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« Non, souffrir en silence ne fait pas de vous un homme »

« Ce n’est pas parce que vous restez froid que vous êtes forts. Ce n’est pas parce que vous souffrez en silence que vous êtes plus dignes. »

Depuis trop longtemps, beaucoup d’hommes s’enferment dans une posture de douleur silencieuse érigée en preuve ultime de virilité.

C’est un fantasme collectif tenace, souvent entretenu dès l’enfance : « Un homme, un vrai, ne pleure pas. », « Un homme ne parle pas de ses états d’âme. »

Et pourtant, cette posture n’a rien d’héroïque. Elle est destructrice, pas logique, elle est absurde.

« Le piège du martyr masculin »

Souffrir en silence n’est ni une preuve de force, ni un acte noble. C’est un mécanisme d’évitement, une fuite. Et si certains hommes restent englués dans cette logique sacrificielle, ce n’est pas par manque de solutions c’est par attachement au rôle du martyr.

Parce que oui, certains hommes aiment souffrir. Pas consciemment, bien sûr mais ils s’attachent à leur douleur comme à une identité et lorsque quelqu’un leur tend la main, ils répondent, « Je vais gérer, t’inquiète. »

Mais la vérité, c’est que l’on ne « gère » pas.On s’enfonce. On devient émotionnellement indisponible, irritable, parfois violent envers soi-même ou les autres.

« L’éducation ne peut plus servir d’alibi » « Tu ne peux pas comprendre, j’ai grandi dans une famille où on ne parlait pas. » « Dans mon éducation africaine, un homme ne se plaint pas. ».

C’est vrai, c’est une réalité. Mais ce n’est pas une excuse. Une fois adulte, on a le droit et le devoir de questionner ce qu’on a reçu, de choisir ce qu’on garde, et ce qu’on rejette comme le chante d’ailleurs si bien Tita Nzebi dans sa chanson « Sôle Moyi A Wè ».

À l’ère où la connaissance, la thérapie sont plus accessible, se complaire dans sa douleur est un choix. Et c’est là que le bât blesse car de nombreux hommes admettent ne pas aller bien mais ne font rien pour aller mieux. Ils savent qu’ils sont émotionnellement coupés, vides, instables, mais n’agissent pas.

Ils rationalisent leur inertie, ils se persuadent que demander de l’aide serait une faiblesse. Alors que c’est précisément le contraire.

« La logique masculine n’est pas celle qu’on croit »

On entend souvent que les hommes seraient « plus logiques » que les femmes, moins « trop émotionnels ». Mais quelle logique y a-t-il à souffrir en silence ? À refuser de consulter un psychologue alors qu’on se sent mal depuis des mois ? À rester dans un environnement toxique, des amitiés vides, une relation mortifère juste pour ne pas avoir à faire face à soi-même ?

La vraie logique est pourtant simple : Si je ne vais pas bien, je cherche à comprendre pourquoi ensuite je cherche de l’aide et je vais mieux. Refuser cela relève à mon sens d’une certaine immaturité émotionnelle. « La virilité ne devrait plus être un obstacle au soin ».

Nous devons impérativement revoir la vision qu’on a de « être un homme ». De toutes évidences, un homme ne se résume pas à sa capacité à encaisser. Non, un homme ne se mesure pas à sa froideur. Un homme, un vrai, c’est quelqu’un qui a le courage de faire face à sa douleur. C’est quelqu’un qui accepte de ne pas aller bien, qui accepte d’être vulnérable et agit en conséquence.

Parce que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse. Accepter sa vulnérabilité c’est être lucide.« Arrêtons de glorifier l’autodestruction ». Votre souffrance ne fait pas de vous des héros. Elle ne vous rend pas plus profonds, ni plus respectables. Elle vous détruit et elle détruit ceux qui vous entourent.

Et si vous continuez de confondre absence d’émotion avec logique… Alors vous n’êtes pas « stoïque » mais simplement déconnectés et cette déconnexion, c’est de la peur.

« Ce n’est pas parce que vous n’agissez pas avec émotion que vous êtes logiques. Parfois, vous êtes juste dans le déni. »

Solomoni

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ÉconomieGabonOpinionSociété

« Refuser d’avoir des enfants dans cette économie : un acte de résistance, pas un caprice de la Gen Z »

De plus en plus de personnes de ma génération, amis, collègues, anciens camarades de classe font le choix d’avoir des enfants. Naturellement, cette tendance m’amène à m’interroger : Est-ce que j’en ai envie ? La réponse à cette question n’est pas toujours évidente, mais elle penche davantage vers le non.

En discutant avec d’autres jeunes, je constate que cette incertitude est largement partagée.
Alors, peut-être que la vraie question à poser est la suivante : quelles bonnes raisons avons-nous de procréer dans le monde d’aujourd’hui ?

« To Break A System, You Need To Starve It »

Dans un monde en pleine décadence, refuser d’avoir des enfants n’est plus seulement une décision personnelle, c’est un acte politique, une révolte silencieuse contre un système qui nous a trahis, génération après génération.
C’est dire “non” à la reproduction d’un modèle injuste, toxique et voué à l’échec.

« Ce système est une arnaque »

L’économie mondiale, dominée par le capitalisme sauvage, a systématiquement échoué à garantir la dignité humaine.
On nous a vendu le rêve de la méritocratie, de la croissance, du progrès technologique censé améliorer nos vies mais dans les faits, ces promesses n’ont profité qu’à une poignée de privilégiés.

Les milléniaux croulent sous les dettes, l’instabilité financière et l’incertitude.
Nous, la Génération Z, héritons d’un monde brûlé, précarisé, hyperconnecté mais émotionnellement isolé.
Le climat s’effondre.
Le logement est hors de prix (clin d’œil aux Librevillois).
La santé devient un luxe.
Les salaires stagnent, pendant qu’Elon Musk s’envoie dans l’espace.
Et dans ce chaos, on nous demande de faire des enfants ? Dans quel but ? Les offrir comme nouveaux esclaves à un système destructeur ? Non merci.

« Refuser de procréer, c’est refuser de nourrir la machine »

On dit souvent que les enfants sont l’avenir, mais de quel avenir parle-t-on ?
Celui d’un monde écologiquement condamné, où l’individualisme règne et où l’humain n’est qu’une ressource exploitable ?

Avoir un enfant aujourd’hui, ce n’est plus seulement un projet de vie.
C’est un acte aux conséquences éthiques lourdes.
Il ne s’agit pas de juger ceux qui veulent fonder une famille, mais de poser une question essentielle :
Pourquoi perpétuer une structure qui nous asphyxie déjà nous-mêmes ?
Tenir un tel discours en tant qu’Africain, c’est s’exposer aux critiques.
Pourtant, soyons honnêtes : Êtes-vous sûr de vouloir votre vie pour votre enfant ?

« Le système ne tombera pas tant qu’on continuera à le nourrir »

Ce n’est pas une posture à la mode. Ce n’est pas un caprice générationnel.
C’est un cri de douleur pour ce que pourrait être un monde plus juste.

Solomoni

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GabonLibrevilleLogementOpinion

« Expulsez-les d’abord, on verra après »

Entre urgence et mépris de classe, le gouvernement gabonais n’a jamais pris le temps de faire les choses correctement. L’opération « Retour de la dignité » ? Un échec, mon Général.

S’il y a bien une constante au Gabon, ce sont les méthodes. Gouverner en brutalisant, mépriser les plus précaires, les frapper sans prévenir… On connaît. Et après le PDG, rien n’a changé : les hommes sont restés les mêmes, seule la chorégraphie est différente.

Depuis quelques jours, c’est un spectacle accablant qui se joue dans certains quartiers de Libreville. Des centaines de familles, leurs affaires entassées dehors, attendent de pouvoir rejoindre un parent compatissant — pour les plus chanceux. Les autres ? Rien. Pas d’aide. Pas de solution. Parce qu’une fois de plus, l’État a agi dans l’urgence, en niant les besoins les plus élémentaires de ses citoyens. Se loger, c’est quand même la base.

Ce déguerpissement, censé « assainir » la capitale, aurait pu être défendable si les méthodes ne rappelaient pas celles d’un État profondément irrespectueux du bien-être de ses propres administrés. On aurait pu commencer par indemniser, reloger, dialoguer. Ça a été fait pour certains. Mais pour d’autres, rien. Le néant.

Soyons justes : il y a eu des tentatives de respecter les procédures. Des courriers, des réunions, des délais. Mais la réalité, c’est que de nombreux bailleurs — qui devraient être poursuivis — n’ont pas pris la peine d’en informer leurs locataires. Pourtant, en tant que propriétaires, ils ont l’obligation d’annoncer ce genre de contrainte. Quand on vit dans un État de droit…

Entre ces bailleurs indélicats et les oubliés du Ministère, on compte aujourd’hui plusieurs vies littéralement en danger. Disons les termes : c’est de la précarisation programmée à ce stade. Où iront donc toutes ces familles ? Même celles qui ont été indemnisées doivent aujourd’hui se reloger dans un Libreville où les prix de location explosent. Où sont les logements sociaux tant attendus ? N’aurait-on pas pu, justement, attendre encore un peu que ces infrastructures voient le jour avant de vider des quartiers entiers ?

Cette stratégie qui consiste à faire sans réfléchir, sans prévoir, doit cesser. Le mandat du président actuel est de sept ans. Sept ans, c’est peu. Mais c’est assez pour changer de méthode. C’est assez pour prendre le temps. Pour mener des études sérieuses. Pour anticiper les besoins. Et parfois, ces études sont déjà des actions, car elles posent les bases concrètes d’un développement durable. L’épanouissement du Gabonais passe aussi par là : par la planification, la rigueur, et le respect.

Mais voilà : on préfère faire semblant. Expulser d’abord. Voir après. Et tant pis si, entre deux camions de déménagement, des familles s’effondrent.

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GabonLibrevilleLogementOpinion

Le premier rôle de l’État est de protéger les citoyens.

Il serait peut-être temps que notre gouvernement revienne à cette évidence. On ne peut pas maltraiter le peuple en exerçant le pouvoir « pour son bien ». Diriger, ce n’est pas improviser dans l’urgence. C’est prévoir, anticiper, organiser. C’est surtout éviter que des milliers de citoyens se retrouvent, du jour au lendemain, dans la précarité la plus totale.

Le sujet brûlant du moment, c’est le déguerpissement de certaines zones urbaines. On parle de plus de 1 000 familles qui se retrouvent sans toit.

Bien sûr, on peut rester sur le terrain administratif et discuter des modalités : ont-elles été prévenues ? Ont-elles été indemnisées ? Mais cette focalisation, en réalité, en arrange beaucoup. Elle permet de gagner du temps. De détourner l’attention de ce qui devient une urgence humanitaire vers une querelle bureaucratique sur des documents que personne ne retrouvera jamais.

Et on le sait : même si des erreurs sont reconnues, aucun fonctionnaire ne sera sanctionné. Le vrai problème — celui du relogement, celui de la planification, celui de la dignité humaine — restera sans réponse.

Pire : il est même susceptible de créer de nouveaux désastres. En l’absence d’une politique claire et ambitieuse en matière de logement social, ce genre d’opérations ne fait que repousser le problème ailleurs. On détruit d’un côté, et de l’autre, des bidonvilles se reforment. En silence. À la hâte. Par nécessité. Parce que depuis des années, la demande explose, et l’offre, elle, ne suit pas.

Alors, quelle est la réponse du gouvernement face à cette détresse humanitaire ?

Si vous l’avez entendue, n’hésitez pas à la partager. Pour ma part, je ne vois rien de bon pour ces personnes désormais en errance, poussées à la rue pour des raisons plus esthétiques qu’humaines.

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EmploiEntrepreneuriatFemmesGabonOpinion

Femme au foyer ou pas, il faut travailler !

Travailler ce n’est pas seulement aller dans un bureau ou être directrice quelque part. Travailler c’est vendre, entreprendre, se débrouiller pour pouvoir s’en sortir.

Pourquoi le Féminisme encourage les femmes à travailler ? Ou même pourquoi moi je recommanderai toujours à mes sœurs, amies de travailler ?

1/ Un être humain a besoin de vie sociale, d’accomplir des choses, de mettre son énergie et sa passion dans quelque chose de rentable. Je ne doute pas du fait que pour certaines, être femme au foyer c’est un accomplissement pour elles, mais je dis juste que avoir une vie sociale, des collègues, des amis, prendre un verre avec des potes le soir, tout ça contribue à l’épanouissement d’un être humain.
Sauf que beaucoup de femmes en couple ou mariées ne sont plus des humains à part entière mais juste des épouses et mères.

2/ C’est dangereux de dépendre financièrement de quelqu’un. On a vu, on a entendu et même vécu ces histoires dans lesquelles les femmes ont choisi d’être femmes au foyer et, à la mort du mari, se sont retrouvées à pleurer car au final il fallait assumer toutes les charges seules sans travail.
Le travail sécurise la femme, il permet de lui garantir une porte de sortie également en cas de mariage abusif.
Si tu as 0f et que la personne qui te traumatise est aussi ta source de revenu, c’est très dur de sortir de là.

Bref, je vous vois venir avec vos « Arrêtez d’imposer, chacun fait ce qu’il veut. »
Je n’impose pas, je donne mon avis : cherchez l’argent, laissez d’abord les hommes, construisez-vous, soyez des femmes accomplies.
Vous passez votre temps à mettre votre énergie sur vos enfants, et quand ils grandissent vous attendez d’eux qu’ils mettent la même énergie sur vous.
Au final vous êtes déçues et les traitez d’égoïstes. Non, ils veulent juste faire le choix que vous n’avez pas su faire.

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Le patriarcat flingue tout le monde. Point final.

On croit souvent que le patriarcat ne nuit qu’aux femmes. Que ses chaînes ne ligotent que celles qu’il relègue à des rôles d’appoint, de silence ou de dévouement. Mais détrompez-vous : ce système pourri jusqu’à l’os est l’ennemi de tous. Et quand je dis “tous”, j’inclus les hommes.

Qui peut sincèrement être heureux à l’idée de porter toute une vie sur ses épaules simplement parce qu’il est né avec un pénis ? Qui peut se réjouir de devoir se montrer fort, stable, riche, protecteur, performant, sans avoir le droit à l’erreur ni à la faiblesse ? Qui a décrété qu’un homme sans argent n’est rien, qu’il n’a pas voix au chapitre, pas de valeur, pas même le droit à l’amour ou à l’écoute ?

Le patriarcat, ce n’est pas juste un système de domination : c’est aussi une prison émotionnelle et sociale.

Regardez les chiffres. On parle souvent des violences que subissent les femmes (et à raison), mais on oublie de dire que les hommes aussi souffrent. Et souvent en silence. Le taux de suicide des hommes dans la quarantaine est terrifiant. Pourquoi ? Parce qu’à cet âge, on est censé avoir “réussi”, être “installé”, avoir “construit quelque chose”. Et quand ce n’est pas le cas ? On est moqué, jugé, ignoré. Même par soi-même.

Le patriarcat pousse à la performance constante, à la virilité toxique, à l’effacement des émotions. Il étouffe. Il tue.

Et le pire, c’est que beaucoup d’hommes n’ont jamais voulu de ce système. Il a été bâti par d’autres, bien avant nous. Et les générations actuelles ? Elles subissent. Elles tentent de se débattre, parfois maladroitement, parfois courageusement, mais elles n’ont pas inventé la machine infernale.

Le patriarcat n’est pas une règle naturelle. C’est une construction sociale. Alors arrêtons de perpétuer ces injonctions absurdes. Être un homme ne devrait pas être synonyme de sacrifice silencieux. Être une femme ne devrait pas rimer avec soumission ou suradaptation. Chacun doit pouvoir choisir son chemin, sans être enfermé dans des rôles assignés à la naissance.

Ce n’est pas une guerre des sexes. C’est une lutte contre un système d’oppression qui se cache derrière des traditions, des proverbes, des “c’est comme ça”, et qui ne profite à personne.

Ce que nous avons entre les jambes ne devrait jamais définir ce que nous avons dans le cœur, ni ce que nous faisons de nos vies.

Il est temps de vivre autrement.

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GabonOpinion

Entrepreneuriat au Gabon : cette folie qu’on appelle rêve

Depuis des années, on nous vend l’entrepreneuriat comme la solution miracle. L’outil d’autonomie ultime. Le raccourci vers la liberté, la clé du développement. Et on ne va pas se mentir, certains sont effectivement devenus “CEO” du jour au lendemain, dès qu’ils ont commencé à vendre des babouches, des crèmes éclaircissantes ou des jus detox sur Instagram.

Mais au-delà de cette vitrine marketing, il y a une vérité moins glamour qu’on cache trop souvent : l’entrepreneuriat demande du cardio. Du vrai. Du lourd. Et parfois, ça te rend fou.

Parce qu’entreprendre au Gabon, ce n’est pas juste avoir une idée et foncer. C’est jongler entre mille obstacles pendant que tout le monde s’attend à ce que tu réussisses vite, bien, sans faillir.

Pendant que dans d’autres pays on accorde des exonérations, des aides, du répit pour te laisser le temps de comprendre ton marché, de stabiliser ta trésorerie et de construire quelque chose de viable, ici, dès que l’ANPI t’a remis ta fiche circuit, tu deviens une vache à traire. Et tout le monde veut son seau de lait.

La mairie te taxe, la DGCCRF te visite comme si tu cachais des armes, les impôts t’alignent comme si tu gérais une multinationale. Même si tu n’as encore rien vendu, on t’explique que “c’est la procédure”. Et comme beaucoup ne connaissent pas leurs droits, ou n’ont pas de piston pour se défendre, tu peux te retrouver à fermer boutique ou à encaisser des amendes qui dépassent ton chiffre d’affaires.

Mais l’administration, ce n’est que le premier boss du jeu.
Viennent ensuite les clients.
Certains impolis, d’autres condescendants. Beaucoup pensent que consommer chez toi, c’est te faire une faveur. Que tu leur es redevable, et que tu dois presque t’excuser d’oser leur vendre un service. Parce que oui, ici, on a mal interprété l’expression “le client est roi”. On pense qu’elle donne droit au mépris, à la familiarité, au rabais systématique. Sauf que non. Un entrepreneur n’est pas ton larbin. Beaucoup sont diplômés, formés, passionnés. Ils ont fait un choix de cœur ou de raison. Ils méritent le respect, pas la condescendance.

Et puis il y a les saboteurs.
Ceux qui te mettent des bâtons dans les roues non pas parce que tu fais mal, mais parce que tu fais bien. Parce que tu proposes une solution simple, accessible, innovante. Et comme eux ont prospéré en embrouillant les gens, ta clarté les dérange. Alors on cherche un vice de forme, un manquement administratif, une faille dans ton parcours pour te faire tomber. Ici, réussir proprement, c’est presque suspect.

Tu proposes une application pour faciliter un service ? Tu deviens l’ennemi. Tu rends un processus transparent ? On crie au scandale. Parce que si tout devient fluide, les “mange-mille” ne peuvent plus mystifier les autres. Et plutôt que de s’adapter, ils préfèrent t’éliminer.

Et si tu as le malheur d’avoir du succès, prépare-toi à l’autre poison de notre époque : les rumeurs.
Il suffit qu’un inconnu sur Internet ne t’aime pas pour que ton nom devienne une cible. Faux avis, insinuations, calomnies… Et si ton entreprise en prend un coup ? Tant pis. Quand tu fermeras, ce seront les premiers à te dire : “Force à toi 🙏”. Hypocrisie 2.0.

Dans tout ça, tu continues.
Tu tiens ton salon de prothésie ongulaire, où tu sculptes des ongles pendant dix heures d’affilée. Tu tiens ton petit resto, où tu cuisines à feu doux tout en gérant les livraisons, les commandes, les pannes d’électricité et les clients qui veulent le menu à crédit. Tu vends tes habits, tu gères ton spa, tu proposes des services digitaux, tu formes d’autres jeunes. Bref, tu tiens la baraque. Même quand elle brûle.

Et oui, tout n’est pas parfait du côté des entrepreneurs non plus.
Certains ne sont pas professionnels. Certains livrent mal. D’autres ne respectent pas les horaires, ou confondent leadership et tyrannie. Il y a des managers toxiques, des abus internes, des caisses mal gérées. Mais ça, c’est un autre sujet. Et surtout, ce n’est pas une excuse pour écraser ceux qui, chaque jour, essaient de construire quelque chose à la sueur de leur front.

Entreprendre au Gabon, c’est un choix courageux.
C’est poser une brique là où tout le monde te dit que le mur va tomber.
C’est croire en ton rêve même quand tout pousse à l’abandon.
C’est créer de l’emploi, résoudre des problèmes, participer à l’économie locale avec les moyens du bord.
Et parfois, juste survivre, c’est déjà un exploit.

Alors, si on veut que les choses changent vraiment :
L’État doit accompagner au lieu d’étrangler.
Les clients doivent respecter au lieu de mépriser.
Les proches doivent soutenir au lieu de décourager.
Et nous tous, devons comprendre une chose simple :
Derrière chaque petite entreprise, il y a un rêve, un combat, un gagne-pain.

Et si on n’a rien de constructif à dire, qu’on apprenne simplement à se taire.

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Des plateformes utiles mais invisibles : et si on croyait vraiment à la dématérialisation ?

Aujourd’hui, deux plateformes publiques méritent qu’on s’y attarde : cnamgs.ga et cnss.ga. La première permet aux assurés de consulter leurs droits, de s’inscrire et de suivre leur situation en ligne. La seconde facilite la vie des retraités et futurs retraités, avec un accès numérique à leurs relevés et à leurs démarches. Deux outils concrets, utiles, bien faits. Deux exemples de ce que pourrait devenir l’administration : un service.


Il faut le dire clairement : certaines choses avancent. Et parfois, dans le silence le plus total.

Mais voilà, ces plateformes existent dans un quasi-silence institutionnel. Pas de campagne de sensibilisation, pas de pédagogie, pas de mise en valeur. Comme si, une fois le chantier numérique lancé, il fallait surtout éviter que trop de gens l’utilisent. Et ce paradoxe, on le connaît : on parle de transformation digitale, mais on ne fait rien pour l’incarner.

La vérité, c’est que le numérique n’est pas une vitrine, c’est un outil. Et un outil, ça s’emploie. Dans un pays où les files d’attente sont encore la norme pour le moindre papier, dématérialiser, ce n’est pas faire moderne : c’est désengorger, simplifier, dignifier. C’est permettre à une veuve de province d’avoir accès à son dossier sans prendre le bus à 4 h du matin pour Libreville. C’est offrir à un jeune développeur la possibilité d’intégrer un service sans piston, juste avec son talent et un formulaire en ligne.

Et puis, il y a cette plateforme qu’on attend toujours : un portail national pour les examens et concours. Parce que soyons honnêtes, ceux qui ont déjà tenté de déposer un dossier savent ce que ça signifie : remplir un formulaire à la main, faire des photocopies en cascade, chercher des timbres fiscaux, puis faire la queue pendant des heures, parfois après avoir quitté une province entière pour venir à Libreville, avec l’espoir que le dossier ne sera pas refusé pour un détail.

Chaque année, ce sont des milliers de jeunes qui vivent ce parcours absurde, simplement pour déposer un dossier. On parle d’un pays où l’on prétend moderniser l’administration, mais où postuler à un concours relève encore d’un véritable parcours du combattant.

Une plateforme dédiée permettrait pourtant de :
 • centraliser les annonces de concours,
 • permettre le dépôt de dossier en ligne,
 • suivre l’évolution de son dossier ou la publication des résultats,
 • et surtout, rendre l’accès aux opportunités plus équitable, peu importe qu’on vive à Libreville ou à Makokou.

Et derrière cette absurdité, il ne faut pas oublier les fonctionnaires eux-mêmes. Ceux à qui l’on confie, bien souvent sans préparation ni moyens, la tâche de réceptionner, trier à la main des centaines voire des milliers de dossiers papier. En 2025. Pendant qu’ailleurs on parle d’intelligence artificielle, ici, un agent administratif doit passer ses journées à classer des photocopies, vérifier des dossiers incomplets, courir après des signatures.

Ce n’est plus seulement un manque d’efficacité. C’est une forme de maltraitance institutionnelle. On oublie que les premiers à souffrir de l’absence de numérisation, ce sont aussi les agents de l’État, coincés dans des tâches répétitives, chronophages, frustrantes – là où des outils simples pourraient les soulager, leur faire gagner du temps, et leur permettre de se concentrer sur des missions à plus forte valeur.

Automatiser le dépôt, le tri et la présélection des candidatures, ce n’est pas une utopie. C’est un standard ailleurs. Et ce n’est même pas une question d’argent. C’est une question de volonté.


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GabonOpinion

93,5 % de gré à gré : et si le vrai problème, c’était le mépris des talents locaux ?

Quand j’ai vu le chiffre, je n’ai pas été surpris. Juste un peu plus triste que d’habitude : 93,5 % des marchés publics passés de gré à gré. Autrement dit, sans appel d’offres, sans mise en concurrence, sans transparence. Pour bien comprendre, revenons à la définition.


Un marché passé de gré à gré, c’est un contrat attribué directement à une entreprise, sans compétition. En théorie, cela peut se justifier par l’urgence, la spécificité d’un savoir-faire ou une situation exceptionnelle. Mais en pratique, c’est souvent la porte ouverte à la corruption, au népotisme et à l’enrichissement illicite. Rien de nouveau.

Ce qui me choque le plus, ce n’est même plus ça. C’est qu’on n’a toujours pas tiré les leçons. Je parle ici en tant que développeur, entrepreneur du numérique, témoin régulier de cette économie de la débrouille qu’on maquille sous des mots comme « partenariat stratégique ». En vérité, le vrai problème aujourd’hui, c’est la communication – ou plutôt, son absence.

Où sont publiés les appels d’offres ? Sur quelles plateformes ? Qui les consulte ? Qui les comprend ? Trop souvent, les entreprises ne savent même pas qu’un marché existe avant qu’il soit attribué. L’information n’est pas centralisée, pas accessible, pas vulgarisée. Un premier pas vers plus de justice serait simplement de créer un portail public unique, à jour, où tous les marchés seraient listés – avec des critères clairs, des délais raisonnables et des résultats accessibles à tous.

Deuxième point, le choix des prestataires. Prenons l’exemple du BTP ou du numérique : on continue à faire venir des entreprises étrangères pour développer des sites web, poser des câbles ou bâtir des bâtiments, alors qu’on a les compétences ici, au Gabon. La préférence nationale ne devrait pas être un slogan. C’est un levier économique. C’est ce qui crée des emplois durables, ce qui donne un avenir à des entreprises locales qui peinent à remplir leur carnet de commandes.

Enfin, parlons du critère de l’expérience. Il est temps d’arrêter de juger une entreprise uniquement sur son nombre d’années d’existence. Dans un pays jeune comme le nôtre, avec une population active jeune, la majorité des structures ont moins de cinq ans. Et pourtant, elles sont portées par des professionnels qui, eux, ont dix, quinze, parfois vingt ans d’expérience dans leur domaine. Ces gens-là ne devraient pas être écartés des marchés publics sous prétexte que leur entreprise est « trop jeune ». Ils doivent pouvoir prouver leur talent, démontrer leur expertise, accéder à des opportunités. Sinon, on bloque l’initiative, on étouffe l’innovation, et on perpétue une élite fermée.

Alors oui, 93,5 %, c’est choquant. Mais ce n’est pas qu’un problème moral. C’est aussi un symptôme de ce qu’on refuse encore de construire : un système juste, transparent, ouvert. Un système qui croit en ses propres talents.

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GabonOpinion

Daddy Issues chez les hommes : le tabou dont personne ne veut parler

« Le père absent : une plaie invisible dans la construction des hommes ». L’absence d’un père dans la vie d’un enfant n’est jamais anodine. Elle laisse des traces profondes, et parfois silencieuses. Elle influence l’équilibre émotionnel, la capacité à aimer, à s’aimer, à se positionner dans le monde.

Pourtant, lorsqu’on parle des conséquences de cette absence, le débat semble souvent tourner autour de l’impact sur les filles.
Comme si les garçons, eux, en sortaient indemnes.

« L’absence physique… et l’absence émotionnelle »

Il y a les pères qui sont partis, volontairement ou non.
Et il y a ceux qui sont là sans être là.
Présents physiquement, mais absents émotionnellement.
Ces pères-là parlent peu, écoutent moins voire pas du tout.
Leur silence, souvent perçu comme la norme virile, est en réalité une forme d’éloignement affectif qui conditionne leurs fils à faire de même.

« Les hommes antipathiques : l’héritage silencieux »

Qui sont ces hommes incapables de dire “je t’aime” à leur compagne, à leurs enfants, ou même à eux-mêmes ?
Ceux qui ravalent leurs larmes dans la salle de bain ou qui se perdent dans des aventures sans lendemain ?
Ces hommes-là ne sortent pas de nulle part.
Beaucoup sont les fils d’un vide, d’un modèle masculin absent, instable et défaillant.

On les voit parfois comme des coureurs de jupons, accros au sexe, mais derrière cette façade se cache souvent une quête désespérée de connexion.
Parce que dans une société qui a fait du sexe le seul espace acceptable d’intimité masculine, beaucoup finissent par confondre affection et performance.

Certains hommes ne savent recevoir de l’affection qu’à travers un contact physique sexuel, parce qu’ils n’ont jamais reçu de tendresse autrement.
Une étreinte, un regard, un mot doux ?
Trop vulnérable.
Trop féminin.
Trop dangereux.

« Une masculinité sous pression »

« Un homme ne pleure pas. »
« Un homme doit être fort. »
« Un vrai garçon ne montre pas ses émotions. »

Ces phrases, nous les avons tous entendues.
Elles se transmettent de génération en génération, comme des malédictions collectives ayant pour conséquence, une armée d’hommes qui saignent en silence.
Qui s’effondrent intérieurement en gardant un masque de maîtrise.

« Et les femmes dans tout ça ? »

Paradoxalement, beaucoup de femmes, elles aussi conditionnées, ont du mal à accueillir la vulnérabilité masculine.
L’homme fort, protecteur, pilier, c’est encore un fantasme collectif.
Alors quand un homme pleure, doute, ou se montre fragile, il arrive que cela crée un malaise, voire un rejet.
La vulnérabilité d’un homme est encore trop souvent perçue comme une faiblesse.

« Briser le silence, c’est guérir »

Il est temps de briser le mythe de l’homme invulnérable.
Un homme invulnérable, ça n’existe pas.
C’est un fantasme qui gangrène nos relations, notre société, notre santé mentale collective.

Oui, l’absence du père affecte aussi les hommes.
Ils sont parfois les conjoints, les frères ou les pères que vous regardez avec sévérité et jugement sans jamais comprendre ce qu’ils ont traversé.

Parler de ces réalités n’est pas une excuse pour leurs comportements dysfonctionnels.
Voyons plutôt ceci comme une tentative de comprendre, de réparer et de ne plus transmettre ces traumas aux générations suivantes.

Aux pères, soyez là, vraiment là.
Pas parfaits, pas tout-puissants mais présents.

Aux mères, encouragez vos fils à ressentir, à parler, à pleurer.

Aux femmes, soyez un espace sûr pour la vulnérabilité de vos maris, tout comme vous souhaitez qu’il soit un refuge pour la vôtre.

Aux hommes, vous avez le droit d’avoir mal, le droit d’en parler et surtout le droit de guérir.

Solomoni

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