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Chroniques d’un optimiste en voie d’extinction

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai essayé pourtant. Je me suis installé, carnet en main, prêt à chanter les louanges de mon beau pays. J’ai commencé par l’électricité, mais au moment où j’écrivais “nous avançons vers une stabilité énergétique“, le courant a sauté. Silence total. J’ai attendu, le ventilo s’est arrêté, la chaleur s’est installée. Trois heures plus tard, toujours rien. Un voisin a crié “Mettez nous même les groupes, allumez !” et j’ai compris qu’il fallait abandonner l’idée d’un pays électrifié en continu. J’ai griffonné dans mon carnet : Nous sommes passés de l’énergie renouvelable à l’énergie intermittente. C’est une transition écologique… forcée.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des opportunités pour les jeunes. À la télé, on nous dit que le chômage baisse, que l’économie se porte mieux, que les entreprises recrutent. Puis, j’ai croisé mon cousin, master en poche, qui fait des livraisons à moto. “Faut bien manger, hein !” m’a-t-il lancé avant de repartir sous la pluie, casque à moitié cassé. J’ai aussi pensé à mon ami qui a envoyé 100 CV et n’a reçu que des refus polis, ou pire, un silence radio. Alors j’ai noté : Les jeunes ont des diplômes, des compétences et de l’ambition. Il ne leur manque plus qu’une chose : un pays qui leur donne leur chance.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la santé. Je suis allé à l’hôpital. À l’entrée, des files d’attente interminables. J’ai vu une femme enceinte attendre des heures, un vieil homme allongé sur un banc, faute de lit disponible. La pharmacie n’avait plus les médicaments nécessaires, mais “on peut vous aider si vous avez quelqu’un en ville pour les acheter en pharmacie privée“. Et si t’es fauché, que tu crèves en silence ? J’ai noté : On dit que la santé n’a pas de prix… Mais ici, elle a un coût, et tout le monde ne peut pas se l’offrir.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de l’amour. Mais le goumin m’a rattrapé. Elle est partie. Pourquoi ? “Tu n’as pas de projet”, “Les temps sont durs”, “Un homme doit être stable“. J’ai repensé aux loyers exorbitants des faux agents immobiliers qui réclament leur fameux “100% de commission” avant même que tu signes un bail. J’ai aussi pensé à l’inflation, au prix du poisson qui a triplé, aux légumes qui coûtent une fortune, et aux “commérages financiers” dans les couples. J’ai écrit : L’amour, c’est beau. Mais sans argent, c’est juste une relation d’amitié avec des obligations.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des routes. Puis j’ai pris un taxi et me suis retrouvé coincé dans un embouteillage monstre. Pourquoi ? Parce qu’une autorité a décidé de bloquer une route pour son passage. On voit arriver des motards sifflant comme des policiers en plein marathon, des agents de sécurité nerveux, et une file de voitures climatisées roulant à toute vitesse pendant que nous, pauvres mortels, transpirons sous un soleil impitoyable. J’ai noté : Ici, les routes sont à tout le monde. Mais certains sont plus “tout le monde” que d’autres.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la liberté d’expression. Puis j’ai vu un gars critiquer une situation sur Facebook. Deux jours plus tard, il était porté disparu. On apprend plus tard qu’il “collabore avec la justice“. En clair, il est au ngata. J’ai effacé ce que je voulais écrire et noté : Ici, la liberté d’expression est un mythe. Si tu veux parler, assure-toi d’avoir un bon avocat.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

Alors, peut-être qu’un jour, je pourrai enfin écrire un article joyeux. Peut-être qu’un jour, mon stylo tracera des lignes où l’espoir ne sera pas une blague. Peut-être qu’un jour, je cesserai d’avoir l’impression d’écrire un recueil de plaintes.

Mais pour l’instant, la lumière vient de s’éteindre. Le réservoir d’eau est vide. Mon cousin cherche un autre boulot. Une femme a encore été tuée.

Et moi, je me demande si l’optimisme n’est pas un sport extrême réservé aux inconscients.

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GabonOpinionPrésidentielles2025

Oligui, le bâtisseur ! Mais pas que…

Si vous vous attendez ici à un article qui encense le Président de la Transition, vous lisez le mauvais texte. Loin des médias nationaux qui donnent dans la propagande, il serait de bon ton aussi de rappeler que le Général n’a pas toujours tenu sa parole…

Pour ceux qui n’iront pas beaucoup plus loin dans cet article, je tiens à rappeler que je ne cite que des faits vérifiables à travers les déclarations faites ici et là. Ça ne sert à rien de me tenir la jambe. Je n’ai rien inventé.

Ceci dit, pour ceux qui ont un peu fait attention, on a tous constaté une gymnastique particulière des différentes institutions, qui auraient dû être restaurées, pour répondre aux besoins du Président de la Transition. De la première version de la Charte qui l’empêchait de se présenter à la nouvelle version de la Constitution, tout est mis en place pour paver le chemin du Général de Brigade.

Autour de lui, d’anciens opposants et des PDGistes mis de côté par l’ancien régime : une cour de partisans uniquement là pour atteindre ses desseins. Rappelons-le, BCON a lu Machiavel… qui défend dans Le Prince l’idée qu’un dirigeant peut utiliser la ruse et la perception pour maintenir son pouvoir, affirmant même que l’apparence de la vertu peut être plus importante que la vertu elle-même et que les dirigeants doivent parfois user de tromperie. Dès lors, on peut clairement se dire qu’il n’a jamais été question de partir après la transition.

Modification de la Charte de la Transition
Initialement, la Charte de la Transition stipulait clairement que le Président de la Transition ne pouvait pas se présenter aux futures élections. Un gage de bonne foi censé rassurer les populations sur la sincérité du coup de libération. Mais comme par enchantement, la révision de cette charte a progressivement ouvert la porte à une candidature du Général. Une stratégie bien ficelée où l’on change les règles du jeu au fil du temps pour s’assurer un avenir politique.

Loi pour la polygamie
En pleine période de transition, une loi est adoptée permettant aux membres de l’armée d’être polygames. Coïncidence ? Pas vraiment. Cette loi semble taillée sur mesure pour le Président, dont la situation matrimoniale était déjà connue de tous. Par exemple, il était de notoriété publique qu’il entretenait plusieurs relations avant même cette loi, ce qui rend cette réforme pour le moins suspecte. Pendant ce temps, d’autres réformes essentielles attendent encore, comme la modernisation du système judiciaire ou l’amélioration des services publics.

Main tremblante devant les actions de certains
D’un côté, Oligui prône une politique de tolérance zéro contre la corruption et les abus de l’ancien régime. De l’autre, il ferme les yeux sur les dérives de son entourage. Son propre frère, surnommé l’enfant, a été épinglé pour des faits de malversation, mais cela n’a en rien affecté son influence politique. On pourrait aussi citer des figures du PDG aujourd’hui en poste, malgré leur implication passée dans la mauvaise gestion des affaires publiques. Cette indulgence sélective interroge sur la sincérité de la lutte contre les abus.

Responsable de rien
« Tu me les enlèves », disait-il en parlant des incompétents. Mais qui, au Gabon, donne réellement les directives concernant l’utilisation du budget ? La gestion des priorités budgétaires semble erratique : certains projets purement populistes reçoivent des financements immédiats, pendant que des secteurs clés comme la santé et l’éducation restent sous-financés. L’augmentation de la dette devient inévitable pour répondre à ces choix discutables, qui ne servent souvent qu’à soigner l’image du pouvoir en place.

Retour du tribalisme et de la xénophobie
Lorsqu’un gouvernement manque de propositions concrètes, il lui faut un bouc émissaire. Ces derniers mois, les discours tribalistes et xénophobes sont utilisés comme un outil de diversion politique. Des figures publiques, y compris certains ministres, ont tenu des propos ouvertement discriminatoires sans jamais être rappelés à l’ordre. Ce climat contribue à diviser les Gabonais et détourne l’attention des véritables problèmes économiques et sociaux du pays.

Oligui, le bâtisseur ? Peut-être. Mais gouverner, ce n’est pas que construire des routes et poser des premières pierres. C’est aussi assumer ses engagements, faire preuve de cohérence et ne pas instrumentaliser les institutions à des fins personnelles.

On est encore loin du compte. Mais bon… on va y arriver, « un peu un peu ».

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GabonOpinion

Quand l’armée devient un parti politique

Le spectacle aurait pu être une scène coupée d’une dystopie mal ficelée. Mais non, c’était bien réel : un meeting politique organisé par des militaires, au vu et au su de tous, sans le moindre scrupule.

D’ordinaire, l’armée est censée être une institution républicaine, neutre, au service de la nation et non d’un camp. Mais au Gabon, l’histoire récente nous apprend qu’elle a toujours été à la solde de celui qui détient le pouvoir. La différence, c’est que jadis, on faisait semblant. Aujourd’hui, même le vernis de la neutralité a disparu.

Désormais, l’armée ne se cache plus. Elle organise des meetings, tient des discours qui ressemblent davantage à des prêches de campagne qu’à des paroles de défenseurs de la souveraineté nationale. Et ceux qui s’offusquaient hier du poids de l’armée dans la vie politique gabonaise ? Ils sont curieusement muets.

Où sont passés les intellectuels d’hier ?

Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, des figures respectables faisaient le tour des plateaux de TV5 et RFI, la mine grave, dénonçant un régime aux méthodes douteuses. Ils nous expliquaient doctement que l’armée ne devait pas être impliquée dans les jeux politiques, que le Gabon devait évoluer vers une démocratie exemplaire.

Où sont-ils aujourd’hui ? Perdus dans les couloirs feutrés du pouvoir, ils découvrent soudainement que le silence est d’or. Ils n’ont plus rien à dire, plus rien à analyser. Mieux, certains applaudissent ! Hier pourfendeurs de la militarisation du politique, ils trouvent aujourd’hui des justifications quand des hommes en treillis se transforment en militants de parti.

La propagande à ciel ouvert

Pendant que l’armée fait sa tournée de meetings, une autre campagne, plus insidieuse, bat son plein à l’intérieur du pays. Officiellement, il s’agit de “sensibilisation“, de “prise de contact avec les populations”. Officieusement, c’est une machine de propagande bien huilée.

On déploie des convois, on mobilise des foules, on promet des lendemains meilleurs. La recette est vieille comme le monde : marteler un discours jusqu’à ce qu’il devienne une vérité aux oreilles de ceux qui n’ont d’autre choix que d’y croire. On leur explique que la rupture est en marche, que l’espoir est permis, que cette fois-ci, tout est différent.

Mais le décor est familier, les méthodes aussi. Et derrière ces rassemblements aux allures de croisade, c’est bien la même logique qui prévaut : celle d’un pouvoir qui cherche à verrouiller les esprits plutôt qu’à convaincre par l’exemple.

Attention à l’effet boomerang

L’histoire regorge de régimes qui ont voulu s’assurer un soutien total en instrumentalisant les institutions censées rester neutres. L’armée, la presse, l’administration : toutes ont été tour à tour mises au service de la propagande, jusqu’à ce que le système s’effondre sous son propre poids.

Ce qui est en train de se passer au Gabon est dangereux. Car une fois qu’on a mis en marche ce genre de machine, il est difficile de l’arrêter. Un pouvoir qui commence à militariser son discours finit souvent par militariser son action. Et quand l’uniforme remplace le débat, c’est que la démocratie a déjà reculé.

Chaque système porte en lui le germe de sa propre destruction. L’erreur serait de croire que celui-ci fait exception.

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GabonOpinion

La Transition au Gabon, cet espoir de courte durée…

Au matin du 30 août 2023, presque tous les Gabonais se sont demandé si ce n’était pas un rêve. Tous s’interrogeaient : était-ce vraiment la fin du cauchemar Bongo/PDG ?

L’idylle aura duré deux mois, puis la réalité a repris ses droits. Cette transition, au vu de son casting, ressemblait presque à un échec annoncé : faire du neuf avec du vieux, aller de l’avant avec des personnes qui n’avaient peut-être pas les épaules…

Une chose est sûre : plus le temps passe, plus cette transition ressemble à un faux espoir. Le PDG, arborant un nouveau nom et de nouveaux habits, ne semble pourtant pas prêt à renoncer à ses privilèges.

Le parti a fait peau neuve, avec une nouvelle hiérarchie en interne et à la tête du pays. Il était temps, disent-ils, qu’une nouvelle équipe prenne la relève pour continuer le travail.

Cette continuité, qu’ils ont tenté de faire passer pour un changement, se révèle de plus en plus au grand jour. Les raisons évoquées pour justifier le coup d’État du 30 août sont les mêmes qui continuent d’enliser le pays dans la boue.

Le pouvoir et les richesses restent toujours la propriété d’un petit groupe. Le partage juste et équitable des ressources demeure une utopie. Le système éducatif reste défaillant. Loger dignement les Gabonais n’est toujours pas une priorité, les nourrir convenablement encore moins. Les jeunes, quant à eux, peinent à trouver un emploi, sauf s’ils acceptent d’intégrer un corps armé.

Ils avaient promis de redonner aux Gabonais leur dignité, mais, au final, ils continuent de les piétiner, sans gêne, sans honte et sans remords. C’est le Gabon d’hier, d’aujourd’hui, et, vu la tournure des choses, celui des sept prochaines années encore.

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GabonOpinion

2024 au Gabon : Une année de (r)évolutions et de réflexions

Ah, 2024. Si cette année était un plat, ce serait un mélange de sauce graine et de piment mal dosé : intense, surprenant, parfois brûlant, mais toujours inoubliable. On a vu des changements majeurs, des espoirs renaître, des promesses flotter dans l’air comme des ballons de baudruche, et, bien sûr, des clashs dignes des meilleurs plateaux de télé-réalité. Prenons un moment pour débriefer ensemble, entre sarcasme et lucidité, avec l’espoir d’un avenir meilleur.

Le CTRI : Entre rêves et réalités

Cette année, nous avons tourné la page des années Bongo (bon en vrai c’était en septembre 2023). Enfin ! Ce système où tout semblait écrit à l’encre indélébile a été, sinon effacé, du moins mis en pause. On a accueilli le CTRI (Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions) avec des applaudissements timides mais sincères.

Ils sont arrivés en promettant de restaurer la démocratie, de réformer les institutions et, surtout, de redonner espoir à une population fatiguée. Alors, qu’en est-il ?

Ce qu’ils ont promis :

La restauration des institutions : on ne fera même pas de longs commentaires, on attend toujours. 

La lutte contre la corruption (un chantier aussi vaste que la forêt gabonaise).

Une gouvernance transparente et équitable (qui ne rêve pas de ça ?).

Ce qu’ils ont livré :

Des routes secondaires bien faites. 

Des avancées : quelques services administratifs sont passés en ligne, et on peut enfin payer certaines taxes sans hypothéquer sa patience.

Des lenteurs : la lutte contre la corruption ressemble encore à une bataille menée avec des lance-pierres face à des tanks.

Des interrogations : Pourquoi voit-on encore des visages politiques qu’on pensait définitivement rangés au garage ? Pourquoi certains dossiers sensibles avancent-ils à la vitesse d’un escargot sous somnifère ?

Certes, tout ne peut pas se faire en un jour. Mais rappelons au CTRI que la patience du peuple n’est pas infinie. Le mot rupture ne doit pas rester un slogan, mais devenir une réalité.

La fin d’une dynastie : une bénédiction collective

On ne va pas se mentir : rien que le fait de ne plus avoir un Bongo (ni un PDGiste officiel) au pouvoir est un soulagement. C’est comme si le pays avait enfin réussi à retirer ce vieux meuble imposant qui bloquait la porte de sortie. Mais maintenant, il faut réaménager la maison.

Et c’est là que les choses se corsent. Car, soyons honnêtes, les promesses de changement se heurtent souvent aux réalités du terrain. Pourtant, il faut continuer à espérer. Parce que sans espoir, que nous reste-t-il ?

Les élections 2025 : Préparez-vous au grand show

L’année 2025 s’annonce électrique. Les élections présidentielles approchent, et les regards sont déjà tournés vers les prochaines étapes. Première mission : la révision des listes électorales, qui commence dès le 2 janvier 2025.

À vous, futurs électeurs, un message simple :

Allez vous inscrire.

Vérifiez vos informations.

Faites entendre votre voix.

Car, peu importe votre âge ou votre statut, vous avez un rôle à jouer. Les grands discours politiques ne doivent pas vous intimider. Votre avis compte, et votre vote peut faire la différence.

Les artistes : Merci pour la bande-son de nos vies

Dans cette année chargée en débats et en émotions, nos artistes ont été des piliers. Ils nous ont offert des morceaux qui nous ont fait vibrer, danser, réfléchir, et parfois pleurer (et je ne parle pas que des chanteurs mais de tous les créateurs de contenus). Des sons qui nous ont rappelé que, même dans les moments les plus sombres, la créativité gabonaise brille toujours.

Alors, à tous les artistes et créateurs de contenus, un immense merci. Continuez de créer, d’innover, et de porter haut les couleurs de notre culture.

2025 : Année des clashs et des débats passionnés

Ah, les élections au Gabon ! C’est aussi l’occasion de voir les réseaux sociaux se transformer en véritables arènes. Attendez-vous à des clans, des clashs, des débats enflammés, et même quelques drames familiaux (parce que tata Gertrude et tonton Paul ne voteront pas pour le même candidat).

Un petit rappel, cependant :

On peut débattre sans se haïr.

Les insultes n’ont jamais changé un pays.

Et surtout, peu importe nos différences, nous restons tous des enfants du Gabon.

Alors, prenez une grande respiration, buvez de l’eau, et rappelez-vous que la politique, aussi importante soit-elle, ne doit pas détruire nos relations humaines.

Joyeuses fêtes et vive 2025

En cette fin d’année, prenons un moment pour célébrer, remercier Dieu (ou qui vous voulez), et nous rappeler que, malgré les défis, nous sommes encore debout.

Que 2025 soit une année de changement, de progrès, et, pourquoi pas, de quelques bonnes surprises.

Et pour ceux qui n’aiment pas les résolutions, en voici une facile : faisons tous un effort pour construire un Gabon meilleur. Parce qu’après tout, ce pays, c’est le nôtre.

Bonne fête à tous, et que les années à venir nous trouvent unis, engagés et déterminés. À l’année prochaine, Gabon !

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ConstitutionGabonOpinion

Réfléchir c’est déjà s’engager

Dimanche 17 novembre 2024, les chiffres du référendum sur la nouvelle Constitution gabonaise sont tombés : 53,54 % de participation, avec 91,80 % pour le oui. Le reste ? Silence radio ou 46 % d’abstention, une majorité assise confortablement sur son droit à… ne pas choisir. Et si l’on parlait un peu de cela ?

Ce chiffre, ce n’est pas juste un pourcentage. Ce sont des voix étouffées, des esprits anesthésiés par des décennies d’une politique où l’on préfère penser et décider à leur place. Ces 46 % ne sont pas simplement “fainéants” ou “indifférents” comme certains aiment le croire.

Ces citoyens sont les victimes silencieuses d’un système qui leur a longtemps appris à se taire, à obéir et surtout à ne pas s’imaginer capables d’un changement. Pendant des décennies, on leur a dit :

“On décide pour vous.” Traduction : Restez tranquilles, le pouvoir ne vous appartient pas.

“Vous n’avez pas le niveau.” Traduction : Vous n’êtes pas assez intelligents pour comprendre ce qui est bon pour vous.

“Si vous parlez trop, vous pourriez perdre votre travail, votre tranquillité, ou même votre vie.” Traduction : Votre silence est plus sûr que vos idées.

Le résultat ? Une méfiance viscérale envers la politique, mais aussi une fatalité qui pousse à l’inaction. “À quoi bon voter, de toute façon ? Rien ne changera.” Cette phrase n’est pas un simple constat : c’est le symptôme d’un peuple qui a longtemps été dépossédé de son pouvoir.

Mais ce qui est alarmant, ce n’est pas seulement l’abstention. C’est l’absence de débat, de discussions ouvertes, et surtout de questions posées.

S’engager, c’est poser des questions

L’engagement citoyen commence par une chose très simple : poser des questions. Pourquoi ce référendum ? Pourquoi cette nouvelle Constitution ? Quels impacts sur nos vies quotidiennes ? Ce ne sont pas des questions réservées à une “élite”. Elles appartiennent à chaque Gabonais, qu’il soit étudiant, commerçant, fonctionnaire ou retraité.

Et s’engager, ce n’est pas obligatoirement rejoindre un parti politique ou monter une association. Cela commence par des discussions autour de vous, avec vos proches, vos collègues, vos voisins. Ce sont ces moments de partage qui créent une conscience citoyenne, celle qui pousse à réfléchir, à agir, et surtout à croire que chaque voix compte.

Pourquoi votre voix compte ?

Ce référendum n’était pas pour un candidat ou un parti, mais pour poser les fondations d’un système nouveau. Une Constitution, c’est la base. C’est elle qui définit nos droits, nos devoirs, et l’organisation de la société. Ne pas voter, c’est laisser à d’autres le soin de décider pour vous.

Alors pourquoi se lever ? Parce que le silence ne change rien. Parce que voter, même pour dire “non”, c’est une façon de reprendre la place qui vous revient. Parce que vous avez le droit de ne pas être d’accord, mais vous avez aussi le devoir de vous faire entendre.

Engagez-vous, même depuis votre canapé

Aujourd’hui, nous avons un outil puissant : les réseaux sociaux. Ces plateformes ne servent pas qu’à partager des photos ou des vidéos amusantes. Elles sont une arme pour diffuser vos idées, poser des questions, et interpeller ceux qui nous gouvernent.

Imaginez si chaque Gabonais prenait quelques minutes pour écrire un post, partager un article ou même commenter une publication liée à ce référendum. Le débat public serait plus riche, plus vivant. Même depuis votre salon, allongé sur votre lit, vous pouvez vous engager.

Avec seulement 53,54 % de participation, on ne peut pas parler de véritable adhésion populaire. Cela montre que près de la moitié des Gabonais n’a pas saisi l’importance de ce vote. Mais ce n’est pas entièrement leur faute.

Pendant trop longtemps, on leur a arraché le droit de croire en leur pouvoir. On leur a appris que s’exprimer, c’était dangereux. Il est temps de briser cette chaîne. Le Gabon n’avancera que si chaque citoyen comprend qu’il a un rôle à jouer, aussi petit soit-il.

L’engagement, ce n’est pas un luxe réservé à une minorité. C’est une nécessité. Ne laissez pas votre voix s’éteindre, car c’est par elle que le changement commence.

Alors, à tous ceux qui se posent encore la question : “Pourquoi s’engager ?”, dites-leur ceci :

  • Parce que rester silencieux, c’est accepter.
  • Parce que critiquer sans agir, c’est inutile.
  • Parce que votre opinion a du poids, mais seulement si vous l’exprimez.

Le Gabon a besoin de vous. Pas demain, pas après-demain, mais maintenant. Engagez-vous. Même en pyjama. Engagez-vous.

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Dysfonctionnements politiques en période de référendum au Gabon

« Qui côtoie les chiens, se lève avec des puces ». Alors que le Gabon s’apprête à franchir une nouvelle étape démocratique avec la campagne référendaire en cours, les jeux de pouvoir et les comportements douteux de certains acteurs politiques viennent jeter une ombre sur cette période décisive.

Une cohabitation imposée, fruit des héritages de l’ancien régime et du manque de renouvellement des pratiques, maintient le Parti Démocratique Gabonais (PDG) au cœur de plusieurs institutions publiques, suscitant une certaine frustration chez les Gabonais.

Depuis la prise de pouvoir par le CTRI (Comité de Transition pour la Restauration de l’Intégrité), nombreux étaient ceux qui espéraient un profond renouvellement des structures étatiques et une rupture avec les pratiques passées. Cependant, le choix de maintenir certains membres du PDG dans des postes stratégiques laisse perplexe. Cette situation ne résulte pas seulement d’un choix politique, mais semble davantage traduire une réticence à démanteler un réseau établi. Aujourd’hui, ce qui aurait pu être un tournant pour le pays s’apparente plus à une continuité teintée de familiarité pour les citoyens, qui observent une transition inachevée et une stagnation des institutions.

Une campagne référendaire au goût de déjà-vu

Avec le référendum en vue, la campagne du « Oui » orchestrée par le CTRI rappelle étrangement les anciennes méthodes. Les stratégies employées, telles que la distribution de t-shirts, les concerts de rue improvisés et la désinformation auprès des électeurs, semblent issues des livres de stratégie de l’ancien régime. L’esprit de manipulation, qui sous-entend que voter « Non » serait un acte d’opposition envers le CTRI ou qu’un vote favorable garantirait des projets d’infrastructures, alimente les doutes sur les intentions réelles des dirigeants. Plutôt qu’une campagne transparente, les citoyens sont confrontés à un jeu d’ombre et de confusion, où la politique de l’ambiguïté semble triompher.

Ces pratiques, que l’on croyait révolues, sont révélatrices d’un certain immobilisme politique. L’utilisation des ressources publiques pour mobiliser un soutien populaire au profit d’une campagne révèle une approche qui n’a que peu évolué. Cette scène politique opaque donne l’impression d’un retour en arrière, une résurgence d’un passé politique qui refuse de céder la place.

Un conflit d’intérêt au cœur du CTRI ?

Pourquoi le CTRI, censé être l’organe de transition, tolère-t-il ces pratiques de l’ancien régime ? Les décisions de laisser certains vétérans du PDG occuper des postes de coordination ne semblent pas être dues au hasard. Ces figures, bien connues des Gabonais, sont souvent associées à des réseaux financiers solides, un levier d’influence non négligeable en période électorale. Ce maintien, voire cette intégration de membres aux finances avantageuses, ouvre la voie à des soupçons : le CTRI serait-il réellement intéressé à promouvoir la transparence, ou joue-t-il lui aussi le jeu des alliances tacites ?

Cette période référendaire, au lieu d’unifier le pays vers un avenir démocratique, semble plutôt révéler un Gabon tiraillé entre des influences passées et une transition politique aux airs de continuité. Les Gabonais aspirent à une véritable rupture, une gouvernance intègre et une administration au service des citoyens, sans arrière-pensée électorale.

Un défi perdu pour la restauration de l’intégrité ?

Le CTRI a aujourd’hui l’opportunité de redresser la barre et de faire de ce référendum un modèle de probité et de transparence. Cela nécessiterait toutefois un abandon des comportements du passé, en écartant les pratiques de manipulation et en engageant une réelle réorganisation des structures politiques. Le Gabon a besoin d’un message clair : la période de transition ne doit pas être un simple remaniement de façade, mais un véritable tournant vers un renouveau politique.

Pourtant, certains alliés du 30 août 2023, qui devaient incarner ce changement, tiennent aujourd’hui plus du boulet que de l’envol libérateur, empêchant le pays de s’élever vers une vision partagée de prospérité et de stabilité. Cette transition, qui aurait pu être un envol vers une gouvernance exemplaire, semble davantage alourdie par les vestiges d’un système ancien.

Ce référendum aurait pu être l’occasion pour le CTRI de prouver son engagement en faveur de la transparence et de l’intégrité, en instaurant une campagne authentique, respectueuse de l’intelligence et de la liberté des électeurs. Mais, à ce stade, il est difficile de ne pas penser qu’il est déjà trop tard pour espérer un changement en profondeur.

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GabonOpinion

Critiques en ligne, opportunistes en scène : Quid de la responsabilité du peuple Gabonais

Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a pris le pouvoir à la fin du mois d’août 2023, avec pour objectif déclaré de restaurer les institutions gabonaises. Cependant, plus d’un an après cette prise de pouvoir, le bilan de cette transition reste mitigé.

La transition n’est pas une franche réussite, et selon moi, cela est en partie dû à un manque de prise de conscience de la population gabonaise quant à son rôle dans ce processus. Il aurait été essentiel que celle-ci participe activement et oriente la transition vers des objectifs plus concrets et une meilleure gouvernance.

Deux groupes majeurs se sont rapidement démarqués dans la population gabonaise durant cette transition : dʼune part, les partisans du « kounabélisme », et dʼautre part, les critiques exprimant une opposition non constructive, sans suggestions alternatives. Ces deux principaux pôles ont pour ma part réduit les chances de réussite pour cette transition politique cruciale.

En effet, Les kounabélistes, de par leur influence persistante sur la société et le système politique, représentent une force de résistance au changement. Cette faction, ancrée dans les habitudes sociales, continue de freiner lʼinstauration dʼune transition réellement constructive, bien que son influence ne soit pas nouvelle et soit largement intégrée aux réalités sociales du Gabon.

En revanche, les « experts de la critique non constructive » soulèvent un sentiment de déception plus marqué. Ce groupe, semblant plus éduqué et doté dʼune perspective souvent plus large que les kounabélistes, aurait pu contribuer à une meilleure orientation de la transition. Leur approche sʼest cependant concentrée sur des critiques sans propositions concrètes, même lorsque les 3, 4 mois après la prise de pouvoir des militaires lʼabsence dʼalternatives semblait manifeste.

Ce manque dʼengagement constructif est dʼautant plus regrettable que, pendant près de trois à quatre mois, il nʼy avait quasiment aucune voix dans les sphères sociales et politiques pour proposer une alternative au CTRI. En dépit de leur potentiel à apporter des idées novatrices, ces critiques ont finalement contribué à freiner le processus de transition en restant dans une posture de simple opposition inactive.

Ces personnes ont ainsi laissé un espace vide dans lequel dʼanciens membres de la majorité politique déchue ont pris position, se présentant comme une opposition au CTRI. Cette « opposition » a récupéré les failles et critiques relevées par les citoyens, les réorientant pour servir des intérêts personnels et politiques.

En refusant de sʼaffirmer pleinement et de soutenir leurs critiques par des actions concrètes, elles ont involontairement laissé le champ libre aux anciens serviteurs de la majorité déchue, qui se sont emparés de leurs constats pour se positionner comme une « opposition » au CTRI. Ce glissement a permis à ces opportunistes, ces profito-situanistes, de se présenter comme les porte-parole des failles de la transition, donnant ainsi une visibilité publique à leurs propres intérêts. Ce choix stratégique, bien que décevant, nous rappelle que, sans engagement clair et structuré, la transition reste vulnérable aux récupérations politiques.

Il est temps de tourner la page et de passer à une nouvelle ère dʼengagement politique au Gabon, portée par une génération consciente des enjeux et déterminée à agir pour le bien commun. Les jeunes leaders, animés par un désir de changement authentique, ont aujourdʼhui lʼopportunité de sʼorganiser, de créer des espaces de réflexion, et de mettre en œuvre des idées nouvelles qui répondent aux aspirations profondes de la population. En s’engageant dans un projet politique transparent et en misant sur la solidarité et lʼaction constructive, cette génération peut reconstruire la confiance et redonner espoir à un pays qui aspire à un véritable changement. Le Gabon a en lui les forces vives pour bâtir un avenir meilleur ; il suffit que chacun prenne sa part de responsabilité pour faire naître une société plus juste, durable, et prospère.

PS : En tant que citoyen Gabonais je me reconnais totalement dans ce texte. De plus le but de ce texte visait principalement à mettre en lumière la responsabilité du peuple gabonais face aux enjeux de la transition, tout en omettant délibérément la large part de responsabilité du CTRI dans le bilan mitigé de cette première année de transition.

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Je me sens doublement volé

J’aurais pu écrire cet article plus tôt mais il aurait fallu alors que j’ai une boule de cristal pour voir ce que je ne voulais pas. J’ai été optimiste le 30 août 2023 et je n’ai aucun regret de l’avoir été. Aujourd’hui pourtant, un peu plus d’un an plus tard, c’est le coeur lourd que je me réveille en pensant à ce pays.

Je ne sais pas si vous vous rappelez de la campagne pour les élections présidentielles 2023. Les plaies qui n’avaient jamais été refermées plus béantes que jamais. Le PDG tout puissant et ses alliés qui narguaient un peuple en colère. Des menaces, des injures et parfois même des emprisonnements… Pas de mort cette fois-ci grâce au « coup de Libération » du CTRI. Voilà l’issue heureuse de décennies de gabegies financières, mauvaise gestion (appelée plus couramment détournements) et injustices dont souffraient les Gabonais. Nous étions libérés… DU PDG !!! Du moins c’est ce que nous pensions…

Seulement, l’Histoire ne s’arrête pas là et c’est là tout le problème. Si on remercie le CTRI d’avoir empêché l’accession au pouvoir par la tricherie, bain de sang en supplément, du PDG, comment et surtout pourquoi nous impose-t-il la survie de ce parti ?! Les voir m’a profondément bouleversé. Comme l’impression de voir son violeur dans la rue en train de draguer quelqu’un… Un profond dégoût. Un sentiment d’injustice… de trahison même. Comment peut-on imaginer que ceux qui, pendant tant d’années, ont profité des ressources du pays, des vies brisées et des rêves réduits en poussière, continuent de rôder autour de la scène politique, comme si de rien n’était ? La « Libération » qui nous avait été promise semble n’être qu’une illusion, un leurre bien ficelé pour apaiser temporairement notre colère.

Je me sens piégé dans une boucle sans fin. Une même poignée de personnes revient sans cesse, changeant de visages, de discours, mais portant en eux les mêmes germes d’arrogance et de mépris pour ce peuple qui aspire à vivre dignement. Le masque du « changement » est tombé, et ce que nous voyons aujourd’hui n’est autre qu’une perpétuation du système, maquillé de belles paroles et de promesses en l’air.

Et nous, que faisons-nous ? Nous continuons à espérer, à attendre un vrai changement qui n’arrive pas. Peut-être parce qu’au fond, nous n’avons jamais réellement brisé nos chaînes. Peut-être que le vrai combat, celui qui nous permettrait de nous libérer de cette emprise, reste encore à mener.

Alors oui, je me sens doublement volé. Volé de mon espoir, de ma foi en un avenir meilleur, mais aussi de cette promesse non tenue de voir enfin émerger un Gabon libéré, purgé de ses démons, ses perfides trompeurs.

Je te dis tout

GabonOpinion

De la révolte aux conforts du pouvoir

Il fut un temps, pas si lointain, où ils étaient là, ces vaillants opposants, levant la voix, brandissant le poing et clamant haut et fort leur amour pour le peuple. Ils dénonçaient tout, du clientélisme à la mauvaise gestion des ressources publiques, en passant par la sacralisation d’un système qu’ils qualifiaient de “corrompu jusqu’à la moelle”.

Aujourd’hui ? Eh bien, il semblerait que ces anciens révolutionnaires, à l’âme enflammée, se soient transformés en ce qu’ils critiquaient le plus : les nouveaux kounabélistes. Oui, mes amis, bienvenue dans l’ère des pro-CTRI/OLIGUI. Un peu comme si leurs rêves de changement s’étaient dissipés dès qu’ils ont franchi la porte d’un bureau climatisé.

Vous vous souvenez de leurs discours d’antan ? Ces longues diatribes sur la transparence, la justice sociale, la nécessité de remettre le peuple au centre des décisions ? On dirait bien que tout ça a disparu sous la pile de dossiers qui traînent sur leurs bureaux de Ministres, Sénateurs, Députés ou des Directeurs de Cabinet. À croire qu’ils n’étaient pas vraiment là pour le peuple, mais plutôt pour voir ce que ça faisait, être khalife à la place du khalife. Eh oui, quand on regarde de plus près, on réalise que leurs véritables ambitions n’étaient pas de changer le système pour le mieux, mais de s’y installer confortablement.

Mais parlons franchement : ces gens-là n’enviaient pas tant la fin des privilèges que la chance de les vivre eux-mêmes. En fait, tout porte à croire que lorsqu’ils dénonçaient la “gabegie financière” et le “népotisme“, c’était plus une frustration de ne pas être dans le cercle des bénéficiaires qu’une réelle volonté de changer les choses. Parce qu’aujourd’hui, ils n’ont pas honte de s’asseoir à la même table que ceux qu’ils fustigeaient hier, et de savourer ces mêmes privilèges. Peut-être qu’à l’époque, la colère de ne pas avoir de véhicule de fonction ou de voyage en première classe les rendait plus bruyants que vraiment engagés, hein.

Alors, maintenant qu’ils ont changé de camp, ils défendent bec et ongles ce qu’ils attaquaient autrefois. Et si on les critique ? Là, ils ressortent un vieux discours, celui qu’on a entendu mille fois sous le règne d’Ali Bongo : “Il faut laisser le temps au gouvernement de travailler, vous ne voyez pas que les choses changent ?” Ah, d’accord. Mais, à l’époque, eux, ils n’avaient pas ce genre de patience, hein. Non, ils étaient dans les rues, en train de crier “On veut des résultats maintenant ! Ibubu Dégage“. Aujourd’hui, les rôles sont inversés, et ce sont eux qui demandent du temps. Comme quoi, la roue tourne… mais pas toujours dans le sens qu’on espérait.

Et on ne peut pas parler de cette transformation sans aborder la nouvelle mode : être pro-CTRI/OLIGUI. Hier, ils dénonçaient la mainmise d’un seul homme sur le pouvoir, aujourd’hui, ils défendent corps et âme un autre homme, parce que, tu sais, cette fois, “c’est différent“. Ce n’est plus la dictature, non, non, c’est la restauration de l’État. Vous n’aidez même pas le pauvre monsieur sincèrement. On aurait aimé croire à ce changement d’idéologie, mais à voir comment ils se sont si rapidement adaptés aux fauteuils en cuiiiiiiir, il y a de quoi se poser des questions.

Ce qui est encore plus fascinant dans toute cette histoire, c’est à quel point ils sont devenus sourds à la critique. Autrefois, ils disaient que la critique était nécessaire, qu’elle permettait d’améliorer les choses. Aujourd’hui, on ne peut plus dire un mot sur eux sans être accusé de “travailler contre la transition“. Ah, vraiment ? Parce que lorsque c’était eux qui étaient dans l’opposition, toutes les critiques étaient bonnes à prendre ? On dirait qu’on a droit à deux poids, deux mesures dans ce nouveau Gabon, hein.

La réalité est simple : pour beaucoup, la lutte n’a jamais été une question de principes ou de valeurs. C’était juste une envie d’être celui qui tient le bâton du commandement. Il n’y avait pas de réelle vision pour le changement, juste un désir de remplacer l’ancien occupant du trône. Ils voulaient être khalife à la place du khalife, et maintenant qu’ils le sont, ne vous attendez pas à des miracles. Ce qui les motivait, ce n’était pas le désir de réformer le système, mais plutôt celui d’en être les nouveaux bénéficiaires.

En fin de compte, que reste-t-il de ces fameux idéaux qu’ils prônaient si fièrement hier ? Pas grand-chose, semble-t-il. Mais attention, ne dites pas ça trop fort. Parce que si vous osez les critiquer aujourd’hui, vous risquez de finir avec une étiquette d’ennemi de la transition“, de “saboteur“, ou même de “nostalgique du régime précédent”. Ironie du sort, ces mêmes étiquettes qu’ils dénonçaient hier, ils les utilisent maintenant pour se protéger.

Alors oui, les combats d’hier semblent bien loin. Tout ce qu’il reste, c’est un groupe de gens bien installés, qui profitent des avantages qu’ils ont tant critiqués. Mais au fond, peut-être que ce n’était jamais vraiment une question de combats. Peut-être que, depuis le début, ils ne voulaient qu’une chose : être là où ils sont aujourd’hui. Et pour le peuple ? Eh bien… on verra ça plus tard, hein.

Et puis, on ne peut pas trop leur en vouloir, après tout. Peut-être qu’à leur place, on aurait fait pareil. Ou peut-être pas. Mais c’est quand même un peu décevant de voir le cerveau migrer lentement mais sûrement vers l’estomac, là où les idéaux ont été remplacés par des privilèges et des plats bien garnis. On espérait des réformes, et on se retrouve avec des ventres pleins. Triste histoire, non ?

Je te dis tout