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Good Kounabelisme / Bad Kounabelisme

Aujourd’hui, l’un des plus grands fléaux sociaux de ce pays, qui il n’y a pas si longtemps encore exacerbait certains, tend à se normaliser.

Aujourd’hui, c’est maintenant pathétique de pointer cela du doigt ?

Le “harcèlement” toléré ou justifié pour les uns à une époque encore pas si lointaine, est désormais pathétique et inapproprié pour les autres.

Il fut un temps où toutes les formes de Kounabelisme étaient pointées du doigt, exposées sur la place publique, et les Kounabelistes étaient affichés pour que nul n’oublie.

Désormais, ceux qui jadis dénonçaient cela en sont les porte-étendards, ceux qui s’en offusquaient hier, le pratiquent désormais fièrement.

Certains se taisent maintenant sur le sujet car leurs proches le pratiquent sans gêne, certains le justifient ou le normalisent.

Comprenons que dans la 5ᵉ République, si tu pratiques le Kounabelisme et qu’on ne t’apprécie pas, c’est mauvais, mais si tu es apprécié, ça va, parce que tu ne dois rien à personne.

Les convictions, valeurs et principes au gré du vent mènent souvent à une chute silencieuse et longue.


Je te dis tout

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Le corbeau et la mangeoire

Le vieux roi Hyène, dont le rire résonnait autrefois dans toute la savane, fut chassé du trône par un corbeau rusé et ambitieux. Ce dernier, juché sur une branche au-dessus de la mangeoire royale, proclamait à qui voulait l’entendre : « Finie l’époque des carnassiers voraces ! Désormais, seul celui qui saura honorer ma grandeur goûtera aux délices du royaume. »

Les animaux, médusés, observaient ce drôle de souverain, mais la faim étant un tyran plus redoutable encore, ils s’avancèrent un à un, le bec et le museau pleins d’allégeance.

Le premier fut le Chacal, qui, avec une révérence exagérée, lécha les serres du Corbeau en gloussant : « Ô Majesté, votre plumage surpasse l’ébène, votre bec est plus affûté que l’esprit du Lièvre ! » Séduit par tant de flagornerie, le Corbeau lui offrit une maigre pitance. Aussitôt, tous les autres bêtes s’essayèrent à l’exercice, redoublant d’éloges grotesques. L’Éléphant parla de « plumes divines », la Tortue vanta « l’élégance aérienne » du souverain, et même le Crocodile, pourtant réputé pour son franc-parler, se fendit d’un compliment sur « la noblesse du croassement royal ».

Mais le Singe, moqueur et malin, ne put s’empêcher de ricaner. « Alors c’est ça, la nouvelle loi ? Un festin pour les lèche-plumes et la disette pour les honnêtes ? » Le Corbeau, piqué au vif, lui rétorqua : « Qu’importe la sincérité, seul le respect compte ! » Et pour punir l’effronté, il ordonna qu’on lui retire sa part. Voyant cela, les animaux redoublèrent d’ardeur, s’agenouillant si bas qu’ils en mangeaient la poussière, et le Corbeau, ivre de vanité, en oublia même de manger lui-même.

C’est ainsi que, repu d’adulation mais affamé de bon sens, le Corbeau finit par s’effondrer d’inanition. Le vent, témoin de la scène, siffla doucement dans les branches : « Mieux vaut un roi qui rit qu’un roi qu’on flatte. » Et au loin, la Hyène, éclatant de son rire rauque, savourait son retour inévitable.

Je te dis tout