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Raymond Ndong Sima ou l’art de se laver les mains

Premier Ministre sous Ali Bongo, candidat déçu en 2016 qui avait validé l’investiture d’Ali Bongo, Premier Ministre durant la Transition… Le CV de Raymond Ndong Sima est une œuvre d’art. Une fresque politique qui aurait de quoi inspirer le respect, si ce n’était les présidents qu’il a servis.

Car à écouter son dernier message sur Facebook, on croirait presque qu’il a toujours été du côté des victimes d’un système qu’il décrit aujourd’hui comme frauduleux et dévoyé.

Il écrit noir sur blanc :

« On est bien obligé de constater qu’on n’a pas changé de logiciel. On est dans la continuité du système qu’on était supposé avoir écarté pour le bien de tous. »

Un constat sévère, qui sonne juste. Mais ironie du sort : ce « logiciel » qu’il fustige maintenant, il en a été l’un des administrateurs. Non seulement il a tourné avec, mais il a validé ses mises à jour. Ce système, il l’a vu de l’intérieur, il l’a pratiqué, il l’a cautionné. Alors aujourd’hui, quand il se présente comme le lanceur d’alerte revenu de tout, on ne peut s’empêcher de voir l’art du grand écart : dénoncer ce qu’on a contribué à installer.

À force de dénoncer les errements des autres, Ndong Sima se lave les mains. Mais ses mains sont celles d’un ancien chef de gouvernement, d’un homme qui a piloté la machine, qui a profité de son moteur tant qu’il roulait dans sa direction. Le voir aujourd’hui expliquer que tout cela n’était pas bon pour le pays, c’est comme entendre un ancien cuisinier dire que la recette était empoisonnée… après l’avoir servie des années durant.

Alors oui, retour à la case départ, comme il le dit. Mais il faudrait rappeler que lors de la partie précédente, Ndong Sima n’était pas spectateur : il était assis à la table, avec les dés dans ses mains.

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Le corbeau et la mangeoire

Le vieux roi Hyène, dont le rire résonnait autrefois dans toute la savane, fut chassé du trône par un corbeau rusé et ambitieux. Ce dernier, juché sur une branche au-dessus de la mangeoire royale, proclamait à qui voulait l’entendre : « Finie l’époque des carnassiers voraces ! Désormais, seul celui qui saura honorer ma grandeur goûtera aux délices du royaume. »

Les animaux, médusés, observaient ce drôle de souverain, mais la faim étant un tyran plus redoutable encore, ils s’avancèrent un à un, le bec et le museau pleins d’allégeance.

Le premier fut le Chacal, qui, avec une révérence exagérée, lécha les serres du Corbeau en gloussant : « Ô Majesté, votre plumage surpasse l’ébène, votre bec est plus affûté que l’esprit du Lièvre ! » Séduit par tant de flagornerie, le Corbeau lui offrit une maigre pitance. Aussitôt, tous les autres bêtes s’essayèrent à l’exercice, redoublant d’éloges grotesques. L’Éléphant parla de « plumes divines », la Tortue vanta « l’élégance aérienne » du souverain, et même le Crocodile, pourtant réputé pour son franc-parler, se fendit d’un compliment sur « la noblesse du croassement royal ».

Mais le Singe, moqueur et malin, ne put s’empêcher de ricaner. « Alors c’est ça, la nouvelle loi ? Un festin pour les lèche-plumes et la disette pour les honnêtes ? » Le Corbeau, piqué au vif, lui rétorqua : « Qu’importe la sincérité, seul le respect compte ! » Et pour punir l’effronté, il ordonna qu’on lui retire sa part. Voyant cela, les animaux redoublèrent d’ardeur, s’agenouillant si bas qu’ils en mangeaient la poussière, et le Corbeau, ivre de vanité, en oublia même de manger lui-même.

C’est ainsi que, repu d’adulation mais affamé de bon sens, le Corbeau finit par s’effondrer d’inanition. Le vent, témoin de la scène, siffla doucement dans les branches : « Mieux vaut un roi qui rit qu’un roi qu’on flatte. » Et au loin, la Hyène, éclatant de son rire rauque, savourait son retour inévitable.

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