Étiquette : emploi

GabonOpinionSociété

Réserver certains métiers aux Gabonais : entre ambition et réalités du terrain

La décision du Conseil de réserver certains métiers aux nationaux, y compris dans des secteurs émergents comme le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne, s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté économique et de donner plus de place aux jeunes Gabonais. Sur le papier, cette mesure vise à créer de nouvelles opportunités et à protéger l’économie locale.

Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs souvent négligés.

D’abord, exercer ces métiers implique une organisation quotidienne exigeante : ouverture tôt le matin, tenue d’une comptabilité rigoureuse, gestion des charges, etc. Ce sont des compétences qui nécessitent un véritable accompagnement et parfois même une rééducation aux réalités de la gestion d’entreprise, loin de l’idée de « compter sur un soutien extérieur » à la fin du mois.

Ensuite, il faut anticiper les risques de contournement. Sans un encadrement précis, certains pourraient se limiter à prêter leur nom ou leur statut de national pour qu’un étranger gère l’activité, contre une rétribution.

Cela pourrait transformer la mesure en un simple business parallèle, où le propriétaire officiel ne serait qu’un garant rémunéré.

La question du contrôle est également centrale. Faut-il exiger que le gérant soit Gabonais ? Comment vérifier que la loi est respectée sans tomber dans des pratiques abusives ou du harcèlement administratif ? Une surveillance mal pensée pourrait décourager les entrepreneurs au lieu de les soutenir.

Pour que cette réforme produise les effets escomptés, il faudra donc :

Préciser les critères légaux (propriétaire, gérant, actionnaire majoritaire, etc.) • Mettre en place des contrôles clairs et proportionnés

Former et accompagner les entrepreneurs pour qu’ils soient réellement opérationnels

Prévoir des dispositifs de financement et d’appui technique pour favoriser la pérennité des entreprises

Réserver des métiers aux Gabonais peut être une avancée, mais seulement si l’application est pensée pour éviter les dérives et maximiser l’impact positif sur l’autonomie économique du pays.

Je te dis tout

EmploiGabon

Le marché de l’emploi au Gabon : Que de Rêves Brisés

Au Gabon, la quête d’un emploi est souvent une véritable épopée semée d’embûches. Pour nombre de jeunes professionnels, elle se solde par des rêves brisés. Derrière chaque curriculum vitae se cachent des aspirations profondes, des sacrifices, des années d’études et de travail acharné, ainsi que l’espoir sincère d’une carrière épanouissante. Malheureusement, la réalité du marché du travail gabonais peut rapidement transformer ces rêves en de profondes désillusions.

Il y a de fortes chances que beaucoup d’entre vous se souviennent d’une vidéo devenue virale. Celle que j’ai postée sur tous mes réseaux sociaux le 22 septembre 2023 – une date que je garde gravée en tête, haha – alors que je venais de démissionner. Je criais de toutes mes forces : « Je suis au chômage !!! », alors que j’étais encore sur le pas du portail de mon ancien employeur. Si beaucoup m’ont félicitée, d’autres se sont étonnés de me voir célébrer ce nouveau statut avec autant d’entrain. Pourtant, près de deux ans plus tard, et bien que je n’avais ni projets ni solution de rechange à l’époque, je ne regrette absolument pas mon choix.

Comme moi, beaucoup de jeunes ont commencé leur parcours professionnel avec l’excitation de rejoindre une entreprise de renom, un idéal longuement nourri. Je ne citerai aucun nom aujourd’hui – je n’ai pas d’argent pour me prendre un avocat – mais quand j’ai commencé dans le monde du transport d’hydrocarbures, l’entreprise que j’ai quittée en 2023 était mon rêve. Je voulais tellement l’intégrer pour y apprendre et la faire profiter de ma petite expérience. Quand après avoir entendu mes échos, ils ont fini par me proposer un emploi, le rêve est devenu réalité… Mais il a très vite viré au cauchemar. Environnement de travail toxique, harcèlement moral, propos dégradants et racistes, pression excessive, manque de reconnaissance. Ai-je encore besoin de vous dire que les conséquences sur ma santé mentale ont été lourdes ??? Si lourdes que j’ai fini par développer une véritable phobie du travail.

Pendant les six mois que j’ai fait au chômage, je ne parvenais ni à postuler spontanément, ni même à répondre à des appels à candidature sans en avoir l’esprit retourné. Le travail, cette activité censée apporter sécurité et épanouissement était devenue une source d’angoisse profonde.

Après de telles épreuves, se reconstruire est un défi. On cherche un nouveau départ, une entreprise qui semble « raisonnable » à première vue. On espère y trouver un refuge, un lieu où l’on pourra enfin s’épanouir, mettre de l’argent de côté, se projeter. Pourtant, même dans ces contextes, les difficultés organisationnelles quotidiennes peuvent étouffer toute tentative d’épanouissement. Un manque de clarté dans les rôles, une surcharge de travail, une communication interne défaillante, ou encore une absence de perspectives d’évolution peuvent transformer un environnement de travail a priori sain en un lieu de stagnation, voire de régression.

À ces défis s’ajoute une problématique encore plus insidieuse : celle de la rémunération. Dans de nombreuses entreprises gabonaises, le versement des salaires est loin d’être une certitude à la fin du mois. Les retards sont monnaie courante, plongeant les employés dans une précarité financière constante. Pire encore, le salaire est parfois utilisé comme un véritable moyen de pression par les employeurs, brandi comme une épée de Damoclès pour exiger une obéissance aveugle, une disponibilité sans limite, ou pour dissuader toute contestation des conditions de travail. Cette instrumentalisation du revenu essentiel à la survie de chacun est non seulement inacceptable, mais elle accentue la vulnérabilité des travailleurs, les privant de toute marge de manœuvre et de dignité.

À un moment, je me suis dit que c’était peut-être moi le problème, outrée par ce que je vis depuis bientôt une dizaine d’années que je suis diplômée. Les entreprises que j’ai fréquentées se trouvent être pires les unes que les autres, et ce n’est pas faute d’avoir cherché mieux, c’est juste qu’il ne semble avoir que ça… Mais je suis certaine que si tu vis au Gabon, que tu y travailles depuis quelques années, tu peux toi aussi raconter ton histoire en utilisant mes mots. Beaucoup n’osent pas, ils se taisent de peur de perdre leur bout de pain, de n’avoir plus rien, parce que de toute façon, « On va encore faire comment ? »… Face à ces abus et ces injustices, les recours sont rares et souvent inefficaces. L’Inspection du Travail, censée être le garant du respect du Code du Travail, se révèle bien souvent impuissante ou partiale. La Fonction Publique ne recrute pas, enfin, si… mais il faut être bien né. Avoir un parent, un oncle par alliance ou un bon grand des bons petits pour se voir octroyer un poste au sein d’une administration publique.

Et c’est dans ces conditions que parallèlement, un discours récurrent émane de l’État : celui qui reproche aux jeunes Gabonais de s’expatrier ou ceux partis étudier à l’étranger, particulièrement en Occident, de ne pas revenir au pays. On les exhorte à mettre leurs compétences au service de la nation. Cependant, ce reproche sonne creux lorsque l’on constate qu’aucune mesure concrète n’est mise en place pour les accueillir et les intégrer dignement à leur retour. Qu’il s’agisse de l’accès à l’emploi, de la valorisation de leurs diplômes ou de la création d’un environnement propice à l’innovation, le vide est flagrant. Taxis, tricycles et box de commerce semblent être la solution ultime pour nos dirigeants… Et détrompez-vous, pour avoir fait plein de petits boulots pendant toutes les années où je recherchais du travail, je sais qu’il n’y a pas de sots métiers. Mais je suis aussi persuadée que peu de ceux qui, après avoir investi des années et des ressources considérables dans leur formation, se retrouvent face à ces seules propositions peuvent s’en satisfaire.

Comment peut-on blâmer quelqu’un de ne pas revenir quand le pays ne lui offre ni perspectives ni sécurité ?

Ces expériences répétées forgent une réalité où l’emploi n’est plus synonyme de croissance personnelle et professionnelle, mais plutôt de survie. Les compétences acquises se fanent, l’enthousiasme initial s’éteint, et la passion pour le métier s’effrite. Les rêves de contribution significative, d’innovation et de progression se heurtent à un mur de contraintes structurelles, de gestions parfois archaïques, et d’un environnement légal qui ne protège pas toujours les plus vulnérables.

On nous taxe de paresseux ; il semble qu’aucun de nous ne veuille travailler ou n’aime le faire. Mais comment parvenir à aimer travailler quand on subit du harcèlement, quand le salaire n’arrive pas, ou quand ledit travail ne permet pas de maintenir sa santé, celle des personnes à sa charge, ou sa dignité ? Il est temps de se poser les bonnes questions et de chercher à redonner espoir à cette jeunesse gabonaise pleine de potentiel. Comment transformer ce tableau sombre en une opportunité de croissance et d’épanouissement pour tous ? La réforme des pratiques de gestion, l’investissement dans des environnements de travail sains, la mise en place de mécanismes efficaces pour le paiement des salaires, un réel plan d’intégration pour les diplômés de la diaspora, et une Inspection du Travail impartiale et accessible à tous sont des étapes cruciales pour panser ces rêves brisés et en forger de nouveaux, plus solides et plus prometteurs.

La Fière Trentenaire 😘

Je te dis tout

EmploiGabonOpinionSociété

Rêves brisés, talents exilés : quand le Gabon oublie ses enfants

Il y a des histoires qu’on n’écrit pas dans les livres, mais qu’on porte en silence dans les regards fatigués. Celle d’un juriste devenu journaliste, d’un étudiant devenu vigile. D’un ingénieur devenu livreur. D’un médecin devenu vendeur ambulant. Pas par manque de compétence. Mais parce qu’un jour, le pays qu’ils aimaient leur a gentiment demandé de rentrer… sans jamais vraiment les accueillir.

On les appelle la “diaspora”, comme si ce mot suffisait à justifier l’exil. Des jeunes, brillants, formés dans les meilleures universités, qui rentrent chez eux pleins d’espoir, les bras chargés de projets, le cœur gonflé de patriotisme. Et qui trouvent… des portes closes. Pas de postes. Pas de soutien. Pas même une chaise où s’asseoir pour expliquer ce qu’ils peuvent apporter.

Alors ils font ce que beaucoup font dans le silence : ils se “cherchent“. Ils acceptent ce qu’ils trouvent. Ils deviennent multitâches dans un pays où la survie est un sport de haut niveau. Parce qu’au-delà du diplôme, il faut affronter les coupures d’électricité qui paralysent les idées, les délestages d’eau qui sapent la dignité, les routes défoncées qui cassent les reins et les espoirs. Et puis il y a les taxes… imposées même aux rêves en gestation.

Il y a une violence invisible dans tout cela. Une violence qui fait qu’un pharmacien gère aujourd’hui une buvette. Qu’un enseignant brillant conduit un taxi pour nourrir sa famille. Et pendant qu’il fait ça, il prend peut-être la place d’un autre, quelqu’un qui aurait pu faire ce métier avec fierté, mais qui lui non plus, n’a pas eu le choix.

Il faut en parler. Parce que derrière chaque reconversion imposée, il y a un sacrifice. Derrière chaque talent parti, un vide. Derrière chaque retour manqué, un pays qui perd une chance de se reconstruire.

On ne généralise pas. Il y a des réussites, oui. Des jeunes qui entreprennent, qui innovent, qui changent les choses à leur échelle. Mais même eux, ils rament. Ils rament à contre-courant dans un pays qui ne leur tend pas la rame.

Ce n’est pas une plainte, c’est un cri. Un cri de ceux qui aiment ce pays, mais qui se sentent étrangers chez eux. Un cri de ceux qui veulent juste exister sans s’excuser d’avoir rêvé.

Il est temps de remettre l’église au centre du village. De cesser de demander aux jeunes de rentrer si c’est pour les laisser s’écraser contre les murs de la réalité. Il ne suffit pas d’aimer le Gabon. Il faut aussi que le Gabon aime ses enfants.

Je te dis tout

GabonSociété

Le relationnel au Gabon : quand les vrais deals se font au bar et pas en réunion

Au Gabon, et plus largement en Afrique, le relationnel est un art. Mais contrairement aux schémas classiques où l’on imagine des costumes-cravates serrés autour d’une table de conférence en train de négocier des contrats avec des PowerPoint bien chiadés, ici, c’est souvent une toute autre dynamique.

Le vrai réseautage ne se fait pas dans les salons feutrés des hôtels ou dans les bureaux climatisés des tours administratives. Non. Il se passe dans des bars, des “chills”, des afterworks improvisés et même dans des maquis où la seule carte de visite qui compte, c’est la capacité à tenir un verre sans vaciller.

Les deals à la fraîche : bienvenue dans l’économie du chill

Dans beaucoup de pays africains, et le Gabon ne fait pas exception, l’informel est roi. Que ce soit dans les affaires, la politique ou même les opportunités de carrière, c’est souvent une question de “qui connaît qui”. Mais contrairement aux idées reçues, les connexions ne se tissent pas forcément dans des cadres conventionnels.

Prenons un scénario typique. Un jeune ambitieux veut décrocher un marché ou un job. Il envoie son CV par mail, attend une réponse qui ne viendra probablement jamais. Parce qu’il ne sait pas encore que son CV aurait eu plus d’impact s’il l’avait déposé verbalement au bon moment, au bon endroit.

Le bon moment ? Un vendredi soir.

Le bon endroit ? Un bar fréquenté par des décideurs.

Le bon timing ? Entre le deuxième et le troisième verre, quand l’ambiance est légère, que tout le monde se tutoie et que les barrières hiérarchiques s’effacent comme par magie.

Les catégories de relationnel “made in Gabon”

1. Le réseautage alcoolisé

C’est la base. Au Gabon, on ne compte plus le nombre de contrats et d’embauches qui se sont décidés autour d’un bon whisky, d’une bière ou d’une bouteille de rosé bien glacée. Il n’est pas rare qu’un cadre ou un entrepreneur balance un “Passe-moi ton numéro, on va voir ce qu’on peut faire” entre deux gorgées. Et si le contact est bien entretenu (traduction : ne pas oublier de relancer une semaine après avec subtilité), ça peut déboucher sur quelque chose de concret.

2. Le réseautage gastronomique

Ici, tout commence par un plat de cotis braisés ou de la viande de brousse. Il suffit de bien choisir sa table dans un restaurant populaire et de se faire remarquer (positivement, bien sûr) par un big boss de passage. Une invitation à s’asseoir, quelques échanges cordiaux sur l’état du pays, et hop, un partenariat peut voir le jour entre deux bouchées de paquet de concombre.

3. Le réseautage familial

On parle souvent de “l’Afrique des réseaux”, mais le plus puissant de tous reste la famille. Il suffit d’avoir un oncle, une tante ou un cousin bien placé pour voir des portes s’ouvrir comme par enchantement. Bien sûr, cela ne garantit pas le poste ou le contrat, mais ça donne une longueur d’avance face à ceux qui doivent tout faire par la voie classique. Faut pas suivre, le piston c’est important.

4. Le réseautage événementiel

Mariages, anniversaires, funérailles… chaque occasion est une opportunité. Ce n’est pas un hasard si certains Gabonais prennent un soin particulier à s’habiller élégamment même pour des cérémonies où ils ne connaissent personne. L’idée est simple : se fondre dans le décor, identifier les personnes influentes et entamer des conversations anodines qui peuvent déboucher sur de belles opportunités.

Pourquoi ça marche (et pourquoi ce n’est pas une voie unique)

Ce modèle de réseautage fonctionne parce qu’il repose sur la proximité, la confiance et l’instantanéité. Les décisions se prennent vite, dans un cadre détendu, et souvent sur la base d’un bon “feeling”.

Mais ce n’est pas une science exacte.

D’abord, il favorise les initiés et laisse de côté ceux qui ne maîtrisent pas les codes de ce relationnel “off the record”. Ensuite, il peut encourager une forme de favoritisme où la compétence passe parfois après la convivialité.

Enfin, il crée une situation où les opportunités professionnelles et économiques dépendent plus des rencontres hasardeuses que d’un système transparent et méritocratique. Ce qui peut être frustrant pour ceux qui jouent le jeu à l’occidentale, avec CV bien ficelé et lettres de motivation en bonne et due forme.

Réseautage informel vs. voies classiques : pourquoi choisir ?

Faut-il tout miser sur ces cercles d’influence décontractés ? Pas forcément. Beaucoup de personnes réussissent grâce à leur mérite, en passant par les voies classiques : candidatures bien préparées, formations solides, efforts constants.

Mais il serait naïf d’ignorer la réalité du terrain. Beaucoup de choses se jouent en dehors des cadres conventionnels.

La meilleure approche ? Ne pas se limiter.

Envoyer son CV par mail, mais aussi accepter cette invitation à un chill. Se préparer aux entretiens, mais aussi savoir engager la conversation avec les bonnes personnes au bon moment.

Parce que dans un pays où le relationnel ouvre beaucoup de portes, mieux vaut avoir toutes les clés en main.

Je te dis tout

GabonSociété

Quand tenter de gagner sa vie nous fait la perdre…

Notre pays souffre et quand je dis « notre pays », je parle de ses habitants… Ceux qui n’ont ni eau, ni électricité, ni voirie, ni même du travail pour s’offrir une éducation décente, une alimentation variée, des loisirs ou le droit de rêver.

Ces dernières années, le Gabonais est longtemps resté en détention à domicile pour « préserver sa sécurité », tantôt contre des maladies meurtrières, tantôt contre d’éventuelles ripostes au coup de la « liberté » qui parce qu’ayant été « non sanglant » a pourtant été bien accueilli par ceux-ci. Les récents événements dans le monde de la politique me donnent plus l’impression que c’était pour que les plus rusés d’entre nos décisionnaires se remplissent davantage le ventre pendant que toi, moi et nos proches, nous battions pour trouver à manger, réaménager nos horaires de travail et autres. Quoi qu’il en soit, maintenant que nous sommes libres de nous mouvoir dans le pays et en dehors qu’importe l’heure et la raison, rien ne permet réellement que ce soit possible… Enfin, sauf les moyens de transport qui se multiplient en ville ; En plus des bus climatisés, taxis climatisés, taxis lambda, taxis bus, taxis clandestins (clando), on a désormais aussi des tuk tuk (ou touk touk je ne sais pas je suis Ghisir), bien urgents pour l’économie du pays… Bref, ce n’est pas le sujet aujourd’hui. On en parlera sans doute une autre fois.

Donc… Le Gabonais est un pacifiste qui ne demande pas grand-chose. Lorsqu’il quitte le « confort » de sa maison pour se mettre dans la rue c’est qu’un bouchon a été poussé trop profond dans sa gorge et qu’il s’en étouffe. Lorsqu’il réclame quelque chose à coup de manifestation, c’est que celle-ci lui est réellement due, qu’il s’agisse de bourse ou d’emploi, le gabonais a trop peur de la répression pour se risquer quand il a tort. Résultant, tout ce que le gabonais, bien qu’issu d’un pays aux richesses visibles variées, a pour lui ce sont les délestages, les embouteillages, les nids de poules, la privation et la rationalisation des denrées alimentaires et les métiers ingrats ou le chômage, à quoi s’ajoute désormais la probabilité de mourir sur son lieu de travail.

Je ne veux pas être censurée, mais j’ai envie de dire « M*rde, quelle m*rde et p*tain de m*rde, quel pays de m*rde… ». Voilà une fille, une mère de famille, une tante, une sœur, une amie qui sort de chez elle le matin, va faire un métier ingrat et ne rentre jamais parce que les conditions de travail IMPOSÉES par le Code du Travail (pourtant applicable à TOUTES les entreprises intervenant au Gabon) via le Décret N°01494 définissant les Règles Générales d’HSE Sur Les Lieux de Travail au Gabon, ne sont respectées que par les entreprises qui le choisissent et personne ne va tomber ?

[Si c’est long, relisez lentement, s’il vous plait… Il faut bien comprendre la partie là, c’est important pour la suite.]

Je ne sais pas combien d’entre vous se sont déjà rendus sur les chantiers et sites gérés par les entreprises asiatiques au Gabon, les chinoises en particulier. Je disais récemment qu’en majorité, ce sont des mouroirs connus de nos autorités. Pour y avoir fait plusieurs visites, on y voit l’inimaginable. Des latrines en guise de WC, des dortoirs surchargés, des postes à souder fixés près de cuves de stockage d’hydrocarbures, des cubitainers troués et sans bacs de rétention servant de récipients de stockage de produits chimiques, des employés travaillant sans équipements (de protection et autres outils de travail) adéquats, et j’en passe. Un enfer pour les âmes d’HSE.

En pareilles circonstances, comment espérer rentrer chez soi sans dommage immédiat ou une maladie professionnelle si non par la foi ?

Un employé ne devrait pas perdre la vie en tentant de la gagner ; Mais la faute à l’Etat !!! C’est lui qui se remplit les poches, du moins celles de ses dirigeants, sur la misère des gabonais normaux. Je suis révoltée qu’on se soucie plus de politique et de l’image du pays aux yeux du monde, que de la vie et du bien-être de ses citoyens. Que fait l’Inspection du Travail ? Quelles sont les missions de la Direction Générale de la Santé et Sécurité au Travail ? Pourquoi les entreprises dont la non-conformité aux textes de loi est palpable au quotidien continuent d’obtenir des permis d’exploiter dans notre bananeraie, Seigneur Jonas !!!??

Je suis choquée par l’égoïsme des gens à qui on a fait confiance par les urnes ou par un quelconque soutien jusqu’ici.

Toutes les vidéos et photos de la défunte qui tournent, la montrent dépourvue d’équipements de protection individuels. Excepté le masque anti-poussière et le gilet de haute visibilité (que je suis fatiguée, en tant qu’HSE de répéter aux gens qu’ils ne servent pas à protéger, mais à rendre davantage visible), Madame IBRAHIME (paix à son âme) n’a rien pour se protéger ; pas de chaussures de sécurité, pas de vêtements de travail, pas de casque, pas de lunettes de protection… RIEN de ce qui est OBLIGATOIRE par la loi (ni même les procédures internes quand on est une structure qui se respecte exerçant dans un pays qui se respecte) pour réaliser ses activités de manutention. Et dites-vous que ces images ont été prises lors d’un reportage pour un web média (mené par un créateur de contenu célèbre). Donc, alors que les entreprises, lorsqu’elles sont informées de l’arrivée des caméras dans leurs locaux, font en sorte de se rendre présentable devant elles, le HSE de cette structure s’est (sans doute) dit que ça ne serait pas trop insultant pour nos intelligences de ne rien changer de d’habitude.

Je parle du HSE même, entre temps, je connais ses réalités. Souvent muselés par les chefs d’entreprises, nos profils ne sont jugés utiles que lorsqu’il y a des audits et des contrôles. C’est pour ça que je le redis, LA FAUTE A L’ETAT, et aux entités qu’il crée pour défendre les droits des salariés et veiller à l’effectivité des devoirs des employeurs, qui ne vont sur les chantiers que pour se prendre leur enveloppe annuelle. Ceux-là même qui deviennent aveugles devant les risques et les non-conformités dès qu’on a porté des billets jusqu’à leurs yeux… QUEL PAYS DE M*RDE !

En vrai, on espère quoi ? Qu’est-ce qu’on n’a pas vu avec FOBERT ???? Les employés ont lancé une alerte dont la structure en charge du risque sanitaire et phytosanitaire s’est saisie, que s’est-il passé ensuite ? Licenciement de son Directeur Général ? « Pourquoi ? Mais pourquoi pas ? Je suis là, je ne comprends rien… ». De toutes façons, et je vais finir là, quand eux-mêmes vont pour les visites des sites, que portent-ils d’autre que leurs treillis, leurs deux pompons et leurs ensembles ABACOST ? Rien.

On n’est visiblement pas sorti de l’auberge. L’année dernière, un accident se produisait on shore et endeuillait des familles gabonaises, enquêtes demandées, grands discours, promesses, on est là, on va encore faire comment ? Cette fois encore, je suis désolée pour la famille, mais il semble qu’on va de nouveau se poser la question, ON VA ENCORE FAIRE COMMENT ?

La Fière Trentenaire :*

Je te dis tout

EmploiGabon

Ces nouveaux “contrats” : les stages interminables et les emplois précaires

Le marché du travail est cet endroit où se rencontre la demande effectuée par les employeurs qui recherchent des compétences et de la force de travail, et l’offre disponible auprès des chercheurs d’emploi.

Aujourd’hui, le contexte économique difficile & l’inadéquation formation-emploi rendent ce marché totalement déséquilibré. C’est un fait. 

Mais à mon sens cela n’excuse pas totalement le comportement véreux des entreprises et des employeurs. Aujourd’hui dans notre pays le Gabon, des entreprises proposent à des personnes compétentes et expérimentées des stages à peine rémunérés au SMIG d’une durée de 6 à 18 mois, ou encore des prestations rémunérées au SMIG sans perspective d’évolution de carrière ni de salaire

Mais les plus pernicieux dans cette situation restent les entreprises qui passent par des sociétés d’intérim. Ces dernières proposant des contrats de prestations renouvelable chaque mois et souvent sans assurance maladie ni congés payés.

On peut nous dire quelle est l’utilité de ces sociétés d’intérim ? Et pourquoi pullulent-elles en ce moment ?

Ces phénomènes qui gangrènent le marché de l’emploi gabonais sont la cause principale de la précarité chez les jeunes adultes qui aujourd’hui n’arrivent pas à se prendre en charge à 100%. Ils sont sujets à l’endettement, à la mendicité et pire font face au stress quotidien et à une dépression sans nom.

Cet article décrit les faits et situations actuelles dans le marché du travail gabonais mais de nombreuses questions se posent : 

  • Quelle politique réelle est mise en place pour diminuer le déséquilibre entre « offreurs » et « demandeurs » ?
  • Les politiques publiques en termes d’emploi ne devraient-elles pas s’associer à l’éducation nationale et à l’enseignement supérieur pour trouver des solutions concrètes ?
  • Quid d’une politique de réorientation professionnelle facile ?

– Miss Ka

Je te dis tout

GabonOpinion

La recherche du boulot, quel calvaire !!!

La recherche d’un emploi au Gabon, c’est tellement un calvaire qu’on en rigole, sur Facebook j’ai lu “chercher le travail c’est déjà un travail”. Pour avoir vécu une période creuse pendant près de 15 mois, je peux vous dire que c’est un boulot à perte.

Je m’explique, “Tenue correcte exigée” est là phrase qu’on nous sert devant chaque administration publique et parfois privée, et les vigiles sont souvent les mecs les plus chiants de la terre, tu es donc obligé de te préparer. Il y en a qui vont dévaliser moutouki pour trouver des tenues appropriées. Tu n’as pas d’argent, tu cherches un emploi, mais il faut avoir la gueule de l’emploi donc tu dois te donner de la valeur et mettre les chances de ton côté, quel pays !!

Pour déposer un dossier, on veut que tu sois vêtu comme si tu allais être reçu par Macron et ça c’est juste le style vestimentaire.

Parlons maintenant de la paperasse, en 2024, il existe encore des entreprises qui prennent des dossiers physiques, qui n’ont pas de mail pro ou de mail tout court. Ce qui signifie que pour autant d’entreprises, il faut avoir autant de CV, autant de lettres de motivation, peut-être que les gens ne s’en rendent pas compte mais ça fait un sacré pactole, sans compter les enveloppes et j’en viens, le transport.

Bien que le Centre Ville se rapproche de notre Wall Street, toutes les entreprises n’y sont pas ou plus implantées, certaines ont été délocalisées, BET241 a par exemple trouvé son bonheur après le ballon d’or en allant à Okala. Il y a des entreprises implantées à Nkok, Owendo, Akanda et d’ici quelques années il y en aura au cap. Imaginez comment la poche souffre lorsqu’une entreprise exige qu’on vienne déposer des dossiers physiques à leur siège ; tu dois être à gauche, à droite, en haut, en bas et à la fin, tu n’es même pas appelé.

C’est cette conclusion qui blesse, tu consacres du temps pour refaire un CV, rédiger une lettre (bon, même si on triche avec chatgpt), tu fais un peu de shopping, tu imprimes des documents, tu te déplaces partout dans la ville avec de l’espoir, à la fin, tu n’as même pas une entreprise qui te relance, tu commences à te poser des questions, c’est moi qui suis bête ? Nul? C’est mon CV qui est mauvais ? Ma lettre est mal écrite ? Mon profil n’intéresse personne ? Tu te poses tout ça et tu entres dans une énorme dépression qui ne va pas interpeller le frangin insensible de l’article précédent.

Et après quelqu’un viendra te dire que si tu ne travailles pas c’est parce que tu n’as pas envie, tu ne fais pas assez d’effort .sinon tu aurais trouvé depuis.

Me bi me ne wa gnu.

Je te dis tout