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ÉlectionsPolitique

Raymond Ndong Sima ou l’art de se laver les mains

Premier Ministre sous Ali Bongo, candidat déçu en 2016 qui avait validé l’investiture d’Ali Bongo, Premier Ministre durant la Transition… Le CV de Raymond Ndong Sima est une œuvre d’art. Une fresque politique qui aurait de quoi inspirer le respect, si ce n’était les présidents qu’il a servis.

Car à écouter son dernier message sur Facebook, on croirait presque qu’il a toujours été du côté des victimes d’un système qu’il décrit aujourd’hui comme frauduleux et dévoyé.

Il écrit noir sur blanc :

« On est bien obligé de constater qu’on n’a pas changé de logiciel. On est dans la continuité du système qu’on était supposé avoir écarté pour le bien de tous. »

Un constat sévère, qui sonne juste. Mais ironie du sort : ce « logiciel » qu’il fustige maintenant, il en a été l’un des administrateurs. Non seulement il a tourné avec, mais il a validé ses mises à jour. Ce système, il l’a vu de l’intérieur, il l’a pratiqué, il l’a cautionné. Alors aujourd’hui, quand il se présente comme le lanceur d’alerte revenu de tout, on ne peut s’empêcher de voir l’art du grand écart : dénoncer ce qu’on a contribué à installer.

À force de dénoncer les errements des autres, Ndong Sima se lave les mains. Mais ses mains sont celles d’un ancien chef de gouvernement, d’un homme qui a piloté la machine, qui a profité de son moteur tant qu’il roulait dans sa direction. Le voir aujourd’hui expliquer que tout cela n’était pas bon pour le pays, c’est comme entendre un ancien cuisinier dire que la recette était empoisonnée… après l’avoir servie des années durant.

Alors oui, retour à la case départ, comme il le dit. Mais il faudrait rappeler que lors de la partie précédente, Ndong Sima n’était pas spectateur : il était assis à la table, avec les dés dans ses mains.

Je te dis tout

GabonSociété

Le vagabondage sexuel, ce poison discret.

On ne le dit pas assez, mais beaucoup de foyers ne sont pas détruits par un manque d’amour. Ils le sont par l’accumulation de mauvaises habitudes prises pendant les années de célibat, puis importées sans filtre dans la vie de couple.

Prenons un exemple. Un homme, chef d’entreprise, marié, père de famille. Image publique impeccable. Mais dans les couloirs de son entreprise, il cumule les liaisons : avec la DRH, avec ses assistantes, parfois même avec des stagiaires. À chacune, il fait des promesses : promotion, stabilité, avenir, amour. Mais en réalité, il ne promet rien. Il utilise, puis écarte.
Et quand l’une tombe enceinte et vient frapper à la porte de la maison familiale, c’est tout l’édifice qui s’effondre.

Mais ce discours-là, on ne te l’a sans doute jamais tenu.
On t’a appris, au contraire, que “plus tu as de femmes, plus tu es un homme”.
On t’a fait croire qu’un homme respecté est celui qui “peut avoir toutes les femmes qu’il veut”. Et tu l’as cru. Parce que dans un certain monde, c’est vrai : le pouvoir donne accès aux femmes. Ou plutôt, il donne accès à des corps. Mais pas à l’amour. Pas au respect profond. Pas à la stabilité.

Alors tu as voulu “jouir de la vie”. Tu as expérimenté. Tu as profité. Mais à quel prix ? Combien de cœurs blessés ? Combien de foyers détruits ? Combien de mensonges empilés sous ton oreiller ?

Frère, jouir sans réfléchir, c’est facile.
Mais réfléchir avant de jouir, c’est ça, être adulte. Ce n’est pas s’infliger une souffrance. C’est éviter d’en créer pour les autres. Parce qu’au bout de tout ça, il y a souvent :

  • Une épouse qui doute d’elle-même
  • Un enfant qui découvre qu’il a des “demi-frères” au bureau de papa
  • Une jeune femme au chômage, enceinte, abandonnée
  • Une équipe démotivée, un climat malsain
  • Et toi… au milieu, fier de rien, vide de tout.

Le vagabondage sexuel n’est pas une liberté. C’est une fuite
Tu fuis l’intimité vraie. Tu fuis la vulnérabilité. Tu fuis l’effort de te contenir, de te tenir, de tenir parole. Mais plus tu montes, plus ta chute est bruyante. Et plus les dégâts sont profonds. Alors pose-toi. Pas pour être parfait. Mais pour être cohérent. Pas pour faire plaisir à la société. Mais pour ne pas finir esclave de ce qui est censé te servir

La virilité n’est pas dans la quantité. Elle est dans la clarté. Dans la maîtrise. Dans la responsabilité.

Je te dis tout

GabonOpinionPrésidentielles2025

Hier, j’ai voté.

Hier, c’était le jour J. Ce jour tant attendu après une Transition mi-figue mi-raisin, où l’on pouvait enfin choisir notre président dans une ambiance presque « normale ».

Je suis arrivé au bureau de vote, accueilli par des Gabonais de tout âge, souriants, nous indiquant la marche à suivre. Le retrait de ma carte d’électeur s’est fait sans encombre, sur simple présentation de mon passeport. Les assesseurs étaient clairs, précis, et l’atmosphère détendue. Et ça, franchement, ça n’a pas de prix.

Il y a encore quelques années, l’attente des résultats était synonyme d’angoisse. Il fallait s’organiser, surveiller le dépouillement, vérifier les PV, collecter les preuves… Pour démontrer une défaite que tout le monde constatait, mais que le système refusait de reconnaître. Cette fois-ci, quelque chose a changé. Un certain climat de confiance règne. Peut-être parce qu’on sait. Tu sais, je sais : le favori gagnera.

Je sais aussi que le candidat pour lequel j’ai voté n’a, objectivement, aucune chance de l’emporter. Mais j’espère que son score sera suffisamment significatif pour qu’il ose se représenter. Qu’il comprenne qu’il compte. Parfois, il ne s’agit pas de gagner. Il s’agit juste d’exister dans le débat. De s’imposer comme un challenger crédible. Et ça, c’est déjà beaucoup.

En ce jour, nous allons avoir un nouveau président légitime. Un chef d’État élu, qui nous gouvernera pendant au moins les sept années à venir. Comme à chaque élection, un nouvel espoir naît. Une attente collective, presque mystique : et si cette fois, c’était la bonne ?

Les Gabonais, en quête depuis si longtemps d’un homme providentiel, pensent-ils l’avoir trouvé en la personne du PR Brice Clotaire Oligui Nguema — au risque d’oublier que cette attente de surhomme elle-même mérite d’être interrogée ?

Je te dis tout