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Avarice, tromperie, opacité, intrigue et turbidité… et 700 millions de dollars récoltés…

L’histoire regorge d’exemples montrant comment les attributs innés de la personnalité humaine – avarice, tromperie, opacité, intrigue et turbidité – étaient monnaie courante à l’époque médiévale, dans le cadre de manigances visant à s’emparer du pouvoir d’État afin de régner sur un territoire et de soumettre les populations autochtones.

Toute la fragilité humaine négative a dominé notre histoire. Par conséquent, chaque fois que l’histoire économique de l’Afrique contemporaine sera écrite, ces fragilités humaines occuperont une place disproportionnée.

Au cours de la deuxième semaine de septembre 2025, une publication sur les réseaux sociaux concernant ARISE IIP annonçait et célébrait la levée de fonds réussie de 700 millions de dollars. Immédiatement, le PDG fondateur d’ARISE l’a republiée. Par la suite, Africa Finance Corporation, fortement investie dans ARISE, a également fait l’éloge de la dernière levée de fonds d’ARISE. Sans surprise, le contenu et la syntaxe de toutes ces publications étaient identiques ; il semble s’agir d’un simple copier-coller.

Cependant, si tant est qu’une telle somme soit réellement perçue comme un hommage à ARISE IIP – même si, compte tenu de la manière dont le PDG fondateur d’ARISE gère ses affaires, cela paraît néanmoins très suspect – bravo à lui !

Comme si le feu vert était donné, tous les sbires se sont immédiatement mobilisés et ont commencé à couvrir d’éloges généreux le PDG fondateur d’ARISE IIP. Certains l’ont même qualifié de « visionnaire » portant seul le lourd fardeau du développement de l’Afrique. Ils ont commencé à développer l’image de marque du PDG en reprenant les mêmes phrases que celles utilisées à maintes reprises par l’équipe des médias sociaux du président du Gabon pour mettre en avant la « transformation locale ».

Ce roulement de tambour généralisé, contrairement à la manière dont fonctionne habituellement le PDG d’ARISE, soulève donc plus de questions que de réponses. Qu’est-ce qui a changé, qui a poussé le PDG à accomplir un tel exploit ?

La question pertinente est : que s’est-il passé, si soudainement, pour que tous les investisseurs se précipitent pour investir dans ARISE ? Quelle nouvelle entreprise ARISE a-t-elle lancée et qui aurait suscité un tel enthousiasme ?

ARISE s’est lancée dans le secteur des ZES sans aucune expérience préalable ni référence crédible. En réalité, l’existence même d’ARISE dans ce secteur est due à la proximité étroite de son PDG fondateur avec l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba. Grâce à cette influence, ARISE a pu s’implanter dans 14 pays africains. OLAM détenait une participation de 34 %, retirée il y a quelques mois sous la pression de l’administration gabonaise, selon des rumeurs largement répandues.

Le PDG fondateur d’ARISE investit aussi massivement en Afrique dans l’exploitation minière (bauxite, manganèse, charbon, minerai de fer, pierres précieuses), à titre personnel. Pourtant, peu d’Africains le savent. De plus, il est connu pour sa discrétion. Pourtant, cette fois, il a fait entendre sa voix. N’est-ce pas surprenant ? Oui, c’est surprenant.

En réalité, depuis le 30 août 2025, sa position est devenue intenable, car les dirigeants gabonais actuels ne sont pas de son côté. Proche collaborateur de l’ancien président Ali Bongo, il n’exerce plus l’influence d’autrefois. De plus, sa fortune est considérée comme le principal atout du fils d’Ali Bongo, ennemi juré des actuels dirigeants. Par conséquent, les autorités cherchent à maintenir la pression sur le PDG d’ARISE.

C’est peut-être la raison de ce roulement de tambour retentissant : en Afrique, quiconque possède de l’argent est considéré comme un dieu. Il s’agit donc d’une tentative de se positionner comme un dieu, afin que tous les dirigeants politiques obéissent à l’empire.

Au cours de la première semaine de juin 2025, une délégation de haut niveau du président d’Afreximbank a rencontré les dirigeants gabonais. Le 27 juin 2025, Afreximbank a organisé une cérémonie de signature très médiatisée à Abuja, promettant 1 700 milliards de FCFA au Gabon. Cette signature a eu lieu en présence du ministre de l’Économie et du ministre des Mines. La même question se pose : que s’est-il passé, si soudainement, pour qu’Afreximbank engage un montant aussi important pour le Gabon ?

Bien que le texte de ce « soi-disant » accord ne soit pas accessible au public, comme s’il s’agissait d’un « secret d’État », la plus grande confidentialité est respectée.

L’évolution des prochains mois sera très intéressante à suivre…

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”Nationalisation” ou ”Gabon d’abord” ?

Avant de plonger dans le cœur de notre analyse, faisons un bref retour sur l’histoire du terme aujourd’hui au centre des débats : nationalisation.

Ce mot est lié à une figure historique : le Général Nasser, en Égypte, en 1956. À l’époque, le canal de Suez, vital pour le commerce mondial, était contrôlé par les puissances occidentales (Anglais et Français). Considérant l’impact direct sur la souveraineté économique et sociale de son pays, Nasser décida de reprendre ce canal des mains étrangères. Cet acte fort, au-delà de son enjeu économique, restaura la dignité et la souveraineté nationale de l’Égypte.

Partant de cet exemple de l’histoire, posons la question : ”Nationalisation” ou ”Gabon d’abord” ? Lequel correspond le mieux au contexte gabonais ? Et pourquoi ?

Le contexte actuel du Gabon laisse à désirer, principalement en raison du comportement de ses dirigeants.

La volonté de ”nationaliser” émane surtout de la classe moyenne, ignorée par les autorités, qui lutte pour survivre dans un pays où la réussite repose souvent sur le nom ou l’appartenance familiale. Cette classe possède pourtant les compétences et la motivation pour contribuer au développement national, mais ses espoirs sont régulièrement brisés par l’inaction ou l’indifférence des dirigeants.

Cette aspiration à la nationalisation ne vient pas d’une volonté collective alliant population et dirigeants, mais uniquement du peuple, lassé de voir de nombreux secteurs économiques occupés par des intérêts étrangers.

Les faits montrent que les dirigeants ne partagent pas l’élan de souveraineté porté par leur peuple. Après la grouille populaire qui s’est passée notamment, le cas de Lambaréné, leur réponse s’est limitée à un discours lu, sans mesures concrètes pour traduire cette volonté en actes. Or, la véritable nationalisation exige bien plus que des mots : elle demande des décisions fermes, des actions courageuses et, si nécessaire, des sanctions.

Pourquoi, alors, ce refus d’accompagner la population dans cette démarche ?

Raisons possibles de l’inaction :

  • Calcul économique : Les bénéfices tirés de la présence d’étrangers dans certains secteurs seraient jugés plus importants que ceux générés par les nationaux.
  • Tolérance intéressée aux infractions : Les étrangers sont souvent disposés à payer cher pour exercer en paix, ce qui alimente des recettes douanières et fiscales élevées, ainsi motivent les autorités à ériger un grand nombre de contrôles.
  • Source de revenus : Qu’ils soient en situation régulière ou non, les étrangers constituent pour certaines administrations une manne financière précieuse, renforçant leur autonomie financière.
  • Manque de confiance dans la population : Les dirigeants doutent de la capacité des Gabonais à s`investir sérieusement et durablement dans le développement d’activités locales.

Au vu de ces éléments, nous comprenons que le texte officiel lu par les autorités vise juste à apaiser le climat social et non à engager une véritable nationalisation. Ce comportement des autorités contribue beaucoup à l’inactivé des Gabonais, en freinant l’initiative nationale et maintient ces derniers dans une position défavorable face aux étrangers.

Dans ce contexte, le mot “nationalisation” paraît inadapté. Le slogan “Gabon d’abord” semble plus pertinent.

Un slogan plus réaliste : “Gabon d’abord”

Il s`agit de privilégier les compétences, les produits et les talents nationaux tout en encadrant l’apport étranger, par exemple, en fixant un ratio de 70 % de nationaux pour 30 % d’étrangers dans les différents secteurs.

Ce mode de fonctionnement pourrait satisfaire les deux parties: les dirigeants y rouveraient leur intérêt financier, et la population, sa souveraineté économique.

Mesures à adopter pour “‘Gabon d’abord”

Fiscalité avantageuse pour les nationaux : instaurer un régime fiscal plus léger que celui des étrangers afin de permettre aux entreprises locales d’éclore et de proposer des produits à des prix compétitifs.

Professionnalisation des secteurs clés (commerce, transport, etc.) : reconnaître ces activités comme des métiers à part entière, encourager la spécialisation et limiter les passages d’un secteur à un autre.

Controle strict de limmigration : revoir les conditions d’entrée sur le territoire pour prévenir l’insécurité et l’occupation excessive de certains secteurs.

Réforme financière : mettre en place des règles solides pour limiter le rapatriement massif des capitaux vers l’étranger.

En résumé, la nationalisation au sens strict suppose une volonté politique forte, ce qui, pour l’instant, fait défaut au Gabon. “Gabon d’abord”, en revanche, est un cap stratégique atteignable, conciliant les intérêts des dirigeants et Ceux du peuple.

L’économiste I.J.B

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Gabon Depuis le 30 août 2023……..Une Saga

Dans quelques semaines, le Gabon fêtera deux ans d’un nouveau régime, connu auparavant sous le nom de CTRI, dirigé par Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, ancien officier et chef de la sécurité présidentielle du Gabon. Il a la distinction douteuse d’être un cousin du président Ali Bongo Ondimba.

Ici, sera évalué l’état des affaires du Gabon, depuis que Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris les rênes du pays.

Une partie de la population gabonaise a salué le nouveau régime politique qui a insufflé au Gabon un vent de nouveauté, le 30 août 2023, après avoir connu un régime vieillissant, sénile, fragile et incompétent dirigé par le président Ali Bongo. La population s’est réjouie de cette prise de pouvoir par la famille Bongo. Lassé du règne de la famille Bongo, le peuple aspirait au changement. Le changement est-il vraiment arrivé ?

D’un côté, le peuple accueille le nouveau président comme un fils du pays. Le président Ali Bongo était lui aussi un fils du pays, techniquement, mais la plupart des Gabonais ont accueilli ce changement avec enthousiasme.

Comme par hasard, le nouveau président s’est concentré sur la consolidation de sa position en conservant sa lassitude militaire et en se concentrant sur les questions qui intéressent immédiatement les Gabonais. Tous ceux qui étaient étroitement liés à l’ancien régime ont été diabolisés un à un. Cependant, certains proches du régime précédent, soutenus par le nouveau régime, ont du jour au lendemain relégué leurs allégeances respectives au profit du nouveau régime afin de conserver leur hégémonie sur les postes importants de la bureaucratie et des ministères. Les chefs d’entreprise et les commerçants sont également inclus dans cette catégorie de « loyauté déplacée ».

Le gouvernement s’est lancé dans une frénésie d’emprunts inconsidérés, inaugurant fréquemment des projets qui ont suscité l’intérêt des Gabonais. Des projets ont été inaugurés, des photos de visages souriants ont été prises, des réunions prestigieuses avec des capitaines d’industrie ont eu lieu, et des médias complaisants ont fait grand bruit. Globalement, l’impression a été donnée que le Messie était descendu sur le sol gabonais pour libérer les Gabonais de leurs malheurs.

Pendant ce temps, les médias ont été instrumentalisés pour diffuser de la propagande, à l’exception d’une partie qui, n’osant critiquer le nouveau Messie, a continué à présenter des faits inquiétants concernant le bien-être de l’État. Des contenus généreux ont commencé à apparaître sur la santé économique du Gabon, ce qui est vraiment très inquiétant. Selon les médias, la moitié des recettes de l’État est destinée au remboursement de la dette, le reste aux salaires et avantages des fonctionnaires et des ministres, ainsi qu’à leurs conseillers, le reste étant censé être utilisé pour le bien-être public.

En réalité, aucune allocation budgétaire n’a été allouée aux projets pilotés par les différents ministères. Cependant, des montants cumulés ont été annoncés dans les médias. Des photos ont été diffusées dans les médias. Globalement, des efforts concertés ont été déployés pour que le bien-être devienne une réalité pour tous les Gabonais.

En réalité, la situation n’est pas aussi rose qu’on le dit. L’environnement des affaires est profondément vicié en raison de décisions inconsidérées prises sans aucune consultation des parties prenantes, ce qui rend les investisseurs étrangers nerveux. Des prises de contrôle généralisées par l’État ont eu lieu (Assala et SNGB) par la grâce de Dieu Le rachat par Tullow Oil a d’abord été reporté, puis Tullow Oil a décidé de se retirer du Gabon. Les prix du pétrole fluctuent constamment au gré des fluctuations du marché.

Les recettes ou l’assiette fiscale restent inchangées. Les droits d’importation ont connu des pics importants, ce qui témoigne également d’une consommation croissante, dont les paiements sont effectués en devises étrangères. En réalité, aucun chiffre fiable n’est disponible concernant la collecte des impôts directs et indirects.

Les dépenses sont en hausse constante, car les fidélités ne sont pas bon marché. Elles sont, en effet, coûteuses. Récemment, la Banque mondiale et la BAD ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à la situation économique dans leurs rapports annuels publiés en juin et juillet 2025. De plus, World Economics a attribué la note « E » au Gabon pour la qualité des données fournies. L’agence a qualifié les données gabonaises d’« inutilisables pour une prise de décision sérieuse » et « indignes de confiance ».

Fitch a déjà abaissé la note souveraine du Gabon à « CCC », ce qui est suffisant pour dissuader les investisseurs, le risque étant très élevé. Les données du PIB étant profondément falsifiées, aucune conclusion définitive ne peut être tirée.

En un mot, l’économie gabonaise est dans un état de désastre absolu.

Par ailleurs, il y a trois mois, le Gabon a connu de graves pannes d’électricité dues à une alimentation électrique irrégulière, ce qui a suscité un profond mécontentement parmi la population gabonaise. Par la suite, la SEEG, la société de distribution d’électricité, a pris des mesures de fortune, mais les dégâts sont déjà considérables. Les Gabonais n’ont jamais connu de problèmes aussi graves en matière d’approvisionnement en eau et en électricité.

Les infrastructures publiques de la capitale, Libreville, sont en très mauvais état.

Au niveau de la société, une jeune population désengagée représente toujours un danger potentiel, et la criminalité contre les femmes est en hausse. Il ne se passe pas un mois sans qu’un crime sexuel odieux contre des fillettes ne soit rapporté dans les médias. Ce phénomène se produit à intervalles réguliers. La brutalité d’Esther Ludivine, une fillette de 10 ans, illustre récemment la rapidité avec laquelle la société gabonaise dépérit : des briques tombent chaque jour.

Comme si ces événements ne suffisaient pas à tirer la sonnette d’alarme, l’histoire d’un scandale sexuel sur le point de se propager sur les réseaux sociaux et la xénophobie croissante au Gabon, qui a acquis une place disproportionnée sur tous les réseaux sociaux.

Le Gabon s’enfonce-t-il dans un ralentissement économique prolongé, transformant la société en un lieu de rivalité où chacun se battra pour chaque part du gâteau ? Voilà des pistes de réflexion pour que les Gabonais puissent tirer leurs propres conclusions…Le ressentiment généralisé de la société est un signe très inquiétant pour tout gouvernement..

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GabonOpinionSociété

Réserver certains métiers aux Gabonais : entre ambition et réalités du terrain

La décision du Conseil de réserver certains métiers aux nationaux, y compris dans des secteurs émergents comme le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne, s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté économique et de donner plus de place aux jeunes Gabonais. Sur le papier, cette mesure vise à créer de nouvelles opportunités et à protéger l’économie locale.

Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs souvent négligés.

D’abord, exercer ces métiers implique une organisation quotidienne exigeante : ouverture tôt le matin, tenue d’une comptabilité rigoureuse, gestion des charges, etc. Ce sont des compétences qui nécessitent un véritable accompagnement et parfois même une rééducation aux réalités de la gestion d’entreprise, loin de l’idée de « compter sur un soutien extérieur » à la fin du mois.

Ensuite, il faut anticiper les risques de contournement. Sans un encadrement précis, certains pourraient se limiter à prêter leur nom ou leur statut de national pour qu’un étranger gère l’activité, contre une rétribution.

Cela pourrait transformer la mesure en un simple business parallèle, où le propriétaire officiel ne serait qu’un garant rémunéré.

La question du contrôle est également centrale. Faut-il exiger que le gérant soit Gabonais ? Comment vérifier que la loi est respectée sans tomber dans des pratiques abusives ou du harcèlement administratif ? Une surveillance mal pensée pourrait décourager les entrepreneurs au lieu de les soutenir.

Pour que cette réforme produise les effets escomptés, il faudra donc :

Préciser les critères légaux (propriétaire, gérant, actionnaire majoritaire, etc.) • Mettre en place des contrôles clairs et proportionnés

Former et accompagner les entrepreneurs pour qu’ils soient réellement opérationnels

Prévoir des dispositifs de financement et d’appui technique pour favoriser la pérennité des entreprises

Réserver des métiers aux Gabonais peut être une avancée, mais seulement si l’application est pensée pour éviter les dérives et maximiser l’impact positif sur l’autonomie économique du pays.

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GabonOpinionPolitique

Forme de gouvernance appropriée pour le Gabon Présidentiel ou parlementaire

Le Gabon célébrera bientôt sa nouvelle fête de l’indépendance, le 17 août. Cette occasion sera propice à la réflexion sur le type de gouvernement que le Gabon a choisi.

Ce choix a-t-il été bénéfique pour le Gabon ? La forme de gouvernement choisie a-t-elle produit les résultats escomptés par les ancêtres gabonais ? A-t-elle permis aux Gabonais ordinaires de prospérer et de s’épanouir ? Approfondissons les réponses à ces questions… Avant d’aborder les réponses, gardons à l’esprit que la démocratie évolue au fil du temps, en résistant aux défis du temps.

La démocratie n’est pas un texte religieux immuable. Comme nous l’avons tous été à l’adolescence, nous fondons aujourd’hui des familles. Autrement dit, nous ne sommes plus ce que nous étions à l’adolescence : nous avons grandi, et la démocratie continue de se développer avec le temps.

La forme présidentielle de gouvernance convient à une démocratie très mature, où des « pouvoirs et contrepoids » ont été institutionnalisés au fil du temps afin de responsabiliser le Président devant son peuple. Parmi ces institutions, on trouve des commissions de contrôle législatif, un système judiciaire et une presse libre, des forces armées et une bureaucratie apolitiques, ainsi qu’une société civile dynamique, composée d’universitaires, d’avocats et de personnalités éminentes du monde de l’art, de la littérature et du théâtre.

Ces institutions appliquent des « pouvoirs et contrepoids » pour empêcher le Président de se montrer despotique.

Dans la forme parlementaire de la démocratie, un parti majoritaire à la Chambre des représentants dirige le pays.

Ce parti, ou gouvernement (exécutif), est contrôlé par l’opposition, qui ne jouit pas de la majorité, mais représente la circonscription qui l’a élu.

Dans ce cas, le rôle de l’opposition devient primordial, tout comme celui d’un système judiciaire libre, d’une presse libre, de forces armées et d’une bureaucratie apolitiques, ainsi que d’une société civile dynamique composée de personnalités éminentes du monde de l’art, de la littérature et du théâtre. Grâce à ces outils constitutionnels, l’opposition exerce un contrôle sur le gouvernement.

La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) devient primordiale. L’absence de séparation des pouvoirs est considérée comme l’une des principales raisons de la chute de l’URSS. Elle est donc essentielle.

Le Gabon a opté pour un régime présidentiel, comme la plupart des petits pays d’Afrique. Ce régime a-t-il été bénéfique pour tous ces pays ?

La réponse réside dans la configuration sociétale de toutes ces sociétés africaines. Toutes sont fortement patriarcales et toute l’autorité familiale est concentrée entre les mains du chef de famille. Cependant, une différence flagrante est à noter : la famille et l’État sont deux entités distinctes.

La gestion familiale ne peut être reproduite par l’État. Le Gabon doit réfléchir : ce mode de gouvernement a-t-il été fructueux ?

L’expérience du mode de gouvernance présidentiel a-t-elle porté ses fruits, donnant à chaque Gabonais le pouvoir ? Les réponses refléteront les résultats d’une gestion familiale, alors que nous parlons ici de gestion étatique. Le mode de gouvernance parlementaire est réputé inadapté en raison de sa faible population (dans le contexte africain).

De plus, il est initialement très chaotique et turbulent (voir le troisième paragraphe ci-dessus. L’évolution de la démocratie est un processus continu). Mais le meilleur dans tout cela, c’est qu’il oblige le représentant du peuple à se rendre auprès du peuple et à solliciter des voix pour sa victoire électorale.

Ce n’est pas le cas du mode de gouvernance présidentiel, où de grands rassemblements sont organisés dans tout le pays, mais où la représentation populaire reste difficile à atteindre.

Sans porter de jugement, je laisse la réponse à la sagesse du peuple gabonais. Je souhaite à tous les Gabonais une joyeuse fête de l’indépendance ! Que la République gabonaise soit bénie par la vertu divine

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EnvironnementGabon

Quand un Ministre fait ce qu’il faut. Juste ce qu’il faut.

Je prends rarement la plume pour encenser un membre du gouvernement. Et pourtant, aujourd’hui, je le fais. Parce qu’à un moment, il faut pouvoir reconnaître quand quelqu’un fait ce qu’on attendait… et même un peu plus.

Mays Mouissi, l’Actuel Ministre de l’Environnement, vient de poser deux actes qui changent quelque chose. Pas pour lui. Pas pour son image. Mais pour le pays.

D’abord, il y a ce geste symbolique et concret : récompenser les communautés locales qui protègent notre environnement.
Pas un slogan. Pas une campagne d’affichage. Non. Une action réelle.
Parce que ces femmes, ces hommes, ces villages entiers qui veillent sur la forêt, sur l’eau, sur la terre… ne doivent plus être applaudis en silence pendant que d’autres exploitent et s’enrichissent.

Les voilà reconnus. Officiellement. Avec ce que cela implique : de la dignité. De la justice. De la considération.

Et puis il y a cette alliance nouée avec Assala Gabon.
Une entreprise, un ministère, et une vision commune : préserver ce qui peut encore l’être.
On peut toujours craindre les partenariats public-privé, bien sûr. Mais quand ils sont encadrés, clairs, orientés vers la protection de nos écosystèmes, on ne peut que s’en réjouir.

Ce que Mays Mouissi fait ici, c’est prendre au sérieux un domaine souvent relégué au fond des tiroirs : l’environnement.
Il le remet au centre. Il agit. Il implique.
Il montre que oui, même dans ce pays où tant de choses semblent figées, des choses peuvent bouger. Et bien.

Je n’ai aucune envie de faire de ce texte un chœur de louanges. Mais aujourd’hui, j’avais juste envie de dire :
quand c’est bien, c’est bien.

Et si demain il faut critiquer, on le fera. Mais là, il faut saluer.

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GabonOpinionSociété

Ce gouvernement n’a aucune empathie.

« On ne gouverne pas avec les émotions »… Je pense qu’ils ont pris cette phrase au pied de la lettre. Ça me rappelle un échange lu sur Twitter d’ailleurs.

Si l’émotion ne doit pas être dans le débat (ne pas s’énerver, mesurer ses propos, etc.), tenir compte de la situation déjà précaire du peuple est le minimum pour le servir.
Car oui, le gouvernement sert le peuple.

Mais aujourd’hui, on a l’impression que les gouvernants sont devenus des exécutants froids, déconnectés, sans regard humain.
Juste des procédures. Des arrêtés. Des communiqués. Des bulldozers.
Et si vous osez parler de l’impact des décisions sur les gens – les vrais gens, pas les statistiques – on vous renvoie à la loi, au pragmatisme, à l’ordre.

On déguerpit des familles sans relogement.
On coupe l’électricité à des quartiers entiers.
On suspend des aides. On ferme des services.
Et aujourd’hui, on veut suspendre les bourses dans certains pays.

Pourquoi ? Parce que – nous dit-on – « les gens ne rentrent pas » ou « ne respectent pas leurs engagements décennaux ».
C’est vrai. C’est un fait.
Mais est-ce que couper les bourses dans trois pays va régler le problème, alors que près de 40% des jeunes diplômés sont au chômage au Gabon ?

La justification ne tient pas. Elle ne repose sur aucune vraie réflexion.

Disons les choses clairement : si on nous avait dit que c’est pour des raisons budgétaires, la décision aurait été plus audible.
Encore qu’on ne la conteste même pas, cette décision. C’est la raison invoquée qui dérange.

Proposer une solution sans comprendre les causes, c’est fuir. C’est bâcler.
C’est aussi révéler une paresse intellectuelle profonde.

Au lieu de se demander pourquoi les diplômés ne rentrent pas, on choisit la voie la plus simple : supprimer les bourses en France, aux États-Unis et au Canada.
Très bien.

Mais ils rentreraient pour quoi ?
Combien sont rentrés pour se faire balayer par le chômage, malgré leurs diplômes ?
Je pense à un ami, diplômé au Canada, qui a passé trois ans à courir partout, sans rien trouver.
Pas de bon nom. Pas de réseau. Pas d’oncle.
Il a juste rejoint les rangs silencieux des sacrifiés, pendant qu’on affichait ailleurs des sourires de façade.

Et pourtant, quand les autorités croisent la diaspora à l’étranger, elles se félicitent.
Ces jeunes qui brillent à l’international deviennent soudain des « ambassadeurs » du pays.
Mais dès qu’ils refusent de rentrer dans le vide, on les traite d’ingrats.

Oui mais… l’engagement décennal ?

Un argument pertinent, oui.
Mais alors, comment l’État mesure-t-il aujourd’hui le retour sur investissement ?
silence radio
Il n’y a aucun vrai mécanisme de suivi, en dehors de la sempiternelle demande de documents pour renouveler la bourse.

Si l’État veut que les diplômés reviennent, qu’il crée les conditions pour qu’ils s’intègrent.
Des conventions claires. Des incitations. Des passerelles. Des plans d’accueil.
Si l’on veut un retour sur investissement, il faut penser une politique publique.

Mais ça, ça suppose de réfléchir. De penser. D’anticiper.
Et dans ce gouvernement qui a vidé toute humanité de ses décisions, penser semble devenu accessoire.


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GabonOpinionSociété

12 avril, 22 juin. Et honnêtement, on souffle déjà fort.

Il aura suffi de deux dates. Deux. Le 12 avril, on votait pour notre futur. Le 22 juin, on regardait la composition de l’Assemblée. Et entre les deux, le doute s’est invité. La colère parfois. Et surtout, une fatigue.

La Cinquième République devait marquer une rupture. Elle en marque une, c’est vrai — mais pas forcément celle qu’on espérait.

On a voté à 95 % pour le président de la Transition, dans un élan massif, presque irréel. Et pourtant, à peine les résultats proclamés, l’énergie s’est dissipée. Les chantiers promis sont au ralenti, lorsqu’ils ne sont pas à l’arrêt. Les décisions structurantes, elles, ne tardent pas forcément, mais leur exécution est pénible, chaotique. L’urgence de plaire nuit à la bonne organisation. Les déguerpissements continuent. La justice à deux vitesses choque. La représentation de la diaspora questionne. Et les législatives, censées équilibrer les pouvoirs, donnent déjà le goût amer d’un Parlement acquis.

C’est comme si la 5e République était entrée par effraction. Brutalement. Sans prendre le temps.
Pas de débat public. Peu de pédagogie. Une gestion verticale, très verticale.
Deux années de transition… pour nous ramener tout droit dans les années 90.
Même logique de concentration du pouvoir. Même méfiance envers la parole citoyenne. Même culte de la stabilité, au détriment de la justice.

Et quand on ose interroger, critiquer, pointer du doigt… on nous dit « laissez-nous travailler », comme si notre rôle s’arrêtait au vote. Comme si demander des comptes était un manque de respect. Comme si le devoir de vigilance citoyenne devenait une nuisance.
Pourtant, les premières décisions frappent toujours plus fort ceux qui ont le moins. Les plus précaires, les plus fragiles financièrement. Ceux qui n’ont ni voix, ni relais. C’est vers plus d’inégalités qu’on se dirige, pas moins.

« Laissez-nous travailler » deviendra peut-être bientôt « On mange la paix ».
On se rappelle des PDGistes condescendants, marchant en blanc dans les rues pour demander « la paix ». Mais en réalité, ils demandaient le silence.
Le silence de l’opposition. Le silence des indignés. Et ce silence a tué : des tirs ont pris des vies en 2016.
La paix au prix du sang. Le calme pour mieux abuser. C’est ce que le PDG nous a montré. Et on ne veut pas retomber aussi bas.

On veut de la justice, pas juste du calme.
On veut de la construction, pas des incantations.
On veut une République qui n’étouffe pas ceux qu’elle prétend servir.

Alors oui, 12 avril – 22 juin, c’est court. Mais parfois, il ne faut pas beaucoup de temps pour sentir que les fondations craquent déjà.

Et si on n’apprend pas à écouter, à expliquer, à construire avec, pas contre… alors ce sera long. Très long. Trop long.

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Le pain, la route et le bon sens

Dans ma petite ville de province, j’ai ouvert une boulangerie. Petite, modeste, mais efficace. Tous les matins, je me lève aux aurores, je mouille le maillot, j’enfourne, je défourne… Et au final, je produis 200 pains par jour. Pas un de plus. C’est ma capacité actuelle.

Problème : la ville a besoin de 300 pains. Il en manque donc 100 pour satisfaire tout le monde. Là, n’importe quel technocrate ou décideur en cravate te dira : « Ah ben, faut augmenter la production ! Faut agrandir la boulangerie ! Faut acheter un deuxième four ! »

Mais c’est là que le bon sens entre en jeu.

Parce que sur les 200 pains que je produis, seuls 100 arrivent effectivement à la boulangerie en ville. Pourquoi ? Parce que le reste est perdu pendant le transport. Les routes sont dans un état lamentable. Le livreur esquive les nids-de-poule plus gros que sa moto, les caisses tombent, les pains se gâtent. Résultat : j’ai beau suer pour 200 pains, je ne vends que la moitié. Et on me dit que la solution c’est… produire plus ? Sérieusement ?

Ce n’est pas ton four qui pose problème.
Ce n’est pas le manque de farine.
Ce n’est même pas la demande.

Le vrai problème, c’est la route.

C’est elle qui fait perdre la moitié de ta production.
C’est elle qui fait chuter ton chiffre d’affaires.
C’est elle qui transforme ton effort en échec apparent.
Et c’est pourtant elle qu’on refuse de voir.

Alors on tourne en rond. On veut multiplier les boulangeries, augmenter la cadence, faire des inaugurations à la télé. Mais on laisse les routes pourrir. On produit toujours plus… pour jeter toujours plus.

C’est valable pour le pain. Mais c’est aussi valable pour l’électricité, pour la santé, pour l’éducation.
On injecte des milliards, on brandit les chiffres… mais la moitié se perd en chemin.
Et personne ne s’attaque à la route.

Si tu veux vraiment nourrir ton peuple, commence par assurer la livraison.

Sinon, tu cuisineras pour des trous.

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La Savane en Ordre

Dans le royaume de la Grande Savane, on venait tout juste de festoyer. L’intonisation du nouveau roi avait été un moment grandiose. On avait dansé, chanté, mangé jusqu’à plus soif. Tout le monde semblait heureux. Ou du moins, tout le monde faisait semblant.

Mais à peine les tambours rangés, le roi convoqua ses hyènes. “Il est temps de faire le ménage.” Les hyènes, toujours promptes à bien se faire voir, hochèrent la tête avec un zèle peu rassurant. Sans demander plus de précisions, ou peut-être en ayant très bien compris les sous-entendus, elles se mirent à quadriller la savane.

Leur mission ? Ranger. Leur méthode ? Chasser.

Ce sont d’abord les antilopes qu’on somma de déguerpir. Trop nombreuses, pas assez utiles, pas dans le bon coin. Certaines avaient pourtant grandi là. D’autres avaient même reçu autrefois l’autorisation des anciens rois de bâtir leur terrier près des baobabs. Mais l’époque avait changé.

Tu vis ici ? Et à quoi sers-tu exactement ?” lança une hyène en déchirant une paillote. Être antilope ne suffisait plus. Il fallait maintenant justifier son utilité dans la savane. Les plus lentes furent délogées sans autre forme de procès. Les plus rapides coururent, non pas pour survivre, mais pour sauver leur case, leur marmite, leur souvenir.

Pendant ce temps, les hyènes se servaient. Elles arrachaient les toitures, transportaient les pierres, prenaient le peu qu’il restait aux antilopes — tout en répétant que *“le roi l’a demandé”*. Et puisque le roi, du haut de sa termitière dorée, ne disait mot, chacun comprit qu’il consentait.

Le peuple se taisait.

Ou murmurait seulement.

Et dans le silence, une nouvelle règle s’imposa : ici, désormais, seuls les forts restent. Les autres, qu’ils déguerpissent.

Je te dis tout