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GabonOpinion

Ah, donc maintenant, le peuple est impatient ?

Il fut un temps où vous étiez comme nous, dans la galère, à dénoncer les injustices, à exiger des comptes, à réclamer des résultats immédiats. Vous nous expliquiez, PowerPoint à l’appui, comment, en six mois, on pouvait redresser un pays, relancer l’économie et ramener l’électricité partout.

Mais ça, c’était avant. Avant que le vent tourne, avant que les bureaux climatisés, les véhicules de fonction et les indemnités confortables ne fassent leur apparition dans vos vies. Maintenant que vous êtes ministres, députés, conseillers et autres figures très occupées, vous avez découvert que 18 mois, c’est trop court pour changer les choses.

Ah bon ? Pourtant, hier encore, vous traitiez d’incompétents ceux qui demandaient du temps. Vous étiez les premiers à crier qu’ils dormaient sur leurs lauriers. Et maintenant que vous êtes assis sur ces mêmes fauteuils, vous voulez nous expliquer que la patience est une vertu ?

Vous croyez que parce que vos vies ont changé, les nôtres aussi ? Vous avez troqué la colère populaire pour la sagesse du pouvoir. Nous, on est toujours nguembé au pivot. Toujours dans le noir à cause des coupures, toujours en train de payer des factures exorbitantes pour des services inexistants, toujours à jongler entre l’inflation et la survie. Mais maintenant, c’est nous qui sommes trop pressés ?

Hier, c’était des promesses, aujourd’hui, c’est des sermons.

On vous voit. On vous entend. Vous avez changé de camp et maintenant vous vous érigez en donneurs de leçons. “Le peuple doit comprendre…“, “Les réformes prennent du temps…“, “Il faut être patients…

Vous qui, hier, nous promettiez la lune avec des tableaux chiffrés et des formules magiques, voilà que vous nous demandez maintenant d’attendre. Donc finalement, tout ce que vous racontiez avant, c’était du vent ? Du marketing pour votre carrière ?

C’est drôle comme le temps transforme les révolutionnaires en bureaucrates. Vous êtes passés de “On ne peut plus tolérer ça !” à “Soyez raisonnables” en un claquement de doigts.

Et le plus cocasse, c’est qu’en plus de nous demander d’être compréhensifs, vous commencez à nous gronder. À nous faire la morale, comme si nous étions des enfants capricieux. Comme si nous n’avions pas le droit d’exiger ce que vous-mêmes réclamiez il n’y a pas si longtemps.

Mais la réalité, c’est que votre seul problème aujourd’hui, c’est que vous êtes de l’autre côté du mur.

Les retournements de veste sont devenus un sport national.

Regardons un peu ceux qu’on a enlevés du jeu. Certains, hier, étaient des monstres à abattre. Aujourd’hui, ils sont les premiers à nous donner des leçons de gouvernance et à jouer les analystes politiques de comptoir. Ah, donc maintenant, vous avez des conseils à donner ?

D’autres, qui crachaient sur le système, qui juraient qu’ils ne feraient jamais de compromis, sont aujourd’hui les premiers à quémander un strapontin. Ceux-là sont devenus des carpettes vivantes, prêts à tout pour se faire remarquer.

Et puis il y a les plus zélés. Ceux qui lancent des pétitions pour exiger que le général se présente en 2025, comme si leur vie dépendait de sa candidature. Pourtant, lorsqu’il s’est agi de signer une pétition pour exiger des comptes à la SEEG sur les coupures d’électricité, silence radio.

Le peuple qui souffre ? Ça, ce n’est pas leur combat. Leur seul souci, c’est de rester à proximité du pouvoir, de s’accrocher aux basques du chef, peu importe ce qu’il fait ou ne fait pas.

Voilà les perfides trompeurs dont parle la Concorde.

Des lions déguisés en moutons, des loups qui hurlent avec la meute quand ça les arrange et qui se font passer pour des agneaux dès qu’ils ont quelque chose à perdre. Des sorciers qui jurent vouloir le bien du peuple, mais qui ne pensent qu’à leur propre sort.

Ne vous méprenez pas : ce texte ne s’adresse pas à ceux qui travaillent vraiment, à ceux qui tentent, malgré les obstacles, de changer les choses. Il vise ceux qui ont retourné leur veste si vite qu’ils en ont attrapé le tournis.

Ceux qui ont oublié d’où ils viennent, qui nous regardent maintenant de haut, et qui osent nous dire que nous sommes trop impatients.

Alors un conseil : respirez un bon coup, regardez-vous dans un miroir, et demandez-vous si vous n’êtes pas devenus exactement ce que vous dénonciez hier. La réponse c’est oui hein, ne faites pas genre vous voulez vous remettre en question, vous savez au fond de vous que même vous regarder dans la glace est devenu insoutenable.

Je te dis tout

GabonOpinion

Être visionnaire ou être à côté de la plaque ?

Dans notre pays, le temps semble suspendu à un moment décisif, tel un carrefour où se croisent les voies de notre destin collectif. À ce carrefour, les voix se font entendre, chacune proposant une direction à suivre, et c’est là que réside notre dilemme : vers quelle sortie se diriger ?

D’un côté, il y a ceux qui, les yeux tournés vers l’horizon, voient en cette époque troublée une chance rare, presque providentielle, de refaçonner le monde. Ils rêvent d’un avenir où les erreurs du passé seraient effacées, comme des ombres chassées par la lumière nouvelle. Ces esprits idéalistes prônent un changement profond, un nouveau paradigme qui redonnerait à l’humanité une voie plus juste, plus éclairée. Leur discours est empreint d’espérance, et leurs projets semblent déjà élever les fondations d’une société future.

En face, une autre école, moins encline à l’envolée des idées, mais plus attachée aux réalités du moment. Ceux-là voient les choses autrement : « Que valent ces grands idéaux face aux besoins immédiats ? », se demandent-ils. Car pour eux, la faim, la précarité, et les nécessités quotidiennes ne laissent guère de place aux rêveries. Ce sont les besoins urgents qui gouvernent leurs actions, et l’avenir, bien qu’important, ne peut se construire sur des ventres affamés.

La question se pose alors : qui a raison ? Peut-on, sans risque, suivre la voie de l’idéalisme, en ignorant les grincement de ventre de la réalité ? Ou bien, l’attachement au présent nous enferme-t-il dans une vision trop étroite, nous privant des promesses d’un futur meilleur ? Qui l’emportera, de celui pensant voir la lumière, s’arrachant les cheveux de l’inaction de ses pairs face à l’évidence, ou de celui qui semble n’entendre que le bruit de son ventre, et de son âme, en quête de satisfaction des besoins premiers ?

Le débat est ancien, aussi vieux que la société elle-même, et chaque époque a oscillé entre ces deux pôles : l’ambition de bâtir des utopies et la nécessité de survivre au jour le jour.

Mais peut-être cette opposition est-elle, en fin de compte, illusoire. Car l’histoire nous enseigne que les grandes avancées, si elles ont pu naître d’idéaux, se sont toujours ancrées dans la réalité. Et puis, au final, est-ce si grave de se tromper ? Est-ce si grave d’avoir une vision loin de la réalité ?

Le temps nous dira.

Signé, La prose sur l’oreiller

Je te dis tout