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Quand la justice gabonaise joue au protocole : Sylvia et Nourredine, libres comme l’air pendant que le peuple respire la poussière

Il y a quelques semaines encore, Brice Clotaire Oligui Nguema répondait sèchement sur RFI aux journalistes de France 24 : « Je ne songe à rien faire. Il y a une justice qui fera son travail. Le procès aura lieu et il sera équitable je pense. » Et d’ajouter, sans cligner des yeux : « Laissez la justice faire son travail. »

Mais ce vendredi 16 mai 2025, c’est la gifle. Non, ce n’est pas la justice qui a frappé, mais le bon vieux système. Celui-là même qu’on croyait enterrer le 30 août 2023. Sylvia Bongo Ondimba et son fils Nourredine Bongo Valentin, accusés entre autres de détournement de fonds publics, blanchiment, usurpation de titres, faux et usage de faux, trouble aux opérations du collège électoral, association de malfaiteurs (la liste est si longue qu’on pourrait en faire un feuilleton Netflix), viennent d’être libérés provisoirement pour raisons médicales.

La nouvelle n’a pas été annoncée par la justice, ni par un communiqué transparent lu dans un français clair pour le peuple gabonais. Non. Elle est tombée… en portugais sur la page Facebook de la Présidence de la République ! Voilà donc comment on apprend que des accusés d’une des affaires politico-financières les plus lourdes de l’histoire du Gabon peuvent tranquillement quitter leur lieu de détention. Et, entre nous, leur lieu de détention ressemblait déjà plus à une résidence surveillée de luxe qu’à une cellule.

Ce n’est qu’après le scandale sur les réseaux sociaux que le procureur Eddy Minang est sorti du bois. Et encore… Il a tenté de sauver la mise avec une déclaration balancée en urgence à la presse, comme pour dire : « Euh… oui bon… c’est la procédure. » Mais personne n’est dupe. La vérité, c’est qu’on a vu Sylvia et Nourredine dehors avant qu’on nous dise qu’ils étaient libres. Et là, on nous parle de détention provisoire levée pour raisons médicales… Très bien. On compatit. Mais pourquoi est-ce qu’ils sont désormais libres de quitter le territoire ? Depuis quand la liberté provisoire inclut un visa diplomatique ?

Et surtout : où est passé ce procès qu’on nous promettait équitable ? Où sont les preuves dont parlait le Président lui-même ? Où est la séparation des pouvoirs si c’est l’Exécutif qui annonce (en portugais) ce que la justice aurait dû faire savoir, en toute indépendance, aux Gabonais ?

Soyons francs : cette affaire, c’est un scandale d’État. Et pire encore, un mépris envers le peuple. Parce que pendant que des étudiants, des fonctionnaires, des paysans se battent chaque jour pour survivre, ceux qui sont accusés d’avoir pillé le pays retrouvent leur liberté. Pendant que des jeunes croupissent à Sans-Famille pour une bousculade en boîte ou une publication Facebook, d’autres, couverts de soupçons graves, s’envolent peut-être vers des soins à l’étranger soins que le Gabonais lambda n’a même pas pour une rage de dents.

Et puisqu’on parle de justice, rappelons-le : le jeune Herwann Siadous, condamné au Gabon pour agression sexuelle et meurtre, devait être extradé pour purger sa peine au Gabon. Mais cela traîne depuis des mois. Pourquoi ? Parce que l’État gabonais n’arrive pas à le faire revenir. Donc, on ne peut pas faire revenir un condamné, un simple gabonais et c’est la famille présidentielle qu’on va ramener au moment voulu ? LOL. Cherchez l’erreur.

Alors non, on ne peut pas rester silencieux. Ce pays a besoin d’une justice forte, libre, équitable, pas d’un système judiciaire qui s’adapte au statut social ou aux liens familiaux des accusés. Pas d’une justice en mode « On sait ce qu’on fait, restez à votre place ».

Le 30 août 2023, on nous a promis la rupture. Aujourd’hui, on voit juste une continuité dans le mépris du peuple. Et ça, ça ne passera pas. Bilan : une inauguration de marché et une libération de prisonniers qui ont commis le plus grand hold-up du pays. Mieux vous libérez déjà Kelly hein.

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Bongo, libération surprise : pourquoi les Gabonais doivent-ils l’apprendre par l’Angola ?

Il aura donc fallu attendre… une page Facebook étrangère. Oui, c’est par le canal officiel de la présidence angolaise que les Gabonais ont appris ce vendredi matin que Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo Ondimba et leur fils Noureddin Valentin se trouvent désormais en Angola. Pas par un communiqué de notre gouvernement. Pas par une allocution du ministre de la Justice ou du porte-parole. Mais par un post étranger, en portugais, à 9h du matin.

Avant cela, il y a quelques jours à peine, Gabonreview annonçait que Sylvia et Noureddin avaient quitté la prison pour une résidence surveillée. Une information qui a enflammé les réseaux, créé la polémique, et suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique. Le quotidien L’Union, rarement aussi prompt à réagir, s’était même fendu d’un démenti officiel. Mais aujourd’hui ? Silence radio. Pourtant, les faits sont là, et les images aussi.

Pendant que le monde découvre avec surprise cette triple “libération”, nos autorités regardent ailleurs. Aucune confirmation. Aucune explication. Aucun mot sur ce qu’il s’est passé. On aurait pourtant cru qu’un départ aussi sensible, concernant des figures centrales d’un dossier emblématique de la lutte contre la corruption, méritait un minimum de clarté. Mais non.

Doit-on comprendre que l’affaire est close ? Qu’ils ne seront plus jugés ? Et qu’en est-il des autres détenus, eux aussi interpellés dans la même affaire, qui croupissent encore en prison ? Pourquoi ce traitement différencié ? Pourquoi ce mutisme organisé ? Pourquoi cette impression d’un deal passé dans le dos des citoyens ?

L’indignation est totale. Non seulement parce que des personnes accusées de détournement massif de fonds publics ont été discrètement “réinsérées”, mais surtout parce que les Gabonais l’ont appris par une source étrangère. Il n’y a pas pire mépris, pas plus grand affront pour un peuple qui aspire à la vérité, à la justice, et à un peu de considération.

Ce silence est une faute. Une faute politique. Une faute morale. Une insulte à la transparence que cette transition prétendait incarner.

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Mais tu voulais le changement ou un poste ?

Avouons-le une bonne fois pour toutes : au Gabon, on ne milite pas. On n’est pas engagés, on est positionnés. On ne vote même pas, en réalité. On investit. Oui, comme à la Bourse. Sauf qu’ici, le CAC 40, ce sont les fauteuils ministériels, les DG, les PCA, les postes bien juteux ou bien décoratifs, mais toujours valorisants pour l’égo.

La carte de membre, c’est un ticket de loterie. Le slogan de campagne, un CV déguisé. Le militantisme, chez nous, c’est souvent une stratégie de placement. J’ai dit “souvent”, parce que oui, il y a une minorité de gens sincères. Très minoritaire. Infime. Une espèce en voie de disparition qu’on appelle “les convaincus”. Eux, ils y croient. Et pour être honnête, ce sont ceux qu’on entend le moins.

Mais la grande majorité, c’est autre chose. Toi par exemple. Tu t’es levé, tu as crié ton amour pour le changement, fait des lives, porté des t-shirts, harcelé ta famille pour voter. Mais dès que ton candidat a gagné, tu as commencé à faire des calculs comme un commerçant de PK8 : “Bon, il me doit quoi ?” Parce qu’en vrai, ton combat, ce n’était pas pour la justice, l’éducation, l’eau ou l’électricité. C’était pour avoir ton badge, ton chauffeur, ta photo avec le ministre et ton petit contrat. Tu t’es battu pour l’amour du pays… jusqu’à ce que tu réalises qu’on ne t’a pas mis dans la liste des bâtisseurs. Et là, d’un coup, ce n’est plus la patrie ou la République, c’est devenu “on a oublié les vrais soldats”. Tu faisais ça pour quoi, frère ? Pour la nation ou pour ta nomination ?

Et puis parlons franchement de ce complexe national : attendre que le favori gagne avant de s’afficher. Ce réflexe de supporter de foot qui change de club en fonction des scores. Chez nous, on ne vote pas par conviction, on vote par calcul. Tu entends : “Pourquoi tu votes pour lui ?” Réponse classique : “Parce qu’il va gagner.” Tu votes comme tu paries au PMUG. Ton bulletin, ce n’est pas une voix, c’est une mise. Et toi, tu veux juste être du bon côté quand le champagne coule.

C’est comme ça qu’on se retrouve avec des gens qui, après avoir voté, ne savent même pas ce qu’ils ont validé. Au référendum ? “On m’a dit que c’était bon, que c’est notre camp.” Voilà. Tu votes comme tu prends un taxi : tu montes sans demander la destination. Tu regardes les autres passagers, tu souris, tu descends, et ensuite tu dis que tu ne savais pas. Franchement, comment tu veux qu’un pays avance si son propre peuple ne prend même pas le temps de comprendre ce qu’il signe ?

Et maintenant ? Tu boudes. Tu grattes ton nom sur les listes, tu espionnes les nominations, tu comptes les “nous” et les “eux”. Tu croyais que le pays, c’était une tontine ? Tu pensais que “soutenir le changement”, ça allait te payer ton loyer et t’envoyer en mission à Kigali ou à Abu Dhabi ? Résultat : tu es aigri. Tu vois les autres nommés, tu dis “ils ne méritent pas”. Et pourtant, ce Président-là, il a choisi les gens qu’il estime compétents. Il ne t’a pas vu. Et tu le vis mal. Mais si le pays est entre de bonnes mains, ça ne devrait pas te réjouir ? Ah non, toi tu voulais “la victoire de ton camp”… pas celle de ta nation.

Tu voulais vraiment le changement ? Tu aurais dû commencer par changer ta mentalité. Parce qu’un pays ne se reconstruit pas avec des gens qui veulent juste se faire recruter.

Mais bon, je sais déjà ce que tu vas répondre : “Toi-même tu veux le poste.”

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Digitalisation de l’administration : et si, pour une fois, c’était sérieux ?

Depuis des années, on parle de numérique au Gabon. On en parle beaucoup. Et on gesticule pas mal aussi. Mais c’est la première fois qu’un ministre ose mettre les pieds dans le plat : digitaliser tous les services administratifs.

Et franchement, en tant qu’entrepreneur local, j’apprécie.

C’est peut-être un nouveau souffle pour notre économie. Peut-être. Mais au moins, on va enfin dans la bonne direction.

Je me souviens encore, à mon arrivée dans l’administration, de ce qu’on me disait quand je parlais de dématérialisation :
« Hum… Jamais tu ne pourras faire ça, c’est le mangement de quelqu’un. »
Traduction : le désordre profite à quelqu’un.

Car digitaliser, c’est aussi suivre le circuit de l’argent. Automatiser. Laisser des traces. En clair, ça court-circuite les pratiques bien rodées de la corruption ordinaire.

Et ça, c’est gênant pour certains.

Le Gabon, mouroir des talents.

Il faut le dire clairement : cette digitalisation agit aussi comme une bouffée d’oxygène pour la santé mentale de nos développeurs.

Pendant trop longtemps, les “informaticiens” — pourtant formés au développement — ont été cantonnés à des tâches absurdes :
Faire de la lecture fonctionnelle sur des solutions achetées à prix d’or.
Remplacer des cartouches d’encre.

Oui, cinq ans d’études pour devenir prestataire de photocopieur ou assistant d’éditeur étranger.

Résultat : les compétences s’érodent, les vocations meurent, et ceux qui arrivent à exercer leur métier le font souvent sur des outils obsolètes, imposés par des logiques d’achat sans vision technique.

Alors oui, cette dynamique actuelle, si elle est sincère et structurée, pourrait enfin redonner de la valeur à nos talents — et éviter qu’ils continuent de fuir ou de se faner à petit feu.

Mais ne nous emballons pas trop vite.

Comme mentionné plus tôt, cette transition ne pourra réussir sans un accompagnement solide et de vraies formations.
Nos équipes doivent être mises à niveau sur les technologies actuelles, non seulement pour produire des solutions de qualité, mais aussi pour en limiter les risques.

Imaginez une application censée gérer les cartes nationales d’identité, mais construite sans les bases minimales de sécurité…
Ce serait une catastrophe.

Il faudra aussi des moyens techniques, humains et financiers, sans quoi cette belle ambition restera une vitrine vide — une de plus.

Tout ce que j’espère, c’est que cette énergie soit utilisée à bon escient.
Que ce ne soit pas une énième flamme qu’on souffle avant qu’elle ne prenne.

D’autres ont essayé… On a vu.

Mais restons confiants. Parce que cette fois, il y a peut-être une vraie chance d’écrire une nouvelle page.

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GabonPolitique

Réforme des partis politiques : pluralisme ou verrouillage ?

Le gouvernement récemment élu au Gabon a adopté une réforme qui redéfinit en profondeur les conditions d’existence des partis politiques. Désormais, pour être reconnu légalement, un parti devra réunir 18 000 adhérents, 5 parlementaires, 30 élus locaux, posséder un siège officiel et un compte bancaire. Présentées comme des mesures d’assainissement de la vie politique, ces exigences soulèvent de nombreuses inquiétudes sur l’avenir du pluralisme démocratique dans le pays.

Un seuil d’adhésion excluant

Dans un pays de moins de trois millions d’habitants, le seuil de 18 000 adhérents constitue une barrière d’entrée massive. Il favorise de fait les grandes formations déjà installées et écarte les mouvements citoyens émergents, les partis d’opposition naissants ou les initiatives indépendantes qui n’ont ni les moyens financiers ni l’appareil logistique nécessaire pour atteindre une telle mobilisation.

Des élus pour exister, un paradoxe démocratique

Exiger de disposer de 5 parlementaires et 30 élus locaux avant d’exister légalement revient à imposer une condition impossible à remplir pour un parti qui ne peut pas encore se présenter aux élections. Ce mécanisme crée un cercle fermé, où seuls les partis déjà représentés peuvent continuer à exister — retardant voire verrouillant ainsi l’accès à la scène politique.

Une politique réservée aux puissants

L’obligation de disposer d’un siège et d’un compte bancaire, bien qu’elle puisse sembler administrative, renforce encore cette logique d’exclusion. Elle transforme l’engagement politique en un luxe réservé à ceux qui ont les ressources matérielles et l’accès aux institutions bancaires et immobilières.
Pour beaucoup de formations, notamment issues de la société civile, ces critères sont dissuadifs, voire inaccessibles.

Un risque de monopole politique

Si l’objectif officiel est de rationaliser un paysage politique fragmenté, cette réforme pourrait, en pratique, aboutir à une concentration du pouvoir entre les mains de quelques partis “autorisés”.
Le danger est clair :

  • affaiblissement du débat démocratique,
  • disparition de la diversité idéologique,
  • renforcement du contrôle étatique sur la vie politique.

Conclusion : un recul masqué ?

La démocratie gabonaise a besoin d’ouverture, pas de restrictions. Toute réforme visant à améliorer le fonctionnement des institutions doit se faire dans un esprit d’inclusion et de participation.
En l’état, ces nouvelles conditions risquent d’étouffer l’expression politique et de transformer le pluralisme en illusion.

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DiasporaGabon

Représentants de la Diaspora ? Qui ? Pourquoi ? Par rapport à quoi ? Dans quoi ?

Ce sont exactement les questions que je me suis posées en tombant ce matin sur une publication du compte Facebook de la Présidence du Gabon :
« Le Président de la République a échangé avec les représentants de la Diaspora. »
Pause.

En plue de 15 ans, je n’ai jamais été convié à une élection d’un quelconque représentant de la diaspora. Et pourtant, je suis de près l’actualité gabonaise, y compris celle des Gabonais à l’étranger. Jamais — au grand jamais — je n’ai entendu parler d’un tel événement.

Je vous vois déjà sourire : « Il est vexé, il voulait sûrement le poste ! »
Loin de moi cette ambition.
Je suis déjà bien assez occupé pour endosser cette charge, si noble soit-elle.

Mais soyons sérieux : en tant que membre de la diaspora, je suis forcément concerné quand quelqu’un parle en mon nom. Et à ce titre, je ne comprends pas comment certaines personnes peuvent se retrouver à me représenter sans que je leur aie jamais donné quitus.
Quid de la démocratie ?
On parle souvent de représentativité, mais qui représente vraiment qui, et sur quelle base ?

Si la diaspora ne s’est pas concertée pour élire cette fameuse représentation, quel est le lien réel entre nous et ces personnes ?
En quoi leurs paroles, leurs revendications, leurs silences même, nous engagent-ils ?
Est-ce que nos voix — ou plutôt nos “voix fictives” — ne seraient pas, au fond, de simples accessoires de légitimation ?
Une foule invisible qu’on invoque pour donner du poids à des échanges précisément conçus sans elle ?

Car c’est peut-être ça, le vrai problème : on ne parle pas avec la diaspora, on parle à sa place.
Et dans le fond, ceux qui devraient être nos porte-voix deviennent souvent les porte-paroles d’un système qui ne nous consulte jamais, mais qui se félicite de nous avoir “écoutés”.

Alors, non, je ne me reconnais pas dans cette représentation “auto-proclamée”, sans légitimité, sans consultation, sans l’aval de la diaspora elle-même.
Et d’ailleurs, rappelons-le une bonne fois pour toutes : la diaspora gabonaise ne se limite pas à la France.
Elle est plurielle, éclatée, diverse dans ses réalités, ses parcours, ses combats.
On ne peut pas la résumer à quelques visages sortis d’on ne sait quel chapeau au gré d’une visite officielle ou d’un agenda politique.

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CommunicationGabonPolitique

Chut… On communique

« Les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. »
Dans un pays où les discours s’éloignent trop souvent des actes, il est plus que jamais impératif que chaque acteur politique et chaque décideur procède à un véritable examen de conscience.

« Les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. »

Dans un pays où les discours s’éloignent trop souvent des actes, il est plus que jamais impératif que chaque acteur politique et chaque décideur procède à un véritable examen de conscience.

Il y a quelques mois déjà, l’affaire du visuel du Salon national de l’orientation avait soulevé une vive polémique : généré par intelligence artificielle, il avait suscité l’incompréhension, alors même que notre pays regorge de talents créatifs capables de produire des œuvres de qualité. Malheureusement, les mêmes erreurs se répètent. En empruntant la route des affaires étrangères vers le centre-ville, on découvre que le visuel annonçant la construction de la tour H est, lui aussi, issu de l’IA.

La communication, ce n’est pas seulement des textes joliment tournés ou un univers graphique flatteur. Elle repose sur des objectifs précis, un plan stratégique clair, et surtout une responsabilité partagée par chaque intervenant. Alors, que s’est-il passé au niveau de la communication visuelle de la cérémonie d’investiture ?

Entre les photos à la qualité inégale, les résolutions aléatoires, les prises de vue mal cadrées ou captées au mauvais moment, on s’interroge. Et ce constat devient encore plus amer lorsqu’on regarde du côté de la communication présidentielle des pays invités. Eux, ont su proposer des contenus riches, dynamiques, bien montés, capturant l’essence de l’événement avec justesse.

Essor vers la félicité ou envers des affinités ?
Que nous faut-il de plus pour comprendre que notre communication institutionnelle est en retard ?
Aujourd’hui, certaines entreprises privées communiquent cent fois mieux que des institutions dotées pourtant de cellules de communication officielles. Il est temps d’ouvrir les yeux.

S’il vous plaît : mettez les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.

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GabonPolitique

Le pouvoir sans la charge : à quoi rêvent-ils vraiment ?

Le pouvoir fascine. Il attire, il séduit. Mais ce n’est pas la mission de service public qui séduit le plus grand nombre — c’est le confort qu’on lui associe. Voitures de luxe, voyages internationaux, résidences secondaires… Le fantasme du pouvoir éclipse trop souvent la notion même de responsabilité. Et c’est ainsi que l’on en arrive à gouverner sans aimer son pays.

Ils veulent le prestige, les titres, les salamalecs. Qu’on les appelle “Excellence”, “Honorable”, “Monsieur le Ministre”. Mais dès qu’il s’agit de se salir les mains avec des réformes douloureuses, de rendre des comptes, de faire face à la colère légitime d’un peuple en souffrance, il n’y a plus personne. Le pouvoir est vu comme un privilège, pas comme une charge. Ils en veulent les avantages. Les responsabilités ? Très peu pour eux. Et soyons honnêtes : ils n’ont d’ailleurs ni les épaules ni la volonté pour les assumer.

C’est simple. Quand on aime, on en prend soin. Or, à voir l’état de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos routes, il est légitime de se demander si ceux qui nous dirigent aiment vraiment ce pays. Car on ne détruit pas ce que l’on chérit. Et dans les actes de ceux qui gouvernent — ou qui prétendent gouverner — on ne lit que mépris et désintérêt. Et ce désintérêt ne se limite pas au gouvernement. Que dire de l’Assemblée nationale et du Sénat ? Ces institutions qui devraient être des contre-pouvoirs ne sont devenues que des chambres d’enregistrement, plus préoccupées par leurs propres privilèges que par la défense de l’intérêt général.

Combien de députés ont véritablement proposé des lois utiles ? Combien de sénateurs ont élevé la voix face aux dérives, aux abus, à l’urgence sociale que vit une partie croissante de la population ? Trop peu. Ils sont là, souvent silencieux, parfois absents. Pour quoi faire ? Le rôle d’un parlement, ce n’est pas de faire de la figuration. C’est de défendre les citoyens. C’est de refuser l’inacceptable. C’est de dire non quand il le faut, pas de courir après des promotions et des décorations.

À force de confondre pouvoir et opportunité personnelle, on a oublié que diriger un pays est un engagement. Un vrai. Un sacerdoce. Le Gabon n’a pas besoin de nouveaux gestionnaires d’intérêts privés drapés dans des habits d’État. Il a besoin de gens sincères. De femmes et d’hommes qui aiment vraiment ce pays, et qui le prouvent dans leurs décisions, dans leurs renoncements, dans leurs sacrifices. Car le vrai prestige, c’est de servir.

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GabonPatrimoine

Le laxisme se paie toujours au prix fort.

C’est par cette vérité que j’ouvre mon propos.
Depuis plus de 30 ans, ces personnes aujourd’hui sommées de déguerpir vivent dans les immeubles des 3 quartiers. Des familles — que dis-je — des générations entières ont grandi entre ces murs de briques et de béton, aujourd’hui réduits à l’ombre de ce qu’ils furent.

Malgré quelques coups de pinceau ici et là — un seul vrai rafraîchissement en 20 ans — ce vestige de la période faste du Gabon est laissé à l’abandon. Et enfin, l’État s’en émeut. Merci, PR Oligui. Il semblerait que l’état du pays n’ait jamais été la priorité de son prédécesseur. La gestion du patrimoine gabonais, à elle seule, mérite un dossier entier.

Après avoir fermé les yeux pendant des décennies, voilà que l’on réveille brutalement ceux qui, faute de mieux, avaient fait de ces lieux leur foyer. Dans cet élan de “restauration”, Les Bâtisseurs semblent une fois de plus oublier de restaurer ce qui compte vraiment : la dignité des Gabonais.

Car oui, ces occupants sont en tort de refuser de partir. Mais l’État, lui, a un devoir : celui d’accompagner.
Où iront-ils ? Ce ne sont pas quelques locataires isolés en conflit avec leur propriétaire. Non. Il s’agit ici de centaines de personnes que l’État s’apprête à mettre à la rue. Des familles entières, qui au-delà de la quête d’un logement, doivent continuer à vivre : aller au travail, à l’école, garder une forme de stabilité. Vivre, tout simplement.

« Le Gabonais aime le ngori », dit-on. Oui, peut-être. Mais soyons sérieux : qui n’aime pas le ngori ?
Connaissez-vous, vous, une personne « normale » à qui on offrirait un logement à moindre coût — ou même gratuitement — pendant 30 ans, et qui, du jour au lendemain, alors que les prix du loyer explosent et deviennent inaccessibles, sauterait de joie à l’idée de déguerpir ? Allons. Ne soyons pas hypocrites.

Ce n’est pas un réflexe gabonais. C’est un réflexe humain. Et c’est là que l’État doit se montrer plus intelligent que l’émotion. Car on ne répare pas l’injustice passée par une violence présente. On ne construit pas un avenir stable sur des expulsions sèches.

Bref. J’ai encore trop parlé aujourd’hui.
On me demandera encore : « Mais toi, tu proposes quoi ? »
Et je répondrai, une fois encore : Il y a des gens, assis dans des bureaux, grassement payés pour avoir ces réflexions.
Qu’attendent-ils pour réfléchir ?

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EmploiGabon

Bonne fête du travail (fais ton travail)

Esclavagisés. Oui, c’est bien le mot. Dans bien des entreprises au Gabon, les travailleurs ne sont pas employés : ils sont tenus en laisse par des patrons qui ont « le bras long » à l’Inspection du travail. Le Code du travail ? Bafoué sans honte. Les droits des salariés ? Ignorés ou piétinés.

Et pendant ce temps, les travailleurs – souvent mal informés, souvent apeurés – acceptent les miettes qu’on leur tend. Pourquoi ? Parce que la peur est devenue une norme. Et que dans ce pays, la lâcheté s’exprime en une phrase devenue presque proverbiale : « On va encore faire comment ? »

Les employeurs, eux, s’en donnent à cœur joie. Faux bulletins de paie, manipulation d’horaires, magouilles administratives, intimidations en coulisses. Certains vont jusqu’à falsifier les fiches de salaires, font du trafic d’influence leur sport favori, mentent, trompent, et se croient au-dessus des lois. Intouchables. Inatteignables. Et toujours confortablement enrichis, pendant que leurs employés – ou devrions-nous dire leurs “employés-esclaves” – s’enfoncent dans la précarité.

Ce qu’on observe dans beaucoup d’entreprises au Gabon, c’est un enrichissement illicite masqué sous des titres ronflants de “direction”, “management”, ou “performance”. Une dynamique toxique qui empêche les Gabonais de vivre dignement, de s’occuper de leurs familles, de faire face à leurs responsabilités. Travailler, oui. Mais à quel prix ?

Alors il faut poser la question qui fâche : les travailleurs se sont-ils habitués à leurs chaînes ? Ont-ils fini par accepter l’inacceptable comme un destin ? Car tant que les autorités compétentes ne se pencheront pas, sincèrement et rigoureusement, sur cette réalité ; tant que les inspections du travail ne joueront pas leur rôle ; tant que les syndicalistes ne chercheront pas à entendre les deux versions – celle des employeurs et celle des employés – pour faire la lumière sur les abus, rien ne changera. On continuera à se souhaiter « bonne fête du travail » dans l’hypocrisie.

Alors oui : bonne fête du travail.
Mais surtout, fais ton travail.

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