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Immaturité, d’accord… Mais exemplarité d’abord

Entre amis, à huis clos, on peut encore discuter du goût de la blague. Mais quand cela devient public, quand tout le monde – y compris des jeunes sans recul – peut y avoir accès,

Entre amis, à huis clos, on peut encore discuter du goût de la blague. Mais quand cela devient public, quand tout le monde – y compris des jeunes sans recul – peut y avoir accès, la responsabilité change.
Car l’humour n’est pas neutre. Un mot railleur, une moquerie en ligne, une vidéo qui ridiculise… cela s’inscrit dans l’espace commun, se propage, se répète, s’imite.

Et là, la question est simple : qu’est-ce que l’adulte transmet ?
Son rôle dans la société n’est pas seulement de payer ses factures ou de dire ce qu’il pense. C’est aussi d’incarner une exemplarité, d’offrir un cadre où les plus jeunes apprennent le respect, la nuance, l’esprit critique.

À force de se réfugier derrière la légèreté de l’instant, certains oublient qu’ils ont un public. Un public qui regarde, qui absorbe et qui finit par reproduire.

Alors oui, l’immaturité existe, mais quand elle vient de ceux qui devraient montrer l’exemple, elle devient un poison.

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ÉlectionsGabonPolitique

Législatives\Locales 2025 : Nouveaux visages, nouvelles méthodes

Si le nom d’Haresse Kengue est aujourd’hui sur toutes les lèvres, c’est bien la preuve qu’il existe une jeunesse qui tente de se bouger. Une jeunesse qui n’a pas les mêmes codes que ceux des politiques que l’on connaît. Pour le mieux ? Ça reste à débattre.

Belle, capricieuse, vulgaire, préoccupée… Les adjectifs fusent, tantôt positifs tantôt négatifs. Un rappel qu’on ne la connaît pas encore assez, mais qu’elle sait alimenter les conversations — par une qualité ou par un défaut. Mais pourquoi en parle-t-on autant, au fond ?

Se démarquer de l’existant

La candidature d’Haresse Kengue s’est imposée avec une promptitude étonnante. Pas seulement grâce à sa jeunesse, mais aussi par le jeu de l’identification. Haresse ne ressemble peut-être pas aux politiques habituels, mais elle ressemble aux personnes qu’elle veut représenter. Et c’est sans doute là que se joue sa différence.

Une détermination forgée dans l’ombre

On a ici une jeune Gabonaise déterminée qui n’a pas peur de la honte et qui porte des projets pour les siens. Des projets qu’elle a commencés dans l’anonymat, à travers une vie associative sans éclats de projecteurs mais riche en résultats. Bien au contraire, la fondatrice de l’Association des jeunes filles mères a montré qu’on pouvait exister sans attendre la bénédiction de l’État : en tissant des partenariats, en mobilisant des énergies, en améliorant concrètement le quotidien de sa communauté.

Le fond, oui… la forme

Ce n’est donc pas sur le fond que Dame Kengue est le plus souvent moquée, mais sur la forme. À cause d’un ton terre-à-terre, pourtant typiquement gabonais, et dont ne se prive pas le Président lui-même. On pourrait mettre sa phrase sur les maçons à côté du fameux « l’huile, c’est l’huile » sans savoir qui en est l’auteur. Mais voilà : pour l’un, c’est du « langage proche du peuple », et pour l’autre, un manque de savoir-vivre.

Peut-être n’est-ce finalement qu’une façon de discréditer ce qu’elle propose. Car au-delà de ses formes peu conventionnelles, Haresse Kengue porte des idées neuves, intéressantes et adaptées à son environnement. Et c’est bien ce qui dérange.

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GabonOpinionSociété

Réserver certains métiers aux Gabonais : entre ambition et réalités du terrain

La décision du Conseil de réserver certains métiers aux nationaux, y compris dans des secteurs émergents comme le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne, s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté économique et de donner plus de place aux jeunes Gabonais. Sur le papier, cette mesure vise à créer de nouvelles opportunités et à protéger l’économie locale.

Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs souvent négligés.

D’abord, exercer ces métiers implique une organisation quotidienne exigeante : ouverture tôt le matin, tenue d’une comptabilité rigoureuse, gestion des charges, etc. Ce sont des compétences qui nécessitent un véritable accompagnement et parfois même une rééducation aux réalités de la gestion d’entreprise, loin de l’idée de « compter sur un soutien extérieur » à la fin du mois.

Ensuite, il faut anticiper les risques de contournement. Sans un encadrement précis, certains pourraient se limiter à prêter leur nom ou leur statut de national pour qu’un étranger gère l’activité, contre une rétribution.

Cela pourrait transformer la mesure en un simple business parallèle, où le propriétaire officiel ne serait qu’un garant rémunéré.

La question du contrôle est également centrale. Faut-il exiger que le gérant soit Gabonais ? Comment vérifier que la loi est respectée sans tomber dans des pratiques abusives ou du harcèlement administratif ? Une surveillance mal pensée pourrait décourager les entrepreneurs au lieu de les soutenir.

Pour que cette réforme produise les effets escomptés, il faudra donc :

Préciser les critères légaux (propriétaire, gérant, actionnaire majoritaire, etc.) • Mettre en place des contrôles clairs et proportionnés

Former et accompagner les entrepreneurs pour qu’ils soient réellement opérationnels

Prévoir des dispositifs de financement et d’appui technique pour favoriser la pérennité des entreprises

Réserver des métiers aux Gabonais peut être une avancée, mais seulement si l’application est pensée pour éviter les dérives et maximiser l’impact positif sur l’autonomie économique du pays.

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GabonSocialSociété

Drogue, jeunesse et responsabilités : le Gabon face à une urgence silencieuse

Ces dernières années, le fléau de la drogue a explosé dans les rues du Gabon. Des quartiers populaires aux établissements scolaires, des ruelles de Libreville aux villes de l’intérieur, les témoignages s’accumulent, les alertes se multiplient… mais bien souvent, l’État détourne le regard.

Les jeunes gabonais, confrontés à un chômage structurel, à l’ennui, au désespoir ou à la pression sociale, deviennent les premières victimes d’un marché parallèle de plus en plus agressif. Chanvre, kobolos, caillou, lean… la liste s’allonge. Et derrière chaque addiction, c’est une vie qui vacille, une famille qui s’effondre, une génération qu’on abandonne.

Les Premières Dames à la rescousse : une tradition de solidarité

Il faut le reconnaître : certaines Premières Dames ont tenté, à leur manière, d’agir là où l’appareil d’État traînait la patte. On se souvient encore de l’association Horizons Nouveaux, fondée par Edith Lucie Bongo, qui travaillait déjà avec des jeunes en détresse et portait un regard particulier sur les plus fragiles.

Aujourd’hui, une nouvelle figure s’impose dans la continuité de cet engagement : Zita Oligui Nguema, actuelle Première Dame du Gabon. À travers sa structure, la Fondation Ma Bannière, elle s’empare du sujet avec une initiative inédite : la construction du tout premier centre de désintoxication pour jeunes au Gabon.

Une bannière d’espoir

Lancé ce 5 août 2025, ce projet marque un tournant. 200 jeunes par an pourront bénéficier de soins, de formations et d’un accompagnement à la réinsertion. Le centre ne se contente pas de soigner, il répare. Il ne juge pas, il tend la main.
C’est tout ce qu’on pouvait attendre d’un État moderne… et c’est la Première Dame qui l’apporte.

Il serait injuste de ne pas saluer ce geste, même si on peut regretter qu’il ne vienne pas directement du ministère de la Santé ou de celui des Affaires sociales. Mais en attendant, c’est une réponse concrète dans un désert d’inaction politique.

Il est temps d’agir. Vraiment.

Ce centre n’est pas une fin en soi. C’est un début, une alerte, un signal. Car la drogue n’attend pas. Elle n’a pas de patience. Elle ronge les esprits, les corps, les ambitions, les avenirs.
Si nous ne faisons rien, elle continuera de ravager nos enfants, nos quartiers, notre société.

L’urgence est réelle.
Le silence est complice.
Le combat ne doit pas être porté par une seule Fondation, mais par toute une nation.

À la jeunesse, il faut offrir des perspectives, des lieux d’écoute, des alternatives.
Et à ceux qui osent encore croire, encore bâtir, encore s’engager, comme la Fondation Ma Bannière, il faut dire : merci… et continuez.

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DiasporaGabonPolitique

‎Analyse critique du discours présidentiel relatif à la suspension des bourses d’études

La récente décision du chef de l’État de suspendre l’attribution des bourses d’études, justifiée officiellement par le poids financier que cela représente et par le phénomène de fuite des cerveaux, soulève un certain nombre d’interrogations qui méritent une analyse approfondie.

En effet, cette décision semble partielle dans la mesure où elle cible exclusivement les étudiants bénéficiaires, sans rétablir une lecture équilibrée des responsabilités respectives de l’État et des étudiants dans la problématique soulevée.

La fuite des cerveaux : une dynamique aux causes structurelles

Le phénomène de fuite des cerveaux est légitimement invoqué comme un argument majeur, mais il traduit en réalité une défaillance systémique. L’insuffisance d’opportunités d’emploi, le non-respect des engagements étatiques, ainsi que le climat socio-économique délétère, participent à la désaffection des diplômés vis-à-vis de leur pays d’origine. Cette réalité se manifeste par un environnement professionnel qui étouffe les ambitions et fragilise la relation compétence-mérite. Le diplômé, jadis porteur d’espoir pour sa famille, est désormais marginalisé, voire moqué. Dans ces conditions, il semble rationnel, voire inévitable, que ces talents choisissent de ne pas revenir.

Les motifs étatiques : une justification partielle et contestable

Sur le plan de l’État, les pertes invoquées concernent à la fois l’investissement financier et le capital humain formé à l’étranger. Toutefois, dans la pratique, la perte réelle se limite souvent aux seuls coûts financiers, dans la mesure où l’État peine à intégrer effectivement ce capital humain sur le marché du travail national. Le paradoxe est que les diplômés, pourtant formés selon des orientations définies par l’État, se retrouvent fréquemment au chômage, la principale cause étant l’inadéquation entre leur formation et les besoins réels du marché local. Par conséquent, plutôt que de cibler les conséquences, il serait pertinent que l’État assume pleinement ses responsabilités en s’attaquant aux causes profondes du dysfonctionnement.

La fuite des cerveaux : un mal nécessaire ?

Loin d’être uniquement préjudiciable, la fuite des cerveaux peut également être perçue comme un mécanisme d’ajustement social et économique. Elle contribue à atténuer les tensions liées au chômage, participe à la stabilité politique, et peut favoriser la création de réseaux de coopération internationale entre la diaspora et le pays d’origine. Dès lors, la fuite des cerveaux pourrait constituer un levier stratégique plutôt qu’un simple mal à éradiquer.

Perspectives et propositions pour une gestion efficiente du capital humain

Pour remédier à cette problématique complexe, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Amélioration des conditions d’accès à l’emploi et création d’opportunités stables pour tous les diplômés.
  • Garantie d’une insertion professionnelle sécurisée dans des secteurs économiques stratégiques, notamment pour les boursiers formés à l’étranger.
  • Acceptation, à court terme, d’une certaine perte des compétences formées dans des domaines non encore développés localement, tout en anticipant une future demande liée à l’évolution socio-économique.
  • Identification et mobilisation des profils diplômés à l’étranger dans le cadre de projets nationaux de développement.
  • Valorisation accrue de la diaspora en tant qu’acteur clé du développement, assortie de mesures incitatives ou contraignantes (telles qu’une contribution financière au développement national).

Réformes institutionnelles pour une meilleure efficience

Enfin, pour optimiser la gestion des bourses et des compétences associées, il serait opportun d’adopter des réformes structurantes telles que :

  • La limitation des bourses à l’étranger aux seuls secteurs stratégiques non disponibles localement.
  • L’octroi des bourses à l’étranger, pour les filières existantes sur le territoire, uniquement après validation du premier cycle universitaire, afin de mieux anticiper les profils et rationaliser les coûts.
  • La mise en place d’un suivi rigoureux des formations financées, en veillant à ce qu’elles correspondent aux besoins spécifiques identifiés par l’État.
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À 28 ans, moi…

À 28 ans, je bossais depuis deux ans. Et comme tout bon Gabonais avec une culture bien marquée, j’avais une idée en tête : profiter de la vie. Après toutes ces années d’études, de stress, de galères, il était temps de vivre. Enfin.

Tu sais, cette vie qu’on s’imagine ado ? Celle des rêves un peu flous, des clips de l’époque, des plans entre potes… Ouais, cette vie-là. Bon, revue à la baisse à cause des ligaments croisés et des réalités de l’âge adulte — mais le cœur y était.

Je n’étais pas riche. Mais clairement, j’étais plus riche qu’à 17 ans. Sans enfant, sans charge, rien. Juste moi, un salaire, et la liberté de choisir comment passer mon week-end et avec qui.
L’indépendance financière ? À l’époque, je pensais l’avoir atteinte. Aujourd’hui, je cherche une sugar mommy… comme quoi.

La vie était belle.

Et puis, des années plus tard, j’apprends le décès d’Aaron Boupendza. Ce jeune joueur pour lequel j’avais de la sympathie. Et je réalise un truc : les « bêtises » pour lesquelles il était si souvent pointé du doigt… ce n’était que son âge. Lui aussi, quelque part, essayait juste de profiter de la vie. Simplement.

Parce qu’à cet âge, après les nombreux sacrifices auxquels on est tous contraints, se relâcher un peu, kiffer, se laisser porter… c’est souvent nécessaire.
C’est mon avis, hein. Les plus sages ne comprendront pas. Et c’est pas grave.

Bref. La tristesse se fait ressentir en écrivant. Je vais m’arrêter là.

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GabonPolitiquePrésidentielles2025

Projet Oligui Nguéma : Des promesses, en veux-tu ? En voilà !

Alors que le Gabon s’apprête à vivre une élection présidentielle historique, le projet de société du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, porté par la transition post-coup d’État, se veut celui d’une renaissance nationale. Entre volonté de rupture avec l’ancien régime, réformes ambitieuses et réaffirmation de la souveraineté, que peut-on retenir de ce programme ?

Une volonté de refondation politique assumée

Les atouts d’un projet de rupture

Le projet s’inscrit dans une dynamique de refonte institutionnelle profonde. S’appuyant sur une transition militaire présentée comme un « coup de la libération », le candidat mise sur une refondation politique complète. Parmi les propositions phares figurent :

  • Une nouvelle Constitution, soumise à référendum, pour garantir des institutions renouvelées.
  • Un Code électoral repensé afin d’assurer la transparence des scrutins.
  • L’organisation d’un Dialogue national inclusif (DNI) pour reconstruire le contrat social et restaurer la confiance citoyenne.
  • Une décentralisation affirmée, avec un transfert de compétences vers les collectivités locales et un renforcement de la gouvernance territoriale.

Les limites d’un pouvoir toujours centralisé

Cependant, derrière cette volonté de réforme, le programme maintient une centralisation forte autour de l’exécutif. La conduite des réformes et les grands chantiers restent dans les mains de l’État central, soulevant des inquiétudes sur une possible dérive autoritaire, accentuée par le passé militaire du candidat. Par ailleurs, l’indépendance de la justice, bien que mentionnée, reste peu détaillée dans sa concrétisation institutionnelle.

Un projet économique ambitieux, mais à clarifier

Des initiatives fortes pour la souveraineté économique

Sur le plan financier, le projet affiche une volonté de maîtriser la dette publique, avec notamment le remboursement anticipé d’un eurobond. Il prévoit également le rachat d’actifs stratégiques, comme Assala Energy et la SNBG, pour renforcer la souveraineté sur les ressources naturelles. Parmi les mesures marquantes :

  • Création d’une Banque publique pour l’entrepreneuriat (BCEG) dotée d’un fonds de 20 milliards FCFA à destination des jeunes.
  • Recours accru aux Partenariats Public-Privé (PPP) pour financer les infrastructures (ports, routes, hôpitaux…).

Des flous budgétaires persistants

Malgré ces orientations, le coût global du programme n’est pas chiffré de manière détaillée. Les investissements annoncés – dans les infrastructures, l’agriculture, la digitalisation ou la défense – sont ambitieux, mais aucune projection pluriannuelle n’est fournie. Le risque d’une dépendance persistante aux recettes extractives (pétrole, mines) reste également élevé, malgré les intentions affichées de diversification économique.

Une vision sociale inclusive mais perfectible

Une ambition d’inclusion à large spectre

Sur le plan social, le projet affirme une orientation fortement inclusive, ciblant la jeunesse, les femmes, les personnes en situation de handicap, les retraités ou encore les populations marginalisées. Il prévoit :

  • Des investissements dans l’éducation et la santé (pôles hospitaliers, réhabilitation des écoles, retour des bourses).
  • Un soutien renforcé à l’emploi des jeunes (formation, alternance, soutien aux startups).
  • Une réforme des systèmes de protection sociale (CNSS, CNAMGS, CPPF).

Des objectifs sociaux encore flous

Cependant, plusieurs mesures phares manquent de précisions techniques : la promesse « Un Gabonais, un titre foncier » ou la réforme du logement social souffrent d’un manque de cadrage opérationnel. En outre, aucun indicateur d’impact social chiffré n’est présenté pour mesurer les progrès en matière de pauvreté, chômage ou inégalités. Enfin, le rôle très central de l’État dans tous les domaines laisse peu de place aux initiatives citoyennes ou privées.

Le projet d’Oligui Nguema se présente comme celui d’un changement en profondeur, porté par une transition exceptionnelle. Si les ambitions sont grandes et les chantiers multiples, la réussite dépendra de la capacité à concrétiser, chiffrer et équilibrer les pouvoirs, tout en impliquant durablement la société civile et les acteurs non étatiques.

Cependant, cette vision soulève aussi une interrogation de fond : le respect effectif des engagements. Depuis sa prise de pouvoir, plusieurs promesses formulées par le Général – notamment en matière de transparence, de réformes urgentes ou de calendrier de transition – ont été partiellement tenues ou repoussées. Cette tendance à l’ajustement en cours de route appelle à la vigilance et au suivi rigoureux de l’exécution de son programme. Au-delà des intentions affichées, c’est la cohérence entre le discours et l’action qui permettra de juger de la portée réelle de ce projet de société.

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