Société

GabonOpinionSociété

Polygamie, ton nom est débauche

Il y a quelques jours, j’ai échangé avec une personnalité médiatique et un podcasteur de renom sur les réseaux sociaux.
Au cours de notre conversation, la question de la polygamie et de l’inceste a surgi. Je déplorais que les femmes gabonaises contemporaines n’en parlent pas et que ce fléau endémique soit responsable de la « souffrance silencieuse » d’une grande partie des femmes gabonaises.

J’ai été stupéfaite d’apprendre qu’un podcasteur de renom avait qualifié la polygamie de « spirituelle » et s’en était tiré en affirmant que l’inceste était un sujet « sensible », alors inutile d’y réfléchir. J’ai été choquée, et je lui ai demandé : « En tant que femme, ne connaissez-vous pas le calvaire d’une autre femme victime de polygamie et d’inceste ? » Elle n’a pas répondu par la suite.

Le 24 mars 2025, le portail médiatique info241.com, via un article de Flacia Ibiatsi, a rapporté le viol odieux d’une jeune fille de 13 ans par un homme de 44 ans, vivant chez sa belle-famille. J’ai partagé l’article avec une figure médiatique influente et sollicité les réactions d’internautes actifs sur les réseaux sociaux. Personne n’a réagi. Personne n’était prêt à prendre conscience de ce crime abominable. Personne n’y a prêté attention. Comme si de rien n’était.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux comptes font la promotion de la nudité, parfois déguisée, et du twerk, sous couvert de promotion de la culture africaine. Je leur demande : avez-vous vu des contenus similaires venant d’Asiatiques ou d’Occidentaux ? Pourquoi la femme africaine est-elle perçue comme un produit de consommation ? Car, désolée de le dire, la femme africaine est bel et bien considérée comme un produit par une grande partie des Africains. Le résultat est sous nos yeux.

Voilà la situation au Gabon. Un pays qui prétend vouloir prospérer, bien sûr grâce à l’argent emprunté et à l’aide de quelques capitalistes indiens et chinois.

Aucune société n’a jamais prospéré sans respecter ses femmes.

Le problème est profondément enraciné, car ces fléaux sont normalisés. Les hommes, sans distinction d’âge, se livrent à un adultère généralisé. Certains flirtent ouvertement avec des femmes de l’âge de leur fille. La débauche, parmi les hommes gabonais, est aussi naturelle que le sang dans les veines. La fidélité semble absente de leur code moral, s’il en existe un. Ce phénomène est généralisé, mais personne n’en parle, et encore moins ne le dénonce.

J’ai observé un autre phénomène : le nombre croissant de jeunes mères célibataires. Pourquoi ces mères sont-elles seules ? Où sont les pères de ces enfants ? Pourquoi les hommes gabonais ne prennent-ils pas leurs responsabilités ? Pourquoi abandonnent-ils la femme après l’avoir mise enceinte ? Après tout, il y a une différence entre les humains et les bêtes : nous ne vivons pas dans une jungle.

Ces questions sont simples, mais la société civile les ignore. Car les poser reviendrait à renoncer au privilège d’une vie de débauche, ce que peu sont prêts à faire.

Ces maux sociétaux s’épanouissent grâce à l’acceptation silencieuse. L’éthique sociale a sa part de responsabilité. Mais je n’en parlerai pas ici.

Pour comprendre ces dérives, il faut s’interroger : comment une société se construit-elle ? Comment a-t-elle évolué ? Je ne suis pas spécialiste de l’évolution sociétale au Gabon, mais mon expérience personnelle me pousse à m’exprimer. Je sais que ce sujet est tabou, et que peu y adhéreront, mais j’ose aborder l’inabordable.

En anglais, on dit : « Fools rush in where angels fear to tread. »
Je l’avoue. Je l’accepte.

La société gabonaise est figée, monolithique, fermé aux nouvelles idées. Les anciennes traditions persistent, sans ouverture au monde extérieur. La langue française, en dépit de la mondialisation, n’a pas suffi à ouvrir les esprits. Ainsi, même après la mondialisation, rien n’a changé. Durant la colonisation, les maîtres blancs exploitaient les Gabonais. Après l’indépendance, les élites locales ont continué sur le même schéma. À ceci près qu’on vote.

Dans les sociétés de consommation, la femme est aussi traitée comme un produit – mais dans un objectif de profit économique. En Afrique, cela détruit les fondations sociales. Ailleurs, les femmes sont protégées par la loi. En Afrique, non.

Le Gabon n’a pas encore atteint le niveau de maturité démocratique nécessaire pour voir émerger de vrais mouvements sociaux. Or, ce sont ces mouvements qui permettent de lutter contre les fléaux sociaux. Ce sont eux qui mobilisent l’opinion publique, sensibilisent, informent. Ce sont eux qui permettent l’adoption de lois protectrices. Et surtout, ce sont eux qui veillent à leur application. Les tribunaux doivent jouer leur rôle. La justice doit être dissuasive.

Mais tout cela suppose un consensus, même au sein de la société civile. Et c’est là le plus gros frein : tout le monde résiste au changement. Le statu quo arrange trop de gens. Pire encore, certains continueront à défendre l’inceste comme un droit, et la polygamie comme une expérience spirituelle.

Les esprits raisonnables doivent mener cette lutte difficile, abolir les inégalités, et faire naître une nouvelle société. Une société dans laquelle les femmes vivent en sécurité, où elles n’ont plus à se défendre seules face aux prédateurs humains.

Mais ce sera long. Très long. Et rien n’avancera si l’administration n’applique pas les lois, si les tribunaux ne punissent pas avec fermeté. Le changement durable nécessite volonté, rigueur et courage.

Je te dis tout

GabonOpinionPrésidentielles2025Société

Et tout à coup, ils devinrent apolitiques

Il fut un temps, pas si lointain, où certains d’entre vous étaient des références en matière d’analyse politique. Rien n’échappait à votre œil aguerri : les décisions du gouvernement, les dérapages des membres du PDG, les comportements douteux des uns et des autres. Vous exigiez un pays nouveau, un pays juste, un pays où la morale guiderait enfin l’action publique. Vous étiez l’arme ultime contre l’hypocrisie et la compromission. Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, vous êtes devenus amnésiques. Pire, vous êtes devenus apolitiques. Ce qui était une abomination hier est une « réalité complexe » aujourd’hui. Ce que vous combattiez avec ferveur est maintenant une « nuance » que vous expliquez avec des pirouettes linguistiques. Tout ça pourquoi ? Parce que, subitement, ce n’est plus l’ennemi qui agit ainsi, c’est votre ami, votre cousin, votre voisin, votre mentor.

Hier encore, vous étiez les hérauts de la transparence, de l’équité et de la déontologie. Vous scrutiez les moindres faits et gestes des politiques comme un professeur vérifiant une copie truffée de fautes. Mais aujourd’hui, quand les mêmes erreurs sont commises par vos proches, vous avez soudainement perdu la vue. Vous ne voyez plus rien, vous n’entendez plus rien, vous ne dites plus rien, vous ne tweetez plus rien.

Lorsque les partisans du PDG adoptaient une telle attitude envers leur leader, on les accusait de cultiver des comportements archaïques. Mais désormais, la complaisance a changé de camp, et les justifications pleuvent comme des feuilles mortes en saison sèche. Au final, respectons les choix politiques de chacun et ne cultivons pas la dictature de la pensée unique. Ils doivent bien rire de vous, ceux que vous critiquez autrefois.

Votre indignation était-elle sincère ou juste une posture ? Vos combats d’hier étaient-ils un engagement ou un prétexte pour mieux occuper le terrain politique jusqu’à ce que les vôtres soient en place ? Le changement que vous prêchiez, était-il un vrai projet ou juste un slogan de campagne ?

Le problème, ce n’est pas seulement que vous avez changé d’avis. C’est que vous devenez ce que vous dénonciez. À force de fermer les yeux sur les travers de votre camp, vous cautionnez ce que vous condamn(i)ez. À force de justifier l’injustifiable, vous transformez votre combat en comédie.

La vérité, c’est que si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, vous savez que vous avez trahi vos propres convictions. Mais il n’est jamais trop tard pour revenir à l’essentiel : ce n’était pas une question de personnes, mais de principes. Ce n’était pas une lutte contre un parti, mais contre un système. Ce n’était pas une question de qui est au pouvoir, mais de comment on l’exerce.

Alors, réveillez-vous. Rappelez-vous pourquoi vous vous êtes levés un matin avec la conviction qu’il fallait du changement. Ne laissez pas l’amitié, la parenté ou l’opportunisme détourner votre boussole morale. Parce que sinon, vous aurez juste été un de plus dans cette longue liste de militants saisonniers, ceux qui s’indignent un jour et se taisent le lendemain. Et franchement, le pays a déjà assez de girouettes comme ça, on devrait songer à investir dans l’énergie éolienne.

Je te dis tout

ConteGabonSociété

La Révolte des Antilopes

Dans la vaste savane où régnait depuis des générations le vieux Lion Bongoloss, les antilopes vivaient sous le joug d’un règne sans pitié. Traquées, affamées, elles espéraient un jour voir tomber ce trône où seuls les fauves du clan Bongoloss avaient droit de régner.

Un jour, parmi elles, se levèrent de jeunes antilopes, fougueuses et pleines d’espoir. Elles parlèrent haut et fort, dénoncèrent les injustices et promirent qu’une fois le Lion chassé, la savane ne serait plus un lieu de peur mais un royaume de justice.

Les autres antilopes crurent en elles. Elles leur donnèrent leur confiance, leur courage et même leur voix, les poussant au sommet du rocher des chefs.

Et le vieux Lion tomba.

Mais à peine installées sur les hauteurs, ces jeunes antilopes changèrent. Leurs regards devinrent fuyants, leurs discours plus distants. Elles qui hier encore marchaient parmi leurs sœurs, ne daignaient même plus les voir.

Pire encore, elles s’entourèrent des hyènes qui hier les effrayaient tant. Elles festoyaient à leurs côtés, riaient avec elles, partageaient leur gibier.

Et lorsqu’une antilope osa leur rappeler leurs promesses, on l’accusa d’être naïve, de ne rien comprendre aux lois de la savane. On la tourna en dérision.

Regardez ces folles, ricanaient-elles depuis leur trône. Elles croient encore à la loyauté en politique !

Mais dans l’ombre des hautes herbes, les antilopes observaient. Elles n’étaient ni folles ni aveugles.

Elles voyaient bien que celles qu’elles avaient portées au sommet n’étaient plus des leurs. Elles n’étaient plus que des roitelets assis sur un pouvoir prêt à dévorer les leurs au moindre mot de travers.

Alors, les antilopes murmurèrent entre elles :

Nous les combattrons, tout comme nous avons combattu le vieux Lion.

Mais à une différence près : nous ne nous laisserons pas corrompre. Nous ne nous perdrons pas comme elles l’ont fait. Nous ne trahirons pas notre combat.

Et tandis que les hyènes et les nouvelles reines de la savane festoyaient sous la lueur de la lune, dans l’ombre, les antilopes se préparaient déjà.

Car une chose était sûre : rien ne dure éternellement dans la savane.

Je te dis tout

GabonSociété

Le Gabon et la culture du contentement : quand le « moindre mal » devient la norme

Il y a quelque chose qui m’agace profondément dans la société gabonaise : cette manie de se contenter du minimum. On a une si faible estime de nous-même que nous nous enthousiasmons pour la moindre avancée, le moindre geste, la moindre attention. Ok il faut célébrer les petites victoires, mais quand allons nous nous dépasser pour atteindre de vrais objectifs challengeants ?

Cette tendance est dans tous les domaines. Dans la politique, dans l’art, dans le sport, dans la gestion de l’Etat… On ne prend jamais exemple sur les meilleurs pour définir nos aspirations. On regarde nos pires échecs et on s’en sert comme baromètre pour mesurer nos succès qui ne le sont pas au final.

L’art de se satisfaire du peu : une habitude bien ancrée

Dans la politique, dans l’art, dans le sport, dans la vie professionnelle, et même dans les relations interpersonnelles, le contentement passif semble être devenu une valeur dominante. On ne cherche plus à s’inspirer des meilleurs, mais à s’éloigner juste assez de nos pires échecs pour s’auto-congratuler. Cette dynamique crée une société figée, qui confond stagnation et progrès véritable.

On doit élire un nouveau président ? Tant pis s’ il perpétue certaines pratiques douteuses du régime déchu, tant pis si il était le premier ministre hautain d’un ancien système malhonnête et corrompu… Au moins il a quand même fait çi ou ça, il a raison sur çi ou ça… On ne sait pas dire “non”. Parce que c’est quand même mieux qu’avant.

Et cette résignation ne touche pas que le domaine politique. Hein mesdames ? “Tous les hommes sont infidèles”, c’est rassurant de se le dire. C’est tellement plus facile d’être “au moins” la titulaire, que de chercher à viser haut en épousant un homme fidèle. Encore faudrait-il être conscient qu’on peut avoir mieux. On est fier d’un père pourvoyeur sans attache émotionnelle avec ses enfants. “Au moins il n’a pas nié la grossesse”, dit la jeune mère satisfaite d’être “au moins” féconde.

Le conformisme et la résignation, moteurs invisibles de la médiocrité

Entre conformisme, résignation, culture de la médiocrité, les concepts se choquent et s’entrechoquent pour donner le résultat médiocre auquel on a droit. On se satisfait et s’autocongratule en tant qu’intellectuel de donner une dimension de groove national à ce qui aurait pu faire de nous un exemple régional. Nous vivons dans un environnement où la médiocrité est non seulement tolérée, mais parfois valorisée comme preuve d’humilité ou de réalisme.

Quand tout le monde se contente de peu, personne ne vise haut. Ni nos dirigeants, ni nos institutions, ni même les citoyens. Pourquoi se dépasser quand le public ne le réclame pas ? La médiocrité ambiante a engendré un cercle vicieux : à force de n’attendre que le minimum, on décourage toute émulation vers le haut. L’initiative et le mérite sont trop peu valorisés. On voit des responsables accumuler honneurs et postes sans résultats tangibles, capitalisant sur un capital symbolique de titres ronflants plutôt que sur l’efficacité réelle. Un ministre d’une incompétence notoire est nommé à la présidence pour ne pas citer que ça.

Pas de principes forts : une société sans colonne vertébrale
Un autre symptôme de cette “culture” nauséabonde, c’est l’édulcoration progressive des principes. Les valeurs fondamentales ne tiennent plus lieu de repères. Le respect de la parole donnée, l’intégrité, la justice, la vérité — toutes ces notions sont devenues relatives, soumises aux circonstances, aux intérêts, ou au buzz du moment. On excuse tout, parce que « tout le monde le fait ». On tolère parce que « c’est comme ça ».

On admire l’opportunisme camouflé en pragmatisme. Il n’y a plus de socle moral solide. Et c’est peut-être là que le bât blesse le plus : sans principes clairs, on ne peut pas bâtir une société d’excellence. Et une société sans colonne vertébrale morale est une société qui s’effondre au moindre vent. C’est pourquoi la restauration des mentalités demeure une urgence.

Et si on osait l’excellence ?

“Au moins”, “quand même” sont devenus les slogans nationaux à la place du légendaire “on va encore faire comment?”. Ça nous aura pris plus de 60 ans pour faire ce pas de tortue. “Quand même”.

Je disais à un ami hier que je suis peut-être trop idéaliste. Cet environnement est un red flag géant pour nous autres qui rêvons grand, qui rêvons juste et qui rêvons d’excellence. A défaut de pouvoir transformer ce pays, j’espère semer la graine d’idéal chez vous mes dear lovers.

Et si vous êtes comme moi, peut-être qu’on contaminera un peu plus de monde. Ce serait le plus beau virus qui soit.

Allez, tchuss.
La P’tite Dame

Je te dis tout

GabonOpinionPolitiqueSociété

Quand le pouvoir rabote l’expertise : compromis, économies et désastre pour les citoyens

L’expertise, lorsqu’elle est authentique, est censée garantir la qualité et la viabilité des décisions prises. Un ingénieur conçoit une route en intégrant des caniveaux pour éviter les inondations et l’érosion. Un économiste élabore un budget en tenant compte des réalités financières pour assurer la pérennité d’un projet.

Un expert en urbanisme propose des infrastructures adaptées aux besoins de la population. Mais dans un système où le pouvoir prime sur la compétence, ces considérations sont souvent sacrifiées sur l’autel des économies, des intérêts personnels et du désir de plaire.

Un phénomène récurrent dans la gestion publique est le rabotage des projets par les décideurs politiques. Un plan technique est validé, mais au moment de son exécution, des coupes budgétaires sont imposées sous prétexte de rationalisation des coûts. Là où l’expert aurait dû défendre l’intégrité de son travail, il se tait, ferme les yeux et accepte les compromis imposés par le sommet.

Le cas de la route sans caniveaux est un exemple parlant. L’ingénieur sait qu’en l’absence d’un système d’évacuation des eaux, les pluies finiront par endommager l’ouvrage. Mais le politique, soucieux d’économiser – et parfois d’empocher une part du budget –, décide que cette dépense est superflue. L’expert, au lieu d’expliquer que ce choix compromet la durabilité de l’infrastructure et mettra en danger les riverains, acquiesce. Il exécute, sachant pertinemment que quelques mois plus tard, les habitants subiront les conséquences de cette décision absurde.

Le même schéma se répète dans d’autres secteurs. Un économiste pourrait dénoncer une réforme budgétaire incohérente, mais il choisira de justifier l’impossible. Un expert en santé publique pourrait alerter sur des choix dangereux pour la population, mais il préfèrera éviter de contrarier le sommet. Le résultat est toujours le même : des décisions prises à l’aveugle, un travail bâclé, et un impact direct sur la vie des citoyens.

L’ironie de cette corruption de l’expertise, c’est que ceux qui acceptent ces compromissions en paient aussi le prix. L’ingénieur qui a validé une route mal conçue sera le premier pointé du doigt lorsque l’ouvrage s’effondrera. L’économiste qui a cautionné une mesure désastreuse sera jugé incompétent lorsque les caisses se videront. Il pourrait passer de génie économique à génie de la forêt.

Mais entre-temps, les décideurs, eux, auront déjà avancé à un autre poste, laissant derrière eux un champ de ruines et des experts devenus les boucs émissaires d’un système qu’ils n’ont pas osé affronter.

Cette soumission de l’expertise au pouvoir a un coût humain. Lorsqu’un pont s’écroule, ce sont des vies qui sont en jeu. Lorsqu’un budget est mal géré, c’est la population qui subit les conséquences économiques. Lorsqu’un hôpital est construit sans équipement adéquat, ce sont des malades qui meurent faute de soins adaptés. Derrière chaque compromis, chaque coupure budgétaire arbitraire, chaque renoncement à la rigueur, il y a des conséquences bien réelles pour le quotidien des citoyens.

Un expert qui accepte d’être une simple courroie de transmission du pouvoir ne trahit pas seulement sa profession, il trahit son propre rôle dans la société. Car au final, lui aussi vit dans ce pays, utilise ces infrastructures, dépend de ces services publics. Fermer les yeux aujourd’hui, c’est condamner tout un pays – et soi-même – à subir les erreurs de demain.

Je te dis tout

GabonOpinionPrésidentielles2025Société

Les « bœufs votants » reprennent du service !

La campagne présidentielle est lancée, et avec elle, une tradition aussi vieille que les promesses non tenues : le retour triomphal des « bœufs votants ». Ces électeurs professionnels, capables d’acclamer un candidat le matin et son adversaire l’après-midi, sont de nouveau sur le terrain, prêts à jouer leur rôle dans le grand cirque électoral.

Le scénario est bien huilé. Des bus réquisitionnés, des minibus bondés, des foules déversées sur les lieux de meetings où elles feignent une ferveur débordante. On applaudit, on danse, on scande des slogans à s’en casser la voix. Et demain ? Même scénario, autre candidat. Parce qu’au fond, peu importe qui parle, du moment que les billets tombent et que les sandwiches sont bien garnis.

Cette mascarade donne lieu à des situations cocasses. Certains « militants » zélés enchaînent les meetings jusqu’à l’épuisement, oubliant parfois pour qui ils étaient censés manifester la veille. D’autres, moins discrets, n’hésitent pas à arborer des t-shirts de différents partis, parfois en superposition, prêts à les retourner au gré des besoins.

Et bien sûr, les organisateurs de meetings rivalisent d’ingéniosité pour attirer ces soldats de la figuration. Billets de banque glissés à la va-vite, sacs de riz promis pour les plus fidèles, voire, pour les « VIP » de la manipulation électorale, un petit poste de conseiller décoratif après la victoire.

Le problème, c’est que cette agitation cache un vide abyssal. Quand on gratte un peu, on se rend compte que ces rassemblements ne sont pas le reflet d’un engouement populaire, mais plutôt d’une industrie de la mobilisation financée à coup de billets et de promesses en carton. La démocratie ? Elle attend sagement son tour, coincée entre deux meetings et un chargement de tee-shirts flambant neufs.

Alors, que restera-t-il après la fête ? Une montagne de casquettes abandonnées, des affiches arrachées et une population qui, elle, continuera de subir les conséquences des choix qu’elle n’aura pas réellement faits. Mais d’ici là, que le spectacle continue ! Et surtout, n’oubliez pas : aujourd’hui, on crie pour un tel, demain pour un autre. L’important, c’est que le bus soit à l’heure.

L’objectif c’est c’est d’avoir le “gombo” de la campagne. On doit manger à toutes les tables, on en oublie même que c’est l’avenir de notre pays et le nôtre qui sont en jeu. POUR VOUS QUOI ? MAKAYA !!!

Je te dis tout

FemmesGabonOpinionSociété

Les viols dans l’église : faut-il se taire ?

J’écris cet article, en essayant de mettre mes émotions de côté, ce n’est pas un simple article, c’est une lettre ouverte, c’est un témoignage, c’est un récit personnel, c’est un ensemble de conseils.

Pendant longtemps j’ai considéré l’église comme un lieu de repos. Je n’ai d’ailleurs cessé de le répéter à une certaine période de ma vie. L’église était mon échappatoire, ce lieu où je me sentais un peu en sécurité, enfin, ça c’était au début.

Pendant longtemps, j’ai considéré l’Église comme un lieu de repos. Je n’ai d’ailleurs cessé de le répéter à une certaine période de ma vie. L’Église était mon échappatoire, ce lieu où je me sentais un peu en sécurité. Enfin… ça, c’était au début.

Parce qu’il faut le dire, une fois que tu commences des activités, que tu fréquentes d’autres jeunes d’autres églises de la même congrégation, que tu te mets à faire des prestations, ta santé mentale risque de prendre un coup.

On était une famille. On nous répète cela à longueur de journée. On est le corps du Christ, on est la représentation de l’amour de Dieu sur terre… Mais pourquoi suis-je tombée encore plus malade à vos côtés ? Au total, j’ai subi trois viols et deux agressions sexuelles au sein de ma belle Église.

Je peux parler d’agressions commises par X ou Y pour sensibiliser, mais il est temps que je parle de moi. Que ce soit celui que j’appelais affectueusement “papa” ou celui à qui j’avais confié mes traumatismes mais qui n’a pas hésité à les répéter… Tout ceci s’est passé au sein du corps du Christ. Je ne vais pas entrer dans les détails, c’était une introduction, mdr.

longueur de journée. On est le corps du Christ, on est la représentation de l’amour de Dieu sur terre… Mais pourquoi suis-je tombée encore plus malade à vos côtés ? Au total, j’ai subi trois viols et deux agressions sexuelles au sein de ma belle Église.

Énormément de jeunes femmes et d’hommes sont abusés psychologiquement et sexuellement, jour après jour, dans les Églises. Mais ils ne savent pas comment le dire. Parce que soit on ne les croira pas, soit on les isolera. Par exemple, quand j’ai essayé de parler de ma situation, elle a appelé l’agresseur pour qu’il “donne sa version”. Alors qu’à cet instant, j’avais besoin qu’on m’écoute, qu’on m’aide, pas qu’on m’expose.

Bien sûr, le concerné est revenu m’écrire par la suite. Ça m’a énormément traumatisée. Beaucoup de personnes subissent ces choses. Mais dites-vous que c’est devenu tellement normal, tellement monnaie courante, que tout le monde essaie de faire comprendre aux victimes que ce n’est rien, qu’il n’y a rien de grave… Par exemple, quand j’ai raconté à mon ex-meilleur ami de l’époque ce que l’un de ses frères m’avait fait, il m’a simplement dit que “c’était la vie” et que c’était “un passage obligatoire pour toutes les femmes”.

Je tiens à rappeler qu’il ne s’agit que de chrétiens.Il y a des groupes WhatsApp où circulent des vidéos et des photos de jeunes sœurs en Christ en plein acte sexuel ou non. Il y a des “plans” qui se montent, des discussions dégradantes qui ont lieu…C’est ainsi que, en fouillant le téléphone de l’un d’eux, j’ai découvert un groupe WhatsApp où mes frères en Christ préméditaient de coucher avec moi à tour de rôle, de filmer, puis de se partager les vidéos. Dieu merci, j’ai vu ces messages à temps, car je ne sais pas comment ils auraient procédé pour arriver à leurs fins.

Les jeunes filles sont en danger dans les Églises, parce qu’on nous prêche l’obsession du mariage. Elles deviennent tellement matrixées par cette idée que, au final, il suffit qu’un frère en Christ leur dise qu’il va les épouser pour qu’elles se donnent facilement.

J’ai mis du temps à m’en remettre. Il m’a fallu des années pour recommencer à avoir une sexualité normale. Et je pense que, même si on n’a pas la force de citer des noms ou des congrégations, on devrait libérer la parole pour que les victimes s’expriment. Vous n’êtes pas seules. Je suis des vôtres.

Je n’ai rien précisé, ni cité, car aujourd’hui j’ai supprimé toutes les preuves et je ne suis pas capable de prouver ces choses.

Je te dis tout

GabonLa Fière TrentenaireSociété

Le Gabon, notre pis-aller.

Il n’y a pas à dire, le Gabonais aime son pays. D’un amour sincère et plein d’entrain. Il a beau s’en plaindre à longueur de journées, mais le patriotisme, au fond de lui, ne lui permettra jamais de s’en détourner trop longtemps.

Je me suis toujours dit ça parce que la plupart des gens que je connais reviennent offrir au pays le meilleur de ce qu’ils ont trouvé ou appris après s’être exilés à l’étranger. Il n’y a qu’à voir comment beaucoup d’anciens de la diaspora, de retour au pays, tentent de participer activement à la vie politique et économique du pays. Pas toujours avec beaucoup de sagesse, mais la plupart créent des business, lancent des initiatives novatrices au bénéfice des Gabonais restés au pays, « à ne rien faire d’autre que sortir tard le soir et dormir toute la journée ».

Parce que oui, c’est comme ça que beaucoup de gens de la diaspora nous voient souvent. Pour eux, on ne sait que groover, se chercher des sugar daddies et s’afficher avec les perruques les plus chères du marché, en gros entretenir une vie de paraître dépourvue de but réel. De la même façon, beaucoup d’entre nous, résidents, les voient comme des arrivistes que le rang social des parents propulse presque toujours au-devant des opportunités, facilitant ainsi leur accès au rêve américain gabonais. Il faut les voir les premiers mois, pleins d’idées, pleins de ressources, mais surtout pleins de hargne. Ils sont partout, partagés entre plusieurs business : locations meublées, restos, salles de pilates, instituts de beauté, e-médias, magazines de bons plans, et j’en passe… Ils ont à peine le temps pour leurs proches qu’ils jugent parfois dangereux pour leur « réussite »… « Au pays, on empoisonne », donc on fait attention… Et plus le temps passe, moins ils sont hargneux. L’envie de réussir n’a pas disparu, mais, au vu des difficultés, le rêve gabonais devient de plus en plus abstrait… Comme beaucoup de rêves, il est souvent de courte durée.

Après avoir connu la discrimination, la solitude, le manque de repères culturels, et parfois même le sentiment d’échec à l’étranger, ils se refusent à le revivre chez eux. Après avoir tenté et réessayé sans que ça marche comme ils l’imaginaient. Après avoir tenté de revendre à 100 000 FCFA un sac de citrons acheté à 100 000 FCFA, pour un bénéfice de 100 %, ils s’ouvrent aux réalités actuelles, à ce qu’ils considéraient comme des facilités à l’époque. Leur enthousiasme initial se transforme en déception. Certains finissent par quitter à nouveau le Gabon, déçus et frustrés. Mais d’autres restent, résignés comme nous tous, parce que de toute façon, le Gabon est un pis-aller, le nôtre.

Vous savez que j’aime bien vous faire découvrir des trucs, non ? Eh bien, pour enrichir votre vocabulaire aujourd’hui, sachez que « pis-aller » est un terme que l’on utilise pour définir ce à quoi l’on se résout, faute de mieux. C’est le haut niveau de la résignation, plus connu au pays comme « on va encore faire comment ? ». On est là, autant rester. On ne va pas retourner à l’étranger et de nouveau subir le racisme ou l’exclusion, payer les impôts… Donc on se laisse aller à ce qu’il y a : corruption, retournement de veste, enchaînement de « petites », grooves, plus de Régab que d’eau, délestages, chômage… On garde un sourire apparent. Mais derrière le sourire et la bonne humeur, on ressent souvent une frustration profonde face aux promesses non tenues, aux opportunités manquées, à la corruption endémique qui ralentit le développement du pays. Puisqu’on ne peut porter haut nos voix (en dehors des périodes électorales), on devient décrypteur d’actualité. On critique tout par tous les moyens dont on dispose : Facebook, Twitter, un Gabonais normal… En attendant de voir le soleil et de finir comme ceux qu’on critiquait jadis, parce que c’est quoi le rêve gabonais, sinon une place à l’ombre des billets ? On attend, on se résigne.

Pourtant, malgré cette résignation apparente, il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont les Gabonais continuent de croire en leur pays (n’en déplaise à la Chronique d’un Pessimiste). Peut-être est-ce cette espérance tenace, cette croyance que demain sera meilleur. Ou peut-être est-ce simplement la force de l’habitude, cette routine qui fait que l’on finit par accepter les choses telles qu’elles sont. Survivre plus que vivre.

Les Gabonais sont des survivants. Ils ont appris à tirer le meilleur de ce qui leur est offert, à faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour surmonter les obstacles, même si ça revient à vendre de la friperie, devenir vineur/tiktokeur, « dealer du mbaki », retourner chez les darons ou se poser en tchiza. Les marchés animés, les lives plus drôles les uns que les autres, les petits commerces familiaux, les initiatives communautaires sont autant de preuves de cette résilience.

Le Gabon possède pourtant tous les atouts pour briller : des ressources naturelles abondantes, une situation géographique stratégique, un peuple talentueux et passionné. Pourtant, malgré ces atouts, le pays peine à décoller véritablement, à sortir de cette spirale de la médiocrité dans laquelle il semble coincé. Pourquoi donc ?

À mon avis (et c’est bien le mien, celui d’une Gabonaise résidente qui se sert de ce dont elle dispose pour dénoncer), c’est parce que ces « richesses » sont gérées en petits groupes, toujours les mêmes noms… Mais on nous jure que le pays change, qu’il évolue, qu’il vit une « transition »… Alors, le Gabonais Normal continue de rêver d’un pays meilleur

Et peut-être, un jour, ce rêve se réalisera.

La Fière Trentenaire 😘

Je te dis tout

ÉducationEmploiGabonOpinionSociété

La jalousie professionnelle : quand l’excellence devient une menace

Dans un monde idéal, être compétent, rigoureux et efficace devrait être une source d’inspiration pour les autres. Malheureusement, dans bien des environnements professionnels, exceller attire autant l’admiration que l’animosité.

Vous êtes ce collègue qui arrive à l’heure, qui respecte les délais, qui anticipe les problèmes et propose des solutions. Celui ou celle qui, sans fanfaronnade, fait son travail avec sérieux et constance. Et pourtant, au lieu d’être perçu comme un atout, vous devenez une cible. On vous soupçonne de vouloir « briller », de chercher à « vous faire voir« , voire de menacer un équilibre invisible où la médiocrité est un refuge confortable.

Et derrière ces regards en biais, ces remarques faussement anodines, ces silences qui en disent long, il y a une injonction silencieuse mais oppressante : « Fais-toi plus discret. Moins visible. Que ta compétence ne nous rappelle pas nos propres limites. »

C’est à chaque fois une invitation à essayer d’être plus silencieux, histoire que la prétendue intelligence se voit moins et cesse donc d’intimider les éventuels vis-à-vis. Ou alors un avertissement à peine voilé : « Ne sois pas surpris si on ne veut plus ou pas du tout de toi. »

Ce conditionnement est insidieux. Il pousse à s’effacer pour ne pas déranger, jusqu’à faire croire que le problème vient de soi alors qu’il est dans le regard des autres. On apprend, souvent trop tôt, que briller dérange. Que trop d’assurance fait peur. Que trop de compétences mettent mal à l’aise. Alors, pour éviter les conflits, on rogne, on lisse, on édulcore. On devient une version atténuée de soi-même, persuadé que c’est la seule façon d’être accepté.

Mais à quel prix ?

Parce qu’à force de plier, on se casse. À force de taire ce qui fait notre force, on finit par ne plus savoir qui on est sans ce filtre d’auto-censure. Et c’est là que le piège se referme : en croyant éviter le rejet, on s’enferme dans des relations, des environnements où l’on doit sans cesse se justifier d’exister pleinement.

De la frustration à la malveillance : quand la jalousie se transforme en danger

Il faut être lucide : certains ne se contenteront pas de murmurer dans votre dos. Ils vont nourrir une frustration silencieuse qui peut se transformer en haine pure. Ils vont ruminer, vous observer, s’empoisonner eux-mêmes de jalousie jusqu’à tenter de vous empoisonner pour de vrai.

On parle ici de malveillance active. De ces collègues ou supérieurs qui ne reculeront devant rien pour vous nuire. D’abord en douce, par des rumeurs, des sabotages, des blocages de promotion. Puis parfois, par des moyens plus sombres : intimidation, accidents « arrangés », attaques spirituelles, voire violences physiques.

Et le plus ironique ? Vous ne faites pas tout cela pour de l’argent. Vous ne travaillez pas plus dur parce que vous espérez une augmentation chaque matin. Vous le faites par conscience professionnelle. Parce que vous aimez bien faire les choses. Parce que le travail bien fait est une récompense en soi. Mais certains ne comprendront jamais ça.

Dans leur logique, si vous êtes autant impliqué, c’est que vous avez un plan caché. Ils ne peuvent pas concevoir qu’on puisse simplement aimer bien faire son travail, même sans contrepartie immédiate. Alors, ils chercheront à vous briser, juste parce que vous êtes une personne consciencieuse.

NE SOYEZ PAS NAÏF : TRAVAILLEZ, MAIS PROTÉGEZ-VOUS AUSSI

Il y a des endroits où croire en soi ne suffit pas. L’effort, l’intelligence, la rigueur sont indispensables, mais ils ne font pas tout. Dans certains environnements, il faut ajouter Dieu ou les ancêtres à l’équation.

Il faut prier. Il faut se protéger. Il faut écouter son instinct et ne négliger aucun signe, aucun conseil. Un malaise en présence de quelqu’un, un avertissement venu d’une personne bienveillante, une sensation étrange devant une boisson qu’on vous offre… rien n’est anodin.

Soyez méfiant. Travaillez bien, mais sachez que tout le monde ne veut pas vous voir réussir. Certains veulent vous voir tomber. Ne leur en donnez pas l’occasion.

Ne changez pas, mais soyez prêts

Il serait tentant de ralentir, d’en faire moins, de se fondre dans la masse pour éviter les tensions. Mais une question se pose : que vaut une acceptation qui repose sur un effacement de soi ? Quelle est la valeur d’une place qu’on ne peut garder qu’à condition de ne pas être entièrement soi-même ?

Ceux qui vous envient ne vous donneront jamais la validation que vous cherchez. Même si vous baissiez votre niveau, ils trouveraient autre chose à critiquer.

La meilleure réponse ? CONTINUER. Travailler avec la même rigueur, ne pas s’excuser d’être performant, et surtout, ne pas chercher à plaire à ceux qui ont choisi de voir en vous un problème plutôt qu’une inspiration.

Mais tout en avançant, priez. Protégez-vous. Restez vigilants. Ceux qui doivent reconnaître votre mérite le feront, tôt ou tard. Quant aux autres… eh bien, qu’ils essayent seulement.

Je te dis tout

CommunicationEmploiGabonOpinionSociété

Les heures supplémentaires au Gabon : un esclavage moderne déguisé ?

Au Gabon, travailler au-delà des horaires officiels est rarement une exception. C’est une habitude, une norme tacite, une attente déguisée en « engagement professionnel ». Pire encore, ces heures supplémentaires ne sont ni payées ni reconnues. Mais elles sont exigées, imposées et parfois même brandies comme un critère de loyauté envers l’entreprise.

Si vous osez rappeler vos horaires contractuels, on vous qualifiera d’individualiste, de fainéant, voire de mauvais élément. Pourtant, travailler gratuitement en dehors de ses heures n’est pas un acte de bravoure, mais une exploitation subtilement maquillée. C’est le paradoxe de la ponctualité à géométrie variable.

Il y a une ironie cruelle dans cette culture du travail extensible à l’infini. Ceux qui vous appellent à pas d’heure pour exiger un rapport, un fichier ou une intervention d’urgence sont les mêmes qui exigeront de vous une ponctualité militaire à l’arrivée au bureau.

Votre manager peut vous solliciter à 22h, un dimanche, pour « un petit truc rapide » qui prendra finalement deux heures. Mais si vous arrivez cinq minutes en retard le lundi matin, il vous fera un sermon sur la rigueur et la discipline. Où est la logique ?

La réalité, c’est que le respect des horaires ne fonctionne que dans un seul sens : en faveur de l’employeur. Le salarié, lui, est censé être disponible à toute heure, mais doit éviter à tout prix d’être en retard ou de quitter le bureau à l’heure pile.

Un climat de stress permanent

Ce genre de pratiques crée un environnement anxiogène, où le salarié n’a jamais vraiment de temps pour lui. Impossible de se détendre après le travail, car son téléphone peut sonner à tout moment avec une « petite urgence ». Ce harcèlement déguisé en exigence professionnelle a des conséquences graves :

  • Fatigue mentale et physique
  • Manque de sommeil dû aux sollicitations nocturnes
  • Anxiété chronique liée à la pression permanente
  • Perte de motivation et burn-out

Et pourtant, personne ne voit ça comme un problème. On préfère se convaincre que c’est « normal » ou « partie du jeu ». Mais quel jeu ? Celui où seul l’employeur gagne, pendant que l’employé perd en qualité de vie et en santé mentale ?

ET C’EST PIRE DANS LES STARTUPS ET ENTREPRISES TOXIQUES où l’abus devient un modèle économique

Certaines entreprises et startups, notamment dans le digital, la communication et les médias, sont les pires dans ce domaine. Elles vendent une image « cool » avec des bureaux modernes et une ambiance « start-up nation », mais leurs pratiques sont dignes du servage.

Les horaires flous : « On commence à 8h, mais on ne sait jamais à quelle heure on termine. »

Les obligations déguisées : « C’est pas obligatoire, mais si tu refuses, on va le noter. »

Les week-ends sacrifiés : « On a un événement samedi, donc tout le monde est mobilisé. »

Les WhatsApp nocturnes : « On va faire un point rapide, il est juste 23h. »

Dans ces structures, le droit à la déconnexion n’existe pas, et revendiquer une limite est vu comme un manque d’implication. Pourtant, ailleurs dans le monde, ces pratiques sont sanctionnées.

Il est temps de dire non

Travailler, oui. Se faire exploiter, non. Il est grand temps que les employés gabonais prennent conscience de leurs droits et arrêtent de normaliser ces abus. APPRENEZ VOS DROITS.

Les employeurs doivent comprendre que le respect du temps de travail est une obligation légale et morale. Et si les salariés continuent de subir en silence, alors rien ne changera.

La question est simple : jusqu’à quand allons-nous accepter d’être des employés corvéables à merci surtout quand le salaire ne suit pas ?

Je te dis tout