Étiquette : libreville

DiasporaGabonTourisme

Gratuité du visa touristique : qui a dit ça ?

Je pense que vous avez vu l’information passer comme moi : du 1er juillet au 30 septembre, le visa touristique pour le Gabon est GRATUIT. C’est ce que l’État a mis en place pour promouvoir le tourisme.

J’ai donc testé pour vous et l’administration gabonaise est magnifique.

J’ai fait la demande de e-visa (les services de la DGDI sont ultra top en ligne), j’ai mis comme motif « visite familiale ». À ce moment-là, je me suis posé une question : « est-ce que la visite familiale rend le visa payant ? », ah si je savais…

J’obtiens une réponse et donc le visa en moins de 24h, un samedi (quand c’est bien faut aussi dire) !

Fin des réjouissances.

Quand j’arrive à Libreville, il y a une file pour les visas à faire sur place et les e-visas pour ceux ayant fait en ligne. Je pensais (naïvement) que la demande en ligne allait accélérer le processus, que nenni ! 1h20 d’attente avec un agent qui s’absentait plusieurs minutes pour je ne sais quelles raisons.

Revenons sur le visa. Donc le visa pour visite familiale est payant et plus cher que le prix affiché par l’ambassade du Gabon en France (83 euros au lieu de 70). Je me dis que c’est bête de faire payer le visa familial et rendre le touristique gratuit mais soit, c’est l’administration

Quelques jours plus tard, ma tante arrive à son tour à Libreville avec le fameux e-visa touristique, elle a été contrainte aussi de payer ! Pourquoi ? Les policiers sur place lui ont dit que le visa touristique est gratuit… uniquement s’il est fait à l’arrivée 🙃. L’administration gabonaise dans toute sa splendeur.

Comment le visa peut être gratuit s’il est fait sur place ? Comment le touriste sortirait de son pays sans visa ? Nous savons tous l’agent d’escale peut refuser l’accès à l’avion si le visa ou preuve de demande n’est pas présenté(e). De plus la preuve de demande de visa n’est délivrée que dans les cas de e-visa… Quelle cacophonie

Vu la lenteur des officiers à l’aéroport, du courage à ceux qui feront le visa sur place (si vous arrivez à monter dans l’avion hein…).

Cette décision est quand même le symbole d’une administration qui prend des décisions, les rend publiques sans tout expliquer en détail. Quelle tristesse

Je te dis tout

GabonPolitiqueSociété

Boutcho, des braises à l’impasse : quand la réinsertion se heurte aux interdits

Connu de tous dans le quartier pour un passé tumultueux, Boutcho a longtemps arpenté les rues, un couteau à la main, menaçant les passants. Son casier judiciaire, aussi long que les jambes de Wemby, témoignait d’une vie rythmée par la délinquance. Pourtant, Boutcho a choisi de se repentir. Loin des agressions, il a troqué son couteau de bandit contre un ustensile de boucher, se lançant avec fierté dans la vente de “pain au poulet” et de brochettes de cotis braisés.

Ce commerce de rue, florissant depuis plusieurs mois, n’était pas seulement une source de revenu digne pour Boutcho ; il était aussi devenu un symbole de sécurité dans le quartier, sa présence apaisant les passants et refroidissait les “petits brigands” de la zone sur lesquels il conservait une certaine influence.

La décision subite du Super délégué de Libreville d’interdire la streetFood à partir du 4 juillet 2025, pour des raisons d’hygiène et de salubrité publique, jette une ombre d’incertitude sur l’avenir de nombreux Gabonais dont Boutcho.

L’annonce de l’interdiction de son commerce est un véritable coup de massue. Sans préavis, cette mesure drastique, motivée par une pseudo nécessité d’améliorer l’hygiène et la salubrité publique, menace directement le gagne-pain de dizaines, voire de centaines de personnes vivant à Libreville. Pour Boutcho, dont le niveau scolaire ne permet pas une réorientation facile et dont la fierté lui interdit un retour sur les bancs de l’école, cette décision sonne comme une impasse.

La situation de Boutcho n’est malheureusement pas isolée. Au Gabon, nombreux sont ceux qui, en attente d’un “miracle” de la fonction publique ou d’un appel d’une entreprise privée, se sont tournés vers la street food comme unique moyen de subsistance. Que vont devenir ces travailleurs informels ?

Le désespoir pourrait-il le pousser à renoncer à sa réinsertion et à retourner dans la rue pour agresser les gens, annulant des années d’efforts ?
L’État a-t-il prévu des mesures d’accompagnement pour ces personnes qui se retrouvent du jour au lendemain sans revenu ? L’absence apparente de solutions de reconversion, d’aides ou de cadres légaux pour formaliser et assainir ces commerces laisse un vide inquiétant.

Si l’hygiène et la salubrité sont des préoccupations légitimes, la brutalité de cette décision sans préavis interroge sur les motivations profondes. S’agit-il d’une volonté de moderniser l’image de la capitale, d’une réponse à des pressions foncières, d’un acte purement xénophobe (une bonne partie de ce business est pratiquée par des ressortissants étrangers) ou simplement d’un manque de moyens pour encadrer plutôt qu’interdire ? Une chose est certaine : en coupant ainsi les ponts avec l’économie informelle sans proposer de voie de sortie, les autorités risquent de créer une crise sociale majeure, allant à l’encontre des objectifs de développement et de cohésion sociale.

La situation de Boutcho et de ses pairs met en lumière l’urgence d’une approche plus nuancée, où la régulation et l’accompagnement remplacent l’interdiction pure et simple, garantissant ainsi la dignité et la survie de ceux qui, malgré les obstacles, tentent de gagner honnêtement leur vie.

Je te dis tout

DigitalGabonOpinionSociété

Gabon : Pourquoi nos administrations doivent passer à l’ère numérique (pour de vrai)

Un clic. Un dossier. Un suivi clair.
Ce n’est pas un rêve futuriste, c’est juste… normal, ailleurs.

Quand je travaillais à Dakar dans un centre d’appel pour une entreprise française, je n’avais jamais mis les pieds en France. Pourtant, je pouvais dire à n’importe quel client où en était son dossier, sa commande ou sa réclamation. Pourquoi ? Parce qu’il y avait une procédure numérique.
Un système clair, centralisé, consultable. Avec des étapes précises, des délais définis et surtout, un suivi transparent.

Et ça rassurait. Le client savait que sa plainte était entre de bonnes mains. Il pouvait voir l’évolution. Et de notre côté, on était formés, outillés, et efficaces.
Bref : tout le monde gagnait du temps… et de la confiance.

Maintenant, remettons les pieds à Libreville.
On te dit : « Vous serez contactés dans 3 jours ouvrés ».
Résultat ? Trois mois plus tard, toujours rien. Et parfois, on te dit, avec une sérénité olympique : « Ah, on a perdu votre dossier. Revenez déposer ça en physique ».

EN PHYSIQUE ?

En 2025. À l’ère des applications, des QR codes, du télétravail, du cloud et de l’intelligence artificielle.
Comme si la modernité était un privilège pour ceux qui vivent “ailleurs”. Comme si digitaliser les services publics, c’était encore considéré ici comme un “bonus” et non une nécessité de base.

Et le plus grave ? Ce ne sont pas juste des retards.
Ce sont des vies entières qu’on suspend :

  • Un remboursement attendu,
  • Une bourse qui n’arrive jamais,
  • Une aide sociale évaporée,
  • Une pension oubliée quelque part dans un tiroir fermé à clé.

ET AILLEURS ?

Mon grand frère vit au Canada. Il m’a raconté que quand il y a une coupure d’eau ou d’électricité, il peut suivre l’évolution en ligne :

  • Zone impactée,
  • Cause de la panne,
  • Temps estimé de retour à la normale.

Pas besoin d’appeler cinq numéros.
Pas besoin de supplier une standardiste.
Pas besoin de deviner si le problème vient de chez toi ou si c’est tout le quartier, pas besoin d’attendre le communiqué de la SEEG qui te dira quel animal a rongé le câble ou qu’une nouvelle enquête pour sabotage a été ouverte.
L’info est là, accessible, mise à jour.

Ici ? Même un simple communiqué de la SEEG, c’est devenu une épreuve.
Et quand il finit par sortir, c’est souvent un fichier PDF sec comme une coupure de 72h, sans véritables détails, avec des excuses toutes faites.

Ce n’est pas qu’un problème technique. C’est une question de mentalité.

Mais au fond, a-t-on seulement le souci de fournir un bon service dans certaines administrations ?
Le souci de voir un administré sortir satisfait, content d’avoir suivi une procédure fluide, sans stress, sans piston, sans avoir glissé un “petit quelque chose” à un agent pour “faire avancer le dossier” ?

Ici, on remercie rarement l’administration pour son efficacité.
On remercie plutôt “tonton au ministère” ou “la dame qui a accepté le Coca”.
Et comment veut-on améliorer ce qu’on ne mesure même pas ?
Sans indicateurs, sans suivi, sans envie de savoir si les gens sont bien servis ?
La vérité, c’est que dans bien des cas, les agents eux-mêmes ne connaissent pas les processus, ou bien chaque agent a “sa méthode maison”, transmise oralement comme une vieille recette de famille.
Résultat : tout repose sur l’humeur du jour… et la chance.

Tant qu’on continuera à improviser au lieu de formaliser, on restera bloqués dans des logiques d’un autre siècle.
Tant qu’on pensera que “digitaliser” c’est juste “ouvrir une page Facebook” ou faire un site qu’on ne met jamais à jour, on passera à côté de l’essentiel.

Alors qu’en vrai, pour commencer à faire mieux, il ne faut même pas des budgets gigantesques (je ne dis pas aussi que c’est 10.000 FCFA, la qualité a un prix).
Juste du sérieux et un peu de bon sens.

Cinq choses simples, faisables demain matin :

1. Un numéro de dossier unique
Donné automatiquement à chaque démarche, pour un suivi traçable.

2. Une plateforme ou un tableau de bord minimal
Même une page web ou une appli basique suffit pour informer les citoyens de l’état d’avancement de leurs demandes.

3. Des délais clairs, visibles et respectés
Si tu dis “7 jours ouvrés”, alors c’est 7. Pas 73.

4. Des notifications automatiques
SMS, e-mail, WhatsApp : peu importe.
Mais qu’on t’informe à chaque étape du traitement.
Parce que “pas de nouvelles” ne doit plus être une méthode.
(Ici c’est quand il y a les grands meetings que tu reçois des messages de numéros inconnus et tu te demandes comment ils ont eu ton numéro.)

5. Un manuel de procédures standardisé dans chaque service
Fini les “venez lundi voir Madame”, “revenez mercredi voir Monsieur”.
Ce n’est pas une chasse au trésor et en vrai on n’a pas que ça à foutre à courir derrière les gens. On a aussi des boulots.

Ce n’est pas une affaire de numérique. C’est une affaire de respect.

Digitaliser, c’est permettre à quelqu’un d’avoir des réponses sans supplier.
C’est prouver que son temps, son argent, ses efforts, ont de la valeur.
C’est envoyer le message que l’État est organisé, qu’il suit, qu’il écoute.

Parce qu’à force de maltraiter les citoyens par des procédures brumeuses, on crée du rejet, de la frustration, du désengagement.
Et pire : de la résignation.

Et si on veut vraiment parler d’émergence, de performance, d’innovation, de restauration des institutions et de redonner la dignité aux Gabonais…
Alors il faut commencer par ne plus perdre les dossiers.

Je te dis tout

GabonOpinionSociété

L’offre éducative au Gabon : un pays, plusieurs vitesses

Les chiffres datent de 2021, mais ils parlent encore très fort aujourd’hui. Ils dessinent une carte déséquilibrée, où l’accès à l’éducation varie selon la province. Et dans cette répartition inégale, un constat s’impose : le Grand Libreville concentre l’essentiel.

De la crèche au lycée, tout est centralisé

  • Sur les 320 crèches/garderies recensées au Gabon, 193 sont situées dans le Grand Libreville (G1). Soit plus de 60 %.
  • Même déséquilibre au pré-primaire : sur 1488 établissements, 726 sont à G1.
  • Au primaire, même logique : sur 1915 écoles, 745 sont encore dans G1.

Et ce n’est pas mieux au secondaire :

  • Sur les 349 établissements d’enseignement général, 158 sont concentrés à G1.
  • À lui seul, ce chiffre dépasse la somme des établissements du Haut-Ogooué (44), de l’Ogooué-Maritime (38) et du Woleu-Ntem (33) réunis.

En secondaire technique, même tableau :

  • 9 sur les 25 établissements sont dans G1,
  • 6 autres dans G2.
    Ce qui laisse les autres provinces dans une quasi-absence d’offre technique publique.

Et ailleurs ?

Certaines provinces accusent un retard flagrant :

  • Ogooué-Ivindo : 10 lycées d’enseignement général
  • Ogooué-Lolo et Nyanga : 12 chacun

Cela signifie que dans certaines zones du pays, un enfant a plus de chances de ne pas pouvoir poursuivre une scolarité normale, faute d’infrastructures.
Moins d’écoles = plus de distances à parcourir, plus de découragements, plus d’abandons.

Un déséquilibre qui se creuse dès le départ

Autre observation importante : l’essentiel des établissements est privé. Exemple :

  • Sur les 320 crèches, seules 33 sont publiques
  • Au pré-primaire, à peine 30 % des établissements sont publics
  • Au secondaire général, 106 sur 349 sont publics, soit moins d’un tiers

Ce qui pose une vraie question d’équité : que devient un enfant dont la famille ne peut pas payer une école privée ?

Conclusion ?

Parler d’égalité des chances au Gabon sans parler de répartition de l’offre éducative, c’est de la poudre aux yeux.
Tant que l’on concentrera les infrastructures dans une seule zone géographique, tant que certaines provinces resteront les oubliées de la République, les inégalités resteront structurelles, profondes, durables.

Je te dis tout

GabonLibrevilleLogementOpinion

« Expulsez-les d’abord, on verra après »

Entre urgence et mépris de classe, le gouvernement gabonais n’a jamais pris le temps de faire les choses correctement. L’opération « Retour de la dignité » ? Un échec, mon Général.

S’il y a bien une constante au Gabon, ce sont les méthodes. Gouverner en brutalisant, mépriser les plus précaires, les frapper sans prévenir… On connaît. Et après le PDG, rien n’a changé : les hommes sont restés les mêmes, seule la chorégraphie est différente.

Depuis quelques jours, c’est un spectacle accablant qui se joue dans certains quartiers de Libreville. Des centaines de familles, leurs affaires entassées dehors, attendent de pouvoir rejoindre un parent compatissant — pour les plus chanceux. Les autres ? Rien. Pas d’aide. Pas de solution. Parce qu’une fois de plus, l’État a agi dans l’urgence, en niant les besoins les plus élémentaires de ses citoyens. Se loger, c’est quand même la base.

Ce déguerpissement, censé « assainir » la capitale, aurait pu être défendable si les méthodes ne rappelaient pas celles d’un État profondément irrespectueux du bien-être de ses propres administrés. On aurait pu commencer par indemniser, reloger, dialoguer. Ça a été fait pour certains. Mais pour d’autres, rien. Le néant.

Soyons justes : il y a eu des tentatives de respecter les procédures. Des courriers, des réunions, des délais. Mais la réalité, c’est que de nombreux bailleurs — qui devraient être poursuivis — n’ont pas pris la peine d’en informer leurs locataires. Pourtant, en tant que propriétaires, ils ont l’obligation d’annoncer ce genre de contrainte. Quand on vit dans un État de droit…

Entre ces bailleurs indélicats et les oubliés du Ministère, on compte aujourd’hui plusieurs vies littéralement en danger. Disons les termes : c’est de la précarisation programmée à ce stade. Où iront donc toutes ces familles ? Même celles qui ont été indemnisées doivent aujourd’hui se reloger dans un Libreville où les prix de location explosent. Où sont les logements sociaux tant attendus ? N’aurait-on pas pu, justement, attendre encore un peu que ces infrastructures voient le jour avant de vider des quartiers entiers ?

Cette stratégie qui consiste à faire sans réfléchir, sans prévoir, doit cesser. Le mandat du président actuel est de sept ans. Sept ans, c’est peu. Mais c’est assez pour changer de méthode. C’est assez pour prendre le temps. Pour mener des études sérieuses. Pour anticiper les besoins. Et parfois, ces études sont déjà des actions, car elles posent les bases concrètes d’un développement durable. L’épanouissement du Gabonais passe aussi par là : par la planification, la rigueur, et le respect.

Mais voilà : on préfère faire semblant. Expulser d’abord. Voir après. Et tant pis si, entre deux camions de déménagement, des familles s’effondrent.

Je te dis tout

CommunicationGabonJusticeOpinionPolitique

Bongo, libération surprise : pourquoi les Gabonais doivent-ils l’apprendre par l’Angola ?

Il aura donc fallu attendre… une page Facebook étrangère. Oui, c’est par le canal officiel de la présidence angolaise que les Gabonais ont appris ce vendredi matin que Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo Ondimba et leur fils Noureddin Valentin se trouvent désormais en Angola. Pas par un communiqué de notre gouvernement. Pas par une allocution du ministre de la Justice ou du porte-parole. Mais par un post étranger, en portugais, à 9h du matin.

Avant cela, il y a quelques jours à peine, Gabonreview annonçait que Sylvia et Noureddin avaient quitté la prison pour une résidence surveillée. Une information qui a enflammé les réseaux, créé la polémique, et suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique. Le quotidien L’Union, rarement aussi prompt à réagir, s’était même fendu d’un démenti officiel. Mais aujourd’hui ? Silence radio. Pourtant, les faits sont là, et les images aussi.

Pendant que le monde découvre avec surprise cette triple “libération”, nos autorités regardent ailleurs. Aucune confirmation. Aucune explication. Aucun mot sur ce qu’il s’est passé. On aurait pourtant cru qu’un départ aussi sensible, concernant des figures centrales d’un dossier emblématique de la lutte contre la corruption, méritait un minimum de clarté. Mais non.

Doit-on comprendre que l’affaire est close ? Qu’ils ne seront plus jugés ? Et qu’en est-il des autres détenus, eux aussi interpellés dans la même affaire, qui croupissent encore en prison ? Pourquoi ce traitement différencié ? Pourquoi ce mutisme organisé ? Pourquoi cette impression d’un deal passé dans le dos des citoyens ?

L’indignation est totale. Non seulement parce que des personnes accusées de détournement massif de fonds publics ont été discrètement “réinsérées”, mais surtout parce que les Gabonais l’ont appris par une source étrangère. Il n’y a pas pire mépris, pas plus grand affront pour un peuple qui aspire à la vérité, à la justice, et à un peu de considération.

Ce silence est une faute. Une faute politique. Une faute morale. Une insulte à la transparence que cette transition prétendait incarner.

Je te dis tout

GabonOpinionPrésidentielles2025Société

Les “bœufs votants” reprennent du service !

La campagne présidentielle est lancée, et avec elle, une tradition aussi vieille que les promesses non tenues : le retour triomphal des “bœufs votants”. Ces électeurs professionnels, capables d’acclamer un candidat le matin et son adversaire l’après-midi, sont de nouveau sur le terrain, prêts à jouer leur rôle dans le grand cirque électoral.

Le scénario est bien huilé. Des bus réquisitionnés, des minibus bondés, des foules déversées sur les lieux de meetings où elles feignent une ferveur débordante. On applaudit, on danse, on scande des slogans à s’en casser la voix. Et demain ? Même scénario, autre candidat. Parce qu’au fond, peu importe qui parle, du moment que les billets tombent et que les sandwiches sont bien garnis.

Cette mascarade donne lieu à des situations cocasses. Certains “militants” zélés enchaînent les meetings jusqu’à l’épuisement, oubliant parfois pour qui ils étaient censés manifester la veille. D’autres, moins discrets, n’hésitent pas à arborer des t-shirts de différents partis, parfois en superposition, prêts à les retourner au gré des besoins.

Et bien sûr, les organisateurs de meetings rivalisent d’ingéniosité pour attirer ces soldats de la figuration. Billets de banque glissés à la va-vite, sacs de riz promis pour les plus fidèles, voire, pour les “VIP” de la manipulation électorale, un petit poste de conseiller décoratif après la victoire.

Le problème, c’est que cette agitation cache un vide abyssal. Quand on gratte un peu, on se rend compte que ces rassemblements ne sont pas le reflet d’un engouement populaire, mais plutôt d’une industrie de la mobilisation financée à coup de billets et de promesses en carton. La démocratie ? Elle attend sagement son tour, coincée entre deux meetings et un chargement de tee-shirts flambant neufs.

Alors, que restera-t-il après la fête ? Une montagne de casquettes abandonnées, des affiches arrachées et une population qui, elle, continuera de subir les conséquences des choix qu’elle n’aura pas réellement faits. Mais d’ici là, que le spectacle continue ! Et surtout, n’oubliez pas : aujourd’hui, on crie pour un tel, demain pour un autre. L’important, c’est que le bus soit à l’heure.

L’objectif c’est c’est d’avoir le “gombo” de la campagne. On doit manger à toutes les tables, on en oublie même que c’est l’avenir de notre pays et le nôtre qui sont en jeu. POUR VOUS QUOI ? MAKAYA !!!

Je te dis tout

CommunicationDigitalGabonOpinion

Chroniques d’un optimiste en voie d’extinction

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai essayé pourtant. Je me suis installé, carnet en main, prêt à chanter les louanges de mon beau pays. J’ai commencé par l’électricité, mais au moment où j’écrivais “nous avançons vers une stabilité énergétique“, le courant a sauté. Silence total. J’ai attendu, le ventilo s’est arrêté, la chaleur s’est installée. Trois heures plus tard, toujours rien. Un voisin a crié “Mettez nous même les groupes, allumez !” et j’ai compris qu’il fallait abandonner l’idée d’un pays électrifié en continu. J’ai griffonné dans mon carnet : Nous sommes passés de l’énergie renouvelable à l’énergie intermittente. C’est une transition écologique… forcée.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des opportunités pour les jeunes. À la télé, on nous dit que le chômage baisse, que l’économie se porte mieux, que les entreprises recrutent. Puis, j’ai croisé mon cousin, master en poche, qui fait des livraisons à moto. “Faut bien manger, hein !” m’a-t-il lancé avant de repartir sous la pluie, casque à moitié cassé. J’ai aussi pensé à mon ami qui a envoyé 100 CV et n’a reçu que des refus polis, ou pire, un silence radio. Alors j’ai noté : Les jeunes ont des diplômes, des compétences et de l’ambition. Il ne leur manque plus qu’une chose : un pays qui leur donne leur chance.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la santé. Je suis allé à l’hôpital. À l’entrée, des files d’attente interminables. J’ai vu une femme enceinte attendre des heures, un vieil homme allongé sur un banc, faute de lit disponible. La pharmacie n’avait plus les médicaments nécessaires, mais “on peut vous aider si vous avez quelqu’un en ville pour les acheter en pharmacie privée“. Et si t’es fauché, que tu crèves en silence ? J’ai noté : On dit que la santé n’a pas de prix… Mais ici, elle a un coût, et tout le monde ne peut pas se l’offrir.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de l’amour. Mais le goumin m’a rattrapé. Elle est partie. Pourquoi ? “Tu n’as pas de projet”, “Les temps sont durs”, “Un homme doit être stable“. J’ai repensé aux loyers exorbitants des faux agents immobiliers qui réclament leur fameux “100% de commission” avant même que tu signes un bail. J’ai aussi pensé à l’inflation, au prix du poisson qui a triplé, aux légumes qui coûtent une fortune, et aux “commérages financiers” dans les couples. J’ai écrit : L’amour, c’est beau. Mais sans argent, c’est juste une relation d’amitié avec des obligations.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des routes. Puis j’ai pris un taxi et me suis retrouvé coincé dans un embouteillage monstre. Pourquoi ? Parce qu’une autorité a décidé de bloquer une route pour son passage. On voit arriver des motards sifflant comme des policiers en plein marathon, des agents de sécurité nerveux, et une file de voitures climatisées roulant à toute vitesse pendant que nous, pauvres mortels, transpirons sous un soleil impitoyable. J’ai noté : Ici, les routes sont à tout le monde. Mais certains sont plus “tout le monde” que d’autres.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la liberté d’expression. Puis j’ai vu un gars critiquer une situation sur Facebook. Deux jours plus tard, il était porté disparu. On apprend plus tard qu’il “collabore avec la justice“. En clair, il est au ngata. J’ai effacé ce que je voulais écrire et noté : Ici, la liberté d’expression est un mythe. Si tu veux parler, assure-toi d’avoir un bon avocat.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

Alors, peut-être qu’un jour, je pourrai enfin écrire un article joyeux. Peut-être qu’un jour, mon stylo tracera des lignes où l’espoir ne sera pas une blague. Peut-être qu’un jour, je cesserai d’avoir l’impression d’écrire un recueil de plaintes.

Mais pour l’instant, la lumière vient de s’éteindre. Le réservoir d’eau est vide. Mon cousin cherche un autre boulot. Une femme a encore été tuée.

Et moi, je me demande si l’optimisme n’est pas un sport extrême réservé aux inconscients.

Je te dis tout

GabonOpinion

La gare-routière, ce calvaire pour les femmes!

Je vous vois déjà venir avec vos discours disant que les hommes y sont malmenés aussi . Je sais. Mais je ne peux malheureusement pas parler à la place des concernés, je ne parle que de ce que je connais, mais libérez la parole ,on vous suivra.

La gare-routière ,ce lieu de vente et d’échange en tout genre, était l’une de mes destinations préférées une fois que j’avais touché un petit billet ,me permettant d’acheter de nouvelles choses . Un jean pour two colos, un teeshirt à colo faf’ ,c’était vraiment la référence en matière de friperie. Sauf que désormais, on est de moins en moins à y aller,pourquoi?


Les agressions sexuelles ne sont plus normalisées dans cette génération et nous avons décidé de nous protéger .

Ça pourrait paraître anodin mais 8 femmes sur 10 au Gabon pourraient raconter une agression vécu dans ce lieu ,sous le regard de tout le monde, ces gens qui, pour eux ,n’assistent qu’à une scène normale, comme tout autre ,« C’est la gare routière, c’est comme ça! ».

Pour rappel, L’agression sexuelle est un acte sexuel, sans pénétration, imposé par une personne à une autre personne. Cette infraction, acte interdit par la loi et puni d’une sanction pénale.

Aujourd’hui, les femmes réfléchissent à comment mieux s’habiller pour y aller et ne pas être dérangée. Elles portent des robes kaba, des tenues oversize, des tenues les masculinisant très souvent pour passer sous le radar des agresseurs, qui sont ,Les vendeurs. Personne n’aimerait rentrer chez soi, avec la torture psychologique d’avoir reçu plusieurs mains sur les fesses ,des insultes et de la violence.

Ce lieu crée de l’anxiété. Alors, non ,ce n’est pas normal ce que tu as vécu ,et on devrait commencer à dénoncer et porter plainte ,car nous avons le droit de dire stop .

Je te dis tout

GabonOpinionPort-Gentil

Le Référendum : Un Droit pour Tous, sauf pour ceux de l’Intérieur du pays ?

À l’approche du référendum, le Ministère de l’Intérieur a bien déployé les moyens pour garantir aux citoyens la possibilité de voter. En effet, à Libreville, l’effervescence est au rendez-vous. Des numéros de téléphone, des équipes

À l’approche du référendum, le Ministère de l’Intérieur a bien déployé les moyens pour garantir aux citoyens la possibilité de voter. En effet, à Libreville, l’effervescence est au rendez-vous. Des numéros de téléphone, des équipes dédiées, et même le stade d’Angondjé mis à disposition pour faciliter le changement de bureau de vote.

Une organisation presque digne du grand événement que nous allons vivre. Mais alors, pourquoi ce déploiement impressionnant de moyens semble-t-il s’arrêter aux frontières de la capitale ?

Pourtant, le discours officiel est clair : Hermann Immongault, Ministre de l’Intérieur, invite les électeurs éloignés, en particulier ceux enregistrés dans des zones difficiles d’accès, à « se faire connaître aux équipes du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité sur le site du Stade d’Angondjé. » Alors quoi ? Le Ministère de l’Intérieur n’a-t-il d’yeux que pour Libreville ? Serait-il le “Ministère de l’Estuaire” ? Il semble que les Gabonais des autres villes et provinces, de Port-Gentil à Bitam, n’aient pas le même accès aux solutions pratiques pour pouvoir voter sereinement.

En effet, comme l’a relevé une twitto, « J’ai regardé les communications du ministère de l’intérieur, ils ont fait une opération spéciale à Libreville pour ceux qui ont voté en province en 2023. Mais pas dans le sens inverse, sauf si j’ai raté l’info. » Une remarque qui révèle le paradoxe de la situation : le ministère aurait donc pensé aux électeurs originaires des provinces qui résident dans la capitale, mais pas à l’inverse. Que doivent faire ces citoyens déplacés dans d’autres régions et sans moyens de rejoindre Libreville ? Accomplir leur devoir civique semble relever d’une épreuve de force, là où d’autres n’ont qu’à tendre la main.

La démocratie se construit sur un principe d’équité : chaque voix compte, indépendamment de l’endroit où elle se trouve. Mettre les moyens à disposition d’une seule ville et négliger les autres, c’est ignorer le sens même du mot “république”. Que vaut un référendum si certains citoyens sont indirectement empêchés d’y participer ? À quoi bon ce battage médiatique si, au final, on ne donne pas à chacun la possibilité de se faire entendre ?

Il est encore temps que les responsables prennent conscience que le Gabon ne se limite pas à Libreville et que le devoir citoyen s’accompagne d’un droit citoyen.

Je te dis tout