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ConteGabonSociété

La Révolte des Antilopes

Dans la vaste savane où régnait depuis des générations le vieux Lion Bongoloss, les antilopes vivaient sous le joug d’un règne sans pitié. Traquées, affamées, elles espéraient un jour voir tomber ce trône où seuls les fauves du clan Bongoloss avaient droit de régner.

Un jour, parmi elles, se levèrent de jeunes antilopes, fougueuses et pleines d’espoir. Elles parlèrent haut et fort, dénoncèrent les injustices et promirent qu’une fois le Lion chassé, la savane ne serait plus un lieu de peur mais un royaume de justice.

Les autres antilopes crurent en elles. Elles leur donnèrent leur confiance, leur courage et même leur voix, les poussant au sommet du rocher des chefs.

Et le vieux Lion tomba.

Mais à peine installées sur les hauteurs, ces jeunes antilopes changèrent. Leurs regards devinrent fuyants, leurs discours plus distants. Elles qui hier encore marchaient parmi leurs sœurs, ne daignaient même plus les voir.

Pire encore, elles s’entourèrent des hyènes qui hier les effrayaient tant. Elles festoyaient à leurs côtés, riaient avec elles, partageaient leur gibier.

Et lorsqu’une antilope osa leur rappeler leurs promesses, on l’accusa d’être naïve, de ne rien comprendre aux lois de la savane. On la tourna en dérision.

Regardez ces folles, ricanaient-elles depuis leur trône. Elles croient encore à la loyauté en politique !

Mais dans l’ombre des hautes herbes, les antilopes observaient. Elles n’étaient ni folles ni aveugles.

Elles voyaient bien que celles qu’elles avaient portées au sommet n’étaient plus des leurs. Elles n’étaient plus que des roitelets assis sur un pouvoir prêt à dévorer les leurs au moindre mot de travers.

Alors, les antilopes murmurèrent entre elles :

Nous les combattrons, tout comme nous avons combattu le vieux Lion.

Mais à une différence près : nous ne nous laisserons pas corrompre. Nous ne nous perdrons pas comme elles l’ont fait. Nous ne trahirons pas notre combat.

Et tandis que les hyènes et les nouvelles reines de la savane festoyaient sous la lueur de la lune, dans l’ombre, les antilopes se préparaient déjà.

Car une chose était sûre : rien ne dure éternellement dans la savane.

Je te dis tout

OpinionSociété

Les faux révolutionnaires et la tentation de l’enveloppe : quand la morale a un prix

La trahison a une saveur particulière lorsqu’elle vient de ceux qui s’érigent en donneurs de leçons. On les voit partout, ces soi-disant “activistes”, autoproclamés défenseurs du peuple, des justiciers numériques armés de lives Facebook et de vidéos TikTok.


« Ne faites pas ce qu’ils font, car ils disent et ne font pas. » – Matthieu 23:3

Ils se posent en gardiens de l’intégrité, dénoncent la corruption, crient au scandale… jusqu’au jour où une enveloppe glisse entre leurs mains tremblantes d’hypocrisie.

Et puis, patatras ! La vérité éclate. Le chevalier blanc qui tonnait contre “le système” est pris en flagrant délit, filmé en train d’accepter ce qu’il a toujours condamné : l’argent de ceux qu’il traitait de corrompus. Un pur moment de comédie tragique où l’indignation feint et laisse place à un balbutiement gêné, une explication confuse, un silence pesant.

Ce type de personnage pullule sur les réseaux sociaux. Le jour, ils font vibrer les foules en promettant l’exemplarité. La nuit, ils comptent leurs billets en priant pour que personne ne les ait vus. Ils dénoncent ceux qui se vendent, tout en négociant leur propre prix dans l’ombre.

Et lorsqu’ils sont pris la main dans le sac, le spectacle devient encore plus grotesque. D’abord, ils crient au complot, accusent leurs détracteurs d’être jaloux. Ensuite, ils invoquent des justifications absurdes : « Ce n’était pas un pot-de-vin, c’était un don. » Ou encore, « C’était l’argent du taxi comme cela se fait dans nos coutumes bantous ! » Oui, bien sûr… Comme si le piège n’était pas leur propre cupidité.

Il faut dire que ce n’est pas un phénomène nouveau. L’histoire est jonchée de faux révolutionnaires qui, une fois arrivés à proximité du gâteau, oublient leurs discours enflammés. Les valeurs ? Elles fondent au contact des liasses de billets comme du beurre sous le soleil équatorial.

Derrière l’indignation populaire se cache une vérité amère : ces pseudo-activistes ne sont pas des exceptions, mais des symptômes. Ils incarnent une société où la morale s’affiche bruyamment en public, mais s’efface discrètement en coulisses.

Ils sont le reflet d’un système qu’ils prétendent combattre, mais dont ils rêvent secrètement de faire partie.

Car au fond, leur combat n’a jamais été pour le peuple. Leur combat, c’était pour attirer l’attention, se donner une posture, et surtout, se faire une place à la table des puissants. Une fois assis, le festin commence et les beaux discours s’évanouissent

La colère du peuple, qui les voyait comme des héros, devient alors une nuisance à étouffer. Ceux qui hier dénonçaient la censure finissent par bloquer leurs anciens partisans, ceux-là mêmes qui leur rappellent leurs promesses trahies.

Alors, à tous ces donneurs de leçons qui finissent par s’asseoir à la table du pouvoir après avoir juré de la renverser : épargnez-nous votre théâtre. Si votre conscience a un prix, au moins, ayez la décence de ne plus venir nous parler d’intégrité. Et surtout, ayez la dignité de ne pas vous étonner lorsque le peuple, lui, vous tourne le dos.

Je te dis tout