemps, en silence.

Je me souviens, par exemple, de mes parents qui m’avaient surnommée “la boule”. C’était affectueux, je le sais bien. Mais ce surnom, il ouvrait la porte à toutes sortes de moqueries. Quand la famille venait à la maison, c’était : “Oh la boule ! Toujours aussi ronde !”, “La boule, tu as encore planqué la nourriture ?”, “Arrête de faire ta relou, la boule !”

Je souriais, bien sûr. Pour faire bonne figure. Pour ne pas créer de malaise. Mais au fond, ça piquait. Et cette petite douleur, je l’ai gardée en moi pendant des années, sans rien dire. J’ai appris à vivre avec. À me construire autour.

Alors aujourd’hui, quand je vois une femme faire le choix de changer quelque chose en elle – son corps, son style, son attitude – je ne me demande pas si c’est “utile” ou “nécessaire”. Je me demande si ça lui fait du bien. Si ça l’aide à se sentir plus légère, plus libre. Si c’est sa manière à elle de se réconcilier avec une version d’elle qu’elle a longtemps dû cacher, supporter ou taire.

Je parle d’Emma’a, mais en vérité, je parle de beaucoup d’entre nous. De toutes celles qui ont grandi en apprenant à sourire quand ça faisait mal. De celles qui ont été définies par un surnom, une blague, un commentaire, et qui ont mis du temps à se retrouver.

Parfois, quand on en a enfin les moyens, on décide de faire un pas vers soi. Pour se sentir mieux. Pas pour les autres. Juste pour soi. Et ça n’a rien à voir avec une image ou une carrière. C’est quelque chose de profondément personnel. Un apaisement. Un exorcisme, doux et nécessaire.

Alors, la prochaine fois, avant de commenter, même avec tendresse, essayons simplement de regarder autrement. Avec plus de douceur. Parce que l’important, ce n’est pas ce que les autres voient. C’est comment on se sent, quand on se regarde.

Je te dis tout

GabonOpinionSanté

Les personnes handicapées physiques et cognitives, les rejetés de la société?

Il y a quelques mois, se faisait le recensement des personnes vivant avec un handicap.
J’y suis allée, après avoir consulté un professionnel de santé mentale pour me rassurer, car, sous d’autres cieux, je suis censée être prise en charge par l’État et recevoir des allocations. Ehhhh ! J’ai rêvé loin, oh !

J’y vais, je sens que, oh, on se moque même de moi, des professionnels qui sont censés me mettre en confiance.

Selon handicap.paris, une personne handicapée est une personne qui présente des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à sa pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.
Il y a plus de handicapés au Gabon qu’on le pense.

Parlons des handicapés physiques, eux qui ont normalement besoin d’assistance physique et morale, ne reçoivent que 75 000 F par an ! Dans un pays où tu ne peux vraiment vivre avec cette somme par mois. Que sont-ils censés faire avec cette somme ? C’est pour manger de l’alloco ?
Nous sommes décidément les rejetés de la société, les gens qu’on ne calcule pas, ceux qui ne méritent pas plus d’attention que ça !

Je vais dire une chose choquante, mais j’aurais aimé être handicapée physique pour qu’on me prenne au sérieux, qu’on m’écoute, qu’on comprenne mes difficultés, mais hélas…

Bref, j’espère sincèrement que les choses iront mieux petit à petit, sinon, on va se battre pour ça. On n’aura pas d’autre choix.

Je te dis tout