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Médaille pour rien : bienvenue en République du piston

À force de distribuer des médailles comme des bonbons à la kermesse, on
finit par croire que l’excellence est une question de proximité, pas de mérite.
Et voilà qu’on épingle du ruban sur des vestes repassées pour l’occasion, sans
que le moindre pli de sueur n’y ait jamais laissé sa trace.

Avant tout, il faut respecter nos intelligences. Nous ne sommes pas vos enfants maboules qui acceptent tout.

À force de distribuer des médailles comme des bonbons à la kermesse, on
finit par croire que l’excellence est une question de proximité, pas de mérite.
Et voilà qu’on épingle du ruban sur des vestes repassées pour l’occasion, sans
que le moindre pli de sueur n’y ait jamais laissé sa trace.

Comment expliquer qu’en moins d’un an de service, certains ministres –
fraîchement sortis de l’œuf administratif – se retrouvent déjà décorés comme
s’ils avaient sauvé la République d’une guerre civile, redressé l’économie et
alphabétisé trois générations ? Ce n’est plus une République, c’est un jeu
concours.

Des médailles pour services… rendus à qui ?

On ne décore plus ceux qui transforment, réparent, bâtissent. Non. On
décore ceux qui plaisent, qui savent dire “oui monsieur”, “oui madame”, et
surtout “oui excellence” avec la juste intonation. L’efficacité n’est plus un
critère. La loyauté aveugle, si.

Le peuple, lui, regarde ça, médusé. Les vraies décorations, celles qui
devraient être données aux enseignants des zones enclavées, aux médecins
des dispensaires sans électricité, aux agriculteurs qui nourrissent le pays avec
rien… celles-là attendront. Elles ne sont pas dans le bon carnet d’adresses.

La République des copains et des coquins

On récompense l’inertie bien habillée. Le silence complice. L’incompétence
bien entourée. Le mérite est devenu ringard, l’engagement un gros mot, et le
peuple, un décor de fond qu’on ne consulte qu’en période électorale – ou
pour les photos.

Mais la médaille, en théorie, symbolise l’honneur. Dans notre cas, elle est en
train de devenir le marqueur du ridicule. Une insulte silencieuse au bon sens
et au vrai travail.

Alors non, nous ne sommes pas dupes.

Ce n’est pas parce que vous avez collé une épingle sur le revers d’un
costume que vous avez décoré une conscience. Ce n’est pas parce qu’on
vous a applaudi dans une salle climatisée que vous avez le respect de ceux
qui crèvent dehors. Et ce n’est certainement pas parce que vous avez votre
portrait dans un bureau que vous méritez d’être appelé serviteur de l’État.
Il serait peut-être temps de revoir les critères. Ou au moins d’assumer que
cette République aime ses enfants dociles, pas ses enfants brillants.

En attendant, pour beaucoup, la seule médaille qu’ils méritent vraiment…
c’est celle du silence.

Je te dis tout

GabonPolitique

Le pouvoir sans la charge : à quoi rêvent-ils vraiment ?

Le pouvoir fascine. Il attire, il séduit. Mais ce n’est pas la mission de service public qui séduit le plus grand nombre — c’est le confort qu’on lui associe. Voitures de luxe, voyages internationaux, résidences secondaires… Le fantasme du pouvoir éclipse trop souvent la notion même de responsabilité. Et c’est ainsi que l’on en arrive à gouverner sans aimer son pays.

Ils veulent le prestige, les titres, les salamalecs. Qu’on les appelle “Excellence”, “Honorable”, “Monsieur le Ministre”. Mais dès qu’il s’agit de se salir les mains avec des réformes douloureuses, de rendre des comptes, de faire face à la colère légitime d’un peuple en souffrance, il n’y a plus personne. Le pouvoir est vu comme un privilège, pas comme une charge. Ils en veulent les avantages. Les responsabilités ? Très peu pour eux. Et soyons honnêtes : ils n’ont d’ailleurs ni les épaules ni la volonté pour les assumer.

C’est simple. Quand on aime, on en prend soin. Or, à voir l’état de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos routes, il est légitime de se demander si ceux qui nous dirigent aiment vraiment ce pays. Car on ne détruit pas ce que l’on chérit. Et dans les actes de ceux qui gouvernent — ou qui prétendent gouverner — on ne lit que mépris et désintérêt. Et ce désintérêt ne se limite pas au gouvernement. Que dire de l’Assemblée nationale et du Sénat ? Ces institutions qui devraient être des contre-pouvoirs ne sont devenues que des chambres d’enregistrement, plus préoccupées par leurs propres privilèges que par la défense de l’intérêt général.

Combien de députés ont véritablement proposé des lois utiles ? Combien de sénateurs ont élevé la voix face aux dérives, aux abus, à l’urgence sociale que vit une partie croissante de la population ? Trop peu. Ils sont là, souvent silencieux, parfois absents. Pour quoi faire ? Le rôle d’un parlement, ce n’est pas de faire de la figuration. C’est de défendre les citoyens. C’est de refuser l’inacceptable. C’est de dire non quand il le faut, pas de courir après des promotions et des décorations.

À force de confondre pouvoir et opportunité personnelle, on a oublié que diriger un pays est un engagement. Un vrai. Un sacerdoce. Le Gabon n’a pas besoin de nouveaux gestionnaires d’intérêts privés drapés dans des habits d’État. Il a besoin de gens sincères. De femmes et d’hommes qui aiment vraiment ce pays, et qui le prouvent dans leurs décisions, dans leurs renoncements, dans leurs sacrifices. Car le vrai prestige, c’est de servir.

Je te dis tout

GabonPatrimoine

Le laxisme se paie toujours au prix fort.

C’est par cette vérité que j’ouvre mon propos.
Depuis plus de 30 ans, ces personnes aujourd’hui sommées de déguerpir vivent dans les immeubles des 3 quartiers. Des familles — que dis-je — des générations entières ont grandi entre ces murs de briques et de béton, aujourd’hui réduits à l’ombre de ce qu’ils furent.

Malgré quelques coups de pinceau ici et là — un seul vrai rafraîchissement en 20 ans — ce vestige de la période faste du Gabon est laissé à l’abandon. Et enfin, l’État s’en émeut. Merci, PR Oligui. Il semblerait que l’état du pays n’ait jamais été la priorité de son prédécesseur. La gestion du patrimoine gabonais, à elle seule, mérite un dossier entier.

Après avoir fermé les yeux pendant des décennies, voilà que l’on réveille brutalement ceux qui, faute de mieux, avaient fait de ces lieux leur foyer. Dans cet élan de “restauration”, Les Bâtisseurs semblent une fois de plus oublier de restaurer ce qui compte vraiment : la dignité des Gabonais.

Car oui, ces occupants sont en tort de refuser de partir. Mais l’État, lui, a un devoir : celui d’accompagner.
Où iront-ils ? Ce ne sont pas quelques locataires isolés en conflit avec leur propriétaire. Non. Il s’agit ici de centaines de personnes que l’État s’apprête à mettre à la rue. Des familles entières, qui au-delà de la quête d’un logement, doivent continuer à vivre : aller au travail, à l’école, garder une forme de stabilité. Vivre, tout simplement.

« Le Gabonais aime le ngori », dit-on. Oui, peut-être. Mais soyons sérieux : qui n’aime pas le ngori ?
Connaissez-vous, vous, une personne « normale » à qui on offrirait un logement à moindre coût — ou même gratuitement — pendant 30 ans, et qui, du jour au lendemain, alors que les prix du loyer explosent et deviennent inaccessibles, sauterait de joie à l’idée de déguerpir ? Allons. Ne soyons pas hypocrites.

Ce n’est pas un réflexe gabonais. C’est un réflexe humain. Et c’est là que l’État doit se montrer plus intelligent que l’émotion. Car on ne répare pas l’injustice passée par une violence présente. On ne construit pas un avenir stable sur des expulsions sèches.

Bref. J’ai encore trop parlé aujourd’hui.
On me demandera encore : « Mais toi, tu proposes quoi ? »
Et je répondrai, une fois encore : Il y a des gens, assis dans des bureaux, grassement payés pour avoir ces réflexions.
Qu’attendent-ils pour réfléchir ?

Je te dis tout