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GabonLa Fière TrentenaireSociété

Le Gabon, notre pis-aller.

Il n’y a pas à dire, le Gabonais aime son pays. D’un amour sincère et plein d’entrain. Il a beau s’en plaindre à longueur de journées, mais le patriotisme, au fond de lui, ne lui permettra jamais de s’en détourner trop longtemps.

Je me suis toujours dit ça parce que la plupart des gens que je connais reviennent offrir au pays le meilleur de ce qu’ils ont trouvé ou appris après s’être exilés à l’étranger. Il n’y a qu’à voir comment beaucoup d’anciens de la diaspora, de retour au pays, tentent de participer activement à la vie politique et économique du pays. Pas toujours avec beaucoup de sagesse, mais la plupart créent des business, lancent des initiatives novatrices au bénéfice des Gabonais restés au pays, « à ne rien faire d’autre que sortir tard le soir et dormir toute la journée ».

Parce que oui, c’est comme ça que beaucoup de gens de la diaspora nous voient souvent. Pour eux, on ne sait que groover, se chercher des sugar daddies et s’afficher avec les perruques les plus chères du marché, en gros entretenir une vie de paraître dépourvue de but réel. De la même façon, beaucoup d’entre nous, résidents, les voient comme des arrivistes que le rang social des parents propulse presque toujours au-devant des opportunités, facilitant ainsi leur accès au rêve américain gabonais. Il faut les voir les premiers mois, pleins d’idées, pleins de ressources, mais surtout pleins de hargne. Ils sont partout, partagés entre plusieurs business : locations meublées, restos, salles de pilates, instituts de beauté, e-médias, magazines de bons plans, et j’en passe… Ils ont à peine le temps pour leurs proches qu’ils jugent parfois dangereux pour leur « réussite »… « Au pays, on empoisonne », donc on fait attention… Et plus le temps passe, moins ils sont hargneux. L’envie de réussir n’a pas disparu, mais, au vu des difficultés, le rêve gabonais devient de plus en plus abstrait… Comme beaucoup de rêves, il est souvent de courte durée.

Après avoir connu la discrimination, la solitude, le manque de repères culturels, et parfois même le sentiment d’échec à l’étranger, ils se refusent à le revivre chez eux. Après avoir tenté et réessayé sans que ça marche comme ils l’imaginaient. Après avoir tenté de revendre à 100 000 FCFA un sac de citrons acheté à 100 000 FCFA, pour un bénéfice de 100 %, ils s’ouvrent aux réalités actuelles, à ce qu’ils considéraient comme des facilités à l’époque. Leur enthousiasme initial se transforme en déception. Certains finissent par quitter à nouveau le Gabon, déçus et frustrés. Mais d’autres restent, résignés comme nous tous, parce que de toute façon, le Gabon est un pis-aller, le nôtre.

Vous savez que j’aime bien vous faire découvrir des trucs, non ? Eh bien, pour enrichir votre vocabulaire aujourd’hui, sachez que « pis-aller » est un terme que l’on utilise pour définir ce à quoi l’on se résout, faute de mieux. C’est le haut niveau de la résignation, plus connu au pays comme « on va encore faire comment ? ». On est là, autant rester. On ne va pas retourner à l’étranger et de nouveau subir le racisme ou l’exclusion, payer les impôts… Donc on se laisse aller à ce qu’il y a : corruption, retournement de veste, enchaînement de « petites », grooves, plus de Régab que d’eau, délestages, chômage… On garde un sourire apparent. Mais derrière le sourire et la bonne humeur, on ressent souvent une frustration profonde face aux promesses non tenues, aux opportunités manquées, à la corruption endémique qui ralentit le développement du pays. Puisqu’on ne peut porter haut nos voix (en dehors des périodes électorales), on devient décrypteur d’actualité. On critique tout par tous les moyens dont on dispose : Facebook, Twitter, un Gabonais normal… En attendant de voir le soleil et de finir comme ceux qu’on critiquait jadis, parce que c’est quoi le rêve gabonais, sinon une place à l’ombre des billets ? On attend, on se résigne.

Pourtant, malgré cette résignation apparente, il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont les Gabonais continuent de croire en leur pays (n’en déplaise à la Chronique d’un Pessimiste). Peut-être est-ce cette espérance tenace, cette croyance que demain sera meilleur. Ou peut-être est-ce simplement la force de l’habitude, cette routine qui fait que l’on finit par accepter les choses telles qu’elles sont. Survivre plus que vivre.

Les Gabonais sont des survivants. Ils ont appris à tirer le meilleur de ce qui leur est offert, à faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour surmonter les obstacles, même si ça revient à vendre de la friperie, devenir vineur/tiktokeur, « dealer du mbaki », retourner chez les darons ou se poser en tchiza. Les marchés animés, les lives plus drôles les uns que les autres, les petits commerces familiaux, les initiatives communautaires sont autant de preuves de cette résilience.

Le Gabon possède pourtant tous les atouts pour briller : des ressources naturelles abondantes, une situation géographique stratégique, un peuple talentueux et passionné. Pourtant, malgré ces atouts, le pays peine à décoller véritablement, à sortir de cette spirale de la médiocrité dans laquelle il semble coincé. Pourquoi donc ?

À mon avis (et c’est bien le mien, celui d’une Gabonaise résidente qui se sert de ce dont elle dispose pour dénoncer), c’est parce que ces « richesses » sont gérées en petits groupes, toujours les mêmes noms… Mais on nous jure que le pays change, qu’il évolue, qu’il vit une « transition »… Alors, le Gabonais Normal continue de rêver d’un pays meilleur

Et peut-être, un jour, ce rêve se réalisera.

La Fière Trentenaire 😘

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ÉducationEmploiGabonOpinionSociété

La jalousie professionnelle : quand l’excellence devient une menace

Dans un monde idéal, être compétent, rigoureux et efficace devrait être une source d’inspiration pour les autres. Malheureusement, dans bien des environnements professionnels, exceller attire autant l’admiration que l’animosité.

Vous êtes ce collègue qui arrive à l’heure, qui respecte les délais, qui anticipe les problèmes et propose des solutions. Celui ou celle qui, sans fanfaronnade, fait son travail avec sérieux et constance. Et pourtant, au lieu d’être perçu comme un atout, vous devenez une cible. On vous soupçonne de vouloir “briller”, de chercher à “vous faire voir“, voire de menacer un équilibre invisible où la médiocrité est un refuge confortable.

Et derrière ces regards en biais, ces remarques faussement anodines, ces silences qui en disent long, il y a une injonction silencieuse mais oppressante : “Fais-toi plus discret. Moins visible. Que ta compétence ne nous rappelle pas nos propres limites.”

C’est à chaque fois une invitation à essayer d’être plus silencieux, histoire que la prétendue intelligence se voit moins et cesse donc d’intimider les éventuels vis-à-vis. Ou alors un avertissement à peine voilé : “Ne sois pas surpris si on ne veut plus ou pas du tout de toi.”

Ce conditionnement est insidieux. Il pousse à s’effacer pour ne pas déranger, jusqu’à faire croire que le problème vient de soi alors qu’il est dans le regard des autres. On apprend, souvent trop tôt, que briller dérange. Que trop d’assurance fait peur. Que trop de compétences mettent mal à l’aise. Alors, pour éviter les conflits, on rogne, on lisse, on édulcore. On devient une version atténuée de soi-même, persuadé que c’est la seule façon d’être accepté.

Mais à quel prix ?

Parce qu’à force de plier, on se casse. À force de taire ce qui fait notre force, on finit par ne plus savoir qui on est sans ce filtre d’auto-censure. Et c’est là que le piège se referme : en croyant éviter le rejet, on s’enferme dans des relations, des environnements où l’on doit sans cesse se justifier d’exister pleinement.

De la frustration à la malveillance : quand la jalousie se transforme en danger

Il faut être lucide : certains ne se contenteront pas de murmurer dans votre dos. Ils vont nourrir une frustration silencieuse qui peut se transformer en haine pure. Ils vont ruminer, vous observer, s’empoisonner eux-mêmes de jalousie jusqu’à tenter de vous empoisonner pour de vrai.

On parle ici de malveillance active. De ces collègues ou supérieurs qui ne reculeront devant rien pour vous nuire. D’abord en douce, par des rumeurs, des sabotages, des blocages de promotion. Puis parfois, par des moyens plus sombres : intimidation, accidents “arrangés”, attaques spirituelles, voire violences physiques.

Et le plus ironique ? Vous ne faites pas tout cela pour de l’argent. Vous ne travaillez pas plus dur parce que vous espérez une augmentation chaque matin. Vous le faites par conscience professionnelle. Parce que vous aimez bien faire les choses. Parce que le travail bien fait est une récompense en soi. Mais certains ne comprendront jamais ça.

Dans leur logique, si vous êtes autant impliqué, c’est que vous avez un plan caché. Ils ne peuvent pas concevoir qu’on puisse simplement aimer bien faire son travail, même sans contrepartie immédiate. Alors, ils chercheront à vous briser, juste parce que vous êtes une personne consciencieuse.

NE SOYEZ PAS NAÏF : TRAVAILLEZ, MAIS PROTÉGEZ-VOUS AUSSI

Il y a des endroits où croire en soi ne suffit pas. L’effort, l’intelligence, la rigueur sont indispensables, mais ils ne font pas tout. Dans certains environnements, il faut ajouter Dieu ou les ancêtres à l’équation.

Il faut prier. Il faut se protéger. Il faut écouter son instinct et ne négliger aucun signe, aucun conseil. Un malaise en présence de quelqu’un, un avertissement venu d’une personne bienveillante, une sensation étrange devant une boisson qu’on vous offre… rien n’est anodin.

Soyez méfiant. Travaillez bien, mais sachez que tout le monde ne veut pas vous voir réussir. Certains veulent vous voir tomber. Ne leur en donnez pas l’occasion.

Ne changez pas, mais soyez prêts

Il serait tentant de ralentir, d’en faire moins, de se fondre dans la masse pour éviter les tensions. Mais une question se pose : que vaut une acceptation qui repose sur un effacement de soi ? Quelle est la valeur d’une place qu’on ne peut garder qu’à condition de ne pas être entièrement soi-même ?

Ceux qui vous envient ne vous donneront jamais la validation que vous cherchez. Même si vous baissiez votre niveau, ils trouveraient autre chose à critiquer.

La meilleure réponse ? CONTINUER. Travailler avec la même rigueur, ne pas s’excuser d’être performant, et surtout, ne pas chercher à plaire à ceux qui ont choisi de voir en vous un problème plutôt qu’une inspiration.

Mais tout en avançant, priez. Protégez-vous. Restez vigilants. Ceux qui doivent reconnaître votre mérite le feront, tôt ou tard. Quant aux autres… eh bien, qu’ils essayent seulement.

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CommunicationEmploiGabonOpinionSociété

Les heures supplémentaires au Gabon : un esclavage moderne déguisé ?

Au Gabon, travailler au-delà des horaires officiels est rarement une exception. C’est une habitude, une norme tacite, une attente déguisée en “engagement professionnel”. Pire encore, ces heures supplémentaires ne sont ni payées ni reconnues. Mais elles sont exigées, imposées et parfois même brandies comme un critère de loyauté envers l’entreprise.

Si vous osez rappeler vos horaires contractuels, on vous qualifiera d’individualiste, de fainéant, voire de mauvais élément. Pourtant, travailler gratuitement en dehors de ses heures n’est pas un acte de bravoure, mais une exploitation subtilement maquillée. C’est le paradoxe de la ponctualité à géométrie variable.

Il y a une ironie cruelle dans cette culture du travail extensible à l’infini. Ceux qui vous appellent à pas d’heure pour exiger un rapport, un fichier ou une intervention d’urgence sont les mêmes qui exigeront de vous une ponctualité militaire à l’arrivée au bureau.

Votre manager peut vous solliciter à 22h, un dimanche, pour “un petit truc rapide” qui prendra finalement deux heures. Mais si vous arrivez cinq minutes en retard le lundi matin, il vous fera un sermon sur la rigueur et la discipline. Où est la logique ?

La réalité, c’est que le respect des horaires ne fonctionne que dans un seul sens : en faveur de l’employeur. Le salarié, lui, est censé être disponible à toute heure, mais doit éviter à tout prix d’être en retard ou de quitter le bureau à l’heure pile.

Un climat de stress permanent

Ce genre de pratiques crée un environnement anxiogène, où le salarié n’a jamais vraiment de temps pour lui. Impossible de se détendre après le travail, car son téléphone peut sonner à tout moment avec une “petite urgence”. Ce harcèlement déguisé en exigence professionnelle a des conséquences graves :

  • Fatigue mentale et physique
  • Manque de sommeil dû aux sollicitations nocturnes
  • Anxiété chronique liée à la pression permanente
  • Perte de motivation et burn-out

Et pourtant, personne ne voit ça comme un problème. On préfère se convaincre que c’est “normal” ou “partie du jeu”. Mais quel jeu ? Celui où seul l’employeur gagne, pendant que l’employé perd en qualité de vie et en santé mentale ?

ET C’EST PIRE DANS LES STARTUPS ET ENTREPRISES TOXIQUES où l’abus devient un modèle économique

Certaines entreprises et startups, notamment dans le digital, la communication et les médias, sont les pires dans ce domaine. Elles vendent une image “cool” avec des bureaux modernes et une ambiance “start-up nation”, mais leurs pratiques sont dignes du servage.

Les horaires flous : “On commence à 8h, mais on ne sait jamais à quelle heure on termine.”

Les obligations déguisées : “C’est pas obligatoire, mais si tu refuses, on va le noter.”

Les week-ends sacrifiés : “On a un événement samedi, donc tout le monde est mobilisé.”

Les WhatsApp nocturnes : “On va faire un point rapide, il est juste 23h.”

Dans ces structures, le droit à la déconnexion n’existe pas, et revendiquer une limite est vu comme un manque d’implication. Pourtant, ailleurs dans le monde, ces pratiques sont sanctionnées.

Il est temps de dire non

Travailler, oui. Se faire exploiter, non. Il est grand temps que les employés gabonais prennent conscience de leurs droits et arrêtent de normaliser ces abus. APPRENEZ VOS DROITS.

Les employeurs doivent comprendre que le respect du temps de travail est une obligation légale et morale. Et si les salariés continuent de subir en silence, alors rien ne changera.

La question est simple : jusqu’à quand allons-nous accepter d’être des employés corvéables à merci surtout quand le salaire ne suit pas ?

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ConteGabonSociété

Le corbeau et la mangeoire

Le vieux roi Hyène, dont le rire résonnait autrefois dans toute la savane, fut chassé du trône par un corbeau rusé et ambitieux. Ce dernier, juché sur une branche au-dessus de la mangeoire royale, proclamait à qui voulait l’entendre : « Finie l’époque des carnassiers voraces ! Désormais, seul celui qui saura honorer ma grandeur goûtera aux délices du royaume. »

Les animaux, médusés, observaient ce drôle de souverain, mais la faim étant un tyran plus redoutable encore, ils s’avancèrent un à un, le bec et le museau pleins d’allégeance.

Le premier fut le Chacal, qui, avec une révérence exagérée, lécha les serres du Corbeau en gloussant : « Ô Majesté, votre plumage surpasse l’ébène, votre bec est plus affûté que l’esprit du Lièvre ! » Séduit par tant de flagornerie, le Corbeau lui offrit une maigre pitance. Aussitôt, tous les autres bêtes s’essayèrent à l’exercice, redoublant d’éloges grotesques. L’Éléphant parla de « plumes divines », la Tortue vanta « l’élégance aérienne » du souverain, et même le Crocodile, pourtant réputé pour son franc-parler, se fendit d’un compliment sur « la noblesse du croassement royal ».

Mais le Singe, moqueur et malin, ne put s’empêcher de ricaner. « Alors c’est ça, la nouvelle loi ? Un festin pour les lèche-plumes et la disette pour les honnêtes ? » Le Corbeau, piqué au vif, lui rétorqua : « Qu’importe la sincérité, seul le respect compte ! » Et pour punir l’effronté, il ordonna qu’on lui retire sa part. Voyant cela, les animaux redoublèrent d’ardeur, s’agenouillant si bas qu’ils en mangeaient la poussière, et le Corbeau, ivre de vanité, en oublia même de manger lui-même.

C’est ainsi que, repu d’adulation mais affamé de bon sens, le Corbeau finit par s’effondrer d’inanition. Le vent, témoin de la scène, siffla doucement dans les branches : « Mieux vaut un roi qui rit qu’un roi qu’on flatte. » Et au loin, la Hyène, éclatant de son rire rauque, savourait son retour inévitable.

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Le relationnel au Gabon : quand les vrais deals se font au bar et pas en réunion

Au Gabon, et plus largement en Afrique, le relationnel est un art. Mais contrairement aux schémas classiques où l’on imagine des costumes-cravates serrés autour d’une table de conférence en train de négocier des contrats avec des PowerPoint bien chiadés, ici, c’est souvent une toute autre dynamique.

Le vrai réseautage ne se fait pas dans les salons feutrés des hôtels ou dans les bureaux climatisés des tours administratives. Non. Il se passe dans des bars, des “chills”, des afterworks improvisés et même dans des maquis où la seule carte de visite qui compte, c’est la capacité à tenir un verre sans vaciller.

Les deals à la fraîche : bienvenue dans l’économie du chill

Dans beaucoup de pays africains, et le Gabon ne fait pas exception, l’informel est roi. Que ce soit dans les affaires, la politique ou même les opportunités de carrière, c’est souvent une question de “qui connaît qui”. Mais contrairement aux idées reçues, les connexions ne se tissent pas forcément dans des cadres conventionnels.

Prenons un scénario typique. Un jeune ambitieux veut décrocher un marché ou un job. Il envoie son CV par mail, attend une réponse qui ne viendra probablement jamais. Parce qu’il ne sait pas encore que son CV aurait eu plus d’impact s’il l’avait déposé verbalement au bon moment, au bon endroit.

Le bon moment ? Un vendredi soir.

Le bon endroit ? Un bar fréquenté par des décideurs.

Le bon timing ? Entre le deuxième et le troisième verre, quand l’ambiance est légère, que tout le monde se tutoie et que les barrières hiérarchiques s’effacent comme par magie.

Les catégories de relationnel “made in Gabon”

1. Le réseautage alcoolisé

C’est la base. Au Gabon, on ne compte plus le nombre de contrats et d’embauches qui se sont décidés autour d’un bon whisky, d’une bière ou d’une bouteille de rosé bien glacée. Il n’est pas rare qu’un cadre ou un entrepreneur balance un “Passe-moi ton numéro, on va voir ce qu’on peut faire” entre deux gorgées. Et si le contact est bien entretenu (traduction : ne pas oublier de relancer une semaine après avec subtilité), ça peut déboucher sur quelque chose de concret.

2. Le réseautage gastronomique

Ici, tout commence par un plat de cotis braisés ou de la viande de brousse. Il suffit de bien choisir sa table dans un restaurant populaire et de se faire remarquer (positivement, bien sûr) par un big boss de passage. Une invitation à s’asseoir, quelques échanges cordiaux sur l’état du pays, et hop, un partenariat peut voir le jour entre deux bouchées de paquet de concombre.

3. Le réseautage familial

On parle souvent de “l’Afrique des réseaux”, mais le plus puissant de tous reste la famille. Il suffit d’avoir un oncle, une tante ou un cousin bien placé pour voir des portes s’ouvrir comme par enchantement. Bien sûr, cela ne garantit pas le poste ou le contrat, mais ça donne une longueur d’avance face à ceux qui doivent tout faire par la voie classique. Faut pas suivre, le piston c’est important.

4. Le réseautage événementiel

Mariages, anniversaires, funérailles… chaque occasion est une opportunité. Ce n’est pas un hasard si certains Gabonais prennent un soin particulier à s’habiller élégamment même pour des cérémonies où ils ne connaissent personne. L’idée est simple : se fondre dans le décor, identifier les personnes influentes et entamer des conversations anodines qui peuvent déboucher sur de belles opportunités.

Pourquoi ça marche (et pourquoi ce n’est pas une voie unique)

Ce modèle de réseautage fonctionne parce qu’il repose sur la proximité, la confiance et l’instantanéité. Les décisions se prennent vite, dans un cadre détendu, et souvent sur la base d’un bon “feeling”.

Mais ce n’est pas une science exacte.

D’abord, il favorise les initiés et laisse de côté ceux qui ne maîtrisent pas les codes de ce relationnel “off the record”. Ensuite, il peut encourager une forme de favoritisme où la compétence passe parfois après la convivialité.

Enfin, il crée une situation où les opportunités professionnelles et économiques dépendent plus des rencontres hasardeuses que d’un système transparent et méritocratique. Ce qui peut être frustrant pour ceux qui jouent le jeu à l’occidentale, avec CV bien ficelé et lettres de motivation en bonne et due forme.

Réseautage informel vs. voies classiques : pourquoi choisir ?

Faut-il tout miser sur ces cercles d’influence décontractés ? Pas forcément. Beaucoup de personnes réussissent grâce à leur mérite, en passant par les voies classiques : candidatures bien préparées, formations solides, efforts constants.

Mais il serait naïf d’ignorer la réalité du terrain. Beaucoup de choses se jouent en dehors des cadres conventionnels.

La meilleure approche ? Ne pas se limiter.

Envoyer son CV par mail, mais aussi accepter cette invitation à un chill. Se préparer aux entretiens, mais aussi savoir engager la conversation avec les bonnes personnes au bon moment.

Parce que dans un pays où le relationnel ouvre beaucoup de portes, mieux vaut avoir toutes les clés en main.

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FemmesLa Fière TrentenaireSociété

1404, Allo !!!? 

Je commence presque toujours mes formations sur le risque industriel en posant une question aux stagiaires « quels sont les numéros d’urgence que vous connaissez ? ». Parmi ceux qui reviennent le plus souvent, il y a le 911 et le 18. Avant de commencer j’ai envie de rappeler que ces deux numéros, souvent apparentés à la police et aux pompiers, ne sont pas valides au Gabon.

Je crois qu’à force de les voir et les entendre dans les shows télévisés occidentaux que nous regardons au quotidien, nous nous sommes laissés avoir par l’idée qu’ils sont actifs ici aussi, mais ce n’est pas le cas.
Cette question, on pourrait la poser dans la rue, à n’importe quel Gabonais normal, et très peu sauront répondre en donnant au moins deux numéros d’urgence valides. Encore moins de personnes sauront vous dire qui appeler pour déclarer quel type d’urgence. Pourtant, on a tous déjà été confrontés à une situation qui nécessitait les forces d’intervention, la police, les pompiers, le SAMU… et j’en passe. Mais très peu d’entre nous (je m’appuie sur un panel d’au moins 90 personnes formées au cours de l’année dernière) connaissent les numéros d’urgence valides dans leur ville.

Si en salle de formation, en situation totale d’accalmie, personne ne se souvient du contact de la police, je peux dire sans m’avancer qu’en cas d’urgence, même doté d’un sang-froid à toute épreuve ou formé à réagir, il nous sera encore moins évident de se rappeler des procédures importantes et surtout, des numéros d’urgence. D’autant que dans notre pays, chaque ville a un numéro d’urgence différent et qu’en plus, selon le quartier d’où tu appelles, il est probable que ton interlocuteur ne fasse que t’orienter vers un autre commissariat, qui n’interviendra que si tu leur fournis le carburant pour… C’est à se demander pourquoi on paie des impôts. Bref !

À l’aube de la Journée internationale des droits des femmes, quelques semaines seulement après que nous nous soyons tous indignés devant les conditions du décès de Béatrice ZANG, j’ai envie de poser la questionQui connaît le numéro vert (gratuit) pour dénoncer les violences faites aux femmes au Gabon ? … Maintenant que vous êtes allés relire le titre de l’article, dites-moi en toute sincérité, si vous le connaissiez avant aujourd’hui ? Parce qu’après tout, qui en parle ?

En ce qui me concerne, je le connais, et à chaque fois que j’en ai l’occasion, je le partage autour de moi. Mais heureusement pour moi et pour les femmes de mon entourage, je n’ai jamais eu à m’en servir. Par contre, je me suis toujours posé la question de savoir comment il fonctionne. J’aurais pu appeler, mais j’ai évité de faire le test pour ne pas éventuellement bloquer la ligne à une victime tentant d’obtenir de l’aide. J’ai donc fait quelques recherches, lu des articles sur le sujet, et j’ai appris que le centre d’appel orienterait les victimes et/ou témoins sur la conduite à tenir en cas de violenceQui, d’autre qu’eux, appeler ; les structures médicales de prise en charge, le commissariat le plus proche, etc. Il peut recevoir jusqu’à 30 appels par seconde, c’est énorme !!!

Quand on sait que selon les chiffres sortis en novembre 2024 par le Ministère des Affaires Sociales, 90% des femmes gabonaises ont déjà été victimes de violences sexuelles et que 64% sont victimes de violences physiques (dont 46% de leur conjoint), il est révoltant de constater que très peu d’entre nous sont familiers au 1404. Mais ce n’est pas entièrement de notre faute. Une part des responsabilités revient aux autorités qui l’ont mis en place et se sont contentées d’en parler deux à trois fois sans plus. Si on nous bassinait chaque jour de ces numéros comme les Américains et les Français le font quotidiennement avec les leurs, si on centralisait les appels d’urgence sur des numéros courts gratuits et faciles à joindre, et si on améliorait le rapport au plaignant des personnes au bout du fil, je crois qu’on n’aurait pas trop de mal à les retenir et surtout à les appeler au besoin.

Parfois, même quand on connaît le contact de la police, on a peur de les appeler, parce qu’au Gabon, la procédure ne se limite malheureusement pas toujours à l’appel. Les témoins sont très souvent exposés quand les autorités se présentent après leur appel. Combien se sont vus devenir des victimes après que des acteurs de violences les aient pris pour cible parce qu’ils avaient osé dénoncer des violences subies par une voisine, une sœur, une amie ? Tu appelles la police, et puisque tu ne peux pas leur donner une adresse précise (tu connais les indications au bled non ? derrière la flaque d’eau…), tu es forcé de les recevoir et parfois de leur indiquer la porte de la maison ciblée. Gare à toi si quelqu’un t’a vu faire.

À une période, j’étais très à cheval avec le règlement des conflits par les forces de l’ordreDes déchets devant ma maison, police. Des jeunes fumant à la fenêtre de ma chambre, police. Tapage nocturne, police… Je me souviens d’ailleurs qu’une fois, j’ai contacté la police parce qu’un de mes voisins policiers frappait sa conjointe. Quelle ne fut pas ma frayeur de jeune fille vivant seule avec ses enfants quand, le lendemain, le type se pointa à ma porte en caleçon-débardeur avec son arme serrée dans une ceinture qui n’était posée là que pour me montrer le fusil. « Je suis venu te saluer voisine ! C’est toi qui as appelé mes collègues hier non ? » m’avait-il sorti d’un air nerveux. Je n’abuse pas quand je dis que j’ai vu ma vie défiler devant moi. Après ça, je n’ai plus jamais contacté la police que parce qu’on m’avait cambriolée, deux à trois ans plus tard. Imaginez que le monsieur s’était vengé ?

La plupart du temps, dénoncer des violences peut nous coûter notre tranquillité, des blessures, voire pire, la mort. Certains se font harceler après avoir dénoncé le “ravisseur”, sous le regard impuissant de sa victime. D’autres qui, par vaillance, tentent de s’interposer, se font agresser par le couple une fois que la victime constate que son défenseur prend le dessus sur son bourreauBref, tout est “mélOngé mélOngé” !

En gros, il y a encore beaucoup de choses à revoir dans la gestion des violences faites aux femmesLa communication sur les numéros à joindre, l’aide aux victimes, la protection des témoins, la condamnation rapide du ravisseur… On n’oublie pas le traitement des plaintes et le deux poids, deux mesures quand le ravisseur est un proche.

On est encore loin, mais bon, on va y arriver “un peu un peu”

La Fière Trentenaire 😘

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GabonOpinionSociété

Faire autrement c’est d’abord un choix

« Faire du neuf avec du vieux », modifier les apparences sans rénover. C’est un peu ça au final la transition au Gabon. En reprenant les mêmes joueurs, on obtient les mêmes résultats car la volonté n’est pas de changer les règles du jeu mais bien de s’enrichir.

La sortie du Ministre des Mines m’a littéralement bondir. Koh « enlevez vos enfants du tertiaire »… M’enfin ! C’est exactement la raison pour laquelle on en est là. Là oú ? À 1 Gabonais, 1 Taxi. Dès le départ, on a expliqué au Gabonais, qui n’avait alors pas de problème pour se baisser et planter, qu’il n’aurait plus à le faire : le sol est riche en ressources pourquoi developper une economie autour d’autre chose ? Plus d’un demi-siècle plus tard, on voit les résultats. Aujourd’hui alors qu’on court après un élargissement du marché du travail et une diversification de l’offre, une Autorité vient nous expliquer qu’il faudrait reculer. Non, Monsieur !

Et même si tout cela part d’une bonne intention, je suppose la formation puis le recrutement de spécialistes du domaine, la forme du message est problématique. Sous d’autres cieux, pour marquer une préférence vers une formation, on n’essaie pas de déshabiller Paul. On propose des incitatifs :

  • Des bourses
  • Des contrats courts
  • Des formations courtes
  • Des salaires attractifs
  • Des emplois.
    Le dernier point est assez interessant car un Gabonais normal a répondu au Ministre qui prétendait que les ressources humaines locales n’existaient pas. Documents à l’appui, il a montré toute la difficulté de l’intégration au Gabon dans la fonction publique dont PERSONNE ne connait les besoins réels. Ou peut-être qu’ils connaissent mais ils ne veulent pas les dire au public… Notre pays n’est pas réputé pour la transparence de ses institutions.

Et là, vous vous demandez pourquoi je parlais de faire du neuf avec du vieux… Parce que cette sortie du Ministre, aussi maladroite soit-elle, n’est que le reflet d’un mode de gouvernance bien connu au Gabon : on ne règle pas les problèmes, on les déplace. Plutôt que de bâtir une stratégie cohérente et durable, on lance des déclarations à l’emporte-pièce, sans fond ni vision. C’est le règne du coup de com’, du symbole creux, du « faire semblant ». Et surtout, du recyclage permanent des mêmes pratiques et des mêmes discours.

Or, si nous voulons réellement avancer, il faut arrêter de bricoler et poser les bases d’un modèle économique qui fonctionne pour nous. Ce n’est pas en pointant du doigt un secteur ou un autre que nous trouverons des solutions. C’est en nous demandant : comment créer un environnement où chaque Gabonais peut s’épanouir et contribuer au développement du pays ?

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Les faux révolutionnaires et la tentation de l’enveloppe : quand la morale a un prix

La trahison a une saveur particulière lorsqu’elle vient de ceux qui s’érigent en donneurs de leçons. On les voit partout, ces soi-disant “activistes”, autoproclamés défenseurs du peuple, des justiciers numériques armés de lives Facebook et de vidéos TikTok.


« Ne faites pas ce qu’ils font, car ils disent et ne font pas. » – Matthieu 23:3

Ils se posent en gardiens de l’intégrité, dénoncent la corruption, crient au scandale… jusqu’au jour où une enveloppe glisse entre leurs mains tremblantes d’hypocrisie.

Et puis, patatras ! La vérité éclate. Le chevalier blanc qui tonnait contre “le système” est pris en flagrant délit, filmé en train d’accepter ce qu’il a toujours condamné : l’argent de ceux qu’il traitait de corrompus. Un pur moment de comédie tragique où l’indignation feint et laisse place à un balbutiement gêné, une explication confuse, un silence pesant.

Ce type de personnage pullule sur les réseaux sociaux. Le jour, ils font vibrer les foules en promettant l’exemplarité. La nuit, ils comptent leurs billets en priant pour que personne ne les ait vus. Ils dénoncent ceux qui se vendent, tout en négociant leur propre prix dans l’ombre.

Et lorsqu’ils sont pris la main dans le sac, le spectacle devient encore plus grotesque. D’abord, ils crient au complot, accusent leurs détracteurs d’être jaloux. Ensuite, ils invoquent des justifications absurdes : « Ce n’était pas un pot-de-vin, c’était un don. » Ou encore, « C’était l’argent du taxi comme cela se fait dans nos coutumes bantous ! » Oui, bien sûr… Comme si le piège n’était pas leur propre cupidité.

Il faut dire que ce n’est pas un phénomène nouveau. L’histoire est jonchée de faux révolutionnaires qui, une fois arrivés à proximité du gâteau, oublient leurs discours enflammés. Les valeurs ? Elles fondent au contact des liasses de billets comme du beurre sous le soleil équatorial.

Derrière l’indignation populaire se cache une vérité amère : ces pseudo-activistes ne sont pas des exceptions, mais des symptômes. Ils incarnent une société où la morale s’affiche bruyamment en public, mais s’efface discrètement en coulisses.

Ils sont le reflet d’un système qu’ils prétendent combattre, mais dont ils rêvent secrètement de faire partie.

Car au fond, leur combat n’a jamais été pour le peuple. Leur combat, c’était pour attirer l’attention, se donner une posture, et surtout, se faire une place à la table des puissants. Une fois assis, le festin commence et les beaux discours s’évanouissent

La colère du peuple, qui les voyait comme des héros, devient alors une nuisance à étouffer. Ceux qui hier dénonçaient la censure finissent par bloquer leurs anciens partisans, ceux-là mêmes qui leur rappellent leurs promesses trahies.

Alors, à tous ces donneurs de leçons qui finissent par s’asseoir à la table du pouvoir après avoir juré de la renverser : épargnez-nous votre théâtre. Si votre conscience a un prix, au moins, ayez la décence de ne plus venir nous parler d’intégrité. Et surtout, ayez la dignité de ne pas vous étonner lorsque le peuple, lui, vous tourne le dos.

Je te dis tout

GabonOpinionSociété

Polygamie : Une question de rivalité ou de choix de société ?

A la rédactrice de l’article intitulé « L’hypocrisie des Femmes : La polygamie. ». Je trouve ton analyse intéressante dans la mesure où elle met en lumière un point souvent soulevé : l’importance du statut social dans les relations amoureuses et la manière dont certaines femmes perçoivent leur place dans un couple. Toutefois, plusieurs aspects de ton raisonnement méritent d’être nuancés, car la question de la polygamie et de l’infidélité dépasse largement la simple rivalité entre femmes.  

Tout d’abord, je pense qu’il est essentiel de préciser que le fait d’être une femme ou un homme ne confère pas une compréhension absolue des problématiques liées à son genre. Nos expériences personnelles, nos observations et même notre ressenti peuvent influencer notre vision des choses, mais ils ne constituent pas une vérité universelle

Par exemple, toutes les femmes ne vivent pas leur relation amoureuse de la même manière, et toutes ne placent pas la même importance sur des éléments comme l’exclusivité ou la fidélité. C’est pourquoi un regard plus large, qui intègre différents points de vue et contextes, est toujours nécessaire avant de tirer une conclusion généralisée.  

Ensuite, tu sembles attribuer le rejet de la polygamie à une sorte de compétition mal assumée entre les femmes. Pourtant, ce rejet ne repose pas uniquement sur une question d’ego ou de rivalité, mais sur des valeurs, des émotions et des choix de vie bien plus profonds. L’exclusivité dans un couple, qu’elle soit choisie ou imposée par une norme sociale, repose sur un besoin d’engagement mutuel qui n’a rien à voir avec une simple peur de la concurrence. La jalousie et l’exclusivité affective ne sont pas des caprices ou des preuves d’insécurité, mais des réalités humaines qui existent autant chez les hommes que chez les femmes.  

Tu évoques aussi la fameuse phrase « C’est toi qui as la bague », souvent utilisée pour consoler une femme trompée. Certes, ce type de raisonnement existe, et il reflète une manière biaisée de percevoir la valeur d’un engagement. Mais faut-il pour autant en conclure que le problème vient uniquement du fait qu’une femme veut être « au-dessus » de l’autre ? Ce serait oublier que, dans beaucoup de cultures, le mariage est une institution qui apporte une forme de sécurité et de reconnaissance sociale, en particulier pour les femmes. 

Dans certaines sociétés, être mariée signifie avoir une certaine stabilité économique, des droits juridiques, et une place reconnue au sein de la famille. C’est peut-être moins une question de domination qu’un besoin de préserver un statut social qui, historiquement, a longtemps été essentiel à la survie des femmes dans des structures patriarcales.  

Par ailleurs, il me semble important de différencier infidélité et polygamie. L’infidélité repose sur la tromperie, la dissimulation, la rupture d’un accord implicite ou explicite entre deux partenaires. La polygamie, en revanche, lorsqu’elle est consentie par toutes les parties, repose sur un cadre établi et assumé. Ces deux réalités ne sont pas comparables. 

Dire que les femmes acceptent l’infidélité tant qu’elles ont « la bague » revient à réduire un phénomène complexe à un simple enjeu de fierté. En réalité, les réactions des femmes face à l’infidélité varient énormément : certaines quittent leur conjoint, d’autres pardonnent par amour, par dépendance affective ou financière, d’autres encore l’acceptent mais le vivent douloureusement. On ne peut donc pas en faire une généralité.  

Enfin, si l’on parle d’hypocrisie, on pourrait aussi évoquer celle des hommes qui prônent la polygamie lorsqu’elle les avantage, mais qui supportent difficilement l’idée d’une femme ayant plusieurs partenaires. Ce double standard est omniprésent dans beaucoup de sociétés où la polygamie est acceptée pour les hommes mais interdite pour les femmes. Il est donc légitime de se demander si l’argument du « rejet de la concurrence » ne serait pas, en réalité, un discours entretenu pour justifier une inégalité de traitement entre hommes et femmes.  

En conclusion, je pense que le rejet de la polygamie ne repose pas uniquement sur une peur de la concurrence, mais sur une multitude de facteurs : des normes culturelles, des croyances personnelles, des émotions profondes et une certaine vision de l’engagement. Ce n’est pas un simple jeu de domination entre femmes, mais une question plus large qui touche à la liberté de choix et à la conception que chacun se fait de l’amour et du couple.  

Je te dis tout

GabonOpinionSociété

« Nous sommes Bantu » : l’excuse parfaite pour ne rien changer ?

Dans nos sociétés, il y a des phrases qui servent d’arguments massue, des répliques qui coupent court à tout débat et scellent le sort de toute discussion. L’une des plus populaires ? « Nous sommes Bantu. »

Cette phrase, qu’on pourrait croire anodine et qui est en passant un argument d’autorité, est en réalité une armure, un passe-droit, un bouclier inébranlable face au changement. Elle permet de justifier l’immobilisme, de sanctifier les hiérarchies les plus absurdes et de garantir que, quoi qu’il arrive, certaines personnes ne seront jamais remises en question.

L’aîné a toujours raison, même quand il a tort

Dans la logique Bantu, l’aîné est une figure d’autorité absolue. Son âge lui confère un savoir inattaquable, une sagesse supposée et une immunité totale contre la critique. Peu importe qu’il se trompe, qu’il répète des erreurs évidentes ou qu’il prenne des décisions hasardeuses : contester un aîné, c’est défier l’ordre naturel des choses.

Ainsi, même face à une évidence, le plus jeune doit ravaler ses arguments et se plier à la sentence de son aîné. Car « nous sommes Bantu », et chez nous, le respect prime sur la raison.

L’aîné veut toujours être le chef, même s’il est incompétent. D’ailleurs même en entreprise on a des gens qui pensent que le droit d’aînesse prévaut sur la hiérarchie. Quelqu’un voudra envoyer son collègue sur la simple base qu’il est plus âgé. Il va oublier formule de politesse et bienséance et va brandir ça en mode c’est la carte magique qui lui confère tous les droits. Lol, chien ! Tu penses que tu vas brimer qui ?

Cette vénération aveugle pour l’âge se répercute aussi sur le leadership. Dans une entreprise, une association, une famille, celui qui est le plus âgé se sent automatiquement investi du droit de commander. Peu importe qu’il ne comprenne rien à la gestion, qu’il prenne des décisions à l’instinct ou qu’il refuse de s’adapter aux nouvelles réalités : il est le chef, parce que… « nous sommes Bantu. »

Et malheur à celui qui oserait proposer une autre approche, suggérer que peut-être, la compétence devrait primer sur l’ancienneté. On lui rétorquera qu’il est insolent, qu’il manque de respect, qu’il ne comprend pas la culture.

La tradition comme excuse à l’immobilisme

Cette phrase est le bouclier ultime contre tout progrès. Car en affirmant « nous sommes Bantu », on place la tradition au-dessus de toute évolution possible. Besoin de réformer un système de gouvernance ? Impossible, car ce n’est pas ainsi que faisaient nos ancêtres. Envie d’instaurer plus de méritocratie ? Impensable, car l’ordre établi doit être respecté.

Bien sûr, personne ne dit qu’il faut balayer la culture et ses valeurs. Mais il est essentiel de se demander si elle doit être une boussole qui nous guide ou une prison qui nous enferme.

Et si on devenait Bantu différemment ?

Être Bantu ne devrait pas signifier s’accrocher à des pratiques dépassées ou refuser le progrès sous prétexte de respect des anciens. Si la culture est vivante, alors elle doit évoluer.

Peut-être qu’il est temps d’accepter que l’aîné n’a pas toujours raison. Peut-être que le leadership ne devrait pas être une question d’âge mais de compétence. Peut-être que nous pouvons être Bantu, tout en avançant.

Ou alors, on peut continuer comme avant. Après tout, « nous sommes Bantu. »

Je te dis tout