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ÉconomieGabonOpinion

Avarice, tromperie, opacité, intrigue et turbidité… et 700 millions de dollars récoltés…

L’histoire regorge d’exemples montrant comment les attributs innés de la personnalité humaine – avarice, tromperie, opacité, intrigue et turbidité – étaient monnaie courante à l’époque médiévale, dans le cadre de manigances visant à s’emparer du pouvoir d’État afin de régner sur un territoire et de soumettre les populations autochtones.

Toute la fragilité humaine négative a dominé notre histoire. Par conséquent, chaque fois que l’histoire économique de l’Afrique contemporaine sera écrite, ces fragilités humaines occuperont une place disproportionnée.

Au cours de la deuxième semaine de septembre 2025, une publication sur les réseaux sociaux concernant ARISE IIP annonçait et célébrait la levée de fonds réussie de 700 millions de dollars. Immédiatement, le PDG fondateur d’ARISE l’a republiée. Par la suite, Africa Finance Corporation, fortement investie dans ARISE, a également fait l’éloge de la dernière levée de fonds d’ARISE. Sans surprise, le contenu et la syntaxe de toutes ces publications étaient identiques ; il semble s’agir d’un simple copier-coller.

Cependant, si tant est qu’une telle somme soit réellement perçue comme un hommage à ARISE IIP – même si, compte tenu de la manière dont le PDG fondateur d’ARISE gère ses affaires, cela paraît néanmoins très suspect – bravo à lui !

Comme si le feu vert était donné, tous les sbires se sont immédiatement mobilisés et ont commencé à couvrir d’éloges généreux le PDG fondateur d’ARISE IIP. Certains l’ont même qualifié de « visionnaire » portant seul le lourd fardeau du développement de l’Afrique. Ils ont commencé à développer l’image de marque du PDG en reprenant les mêmes phrases que celles utilisées à maintes reprises par l’équipe des médias sociaux du président du Gabon pour mettre en avant la « transformation locale ».

Ce roulement de tambour généralisé, contrairement à la manière dont fonctionne habituellement le PDG d’ARISE, soulève donc plus de questions que de réponses. Qu’est-ce qui a changé, qui a poussé le PDG à accomplir un tel exploit ?

La question pertinente est : que s’est-il passé, si soudainement, pour que tous les investisseurs se précipitent pour investir dans ARISE ? Quelle nouvelle entreprise ARISE a-t-elle lancée et qui aurait suscité un tel enthousiasme ?

ARISE s’est lancée dans le secteur des ZES sans aucune expérience préalable ni référence crédible. En réalité, l’existence même d’ARISE dans ce secteur est due à la proximité étroite de son PDG fondateur avec l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba. Grâce à cette influence, ARISE a pu s’implanter dans 14 pays africains. OLAM détenait une participation de 34 %, retirée il y a quelques mois sous la pression de l’administration gabonaise, selon des rumeurs largement répandues.

Le PDG fondateur d’ARISE investit aussi massivement en Afrique dans l’exploitation minière (bauxite, manganèse, charbon, minerai de fer, pierres précieuses), à titre personnel. Pourtant, peu d’Africains le savent. De plus, il est connu pour sa discrétion. Pourtant, cette fois, il a fait entendre sa voix. N’est-ce pas surprenant ? Oui, c’est surprenant.

En réalité, depuis le 30 août 2025, sa position est devenue intenable, car les dirigeants gabonais actuels ne sont pas de son côté. Proche collaborateur de l’ancien président Ali Bongo, il n’exerce plus l’influence d’autrefois. De plus, sa fortune est considérée comme le principal atout du fils d’Ali Bongo, ennemi juré des actuels dirigeants. Par conséquent, les autorités cherchent à maintenir la pression sur le PDG d’ARISE.

C’est peut-être la raison de ce roulement de tambour retentissant : en Afrique, quiconque possède de l’argent est considéré comme un dieu. Il s’agit donc d’une tentative de se positionner comme un dieu, afin que tous les dirigeants politiques obéissent à l’empire.

Au cours de la première semaine de juin 2025, une délégation de haut niveau du président d’Afreximbank a rencontré les dirigeants gabonais. Le 27 juin 2025, Afreximbank a organisé une cérémonie de signature très médiatisée à Abuja, promettant 1 700 milliards de FCFA au Gabon. Cette signature a eu lieu en présence du ministre de l’Économie et du ministre des Mines. La même question se pose : que s’est-il passé, si soudainement, pour qu’Afreximbank engage un montant aussi important pour le Gabon ?

Bien que le texte de ce « soi-disant » accord ne soit pas accessible au public, comme s’il s’agissait d’un « secret d’État », la plus grande confidentialité est respectée.

L’évolution des prochains mois sera très intéressante à suivre…

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ÉducationGabonOpinion

Fin des coefficients « surpondérés » à l’école secondaire

C’est officiel : au Gabon, les maths et le français ne seront plus les « enfants gâtés » du bulletin scolaire. Le ministère de l’Éducation nationale, sous l’impulsion de Camélia Ntoutoume Leclercq, vient de décider que toutes les matières compteront enfin pareil.

Après plus de 50 ans, on met fin à ce système où certaines disciplines pesaient plus lourd que la vérité dans un débat politique.

Jusqu’ici, si tu étais nul en maths, peu importait que tu sois un futur Molière en théâtre ou un Usain Bolt en sport : tu étais catalogué comme « élève en échec ». Résultat ? Plus d’un tiers des élèves gabonais redoublaient chaque année. Oui, 35 %. Comme si redoubler était une tradition nationale au même titre que le ndolé au Cameroun ou le thiéboudiène au Sénégal (qui, eux, affichent des taux bien plus bas).

L’Inspection générale a fini par reconnaître que ce système « surpondéré » décourageait plus qu’il ne motivait. Forcément : si deux matières font la loi et écrasent toutes les autres, difficile de se sentir valorisé quand ton talent est ailleurs. « Avec des coefficients égaux, les enfants vont développer leur vraie nature », explique Joachim Ondjila, inspecteur général. Traduction : on arrête de transformer les élèves en mini-mathématiciens ou mini-linguistes malgré eux.

Désormais, chaque matière sera sur un pied d’égalité. L’initiative s’inscrit dans la nouvelle méthode de l’Approche par compétences (APC), censée révéler les forces de chacun. L’idée est simple : valoriser autant l’histoire que les sciences, autant la musique que la physique. Parce que oui, savoir jouer du tam-tam ou analyser un poème, c’est aussi une compétence.

Les bénéfices attendus ?

  • Moins d’élèves recalés à cause d’un seul « zéro en maths ».
  • Une école plus juste, où tout le monde a sa chance (même ceux qui considèrent que la racine carrée est une plante).
  • Et surtout, plus d’excuse pour zapper les matières dites « secondaires ».

Évidemment, certains râlent déjà : « Ça va rendre les enfants paresseux ! » Faux. Si toutes les matières comptent, toutes doivent être travaillées. C’est la fin du calcul malin : « je mise tout sur les maths et je dors en histoire ».

Le gouvernement vise une baisse de 15 % des redoublements dès cette année, et veut diviser par deux le taux d’ici 2026. Mais au-delà des chiffres, c’est tout un état d’esprit qui change : l’école gabonaise veut passer du mode « sélection par l’échec » au mode « accompagnement des talents ».

En clair, après 55 ans de « deux poids, deux mesures », le Gabon dit enfin : toutes les matières sont importantes. Même l’éducation artistique. Oui, même ça.

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GabonOpinionSociété

”Nationalisation” ou ”Gabon d’abord” ?

Avant de plonger dans le cœur de notre analyse, faisons un bref retour sur l’histoire du terme aujourd’hui au centre des débats : nationalisation.

Ce mot est lié à une figure historique : le Général Nasser, en Égypte, en 1956. À l’époque, le canal de Suez, vital pour le commerce mondial, était contrôlé par les puissances occidentales (Anglais et Français). Considérant l’impact direct sur la souveraineté économique et sociale de son pays, Nasser décida de reprendre ce canal des mains étrangères. Cet acte fort, au-delà de son enjeu économique, restaura la dignité et la souveraineté nationale de l’Égypte.

Partant de cet exemple de l’histoire, posons la question : ”Nationalisation” ou ”Gabon d’abord” ? Lequel correspond le mieux au contexte gabonais ? Et pourquoi ?

Le contexte actuel du Gabon laisse à désirer, principalement en raison du comportement de ses dirigeants.

La volonté de ”nationaliser” émane surtout de la classe moyenne, ignorée par les autorités, qui lutte pour survivre dans un pays où la réussite repose souvent sur le nom ou l’appartenance familiale. Cette classe possède pourtant les compétences et la motivation pour contribuer au développement national, mais ses espoirs sont régulièrement brisés par l’inaction ou l’indifférence des dirigeants.

Cette aspiration à la nationalisation ne vient pas d’une volonté collective alliant population et dirigeants, mais uniquement du peuple, lassé de voir de nombreux secteurs économiques occupés par des intérêts étrangers.

Les faits montrent que les dirigeants ne partagent pas l’élan de souveraineté porté par leur peuple. Après la grouille populaire qui s’est passée notamment, le cas de Lambaréné, leur réponse s’est limitée à un discours lu, sans mesures concrètes pour traduire cette volonté en actes. Or, la véritable nationalisation exige bien plus que des mots : elle demande des décisions fermes, des actions courageuses et, si nécessaire, des sanctions.

Pourquoi, alors, ce refus d’accompagner la population dans cette démarche ?

Raisons possibles de l’inaction :

  • Calcul économique : Les bénéfices tirés de la présence d’étrangers dans certains secteurs seraient jugés plus importants que ceux générés par les nationaux.
  • Tolérance intéressée aux infractions : Les étrangers sont souvent disposés à payer cher pour exercer en paix, ce qui alimente des recettes douanières et fiscales élevées, ainsi motivent les autorités à ériger un grand nombre de contrôles.
  • Source de revenus : Qu’ils soient en situation régulière ou non, les étrangers constituent pour certaines administrations une manne financière précieuse, renforçant leur autonomie financière.
  • Manque de confiance dans la population : Les dirigeants doutent de la capacité des Gabonais à s`investir sérieusement et durablement dans le développement d’activités locales.

Au vu de ces éléments, nous comprenons que le texte officiel lu par les autorités vise juste à apaiser le climat social et non à engager une véritable nationalisation. Ce comportement des autorités contribue beaucoup à l’inactivé des Gabonais, en freinant l’initiative nationale et maintient ces derniers dans une position défavorable face aux étrangers.

Dans ce contexte, le mot “nationalisation” paraît inadapté. Le slogan “Gabon d’abord” semble plus pertinent.

Un slogan plus réaliste : “Gabon d’abord”

Il s`agit de privilégier les compétences, les produits et les talents nationaux tout en encadrant l’apport étranger, par exemple, en fixant un ratio de 70 % de nationaux pour 30 % d’étrangers dans les différents secteurs.

Ce mode de fonctionnement pourrait satisfaire les deux parties: les dirigeants y rouveraient leur intérêt financier, et la population, sa souveraineté économique.

Mesures à adopter pour “‘Gabon d’abord”

Fiscalité avantageuse pour les nationaux : instaurer un régime fiscal plus léger que celui des étrangers afin de permettre aux entreprises locales d’éclore et de proposer des produits à des prix compétitifs.

Professionnalisation des secteurs clés (commerce, transport, etc.) : reconnaître ces activités comme des métiers à part entière, encourager la spécialisation et limiter les passages d’un secteur à un autre.

Controle strict de limmigration : revoir les conditions d’entrée sur le territoire pour prévenir l’insécurité et l’occupation excessive de certains secteurs.

Réforme financière : mettre en place des règles solides pour limiter le rapatriement massif des capitaux vers l’étranger.

En résumé, la nationalisation au sens strict suppose une volonté politique forte, ce qui, pour l’instant, fait défaut au Gabon. “Gabon d’abord”, en revanche, est un cap stratégique atteignable, conciliant les intérêts des dirigeants et Ceux du peuple.

L’économiste I.J.B

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GabonOpinionSociété

Gabon Depuis le 30 août 2023……..Une Saga

Dans quelques semaines, le Gabon fêtera deux ans d’un nouveau régime, connu auparavant sous le nom de CTRI, dirigé par Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, ancien officier et chef de la sécurité présidentielle du Gabon. Il a la distinction douteuse d’être un cousin du président Ali Bongo Ondimba.

Ici, sera évalué l’état des affaires du Gabon, depuis que Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris les rênes du pays.

Une partie de la population gabonaise a salué le nouveau régime politique qui a insufflé au Gabon un vent de nouveauté, le 30 août 2023, après avoir connu un régime vieillissant, sénile, fragile et incompétent dirigé par le président Ali Bongo. La population s’est réjouie de cette prise de pouvoir par la famille Bongo. Lassé du règne de la famille Bongo, le peuple aspirait au changement. Le changement est-il vraiment arrivé ?

D’un côté, le peuple accueille le nouveau président comme un fils du pays. Le président Ali Bongo était lui aussi un fils du pays, techniquement, mais la plupart des Gabonais ont accueilli ce changement avec enthousiasme.

Comme par hasard, le nouveau président s’est concentré sur la consolidation de sa position en conservant sa lassitude militaire et en se concentrant sur les questions qui intéressent immédiatement les Gabonais. Tous ceux qui étaient étroitement liés à l’ancien régime ont été diabolisés un à un. Cependant, certains proches du régime précédent, soutenus par le nouveau régime, ont du jour au lendemain relégué leurs allégeances respectives au profit du nouveau régime afin de conserver leur hégémonie sur les postes importants de la bureaucratie et des ministères. Les chefs d’entreprise et les commerçants sont également inclus dans cette catégorie de « loyauté déplacée ».

Le gouvernement s’est lancé dans une frénésie d’emprunts inconsidérés, inaugurant fréquemment des projets qui ont suscité l’intérêt des Gabonais. Des projets ont été inaugurés, des photos de visages souriants ont été prises, des réunions prestigieuses avec des capitaines d’industrie ont eu lieu, et des médias complaisants ont fait grand bruit. Globalement, l’impression a été donnée que le Messie était descendu sur le sol gabonais pour libérer les Gabonais de leurs malheurs.

Pendant ce temps, les médias ont été instrumentalisés pour diffuser de la propagande, à l’exception d’une partie qui, n’osant critiquer le nouveau Messie, a continué à présenter des faits inquiétants concernant le bien-être de l’État. Des contenus généreux ont commencé à apparaître sur la santé économique du Gabon, ce qui est vraiment très inquiétant. Selon les médias, la moitié des recettes de l’État est destinée au remboursement de la dette, le reste aux salaires et avantages des fonctionnaires et des ministres, ainsi qu’à leurs conseillers, le reste étant censé être utilisé pour le bien-être public.

En réalité, aucune allocation budgétaire n’a été allouée aux projets pilotés par les différents ministères. Cependant, des montants cumulés ont été annoncés dans les médias. Des photos ont été diffusées dans les médias. Globalement, des efforts concertés ont été déployés pour que le bien-être devienne une réalité pour tous les Gabonais.

En réalité, la situation n’est pas aussi rose qu’on le dit. L’environnement des affaires est profondément vicié en raison de décisions inconsidérées prises sans aucune consultation des parties prenantes, ce qui rend les investisseurs étrangers nerveux. Des prises de contrôle généralisées par l’État ont eu lieu (Assala et SNGB) par la grâce de Dieu Le rachat par Tullow Oil a d’abord été reporté, puis Tullow Oil a décidé de se retirer du Gabon. Les prix du pétrole fluctuent constamment au gré des fluctuations du marché.

Les recettes ou l’assiette fiscale restent inchangées. Les droits d’importation ont connu des pics importants, ce qui témoigne également d’une consommation croissante, dont les paiements sont effectués en devises étrangères. En réalité, aucun chiffre fiable n’est disponible concernant la collecte des impôts directs et indirects.

Les dépenses sont en hausse constante, car les fidélités ne sont pas bon marché. Elles sont, en effet, coûteuses. Récemment, la Banque mondiale et la BAD ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à la situation économique dans leurs rapports annuels publiés en juin et juillet 2025. De plus, World Economics a attribué la note « E » au Gabon pour la qualité des données fournies. L’agence a qualifié les données gabonaises d’« inutilisables pour une prise de décision sérieuse » et « indignes de confiance ».

Fitch a déjà abaissé la note souveraine du Gabon à « CCC », ce qui est suffisant pour dissuader les investisseurs, le risque étant très élevé. Les données du PIB étant profondément falsifiées, aucune conclusion définitive ne peut être tirée.

En un mot, l’économie gabonaise est dans un état de désastre absolu.

Par ailleurs, il y a trois mois, le Gabon a connu de graves pannes d’électricité dues à une alimentation électrique irrégulière, ce qui a suscité un profond mécontentement parmi la population gabonaise. Par la suite, la SEEG, la société de distribution d’électricité, a pris des mesures de fortune, mais les dégâts sont déjà considérables. Les Gabonais n’ont jamais connu de problèmes aussi graves en matière d’approvisionnement en eau et en électricité.

Les infrastructures publiques de la capitale, Libreville, sont en très mauvais état.

Au niveau de la société, une jeune population désengagée représente toujours un danger potentiel, et la criminalité contre les femmes est en hausse. Il ne se passe pas un mois sans qu’un crime sexuel odieux contre des fillettes ne soit rapporté dans les médias. Ce phénomène se produit à intervalles réguliers. La brutalité d’Esther Ludivine, une fillette de 10 ans, illustre récemment la rapidité avec laquelle la société gabonaise dépérit : des briques tombent chaque jour.

Comme si ces événements ne suffisaient pas à tirer la sonnette d’alarme, l’histoire d’un scandale sexuel sur le point de se propager sur les réseaux sociaux et la xénophobie croissante au Gabon, qui a acquis une place disproportionnée sur tous les réseaux sociaux.

Le Gabon s’enfonce-t-il dans un ralentissement économique prolongé, transformant la société en un lieu de rivalité où chacun se battra pour chaque part du gâteau ? Voilà des pistes de réflexion pour que les Gabonais puissent tirer leurs propres conclusions…Le ressentiment généralisé de la société est un signe très inquiétant pour tout gouvernement..

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GabonOpinionSociété

Réserver certains métiers aux Gabonais : entre ambition et réalités du terrain

La décision du Conseil de réserver certains métiers aux nationaux, y compris dans des secteurs émergents comme le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne, s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté économique et de donner plus de place aux jeunes Gabonais. Sur le papier, cette mesure vise à créer de nouvelles opportunités et à protéger l’économie locale.

Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs souvent négligés.

D’abord, exercer ces métiers implique une organisation quotidienne exigeante : ouverture tôt le matin, tenue d’une comptabilité rigoureuse, gestion des charges, etc. Ce sont des compétences qui nécessitent un véritable accompagnement et parfois même une rééducation aux réalités de la gestion d’entreprise, loin de l’idée de « compter sur un soutien extérieur » à la fin du mois.

Ensuite, il faut anticiper les risques de contournement. Sans un encadrement précis, certains pourraient se limiter à prêter leur nom ou leur statut de national pour qu’un étranger gère l’activité, contre une rétribution.

Cela pourrait transformer la mesure en un simple business parallèle, où le propriétaire officiel ne serait qu’un garant rémunéré.

La question du contrôle est également centrale. Faut-il exiger que le gérant soit Gabonais ? Comment vérifier que la loi est respectée sans tomber dans des pratiques abusives ou du harcèlement administratif ? Une surveillance mal pensée pourrait décourager les entrepreneurs au lieu de les soutenir.

Pour que cette réforme produise les effets escomptés, il faudra donc :

Préciser les critères légaux (propriétaire, gérant, actionnaire majoritaire, etc.) • Mettre en place des contrôles clairs et proportionnés

Former et accompagner les entrepreneurs pour qu’ils soient réellement opérationnels

Prévoir des dispositifs de financement et d’appui technique pour favoriser la pérennité des entreprises

Réserver des métiers aux Gabonais peut être une avancée, mais seulement si l’application est pensée pour éviter les dérives et maximiser l’impact positif sur l’autonomie économique du pays.

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GabonOpinionPolitique

Forme de gouvernance appropriée pour le Gabon Présidentiel ou parlementaire

Le Gabon célébrera bientôt sa nouvelle fête de l’indépendance, le 17 août. Cette occasion sera propice à la réflexion sur le type de gouvernement que le Gabon a choisi.

Ce choix a-t-il été bénéfique pour le Gabon ? La forme de gouvernement choisie a-t-elle produit les résultats escomptés par les ancêtres gabonais ? A-t-elle permis aux Gabonais ordinaires de prospérer et de s’épanouir ? Approfondissons les réponses à ces questions… Avant d’aborder les réponses, gardons à l’esprit que la démocratie évolue au fil du temps, en résistant aux défis du temps.

La démocratie n’est pas un texte religieux immuable. Comme nous l’avons tous été à l’adolescence, nous fondons aujourd’hui des familles. Autrement dit, nous ne sommes plus ce que nous étions à l’adolescence : nous avons grandi, et la démocratie continue de se développer avec le temps.

La forme présidentielle de gouvernance convient à une démocratie très mature, où des « pouvoirs et contrepoids » ont été institutionnalisés au fil du temps afin de responsabiliser le Président devant son peuple. Parmi ces institutions, on trouve des commissions de contrôle législatif, un système judiciaire et une presse libre, des forces armées et une bureaucratie apolitiques, ainsi qu’une société civile dynamique, composée d’universitaires, d’avocats et de personnalités éminentes du monde de l’art, de la littérature et du théâtre.

Ces institutions appliquent des « pouvoirs et contrepoids » pour empêcher le Président de se montrer despotique.

Dans la forme parlementaire de la démocratie, un parti majoritaire à la Chambre des représentants dirige le pays.

Ce parti, ou gouvernement (exécutif), est contrôlé par l’opposition, qui ne jouit pas de la majorité, mais représente la circonscription qui l’a élu.

Dans ce cas, le rôle de l’opposition devient primordial, tout comme celui d’un système judiciaire libre, d’une presse libre, de forces armées et d’une bureaucratie apolitiques, ainsi que d’une société civile dynamique composée de personnalités éminentes du monde de l’art, de la littérature et du théâtre. Grâce à ces outils constitutionnels, l’opposition exerce un contrôle sur le gouvernement.

La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) devient primordiale. L’absence de séparation des pouvoirs est considérée comme l’une des principales raisons de la chute de l’URSS. Elle est donc essentielle.

Le Gabon a opté pour un régime présidentiel, comme la plupart des petits pays d’Afrique. Ce régime a-t-il été bénéfique pour tous ces pays ?

La réponse réside dans la configuration sociétale de toutes ces sociétés africaines. Toutes sont fortement patriarcales et toute l’autorité familiale est concentrée entre les mains du chef de famille. Cependant, une différence flagrante est à noter : la famille et l’État sont deux entités distinctes.

La gestion familiale ne peut être reproduite par l’État. Le Gabon doit réfléchir : ce mode de gouvernement a-t-il été fructueux ?

L’expérience du mode de gouvernance présidentiel a-t-elle porté ses fruits, donnant à chaque Gabonais le pouvoir ? Les réponses refléteront les résultats d’une gestion familiale, alors que nous parlons ici de gestion étatique. Le mode de gouvernance parlementaire est réputé inadapté en raison de sa faible population (dans le contexte africain).

De plus, il est initialement très chaotique et turbulent (voir le troisième paragraphe ci-dessus. L’évolution de la démocratie est un processus continu). Mais le meilleur dans tout cela, c’est qu’il oblige le représentant du peuple à se rendre auprès du peuple et à solliciter des voix pour sa victoire électorale.

Ce n’est pas le cas du mode de gouvernance présidentiel, où de grands rassemblements sont organisés dans tout le pays, mais où la représentation populaire reste difficile à atteindre.

Sans porter de jugement, je laisse la réponse à la sagesse du peuple gabonais. Je souhaite à tous les Gabonais une joyeuse fête de l’indépendance ! Que la République gabonaise soit bénie par la vertu divine

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GabonHistoireOpinionSociété

Père avant l’heure : comment la paternité précoce m’a façonné

Je n’avais pas prévu de devenir père si tôt. En classe de 3ᵉ, mon premier enfant est arrivé. En Terminale, le second. Je n’étais encore qu’un adolescent, et tout a basculé.

Avant eux, j’étais comme beaucoup de jeunes garçons : insouciant, le regard tourné vers l’avenir, occupé à profiter de la vie sans vraiment penser à ce que serait demain. Et puis, d’un coup, le demain est arrivé plus vite que prévu. Il a pris la forme de deux petits êtres fragiles qui dépendaient entièrement de moi. Ce jour-là, j’ai compris que ma vie ne m’appartenait plus vraiment.

Il a fallu grandir. Vite.

Apprendre à gérer un budget quand on n’a presque rien en poche. Réfléchir à chaque dépense. Dire non à certaines envies pour pouvoir dire oui à leurs besoins. Revoir mes priorités, abandonner certaines habitudes, certains rêves même. Assumer.

Mes parents étaient là, mais dans ma tête, je me répétais : “C’est mon devoir. C’est à moi d’assurer.” Pas à eux. Pas à un oncle, pas à un ami. Moi. Parce que c’étaient mes enfants, ma responsabilité, ma fierté aussi.

Je veux remercier celle qui les a portés. Pour le courage face aux regards parfois lourds de jugement, pour les épreuves traversées ensemble, pour les concessions silencieuses. Rien n’a été simple.

Être père très jeune, ce n’est pas seulement affronter les difficultés. C’est aussi apprendre à savourer les moments qui, parfois, passent inaperçus. Les écouter raconter leurs histoires farfelues. Répondre à leurs questions, même quand elles m’embarrassent ou me dépassent. Rire avec eux à en oublier les soucis. Les regarder grandir et se dire : “C’est moi qui les ai mis là, sur ce chemin.”

C’est stresser avec eux la veille d’un examen. C’est sentir son cœur se serrer quand la fièvre les cloue au lit. C’est se sentir impuissant quand on n’a pas la réponse, pas la solution, pas les moyens. Et parfois, c’est pleurer en silence. Mais se relever, toujours. Parce qu’on ne peut pas se permettre de rester à terre.

Oui, j’ai eu peur.

Peur de ne pas être à la hauteur, peur de reproduire les erreurs que j’ai connues, peur de les décevoir. Mais la paternité m’a appris une vérité simple : on ne naît pas père, on le devient. Chaque erreur, chaque effort, chaque geste compte.

Être père trop tôt m’a volé une partie de mon adolescence, mais m’a offert bien plus que ce que j’aurais pu imaginer : un sens à ma vie. Ces deux êtres m’ont forgé, m’ont appris la patience, la résilience et l’amour inconditionnel.

Si je parle aujourd’hui, ce n’est pas pour me plaindre. C’est pour dire aux plus jeunes : faites attention.

Protégez-vous.

Ne laissez pas un moment de plaisir décider à votre place de ce que sera votre vie.

Avoir un enfant, c’est magnifique… mais c’est aussi un engagement total, qui demande des sacrifices que vous n’imaginez même pas à votre âge.

Ne vous précipitez pas. Prenez le temps de finir vos études, de construire votre vie, de devenir vous-même avant d’être responsable d’un autre être. Vous ne pouvez pas verser dans un verre vide.

Et si un jour, vous devenez parents, soyez présents. Pas juste physiquement. Écoutez, accompagnez, rassurez. Même quand vous n’avez pas la solution, montrez que vous êtes là. Parce qu’au fond, ce dont un enfant a le plus besoin, ce n’est pas d’un parent parfait, mais d’un parent qui ne lâche jamais.

Aujourd’hui, je ne sais pas si je suis le meilleur des pères. Mais je sais une chose : je fais de mon mieux, chaque jour, pour qu’ils ne manquent de rien, pour qu’ils se sentent aimés, pour qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur moi. Toujours.

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GabonOpinionSociété

Ces jeunes qui font bouger les lignes, souvent dans l’ombre

Il y a, au Gabon, une génération qui refuse d’attendre que les choses tombent du ciel. Des jeunes qui, au lieu de se résigner, décident de créer.

Dans la culture, le divertissement, l’événementiel, la mode, la communication, ou encore le numérique, ils se retroussent les manches pour bâtir quelque chose à partir de ce qu’ils connaissent et de ce qu’ils aiment. Ils transforment leurs passions en initiatives, leurs idées en projets, leurs projets en petites entreprises.

Je ne prendrai pas le risque de citer des noms ici. Non pas par manque de reconnaissance, mais parce que la liste est longue, et que l’oublier ne serait-ce qu’une personne, par inadvertance, pourrait en frustrer d’autres. Et ce texte se veut une célébration de tous, sans exception.

Ces jeunes n’attendent pas que le pays leur offre un chemin tout tracé. Ils organisent des festivals, lancent des plateformes, créent des concepts, fédèrent des communautés. Ils testent, échouent parfois, recommencent souvent. Et même si le soutien institutionnel ou financier reste limité, ils persistent. Ils savent qu’ils n’ont pas le luxe d’attendre “les bonnes conditions” pour agir.

Les plus ambitieux iront sûrement plus loin : ils décrocheront des partenariats, séduiront des investisseurs, s’exporteront au-delà des frontières. Mais même ceux qui ne franchiront pas toutes les étapes ont déjà gagné quelque chose : la preuve qu’ils ne manquent pas d’idées et qu’ils refusent l’inaction.

C’est là que les plus âgés, ceux qui ont l’expérience, les moyens ou le réseau, ont un rôle à jouer. Soutenir ces initiatives, c’est investir dans l’avenir. C’est comprendre qu’une économie ne se développe pas uniquement avec des matières premières, mais aussi avec des idées, du savoir-faire, de la créativité. C’est ainsi qu’on construit une véritable économie de la connaissance.

Et il faut le rappeler : nous ne sommes pas nombreux. On ne peut pas tous espérer percer dans les mêmes secteurs. L’agriculture, par exemple, demande un capital conséquent et, sur le marché gabonais, la production pourrait rapidement dépasser la demande. Mais dans l’économie de la connaissance, les barrières sont plus faibles et les opportunités plus vastes : on peut créer ici et vendre au monde entier.

Ces jeunes n’attendent pas que tout soit parfait. Ils essaient. Ils prennent des risques. Ils travaillent souvent dans l’ombre, parfois sans reconnaissance, mais avec la conviction que, même à petite échelle, ils peuvent faire bouger les choses. Et c’est peut-être ça, la plus belle leçon : dans un pays où l’on entend souvent dire “il n’y a rien”, eux prouvent qu’il y a toujours quelque chose… à condition de vouloir le bâtir… Ensemble.

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EmploiGabonOpinionSociété

Rêves brisés, talents exilés : quand le Gabon oublie ses enfants

Il y a des histoires qu’on n’écrit pas dans les livres, mais qu’on porte en silence dans les regards fatigués. Celle d’un juriste devenu journaliste, d’un étudiant devenu vigile. D’un ingénieur devenu livreur. D’un médecin devenu vendeur ambulant. Pas par manque de compétence. Mais parce qu’un jour, le pays qu’ils aimaient leur a gentiment demandé de rentrer… sans jamais vraiment les accueillir.

On les appelle la “diaspora”, comme si ce mot suffisait à justifier l’exil. Des jeunes, brillants, formés dans les meilleures universités, qui rentrent chez eux pleins d’espoir, les bras chargés de projets, le cœur gonflé de patriotisme. Et qui trouvent… des portes closes. Pas de postes. Pas de soutien. Pas même une chaise où s’asseoir pour expliquer ce qu’ils peuvent apporter.

Alors ils font ce que beaucoup font dans le silence : ils se “cherchent“. Ils acceptent ce qu’ils trouvent. Ils deviennent multitâches dans un pays où la survie est un sport de haut niveau. Parce qu’au-delà du diplôme, il faut affronter les coupures d’électricité qui paralysent les idées, les délestages d’eau qui sapent la dignité, les routes défoncées qui cassent les reins et les espoirs. Et puis il y a les taxes… imposées même aux rêves en gestation.

Il y a une violence invisible dans tout cela. Une violence qui fait qu’un pharmacien gère aujourd’hui une buvette. Qu’un enseignant brillant conduit un taxi pour nourrir sa famille. Et pendant qu’il fait ça, il prend peut-être la place d’un autre, quelqu’un qui aurait pu faire ce métier avec fierté, mais qui lui non plus, n’a pas eu le choix.

Il faut en parler. Parce que derrière chaque reconversion imposée, il y a un sacrifice. Derrière chaque talent parti, un vide. Derrière chaque retour manqué, un pays qui perd une chance de se reconstruire.

On ne généralise pas. Il y a des réussites, oui. Des jeunes qui entreprennent, qui innovent, qui changent les choses à leur échelle. Mais même eux, ils rament. Ils rament à contre-courant dans un pays qui ne leur tend pas la rame.

Ce n’est pas une plainte, c’est un cri. Un cri de ceux qui aiment ce pays, mais qui se sentent étrangers chez eux. Un cri de ceux qui veulent juste exister sans s’excuser d’avoir rêvé.

Il est temps de remettre l’église au centre du village. De cesser de demander aux jeunes de rentrer si c’est pour les laisser s’écraser contre les murs de la réalité. Il ne suffit pas d’aimer le Gabon. Il faut aussi que le Gabon aime ses enfants.

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On ne guérit jamais vraiment de certains départs

Il y a des silences qui crient plus fort que des hurlements. Des absences qui te serrent la gorge, même des années plus tard. On croit qu’on s’habitue. On se dit que le temps fera le travail. Mais la vérité, c’est qu’on apprend juste à avancer avec un poids dans la poitrine.

Quand la mort arrache quelqu’un qu’on aime, elle ne prend pas que la personne. Elle emporte un morceau de nous. Et parfois, on ne le récupère jamais.

Il y a des matins où on se réveille, le cœur lourd, sans vraiment comprendre pourquoi. Jusqu’à ce qu’un souvenir vienne nous frapper de plein fouet. Une voix qu’on n’entendra plus. Un rire qui ne reviendra pas. Un message qu’on relit encore et encore, même s’il ne répondra plus jamais.

Et puis, il y a ces numéros qu’on garde dans le téléphone. Ces noms qui s’affichent encore, comme une présence qu’on ne veut pas effacer. Certains n’ont jamais eu la force de les supprimer. Parce que supprimer, ce serait comme trahir. Comme admettre que c’est vraiment fini. Alors on laisse le numéro. On écrit parfois, même si on sait qu’il n’y aura jamais de réponse. On envoie un “tu me manques”, un “je pense à toi”, un simple emoji… juste pour se sentir un peu moins seul, juste pour tenir debout. Parce que ça fait du bien, même si ça fait mal.

Certains s’en remettent. D’autres non. Et il faut qu’on arrête de faire semblant que c’est pareil pour tout le monde. Il y en a que la douleur a brisés à vie. Qui n’ont plus jamais souri comme avant. Qui vivent, mais qui ne respirent plus vraiment. Parce que ce vide-là, il n’y a rien qui le comble.

« Je plie quand tu plies, je pleure quand tu pleures Je prie quand tu pries alors, ton deuil, c’est mon deuil Je vibre quand tu vis, un cœur pour un cœur Puisque je brille quand tu brilles, alors je meurs quand tu meurs »— Youssoupha, Mourir mille fois

Ces derniers temps, on dirait que la mort a pris goût à la jeunesse. Elle arrache des frères, des sœurs, des amis, trop tôt, trop vite. Et on est là, choqués, sidérés, à se demander pourquoi. Pourquoi eux ? Pourquoi maintenant ? Et pendant qu’on enterre nos repères, on se rend compte à quel point tout est fragile.

Alors qu’est-ce qu’on attend pour vivre vraiment ? Qu’est-ce qu’on attend pour se libérer de ce qui nous ronge ? Pour dire “je t’aime” sans honte, pour demander pardon sans orgueil, pour quitter ce qui nous détruit, pour faire ce qui nous ressemble ?

On perd trop de temps à fuir nos rêves, à nourrir des rancunes, à courir après l’approbation des autres. Mais à la fin, qu’est-ce qui restera ? Ce que tu as ressenti. Ce que tu as donné. Ce que tu as vécu sincèrement.

Le deuil nous rappelle que rien n’est éternel. Mais aussi que chaque instant peut devenir un souvenir précieux. Alors ne laisse pas la mort te voler la vie. Sois en paix avec toi-même. Ne reste pas coincé dans le passé ou dans la peur du futur. Avance, même à petits pas. Même les larmes aux yeux. Parce que chaque pas que tu fais, c’est une victoire sur l’oubli.

On ne guérit pas de tout, c’est vrai. Mais on peut choisir de vivre, malgré tout.

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