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Quand la justice gabonaise joue au protocole : Sylvia et Nourredine, libres comme l’air pendant que le peuple respire la poussière

Il y a quelques semaines encore, Brice Clotaire Oligui Nguema répondait sèchement sur RFI aux journalistes de France 24 : « Je ne songe à rien faire. Il y a une justice qui fera son travail. Le procès aura lieu et il sera équitable je pense. » Et d’ajouter, sans cligner des yeux : « Laissez la justice faire son travail. »

Mais ce vendredi 16 mai 2025, c’est la gifle. Non, ce n’est pas la justice qui a frappé, mais le bon vieux système. Celui-là même qu’on croyait enterrer le 30 août 2023. Sylvia Bongo Ondimba et son fils Nourredine Bongo Valentin, accusés entre autres de détournement de fonds publics, blanchiment, usurpation de titres, faux et usage de faux, trouble aux opérations du collège électoral, association de malfaiteurs (la liste est si longue qu’on pourrait en faire un feuilleton Netflix), viennent d’être libérés provisoirement pour raisons médicales.

La nouvelle n’a pas été annoncée par la justice, ni par un communiqué transparent lu dans un français clair pour le peuple gabonais. Non. Elle est tombée… en portugais sur la page Facebook de la Présidence de la République ! Voilà donc comment on apprend que des accusés d’une des affaires politico-financières les plus lourdes de l’histoire du Gabon peuvent tranquillement quitter leur lieu de détention. Et, entre nous, leur lieu de détention ressemblait déjà plus à une résidence surveillée de luxe qu’à une cellule.

Ce n’est qu’après le scandale sur les réseaux sociaux que le procureur Eddy Minang est sorti du bois. Et encore… Il a tenté de sauver la mise avec une déclaration balancée en urgence à la presse, comme pour dire : « Euh… oui bon… c’est la procédure. » Mais personne n’est dupe. La vérité, c’est qu’on a vu Sylvia et Nourredine dehors avant qu’on nous dise qu’ils étaient libres. Et là, on nous parle de détention provisoire levée pour raisons médicales… Très bien. On compatit. Mais pourquoi est-ce qu’ils sont désormais libres de quitter le territoire ? Depuis quand la liberté provisoire inclut un visa diplomatique ?

Et surtout : où est passé ce procès qu’on nous promettait équitable ? Où sont les preuves dont parlait le Président lui-même ? Où est la séparation des pouvoirs si c’est l’Exécutif qui annonce (en portugais) ce que la justice aurait dû faire savoir, en toute indépendance, aux Gabonais ?

Soyons francs : cette affaire, c’est un scandale d’État. Et pire encore, un mépris envers le peuple. Parce que pendant que des étudiants, des fonctionnaires, des paysans se battent chaque jour pour survivre, ceux qui sont accusés d’avoir pillé le pays retrouvent leur liberté. Pendant que des jeunes croupissent à Sans-Famille pour une bousculade en boîte ou une publication Facebook, d’autres, couverts de soupçons graves, s’envolent peut-être vers des soins à l’étranger soins que le Gabonais lambda n’a même pas pour une rage de dents.

Et puisqu’on parle de justice, rappelons-le : le jeune Herwann Siadous, condamné au Gabon pour agression sexuelle et meurtre, devait être extradé pour purger sa peine au Gabon. Mais cela traîne depuis des mois. Pourquoi ? Parce que l’État gabonais n’arrive pas à le faire revenir. Donc, on ne peut pas faire revenir un condamné, un simple gabonais et c’est la famille présidentielle qu’on va ramener au moment voulu ? LOL. Cherchez l’erreur.

Alors non, on ne peut pas rester silencieux. Ce pays a besoin d’une justice forte, libre, équitable, pas d’un système judiciaire qui s’adapte au statut social ou aux liens familiaux des accusés. Pas d’une justice en mode « On sait ce qu’on fait, restez à votre place ».

Le 30 août 2023, on nous a promis la rupture. Aujourd’hui, on voit juste une continuité dans le mépris du peuple. Et ça, ça ne passera pas. Bilan : une inauguration de marché et une libération de prisonniers qui ont commis le plus grand hold-up du pays. Mieux vous libérez déjà Kelly hein.

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Bongo, libération surprise : pourquoi les Gabonais doivent-ils l’apprendre par l’Angola ?

Il aura donc fallu attendre… une page Facebook étrangère. Oui, c’est par le canal officiel de la présidence angolaise que les Gabonais ont appris ce vendredi matin que Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo Ondimba et leur fils Noureddin Valentin se trouvent désormais en Angola. Pas par un communiqué de notre gouvernement. Pas par une allocution du ministre de la Justice ou du porte-parole. Mais par un post étranger, en portugais, à 9h du matin.

Avant cela, il y a quelques jours à peine, Gabonreview annonçait que Sylvia et Noureddin avaient quitté la prison pour une résidence surveillée. Une information qui a enflammé les réseaux, créé la polémique, et suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique. Le quotidien L’Union, rarement aussi prompt à réagir, s’était même fendu d’un démenti officiel. Mais aujourd’hui ? Silence radio. Pourtant, les faits sont là, et les images aussi.

Pendant que le monde découvre avec surprise cette triple “libération”, nos autorités regardent ailleurs. Aucune confirmation. Aucune explication. Aucun mot sur ce qu’il s’est passé. On aurait pourtant cru qu’un départ aussi sensible, concernant des figures centrales d’un dossier emblématique de la lutte contre la corruption, méritait un minimum de clarté. Mais non.

Doit-on comprendre que l’affaire est close ? Qu’ils ne seront plus jugés ? Et qu’en est-il des autres détenus, eux aussi interpellés dans la même affaire, qui croupissent encore en prison ? Pourquoi ce traitement différencié ? Pourquoi ce mutisme organisé ? Pourquoi cette impression d’un deal passé dans le dos des citoyens ?

L’indignation est totale. Non seulement parce que des personnes accusées de détournement massif de fonds publics ont été discrètement “réinsérées”, mais surtout parce que les Gabonais l’ont appris par une source étrangère. Il n’y a pas pire mépris, pas plus grand affront pour un peuple qui aspire à la vérité, à la justice, et à un peu de considération.

Ce silence est une faute. Une faute politique. Une faute morale. Une insulte à la transparence que cette transition prétendait incarner.

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