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Réserver certains métiers aux Gabonais : entre ambition et réalités du terrain

La décision du Conseil de réserver certains métiers aux nationaux, y compris dans des secteurs émergents comme le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne, s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté économique et de donner plus de place aux jeunes Gabonais. Sur le papier, cette mesure vise à créer de nouvelles opportunités et à protéger l’économie locale.

Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs souvent négligés.

D’abord, exercer ces métiers implique une organisation quotidienne exigeante : ouverture tôt le matin, tenue d’une comptabilité rigoureuse, gestion des charges, etc. Ce sont des compétences qui nécessitent un véritable accompagnement et parfois même une rééducation aux réalités de la gestion d’entreprise, loin de l’idée de « compter sur un soutien extérieur » à la fin du mois.

Ensuite, il faut anticiper les risques de contournement. Sans un encadrement précis, certains pourraient se limiter à prêter leur nom ou leur statut de national pour qu’un étranger gère l’activité, contre une rétribution.

Cela pourrait transformer la mesure en un simple business parallèle, où le propriétaire officiel ne serait qu’un garant rémunéré.

La question du contrôle est également centrale. Faut-il exiger que le gérant soit Gabonais ? Comment vérifier que la loi est respectée sans tomber dans des pratiques abusives ou du harcèlement administratif ? Une surveillance mal pensée pourrait décourager les entrepreneurs au lieu de les soutenir.

Pour que cette réforme produise les effets escomptés, il faudra donc :

Préciser les critères légaux (propriétaire, gérant, actionnaire majoritaire, etc.) • Mettre en place des contrôles clairs et proportionnés

Former et accompagner les entrepreneurs pour qu’ils soient réellement opérationnels

Prévoir des dispositifs de financement et d’appui technique pour favoriser la pérennité des entreprises

Réserver des métiers aux Gabonais peut être une avancée, mais seulement si l’application est pensée pour éviter les dérives et maximiser l’impact positif sur l’autonomie économique du pays.

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Forme de gouvernance appropriée pour le Gabon Présidentiel ou parlementaire

Le Gabon célébrera bientôt sa nouvelle fête de l’indépendance, le 17 août. Cette occasion sera propice à la réflexion sur le type de gouvernement que le Gabon a choisi.

Ce choix a-t-il été bénéfique pour le Gabon ? La forme de gouvernement choisie a-t-elle produit les résultats escomptés par les ancêtres gabonais ? A-t-elle permis aux Gabonais ordinaires de prospérer et de s’épanouir ? Approfondissons les réponses à ces questions… Avant d’aborder les réponses, gardons à l’esprit que la démocratie évolue au fil du temps, en résistant aux défis du temps.

La démocratie n’est pas un texte religieux immuable. Comme nous l’avons tous été à l’adolescence, nous fondons aujourd’hui des familles. Autrement dit, nous ne sommes plus ce que nous étions à l’adolescence : nous avons grandi, et la démocratie continue de se développer avec le temps.

La forme présidentielle de gouvernance convient à une démocratie très mature, où des « pouvoirs et contrepoids » ont été institutionnalisés au fil du temps afin de responsabiliser le Président devant son peuple. Parmi ces institutions, on trouve des commissions de contrôle législatif, un système judiciaire et une presse libre, des forces armées et une bureaucratie apolitiques, ainsi qu’une société civile dynamique, composée d’universitaires, d’avocats et de personnalités éminentes du monde de l’art, de la littérature et du théâtre.

Ces institutions appliquent des « pouvoirs et contrepoids » pour empêcher le Président de se montrer despotique.

Dans la forme parlementaire de la démocratie, un parti majoritaire à la Chambre des représentants dirige le pays.

Ce parti, ou gouvernement (exécutif), est contrôlé par l’opposition, qui ne jouit pas de la majorité, mais représente la circonscription qui l’a élu.

Dans ce cas, le rôle de l’opposition devient primordial, tout comme celui d’un système judiciaire libre, d’une presse libre, de forces armées et d’une bureaucratie apolitiques, ainsi que d’une société civile dynamique composée de personnalités éminentes du monde de l’art, de la littérature et du théâtre. Grâce à ces outils constitutionnels, l’opposition exerce un contrôle sur le gouvernement.

La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) devient primordiale. L’absence de séparation des pouvoirs est considérée comme l’une des principales raisons de la chute de l’URSS. Elle est donc essentielle.

Le Gabon a opté pour un régime présidentiel, comme la plupart des petits pays d’Afrique. Ce régime a-t-il été bénéfique pour tous ces pays ?

La réponse réside dans la configuration sociétale de toutes ces sociétés africaines. Toutes sont fortement patriarcales et toute l’autorité familiale est concentrée entre les mains du chef de famille. Cependant, une différence flagrante est à noter : la famille et l’État sont deux entités distinctes.

La gestion familiale ne peut être reproduite par l’État. Le Gabon doit réfléchir : ce mode de gouvernement a-t-il été fructueux ?

L’expérience du mode de gouvernance présidentiel a-t-elle porté ses fruits, donnant à chaque Gabonais le pouvoir ? Les réponses refléteront les résultats d’une gestion familiale, alors que nous parlons ici de gestion étatique. Le mode de gouvernance parlementaire est réputé inadapté en raison de sa faible population (dans le contexte africain).

De plus, il est initialement très chaotique et turbulent (voir le troisième paragraphe ci-dessus. L’évolution de la démocratie est un processus continu). Mais le meilleur dans tout cela, c’est qu’il oblige le représentant du peuple à se rendre auprès du peuple et à solliciter des voix pour sa victoire électorale.

Ce n’est pas le cas du mode de gouvernance présidentiel, où de grands rassemblements sont organisés dans tout le pays, mais où la représentation populaire reste difficile à atteindre.

Sans porter de jugement, je laisse la réponse à la sagesse du peuple gabonais. Je souhaite à tous les Gabonais une joyeuse fête de l’indépendance ! Que la République gabonaise soit bénie par la vertu divine

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Père avant l’heure : comment la paternité précoce m’a façonné

Je n’avais pas prévu de devenir père si tôt. En classe de 3ᵉ, mon premier enfant est arrivé. En Terminale, le second. Je n’étais encore qu’un adolescent, et tout a basculé.

Avant eux, j’étais comme beaucoup de jeunes garçons : insouciant, le regard tourné vers l’avenir, occupé à profiter de la vie sans vraiment penser à ce que serait demain. Et puis, d’un coup, le demain est arrivé plus vite que prévu. Il a pris la forme de deux petits êtres fragiles qui dépendaient entièrement de moi. Ce jour-là, j’ai compris que ma vie ne m’appartenait plus vraiment.

Il a fallu grandir. Vite.

Apprendre à gérer un budget quand on n’a presque rien en poche. Réfléchir à chaque dépense. Dire non à certaines envies pour pouvoir dire oui à leurs besoins. Revoir mes priorités, abandonner certaines habitudes, certains rêves même. Assumer.

Mes parents étaient là, mais dans ma tête, je me répétais : “C’est mon devoir. C’est à moi d’assurer.” Pas à eux. Pas à un oncle, pas à un ami. Moi. Parce que c’étaient mes enfants, ma responsabilité, ma fierté aussi.

Je veux remercier celle qui les a portés. Pour le courage face aux regards parfois lourds de jugement, pour les épreuves traversées ensemble, pour les concessions silencieuses. Rien n’a été simple.

Être père très jeune, ce n’est pas seulement affronter les difficultés. C’est aussi apprendre à savourer les moments qui, parfois, passent inaperçus. Les écouter raconter leurs histoires farfelues. Répondre à leurs questions, même quand elles m’embarrassent ou me dépassent. Rire avec eux à en oublier les soucis. Les regarder grandir et se dire : “C’est moi qui les ai mis là, sur ce chemin.”

C’est stresser avec eux la veille d’un examen. C’est sentir son cœur se serrer quand la fièvre les cloue au lit. C’est se sentir impuissant quand on n’a pas la réponse, pas la solution, pas les moyens. Et parfois, c’est pleurer en silence. Mais se relever, toujours. Parce qu’on ne peut pas se permettre de rester à terre.

Oui, j’ai eu peur.

Peur de ne pas être à la hauteur, peur de reproduire les erreurs que j’ai connues, peur de les décevoir. Mais la paternité m’a appris une vérité simple : on ne naît pas père, on le devient. Chaque erreur, chaque effort, chaque geste compte.

Être père trop tôt m’a volé une partie de mon adolescence, mais m’a offert bien plus que ce que j’aurais pu imaginer : un sens à ma vie. Ces deux êtres m’ont forgé, m’ont appris la patience, la résilience et l’amour inconditionnel.

Si je parle aujourd’hui, ce n’est pas pour me plaindre. C’est pour dire aux plus jeunes : faites attention.

Protégez-vous.

Ne laissez pas un moment de plaisir décider à votre place de ce que sera votre vie.

Avoir un enfant, c’est magnifique… mais c’est aussi un engagement total, qui demande des sacrifices que vous n’imaginez même pas à votre âge.

Ne vous précipitez pas. Prenez le temps de finir vos études, de construire votre vie, de devenir vous-même avant d’être responsable d’un autre être. Vous ne pouvez pas verser dans un verre vide.

Et si un jour, vous devenez parents, soyez présents. Pas juste physiquement. Écoutez, accompagnez, rassurez. Même quand vous n’avez pas la solution, montrez que vous êtes là. Parce qu’au fond, ce dont un enfant a le plus besoin, ce n’est pas d’un parent parfait, mais d’un parent qui ne lâche jamais.

Aujourd’hui, je ne sais pas si je suis le meilleur des pères. Mais je sais une chose : je fais de mon mieux, chaque jour, pour qu’ils ne manquent de rien, pour qu’ils se sentent aimés, pour qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur moi. Toujours.

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Ces jeunes qui font bouger les lignes, souvent dans l’ombre

Il y a, au Gabon, une génération qui refuse d’attendre que les choses tombent du ciel. Des jeunes qui, au lieu de se résigner, décident de créer.

Dans la culture, le divertissement, l’événementiel, la mode, la communication, ou encore le numérique, ils se retroussent les manches pour bâtir quelque chose à partir de ce qu’ils connaissent et de ce qu’ils aiment. Ils transforment leurs passions en initiatives, leurs idées en projets, leurs projets en petites entreprises.

Je ne prendrai pas le risque de citer des noms ici. Non pas par manque de reconnaissance, mais parce que la liste est longue, et que l’oublier ne serait-ce qu’une personne, par inadvertance, pourrait en frustrer d’autres. Et ce texte se veut une célébration de tous, sans exception.

Ces jeunes n’attendent pas que le pays leur offre un chemin tout tracé. Ils organisent des festivals, lancent des plateformes, créent des concepts, fédèrent des communautés. Ils testent, échouent parfois, recommencent souvent. Et même si le soutien institutionnel ou financier reste limité, ils persistent. Ils savent qu’ils n’ont pas le luxe d’attendre “les bonnes conditions” pour agir.

Les plus ambitieux iront sûrement plus loin : ils décrocheront des partenariats, séduiront des investisseurs, s’exporteront au-delà des frontières. Mais même ceux qui ne franchiront pas toutes les étapes ont déjà gagné quelque chose : la preuve qu’ils ne manquent pas d’idées et qu’ils refusent l’inaction.

C’est là que les plus âgés, ceux qui ont l’expérience, les moyens ou le réseau, ont un rôle à jouer. Soutenir ces initiatives, c’est investir dans l’avenir. C’est comprendre qu’une économie ne se développe pas uniquement avec des matières premières, mais aussi avec des idées, du savoir-faire, de la créativité. C’est ainsi qu’on construit une véritable économie de la connaissance.

Et il faut le rappeler : nous ne sommes pas nombreux. On ne peut pas tous espérer percer dans les mêmes secteurs. L’agriculture, par exemple, demande un capital conséquent et, sur le marché gabonais, la production pourrait rapidement dépasser la demande. Mais dans l’économie de la connaissance, les barrières sont plus faibles et les opportunités plus vastes : on peut créer ici et vendre au monde entier.

Ces jeunes n’attendent pas que tout soit parfait. Ils essaient. Ils prennent des risques. Ils travaillent souvent dans l’ombre, parfois sans reconnaissance, mais avec la conviction que, même à petite échelle, ils peuvent faire bouger les choses. Et c’est peut-être ça, la plus belle leçon : dans un pays où l’on entend souvent dire “il n’y a rien”, eux prouvent qu’il y a toujours quelque chose… à condition de vouloir le bâtir… Ensemble.

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Rêves brisés, talents exilés : quand le Gabon oublie ses enfants

Il y a des histoires qu’on n’écrit pas dans les livres, mais qu’on porte en silence dans les regards fatigués. Celle d’un juriste devenu journaliste, d’un étudiant devenu vigile. D’un ingénieur devenu livreur. D’un médecin devenu vendeur ambulant. Pas par manque de compétence. Mais parce qu’un jour, le pays qu’ils aimaient leur a gentiment demandé de rentrer… sans jamais vraiment les accueillir.

On les appelle la “diaspora”, comme si ce mot suffisait à justifier l’exil. Des jeunes, brillants, formés dans les meilleures universités, qui rentrent chez eux pleins d’espoir, les bras chargés de projets, le cœur gonflé de patriotisme. Et qui trouvent… des portes closes. Pas de postes. Pas de soutien. Pas même une chaise où s’asseoir pour expliquer ce qu’ils peuvent apporter.

Alors ils font ce que beaucoup font dans le silence : ils se “cherchent“. Ils acceptent ce qu’ils trouvent. Ils deviennent multitâches dans un pays où la survie est un sport de haut niveau. Parce qu’au-delà du diplôme, il faut affronter les coupures d’électricité qui paralysent les idées, les délestages d’eau qui sapent la dignité, les routes défoncées qui cassent les reins et les espoirs. Et puis il y a les taxes… imposées même aux rêves en gestation.

Il y a une violence invisible dans tout cela. Une violence qui fait qu’un pharmacien gère aujourd’hui une buvette. Qu’un enseignant brillant conduit un taxi pour nourrir sa famille. Et pendant qu’il fait ça, il prend peut-être la place d’un autre, quelqu’un qui aurait pu faire ce métier avec fierté, mais qui lui non plus, n’a pas eu le choix.

Il faut en parler. Parce que derrière chaque reconversion imposée, il y a un sacrifice. Derrière chaque talent parti, un vide. Derrière chaque retour manqué, un pays qui perd une chance de se reconstruire.

On ne généralise pas. Il y a des réussites, oui. Des jeunes qui entreprennent, qui innovent, qui changent les choses à leur échelle. Mais même eux, ils rament. Ils rament à contre-courant dans un pays qui ne leur tend pas la rame.

Ce n’est pas une plainte, c’est un cri. Un cri de ceux qui aiment ce pays, mais qui se sentent étrangers chez eux. Un cri de ceux qui veulent juste exister sans s’excuser d’avoir rêvé.

Il est temps de remettre l’église au centre du village. De cesser de demander aux jeunes de rentrer si c’est pour les laisser s’écraser contre les murs de la réalité. Il ne suffit pas d’aimer le Gabon. Il faut aussi que le Gabon aime ses enfants.

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On ne guérit jamais vraiment de certains départs

Il y a des silences qui crient plus fort que des hurlements. Des absences qui te serrent la gorge, même des années plus tard. On croit qu’on s’habitue. On se dit que le temps fera le travail. Mais la vérité, c’est qu’on apprend juste à avancer avec un poids dans la poitrine.

Quand la mort arrache quelqu’un qu’on aime, elle ne prend pas que la personne. Elle emporte un morceau de nous. Et parfois, on ne le récupère jamais.

Il y a des matins où on se réveille, le cœur lourd, sans vraiment comprendre pourquoi. Jusqu’à ce qu’un souvenir vienne nous frapper de plein fouet. Une voix qu’on n’entendra plus. Un rire qui ne reviendra pas. Un message qu’on relit encore et encore, même s’il ne répondra plus jamais.

Et puis, il y a ces numéros qu’on garde dans le téléphone. Ces noms qui s’affichent encore, comme une présence qu’on ne veut pas effacer. Certains n’ont jamais eu la force de les supprimer. Parce que supprimer, ce serait comme trahir. Comme admettre que c’est vraiment fini. Alors on laisse le numéro. On écrit parfois, même si on sait qu’il n’y aura jamais de réponse. On envoie un “tu me manques”, un “je pense à toi”, un simple emoji… juste pour se sentir un peu moins seul, juste pour tenir debout. Parce que ça fait du bien, même si ça fait mal.

Certains s’en remettent. D’autres non. Et il faut qu’on arrête de faire semblant que c’est pareil pour tout le monde. Il y en a que la douleur a brisés à vie. Qui n’ont plus jamais souri comme avant. Qui vivent, mais qui ne respirent plus vraiment. Parce que ce vide-là, il n’y a rien qui le comble.

« Je plie quand tu plies, je pleure quand tu pleures Je prie quand tu pries alors, ton deuil, c’est mon deuil Je vibre quand tu vis, un cœur pour un cœur Puisque je brille quand tu brilles, alors je meurs quand tu meurs »— Youssoupha, Mourir mille fois

Ces derniers temps, on dirait que la mort a pris goût à la jeunesse. Elle arrache des frères, des sœurs, des amis, trop tôt, trop vite. Et on est là, choqués, sidérés, à se demander pourquoi. Pourquoi eux ? Pourquoi maintenant ? Et pendant qu’on enterre nos repères, on se rend compte à quel point tout est fragile.

Alors qu’est-ce qu’on attend pour vivre vraiment ? Qu’est-ce qu’on attend pour se libérer de ce qui nous ronge ? Pour dire “je t’aime” sans honte, pour demander pardon sans orgueil, pour quitter ce qui nous détruit, pour faire ce qui nous ressemble ?

On perd trop de temps à fuir nos rêves, à nourrir des rancunes, à courir après l’approbation des autres. Mais à la fin, qu’est-ce qui restera ? Ce que tu as ressenti. Ce que tu as donné. Ce que tu as vécu sincèrement.

Le deuil nous rappelle que rien n’est éternel. Mais aussi que chaque instant peut devenir un souvenir précieux. Alors ne laisse pas la mort te voler la vie. Sois en paix avec toi-même. Ne reste pas coincé dans le passé ou dans la peur du futur. Avance, même à petits pas. Même les larmes aux yeux. Parce que chaque pas que tu fais, c’est une victoire sur l’oubli.

On ne guérit pas de tout, c’est vrai. Mais on peut choisir de vivre, malgré tout.

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Good Kounabelisme / Bad Kounabelisme

Aujourd’hui, l’un des plus grands fléaux sociaux de ce pays, qui il n’y a pas si longtemps encore exacerbait certains, tend à se normaliser.

Aujourd’hui, c’est maintenant pathétique de pointer cela du doigt ?

Le “harcèlement” toléré ou justifié pour les uns à une époque encore pas si lointaine, est désormais pathétique et inapproprié pour les autres.

Il fut un temps où toutes les formes de Kounabelisme étaient pointées du doigt, exposées sur la place publique, et les Kounabelistes étaient affichés pour que nul n’oublie.

Désormais, ceux qui jadis dénonçaient cela en sont les porte-étendards, ceux qui s’en offusquaient hier, le pratiquent désormais fièrement.

Certains se taisent maintenant sur le sujet car leurs proches le pratiquent sans gêne, certains le justifient ou le normalisent.

Comprenons que dans la 5ᵉ République, si tu pratiques le Kounabelisme et qu’on ne t’apprécie pas, c’est mauvais, mais si tu es apprécié, ça va, parce que tu ne dois rien à personne.

Les convictions, valeurs et principes au gré du vent mènent souvent à une chute silencieuse et longue.


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Ce gouvernement n’a aucune empathie.

« On ne gouverne pas avec les émotions »… Je pense qu’ils ont pris cette phrase au pied de la lettre. Ça me rappelle un échange lu sur Twitter d’ailleurs.

Si l’émotion ne doit pas être dans le débat (ne pas s’énerver, mesurer ses propos, etc.), tenir compte de la situation déjà précaire du peuple est le minimum pour le servir.
Car oui, le gouvernement sert le peuple.

Mais aujourd’hui, on a l’impression que les gouvernants sont devenus des exécutants froids, déconnectés, sans regard humain.
Juste des procédures. Des arrêtés. Des communiqués. Des bulldozers.
Et si vous osez parler de l’impact des décisions sur les gens – les vrais gens, pas les statistiques – on vous renvoie à la loi, au pragmatisme, à l’ordre.

On déguerpit des familles sans relogement.
On coupe l’électricité à des quartiers entiers.
On suspend des aides. On ferme des services.
Et aujourd’hui, on veut suspendre les bourses dans certains pays.

Pourquoi ? Parce que – nous dit-on – « les gens ne rentrent pas » ou « ne respectent pas leurs engagements décennaux ».
C’est vrai. C’est un fait.
Mais est-ce que couper les bourses dans trois pays va régler le problème, alors que près de 40% des jeunes diplômés sont au chômage au Gabon ?

La justification ne tient pas. Elle ne repose sur aucune vraie réflexion.

Disons les choses clairement : si on nous avait dit que c’est pour des raisons budgétaires, la décision aurait été plus audible.
Encore qu’on ne la conteste même pas, cette décision. C’est la raison invoquée qui dérange.

Proposer une solution sans comprendre les causes, c’est fuir. C’est bâcler.
C’est aussi révéler une paresse intellectuelle profonde.

Au lieu de se demander pourquoi les diplômés ne rentrent pas, on choisit la voie la plus simple : supprimer les bourses en France, aux États-Unis et au Canada.
Très bien.

Mais ils rentreraient pour quoi ?
Combien sont rentrés pour se faire balayer par le chômage, malgré leurs diplômes ?
Je pense à un ami, diplômé au Canada, qui a passé trois ans à courir partout, sans rien trouver.
Pas de bon nom. Pas de réseau. Pas d’oncle.
Il a juste rejoint les rangs silencieux des sacrifiés, pendant qu’on affichait ailleurs des sourires de façade.

Et pourtant, quand les autorités croisent la diaspora à l’étranger, elles se félicitent.
Ces jeunes qui brillent à l’international deviennent soudain des « ambassadeurs » du pays.
Mais dès qu’ils refusent de rentrer dans le vide, on les traite d’ingrats.

Oui mais… l’engagement décennal ?

Un argument pertinent, oui.
Mais alors, comment l’État mesure-t-il aujourd’hui le retour sur investissement ?
silence radio
Il n’y a aucun vrai mécanisme de suivi, en dehors de la sempiternelle demande de documents pour renouveler la bourse.

Si l’État veut que les diplômés reviennent, qu’il crée les conditions pour qu’ils s’intègrent.
Des conventions claires. Des incitations. Des passerelles. Des plans d’accueil.
Si l’on veut un retour sur investissement, il faut penser une politique publique.

Mais ça, ça suppose de réfléchir. De penser. D’anticiper.
Et dans ce gouvernement qui a vidé toute humanité de ses décisions, penser semble devenu accessoire.


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Mays Mouissi, la déception de trop

On n’a plus besoin de tourner autour du pot. La vidéo — floue mais claire — a été vue, commentée, disséquée. On y voit Mays Mouissi, aujourd’hui cadre politique et ex-ministre de l’Économie, inviter le Peuple à accueillir le Président élu à l’aéroport, “comme il se doit”, à son retour des États-Unis.

Un appel qui aurait pu passer inaperçu… s’il n’était pas venu de l’un des visages les plus emblématiques de l’opposition numérique gabonaise.
Oui, lui. L’ancien activiste. Celui qui nous représentait.

On ne se fait pas seul.

(suite…)
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Partout et nulle part à la fois…C’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui.

Cette envie d’être partout et nulle part à la fois du président le dessert plus qu’autre chose. À force de vouloir apparaître sur tous les fronts, il finit par ne plus incarner aucun.

Comment voulez-vous qu’on prenne au sérieux des responsables qui se déplacent en grande pompe pour l’ouverture… d’une épicerie ?
Oui, une épicerie.
Pas un centre hospitalier, pas une école, pas même une usine.
Une franchise commerciale, “Prix Import Ntoum”.
Et ce, sous couvert d’un “apport économique certain”.

Pas moins de trois autorités nationalespas locales hein, nationales — étaient présentes.
Tout ça pour couper un ruban.
Franchement.

Et pourtant, à Ntoum, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas déjà des représentants de l’État.
Il y a un maire, un gouverneur, un préfet, un député
Ces gens-là auraient pu faire le job, non ?
Mais non.
On préfère dépêcher des figures nationales pour une action symbolique sans réelle portée stratégique.

La première question à se poser, c’est : pourquoi ?
Et là, comme d’habitude, on nous sert les éléments de langage :
“création d’emplois”, “insertion des jeunes”, “renforcement du tissu économique local”…

Mais soyons lucides.
Même en étant généreux, ce type d’enseigne ne crée pas plus de 100 emplois.
Or, quand on connaît l’ampleur du chômage structurel, surtout chez les jeunes,
est-ce que c’est vraiment là qu’il faut parader ?
Est-ce que c’est là que doivent aller les efforts de représentation ?

Désolé, mais je ne comprends pas.
Je ne comprends pas la présence de ces autorités à cette cérémonie.
À moins que l’objectif ne soit pas le développement… mais simplement la communication.

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