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Gratuité du visa touristique : qui a dit ça ?

Je pense que vous avez vu l’information passer comme moi : du 1er juillet au 30 septembre, le visa touristique pour le Gabon est GRATUIT. C’est ce que l’État a mis en place pour promouvoir le tourisme.

J’ai donc testé pour vous et l’administration gabonaise est magnifique.

J’ai fait la demande de e-visa (les services de la DGDI sont ultra top en ligne), j’ai mis comme motif « visite familiale ». À ce moment-là, je me suis posé une question : « est-ce que la visite familiale rend le visa payant ? », ah si je savais…

J’obtiens une réponse et donc le visa en moins de 24h, un samedi (quand c’est bien faut aussi dire) !

Fin des réjouissances.

Quand j’arrive à Libreville, il y a une file pour les visas à faire sur place et les e-visas pour ceux ayant fait en ligne. Je pensais (naïvement) que la demande en ligne allait accélérer le processus, que nenni ! 1h20 d’attente avec un agent qui s’absentait plusieurs minutes pour je ne sais quelles raisons.

Revenons sur le visa. Donc le visa pour visite familiale est payant et plus cher que le prix affiché par l’ambassade du Gabon en France (83 euros au lieu de 70). Je me dis que c’est bête de faire payer le visa familial et rendre le touristique gratuit mais soit, c’est l’administration

Quelques jours plus tard, ma tante arrive à son tour à Libreville avec le fameux e-visa touristique, elle a été contrainte aussi de payer ! Pourquoi ? Les policiers sur place lui ont dit que le visa touristique est gratuit… uniquement s’il est fait à l’arrivée 🙃. L’administration gabonaise dans toute sa splendeur.

Comment le visa peut être gratuit s’il est fait sur place ? Comment le touriste sortirait de son pays sans visa ? Nous savons tous l’agent d’escale peut refuser l’accès à l’avion si le visa ou preuve de demande n’est pas présenté(e). De plus la preuve de demande de visa n’est délivrée que dans les cas de e-visa… Quelle cacophonie

Vu la lenteur des officiers à l’aéroport, du courage à ceux qui feront le visa sur place (si vous arrivez à monter dans l’avion hein…).

Cette décision est quand même le symbole d’une administration qui prend des décisions, les rend publiques sans tout expliquer en détail. Quelle tristesse

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CSS : Quand la solidarité perd son sens

La solidarité, c’est avant tout un principe simple : ceux qui ont le plus aident ceux qui ont le moins. Cela signifie faire contribuer ceux qui disposent d’un certain confort, sans les pénaliser excessivement, afin que ceux qui n’en ont pas les moyens puissent accéder à ce qui devrait être fondamental — soins, éducation, dignité.

Dans cette logique, une taxe comme la Contribution Spéciale de Solidarité (CSS) semble pertinente : son objectif affiché est de financer les soins de santé et de maternité pour les Gabonais économiquement faibles. L’idée est bonne.

Mais dans les faits, tout le monde la paie, y compris ceux qu’elle est censée soutenir. C’est là que la question se pose.

Certains diront : « Oui, mais ce n’est que 1 %… ».
C’est vrai, 1 % peut paraître peu. Mais il faut se rappeler que le prix du pain, du riz ou du paquet de cotis ne varie pas selon les revenus. Pour un même panier, celui qui gagne moins de 800 F par jour paiera exactement la même somme que celui qui touche 500 000 F nets par mois.

La différence, c’est que pour le premier, ce panier représente un effort énorme, parfois au détriment d’autres besoins essentiels, tandis que pour le second, la dépense est presque imperceptible.

On se retrouve donc avec une taxe unique, fondée sur une bonne intention, mais qui manque sa cible sociale. À mon avis, il faudrait repenser le dispositif : comment générer des recettes sans alourdir la charge des moins nantis, ceux qui ont réellement besoin d’aide ?

Dans bien des cas, il suffirait d’introduire des critères plus justes pour répartir les bénéfices et les efforts. Prenons l’exemple des bourses scolaires : aujourd’hui, elles sont souvent attribuées uniquement sur la base des notes. Pourquoi ne pas tenir compte aussi des revenus des parents ? Cela permettrait que l’aide aille en priorité à ceux qui en ont le plus besoin, tout en limitant les avantages indus pour ceux qui bénéficient déjà de multiples privilèges.

Et notre ministère du Budget devrait se poser la question avant de taxer ou d’imposer : taxes pour quoi ?
Évidemment, pour avoir des recettes. Contributions pour quoi ? Pour aider les plus pauvres. C’est une bonne idée. Mais qui doit payer ? Car si l’on prend de l’argent à ceux qu’on devrait aider, on ne leur rend pas service.

Et surtout, une fois cet argent perçuoù va-t-il réellement ? Sans transparence et sans ciblage clair, la solidarité perd de sa force, et la confiance des citoyens avec.

La vraie solidarité ne consiste pas seulement à lever des fonds, mais à les prélever de manière équitable et à les utiliser de façon transparente.
Cela suppose deux engagements clairs :

  1. Cibler l’effort sur ceux qui peuvent le fournir sans se mettre en difficulté.
  2. Rendre compte de chaque franc collecté et de son impact réel sur la vie des bénéficiaires.

Repenser la CSS et, plus largement, notre système de contribution, ce n’est pas remettre en cause l’entraide nationale. C’est au contraire lui redonner tout son sens : un mécanisme où chacun contribue selon ses moyens, et où chacun peut voir concrètement le résultat de cet effort collectif.

Parce qu’une solidarité bien pensée ne divise pas. Elle rassemble, elle renforce la confiance, et elle donne à chaque citoyen la certitude que sa contribution, même modeste, construit un mieux-être partagé.

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GabonSociété

Le goût amer de la Regab ou le bonheur au fond d’un verre

La Regab coule à flot. Dans les bars de Nzeng-Ayong comme dans les coins sombres d’Akébé, sur les tables en plastique de Nkembo comme dans les quartiers plus chics, l’alcool est devenu le dernier refuge. Un bonheur liquide, artificiel, qu’on partage à défaut de mieux, à défaut d’un avenir clair.

Parfois, je me demande si on boit pour oublier… ou pour ne pas devenir fou.

On n’en parle que trop peu, ou alors pour s’en vanter : « Les Gabonais sont parmi les plus grands buveurs d’Afrique », disent certains avec un drôle de sourire. Comme si c’était un exploit. Mais la vérité, c’est que cet alcoolisme rampant n’est souvent que le reflet d’une souffrance collective, d’un désespoir qu’on tente de diluer dans un verre. Boire, c’est oublier. Boire, c’est souffler. Boire, c’est survivre.

Et pourtant, pendant qu’on trinque, la politique, elle, continue son petit bonhomme de chemin. Ce mot-là, politique, fait encore peur ici. Pas peur comme un débat houleux, non. Peur comme un frisson dans le dos, comme un silence qui s’impose quand on s’apprête à dire un nom qu’il ne fallait pas.

Parce qu’ici, au Gabon, on a disparu pour des idées. Il y a moins de cinquante ans, certains opposants ont été effacés. Littéralement. Des corps jamais retrouvés. Des familles réduites au silence. Plus récemment, des voix ont été enfermées, accusées à tort, bâillonnées sans explication. Et il y a quelques jours encore, des fonctionnaires ont été écartés, menacés, pour avoir osé dire ce qu’ils pensaient. Juste ça. Une idée qui dérange. Prend une gorgée de bière. Voilà ce dont il s’agit.

Et puis il y a Rendjambe.

Issani Rendjambe, mort dans des circonstances troubles. Une mort qui hante encore les esprits, même si officiellement on préfère l’oublier. On murmure, on chuchote, on évite de trop creuser. L’État n’a jamais vraiment voulu lever l’opacité. Mais le peuple, lui, n’a jamais cessé d’en parler. Car on le sait : cette affaire-là, c’est le symbole. Le symbole d’un Gabon où la liberté d’expression se paie cher. Parfois de sa vie.

Et que dire du traumatisme le plus récent ? 2016S’en souvient-on encore ? Ou ne veut-on simplement pas s’en souvenir ? Autre gorgée d’alcool.
On nous demande de passer à autre chose, de regarder l’avenir. Mais ce goût amer, ce n’est pas celui de la Regab. C’est celui du déni. Celui de l’injustice. Celui de cette nuit électorale interminable, de ces pleurs, de ces morts sans sépulture, de ce silence d’État. Et peut-être que c’est ça, au fond, que la Regab adoucit.

Alors on se réveille chaque jour avec la gueule de bois… et la quasi-obligation de combattre le mal par le mal, parce qu’on nous interdit de savoir. Et pour ceux qui savent, c’est l’interdiction de parler. Et pour ceux qui osent en parler, c’est parfois l’interdiction de revoir la lumière.

Alors on boit. On boit pour ne pas y penser. Pour ne pas sombrer. Pour oublier que cette politique nous enterre, doucement, mais sûrement. Pour oublier qu’on souffre, qu’on vit à moitié, qu’on meurt en silence.

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GabonSocialSociété

Drogue, jeunesse et responsabilités : le Gabon face à une urgence silencieuse

Ces dernières années, le fléau de la drogue a explosé dans les rues du Gabon. Des quartiers populaires aux établissements scolaires, des ruelles de Libreville aux villes de l’intérieur, les témoignages s’accumulent, les alertes se multiplient… mais bien souvent, l’État détourne le regard.

Les jeunes gabonais, confrontés à un chômage structurel, à l’ennui, au désespoir ou à la pression sociale, deviennent les premières victimes d’un marché parallèle de plus en plus agressif. Chanvre, kobolos, caillou, lean… la liste s’allonge. Et derrière chaque addiction, c’est une vie qui vacille, une famille qui s’effondre, une génération qu’on abandonne.

Les Premières Dames à la rescousse : une tradition de solidarité

Il faut le reconnaître : certaines Premières Dames ont tenté, à leur manière, d’agir là où l’appareil d’État traînait la patte. On se souvient encore de l’association Horizons Nouveaux, fondée par Edith Lucie Bongo, qui travaillait déjà avec des jeunes en détresse et portait un regard particulier sur les plus fragiles.

Aujourd’hui, une nouvelle figure s’impose dans la continuité de cet engagement : Zita Oligui Nguema, actuelle Première Dame du Gabon. À travers sa structure, la Fondation Ma Bannière, elle s’empare du sujet avec une initiative inédite : la construction du tout premier centre de désintoxication pour jeunes au Gabon.

Une bannière d’espoir

Lancé ce 5 août 2025, ce projet marque un tournant. 200 jeunes par an pourront bénéficier de soins, de formations et d’un accompagnement à la réinsertion. Le centre ne se contente pas de soigner, il répare. Il ne juge pas, il tend la main.
C’est tout ce qu’on pouvait attendre d’un État moderne… et c’est la Première Dame qui l’apporte.

Il serait injuste de ne pas saluer ce geste, même si on peut regretter qu’il ne vienne pas directement du ministère de la Santé ou de celui des Affaires sociales. Mais en attendant, c’est une réponse concrète dans un désert d’inaction politique.

Il est temps d’agir. Vraiment.

Ce centre n’est pas une fin en soi. C’est un début, une alerte, un signal. Car la drogue n’attend pas. Elle n’a pas de patience. Elle ronge les esprits, les corps, les ambitions, les avenirs.
Si nous ne faisons rien, elle continuera de ravager nos enfants, nos quartiers, notre société.

L’urgence est réelle.
Le silence est complice.
Le combat ne doit pas être porté par une seule Fondation, mais par toute une nation.

À la jeunesse, il faut offrir des perspectives, des lieux d’écoute, des alternatives.
Et à ceux qui osent encore croire, encore bâtir, encore s’engager, comme la Fondation Ma Bannière, il faut dire : merci… et continuez.

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ÉlectionsGabonOpinion

Voter pour quoi, pour qui, et surtout pourquoi ?

On nous demande de voter. Mieux : on nous demande de voter pour la rupture. De choisir un nouveau chemin. D’éviter les caméléons en costume-cravate, de refuser les « tee-shirts politiques » fraîchement changés. On nous parle de mémoire collective, de lucidité. Et on a raison.

Mais moi j’ai une question. Simple. Crue.

Qui, au Gabon, vote vraiment par conviction ?

Pas dans les discours. Pas sur Facebook. Dans les urnes. Quand le moment vient.

Le vote de la famille, le vote de la peur, le vote de la faim

Tu crois qu’on vote parce qu’on a été convaincus par un programme, une vision, une cohérence politique ? Il faut aller à Nkembo, à Cocotiers, à Kinguélé, à PK12, à Bitam ou à Mitzic, et poser la question.

On vote parce que c’est la famille.
Parce que tonton a dit. Parce que le cousin menace.
Regarde Guy Nzouba Ndama. Il ne s’en cache même pas : « Si vous ne rejoignez pas mon parti, vous serez exclus. » On en rit jaune. C’est grotesque, c’est tragique, et c’est notre quotidien politique.

On vote aussi pour ne pas perdre.
Pas perdre les petits privilèges. Pas perdre la fête.
On vote pour le favori. Celui qui gagne. Celui qui fera couler la régab et la musique après les résultats.

Et surtout…

On vote pour manger.
Pour ce sac de riz. Pour ces 10.000 francs. Pour le t-shirt. Pour le transport payé.
On vote pour celui qui soulage maintenant, même s’il écrase demain.

Parce que quand on a faim, on n’a pas le temps pour les concepts.

Et l’opposition ?

Pendant ce temps, que fait l’opposition ?
Elle moralise. Elle dénonce. Elle promet la lumière. Mais elle ne rassure pas.

Comment veux-tu que le peuple donne sa voix à des gens dont il a vu les collègues se précipiter vers la soupe sitôt le pouvoir tombé ?
Comment veux-tu qu’il y croie encore, alors que les anciens combattants de la liberté sont aujourd’hui les bras armés des déguerpissements ?
Oui, parlons-en. Parce qu’un gouvernement de la Ve République a jeté des pauvres dehors.
Pas des trafiquants. Pas des mafieux. Des familles. Des enfants.
Et ce jour-là, beaucoup ont compris que le pouvoir, même avec une autre étiquette, reste le pouvoir.

Alors on fait quoi ?

On ne peut pas demander à un peuple de voter « bien », si on ne répond pas à ses besoins ici et maintenant.
On ne peut pas lui demander de voter contre le riz, s’il ne sait pas comment il va manger demain.
On ne peut pas lui dire « la rupture », sans lui expliquer comment il va traverser cette rupture.

Si on veut qu’il vote autrement, il faut d’abord l’écouter autrement.
Il faut lui parler vrai. Il faut lui montrer, pas seulement promettre.

Parce que la vérité est là : plus le peuple a faim, plus il est achetable.
Pas parce qu’il est bête. Mais parce qu’il est vivant. Parce qu’il a des enfants à nourrir. Parce qu’il souffre.

La dignité ne se mange pas, mais elle s’apprend

Ce texte n’est pas une excuse pour vendre son vote. Ce n’est pas une justification.
C’est une alerte.

Si vous voulez des votes sincères, construisez une politique sincère.
Montrez la cohérence. Montrez la constance. Montrez l’intégrité.
Et surtout, répondez aux besoins du peuple, même modestement, mais réellement.

Parce qu’à force de dire « votez pour la vision », pendant qu’un autre dit « votez pour 10.000 francs et un sac de riz », on sait déjà qui repartira avec la victoire.

Je te dis tout

ÉlectionsGabonOpinion

Changer de tee-shirt ne fait pas de vous un homme nouveau

À chaque élection, c’est la même rengaine. Les visages changent peu, les slogans se recyclent, et les bourreaux d’hier se réinventent en sauveurs d’aujourd’hui. Le plus troublant ? Ils comptent sur notre amnésie pour réussir leur tour de passe-passe.

« Ils n’ont pas changé. Ils ont juste changé de tee-shirt politique. »
— Harold Leckat

À chaque élection, c’est la même rengaine. Les visages changent peu, les slogans se recyclent, et les bourreaux d’hier se réinventent en sauveurs d’aujourd’hui. Le plus troublant ? Ils comptent sur notre amnésie pour réussir leur tour de passe-passe.

Harold Leckat, avec une lucidité qu’on aimerait contagieuse, refuse de laisser ce manège tourner en rond. Dans une tribune puissante publiée sur Facebook, il sonne l’alarme : l’inclusivité ne doit pas servir de blanchisserie politique. On ne reconstruit pas un pays avec ceux qui l’ont démoli. On ne bâtit pas la rupture avec ceux qui ont chanté l’ancien refrain jusqu’à la dernière note.

La mémoire est une arme

Depuis le 30 août 2023, date du putsch qui a renversé Ali Bongo, les espoirs étaient permis. Le peuple s’est levé, le peuple a cru. Mais à moins de deux ans de ce sursaut collectif, les caméléons de la République reprennent place sur l’échiquier. Les anciens ministres, députés et flatteurs du régime déchu s’offrent une nouvelle virginité politique grâce à une transition trop clémente.

Ils s’affichent désormais dans les meetings du changement, parfois même en tête de cortège, comme s’ils n’avaient jamais trempé dans l’injustice, le clientélisme ou la confiscation de la démocratie.

« Ce jour-là, nous avons cru en un essor vers la félicité.
Mais si nous laissons les néo-bâtisseurs repeindre en blanc leur passé,
ce jour ne sera plus qu’une illusion d’optique. »

Le bulletin est une arme. Servez-vous-en.

Ce n’est pas une parole en l’air. Ce n’est pas une menace. C’est un rappel simple : le pouvoir change de mains quand les citoyens prennent leurs responsabilités. Voter n’est pas une formalité. C’est un acte de mémoire.

  • Se souvenir de ceux qui ont défendu les urnes trafiquées.
  • Se souvenir de ceux qui applaudissaient la restriction des libertés.
  • Se souvenir de ceux qui festoyaient pendant que le peuple avait faim.

Le bulletin de vote n’est pas qu’un choix : c’est une vengeance douce, légale, démocratique.

Pas de pardon sans vérité. Pas d’unité sans justice.

Personne ne nie la nécessité de reconstruire ensemble. Mais ensemble ne signifie pas indistinctement. L’unité nationale n’a jamais été synonyme d’impunité nationale.

On ne peut pas confondre l’opportunisme et la vision.
On ne peut pas décorer ceux qui ont trahi sans demander réparation.

Les vrais bâtisseurs ne sont pas ceux qui se repositionnent à la veille d’un changement. Ce sont ceux qui ont tenu bon quand c’était dangereux. Qui ont dénoncé quand c’était impopulaire. Qui ont résisté quand c’était plus simple de courber l’échine.

Et maintenant, on fait quoi ?

La réponse d’Harold Leckat est claire : on reste éveillés. On refuse le recyclage politique. On se bat pour la mémoire collective.

Le 30 août 2023 ne doit pas devenir un mythe flou. C’était un cri, une claque, une ouverture. Si on laisse les mêmes revenir en douce, alors cette rupture ne sera qu’un mirage.

Nous n’avons pas fait tout ça pour remplacer un tee-shirt vert par un tee-shirt bleu.
Nous n’avons pas crié pour qu’on réécrive l’histoire à notre place.
Nous avons le droit d’espérer mieux, mais surtout le devoir de choisir mieux.

En 2025, on vote pour le changement. Le vrai. Pas celui qui s’achète en boutique politique.
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DiasporaGabonPolitique

‎Analyse critique du discours présidentiel relatif à la suspension des bourses d’études

La récente décision du chef de l’État de suspendre l’attribution des bourses d’études, justifiée officiellement par le poids financier que cela représente et par le phénomène de fuite des cerveaux, soulève un certain nombre d’interrogations qui méritent une analyse approfondie.

En effet, cette décision semble partielle dans la mesure où elle cible exclusivement les étudiants bénéficiaires, sans rétablir une lecture équilibrée des responsabilités respectives de l’État et des étudiants dans la problématique soulevée.

La fuite des cerveaux : une dynamique aux causes structurelles

Le phénomène de fuite des cerveaux est légitimement invoqué comme un argument majeur, mais il traduit en réalité une défaillance systémique. L’insuffisance d’opportunités d’emploi, le non-respect des engagements étatiques, ainsi que le climat socio-économique délétère, participent à la désaffection des diplômés vis-à-vis de leur pays d’origine. Cette réalité se manifeste par un environnement professionnel qui étouffe les ambitions et fragilise la relation compétence-mérite. Le diplômé, jadis porteur d’espoir pour sa famille, est désormais marginalisé, voire moqué. Dans ces conditions, il semble rationnel, voire inévitable, que ces talents choisissent de ne pas revenir.

Les motifs étatiques : une justification partielle et contestable

Sur le plan de l’État, les pertes invoquées concernent à la fois l’investissement financier et le capital humain formé à l’étranger. Toutefois, dans la pratique, la perte réelle se limite souvent aux seuls coûts financiers, dans la mesure où l’État peine à intégrer effectivement ce capital humain sur le marché du travail national. Le paradoxe est que les diplômés, pourtant formés selon des orientations définies par l’État, se retrouvent fréquemment au chômage, la principale cause étant l’inadéquation entre leur formation et les besoins réels du marché local. Par conséquent, plutôt que de cibler les conséquences, il serait pertinent que l’État assume pleinement ses responsabilités en s’attaquant aux causes profondes du dysfonctionnement.

La fuite des cerveaux : un mal nécessaire ?

Loin d’être uniquement préjudiciable, la fuite des cerveaux peut également être perçue comme un mécanisme d’ajustement social et économique. Elle contribue à atténuer les tensions liées au chômage, participe à la stabilité politique, et peut favoriser la création de réseaux de coopération internationale entre la diaspora et le pays d’origine. Dès lors, la fuite des cerveaux pourrait constituer un levier stratégique plutôt qu’un simple mal à éradiquer.

Perspectives et propositions pour une gestion efficiente du capital humain

Pour remédier à cette problématique complexe, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Amélioration des conditions d’accès à l’emploi et création d’opportunités stables pour tous les diplômés.
  • Garantie d’une insertion professionnelle sécurisée dans des secteurs économiques stratégiques, notamment pour les boursiers formés à l’étranger.
  • Acceptation, à court terme, d’une certaine perte des compétences formées dans des domaines non encore développés localement, tout en anticipant une future demande liée à l’évolution socio-économique.
  • Identification et mobilisation des profils diplômés à l’étranger dans le cadre de projets nationaux de développement.
  • Valorisation accrue de la diaspora en tant qu’acteur clé du développement, assortie de mesures incitatives ou contraignantes (telles qu’une contribution financière au développement national).

Réformes institutionnelles pour une meilleure efficience

Enfin, pour optimiser la gestion des bourses et des compétences associées, il serait opportun d’adopter des réformes structurantes telles que :

  • La limitation des bourses à l’étranger aux seuls secteurs stratégiques non disponibles localement.
  • L’octroi des bourses à l’étranger, pour les filières existantes sur le territoire, uniquement après validation du premier cycle universitaire, afin de mieux anticiper les profils et rationaliser les coûts.
  • La mise en place d’un suivi rigoureux des formations financées, en veillant à ce qu’elles correspondent aux besoins spécifiques identifiés par l’État.
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République Nouvelle, Contrats Ancien Régime

Je vais vous dire un truc simple : chez nous, au Gabon, on aime les mots. Refondation. Transition. Éthique. Souveraineté. Ce sont de beaux mots. Grands, ronds, rassurants. Ils flottent dans l’air comme un parfum de renouveau. Mais dès qu’on passe à la pratique, paf ! le mot explose. Comme une bulle de savon au contact de la réalité.

Tenez, prenons le cas Leckat. Il aurait pu être un simple contentieux administratif. Mais non. Il est devenu le symbole de notre schizophrénie nationale. Harold Leckat, directeur de Gabon Media Time, a eu l’outrecuidance de croire à la République. Il a cru qu’un contrat signé, homologué, exécuté et fiscalisé… serait, vous savez, respecté. Quelle naïveté. Ce pays est une terre de surprises.

Il a donc exécuté une commande de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), payé ses taxes, produit les livrables… et s’est vu répondre par un silence de glace, un refus sans justification. Pourquoi ? Parce qu’un nouveau directeur est arrivé, et que dans ce pays, chaque nomination est une amnistie personnelle et un bouton “reset” sur la légalité. L’État de droit ? Un concept à géométrie hiérarchique.

Mais ne vous inquiétez pas : la même CDC, qui dit ne pas avoir un sou pour une PME locale, aurait trouvé le moyen de verser des émoluments confortables à un ex-président de son conseil d’administration, en violation flagrante d’un décret présidentiel. Et pendant ce temps, des jeunes entreprises meurent la bouche pleine de promesses.

Et ce n’est pas tout. Harold Leckat a aussi osé mettre les pieds dans un autre plat : celui de la publicité. Ce petit monde où les multinationales brassent des milliards au Gabon… tout en ignorant majestueusement les médias locaux. Parce que oui, en 2025, il existe toujours une « xénophobie publicitaire » institutionnalisée. Eramet, Moov, Airtel, Sobraga… tous ces géants signent des campagnes à l’international, mais refusent de payer ne serait-ce que 500 000 FCFA à un média local. Résultat ? La presse gabonaise vit à genoux, mendie des miettes pendant que les discours sur la souveraineté résonnent dans les micros étrangers.

Mais on veut la stabilité nationale ? On veut une démocratie apaisée ? Alors pourquoi méprise-t-on ceux qui produisent de l’information locale, structurent le débat public, racontent nos récits, nos luttes, nos rêves ? Leckat le dit bien : « Un pays qui laisse ses récits nationaux entre les mains de l’étranger abdique d’une partie de sa souveraineté. »

Et pourtant, certains continuent à y croire. Certains, comme Leckat, comme d’autres PME, comme moi, comme nous, continuent de croire qu’un contrat a une valeur. Qu’un État digne respecte ses signatures. Qu’une vision présidentielle n’est pas un simple slogan de meeting. Mais jusqu’à quand ?

J’ai une pensée pour tous ces jeunes Gabonais qui veulent entreprendre. Qui veulent faire les choses dans les règles, créer, innover, participer. Ils se lèvent tôt. Travaillent tard. Déposent leurs dossiers. Respectent la loi. Mais à la fin, c’est toujours le même refrain : un fonctionnaire zélé, un silence institutionnel, et une gifle morale. Bienvenue dans la République Nouvelle. Même saveur, nouvelle étiquette.

Alors oui, Monsieur le Président. Ce combat n’est pas seulement celui d’un journaliste. C’est celui de toute une génération. Celle qui veut encore croire que ce pays peut fonctionner. Que la République n’est pas un club réservé à quelques initiés. Celle qui pense que la souveraineté économique commence par le respect de la parole donnée.

Et si ce contrat n’est pas payé, qu’au moins on ne vienne plus nous parler de refondation. Parce qu’on ne reconstruit rien sur du mépris.

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GabonLogementPolitique

Nomba : un nouveau souffle pour les soldats du feu

Parmi les récentes réalisations du Chef de l’État, Chef du gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema, la cité résidentielle dédiée aux sapeurs-pompiers est à saluer.

C’est une belle nouvelle, porteuse d’espoir. Dans un pays où la question du logement reste complexe pour une large partie de la population, voir un projet aller jusqu’au bout, se matérialiser, sortir de terre et être remis à ses bénéficiaires est déjà, en soi, un pas important. Trop souvent, les promesses faites en matière d’habitat n’ont pas abouti. Parfois à cause de la mauvaise gestion, parfois simplement par manque de suivi. Cette fois, le résultat est là, concret, utile, visible.

Et cela donne envie d’y croire. De croire qu’il est possible de construire autrement. De croire que ceux qui servent le pays, comme nos pompiers, peuvent vivre dans la dignité, dans un environnement sain et sécurisé.

Mais au-delà de la construction, vient la question de la préservation. L’histoire de plusieurs cités au Gabon nous a appris que sans suivi, même les plus beaux projets peuvent perdre leur éclat. On pense à certains camps, à certains immeubles, qui n’étaient pas voués à devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Et cela ne tient pas uniquement à l’État : l’entretien est une responsabilité partagée.

C’est pourquoi il serait judicieux, dès maintenant, d’accompagner les bénéficiaires dans une démarche collective. Pourquoi ne pas envisager des contrats d’engagement mutuel, ou même une association de résidents chargée de veiller au cadre de vie, à la propreté, à la sécurité des lieux ? Ce serait un moyen d’impliquer chacun, de favoriser la cohésion, et surtout, d’assurer aux enfants qui y grandiront un environnement digne et durable.

Construire, c’est une chose. Faire vivre le lieu, le respecter, le transmettre propre et debout, c’est tout aussi essentiel.

Et si cette cité de Nomba devenait un exemple, un modèle de ce qu’on peut réussir ensemble — l’État, les citoyens, les communautés ?

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EmploiGabonOpinionSociété

Rêves brisés, talents exilés : quand le Gabon oublie ses enfants

Il y a des histoires qu’on n’écrit pas dans les livres, mais qu’on porte en silence dans les regards fatigués. Celle d’un juriste devenu journaliste, d’un étudiant devenu vigile. D’un ingénieur devenu livreur. D’un médecin devenu vendeur ambulant. Pas par manque de compétence. Mais parce qu’un jour, le pays qu’ils aimaient leur a gentiment demandé de rentrer… sans jamais vraiment les accueillir.

On les appelle la “diaspora”, comme si ce mot suffisait à justifier l’exil. Des jeunes, brillants, formés dans les meilleures universités, qui rentrent chez eux pleins d’espoir, les bras chargés de projets, le cœur gonflé de patriotisme. Et qui trouvent… des portes closes. Pas de postes. Pas de soutien. Pas même une chaise où s’asseoir pour expliquer ce qu’ils peuvent apporter.

Alors ils font ce que beaucoup font dans le silence : ils se “cherchent“. Ils acceptent ce qu’ils trouvent. Ils deviennent multitâches dans un pays où la survie est un sport de haut niveau. Parce qu’au-delà du diplôme, il faut affronter les coupures d’électricité qui paralysent les idées, les délestages d’eau qui sapent la dignité, les routes défoncées qui cassent les reins et les espoirs. Et puis il y a les taxes… imposées même aux rêves en gestation.

Il y a une violence invisible dans tout cela. Une violence qui fait qu’un pharmacien gère aujourd’hui une buvette. Qu’un enseignant brillant conduit un taxi pour nourrir sa famille. Et pendant qu’il fait ça, il prend peut-être la place d’un autre, quelqu’un qui aurait pu faire ce métier avec fierté, mais qui lui non plus, n’a pas eu le choix.

Il faut en parler. Parce que derrière chaque reconversion imposée, il y a un sacrifice. Derrière chaque talent parti, un vide. Derrière chaque retour manqué, un pays qui perd une chance de se reconstruire.

On ne généralise pas. Il y a des réussites, oui. Des jeunes qui entreprennent, qui innovent, qui changent les choses à leur échelle. Mais même eux, ils rament. Ils rament à contre-courant dans un pays qui ne leur tend pas la rame.

Ce n’est pas une plainte, c’est un cri. Un cri de ceux qui aiment ce pays, mais qui se sentent étrangers chez eux. Un cri de ceux qui veulent juste exister sans s’excuser d’avoir rêvé.

Il est temps de remettre l’église au centre du village. De cesser de demander aux jeunes de rentrer si c’est pour les laisser s’écraser contre les murs de la réalité. Il ne suffit pas d’aimer le Gabon. Il faut aussi que le Gabon aime ses enfants.

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