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Immaturité, d’accord… Mais exemplarité d’abord

Entre amis, à huis clos, on peut encore discuter du goût de la blague. Mais quand cela devient public, quand tout le monde – y compris des jeunes sans recul – peut y avoir accès,

Entre amis, à huis clos, on peut encore discuter du goût de la blague. Mais quand cela devient public, quand tout le monde – y compris des jeunes sans recul – peut y avoir accès, la responsabilité change.
Car l’humour n’est pas neutre. Un mot railleur, une moquerie en ligne, une vidéo qui ridiculise… cela s’inscrit dans l’espace commun, se propage, se répète, s’imite.

Et là, la question est simple : qu’est-ce que l’adulte transmet ?
Son rôle dans la société n’est pas seulement de payer ses factures ou de dire ce qu’il pense. C’est aussi d’incarner une exemplarité, d’offrir un cadre où les plus jeunes apprennent le respect, la nuance, l’esprit critique.

À force de se réfugier derrière la légèreté de l’instant, certains oublient qu’ils ont un public. Un public qui regarde, qui absorbe et qui finit par reproduire.

Alors oui, l’immaturité existe, mais quand elle vient de ceux qui devraient montrer l’exemple, elle devient un poison.

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Pourquoi sommes-nous si négligents entre nous ?

Pourquoi, lorsque nous devons faire un travail avec d’autres Gabonais, devenons-nous subitement mous, laxistes, négligents ? J’abuse peut-être. Ou peut-être pas. C’est en tout cas le constat que je fais. Et j’essaie de comprendre.

Peut-être que nous ne nous aimons pas assez. Je ne sais pas…

Dans ma vie professionnelle, j’ai croisé beaucoup de profils. Autant au Gabon qu’à l’international.
Je vais volontairement passer sur la partie internationale – ce n’est pas le sujet.
Ce qui m’intéresse ici, c’est cette dynamique étrange qui s’installe lorsqu’on travaille entre Gabonais.

Et je pèse mes mots : nous sommes capables de rigueur, tant que nous ne sommes pas entre nous.

Prenons un exemple banal. Une procédure à suivre pour une demande de visa :
Aucune ambiguïté. Aucun passe-droit. Aucun retard.
On réunit les documents, on prend rendez-vous en ligne, on respecte le protocole.
Sérieux. Efficacité. Respect des règles.

Mais dans une administration locale ?
Tout change.
Même pour l’opération la plus basique, on cherche un contact ou un “piston”.
Pourquoi ? Parce que bien souvent :
les procédures sont mal définies, mal communiquées, ou inexistantes,
les agents censés nous orienter sont absents, injoignables ou occupés à faire tout sauf leur travail,
la norme devient l’arrangement, l’exception devient la règle.

Et ici, on ne peut pas parler seulement des agents.
Les managers aussi ont une lourde part de responsabilité.
Ceux qui sont payés pour organiser le travail, mais qui ne sont jamais disponibles.
Ceux qui n’expliquent rien mais attendent tout.
Ceux qui t’accueillent dans une entreprise sans même prendre cinq minutes pour te former ou t’orienter.
Leur seule attente : “que tu fasses le travail” – comme par magie, sans outil, sans cadre.

Peut-être que tout cela tient à une chose plus profonde.
Peut-être que nous ne nous aimons pas assez.
Ou, dit autrement : peut-être que nous ne nous respectons pas assez.

J’ai souvent entendu cette phrase glaçante lors de mes échanges avec des prospects :
“Je ne savais pas que des Gabonais pouvaient faire ça.”

Ce n’est pas seulement blessant. C’est révélateur.
On ne croit pas en nous-mêmes.
On valorise davantage ce qui vient de l’étranger, non pas parce que c’est forcément mieux, mais parce que ça nous semble plus crédible. Plus sérieux. Plus contractuel.
Et pourtant, dès qu’un Gabonais ose appliquer cette même rigueur, on le taxe de “compliqué”.
On le met à l’écart.
Parce que la médiocrité est devenue la norme attendue.
Parce que trop bien faire dérange.

Alors non, je ne pense pas exagérer.

Ce n’est pas une affaire de compétence.
C’est une affaire de mentalité collective, de respect mutuel, de structures absentes et de confiance trahie.
C’est ce que nous devons combattre.
Pas demain. Maintenant.

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ÉducationGabonOpinion

Pourquoi tant de redoublements en 6e ?

Esdras est prof. Et pas de ceux qui survolent. Elle voit, elle vit, elle constate. Et elle a fini par dresser un constat simple, froid, mais lucide : en 6e, beaucoup redoublent. Beaucoup trop. Et les raisons sont souvent les mêmes. Pas les notes, pas le bulletin. Non, des causes plus profondes. Plus structurelles.

1. Parce qu’ils sont trop jeunes.
Dans ce pays, on confond précocité et performance. Il faut sauter des classes pour briller. Résultat : des enfants de 9, parfois 8 ans, atterrissent en 6e. Une classe censée être celle du passage, du changement, de l’entrée dans un autre monde scolaire. Mais ils n’ont ni l’âge, ni la maturité pour ce saut.

2. Parce qu’ils ne s’adaptent pas.
Le passage du primaire au secondaire, c’est brutal. Fini le maître ou la maîtresse unique qui guide et accompagne. Bonjour les dix profs différents, chacun avec sa méthode, ses exigences, ses évaluations. Bonjour la prise de notes, les cahiers à tenir à jour, les devoirs à noter soi-même, les stylos perdus toutes les deux heures. C’est trop. Trop pour des gamins de 10 ans balancés dans une jungle scolaire sans boussole.

3. Parce que les conditions sont déplorables.
Des salles bondées, des effectifs ingérables. Comment espérer une attention individualisée quand on parque 100 enfants dans une même classe ? Même un enseignant motivé ne peut pas faire de miracles avec une telle surcharge.

4. Parce que les parents lâchent trop vite.
Déposer l’enfant le matin à l’école ne suffit pas. Il faut vérifier les devoirs, relire les leçons, écouter ses doutes, l’aider à s’organiser. Le collège, surtout en 6e, demande un accompagnement rapproché. Beaucoup trop d’enfants sont livrés à eux-mêmes dans ce saut périlleux.

5. Parce qu’ils n’ont pas le niveau.
Triste à dire, mais certains n’ont pas les bases. Ils arrivent avec un “bon dossier”, sautent les classes au primaire, mais une fois en face des exigences du secondaire, tout s’effondre. Esdras raconte que certains ne savent même pas écrire leur nom en entier. Ce n’est plus un problème de pédagogie. C’est un mensonge institutionnalisé.

Alors oui, ils redoublent.
Mais ils ne redoublent pas parce qu’ils sont “nuls”.
Ils redoublent parce qu’on a failli. Collectivement. Famille, système, politiques publiques.
Et eux, ils paient.

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GabonPolitique

Le pouvoir sans la charge : à quoi rêvent-ils vraiment ?

Le pouvoir fascine. Il attire, il séduit. Mais ce n’est pas la mission de service public qui séduit le plus grand nombre — c’est le confort qu’on lui associe. Voitures de luxe, voyages internationaux, résidences secondaires… Le fantasme du pouvoir éclipse trop souvent la notion même de responsabilité. Et c’est ainsi que l’on en arrive à gouverner sans aimer son pays.

Ils veulent le prestige, les titres, les salamalecs. Qu’on les appelle “Excellence”, “Honorable”, “Monsieur le Ministre”. Mais dès qu’il s’agit de se salir les mains avec des réformes douloureuses, de rendre des comptes, de faire face à la colère légitime d’un peuple en souffrance, il n’y a plus personne. Le pouvoir est vu comme un privilège, pas comme une charge. Ils en veulent les avantages. Les responsabilités ? Très peu pour eux. Et soyons honnêtes : ils n’ont d’ailleurs ni les épaules ni la volonté pour les assumer.

C’est simple. Quand on aime, on en prend soin. Or, à voir l’état de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos routes, il est légitime de se demander si ceux qui nous dirigent aiment vraiment ce pays. Car on ne détruit pas ce que l’on chérit. Et dans les actes de ceux qui gouvernent — ou qui prétendent gouverner — on ne lit que mépris et désintérêt. Et ce désintérêt ne se limite pas au gouvernement. Que dire de l’Assemblée nationale et du Sénat ? Ces institutions qui devraient être des contre-pouvoirs ne sont devenues que des chambres d’enregistrement, plus préoccupées par leurs propres privilèges que par la défense de l’intérêt général.

Combien de députés ont véritablement proposé des lois utiles ? Combien de sénateurs ont élevé la voix face aux dérives, aux abus, à l’urgence sociale que vit une partie croissante de la population ? Trop peu. Ils sont là, souvent silencieux, parfois absents. Pour quoi faire ? Le rôle d’un parlement, ce n’est pas de faire de la figuration. C’est de défendre les citoyens. C’est de refuser l’inacceptable. C’est de dire non quand il le faut, pas de courir après des promotions et des décorations.

À force de confondre pouvoir et opportunité personnelle, on a oublié que diriger un pays est un engagement. Un vrai. Un sacerdoce. Le Gabon n’a pas besoin de nouveaux gestionnaires d’intérêts privés drapés dans des habits d’État. Il a besoin de gens sincères. De femmes et d’hommes qui aiment vraiment ce pays, et qui le prouvent dans leurs décisions, dans leurs renoncements, dans leurs sacrifices. Car le vrai prestige, c’est de servir.

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GabonSociété

La gentillesse du voleur

Il existe une phrase qu’on entend souvent dans les milieux professionnels au Gabon : « Il était gentil. »
On parle ici d’un supérieur, d’un chef de service, d’un directeur… quelqu’un dont tout le monde sait qu’il détourne des fonds ou abuse de son pouvoir. Pourtant, on choisit de le défendre sur la base de ce qu’il “partageait” avec ses collaborateurs. Il donnait un peu, donc il était “gentil”.

Ce genre de remarque illustre un problème plus large : la normalisation de la corruption dans la société gabonaise. Au lieu d’être dénoncée, elle est parfois valorisée, tant qu’elle profite à ceux qui en parlent. C’est un symptôme d’un mal plus profond : la corruption n’est plus perçue comme un vol, mais comme une forme de générosité quand elle est redistribuée.

Une réalité présente, mais jamais confrontée

La corruption est omniprésente dans la vie quotidienne au Gabon. Mais elle est aussi profondément enfouie dans le silence collectif.
C’est l’éléphant dans la pièce : tout le monde la voit, tout le monde en souffre ou en profite, mais personne ne veut en parler. C’est devenu un fait acquis. Un rouage du quotidien.

Quand on évoque la corruption, on pense souvent aux responsables politiques, aux ministres ou aux directeurs d’administrations. Mais cela ne s’arrête pas là. Ce serait une erreur de croire qu’elle ne concerne que les élites. Au contraire, elle est aussi horizontale. Elle traverse toutes les couches sociales.

Des petits arrangements entre collègues, des dessous-de-table pour débloquer un dossier, un billet glissé pour accélérer une procédure, un étudiant qui paie pour obtenir une note : ce sont des pratiques courantes. Elles impliquent des citoyens ordinaires, qui, à leur niveau, participent au maintien du système.

Une culture du contournement

La corruption ne choque plus. Elle est intégrée.
Elle a même ses propres codes et son langage. On ne parle jamais de pot-de-vin ou de corruption. On dit plutôt qu’il faut “motiver quelqu’un”, “faire un geste”, “donner le coca”. Ce sont des expressions qui adoucissent la réalité, qui permettent de continuer sans trop se poser de questions.

Ce n’est pas seulement une façon de parler : c’est une manière de rendre acceptable l’inacceptable. En évitant les vrais mots, on évite de confronter la gravité des actes.

Et ce système devient vite la norme. On s’adapte, on apprend à faire “comme tout le monde”, et très vite, la corruption n’est plus une exception : c’est la condition nécessaire pour obtenir ce qui, en principe, devrait être un droit.

La banalisation du mal

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que cette réalité est justifiée au quotidien.
Par exemple, lorsqu’on apprend qu’un fonctionnaire s’est enrichi de manière suspecte, on entend souvent :
« Oui, mais au moins il a construit chez lui. »

Autrement dit, tant que l’argent volé a servi à bâtir une maison dans le quartier ou à organiser des funérailles pour les parents, cela rend le détournement plus acceptable. Comme si le fait de “partager” une partie des gains illicites suffisait à effacer la faute.
Ce renversement des valeurs est dangereux, car il installe l’idée que le vol peut être excusé, à condition qu’il soit “utile”.

Pire encore : les personnes enrichies par la corruption deviennent des modèles.
Elles sont respectées, valorisées, parfois même enviées. On ne regarde plus les moyens, on ne juge que le résultat.

Un système sans visages… mais avec des victimes

L’un des éléments qui expliquent la tolérance vis-à-vis de la corruption, c’est l’absence apparente de victimes.
Lorsqu’un billet est donné pour débloquer une situation, cela paraît anodin.
Mais les conséquences sont bien réelles.

Quand une retraite n’est pas versée, c’est un ancien qui souffre dans l’ombre.
Quand un hôpital ne dispose pas du matériel nécessaire, ce sont des vies qui sont perdues.
Quand un enseignant n’est pas payé, l’école se vide et l’avenir des enfants s’assombrit.
Quand un jeune ne trouve pas de travail faute de réseau, c’est toute une génération qu’on bloque.

Ces victimes ne sont pas toujours visibles, mais elles sont nombreuses.
Et chaque petit “coca”, chaque faveur échangée, participe à une mécanique qui produit ces injustices.

Une société guidée par l’argent

L’amour de l’argent, au Gabon, est tel qu’il devient une boussole sociale.
On pardonne tout à ceux qui en ont. On les admire. Même si cet argent est mal acquis.

Les gens veulent réussir, et la réussite est définie par le confort matériel.
Pas par l’intégrité, pas par la compétence.
Simplement par ce que l’on possède et ce que l’on peut afficher.

Ce glissement est lourd de conséquences : il empêche l’émergence de nouveaux modèles. Il décourage ceux qui veulent faire les choses correctement. Il alimente un climat de cynisme où l’idée de justice devient une blague.

La vraie question

Face à tout cela, une question s’impose :
Quel type de société voulons-nous construire ?

Une société où l’on s’en sort mieux en trichant ?
Une société où l’on protège les voleurs s’ils partagent un peu ?
Une société où la loi est secondaire, tant que l’on peut “arranger” ?

La corruption ne détruit pas seulement les institutions.
Elle détruit le lien de confiance entre les citoyens, et donc les fondations mêmes du vivre ensemble.
Elle rend les règles injustes. Elle pousse les gens à penser qu’il faut tricher pour survivre.

Tant que ce système sera toléré, encouragé, ou simplement ignoré, nous ne pourrons pas avancer.
Et ce ne sont pas les dirigeants seulement qu’il faudra pointer du doigt.
Ce sera chacun d’entre nous, dans nos choix, nos silences, nos petits arrangements.

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LibrevilleTransport

Un Gabonais, 1 Taxi, 417 clés vers l’avenir

Bon, parlons un peu de ce qu’il s’est passé à Libreville le 8 octobre. Le général Oligui a fait fort encore ! Oui, il a remis 417 taxis neufs à des Gabonais. Ça c’est pas du blabla, c’est du concret. Les Suzuki flambant neufs là, c’est pour permettre à nos frères et sœurs de se lancer dans le business. Ça s’appelle « Un Gabonais, un taxi ».

C’est pas mal, hein ? Ça change des vieilles annonces qui n’aboutissent jamais. Là, au moins, il y a des résultats qu’on peut voir et même toucher vu qu’on pourra y monter.

On peut applaudir parce que, dans ce pays, on a tellement l’habitude de promesses non tenues que quand ça arrive pour de vrai, c’est comme un petit miracle. Les taxis sont là, et pas seulement pour les hommes. Dix braves jeunes femmes sont aussi au volant ! Eh oui, mes frères, la concurrence arrive. Les gars qui traînaient encore au carrefour en mode « y’a pas le boulot » n’ont plus d’excuses. Enfin si quand même, certains ont critiqué la caution d’un million mais l’État ne peut pas donner tout gratuitement. Soyons réalistes.

Mais parlons vrai. « On sait tous qu’un programme comme ça, c’est bien beau, mais ce n’est pas ça qui va changer le Gabon du jour au lendemain » , c’est ce que disent les pessimistes mais moi je pense que ça peut y participer. Quelqu’un qui a la possibilité de subvenir à ses besoins et ceux de ses proches, se sent digne et ça soulage sincèrement. Ok Il y a eu un accident avec l’un des nouveaux taxis, et direct les gens ont commencé à crier. Mais sérieusement, sur 417 voitures, un seul accident ? Ce n’est même pas 0,5 %, mes gars. Calmez-vous ! Il faut relativiser. Ce n’est pas le premier accident sur les routes gabonaises. On a ça pata (malheureusement). Soyez donc prudents au volant.

Maintenant, parlons un peu de ce qui pourrait suivre. C’est bien de donner des taxis, mais imagine un peu si on avait des programmes similaires dans d’autres secteurs. Genre, « Un Gabonais, une boutique », ou mieux, « Un Gabonais, une ferme ». Parce que ce n’est pas tout le monde qui peut être chauffeur. Il faut diversifier les opportunités, tu vois ? Chacun doit avoir sa chance de trouver son chemin dans ce pays, au-delà des taxis.

Mais franchement, on ne peut pas ne pas encourager cette initiative. Enfin si, les sorciers peuvent. C’est un pas dans la bonne direction. Si chaque Gabonais peut prendre ce genre d’opportunité, peut-être qu’on verra enfin un peu de lumière au bout du tunnel. Alors, chers compatriotes, arrêtez de râler pour rien. Prenez le train en marche, ou plutôt, le taxi cette fois-ci !

Et pour ceux qui sont déjà au volant, force à vous ! Roulez propre, bossez dur, et ne lâchez rien. C’est comme ça qu’on avance. Nous, on est là pour encourager, mais si on monte dans vos taxis et que vous faites du sale, on va parler aussi hein. Pas de passe-droit ici !

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GabonOpinion

Trouble dans le consentement. – Madame La Présidente

Vous vous souvenez de ces fameuses femmes qui font ” l’étoile de mer” ? Ça fait des années qu’on entend ce terme – pour dire de certaines femmes qu’elles ne sont pas « bonnes au lit » et s’en moquer. Mais moi, je me suis demandée : pourquoi une femme qui veut vraiment être là se comporterait comme ça ? Pourquoi rester passive, juste s’allonger sur un lit en écartant les jambes comme si elle subissait ? Peut-être qu’au lieu de se plaindre, on pourrait se poser les vraies questions.

La réponse pourrait être bien plus complexe qu’on ne le pense. Si une femme ne participe pas activement, ne serait-ce qu’un minimum, à un rapport sexuel auquel elle aurait consenti, c’est peut-être qu’en vérité, elle ne veut pas être là. Et c’est là que les choses se brouillent. Ce qu’on présente souvent comme un “oui”, peut en réalité cacher un je préfère dire oui plutôt que de risquer pire. On a souvent tendance à imaginer le consentement comme un feu vert clair et net : un “oui” ou un “non”, point. Mais dans la réalité, c’est rarement aussi simple. Je pense que dans les rapports hommes femmes le rapport de domination, perçu ou pas, est tellement implicite qu’il ne nous laisse pas vraiment le choix éclairé finalement. Prenons une situation classique : vous ramenez quelqu’un chez vous après une soirée, ou lui vous ramène. Sur le moment, tout semble ok. Mais une fois arrivée, vous réalisez que vous n’avez plus envie. Là, les pensées défilent. “Et s’il s’énerve ?”, “Et s’il me force ?”, “Il est plus fort que moi…”. Dire “non” devient un risque, donc on finit par dire “oui”, juste pour éviter une situation potentiellement dangereuse parce qu’on a déjà entendu toutes ces histoires de viol qui ont commencé comme ça, et puis on te dira pourquoi tu es venue chez lui ou l’as invité chez toi ? Combien de femmes ont déjà ressenti cette pression à “ne pas décevoir”, à ne pas être celle qui va “casser l’ambiance” ou risquer une dispute qui va peut-être durer des heures avec son partenaire ? 

Ce trouble dans le consentement soulève une question plus large : jusqu’à quel point le consentement est vraiment la responsabilité des femmes ? Dire « oui » ou « non », etc., ok, mais on oublie que les rapports de domination se jouent ici. La notion de danger est ressentie différemment, et la pression aussi. J’en viens donc à penser qu’on devrait plus voir le consentement comme un problème d’hommes. Peut-être que la clé serait, pour les hommes, de reconnaître cette dynamique de domination, même subtile, de se rendre compte de leur responsabilité dans l’égalisation du terrain et de créer les conditions du consentement. Un homme qui dit : “Je veux qu’on passe un moment ensemble, mais si tu n’es pas à l’aise, ou n’a plus envie quel qu’en soient les raisons, on peut tout arrêter” change complètement la donne. Il ouvre un espace où le “non” devient aussi simple que le “oui”. Il permet un vrai choix en désamorçant la pression et qu’est-ce que ça rassure. 

C’est peut-être un peu long, je sais, mais en fin de compte, ces fameuses histoires d’”étoile de mer” qu’on a entendue (et parfois même pour certains, racontées) devraient nous pousser à repenser sérieusement la notion de consentement et comment on le met en pratique. Alors, messieurs, avant de vous lancer dans des discours moqueurs sur celles qui semblent “faire la morte” au lit, un petit moment d’introspection pourrait faire du bien. Parce qu’avouons-le, personne ne se laisse tomber comme une étoile de mer quand elle a vraiment envie de s’amuser. Et si cette passivité est là, c’est souvent le signe que les choses ne vont pas si bien, et le viol qui rôde juste à côté

Madame la Présidente

Je te dis tout