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Cinquième République – Une perfidie historique

Tous mes efforts pour comprendre les événements de la nuit du 29 au 30 août 2023 ont été
vains. Le silence est de rigueur ; personne ne veut parler de ces événements qui ont bouleversé
le destin du Gabon, petit pays d’Afrique centrale. Ni les officiers de la Garde républicaine, ni les
hauts fonctionnaires ne veulent témoigner. Tous semblent terrifiés.

La postérité sera-t-elle clémente envers M. Brice Clotaire Oligui Nguema ?

Une question me taraude : si les élections présidentielles de 2023 ont été truquées en faveur d’Ali Bongo Ondimba, comment le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a-t-il pu intervenir, alors qu’il n’était pas candidat ? Cette question a-t-elle jamais intrigué les Gabonais ?

Idéalement, si les élections étaient déclarées truquées, le principal rival d’Ali Bongo, Albert Ondo Ossa, aurait dû être déclaré vainqueur. Ce n’est pas arrivé. Pourquoi ? Peut-être que les réponses se trouvent dans les mémoires du président Brice Clotaire Oligui Nguema. En attendant, revenons sur les événements du régime CTRI, qui auront un impact durable sur le Gabon.

Premier événement majeur, selon les médias : des troubles importants à Nkok, où des travailleurs ont failli se révolter contre des entreprises, principalement détenues par des Indiens. Un sentiment anti-indien (et non anti-Inde) s’est propagé rapidement à Libreville. Le CTRI a instauré la terreur contre les cadres de ces entreprises : certains ont été arrêtés arbitrairement, d’autres persécutés. La plupart des dirigeants d’entreprises ont fui vers les pays voisins. Fin septembre 2023, un homme d’affaires indien, responsable des investissements indiens au Gabon, a rencontré le successeur d’Ali Bongo. Après cet entretien, l’exode des Indiens a commencé, et fin octobre, la plupart des Indiens vivant à Libreville depuis 7 à 8 ans avaient quitté le Gabon.

Une vague de xénophobie toxique a balayé Libreville et a finalement triomphé. Cette situation trouve son origine dans la présence d’un magnat indien des affaires, propriétaire de grandes entreprises au Gabon, qui était un proche collaborateur d’Ali Bongo et exerçait une influence considérable au sein du régime. Les troubles à Nkok visaient à réduire au silence ce magnat, non seulement très riche, mais aussi un partenaire important d’Ali Bongo et de son fils dans divers projets commerciaux.

Cela a eu un impact négatif à long terme sur le climat des affaires. En raison des troubles politiques, les exportations minières ont été gravement affectées, ce qui s’est reflété dans la collecte des recettes et le paiement des impôts les mois suivants.

Par la suite, une nouvelle attaque a visé la SEEG, société responsable de la distribution d’eau et d’électricité. Le CTRI a ordonné un audit des comptes de la SEEG, une mesure populiste visant à plaire à la population.

Autre développement important : l’OMP a nommé un Gabonais comme directeur général et un autre comme directeur général adjoint d’une société minière.

Après le coup d’État du 30 août 2023 et la proclamation de la Cinquième République, un dialogue national a été organisé pour rédiger une nouvelle constitution. Celle-ci a été adoptée par référendum avec une large majorité.

Les investisseurs étrangers ont été inquiets, notamment Eramet et Comilog, après l’attaque contre le magnat indien. La SETRAG a également été visée par le CTRI, ce qui a suscité l’inquiétude à Paris.

Le CTRI a poursuivi sa politique populiste avec la nationalisation d’Assala et de la SNBG, présentée comme un acte de souveraineté économique.

Enfin, une rumeur circulait selon laquelle la CEMAC mettrait la pression sur le Gabon pour dévaluer sa monnaie en décembre 2024.

Après le 12 avril 2025, un magnat indien fut officiellement invité à la cérémonie d’investiture du nouveau président du Gabon, et il y assista. La première semaine de juin 2025, une délégation de haut niveau de la Banque africaine d’export-import (Afreximbank) rencontra le nouveau président du Gabon.

Puis, le 27 juin 2025, un accord fut signé à Abuja entre l’Afreximbank et la République gabonaise, promettant un financement important.

Le 30 mai 2025, un coup de tonnerre dans le monde des affaires : l’interdiction des exportations de minerai de manganèse brut à partir du 1er janvier 2029.

Lors de son entrée en fonction, le nouveau président a nommé M. Oyima ministre de l’Économie et de la Participation. Oyima est aussi directeur général de la BGFI, l’une des plus grandes banques du Gabon.

Récemment, le gouvernement gabonais a imposé que tous les directeurs généraux des banques privées soient de nationalité gabonaise.

Tous ces événements ont un impact considérable sur le Gabon. La Cinquième République a trahi les espoirs des Gabonais.

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”Nationalisation” ou ”Gabon d’abord” ?

Avant de plonger dans le cœur de notre analyse, faisons un bref retour sur l’histoire du terme aujourd’hui au centre des débats : nationalisation.

Ce mot est lié à une figure historique : le Général Nasser, en Égypte, en 1956. À l’époque, le canal de Suez, vital pour le commerce mondial, était contrôlé par les puissances occidentales (Anglais et Français). Considérant l’impact direct sur la souveraineté économique et sociale de son pays, Nasser décida de reprendre ce canal des mains étrangères. Cet acte fort, au-delà de son enjeu économique, restaura la dignité et la souveraineté nationale de l’Égypte.

Partant de cet exemple de l’histoire, posons la question : ”Nationalisation” ou ”Gabon d’abord” ? Lequel correspond le mieux au contexte gabonais ? Et pourquoi ?

Le contexte actuel du Gabon laisse à désirer, principalement en raison du comportement de ses dirigeants.

La volonté de ”nationaliser” émane surtout de la classe moyenne, ignorée par les autorités, qui lutte pour survivre dans un pays où la réussite repose souvent sur le nom ou l’appartenance familiale. Cette classe possède pourtant les compétences et la motivation pour contribuer au développement national, mais ses espoirs sont régulièrement brisés par l’inaction ou l’indifférence des dirigeants.

Cette aspiration à la nationalisation ne vient pas d’une volonté collective alliant population et dirigeants, mais uniquement du peuple, lassé de voir de nombreux secteurs économiques occupés par des intérêts étrangers.

Les faits montrent que les dirigeants ne partagent pas l’élan de souveraineté porté par leur peuple. Après la grouille populaire qui s’est passée notamment, le cas de Lambaréné, leur réponse s’est limitée à un discours lu, sans mesures concrètes pour traduire cette volonté en actes. Or, la véritable nationalisation exige bien plus que des mots : elle demande des décisions fermes, des actions courageuses et, si nécessaire, des sanctions.

Pourquoi, alors, ce refus d’accompagner la population dans cette démarche ?

Raisons possibles de l’inaction :

  • Calcul économique : Les bénéfices tirés de la présence d’étrangers dans certains secteurs seraient jugés plus importants que ceux générés par les nationaux.
  • Tolérance intéressée aux infractions : Les étrangers sont souvent disposés à payer cher pour exercer en paix, ce qui alimente des recettes douanières et fiscales élevées, ainsi motivent les autorités à ériger un grand nombre de contrôles.
  • Source de revenus : Qu’ils soient en situation régulière ou non, les étrangers constituent pour certaines administrations une manne financière précieuse, renforçant leur autonomie financière.
  • Manque de confiance dans la population : Les dirigeants doutent de la capacité des Gabonais à s`investir sérieusement et durablement dans le développement d’activités locales.

Au vu de ces éléments, nous comprenons que le texte officiel lu par les autorités vise juste à apaiser le climat social et non à engager une véritable nationalisation. Ce comportement des autorités contribue beaucoup à l’inactivé des Gabonais, en freinant l’initiative nationale et maintient ces derniers dans une position défavorable face aux étrangers.

Dans ce contexte, le mot “nationalisation” paraît inadapté. Le slogan “Gabon d’abord” semble plus pertinent.

Un slogan plus réaliste : “Gabon d’abord”

Il s`agit de privilégier les compétences, les produits et les talents nationaux tout en encadrant l’apport étranger, par exemple, en fixant un ratio de 70 % de nationaux pour 30 % d’étrangers dans les différents secteurs.

Ce mode de fonctionnement pourrait satisfaire les deux parties: les dirigeants y rouveraient leur intérêt financier, et la population, sa souveraineté économique.

Mesures à adopter pour “‘Gabon d’abord”

Fiscalité avantageuse pour les nationaux : instaurer un régime fiscal plus léger que celui des étrangers afin de permettre aux entreprises locales d’éclore et de proposer des produits à des prix compétitifs.

Professionnalisation des secteurs clés (commerce, transport, etc.) : reconnaître ces activités comme des métiers à part entière, encourager la spécialisation et limiter les passages d’un secteur à un autre.

Controle strict de limmigration : revoir les conditions d’entrée sur le territoire pour prévenir l’insécurité et l’occupation excessive de certains secteurs.

Réforme financière : mettre en place des règles solides pour limiter le rapatriement massif des capitaux vers l’étranger.

En résumé, la nationalisation au sens strict suppose une volonté politique forte, ce qui, pour l’instant, fait défaut au Gabon. “Gabon d’abord”, en revanche, est un cap stratégique atteignable, conciliant les intérêts des dirigeants et Ceux du peuple.

L’économiste I.J.B

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Gabon Depuis le 30 août 2023……..Une Saga

Dans quelques semaines, le Gabon fêtera deux ans d’un nouveau régime, connu auparavant sous le nom de CTRI, dirigé par Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, ancien officier et chef de la sécurité présidentielle du Gabon. Il a la distinction douteuse d’être un cousin du président Ali Bongo Ondimba.

Ici, sera évalué l’état des affaires du Gabon, depuis que Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris les rênes du pays.

Une partie de la population gabonaise a salué le nouveau régime politique qui a insufflé au Gabon un vent de nouveauté, le 30 août 2023, après avoir connu un régime vieillissant, sénile, fragile et incompétent dirigé par le président Ali Bongo. La population s’est réjouie de cette prise de pouvoir par la famille Bongo. Lassé du règne de la famille Bongo, le peuple aspirait au changement. Le changement est-il vraiment arrivé ?

D’un côté, le peuple accueille le nouveau président comme un fils du pays. Le président Ali Bongo était lui aussi un fils du pays, techniquement, mais la plupart des Gabonais ont accueilli ce changement avec enthousiasme.

Comme par hasard, le nouveau président s’est concentré sur la consolidation de sa position en conservant sa lassitude militaire et en se concentrant sur les questions qui intéressent immédiatement les Gabonais. Tous ceux qui étaient étroitement liés à l’ancien régime ont été diabolisés un à un. Cependant, certains proches du régime précédent, soutenus par le nouveau régime, ont du jour au lendemain relégué leurs allégeances respectives au profit du nouveau régime afin de conserver leur hégémonie sur les postes importants de la bureaucratie et des ministères. Les chefs d’entreprise et les commerçants sont également inclus dans cette catégorie de « loyauté déplacée ».

Le gouvernement s’est lancé dans une frénésie d’emprunts inconsidérés, inaugurant fréquemment des projets qui ont suscité l’intérêt des Gabonais. Des projets ont été inaugurés, des photos de visages souriants ont été prises, des réunions prestigieuses avec des capitaines d’industrie ont eu lieu, et des médias complaisants ont fait grand bruit. Globalement, l’impression a été donnée que le Messie était descendu sur le sol gabonais pour libérer les Gabonais de leurs malheurs.

Pendant ce temps, les médias ont été instrumentalisés pour diffuser de la propagande, à l’exception d’une partie qui, n’osant critiquer le nouveau Messie, a continué à présenter des faits inquiétants concernant le bien-être de l’État. Des contenus généreux ont commencé à apparaître sur la santé économique du Gabon, ce qui est vraiment très inquiétant. Selon les médias, la moitié des recettes de l’État est destinée au remboursement de la dette, le reste aux salaires et avantages des fonctionnaires et des ministres, ainsi qu’à leurs conseillers, le reste étant censé être utilisé pour le bien-être public.

En réalité, aucune allocation budgétaire n’a été allouée aux projets pilotés par les différents ministères. Cependant, des montants cumulés ont été annoncés dans les médias. Des photos ont été diffusées dans les médias. Globalement, des efforts concertés ont été déployés pour que le bien-être devienne une réalité pour tous les Gabonais.

En réalité, la situation n’est pas aussi rose qu’on le dit. L’environnement des affaires est profondément vicié en raison de décisions inconsidérées prises sans aucune consultation des parties prenantes, ce qui rend les investisseurs étrangers nerveux. Des prises de contrôle généralisées par l’État ont eu lieu (Assala et SNGB) par la grâce de Dieu Le rachat par Tullow Oil a d’abord été reporté, puis Tullow Oil a décidé de se retirer du Gabon. Les prix du pétrole fluctuent constamment au gré des fluctuations du marché.

Les recettes ou l’assiette fiscale restent inchangées. Les droits d’importation ont connu des pics importants, ce qui témoigne également d’une consommation croissante, dont les paiements sont effectués en devises étrangères. En réalité, aucun chiffre fiable n’est disponible concernant la collecte des impôts directs et indirects.

Les dépenses sont en hausse constante, car les fidélités ne sont pas bon marché. Elles sont, en effet, coûteuses. Récemment, la Banque mondiale et la BAD ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à la situation économique dans leurs rapports annuels publiés en juin et juillet 2025. De plus, World Economics a attribué la note « E » au Gabon pour la qualité des données fournies. L’agence a qualifié les données gabonaises d’« inutilisables pour une prise de décision sérieuse » et « indignes de confiance ».

Fitch a déjà abaissé la note souveraine du Gabon à « CCC », ce qui est suffisant pour dissuader les investisseurs, le risque étant très élevé. Les données du PIB étant profondément falsifiées, aucune conclusion définitive ne peut être tirée.

En un mot, l’économie gabonaise est dans un état de désastre absolu.

Par ailleurs, il y a trois mois, le Gabon a connu de graves pannes d’électricité dues à une alimentation électrique irrégulière, ce qui a suscité un profond mécontentement parmi la population gabonaise. Par la suite, la SEEG, la société de distribution d’électricité, a pris des mesures de fortune, mais les dégâts sont déjà considérables. Les Gabonais n’ont jamais connu de problèmes aussi graves en matière d’approvisionnement en eau et en électricité.

Les infrastructures publiques de la capitale, Libreville, sont en très mauvais état.

Au niveau de la société, une jeune population désengagée représente toujours un danger potentiel, et la criminalité contre les femmes est en hausse. Il ne se passe pas un mois sans qu’un crime sexuel odieux contre des fillettes ne soit rapporté dans les médias. Ce phénomène se produit à intervalles réguliers. La brutalité d’Esther Ludivine, une fillette de 10 ans, illustre récemment la rapidité avec laquelle la société gabonaise dépérit : des briques tombent chaque jour.

Comme si ces événements ne suffisaient pas à tirer la sonnette d’alarme, l’histoire d’un scandale sexuel sur le point de se propager sur les réseaux sociaux et la xénophobie croissante au Gabon, qui a acquis une place disproportionnée sur tous les réseaux sociaux.

Le Gabon s’enfonce-t-il dans un ralentissement économique prolongé, transformant la société en un lieu de rivalité où chacun se battra pour chaque part du gâteau ? Voilà des pistes de réflexion pour que les Gabonais puissent tirer leurs propres conclusions…Le ressentiment généralisé de la société est un signe très inquiétant pour tout gouvernement..

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Gratuité du visa touristique : qui a dit ça ?

Je pense que vous avez vu l’information passer comme moi : du 1er juillet au 30 septembre, le visa touristique pour le Gabon est GRATUIT. C’est ce que l’État a mis en place pour promouvoir le tourisme.

J’ai donc testé pour vous et l’administration gabonaise est magnifique.

J’ai fait la demande de e-visa (les services de la DGDI sont ultra top en ligne), j’ai mis comme motif « visite familiale ». À ce moment-là, je me suis posé une question : « est-ce que la visite familiale rend le visa payant ? », ah si je savais…

J’obtiens une réponse et donc le visa en moins de 24h, un samedi (quand c’est bien faut aussi dire) !

Fin des réjouissances.

Quand j’arrive à Libreville, il y a une file pour les visas à faire sur place et les e-visas pour ceux ayant fait en ligne. Je pensais (naïvement) que la demande en ligne allait accélérer le processus, que nenni ! 1h20 d’attente avec un agent qui s’absentait plusieurs minutes pour je ne sais quelles raisons.

Revenons sur le visa. Donc le visa pour visite familiale est payant et plus cher que le prix affiché par l’ambassade du Gabon en France (83 euros au lieu de 70). Je me dis que c’est bête de faire payer le visa familial et rendre le touristique gratuit mais soit, c’est l’administration

Quelques jours plus tard, ma tante arrive à son tour à Libreville avec le fameux e-visa touristique, elle a été contrainte aussi de payer ! Pourquoi ? Les policiers sur place lui ont dit que le visa touristique est gratuit… uniquement s’il est fait à l’arrivée 🙃. L’administration gabonaise dans toute sa splendeur.

Comment le visa peut être gratuit s’il est fait sur place ? Comment le touriste sortirait de son pays sans visa ? Nous savons tous l’agent d’escale peut refuser l’accès à l’avion si le visa ou preuve de demande n’est pas présenté(e). De plus la preuve de demande de visa n’est délivrée que dans les cas de e-visa… Quelle cacophonie

Vu la lenteur des officiers à l’aéroport, du courage à ceux qui feront le visa sur place (si vous arrivez à monter dans l’avion hein…).

Cette décision est quand même le symbole d’une administration qui prend des décisions, les rend publiques sans tout expliquer en détail. Quelle tristesse

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GabonPolitiqueSociété

Boutcho, des braises à l’impasse : quand la réinsertion se heurte aux interdits

Connu de tous dans le quartier pour un passé tumultueux, Boutcho a longtemps arpenté les rues, un couteau à la main, menaçant les passants. Son casier judiciaire, aussi long que les jambes de Wemby, témoignait d’une vie rythmée par la délinquance. Pourtant, Boutcho a choisi de se repentir. Loin des agressions, il a troqué son couteau de bandit contre un ustensile de boucher, se lançant avec fierté dans la vente de “pain au poulet” et de brochettes de cotis braisés.

Ce commerce de rue, florissant depuis plusieurs mois, n’était pas seulement une source de revenu digne pour Boutcho ; il était aussi devenu un symbole de sécurité dans le quartier, sa présence apaisant les passants et refroidissait les “petits brigands” de la zone sur lesquels il conservait une certaine influence.

La décision subite du Super délégué de Libreville d’interdire la streetFood à partir du 4 juillet 2025, pour des raisons d’hygiène et de salubrité publique, jette une ombre d’incertitude sur l’avenir de nombreux Gabonais dont Boutcho.

L’annonce de l’interdiction de son commerce est un véritable coup de massue. Sans préavis, cette mesure drastique, motivée par une pseudo nécessité d’améliorer l’hygiène et la salubrité publique, menace directement le gagne-pain de dizaines, voire de centaines de personnes vivant à Libreville. Pour Boutcho, dont le niveau scolaire ne permet pas une réorientation facile et dont la fierté lui interdit un retour sur les bancs de l’école, cette décision sonne comme une impasse.

La situation de Boutcho n’est malheureusement pas isolée. Au Gabon, nombreux sont ceux qui, en attente d’un “miracle” de la fonction publique ou d’un appel d’une entreprise privée, se sont tournés vers la street food comme unique moyen de subsistance. Que vont devenir ces travailleurs informels ?

Le désespoir pourrait-il le pousser à renoncer à sa réinsertion et à retourner dans la rue pour agresser les gens, annulant des années d’efforts ?
L’État a-t-il prévu des mesures d’accompagnement pour ces personnes qui se retrouvent du jour au lendemain sans revenu ? L’absence apparente de solutions de reconversion, d’aides ou de cadres légaux pour formaliser et assainir ces commerces laisse un vide inquiétant.

Si l’hygiène et la salubrité sont des préoccupations légitimes, la brutalité de cette décision sans préavis interroge sur les motivations profondes. S’agit-il d’une volonté de moderniser l’image de la capitale, d’une réponse à des pressions foncières, d’un acte purement xénophobe (une bonne partie de ce business est pratiquée par des ressortissants étrangers) ou simplement d’un manque de moyens pour encadrer plutôt qu’interdire ? Une chose est certaine : en coupant ainsi les ponts avec l’économie informelle sans proposer de voie de sortie, les autorités risquent de créer une crise sociale majeure, allant à l’encontre des objectifs de développement et de cohésion sociale.

La situation de Boutcho et de ses pairs met en lumière l’urgence d’une approche plus nuancée, où la régulation et l’accompagnement remplacent l’interdiction pure et simple, garantissant ainsi la dignité et la survie de ceux qui, malgré les obstacles, tentent de gagner honnêtement leur vie.

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Gabon : Pourquoi nos administrations doivent passer à l’ère numérique (pour de vrai)

Un clic. Un dossier. Un suivi clair.
Ce n’est pas un rêve futuriste, c’est juste… normal, ailleurs.

Quand je travaillais à Dakar dans un centre d’appel pour une entreprise française, je n’avais jamais mis les pieds en France. Pourtant, je pouvais dire à n’importe quel client où en était son dossier, sa commande ou sa réclamation. Pourquoi ? Parce qu’il y avait une procédure numérique.
Un système clair, centralisé, consultable. Avec des étapes précises, des délais définis et surtout, un suivi transparent.

Et ça rassurait. Le client savait que sa plainte était entre de bonnes mains. Il pouvait voir l’évolution. Et de notre côté, on était formés, outillés, et efficaces.
Bref : tout le monde gagnait du temps… et de la confiance.

Maintenant, remettons les pieds à Libreville.
On te dit : « Vous serez contactés dans 3 jours ouvrés ».
Résultat ? Trois mois plus tard, toujours rien. Et parfois, on te dit, avec une sérénité olympique : « Ah, on a perdu votre dossier. Revenez déposer ça en physique ».

EN PHYSIQUE ?

En 2025. À l’ère des applications, des QR codes, du télétravail, du cloud et de l’intelligence artificielle.
Comme si la modernité était un privilège pour ceux qui vivent “ailleurs”. Comme si digitaliser les services publics, c’était encore considéré ici comme un “bonus” et non une nécessité de base.

Et le plus grave ? Ce ne sont pas juste des retards.
Ce sont des vies entières qu’on suspend :

  • Un remboursement attendu,
  • Une bourse qui n’arrive jamais,
  • Une aide sociale évaporée,
  • Une pension oubliée quelque part dans un tiroir fermé à clé.

ET AILLEURS ?

Mon grand frère vit au Canada. Il m’a raconté que quand il y a une coupure d’eau ou d’électricité, il peut suivre l’évolution en ligne :

  • Zone impactée,
  • Cause de la panne,
  • Temps estimé de retour à la normale.

Pas besoin d’appeler cinq numéros.
Pas besoin de supplier une standardiste.
Pas besoin de deviner si le problème vient de chez toi ou si c’est tout le quartier, pas besoin d’attendre le communiqué de la SEEG qui te dira quel animal a rongé le câble ou qu’une nouvelle enquête pour sabotage a été ouverte.
L’info est là, accessible, mise à jour.

Ici ? Même un simple communiqué de la SEEG, c’est devenu une épreuve.
Et quand il finit par sortir, c’est souvent un fichier PDF sec comme une coupure de 72h, sans véritables détails, avec des excuses toutes faites.

Ce n’est pas qu’un problème technique. C’est une question de mentalité.

Mais au fond, a-t-on seulement le souci de fournir un bon service dans certaines administrations ?
Le souci de voir un administré sortir satisfait, content d’avoir suivi une procédure fluide, sans stress, sans piston, sans avoir glissé un “petit quelque chose” à un agent pour “faire avancer le dossier” ?

Ici, on remercie rarement l’administration pour son efficacité.
On remercie plutôt “tonton au ministère” ou “la dame qui a accepté le Coca”.
Et comment veut-on améliorer ce qu’on ne mesure même pas ?
Sans indicateurs, sans suivi, sans envie de savoir si les gens sont bien servis ?
La vérité, c’est que dans bien des cas, les agents eux-mêmes ne connaissent pas les processus, ou bien chaque agent a “sa méthode maison”, transmise oralement comme une vieille recette de famille.
Résultat : tout repose sur l’humeur du jour… et la chance.

Tant qu’on continuera à improviser au lieu de formaliser, on restera bloqués dans des logiques d’un autre siècle.
Tant qu’on pensera que “digitaliser” c’est juste “ouvrir une page Facebook” ou faire un site qu’on ne met jamais à jour, on passera à côté de l’essentiel.

Alors qu’en vrai, pour commencer à faire mieux, il ne faut même pas des budgets gigantesques (je ne dis pas aussi que c’est 10.000 FCFA, la qualité a un prix).
Juste du sérieux et un peu de bon sens.

Cinq choses simples, faisables demain matin :

1. Un numéro de dossier unique
Donné automatiquement à chaque démarche, pour un suivi traçable.

2. Une plateforme ou un tableau de bord minimal
Même une page web ou une appli basique suffit pour informer les citoyens de l’état d’avancement de leurs demandes.

3. Des délais clairs, visibles et respectés
Si tu dis “7 jours ouvrés”, alors c’est 7. Pas 73.

4. Des notifications automatiques
SMS, e-mail, WhatsApp : peu importe.
Mais qu’on t’informe à chaque étape du traitement.
Parce que “pas de nouvelles” ne doit plus être une méthode.
(Ici c’est quand il y a les grands meetings que tu reçois des messages de numéros inconnus et tu te demandes comment ils ont eu ton numéro.)

5. Un manuel de procédures standardisé dans chaque service
Fini les “venez lundi voir Madame”, “revenez mercredi voir Monsieur”.
Ce n’est pas une chasse au trésor et en vrai on n’a pas que ça à foutre à courir derrière les gens. On a aussi des boulots.

Ce n’est pas une affaire de numérique. C’est une affaire de respect.

Digitaliser, c’est permettre à quelqu’un d’avoir des réponses sans supplier.
C’est prouver que son temps, son argent, ses efforts, ont de la valeur.
C’est envoyer le message que l’État est organisé, qu’il suit, qu’il écoute.

Parce qu’à force de maltraiter les citoyens par des procédures brumeuses, on crée du rejet, de la frustration, du désengagement.
Et pire : de la résignation.

Et si on veut vraiment parler d’émergence, de performance, d’innovation, de restauration des institutions et de redonner la dignité aux Gabonais…
Alors il faut commencer par ne plus perdre les dossiers.

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L’offre éducative au Gabon : un pays, plusieurs vitesses

Les chiffres datent de 2021, mais ils parlent encore très fort aujourd’hui. Ils dessinent une carte déséquilibrée, où l’accès à l’éducation varie selon la province. Et dans cette répartition inégale, un constat s’impose : le Grand Libreville concentre l’essentiel.

De la crèche au lycée, tout est centralisé

  • Sur les 320 crèches/garderies recensées au Gabon, 193 sont situées dans le Grand Libreville (G1). Soit plus de 60 %.
  • Même déséquilibre au pré-primaire : sur 1488 établissements, 726 sont à G1.
  • Au primaire, même logique : sur 1915 écoles, 745 sont encore dans G1.

Et ce n’est pas mieux au secondaire :

  • Sur les 349 établissements d’enseignement général, 158 sont concentrés à G1.
  • À lui seul, ce chiffre dépasse la somme des établissements du Haut-Ogooué (44), de l’Ogooué-Maritime (38) et du Woleu-Ntem (33) réunis.

En secondaire technique, même tableau :

  • 9 sur les 25 établissements sont dans G1,
  • 6 autres dans G2.
    Ce qui laisse les autres provinces dans une quasi-absence d’offre technique publique.

Et ailleurs ?

Certaines provinces accusent un retard flagrant :

  • Ogooué-Ivindo : 10 lycées d’enseignement général
  • Ogooué-Lolo et Nyanga : 12 chacun

Cela signifie que dans certaines zones du pays, un enfant a plus de chances de ne pas pouvoir poursuivre une scolarité normale, faute d’infrastructures.
Moins d’écoles = plus de distances à parcourir, plus de découragements, plus d’abandons.

Un déséquilibre qui se creuse dès le départ

Autre observation importante : l’essentiel des établissements est privé. Exemple :

  • Sur les 320 crèches, seules 33 sont publiques
  • Au pré-primaire, à peine 30 % des établissements sont publics
  • Au secondaire général, 106 sur 349 sont publics, soit moins d’un tiers

Ce qui pose une vraie question d’équité : que devient un enfant dont la famille ne peut pas payer une école privée ?

Conclusion ?

Parler d’égalité des chances au Gabon sans parler de répartition de l’offre éducative, c’est de la poudre aux yeux.
Tant que l’on concentrera les infrastructures dans une seule zone géographique, tant que certaines provinces resteront les oubliées de la République, les inégalités resteront structurelles, profondes, durables.

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« Expulsez-les d’abord, on verra après »

Entre urgence et mépris de classe, le gouvernement gabonais n’a jamais pris le temps de faire les choses correctement. L’opération « Retour de la dignité » ? Un échec, mon Général.

S’il y a bien une constante au Gabon, ce sont les méthodes. Gouverner en brutalisant, mépriser les plus précaires, les frapper sans prévenir… On connaît. Et après le PDG, rien n’a changé : les hommes sont restés les mêmes, seule la chorégraphie est différente.

Depuis quelques jours, c’est un spectacle accablant qui se joue dans certains quartiers de Libreville. Des centaines de familles, leurs affaires entassées dehors, attendent de pouvoir rejoindre un parent compatissant — pour les plus chanceux. Les autres ? Rien. Pas d’aide. Pas de solution. Parce qu’une fois de plus, l’État a agi dans l’urgence, en niant les besoins les plus élémentaires de ses citoyens. Se loger, c’est quand même la base.

Ce déguerpissement, censé « assainir » la capitale, aurait pu être défendable si les méthodes ne rappelaient pas celles d’un État profondément irrespectueux du bien-être de ses propres administrés. On aurait pu commencer par indemniser, reloger, dialoguer. Ça a été fait pour certains. Mais pour d’autres, rien. Le néant.

Soyons justes : il y a eu des tentatives de respecter les procédures. Des courriers, des réunions, des délais. Mais la réalité, c’est que de nombreux bailleurs — qui devraient être poursuivis — n’ont pas pris la peine d’en informer leurs locataires. Pourtant, en tant que propriétaires, ils ont l’obligation d’annoncer ce genre de contrainte. Quand on vit dans un État de droit…

Entre ces bailleurs indélicats et les oubliés du Ministère, on compte aujourd’hui plusieurs vies littéralement en danger. Disons les termes : c’est de la précarisation programmée à ce stade. Où iront donc toutes ces familles ? Même celles qui ont été indemnisées doivent aujourd’hui se reloger dans un Libreville où les prix de location explosent. Où sont les logements sociaux tant attendus ? N’aurait-on pas pu, justement, attendre encore un peu que ces infrastructures voient le jour avant de vider des quartiers entiers ?

Cette stratégie qui consiste à faire sans réfléchir, sans prévoir, doit cesser. Le mandat du président actuel est de sept ans. Sept ans, c’est peu. Mais c’est assez pour changer de méthode. C’est assez pour prendre le temps. Pour mener des études sérieuses. Pour anticiper les besoins. Et parfois, ces études sont déjà des actions, car elles posent les bases concrètes d’un développement durable. L’épanouissement du Gabonais passe aussi par là : par la planification, la rigueur, et le respect.

Mais voilà : on préfère faire semblant. Expulser d’abord. Voir après. Et tant pis si, entre deux camions de déménagement, des familles s’effondrent.

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Bongo, libération surprise : pourquoi les Gabonais doivent-ils l’apprendre par l’Angola ?

Il aura donc fallu attendre… une page Facebook étrangère. Oui, c’est par le canal officiel de la présidence angolaise que les Gabonais ont appris ce vendredi matin que Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo Ondimba et leur fils Noureddin Valentin se trouvent désormais en Angola. Pas par un communiqué de notre gouvernement. Pas par une allocution du ministre de la Justice ou du porte-parole. Mais par un post étranger, en portugais, à 9h du matin.

Avant cela, il y a quelques jours à peine, Gabonreview annonçait que Sylvia et Noureddin avaient quitté la prison pour une résidence surveillée. Une information qui a enflammé les réseaux, créé la polémique, et suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique. Le quotidien L’Union, rarement aussi prompt à réagir, s’était même fendu d’un démenti officiel. Mais aujourd’hui ? Silence radio. Pourtant, les faits sont là, et les images aussi.

Pendant que le monde découvre avec surprise cette triple “libération”, nos autorités regardent ailleurs. Aucune confirmation. Aucune explication. Aucun mot sur ce qu’il s’est passé. On aurait pourtant cru qu’un départ aussi sensible, concernant des figures centrales d’un dossier emblématique de la lutte contre la corruption, méritait un minimum de clarté. Mais non.

Doit-on comprendre que l’affaire est close ? Qu’ils ne seront plus jugés ? Et qu’en est-il des autres détenus, eux aussi interpellés dans la même affaire, qui croupissent encore en prison ? Pourquoi ce traitement différencié ? Pourquoi ce mutisme organisé ? Pourquoi cette impression d’un deal passé dans le dos des citoyens ?

L’indignation est totale. Non seulement parce que des personnes accusées de détournement massif de fonds publics ont été discrètement “réinsérées”, mais surtout parce que les Gabonais l’ont appris par une source étrangère. Il n’y a pas pire mépris, pas plus grand affront pour un peuple qui aspire à la vérité, à la justice, et à un peu de considération.

Ce silence est une faute. Une faute politique. Une faute morale. Une insulte à la transparence que cette transition prétendait incarner.

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Les “bœufs votants” reprennent du service !

La campagne présidentielle est lancée, et avec elle, une tradition aussi vieille que les promesses non tenues : le retour triomphal des “bœufs votants”. Ces électeurs professionnels, capables d’acclamer un candidat le matin et son adversaire l’après-midi, sont de nouveau sur le terrain, prêts à jouer leur rôle dans le grand cirque électoral.

Le scénario est bien huilé. Des bus réquisitionnés, des minibus bondés, des foules déversées sur les lieux de meetings où elles feignent une ferveur débordante. On applaudit, on danse, on scande des slogans à s’en casser la voix. Et demain ? Même scénario, autre candidat. Parce qu’au fond, peu importe qui parle, du moment que les billets tombent et que les sandwiches sont bien garnis.

Cette mascarade donne lieu à des situations cocasses. Certains “militants” zélés enchaînent les meetings jusqu’à l’épuisement, oubliant parfois pour qui ils étaient censés manifester la veille. D’autres, moins discrets, n’hésitent pas à arborer des t-shirts de différents partis, parfois en superposition, prêts à les retourner au gré des besoins.

Et bien sûr, les organisateurs de meetings rivalisent d’ingéniosité pour attirer ces soldats de la figuration. Billets de banque glissés à la va-vite, sacs de riz promis pour les plus fidèles, voire, pour les “VIP” de la manipulation électorale, un petit poste de conseiller décoratif après la victoire.

Le problème, c’est que cette agitation cache un vide abyssal. Quand on gratte un peu, on se rend compte que ces rassemblements ne sont pas le reflet d’un engouement populaire, mais plutôt d’une industrie de la mobilisation financée à coup de billets et de promesses en carton. La démocratie ? Elle attend sagement son tour, coincée entre deux meetings et un chargement de tee-shirts flambant neufs.

Alors, que restera-t-il après la fête ? Une montagne de casquettes abandonnées, des affiches arrachées et une population qui, elle, continuera de subir les conséquences des choix qu’elle n’aura pas réellement faits. Mais d’ici là, que le spectacle continue ! Et surtout, n’oubliez pas : aujourd’hui, on crie pour un tel, demain pour un autre. L’important, c’est que le bus soit à l’heure.

L’objectif c’est c’est d’avoir le “gombo” de la campagne. On doit manger à toutes les tables, on en oublie même que c’est l’avenir de notre pays et le nôtre qui sont en jeu. POUR VOUS QUOI ? MAKAYA !!!

Je te dis tout