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Je me sens doublement volé

J’aurais pu écrire cet article plus tôt mais il aurait fallu alors que j’ai une boule de cristal pour voir ce que je ne voulais pas. J’ai été optimiste le 30 août 2023 et je n’ai aucun regret de l’avoir été. Aujourd’hui pourtant, un peu plus d’un an plus tard, c’est le coeur lourd que je me réveille en pensant à ce pays.

Je ne sais pas si vous vous rappelez de la campagne pour les élections présidentielles 2023. Les plaies qui n’avaient jamais été refermées plus béantes que jamais. Le PDG tout puissant et ses alliés qui narguaient un peuple en colère. Des menaces, des injures et parfois même des emprisonnements… Pas de mort cette fois-ci grâce au « coup de Libération » du CTRI. Voilà l’issue heureuse de décennies de gabegies financières, mauvaise gestion (appelée plus couramment détournements) et injustices dont souffraient les Gabonais. Nous étions libérés… DU PDG !!! Du moins c’est ce que nous pensions…

Seulement, l’Histoire ne s’arrête pas là et c’est là tout le problème. Si on remercie le CTRI d’avoir empêché l’accession au pouvoir par la tricherie, bain de sang en supplément, du PDG, comment et surtout pourquoi nous impose-t-il la survie de ce parti ?! Les voir m’a profondément bouleversé. Comme l’impression de voir son violeur dans la rue en train de draguer quelqu’un… Un profond dégoût. Un sentiment d’injustice… de trahison même. Comment peut-on imaginer que ceux qui, pendant tant d’années, ont profité des ressources du pays, des vies brisées et des rêves réduits en poussière, continuent de rôder autour de la scène politique, comme si de rien n’était ? La « Libération » qui nous avait été promise semble n’être qu’une illusion, un leurre bien ficelé pour apaiser temporairement notre colère.

Je me sens piégé dans une boucle sans fin. Une même poignée de personnes revient sans cesse, changeant de visages, de discours, mais portant en eux les mêmes germes d’arrogance et de mépris pour ce peuple qui aspire à vivre dignement. Le masque du « changement » est tombé, et ce que nous voyons aujourd’hui n’est autre qu’une perpétuation du système, maquillé de belles paroles et de promesses en l’air.

Et nous, que faisons-nous ? Nous continuons à espérer, à attendre un vrai changement qui n’arrive pas. Peut-être parce qu’au fond, nous n’avons jamais réellement brisé nos chaînes. Peut-être que le vrai combat, celui qui nous permettrait de nous libérer de cette emprise, reste encore à mener.

Alors oui, je me sens doublement volé. Volé de mon espoir, de ma foi en un avenir meilleur, mais aussi de cette promesse non tenue de voir enfin émerger un Gabon libéré, purgé de ses démons, ses perfides trompeurs.

Je te dis tout

CommunicationGabon

Quand la communication institutionnelle porte atteinte à la démocratie : Le cas du référendum

Ceux qui habitent Libreville là ? Oui, bonjour. Vous avez déjà vu les affiches qui incitent à voter « oui » au référendum, non ? Les autres ? Vous avez vu à la télé, à la radio, les interventions du Président et d’autres « porte-paroles » qui parlent de voter « oui » au prochain référendum alors même que le projet de constitution n’a pas encore été montré au grand public. Il est encore secret et sortira au bon vouloir des autorités.

Pourtant, une grosse campagne de communication institutionnelle s’est déjà mise en place, on nous « encourage » à voter pour un projet dont on n’a pas encore connaissance. Les débats et les conversations dans les bars ont commencé : entre ceux qui prônent le « oui » sans poser de question et les Saint Thomas, les avis ne sont pas les mêmes.

On se demande quand même : pourquoi faire un grand bruit sur du vide ? Qu’en est-il de l’avis de la population ? Ces affiches qu’on ne peut pas rater portent-elles atteinte au semblant de démocratie qu’on a ?

Un projet écran de fumée ?

Un projet écran de fumée, c’est quelque chose qui est lancé pour attirer l’attention et donner une bonne image, mais qui, quand on creuse, manque cruellement de transparence ou de contenu réel. 🤡 En bonne Gabonaise normale, et surtout en tant que responsable communication (en faux), je me suis posée la question. J’ai fait des recherches, j’ai tenté de trouver des cas de campagnes similaires, j’ai questionné ChatGPT, etc. L’objectif ? Savoir comment la communication, dûment utilisée, porte atteinte à la démocratie et, si je veux même déborder, porte atteinte à la liberté d’un individu.

Manipulation de l’opinion publique ?

On ne va pas se mentir, on subit un petit pressing. Genre, le pressing où tu te demandes si c’est normal ce qui se passe. Tu es confus, ton opinion n’est pas forcément claire parce que, vivant à Libreville, tu vois ces affiches partout. Tu n’as même pas le temps de réfléchir à ça que déjà, quand tu te connectes sur TikTok, les gens sont en live pour en débattre. C’est abusé. Tous les vrais/faux leaders d’opinion ont quelque chose à dire. Certains mettent même leurs postes en jeu au nom de la liberté d’expression, d’autres s’invitent dans des plateaux TV ou écrivent des grands mots pour ne (presque) rien dire.

Que dire de tout ça ? Cette communication te donne un sentiment d’urgence, et influence en faux ton esprit. Tu te dis, « S’ils insistent autant et que tout le monde est d’accord, peut-être qu’il faut que je vote oui » ou même « C’est pour notre bien. C’est le changement qu’on attendait ». « Si XXX, quelqu’un que je respecte, milite pour ça, alors je vais voter oui. » Vraiment ?

On appelle ça l’influence. Mais ce n’est pas le niveau de Créol ou Chambre à Louer (même si on va sûrement les appeler aussi). Ça va jouer sur ton désir d’appartenir à un groupe, de t’y identifier parce que vous êtes tous d’accord. Il ne faut pas qu’on te traite d’« ennemi de la transition » parce que tu ne te reconnais pas dans ce propos extrême. Moi, ennemi ? Jamais !

Mais du coup ?

Quand tu lis tout ça, c’est un peu clair. Cette campagne du « Oui » au référendum est biaisée. Elle limite ta capacité à avoir une information complète et objective, ça compromet ton libre arbitre. Elle se concentre sur les émotions, mais pas sur les faits. On nous a sauvé, disons oui.

Du coup, quand tu sais que dans un environnement démocratique il y a la liberté d’expression, la transparence, la participation citoyenne, et l’accès à l’information, tu fais vite le calcul. C’est quand même dangereux pour les pratiques à venir. Même si nous sommes dans un contexte de transition, normaliser ces pratiques ne nous mènera nulle part. Ce sont des pratiques manipulatrices utilisées pour influencer l’opinion publique et atteindre des objectifs politiques qui ne sont pas encore clairs. Si elles sont acceptées, elles deviendront de plus en plus courantes et peuvent avoir un résultat négatif où la manipulation et la tromperie deviennent la norme alors que c’est ça que la majorité souhaite combattre.

D’ailleurs, qui fait les panneaux pour inciter au « oui » au référendum ? C’est avec l’argent de qui qu’ils font ces panneaux-là ? Le contribuable ? Nous ? C’est quand même de la propagande ! On vous aime bien, mais il faut doser un peu. Une invitation à voter lors du référendum, c’est OK, mais aller dire aux gens de voter « oui » alors qu’ils n’ont pas vu le projet qui va définir l’avenir politique du pays, NOOOOOOOON ! À une époque, d’anciens activistes, aujourd’hui Ministres, seraient déjà allés sur TV5 et RFI pour crier au scandale.

Je te dis tout