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Liberté d’expression au Gabon : chimère ou réalité ?

La liberté d’expression au Gabon, un rêve éveillé que nous entretenons depuis des décennies, se pare de jolis atours. Sur le papier, nous sommes dans une République où chacun a le droit de dire ce qu’il pense. Oui, vous avez bien entendu, le droit. Mais entre avoir un droit et l’exercer sans craindre pour sa vie, il y a un fossé aussi large que l’application des politiques publiques Libreville et dans l’intérieur du pays. 

Le vrai visage de la liberté d’expression au Gabon se dessine dans les couloirs sombres des administrations et les coins discrets des quartiers. Ici, les gens parlent, mais à voix basse, et surtout pas en public. Pourquoi cette discrétion ? Parce qu’on a tous vu des choses. On a entendu des histoires de ceux qui, à force de dire trop de vérités, ont fini par rencontrer la grande faucheuse plus tôt que prévu. Oui, au Gabon, la vérité a ce talent unique de précipiter des fins tragiques. On me disait même qu’à l’époque d’Omar, tu pouvais parler dans le taxi et le lendemain, on te récupérait. Paraît qu’un jour un gars a dit « La paix c’est quoi ? On mange la paix ? » et s’en était fini pour lui. Dans ces conditions, qui va parler ?

La République du silence imposé

Nous sommes censés être dans une République, un endroit où chacun peut s’exprimer librement. Pourtant, pendant des années, on nous a montré que ceux qui parlaient un peu trop haut finissaient par disparaître ou devaient s’exiler. Des opposants politiques retrouvés morts, des activistes contraints de fuir leur propre pays pour éviter la répression, et même de simples internautes qui s’inquiètent qu’un post de trop sur Facebook leur vaudra peut-être une arrestation surprise à l’aéroport.

En 2024, après plus d’un an de Transition politique au Gabon, on aimerait pouvoir croire que tout cela appartient désormais au passé. Que l’époque où un simple tweet, une publication Facebook, ou même un TikTok pouvait vous conduire tout droit derrière les barreaux n’est plus qu’un lointain souvenir. Après tout, les nouvelles autorités promettent une ère de transparence, de réformes, et d’ouverture. Mais si l’on gratte un peu la surface, les fantômes des années sombres continuent de rôder, omniprésents dans les esprits.

Les cicatrices laissées par le silence imposé, les intimidations, et la répression sont encore profondes. Et si aujourd’hui, les Gabonais sont plus nombreux à s’exprimer sur des plateformes comme Twitter, TikTok, ou YouTube, ce n’est pas sans une certaine appréhension. Car même si le cadre politique a changé, la mémoire collective est encore marquée par ces années où trop parler pouvait vous coûter cher. On se souvient des journalistes réduits au silence, des blogueurs contraints à l’exil, ou encore des citoyens ordinaires arrêtés simplement pour avoir partagé un post qui dénonçait des injustices.

Les réseaux sociaux, pourtant, sont devenus un espace vital pour la parole au Gabon. Ils ont permis, à plusieurs reprises, de briser l’omerta imposée par les médias traditionnels. C’est grâce à internet que le monde a pu voir ce qui se passait au Gabon le 30 août 2023, lors de la prise de pouvoir militaire, mais aussi en 2016, au plus fort de la crise post-électorale. Des vidéos montrant la réalité des événements, des tweets relayant les témoignages des citoyens pris dans la tourmente… Internet a été la fenêtre par laquelle le monde entier a découvert les vérités que certains auraient préféré cacher.

Et pourtant, même dans cette nouvelle Constitution que l’on nous promet, l’accès à internet n’est pas garanti de manière absolue. Il est sous conditions, ce qui laisse une grande zone d’incertitude. Ces conditions, d’ailleurs, posent question : qui décide de ce qui est acceptable ou non ? Qui garantit que demain, les coupures d’internet ne seront pas de retour pour faire taire les voix dissidentes, comme ce fut le cas lors de la crise de 2016 et en 2023 ? 

Le paradoxe est frappant : d’un côté, on parle de restaurer les libertés et de garantir l’accès à internet, mais de l’autre, on limite cet accès sous prétexte de préserver l’ordre. Pourtant, c’est précisément grâce à internet que les Gabonais ont pu se faire entendre et que le monde a pu voir ce qui se passait derrière les rideaux opaques de nos institutions. Sans ce formidable outil, beaucoup de vérités seraient restées dans l’ombre.

Alors, peut-on vraiment parler de liberté d’expression quand celle-ci dépend d’une connexion internet conditionnée ? Peut-on vraiment croire que la parole est libre quand chaque internaute craint que son prochain post Facebook , sa vidéo TikTok ou son tweet ne devienne l’élément déclencheur d’une convocation au B2 ou à la DGR ou pire, d’une interdiction de quitter le territoire ? Si nous voulons que le Gabon avance, il est impératif de garantir un accès sans condition à internet, et de protéger ceux qui osent s’exprimer, que ce soit en ligne ou hors ligne. (On n’a pas aussi dit d’être sauvage et d’insulter les gens). 

La peur, cet ennemi silencieux

Cette peur, elle est omniprésente. Elle s’infiltre dans les conversations, elle conditionne les mots choisis et la manière de s’exprimer. Certes, nous avons le droit de parler, mais à quoi bon si la peur de représailles est plus forte que ce droit ?

Pour lutter contre cette terreur invisible, il nous faut une véritable restauration. Restaurer la confiance des citoyens envers les institutions, garantir qu’un post sur les réseaux sociaux ne devienne pas un motif de traque, et surtout, protéger ceux qui osent s’exprimer (après on n’a pas aussi dit d’insulter les gens sous couvert de la liberté d’expression). L’exemple doit venir d’en haut, avec des dirigeants qui valorisent la critique constructive, et non la répression. 

L’espoir d’une nouvelle ère

Les pistes de solutions ? Elles existent. D’abord, il faut renforcer les lois sur la protection des lanceurs d’alerte, des journalistes et surtout le Gabonais lambda. Le droit de s’exprimer ne devrait pas être un luxe, mais un pilier fondamental de notre société. Ensuite, il est essentiel de réhabiliter la justice, pour que plus personne ne craigne d’être arrêté à l’aéroport pour avoir écrit ce que tout le monde pense tout bas. Enfin, il nous faut promouvoir un dialogue national inclusif (pas ce que vous avez fait là pardon, ça c’était quand même le foufou), où chacun, sans crainte, pourrait exprimer ses idées, même les plus dérangeantes.

Il est grand temps que la liberté d’expression au Gabon cesse d’être une chimère et devienne une réalité tangible. Parce que le silence, c’est bien pratique pour maintenir l’ordre… mais il tue la démocratie.

Je te dis tout

LibrevilleTransport

Un Gabonais, 1 Taxi, 417 clés vers l’avenir

Bon, parlons un peu de ce qu’il s’est passé à Libreville le 8 octobre. Le général Oligui a fait fort encore ! Oui, il a remis 417 taxis neufs à des Gabonais. Ça c’est pas du blabla, c’est du concret. Les Suzuki flambant neufs là, c’est pour permettre à nos frères et sœurs de se lancer dans le business. Ça s’appelle « Un Gabonais, un taxi ».

C’est pas mal, hein ? Ça change des vieilles annonces qui n’aboutissent jamais. Là, au moins, il y a des résultats qu’on peut voir et même toucher vu qu’on pourra y monter.

On peut applaudir parce que, dans ce pays, on a tellement l’habitude de promesses non tenues que quand ça arrive pour de vrai, c’est comme un petit miracle. Les taxis sont là, et pas seulement pour les hommes. Dix braves jeunes femmes sont aussi au volant ! Eh oui, mes frères, la concurrence arrive. Les gars qui traînaient encore au carrefour en mode « y’a pas le boulot » n’ont plus d’excuses. Enfin si quand même, certains ont critiqué la caution d’un million mais l’État ne peut pas donner tout gratuitement. Soyons réalistes.

Mais parlons vrai. « On sait tous qu’un programme comme ça, c’est bien beau, mais ce n’est pas ça qui va changer le Gabon du jour au lendemain » , c’est ce que disent les pessimistes mais moi je pense que ça peut y participer. Quelqu’un qui a la possibilité de subvenir à ses besoins et ceux de ses proches, se sent digne et ça soulage sincèrement. Ok Il y a eu un accident avec l’un des nouveaux taxis, et direct les gens ont commencé à crier. Mais sérieusement, sur 417 voitures, un seul accident ? Ce n’est même pas 0,5 %, mes gars. Calmez-vous ! Il faut relativiser. Ce n’est pas le premier accident sur les routes gabonaises. On a ça pata (malheureusement). Soyez donc prudents au volant.

Maintenant, parlons un peu de ce qui pourrait suivre. C’est bien de donner des taxis, mais imagine un peu si on avait des programmes similaires dans d’autres secteurs. Genre, « Un Gabonais, une boutique », ou mieux, « Un Gabonais, une ferme ». Parce que ce n’est pas tout le monde qui peut être chauffeur. Il faut diversifier les opportunités, tu vois ? Chacun doit avoir sa chance de trouver son chemin dans ce pays, au-delà des taxis.

Mais franchement, on ne peut pas ne pas encourager cette initiative. Enfin si, les sorciers peuvent. C’est un pas dans la bonne direction. Si chaque Gabonais peut prendre ce genre d’opportunité, peut-être qu’on verra enfin un peu de lumière au bout du tunnel. Alors, chers compatriotes, arrêtez de râler pour rien. Prenez le train en marche, ou plutôt, le taxi cette fois-ci !

Et pour ceux qui sont déjà au volant, force à vous ! Roulez propre, bossez dur, et ne lâchez rien. C’est comme ça qu’on avance. Nous, on est là pour encourager, mais si on monte dans vos taxis et que vous faites du sale, on va parler aussi hein. Pas de passe-droit ici !

Je te dis tout

GabonOpinion

Le mausolée de Léon Mba c’est la loge ?

En plein cœur de Libreville, caché sous les regards curieux, se dresse le mausolée de Léon Mba, le père de l’indépendance du Gabon. C’est un lieu de prestige, un monument imposant… que personne ne peut visiter. Oui, vous avez bien entendu, chers concitoyens, le mausolée est là, on le voit, mais on ne peut pas y entrer ! Et là, je me pose une question : « Est-ce que c’est un mausolée familial privatisé ou un site national, réservé exclusivement à notre classe politique ? »

Léon Mba, c’est notre père aussi ou bien ?

On ne va pas se mentir, Léon Mba, c’est un peu le papa de tout le monde au Gabon. Il a mené la nation à l’indépendance, alors pourquoi nous empêcher de venir lui rendre visite ? C’est quand même bizarre, non ? Dés que tu t’approches un peu, on vient direct te dire  « C’est interdit oh ». Sérieusement, est-ce qu’on doit attendre une invitation spéciale ? Avec des cartons dorés, accompagnés d’une note officielle, pour s’y recueillir ? et Pourquoi ?

Mais ailleurs, ça se passe comment ?

Prenons un petit vol (virtuel hein, on n’a pas le budget pour un vol réel !) direction le Maroc. Là-bas, il y a le mausolée de Mohammed V, ouvert au public. Oui, vous avez bien entendu, les citoyens peuvent entrer, visiter, se recueillir et même apprendre un peu d’histoire. Ce n’est pas fermé à double tour, ce n’est pas réservé à la classe politique, et surtout, ça ne donne pas l’impression que le défunt est seulement le papa de quelques-uns.

Et chez nous, qu’est-ce qu’on fait ?

Si on ouvrait enfin le mausolée de Léon Mba, ce serait un pas de plus pour reconnecter les Gabonais avec leur histoire. On pourrait faire plein de choses pour dynamiser ce lieu :

1. Créer un musée : Transformer l’espace en un véritable centre culturel et historique. Avec des visites guidées, des documents, des photos d’époque, et des objets ayant appartenu à Léon Mba. Imaginez un peu, découvrir comment il a mené les négociations pour l’indépendance, et pourquoi pas, ses citations les plus inspirantes. Ce serait une belle leçon d’histoire pour nous tous !

2. Faire un espace de recueillement public : Parce que, bon, on ne va pas se mentir, si Léon Mba est le père de l’indépendance, on mérite tous un petit moment de recueillement auprès de lui. Il pourrait y avoir des espaces dédiés pour ceux qui veulent juste venir en paix.

3. Organiser des événements nationaux : Pourquoi ne pas en faire le centre de nos célébrations nationales ? Imaginez des concerts, des conférences, et des cérémonies à l’occasion de l’indépendance, où l’on viendrait tous honorer la mémoire du père de la nation. Ça ressemblerait un peu au 4 juillet des Américains, mais à la sauce gabonaise, avec nos rythmes et nos danses. (Bon, là peut-être je déborde, c’est quand même un mbindi espace)

4. Créer un “parcours pédagogique” pour les écoles : On pourrait organiser des excursions scolaires pour que nos jeunes découvrent non seulement Léon Mba, mais aussi toute l’histoire du pays. C’est sûr, les gosses se demandent encore si Léon Mba était un héros d’Avengers ou un ancien footballeur. Autant leur montrer qui il était vraiment !

Mais alors, pourquoi c’est encore fermé ?

C’est là que réside le mystère. Est-ce par souci d’entretien ? Ou bien est-ce qu’on doit toujours attendre qu’un haut dignitaire vienne en visite pour déverrouiller le cadenas ? En tout cas, une chose est sûre, il serait temps que ce monument, au cœur de notre capitale, devienne le cœur de notre mémoire collective. On aimerait tous dire un jour à nos petits-enfants : « Allez, on va rendre visite à Papy Léon, vous allez voir, c’est là qu’a commencé l’histoire de notre pays ! ». Mais bon, en attendant, on est là hein.

Je te dis tout

CultureLibreville

Un voyage au cœur des traditions Mpongwès

Ce week-end, toute la communauté des Mpongwès et d’autres curieux (pour ne pas dire
Anongomas) se sont réunis pour accueillir le Moukoukwè à Glass.

De 15h à 18h, les gens criaient « Salé wè o a ni mbolo wè » pour dire « tout le monde t’acclame » (si la traduction n’est pas bonne accusez ma mère, pas moi) en levant les bras avec des branches en attendant son arrivé et celle des nouveaux initiés. Le dress code était blanc (comme toute cérémonie myènè d’ailleurs mais j’avais oublié donc je suis venue avec un chic cabas rouge mais là n’est pas le sujet).

Ils arrivaient depuis la Pointe Denis. Plusieurs bateaux ont fait les tours, on voyait d’abord quelques initiés, après les nouveaux initiés et ensuite le moukoukwè. Vraiment l’ambiance était dingue. Les gens criaient, les nouveaux initiés chantaient ils avaient même la basse. Un goût incroyable qui te rend fière de ton ethnie.

L’expérience était sympa mais il y avait des nixs quand même :

D’abord l’attente. On devait arriver vers 14h30 pour avoir les « meilleures places » pour le voir arriver depuis la mer. On est debout, il fait chaud, d’autres ont faim (surtout moi parce que j’avais groové la veille). Des tantes te salue alors que tu ne les avais jamais rencontrés mais tu fais semblant parce que « Oh tu ressembles à ta mère hein ! ». C’est long.

Ensuite c’est le monde. On était peut-être plus de 150 là-bas. Otdb « Retour aux sources » donc tout le monde a profité. Il y avait des mignons, les métisses mpongwès sont venus avec les Rayban. Y’avait même des blancs et des asiatiques. Genre l’activité touristique du week-end quoi.

Une maman-là était venue avec ses enfants mais on sent qu’elle n’était pas prête encore. Elle ne faisait que répéter « Mettez vous bien derrière, ne bougez pas, faites attention à vous, ne regardez pas ». Aka tout ce qu’elle a réussi à faire c’est transmettre aux enfants sa peur du Moukoukwè et c’est dommage.

Ok, il faut faire attention parce que quand tu es une femme, ton regard ne doit pas le croisez sinon on te frappe. Mais quand même la maman là abusait. Au final, sa fille n’a même pas osé lever la tête pour regarder ça ne servait donc à rien qu’elle soit là. Elle ne va pas en avoir un bon souvenir.

Pour ma part, la dernière fois que je suis allée voir un Moukoukwè, j’avais 10 ans. J’en avais des vagues souvenirs mais les mots, les expressions, sont restés. Et puis étant une fille de la barrière sincèrement ça me faisait peur de revenir je ne vais pas mentir. C’est parce que ma sœur voulait y aller sinon j’étais tranquillement en case à regarder mon drama.

D’ailleurs elle y est retournée le lendemain pour le voir danser à Plein Niger. Moi ça m’a suffit, je l’avais déjà vu.

En tout cas malgré la chaleur, l’attente, la faim et les odeurs d’aisselles, c’était un moment précieux. C’est pas juste une histoire de folklore, c’est aussi notre culture, notre histoire. Même si je ne comprenais pas tout, je n’avais pas le dress code et autre, c’est un rappel que mes racines sont là, vivantes et qu’elles m’appellent toujours.

Je te dis tout