Étiquette : patriarcat

GabonOpinion

Le patriarcat flingue tout le monde. Point final.

On croit souvent que le patriarcat ne nuit qu’aux femmes. Que ses chaînes ne ligotent que celles qu’il relègue à des rôles d’appoint, de silence ou de dévouement. Mais détrompez-vous : ce système pourri jusqu’à l’os est l’ennemi de tous. Et quand je dis “tous”, j’inclus les hommes.

Qui peut sincèrement être heureux à l’idée de porter toute une vie sur ses épaules simplement parce qu’il est né avec un pénis ? Qui peut se réjouir de devoir se montrer fort, stable, riche, protecteur, performant, sans avoir le droit à l’erreur ni à la faiblesse ? Qui a décrété qu’un homme sans argent n’est rien, qu’il n’a pas voix au chapitre, pas de valeur, pas même le droit à l’amour ou à l’écoute ?

Le patriarcat, ce n’est pas juste un système de domination : c’est aussi une prison émotionnelle et sociale.

Regardez les chiffres. On parle souvent des violences que subissent les femmes (et à raison), mais on oublie de dire que les hommes aussi souffrent. Et souvent en silence. Le taux de suicide des hommes dans la quarantaine est terrifiant. Pourquoi ? Parce qu’à cet âge, on est censé avoir “réussi”, être “installé”, avoir “construit quelque chose”. Et quand ce n’est pas le cas ? On est moqué, jugé, ignoré. Même par soi-même.

Le patriarcat pousse à la performance constante, à la virilité toxique, à l’effacement des émotions. Il étouffe. Il tue.

Et le pire, c’est que beaucoup d’hommes n’ont jamais voulu de ce système. Il a été bâti par d’autres, bien avant nous. Et les générations actuelles ? Elles subissent. Elles tentent de se débattre, parfois maladroitement, parfois courageusement, mais elles n’ont pas inventé la machine infernale.

Le patriarcat n’est pas une règle naturelle. C’est une construction sociale. Alors arrêtons de perpétuer ces injonctions absurdes. Être un homme ne devrait pas être synonyme de sacrifice silencieux. Être une femme ne devrait pas rimer avec soumission ou suradaptation. Chacun doit pouvoir choisir son chemin, sans être enfermé dans des rôles assignés à la naissance.

Ce n’est pas une guerre des sexes. C’est une lutte contre un système d’oppression qui se cache derrière des traditions, des proverbes, des “c’est comme ça”, et qui ne profite à personne.

Ce que nous avons entre les jambes ne devrait jamais définir ce que nous avons dans le cœur, ni ce que nous faisons de nos vies.

Il est temps de vivre autrement.

Je te dis tout

GabonOpinionSociété

Polygamie, ton nom est débauche

Il y a quelques jours, j’ai échangé avec une personnalité médiatique et un podcasteur de renom sur les réseaux sociaux.
Au cours de notre conversation, la question de la polygamie et de l’inceste a surgi. Je déplorais que les femmes gabonaises contemporaines n’en parlent pas et que ce fléau endémique soit responsable de la « souffrance silencieuse » d’une grande partie des femmes gabonaises.

J’ai été stupéfaite d’apprendre qu’un podcasteur de renom avait qualifié la polygamie de « spirituelle » et s’en était tiré en affirmant que l’inceste était un sujet « sensible », alors inutile d’y réfléchir. J’ai été choquée, et je lui ai demandé : « En tant que femme, ne connaissez-vous pas le calvaire d’une autre femme victime de polygamie et d’inceste ? » Elle n’a pas répondu par la suite.

Le 24 mars 2025, le portail médiatique info241.com, via un article de Flacia Ibiatsi, a rapporté le viol odieux d’une jeune fille de 13 ans par un homme de 44 ans, vivant chez sa belle-famille. J’ai partagé l’article avec une figure médiatique influente et sollicité les réactions d’internautes actifs sur les réseaux sociaux. Personne n’a réagi. Personne n’était prêt à prendre conscience de ce crime abominable. Personne n’y a prêté attention. Comme si de rien n’était.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux comptes font la promotion de la nudité, parfois déguisée, et du twerk, sous couvert de promotion de la culture africaine. Je leur demande : avez-vous vu des contenus similaires venant d’Asiatiques ou d’Occidentaux ? Pourquoi la femme africaine est-elle perçue comme un produit de consommation ? Car, désolée de le dire, la femme africaine est bel et bien considérée comme un produit par une grande partie des Africains. Le résultat est sous nos yeux.

Voilà la situation au Gabon. Un pays qui prétend vouloir prospérer, bien sûr grâce à l’argent emprunté et à l’aide de quelques capitalistes indiens et chinois.

Aucune société n’a jamais prospéré sans respecter ses femmes.

Le problème est profondément enraciné, car ces fléaux sont normalisés. Les hommes, sans distinction d’âge, se livrent à un adultère généralisé. Certains flirtent ouvertement avec des femmes de l’âge de leur fille. La débauche, parmi les hommes gabonais, est aussi naturelle que le sang dans les veines. La fidélité semble absente de leur code moral, s’il en existe un. Ce phénomène est généralisé, mais personne n’en parle, et encore moins ne le dénonce.

J’ai observé un autre phénomène : le nombre croissant de jeunes mères célibataires. Pourquoi ces mères sont-elles seules ? Où sont les pères de ces enfants ? Pourquoi les hommes gabonais ne prennent-ils pas leurs responsabilités ? Pourquoi abandonnent-ils la femme après l’avoir mise enceinte ? Après tout, il y a une différence entre les humains et les bêtes : nous ne vivons pas dans une jungle.

Ces questions sont simples, mais la société civile les ignore. Car les poser reviendrait à renoncer au privilège d’une vie de débauche, ce que peu sont prêts à faire.

Ces maux sociétaux s’épanouissent grâce à l’acceptation silencieuse. L’éthique sociale a sa part de responsabilité. Mais je n’en parlerai pas ici.

Pour comprendre ces dérives, il faut s’interroger : comment une société se construit-elle ? Comment a-t-elle évolué ? Je ne suis pas spécialiste de l’évolution sociétale au Gabon, mais mon expérience personnelle me pousse à m’exprimer. Je sais que ce sujet est tabou, et que peu y adhéreront, mais j’ose aborder l’inabordable.

En anglais, on dit : « Fools rush in where angels fear to tread. »
Je l’avoue. Je l’accepte.

La société gabonaise est figée, monolithique, fermé aux nouvelles idées. Les anciennes traditions persistent, sans ouverture au monde extérieur. La langue française, en dépit de la mondialisation, n’a pas suffi à ouvrir les esprits. Ainsi, même après la mondialisation, rien n’a changé. Durant la colonisation, les maîtres blancs exploitaient les Gabonais. Après l’indépendance, les élites locales ont continué sur le même schéma. À ceci près qu’on vote.

Dans les sociétés de consommation, la femme est aussi traitée comme un produit – mais dans un objectif de profit économique. En Afrique, cela détruit les fondations sociales. Ailleurs, les femmes sont protégées par la loi. En Afrique, non.

Le Gabon n’a pas encore atteint le niveau de maturité démocratique nécessaire pour voir émerger de vrais mouvements sociaux. Or, ce sont ces mouvements qui permettent de lutter contre les fléaux sociaux. Ce sont eux qui mobilisent l’opinion publique, sensibilisent, informent. Ce sont eux qui permettent l’adoption de lois protectrices. Et surtout, ce sont eux qui veillent à leur application. Les tribunaux doivent jouer leur rôle. La justice doit être dissuasive.

Mais tout cela suppose un consensus, même au sein de la société civile. Et c’est là le plus gros frein : tout le monde résiste au changement. Le statu quo arrange trop de gens. Pire encore, certains continueront à défendre l’inceste comme un droit, et la polygamie comme une expérience spirituelle.

Les esprits raisonnables doivent mener cette lutte difficile, abolir les inégalités, et faire naître une nouvelle société. Une société dans laquelle les femmes vivent en sécurité, où elles n’ont plus à se défendre seules face aux prédateurs humains.

Mais ce sera long. Très long. Et rien n’avancera si l’administration n’applique pas les lois, si les tribunaux ne punissent pas avec fermeté. Le changement durable nécessite volonté, rigueur et courage.

Je te dis tout

GabonSociété

« Moi au moins, on m’a honorée !!! ».

Dans un climat très politique, très frauduleux, très « choisis ton camp et choisis bien », je ne sais pas si je peux parler d’un fait social sans aucun lien avec l’actualité du moment. Je m’y risque, mais si ça tombe mal, vous vous en prendrez à celui qui m’en a donné l’idée.

Si vous êtes un Gabonais lambda, mais surtout si vous êtes une femme célibataire de plus de trente ans et que vous côtoyez des gens de notre pays, vous avez forcément déjà entendu cette phrase. Elle peut surgir dans des conversations conviviales, comme dans des échanges profonds ou même houleux. Je ne peux vous dire le nombre de fois que j’ai entendu ça, tellement c’est arrivé souvent.

Pour la petite histoire, récemment j’ai été conviée au mariage coutumier de la DG de la boîte qui m’emploie. Elle m’a assise à une table VIP, ce qui n’était pas le cas de mes autres collègues.
Je vous avoue que j’étais gênée parce que j’étais vraiment la seule de l’entreprise de ce côté de la salle et qu’en plus j’étais avec de parfaits inconnus. J’ai donc demandé à rejoindre l’équipe et je me suis déplacée. À peine assise, une de mes collègues me sort que je n’aurais pas dû me déplacer parce que, de toute façon, pour le mariage civil, nous ne serions pas assises ensemble. Les autres s’interrogent à haute voix pour savoir pourquoi. Elle leur répond :
« X et moi serons assises à la table des femmes mariées, parce que nous, on n’a pas beaucoup fait l’école mais on nous a quand même honorées. »

Je vous vois venir : NON, ce n’était pas pour charrier les célibataires de la table, c’était pour nous vexer, moi particulièrement. À mon niveau, peu fan de cette vision de l’”honneur”, c’est tombé dans l’oreille d’une sourde. Mais une de mes collègues présentes, qui vit en concubinage, l’a pris pour elle et s’est empressée de nous rappeler qu’elle vit avec quelqu’un qui est aussi invité au mariage…

Je crois que c’est ce jour-là que j’ai le plus détesté d’entendre ce fameux « on m’a honorée ». C’était si mal placé, grossier, méchant et tellement inutile. Genre, tous mes diplômes et mon expérience professionnelle ne vaudraient rien devant un acte de mariage ? Ou est-ce simplement mon célibat qui me relègue au rang de « rien », une fois que je suis devant une femme mariée ? La valeur d’une femme, qu’importe ses accomplissements, n’est-elle liée qu’à son statut marital ?

C’est si difficile à écrire et à concevoir, et pourtant c’est encore la façon de penser et le mantra de beaucoup de femmes de cette génération. Et c’est surtout celles qui n’ont que leur mariage (parfois boiteux, abusif et peu reluisant) pour se considérer comme valeureuses qui sortent ce joker à chaque fois qu’elles se sentent dépassées par d’autres. Celles qui n’ont pour but ultime que “changer de nom” et agiter une bague à la charge aussi lourde que celle de Frodon Sacquet. Bref…

La semaine dernière, j’échangeais avec ma mère qui disait vouloir assister au mariage de ses trois filles. Je lui ai exprimé ma réticence face au mariage. Je lui disais que j’en avais limite peur et que je ne m’imaginais donc jamais sauter le pas, en tout cas pas avant une bonne petite dizaine d’années et des poussières. Elle m’a répondu que :
« C’est un honneur pour une femme qu’un homme l’épouse. »
Mais aussi que « ça démontre à la famille de la femme l’attachement que l’homme porte pour leur fille. »

Je comprends tout ça et tous les autres arguments qu’elle et d’autres m’ont donnés. Je suis en couple, heureuse, et vraiment très à l’aise avec mon partenaire. Pourtant, l’amour qu’on se porte ne change pas ma façon de voir. Je comprends qu’après que je donne ces dernières informations, mon entourage peine à comprendre que je ne parvienne pas (encore) à m’imaginer mariée… À ce niveau, c’est peut-être phobique, qu’en sais-je ?

Du coup, je vous partage cinq raisons pour lesquelles je pense que cette vision selon laquelle le mariage est honorifique pour la femme est erronée.

1 – Quelqu’un disait que « c’est bien prétentieux d’apprendre la vie à celle qui la donne » et c’est tellement ça… J’aimerais comprendre comment un homme qui vous demande (avec parfois un genou à terre, la peur de sa vie et la larme à l’œil) de bien « bien vouloir » l’épouser, devient soudainement celui qui honore la personne qu’il a suppliée au début de ma phrase ? C’est toi qui agrées sa demande, c’est lui qui t’honore ? PUEUH !!! Le patriarcat !

Je ne veux pas rebeller les femmes, mais je pense que dans cette histoire, on nous a trop laissé croire que le mariage avantageait plus la femme que l’homme. À une époque, c’était peut-être vrai : la dot de l’homme (bien que symbolique) apportait parfois des solutions immédiates dans la famille de la mariée, qui se sentait « honorée » de donner leur fille en mariage à une famille « renommée, capable et valeureuse » (sachant forger, chasser, cultiver et/ou trouver des denrées rares…).

Aujourd’hui (c’est bête de le dire, mais…), je peux apporter autant qu’un homme sur la table, et pourtant toute la pression autour, je la porte à près de 70 % seule. S’il ne se sent pas honoré par ma présence, je ne veux pas qu’il m’honore. Je refuse votre vision dépassée et réductrice de la femme.

2 – Aujourd’hui le mariage ne vaut plus que pour les yeux des autres. Un homme va t’épouser et claquer des millions dans une dot ou une cérémonie extravagante, te promettre fidélité, et quelques jours plus tard, on le verra dragouiller tout ce qui a des seins et des fesses (même si c’est Mannequin Potelé [rires]) et te nier à tout va.

Le solennel est perdu, on se marie tous les deux, mais le match se joue à 6-8 parce que j’ai deux à trois amants et toi tu te tapes toutes mes copines. On vit pour le paraître, on est les partenaires parfaits devant les gens, mais sans complicité une fois seuls.

3 – J’ai peur de la pression. De ce que je vois au quotidien, je n’ai que des constats amers : le mariage ne nous garantit plus la stabilité émotionnelle d’antan. Tandis que nos mamans se mariaient pour s’assurer un équilibre, aujourd’hui, les hommes qui veulent des femmes comme elles (silencieuses, dévouées et apprêtées) refusent de se comporter comme les hommes qu’étaient leurs pères… Contrairement à nos mamans qui avaient à leurs pieds des garçons vaillants, respectueux, prêts à beaucoup de sacrifices pour leurs familles, on a droit à des « she-boys », des garçons princesses qui boudent, partagent l’addition et veulent être le centre de l’attention.

Les femmes sont trompées, abusées, maltraitées, négligées au nom de l’honneur, parce qu’on leur suggère que c’est à la femme de se sentir honorée d’être choisie par un homme. Que c’est à elle de faire fonctionner le mariage et que, s’il ne tient pas, c’est qu’elle n’a pas été un assez bon « panier percé ». Combien se sont vues être servies le plat de « tu voulais le mariage, non ? tu l’as eu. ». Combien ont confié des situations compliquées à leurs proches et n’ont eu que des « c’est ça le mariage, il faut supporter » en retour. Je ne veux pas me lancer dans un truc dont je serai la seule à subir les conséquences à cause de « l’âge » ou d’autres ?

4 – Le mariage ce n’Est pas pour les enfants… Je ne pense pas être assez mature pour y penser maintenant. Je ne me suis pas encore assez bien construite en tant que personne pour m’éviter de tolérer des infamies « parce que je suis mariée ».

Cet argument s’accorde au précédent. Lorsque j’ai parlé de l’échange avec ma mère sur Twitter, quelqu’un a dit « si je ne gagne pas, je ne joue pas », et c’est bien ça ma vision des choses. Je considère le mariage comme un pesant sacré. Quand je m’y lancerai, si ça arrive, ce sera comme c’est dit partout « jusqu’à ce que la mort nous sépare… ». Je connais trop bien mon inacceptation de l’échec. Je ne veux pas me retrouver à agir de manière inhumaine envers moi-même ou envers mon partenaire parce que j’ai peur d’être une divorcée. C’est pour ça que je veux prendre le temps pour être sûre que je serai une bonne épouse, une partenaire correcte et équilibrée, la seule qu’il voudra VRAIMENT pour le reste de sa vie.

5 – Le divorce coute cher et c’est la preuve palpable d’un échec qui peut suivre toute une vie. Je ne pense pas être assez mature pour y penser maintenant. Je ne me suis pas encore assez bien construite en tant que personne pour m’éviter de tolérer des infamies « parce que je suis mariée ».

Je suis de celles qui pensent qu’il vaut mieux ne s’être jamais mariée que d’avoir à subir un divorce, long, humiliant, en plus des honoraires des avocats et autres… Mes deux parents ont eu des divorces qui n’ont été prononcés qu’au bout de 3-4 ans… Décisions du juge, négociations, honoraires d’avocats, partenaire absent quand il devait être là… Les séparations ne te coûtent pas autant d’énergie.


Bref… j’aime l’amour et je trouve le mariage beau. Tellement beau que je veux faire ça bien… Aussi longtemps que je ne serai pas sûre d’y arriver, je resterai célibataire endurcie.

Quant à vous, mesdames les « honorées », et vous, les hommes qui mettez dans les têtes de ces dames qu’elles sont spéciales parce que mariées alors que vous leur êtes souvent infidèles, quand vous verrez une femme célibataire, au lieu d’imaginer tout de suite qu’elle n’a pas assez de valeur pour qu’on l’épouse, dites-vous bien qu’il est aussi possible qu’elle ne veuille pas se marier. Parce qu’en ce qui me concerne (par exemple), j’ai refusé des demandes bien sérieuses plus d’une fois. En gros, « ON ME DRAGUE !!! », et je suis sûre de n’être pas la seule dans ce cas-là.

Pour finir, en valorisant le mariage à ce point, vous occultez les réalités souvent sombres qui peuvent se cacher derrière les apparences. De nombreux mariages sont loin d’être idylliques et peuvent être sources de violences physiques, psychologiques ou économiques. C’est dommage qu’on doive encore rappeler aux gens que le statut matrimonial ne fait pas d’une personne une valeur plus qu’une autre.
J’ai un peu trop parlé aujourd’hui, mais bon…

La Fière Trentenaire :*

Je te dis tout