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Et si les contraires coexistaient ?

Je suis en plein chantier intérieur. Je ne sais pas si on peut appeler ça une déconstruction, un réalignement ou juste une crise existentielle à peine déguisée — mais voilà, j’ai remarqué que j’ai cette fâcheuse tendance à opposer les choses. Comme si certaines notions ne pouvaient pas cohabiter. Comme si le monde entier était une série de cases bien séparées, et qu’il fallait choisir son camp.

C’est en parlant avec ma psy que la première faille est apparue. Elle m’a posé une question toute bête :
“Pourquoi tu mets toujours émotion et raison en opposition ? Pourquoi tu vois la raison comme une force et l’émotion comme une faiblesse ?”

Je n’ai pas su répondre. J’ai rigolé, j’ai botté en touche, comme souvent quand on touche trop juste.
Et pourtant, cette question m’a poursuivie bien après nos séances — qui, soyons honnêtes, devenaient de moins en moins productives parce que j’avais remis mon masque, mon armure, ce truc que je porte dès que je sens qu’on s’approche trop.

Mais le plus fou, c’est que ce schéma ne s’arrête pas là. En fait, je fais pareil dans plein d’aspects de ma vie.

Prenons un exemple que beaucoup trouveront superficiel mais qui ne l’est pas du tout pour moi : mes vêtements.
J’ai toujours eu l’impression qu’il fallait choisir entre être “giga fraîche” ou être confortable. Comme si être élégante, féminine, stylée… devait automatiquement rimer avec souffrance. Talons, tissus rigides, corsets invisibles pour l’ego.

Du coup, je disais toujours : “moi, je choisis le confort.”
Mais récemment, j’ai compris que c’était encore une opposition que j’avais créée de toutes pièces. Un mensonge que je me racontais.
Pourquoi je ne pourrais pas être les deux ? Pourquoi je ne pourrais pas être fraîche, élégante, féminine et confortable ?

Pourquoi l’équilibre ne pourrait pas être fluide ? Sans qu’un pôle prenne le dessus. Sans qu’il y ait un dominant, un dominé.

C’est peut-être ça, grandir : arrêter de faire des guerres inutiles à l’intérieur de soi.

Allez. Je retourne à la réunion dans mon casque (oui, je n’écoutais plus vraiment). Mais j’y retourne avec mes deux pieds bien posés, dans des baskets confortables. Et le vernis bien posé aussi.

Je te dis tout

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Et si on regardait autrement ?

Ce matin, je suis tombée sur un message publié à propos d’Emma’a. Un message de soutien, sincère, écrit par quelqu’un qui l’a toujours défendue. Mais au milieu des encouragements, une remarque sur son nouveau style vestimentaire : “Tu peux rester l’ancienne Emma’a… tu n’as pas besoin de tout ça.”

C’était bienveillant, je n’en doute pas. Mais ça m’a fait réfléchir.

On parle souvent d’Emma’a comme de l’artiste. On observe ses choix, on commente son apparence, on analyse sa direction. Mais on oublie parfois qu’avant tout, Emma’a est une jeune femme. Une personne entière, sensible, qui vit aussi avec ses propres doutes, ses blessures, ses souvenirs. Et peut-être, ses complexes.

Changer, ce n’est pas toujours une stratégie. Ce n’est pas forcément pour “faire parler”. Parfois, c’est juste une façon de se sentir un peu mieux. D’alléger quelque chose qu’on porte depuis longtemps, en silence.

Je me souviens, par exemple, de mes parents qui m’avaient surnommée “la boule”. C’était affectueux, je le sais bien. Mais ce surnom, il ouvrait la porte à toutes sortes de moqueries. Quand la famille venait à la maison, c’était : “Oh la boule ! Toujours aussi ronde !”, “La boule, tu as encore planqué la nourriture ?”, “Arrête de faire ta relou, la boule !”

Je souriais, bien sûr. Pour faire bonne figure. Pour ne pas créer de malaise. Mais au fond, ça piquait. Et cette petite douleur, je l’ai gardée en moi pendant des années, sans rien dire. J’ai appris à vivre avec. À me construire autour.

Alors aujourd’hui, quand je vois une femme faire le choix de changer quelque chose en elle – son corps, son style, son attitude – je ne me demande pas si c’est “utile” ou “nécessaire”. Je me demande si ça lui fait du bien. Si ça l’aide à se sentir plus légère, plus libre. Si c’est sa manière à elle de se réconcilier avec une version d’elle qu’elle a longtemps dû cacher, supporter ou taire.

Je parle d’Emma’a, mais en vérité, je parle de beaucoup d’entre nous. De toutes celles qui ont grandi en apprenant à sourire quand ça faisait mal. De celles qui ont été définies par un surnom, une blague, un commentaire, et qui ont mis du temps à se retrouver.

Parfois, quand on en a enfin les moyens, on décide de faire un pas vers soi. Pour se sentir mieux. Pas pour les autres. Juste pour soi. Et ça n’a rien à voir avec une image ou une carrière. C’est quelque chose de profondément personnel. Un apaisement. Un exorcisme, doux et nécessaire.

Alors, la prochaine fois, avant de commenter, même avec tendresse, essayons simplement de regarder autrement. Avec plus de douceur. Parce que l’important, ce n’est pas ce que les autres voient. C’est comment on se sent, quand on se regarde.

Je te dis tout

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À 28 ans, moi…

À 28 ans, je bossais depuis deux ans. Et comme tout bon Gabonais avec une culture bien marquée, j’avais une idée en tête : profiter de la vie. Après toutes ces années d’études, de stress, de galères, il était temps de vivre. Enfin.

Tu sais, cette vie qu’on s’imagine ado ? Celle des rêves un peu flous, des clips de l’époque, des plans entre potes… Ouais, cette vie-là. Bon, revue à la baisse à cause des ligaments croisés et des réalités de l’âge adulte — mais le cœur y était.

Je n’étais pas riche. Mais clairement, j’étais plus riche qu’à 17 ans. Sans enfant, sans charge, rien. Juste moi, un salaire, et la liberté de choisir comment passer mon week-end et avec qui.
L’indépendance financière ? À l’époque, je pensais l’avoir atteinte. Aujourd’hui, je cherche une sugar mommy… comme quoi.

La vie était belle.

Et puis, des années plus tard, j’apprends le décès d’Aaron Boupendza. Ce jeune joueur pour lequel j’avais de la sympathie. Et je réalise un truc : les « bêtises » pour lesquelles il était si souvent pointé du doigt… ce n’était que son âge. Lui aussi, quelque part, essayait juste de profiter de la vie. Simplement.

Parce qu’à cet âge, après les nombreux sacrifices auxquels on est tous contraints, se relâcher un peu, kiffer, se laisser porter… c’est souvent nécessaire.
C’est mon avis, hein. Les plus sages ne comprendront pas. Et c’est pas grave.

Bref. La tristesse se fait ressentir en écrivant. Je vais m’arrêter là.

Je te dis tout