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Réserver certains métiers aux Gabonais : entre ambition et réalités du terrain

La décision du Conseil de réserver certains métiers aux nationaux, y compris dans des secteurs émergents comme le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne, s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté économique et de donner plus de place aux jeunes Gabonais. Sur le papier, cette mesure vise à créer de nouvelles opportunités et à protéger l’économie locale.

Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs souvent négligés.

D’abord, exercer ces métiers implique une organisation quotidienne exigeante : ouverture tôt le matin, tenue d’une comptabilité rigoureuse, gestion des charges, etc. Ce sont des compétences qui nécessitent un véritable accompagnement et parfois même une rééducation aux réalités de la gestion d’entreprise, loin de l’idée de « compter sur un soutien extérieur » à la fin du mois.

Ensuite, il faut anticiper les risques de contournement. Sans un encadrement précis, certains pourraient se limiter à prêter leur nom ou leur statut de national pour qu’un étranger gère l’activité, contre une rétribution.

Cela pourrait transformer la mesure en un simple business parallèle, où le propriétaire officiel ne serait qu’un garant rémunéré.

La question du contrôle est également centrale. Faut-il exiger que le gérant soit Gabonais ? Comment vérifier que la loi est respectée sans tomber dans des pratiques abusives ou du harcèlement administratif ? Une surveillance mal pensée pourrait décourager les entrepreneurs au lieu de les soutenir.

Pour que cette réforme produise les effets escomptés, il faudra donc :

Préciser les critères légaux (propriétaire, gérant, actionnaire majoritaire, etc.) • Mettre en place des contrôles clairs et proportionnés

Former et accompagner les entrepreneurs pour qu’ils soient réellement opérationnels

Prévoir des dispositifs de financement et d’appui technique pour favoriser la pérennité des entreprises

Réserver des métiers aux Gabonais peut être une avancée, mais seulement si l’application est pensée pour éviter les dérives et maximiser l’impact positif sur l’autonomie économique du pays.

Je te dis tout

DigitalÉconomieGabon

La Digitalisation au Cœur des Enjeux du Financement du Développement Post-Transition

Du 17 au 18 Mars 2025, j’ai eu l’honneur de participer aux Assises Nationales sur le Financement du Développement Post-Transition au Gabon, organisées par le Ministère de l’Économie et des Participations en partenariat avec le PNUD.

Durant ces deux jours d’échanges intenses, ministres, agences des Nations Unies, hauts cadres de l’administration et chefs d’entreprises ont unanimement souligné l’importance cruciale de la digitalisation dans ce processus de transformation économique.

Le numérique représente un levier stratégique pour le développement, d’autant plus que le Gabon dispose déjà d’atouts majeurs : une infrastructure numérique en place, une forte pénétration du digital parmi la population et un réseau de fibre optique déployé sur l’ensemble du territoire. Toutefois, des défis subsistent, notamment la nécessité de construire un datacenter national pour assurer le stockage et la sécurisation des données.

Une Politique Digitale Aggressive pour un Nouveau Modèle Économique

Le Ministre Mark Doumba l’a bien résumé : “Nous n’avons pas d’autre choix que de faire d’autres choix.” Dans cette optique, il est impératif que le gouvernement adopte une politique digitale ambitieuse afin de développer une industrie des services performante, à l’image du modèle rwandais avec Irembo. Cette dynamique a déjà été amorcée à travers le programme Gabon Digital soutenu par la Banque Mondiale. Un projet structurant est en cours : la mise en place d’un identifiant unique pour chaque citoyen et résident étranger. Cet identifiant constituera la pierre angulaire d’un écosystème interconnecté entre les administrations, facilitant la gestion des données liées à l’état civil, l’éducation, l’emploi, les cotisations sociales, les crédits, les assurances et les pensions.

Au-delà de la modernisation administrative, la digitalisation est un catalyseur essentiel pour la transition d’une économie de rente vers une économie de production. L’adoption généralisée des paiements électroniques offrirait une traçabilité des transactions, et l’État doit l’imposer à tous les commerces, renforçant ainsi la capacité des banques à évaluer les risques et à financer les PME. Toutefois, l’absence de structuration financière représente un obstacle pour ces entreprises. La création d’un Centre de Gestion Agréé au sein de la Chambre de Commerce, comme proposé par le Directeur Général de l’ANPI, serait une solution efficace pour accompagner les PME dans leur gestion comptable et financière.

Optimisation des Recettes Fiscales et Réduction de la Corruption

Le financement du développement repose d’abord sur l’optimisation des recettes avant le recours à l’endettement. La digitalisation permettrait une meilleure gestion des ressources fiscales et une transparence accrue, limitant ainsi les risques de corruption. De même, pour les petites entreprises et les ménages, des mécanismes de financement adaptés doivent être mis en place afin de favoriser leur inclusion économique.

Dans cette perspective, l’État doit créer un environnement propice aux affaires en levant les contraintes administratives, en remboursant la dette domestique et en encourageant une politique pro-business axée sur l’entrepreneuriat. L’exemple du Nigeria montre que le développement de champions nationaux est possible avec une approche stratégique, comme l’illustrent des figures emblématiques telles qu’Aliko Dangote, qui a bâti un empire industriel avec sa cimenterie et aujourd’hui sa raffinerie, ou encore Tony Elumelu, PDG de UBA, qui incarne l’entrepreneuriat africain moderne. Malheureusement, au Gabon, nous n’avons pas encore assez mis en avant ces success stories et pourtant nous avons des exemples. Des figures telles que M. Bikalou (Petrogabon), M. Kouakoua (Mika Services) et Henri Claude Oyima (BGFI) ont démontré qu’avec une bonne structuration, il est possible de mobiliser des financements à travers le système bancaire.

Un Financement Inclusif pour les Petites Entreprises

Enfin, il est essentiel de penser aux plus petites entreprises en leur offrant des mécanismes de financement adaptés. Des fonds d’amorçage doivent être mis en place par des institutions telles que la CDC, le FGIS, Okoume Capital et la SGG (pour la garantie), et former ces entrepreneurs sur la gestion à travers des incubateurs. L’expérience pilote menée par COMILOG avec les microfinances a prouvé l’efficacité d’un tel dispositif : sur un fonds de 2 milliards FCFA, une centaine de projets ont été financés et il reste encore 700 millions FCFA disponibles.

Le Gabon a l’opportunité de se transformer en un véritable hub digital en Afrique centrale. Pour cela, nous devons faire de la digitalisation une priorité absolue, en soutenant l’innovation, en simplifiant les procédures administratives et en développant un cadre financier inclusif pour tous les acteurs économiques. Ce n’est qu’à travers cette synergie entre technologie, gouvernance et entrepreneuriat que nous pourrons bâtir une économie durable et compétitive.

Le défi est grand, mais l’opportunité est immense. Ensemble, accélérons la transformation digitale du Gabon !

Mouhamed SANNI, Chef d’entreprise

Je te dis tout

GabonOpinion

Si j’étais Président de la République…

Mes chers compatriotes,

Bon, asseyez-vous bien hein, on va causer un peu. Si demain, par un coup de baguette magique (ou une bonne vieille élection démocratique), je me retrouvais Président de la République, voilà ce qui se passerait.

Premièrement, l’eau et l’électricité, c’est sacré !

Parce que franchement, à quoi ça sert d’avoir un beau frigo si tu sais que dès 18h, c’est lui qui va te manger à cause des coupures d’électricité ? Donc priorité absolue : on arrête les pannes soudaines. Les civettes qui mangent les câbles, je convoque une réunion avec les DG , on fait un vrai audit et on met les moyens pour changer les choses. Et s’ils ne comprennent pas qu’un Gabonais a besoin de lumière et d’eau pour vivre, on les envoie en stage de survie dans un quartier où l’eau ne coule qu’à 4h du matin. Une semaine voire 3 mois là-bas et ils changeront vite de comportement ! Peut-être qu’en vivant les mêmes réalités, ils comprendront la nécessité de changer et d’améliorer les choses. 

Ensuite, l’éducation et la santé, on arrête de blaguer.

Quand un gamin va à l’école, c’est pas pour faire des maths dans une salle avec 99 autres enfants ou suivre des cours sous un manguier, non ! On va remettre l’école au centre du village, avec des salles de classe dignes de ce nom, des profs motivés (et bien payés), et un programme scolaire qui prépare nos enfants à autre chose qu’à être experts en grève.  

Côté santé, plus question de te faire soigner par quelqu’un qui cherche encore son diplôme. On va rendre nos hôpitaux aussi rassurants que des cliniques privées. Pas de lit cassé, pas de « y a plus de médicaments », parce que quand tu tombes malade, t’as déjà assez de soucis pour pas en rajouter avec des problèmes de paperasse.

L’économie ? Ah ça, c’est simple, on crée des emplois, pas des « papiers des postes »

Finis, les contrats fictifs où tu te lèves pour te rendre compte qu’il n’y a rien à faire. On va stimuler les PME, les start-ups, les jeunes qui ont des idées mais qui manquent de moyens. Tu veux devenir entrepreneur ? Hop, un financement transparent, pas besoin de connaître le cousin du cousin d’un ministre pour avoir une chance. Et ceux qui bossent déjà ? Bah on les respecte, on les paie à l’heure et on les forme pour qu’ils montent en compétences, pas juste pour qu’ils stagnent dans le même bureau pendant 20 ans. Après c’est pour mal recevoir les gens et être grincheux comme si c’était de la faute des usagers

Et puis les routes ! Ah les routes !

C’est fini les excuses du genre « On a réparé, mais la pluie a emporté la route ». Si je suis Président, on va utiliser du béton armé comme en Allemagne, pas du « made in on sait pas où ». Parce que si je vous dis qu’il y aura des routes où tu pourras faire Libreville-Mbigou sans t’arrêter pour changer une roue, vous croirez que je rêve, mais croyez-moi, je ne blague pas. Là-bas ils ont encore les ponts en bois. On est au 17ème siècle ?

Ah oui, et la justice, parlons-en un peu.

Aujourd’hui, tu veux une solution à ton problème ? Direction les réseaux sociaux. Non, mais je vous comprends, hein ! La justice est tellement lente que même un chat pourrait obtenir sa retraite avant toi. Si je suis Président, on met des juges compétents, des enquêtes rapides, et une transparence totale. Un problème entre voisins ? Tribunal direct, pas besoin de faire un live Facebook pour espérer que quelqu’un prenne ton affaire au sérieux.

Enfin, les salaires et le pouvoir d’achat !

On va cesser de faire des Gabonais des « Spartatiates » modernes qui doivent choisir entre payer le loyer ou manger du poisson braisé. Le SMIG doit augmenter, les prix doivent baisser, et les contrôles seront renforcés. On va réguler tout ça pour que chacun puisse vivre dignement de son travail.

Alors voilà, chers compatriotes, si j’étais Président, ça se passerait comme ça. Bon, je sais bien que pour l’instant, je suis juste un citoyen qui rêve tout haut, mais c’est aussi notre rôle, non ? Parce que même si je ne suis pas Président, ensemble, on peut continuer à réfléchir et à pousser pour avoir le Gabon qu’on mérite.

En attendant, je reste à ma place, mais si jamais vous voulez voter pour moi en 2025… Qui sait ?! Ah bah non, j’aurais pas encore 35 ans 😔😔

Votre compatriote qui aime son pays et ses nikes avec tout sauf le piment,  

Un Gabonais normal qui rêve.

Et vous, que voudriez-vous améliorer si vous étiez Président(e) du Gabon ?

Je te dis tout