C’est en parlant avec ma psy que la première faille est apparue. Elle m’a posé une question toute bête :
“Pourquoi tu mets toujours émotion et raison en opposition ? Pourquoi tu vois la raison comme une force et l’émotion comme une faiblesse ?”
Je n’ai pas su répondre. J’ai rigolé, j’ai botté en touche, comme souvent quand on touche trop juste.
Et pourtant, cette question m’a poursuivie bien après nos séances — qui, soyons honnêtes, devenaient de moins en moins productives parce que j’avais remis mon masque, mon armure, ce truc que je porte dès que je sens qu’on s’approche trop.
Mais le plus fou, c’est que ce schéma ne s’arrête pas là. En fait, je fais pareil dans plein d’aspects de ma vie.
Prenons un exemple que beaucoup trouveront superficiel mais qui ne l’est pas du tout pour moi : mes vêtements.
J’ai toujours eu l’impression qu’il fallait choisir entre être “giga fraîche” ou être confortable. Comme si être élégante, féminine, stylée… devait automatiquement rimer avec souffrance. Talons, tissus rigides, corsets invisibles pour l’ego.
Du coup, je disais toujours : “moi, je choisis le confort.”
Mais récemment, j’ai compris que c’était encore une opposition que j’avais créée de toutes pièces. Un mensonge que je me racontais.
Pourquoi je ne pourrais pas être les deux ? Pourquoi je ne pourrais pas être fraîche, élégante, féminine et confortable ?
Pourquoi l’équilibre ne pourrait pas être fluide ? Sans qu’un pôle prenne le dessus. Sans qu’il y ait un dominant, un dominé.
C’est peut-être ça, grandir : arrêter de faire des guerres inutiles à l’intérieur de soi.
Allez. Je retourne à la réunion dans mon casque (oui, je n’écoutais plus vraiment). Mais j’y retourne avec mes deux pieds bien posés, dans des baskets confortables. Et le vernis bien posé aussi.