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Réserver certains métiers aux Gabonais : entre ambition et réalités du terrain

La décision du Conseil de réserver certains métiers aux nationaux, y compris dans des secteurs émergents comme le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne, s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté économique et de donner plus de place aux jeunes Gabonais. Sur le papier, cette mesure vise à créer de nouvelles opportunités et à protéger l’économie locale.

Cependant, sa réussite dépendra de plusieurs facteurs souvent négligés.

D’abord, exercer ces métiers implique une organisation quotidienne exigeante : ouverture tôt le matin, tenue d’une comptabilité rigoureuse, gestion des charges, etc. Ce sont des compétences qui nécessitent un véritable accompagnement et parfois même une rééducation aux réalités de la gestion d’entreprise, loin de l’idée de « compter sur un soutien extérieur » à la fin du mois.

Ensuite, il faut anticiper les risques de contournement. Sans un encadrement précis, certains pourraient se limiter à prêter leur nom ou leur statut de national pour qu’un étranger gère l’activité, contre une rétribution.

Cela pourrait transformer la mesure en un simple business parallèle, où le propriétaire officiel ne serait qu’un garant rémunéré.

La question du contrôle est également centrale. Faut-il exiger que le gérant soit Gabonais ? Comment vérifier que la loi est respectée sans tomber dans des pratiques abusives ou du harcèlement administratif ? Une surveillance mal pensée pourrait décourager les entrepreneurs au lieu de les soutenir.

Pour que cette réforme produise les effets escomptés, il faudra donc :

Préciser les critères légaux (propriétaire, gérant, actionnaire majoritaire, etc.) • Mettre en place des contrôles clairs et proportionnés

Former et accompagner les entrepreneurs pour qu’ils soient réellement opérationnels

Prévoir des dispositifs de financement et d’appui technique pour favoriser la pérennité des entreprises

Réserver des métiers aux Gabonais peut être une avancée, mais seulement si l’application est pensée pour éviter les dérives et maximiser l’impact positif sur l’autonomie économique du pays.

Je te dis tout

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De Libreville à Washington [2]– langage corporel, complexe d’infériorité et le miroir américain

Avec l’arrivée du président gabonais Brice-Clotaire Oligui Nguema, venu des États-Unis, le Gabon semble plongé dans une ambiance de gaieté traditionnelle.

Le langage corporel du président gabonais était cohérent depuis le début, mais il préférait regarder l’interprète plutôt que son hôte, ce qui le mettait dans une posture inconfortable, la main sur le dossier de sa chaise et le regard perdu dans ses pensées. Il ne pouvait donc pas maintenir le contact visuel avec son hôte, pourtant nécessaire pour lui faire comprendre sa détermination. L’absence de contact visuel et l’absence de sourire ont été les plus grands défauts du président gabonais depuis son entrée en fonction.
Le fait est qu’il n’a pas appris ces bases au cours de ses deux dernières années de mandat.

Une autre erreur du président gabonais a été de conclure son discours en déclarant : « Vous êtes les bienvenus pour investir, sinon d’autres pays viendront à votre place. » Cette phrase est intimidante : le président aspire aux investissements américains et prétend que si vous n’investissez pas, d’autres investiront.
Aurait-il fallu prononcer cette phrase ? Les Russes, les Français et les Chinois ont investi ; leurs investissements ont-ils été fructueux pour le Gabon ? C’est ce qu’on appelle une piètre monnaie d’échange avec un fusil à la main. Trump en aurait gardé un goût amer. C’est pourquoi il a tenté de clore les discussions sans ménagement.

Enfin, tout en invitant les États-Unis à investir au Gabon, le président gabonais a, à tort, insisté sur le fait que « nous sommes riches ».
Cette affirmation répétée fera l’objet d’un autre article, je n’y reviendrai donc pas pour l’instant.
Mais que les lecteurs se demandent : quand affirmons-nous que nous sommes riches ? La prospérité est-elle un argument de poids devant le président américain ? Cela semblait puéril, et Trump n’aurait certainement pas été très impressionné par ce « nous sommes riches ».

La réalité est bien plus dure, notamment dans le contexte des pays d’Afrique de l’Ouest, où l’éducation primaire et les soins de santé primaires ne sont pas accessibles aux Africains à des prix abordables.
Les cinq économies de ces cinq pays sont lourdement endettées, et pourtant il a affirmé « nous sommes riches ».
Les Gabonais devraient se débarrasser au plus vite de leur obsession d’être riches. Vous n’êtes pas « riche », vous disposez d’une abondance de minéraux qui doivent être monétisés pour l’être.
Les Gabonais doivent accepter une dure réalité le plus tôt possible et œuvrer à s’émanciper de cette dure réalité.

Tout le monde sait que l’économie gabonaise est basée sur les importations ; même les boîtes d’allumettes sont importées, et pourtant il a prétendu être « riche ».
Le Gabon est riche alors que l’Union européenne s’est offert le luxe rare d’un taux de change fixe pour sa monnaie, soit 656 FCFA pour 1 euro.
L’économie entière repose sur des béquilles européennes et vous prétendez être « riche ».
Ce n’est rien d’autre qu’un manque d’appréciation de votre stature par rapport aux États-Unis.

La mauvaise gouvernance, l’absence de démocratie constitutionnelle et l’absence d’État de droit ne suffiront pas à convaincre le président américain de considérer ces pays comme « RICHES », même si leurs présidents recourent à cette litanie.

Votre hôte n’est pas censé diriger votre conduite. Vous devez vous comporter de manière naturelle, ce qui a plus de chances de l’impressionner que de copier votre hôte.

Cette démonstration effrontée de masculinité, associée à une image machiste, n’est ni obligatoire ni impressionnante pour le président américain.
Oui, chez lui, ces gestes peuvent plaire à quelques personnes en raison de leur complexe d’infériorité, mais un chef d’État devrait s’abstenir d’afficher un complexe d’infériorité en se présentant comme un machiste.

Le président Trump a toujours été très tiède, dépourvu de toute information préalable de ses conseillers.
De plus, il semble très méprisant envers tous ses invités, représentant leur souveraineté, alors que le président gabonais se promène dans sa capitale avec une casquette MAGA en compagnie de tous ses collègues du cabinet.
Tous ces gestes dénigrent le président gabonais, qui semble ravi de rencontrer un grand patron, alors qu’il est aussi président.

Mais… Henry Kissinger avait conseillé :
L’hostilité envers l’Amérique est dangereuse, mais l’amitié américaine est fatale.
Le président gabonais, qui se réjouit de sa visite aux États-Unis, devrait être mis au courant par ses conseillers de ce conseil plus sensé de Henry Kissinger.

Je te dis tout

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De Libreville à Washington [1]– l’emballement médiatique et les faux-semblants diplomatiques

Avec l’arrivée du président gabonais Brice-Clotaire Oligui Nguema, venu des États-Unis, le Gabon semble plongé dans une ambiance de gaieté traditionnelle.

Le président gabonais lui-même semble savourer l’euphorie de sa rencontre avec le président américain, arborant sa casquette MAGA dans les rues de Libreville. Cette impression est créée par les médias gabonais et par quelques flagorneurs de la présidence.

Cette affaire illustre parfaitement la naïveté des Gabonais, la facilité avec laquelle ils se laissent berner par leurs dirigeants. Ils ne prennent pas la peine de réfléchir, se contentant d’obéir, y compris les membres de la société civile et les médias censés tenir les dirigeants en haleine. Or, les médias sont les premiers à faire l’éloge, et de manière disproportionnée, des dirigeants politiques.

Dans cette série, Info241.com a également publié un article rédigé par un universitaire. La dichotomie de cet article réside dans le fait que, dans la première partie, il a survolé les généralités, tandis que dans la seconde, l’auteur s’est prosterné docilement devant son président, à travers ses écrits. Le point le plus critiquable est que le titre de l’article est tiré de la seconde partie, ce qui ressemble à un éloge funèbre. En réalité, une évaluation critique de la performance du président gabonais aurait dû être proposée au lecteur afin de l’éclairer et de le maintenir vigilant, afin qu’il soit toujours attentif aux « intérêts gabonais ».

J’en viens maintenant à l’évaluation de la performance du président gabonais à la Maison Blanche. Il a été ferme dans ses propos, ce qui est assez évident puisqu’il ne s’agissait pas d’une réunion bilatérale. En fait, il s’agissait d’une réunion collective avec le chef d’État de cinq pays d’Afrique de l’Ouest. Il n’y avait donc pas d’ordre du jour préétabli.
Lors de cette réunion, le président Brice-Clotaire Oligui Nguema semble copier Trump, ce qui n’était pas nécessaire. Trump étant connu dans le monde entier pour ses excentricités, il était inutile de se comporter comme lui, car il n’apprécierait pas une telle conduite. Lors des réunions diplomatiques, il existe des procédures établies, notamment en matière de politesse et de protocole. Si Trump ne les respecte pas, cela ne signifie pas que tous les autres doivent également les ignorer.

Le président gabonais a commencé par faire l’éloge du président Trump en le recommandant verbalement pour le prix Nobel de la paix. Le prix Nobel de la paix est une obsession pour le président Trump, ces derniers temps. Il a ensuite félicité Trump pour l’accord de paix, prétendument négocié par lui-même entre la RDC et le Rwanda. Ce propos était également redondant, car aucun pays africain n’a pu réaliser cet exploit malgré toute la solidarité régionale et continentale prônée par les nations africaines. En fait, c’était une insulte aux nations africaines que deux voisins débarquent à Washington pour conclure un accord entre eux.

D’un côté, le président gabonais recherchait un « partenariat solide » avec les États-Unis pour enrayer la piraterie dans le golfe de Guinée. De l’autre, il informait le président Trump de la résiliation d’un traité avec l’Union européenne sur la pêche en eaux profondes dans les frontières maritimes gabonaises.

Quant à savoir dans quelle mesure cela était approprié, je laisse à la sagesse du lecteur le soin de le déterminer, mais à mon avis, c’était offensant. Il s’agissait d’une bravade éhontée de la part du président gabonais, qui n’avait que des conséquences négatives, et aucun avantage n’aurait pu être obtenu en offensant son hôte.

A suivre…

Je te dis tout